Conseils lecture
Rebecca Dautremer est une autrice illustratrice que l’on ne présente plus. Son travail a été de multiples fois primé dans de nombreux salons, et la réputation de la maman de L’amoureux, de Princesses ou encore de Cyrano n’es pas galvaudée. Son travail, subtil, poétique, se reconnaît du premier coup d’œil. Elle signe avec son dernier album, Les riches heures de Jacominus Gainsborough, un véritable coup de maître. Dans cet album, Rebecca Dautremer nous donne à voir le récit d’une vie, celle de Jacominus Gainsborough. Ce petit lapin va grandir à son rythme et trouver sa place petit à petit dans le monde. Il traverse des joies et des peines, des moments de doutes, des blessures mais fait aussi de belles rencontres. A la manière d’une fresque philosophique, l'autrice nous brosse la vie bien remplie d’un héros ordinaire. Jacominus est bien entouré, d’une famille nombreuse, d’amis présents et de l’amour de sa vie. Il n’a pas vécu que des moments faciles, mais quand au crépuscule de sa vie, Jacominus se retourne, il peut être heureux du moment qu’il a passé auprès de ces êtres qui lui sont chers. Les illustrations sont d’une maîtrise incroyable et pleines de références picturales, littéraires qui pour certaines nous échappent certainement ; la mise en couleur, douce et équilibrée, les détails foisonnants font que nous pouvons nous plonger des heures dans cet album hors du commun, le relire 10 fois, nous aurions toujours quelque chose de nouveau à découvrir. L’équilibre avec le texte, empli de mélancolie, de mots justes, et bien sûr de poésie, fonctionne merveilleusement. Voici un album tel que vous aurez peu l’occasion d'en voir : tout un univers riche et foisonnant qui nous laisse un goût doux amer quand l’on referme, trop tôt, la dernière page du livre de la vie de Jacominus Gainsborough.
Elle aime les fraises et les feux de bois, lui aime le camembert et la plage… mais surtout, ils s'aiment et sont heureux tous les deux, si bien qu'un beau jour arrive un tout petit. Il renverse leur monde de fraises, de plages, de camembert et de feux de bois. Il y a des jours noirs, à cause de douleurs ou de chagrins, mais aussi de très beaux jours, remplis de sourires de petites dents, de roulades dans l'herbe et de cueillette de violettes : ainsi, page après page, tous les trois écrivent leur propre histoire. Ce bel album est édité aux éditions 3oeil, petite maison d'édition attachée au dessin manuel et férue de gravure sur bois. L'autrice Alice Brière-Haquet jongle avec les mots, les assemble pour en faire des textes à mi-chemin entre histoire et poésie. Olivier Philiponneau (qui nous a fait l'honneur de mener un atelier artistique en visioconférence le 14 avril dernier) et Raphaële Enjary nous offrent à partir de leurs gravures, des illustrations aux couleurs primaires éclatantes, qui transmettent avec justesse toutes les émotions que procure une naissance. Les personnages, représentés sous forme de carrés, sont étonnamment expressifs et superbement mis en scène. On retrouve avec amusement les scènes quotidiennes que traversent les jeunes parents : « ils roulent dans la grande ronde des biberons ». Cet album nous rappelle que quelques mots bien choisis et de belles illustrations aux couleurs chatoyantes valent mieux qu'un long discours pour représenter le bouleversement qu'est l'arrivée d'un petit être sur terre.
A Attrape-Flèche petite ville du Mississippi, tout le monde est au mieux un peu original, au pire bien cintré. Hydro, jeune homme simplet, tient son surnom de la taille démesurée de sa tête, orphelin de mère, il a pour meilleur ami Louis, enfant au physique porcin délaissé par ses parents.
Sa mère alcoolique invétérée, trompe son mari avec le Kid petit homme à la beauté ravageuse, roi de la gâchette et lui-même abandonné à la naissance. Quant à Léonard, un autre personnage, il soigne sa solitude dans les bras des routiers de passage à la station service du village. Rien de bien reluisant dans le Bayou, on se croirait à Roubaix, jusqu’au jour où deux tueurs décident de braquer la supérette du coin. Cet élément déclencheur, va comme un jeu de domino, révéler en chacun une dose d’amour et de bienveillance à laquelle jamais on ne se serait attendu. Ceux que l’on prenait pour des fous, s’avèrent être des personnes capables d’une grande tolérance et l’on se prête à rêver d’un monde sans jugement où les différences de chacun·e cohabitent en bonne intelligence.
Ce très bel ouvrage, drôle et tendre, barré et original à souhait, nous aide merveilleusement à faire le deuil de nos préjugés. Une occasion de souligner le magnifique travail de la maison d’édition Monsieur Toussaint Louverture qui redonne vie en langue française à des romans américains inédits.
Petit Ours rêve de manger une bonne prune bien mûre, mais pour cela, il doit prendre des risques : grimper à l’arbre, se glisser sur la branche, étendre son bras… et peut-être tomber et se faire mal. Cependant, comme le dit si bien sa maman : « Parfois, on tombe, ça arrive et ce n’est pas grave. »
Parfois, on tombe est un très bel album, d’une incroyable douceur et d’une très grande profondeur.
Tout ici est réussi. Le texte, simple, court, dont les mots résonnent telle une mélodie, est à la fois sensible et réconfortant. Il exprime l’importance d’oser, d’essayer et, parfois, de trébucher pour mieux grandir et s’épanouir.
Les illustrations de Kate Gardiner sont magnifiques, très expressives, les ours sont de véritables peluches. Les couleurs qu’elle utilise, un camaïeu principalement composé de tons chauds, notamment des teintes de jaune, d'ocre et de brun, diffusent une ambiance automnale dont l'ensemble crée une palette de couleurs harmonieuse et apaisante, reflétant ainsi la douceur des scènes illustrées.
Parfois, on tombe est un très bel album à lire absolument aux enfants pour leur donner beaucoup de courage.
Nana est une petite chienne toute gentille, toute mignonne, mais son maitre lui, est violent et maltraitant.
Un jour, aidée par l’esprit des louves, elle s’évade pour gagner la forêt et ainsi renouer avec ses lointaines origines…
Sous des airs de bande dessinée d’aventure, « la petite chienne et la louve », est avant tout un titre qui traite de la maltraitance animale. De cette violence, cette colère que certains hommes possèdent en eux et qu’ils expulsent sur plus faibles, plus fragiles. Attention, ce titre n’est pas violent, ni choquant, nous sommes bien sur un récit destiné à la jeunesse et dessiné de la sorte. Par la suite l’histoire se concentre sur la quête de liberté ou tout simplement de bonheur que recherche Nana. D’ailleurs, les enfants vont l’adorer, cette petite chienne est vraiment attachante. Le dessin de Marine Blandin y est pour beaucoup : expressif, Tantôt grave, tantôt rigolo.
Cette petite chienne va vivre un formidable voyage, se perdre, mais peut-être ainsi, se retrouver…
N’attendez pas plus longtemps, venez de toute urgence adopter la belle Nana 😊
C’est l’histoire d’un homme et d’une femme. Tous deux connaissent des troubles de la personnalité et sont de ce fait de tristes marginaux. Le destin va les réunir, leur redonner goût à la vie, mais d’une façon bien déroutante... Étrange et originale, « Les petites distances » est une comédie romantique teintée d’un brin de fantastique. Nous suivons les personnages dans leur quotidien jusqu’au moment où l’inexplicable surgit. Et de là, l’histoire se démarque et nous entraîne dans un monde sans logique, mais captivant. L’illustratrice Camille Benyamina traite le sujet avec finesse et délicatesse. Grâce à l’aquarelle, elle déploie des tons doux et légers, voir transparents... Un très beau titre à lire le soir pour faire de doux rêves. - Michaël
Gilles Rochier est un auteur autodidacte, arrivé sur le tard en bandes dessinées. Dix ans après ses débuts, il décroche en 2012 le prix Révélation à Angoulême pour TMLP. Son leitmotiv : nous conter la banlieue, sans pathos ni exagération. Cette fois-ci, nous faisons la connaissance de Tonio, qui erre dans le quartier en fauteuil roulant, en attente d’une opération qui lui retirera la seule jambe qu’il lui reste. Enfant, il était un véritable casse-cou ne refusant jamais un défi. Ce parallèle entre présent et passé nous permet de comprendre la personnalité quelque peu marginale de Tonio, ainsi que celle de son ami d’enfance, prêt à tout pour l’aider. Mais Tonio part en roue libre... Comment faire pour le sortir de cette colère qui ne le lâche plus depuis son accident, lui que la douleur tenaille chaque jour et que le spectre de son opération terrorise ? Une histoire qui respire l’authenticité, sans doute parce que l’auteur ne se contente pas de nous raconter la banlieue, il y vit... Gilles Rochier, avec ce titre touchant, nous donne une véritable leçon de vie et d’amitié, bien loin des clichés habituels sur les banlieusards. - Michaël
Mohammed, d’origine tchadienne, a 14 ans lorsqu’il décide de quitter l’Arabie Saoudite pour étudier l’anglais et l’informatique au Pakistan. Pour lui et sa famille, à la recherche de meilleures conditions de vies et de reconnaissance sociale, il va faire ce voyage vers son Eldorado. Malheureusement, les attentats du 11 septembre 2001 vont bouleverser à jamais ses plans et assombrir son nouvel horizon. Les forces américaines sont prêtes à tout pour obtenir le moindre renseignement : une aubaine pour les policiers pakistanais qui capturent sans scrupule ni vergogne toute personne originaire du Moyen-Orient, qu’ils déclarent terroriste et monnaient 5000 dollars par tête. Mohammed sera ainsi arrêté, vendu et transféré vers la base militaire américaine de Guantánamo Bay, à Cuba. Huit ans de tortures, d’humiliations et de combats s’écouleront avant qu’il ne soit jugé et - enfin - déclaré innocent.
Véritable témoignage choc d’un rescapé de Guantánamo, ce récit nous glace les sangs par sa violence et son inhumanité. « La violence engendre la violence », voici ce qu’affirmait Eschyle en son temps (né vers 525 av. J.-C., mort en 456 av. J.-C.), et qui se vérifie malheureusement encore de nos jours. L’être humain a certes progressé, mais pas à tous les niveaux... La recherche de coupables, de vérité, peut-elle excuser toutes ces exactions ? Non, certainement pas. Mais soumis à la douleur, la peine intense, serions-nous plus fort que la haine ? Tant de questions se posent à la lecture de cet album, qu’il est en soi une source philosophique à étudier.
L’histoire vraie de Mohammed El-Gorani est triste, mais peut-être salutaire, qui sait ? Merci M. El-Gorani d’avoir trouvé la force de raconter votre histoire et espérons que vous ayez trouvé la paix dans votre nouvelle vie. - Michaël
Ce matin, Momba se sent seul, ses ami·es lui manquent. Pour y remédier, il décide de les convier à une grande fête. Après avoir écrit et posté ses cent trente-quatre invitations, notre héros se lance dans la confection d’un gâteau. Momba tient à les accueillir comme il se doit. Il est encore en pleine préparation lorsque ceux-ci débarquent en fanfare, ne pensant qu’à danser et jouer de la musique. Mais y aura-t-il suffisamment à manger pour satisfaire leurs appétits ?
Eva Lindell nous fait entrer dans l’ambiance festive de cette bande de joyeux·es luron·nes où tous et toutes s’amusent en mettant la main à la pâte. Cécilia Heikkilia agrémente l’histoire par des illustrations chaleureuses, dont les animaux anthropomorphes dégagent malice et tendresse.
Une jolie histoire sur l’amitié et l’entraide, drôle et gourmande, qui donne envie de se mettre aux fourneaux. Çela tombe bien, car à la fin, on découvre une recette de crêpes !! MIAM !! Vous pouvez également retrouver Momba dans l’album « Déluge et marmelade » des mêmes autrices.
« Le poids des héros » est un récit autobiographique dans lequel David Sala nous raconte son enfance dans les années 80, mais surtout sa réalisation de soi dans l’ombre des horribles récits racontés par ses grands-pères. Tous deux ont connu la dictature franquiste puis la Seconde guerre mondiale. Ils ont vécu et survécu à bien des cauchemars. Ils sont des survivants, mais pour les yeux d’un enfant, de véritables héros. Alors pour un jeune esprit, que penser de sa vie actuelle, si ce n’est qu’elle est bien facile, bien ordinaire comparée à celle de ces monstres sacrés. Ce trouble ne le quittera jamais, mais au lieu de l’enfermer, il puisera en lui pour créer, écrire, peindre une œuvre de mémoire, salutaire, afin de trouver au final sa place, son rôle : celui de conteur.
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Tendre et mélancolique, cette œuvre aux peintures magnifiques possède un vrai ton, différent, comme un appel, à ne pas oublier.
Elevée par ses grands-parents alcooliques, Soizic décide à 22 ans, de « monter à Paris ». Elle va y connaître la vraie précarité, la solitude. Mais elle rencontre un cousin qui va lui mettre le pied à l’étrier en acceptant qu’elle le remplace en tant que bouquiniste : ce qu’on appelle dans le jargon de ce métier « ouvre-boîte ». Cette petite subtilité de langage poétique donne un peu le ton du texte. Même si l’on croise beaucoup de personnages désenchantés pour qui l’alcool est très présent (des chats éraflés), ce premier roman est passionnant car on y découvre avec Soizic les différentes facettes de ce métier parisien ; Plaisant pour l’ambiance des quais de Seine avec son défilé de passants et enfin, le parcours de cette jeune femme qui cherche à comprendre pourquoi sa mère l’a abandonnée. Camille Goudeau aurait pu écrire un « feel good » mais il n’en est rien. Son personnage oscille de la rage, la rancune au besoin d’affection mais ne fait aucune concession tant elle tient à sa liberté.
Un bon roman, plein d’énergie !
Tradition ancestrale des Balkans :"les vierges jurées". Ces femmes qui faisaient voeu de chasteté - souvent pour échapper à un mariage forcé - renonçaient à leur vie de femme. Elles étaient acceptées en tant qu'hommes et participaient aux prises de décision du village.
Voilà le destin tout tracé de Manushe. Mais un jour, arrive un étranger et toute sa féminité refoulée va s'éveiller. S'ensuivent les troubles que l'on peut imaginer et bien plus...
C'est la première partie du livre. La suite va de rebondissement en rebondissement pour nous livrer un très beau premier roman.
L'ambiance de neige est si bien décrite qu'on ressent le froid et la rudesse du quotidien. Une découverte que le monde de ces femmes à qui il a fallu tant de courage pour traverser tellement d'épreuves !
Un réel coup de coeur C.
Conseils lecture
Au petit matin, c'est la stupeur, la panique, l'effroi pour les habitant·es de la petite ville. D'étranges animaux sauvages ont fait leur apparition et apparemment, ils ne sont pas décidés à s'en aller... « La savane emménage » est un titre mignon tout plein, tant par son écriture que par ses illustrations ! L'histoire est pleine d'humour, mais construite autour d'un mystère dont le suspense va crescendo.
Sans trop, ni trop peu de texte, l'auteur trouve un équilibre parfait entre prose et illustration, permettant ainsi à ces deux types de narration d'être totalement complémentaires assurant une grande fluidité à l'histoire.
D'ailleurs, les illustrations sont merveilleuses. Elles revêtent à première vue un caractère simpliste, mais ne le sont absolument pas car pour arriver à un tel résultat, aussi expressif et dynamique, il faut une connaissance approfondie des arts graphiques et de la mise en scène. Bien au-delà, ce bel album traite d'un sujet important : la place de plus en plus étroite que notre société laisse au monde sauvage et animal et d'un équilibre, d'une cohabitation qu'il faudra bien arriver à trouver... - Michaël
Shimura, est un quinquagénaire célibataire. Sa vie est trop bien ordonnée, réglée comme du papier à musique, entre travail et repos. Chez lui rien ne traîne, tout est bien rangé, classé et trié. Il y a une place pour chaque chose et chaque chose a sa place. Si bien que lorsqu’il s’aperçoit qu’il manque un yaourt dans le frigo, son quotidien en est bouleversé ! S’est-il trompé en achetant ses yaourts ? En a-t-il déjà mangé un ? Ou bien alors, quelqu’un.e se servirait dans son frigo durant son absence ?... Un brin mélancolique, mais passionnant de bout en bout, le récit Agnes Hostache est d’une rare sensibilité. Adaptation en bande dessinée du roman éponyme d’Éric Faye, lui même tiré d’un fait divers authentique, « Nagasaki » est bien plus qu’un récit. Il est notre société, prônant l’individualisme et l’individualité. Il est représentatif de nos craintes, de nos doutes, d’un système qui isole tout un chacun, plutôt que d’ouvrir au monde. Il questionne, interroge nos modes de vie : métro, boulot, dodo... Il pose également la question du savoir qui l’on est vraiment. Est-ce le travail qui fait qui l’on est ? Sans emploi ne sommes-nous plus ? Des problématiques qui ne trouveront pas les réponses dans l’ouvrage, ce n’est pas son ambition, juste et c’est déjà beaucoup, d’éveiller. La mise en scène de l’autrice est remarquable : nous suivons les deux protagonistes dans des récits séparés, mais qui se croisent timidement. Nous apprenons à les connaître, à les respecter, chacun avec leurs défauts et leurs faiblesses. Ils nous deviennent familiers et on se prend à imaginer une fin. Agnès Hostache n’est pas que remarquable dans sa mise en scène, c’est aussi une formidable illustratrice. Elles nous gratifie de peintures efficaces, aux tons doux et pastel. Elle varie les cadrages, les angles de vue, tout en diversifiant ses gaufriers. Cela permet de donner du rythme au récit, écrit à la première personne. Tout est parfait dans cette bande dessinée si ce n’est, que c’est la réalité... - Michaël
Benoît Cohen, réalisateur de films et de séries, vit depuis environ un an à New York. Afin de s’immerger totalement dans cette nouvelle culture et pourquoi pas aussi, en tirer un scénario, il décide de devenir chauffeur de taxi. Loin de se douter vers quelle destination le mènera cette aventure, il découvre un monde de rudesse, de stress, mais fait aussi des rencontres improbables, inspirantes…
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« Yellow Cab » est une bande dessinée adaptée du roman éponyme et de l’histoire vraie du réalisateur français Benoît Cohen qui s’est immergé pendant plus de trois mois dans le quotidien d’un chauffeur de taxi à New York. Le résultat est édifiant par le contraste qui existe entre la réalité et l’image « romantique » que l’on en a tous. Peut-être quelques belles histoires de temps en temps, mais non, le plus souvent, un milieu sans humanité où les seuls maîtres mots sont pour les uns, le profit et pour les autres, le mépris. Passionnant et instructif, le récit est une critique acerbe de notre société, mais aussi une approche des moyens de développer son imagination, sa créativité par le mode de l’immersion. Deux thématiques s’entrecroisent donc, se complètent pour restituer un témoignage unique.
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Christophe Chabouté adapte avec brio cette oeuvre. Il la met en scène, en vie par des illustrations en noir et blanc de toute beauté et aux cadrages vertigineux. Il y distille par sa réécriture différentes couleurs, tantôt mélancoliques, tantôt pleines d’espoir.
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« Yellow Cab » est une bande dessinée documentaire qui, grâce aux tableaux de Christophe Chabouté, nous fait voyager dans cette ville tant fantasmée. Bonne balade et n’oubliez pas le pourboire ! - Michaël
Des tableaux volés, une orpheline emprisonnée, des meurtres sur la Tamise… Seul ou à plusieurs, entrez dans la peau des détectives de Baker Street et résolvez 10 affaires à la façon du plus grand détective du monde ! À l'aide d'un plan de Londres, d'un annuaire et du Times quotidien, récoltez des indices et remontez la piste jusqu'aux coupables !
Un jeu immersif qui fera travailler vos méninges si vous souhaitez surpasser le grand Sherlock Holmes… Tous les moyens sont bons pour y arriver : interrogez suspects et témoins, trouvez les liens entre les indices découverts, rassemblez les preuves, échangez vos théories… Certaines énigmes vous donneront du fil à retordre, mais quel plaisir quand on trouve l'indice qui fait basculer le cours de l'enquête !
Il peut sembler compliqué de battre le score de Sherlock, surtout en jouant seul, mais cela ne change rien au plaisir de résoudre ces affaires. Un jeu d'enquête incontournable !
C’était les meilleur·es ami·es du monde. Elle et lui aimaient se promener dans les bois, patauger dans la rivière, écouter gronder l’orage caché·es dans le grenier… Ensemble les enfants partageaient chaque instant de la vie, les rires, les jeux, les peurs… Iels étaient inséparables, jusqu’au jour où la jeune fille ne répond pas à l’appel de son ami. Très triste, le garçon se lance à sa recherche…
L’autrice, par la voix du personnage principal, nous raconte une belle histoire d’amitié entre deux enfants. Cependant celle-ci prend fin brutalement, sans raison apparente, si ce n’est une nouvelle rencontre. Le récit bascule alors sur le chagrin, l’incompréhension et les désillusions vécues par le garçon qui reste seul. Le texte simple est écrit à la première personne, au passé, ce qui laisse pressentir dès le début du livre le côté éphémère des sentiments. Les illustrations à la gouache sont très expressives et les représentations de la nature sont magnifiques.
Cet album très touchant montre bien à quel point on peut être blessé·e, se sentir trahi·e, voir abandonné·e lorsqu’une relation amicale intense se brise. C’est également un message d’espoir, sur la manière de rebondir positivement, sans colère, ni rancune.
Le titre, « Amitiés » au pluriel, est bien pensé, car dès l’enfance on apprend très vite que toutes les complicités ne sont pas forcément éternelles. La vie est faite d’une multitude de rencontres qui en font sa richesse.
La narratrice, jeune femme anglaise, est un modèle de réussite. Issue d’un milieu social modeste, elle a fait de remarquables études et occupe aujourd’hui un poste à responsabilité dans une grande banque de la City. A trente ans elle est propriétaire de son appartement et possède un capital financier conséquent. Son compagnon, héritier d’une longue lignée de politiciens, marche déjà dans les pas de ses aïeux. Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes à un détail près, elle est noire et malgré une intégration parfaite, le poids du jugement des autres l’écrase. Elle ne supporte plus d’obéir à ces lois, à ce modèle de société établi par les blancs, où on l’enferme.
Natasha Brown nous livre ici un texte exigeant et précis, où elle dissèque à la fois les états d’âme de son héroïne et la société britannique. Un parcours intime qui nous plonge à l’intérieur de ce personnage particulièrement clairvoyant, qui décortique avec une grande intelligence les mécanismes de l’aliénation des personnes de couleurs par le système protestant, anglo-saxon et blanc. Un récit incisif mené à la pointe du scalpel, une bataille féroce pour échapper au déterminisme, qui va bien au-delà de la condition sociale de ses parents.
José est graphiste dans une agence de communication. Immature, gentil moqueur, il n'est jamais le dernier à faire une farce ou à lancer une bonne blague à Caro, la femme qui partage sa vie. Une nouvelle va pourtant le laisser pantois : José va devenir papa. Finie l'insouciance, finies les parties de foot interminables sur console, fini de faire le joli cœur... Fini ? Vous croyez ? Chassez le naturel, il revient au galop...
Une bande dessinée humoristique sur le thème de la paternité, mais pas seulement : sur le couple, les petits riens de la vie quotidienne, qui nous font rire et sourire. Le Saumurois Fortu nous offre ici les pages les plus anciennes de son blog dans une bande dessinée pêchue. A découvrir sans plus attendre ! - Michaël
Oscar et Albert sont les meilleurs amis du monde. Ils adorent passer du temps ensemble et ce qu’ils préfèrent par-dessus tout, c’est pique-niquer…
Aujourd’hui, tous les éléments sont réunis pour qu’ils passent un moment parfait. Albert a même apporté une surprise… La journée s’annonce radieuse, ensoleillée, et pourtant…
Inutile d’en dire plus, pour ne pas trop en dévoiler et ne surtout pas gâcher la surprise.
Chris Naylor-Ballesteros continue de nous émerveiller avec sa série « Oscar et Albert » : des personnages attachants et une amitié à toute épreuve. Ce troisième opus conserve la recette magique des précédents : une histoire rythmée, drôle, avec une chute inattendue. L’auteur y confirme, une fois encore, son vrai talent d’écriture.
Il signe aussi les illustrations, qu’il maîtrise tout aussi bien. Son trait épuré se marie parfaitement à des formes hachurées, crayonnées, riches en matière et en couleurs. Les personnages sont expressifs et transmettent avec justesse les émotions.
« Oscar et Albert : le mystère des biscuits disparus » est un album à savourer en famille. S’il existait un label « Procure de la joie », nul doute qu’il en serait un fier ambassadeur.
Joe Sacco, pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, est le père de la bande dessinée de reportage.
Ses travaux d’enquête sur la Palestine ou encore la Bosnie-Herzégovine lui ont valu une renommée internationale.
Aujourd’hui, il revient avec un essai bref, mais bouleversant, sur le drame israélo-palestinien, un conflit qu’il connaît que trop bien.
Désabusé, il se livre. De l’espoir, il n’en a plus, écœuré par tant de bêtise et de haine qui sévissent de part et d’autre.
Il dénonce également la politique américaine, de Biden à Trump. Mais à quoi jouent-ils ?
Joe Sacco est fatigué. Ce livre, son livre, est un cri. Il appelle au courage politique et à la responsabilité morale.
Tradition ancestrale des Balkans :"les vierges jurées". Ces femmes qui faisaient voeu de chasteté - souvent pour échapper à un mariage forcé - renonçaient à leur vie de femme. Elles étaient acceptées en tant qu'hommes et participaient aux prises de décision du village.
Voilà le destin tout tracé de Manushe. Mais un jour, arrive un étranger et toute sa féminité refoulée va s'éveiller. S'ensuivent les troubles que l'on peut imaginer et bien plus...
C'est la première partie du livre. La suite va de rebondissement en rebondissement pour nous livrer un très beau premier roman.
L'ambiance de neige est si bien décrite qu'on ressent le froid et la rudesse du quotidien. Une découverte que le monde de ces femmes à qui il a fallu tant de courage pour traverser tellement d'épreuves !
Un réel coup de coeur C.
Parler de sexualité est toujours un exercice difficile. Cela ne devrait pas et pourtant lorsque le sujet est abordé, gêne et tabous, mais aussi préjugés prennent inexorablement le dessus. Pourtant, sans vouloir choquer ou offenser l’un·e ou l’autre, quoi de plus naturel que d’en parler !« Sexualité » un seul mot pour réunir différentes notions. Sexualité, pour définir le genre : cisgenre, transgenre ou non binaire. Mais aussi sexualité pour parler de son orientation sexuelle : asexuelle, hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle et pansexuelle. Sexualité enfin pour parler des pratiques de chacun et chacune. Laura Berlingo, gynécologue de métier, brosse un portrait simple, mais éclairant, des mœurs de notre société. Elle ne parle pas d’une mais de différentes sexualités où chacun·e est libre de se construire et de s’épanouir comme elle/il l’entend. Elle parle d’éducation, de normes dans une société encore trop patriarcale qui doit faire sa (r)évolution sexuelle, laquelle n’incombe pas qu’aux femmes, évidence qu’il convient de rappeler. - Michaël
Dans la vie, Monsieur Grumpf aspire à une seule chose : sa tranquillité. Alors, lorsqu’il désire simplement balayer l’amoncellement de feuilles qui s’accumule devant chez lui et que, toutes les cinq minutes ses voisins viennent le déranger : l’agacement se fait sentir... Voici une petite bande dessinée très agréable à lire, une véritable promenade automnale. Ce titre est destiné aux plus jeunes à partir de 5 ans. Bien sûr, l’enfant devra être accompagné dans sa découverte de l’album. En effet, même si ce titre a été conçu sans texte, quelques dialogues animent tout de même l’ensemble. L’enfant y découvrira les valeurs de l’amitié, de l’entraide et de la générosité. De façon ludique, il abordera aussi le thème des saisons. Pour ce premier tome d’une série de quatre, l’automne est la trame de fond. Avec subtilité et tendresse, Dav évoque les changements qui s’opèrent dans la nature : hibernation, chute des feuilles... Le tout distillé dans une histoire touchante, dont le héros grognon a peut-être un plus gros cœur qu’on ne le croit. L’auteur peaufine l’œuvre par des illustrations animalières efficaces, au trait sûr et expressif teinté d’un bel orange de saison. - Michaël
Jean Doux est employé dans une entreprise spécialisée dans les broyeuses. Sa vie "pépère" bascule le jour ou il découvre l'existence du célèbre modèle de niveau 12, qui permet la découpe à l'echelle moléculaire, et qui n'était jusqu'alors qu'un mythe de bureau. Cette découverte va l'entraîner dans une aventure périlleuse où il pourrait bien perdre la vie ! Bon, disons les choses sérieusement : cette bande dessinée est à mourir de rire. Le récit est complètement loufoque, truffé de jeux de mots, de dialogues décalés et de situations absurdes. Philippe Valette s'est déchaîné dans cette oeuvre qui a déjà reçu de nombreuses récompenses : en 2017, le prix Landerneau BD et en 2018 le Fauve Polar SNCF d'Angoulême. Cela est mérité tant on savoure page après page les péripéties de Jean Doux, de Jean-Yves, de Jean-Daniel, de Jean-Pierre, de Jean-Pat... Le style graphique est tout aussi réussi, les illustrations sont percutantes, démonstratives et on se demanderait presque à la fin si la moustache n'est pas l'avenir de l'homme. Du pur délire ! - Michaël
Raven, petite fille rigolote et maligne, a perdu son chemin et ses parents. Vu qu’elle n’a pas la langue dans sa poche, elle va quémander l’aide à un ours, qui lui est plutôt du genre grognon et solitaire. Pourtant, celui-ci va accepter sans se douter que cette aventure sera bien plus longue et compliquée que prévue... Agréable surprise que cette bande dessinée jeunesse qui nous vient du Brésil. A l’origine publiée en ligne, elle fait aujourd’hui l’objet d’une adaptation en album. Drôle, inventive, l’histoire se lit avec beaucoup de plaisir tant les rebondissements sont fréquents. Les illustrations sont belles et colorées, servies par un découpage original. On s’amuse énormément à la lecture de ce récit, mais on cogite également pas mal, la faute à de nombreuses énigmes qui parsèment la quête de nos amis. Un duo improbable à découvrir rapidement. - Michaël