Conseils lecture
Ouvrir et lire cet album, c’est suivre le quotidien de Truffe, un jeune garçon qui a la fâcheuse tendance à rendre l’ordinaire… extraordinaire… et à poser beaucoup de questions…
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« Truffe » est un livre à mi-chemin entre l’album et la bande dessinée. Un titre hybride qui permet de s’initier facilement à la lecture du média « neuvième art ». Nous découvrons Truffe avec trois histoires aux thématiques distinctes : la musique, l’amour et la mort. Chaque récit est baigné d’une atmosphère rétro, douce et chaleureuse. Le personnage est pertinent et très attachant. Cela est aussi dû au remarquable travail graphique d’Isabelle Arsenault, qui ne cesse de nous étonner, album après album. Ses illustrations, au crayonné et au pastel, dégagent une réelle poésie et éveillent bon nombre d’émotions.
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« Truffe » est par sa taille, un petit livre, mais rayonne d’une forte énergie positive à partager.
Joe Sacco, pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, est le père de la bande dessinée de reportage.
Ses travaux d’enquête sur la Palestine ou encore la Bosnie-Herzégovine lui ont valu une renommée internationale.
Aujourd’hui, il revient avec un essai bref, mais bouleversant, sur le drame israélo-palestinien, un conflit qu’il connaît que trop bien.
Désabusé, il se livre. De l’espoir, il n’en a plus, écœuré par tant de bêtise et de haine qui sévissent de part et d’autre.
Il dénonce également la politique américaine, de Biden à Trump. Mais à quoi jouent-ils ?
Joe Sacco est fatigué. Ce livre, son livre, est un cri. Il appelle au courage politique et à la responsabilité morale.
et si on en parlait en BD
Le droit à la fin de vie
Depuis de nombreuses années déjà, les débats autour du droit à l'euthanasie et au suicide assisté sont présents dans notre société, mais ces pratiques restent illégales en France.
La loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie (dite loi « Léonetti ») affirme, sous certaines conditions, un droit au « laisser mourir » sans souffrance évitable et dans le respect de la dignité du patient. Cependant, pour beaucoup, cela ne suffit pas et iels souhaitent une nouvelle loi légalisant 'l'aide active à mourir'. Le débat reste donc ouvert...
Nous vous proposons de découvrir trois bandes dessinées ayant pour sujet le droit à la fin de vie choisie. Elles donnent matière à penser par leurs récits fictifs ou inspirés de faits réels, à comprendre ce sujet de grande importance. Des récits tendres, émouvants, et paradoxalement emplis d'espoir comme jamais.
En toute conscience
de Livio Bernado et Olivier Peyon
éd. Delcourt
La dame blanche
De Quentin Zuttion
éd. Le Lombard
Mes mauvaises filles
De Zelba
éd. Futuropolis
Hamet habite à Bamako, c'est un enfant plus malin que les autres qui se révolte contre un entourage qu'il trouve souvent trop arbitraire. Sa famille, oncles, tantes, cousins... pensent tous et toutes avoir leur mot à dire sur son éducation, puisque son père, absent, travaille en France. Cette famille où les qu'en-dira-t-on tordent le cou à la vérité, pour faire de lui un vaurien… il finit par lui voler dans les plumes. Quant à l'école, les punitions et les châtiments corporels y pleuvent comme à Gravelotte, si bien qu'à la fin il lui prend l'envie de la déserter. Mais le jour où son père vient à l'apprendre, il décide de l'expédier dans la brousse chez sa grand-mère, renouer avec les bonnes manières de ses ancêtres.
Là commence l'immersion dans un nouveau monde qu'il faut comprendre et apprivoiser.
Un très beau roman initiatique qui nous permet de mieux appréhender la culture africaine. Avec Hamet nous découvrons les parfums du Mali et apprenons à décrypter les coutumes d'une société patriarcale parfois injuste où le quotidien n'est pas toujours simple. Au-delà de l'histoire de ce petit garçon attachant, ce livre offre une analyse pertinente de la situation en Afrique et permet de mieux comprendre certaines raisons de l'exode de la jeunesse africaine, souvent au péril de sa vie.
Enfin ce roman est aussi l'occasion de s'immerger dans une très belle langue, la nôtre, délicieusement métamorphosée par la plume de Diadé Dembélé. Des métaphores hautes en couleurs, une écriture rythmée, un voyage en soi ! Vive la francophonie !
Je vous conseille également le très beau roman de Yamen Manaï "Bel Abime" et son regard affûté sur la société tunisienne.
Ichitarô est un amoureux de la vie, plein d’espérance, tout est source de joie pour lui. Chihaya, elle, est tout le contraire, grincheuse, mal dans sa peau, elle subit plus qu’elle ne vit. Un jour leurs chemins vont se croiser et ce qui les sépare va les rapprocher. Chihaya redécouvrira le monde à travers les yeux éteints d’Ichitarô. Ce récit complet provenant du Japon est une ode à la vie. Il cultive le positivisme en recherchant le bon côté de chaque chose. Il traite du handicap et en fait une force en montrant que la vie, malgré l’adversité, à une valeur unique à apprécier. - Michaël
Dans son album, Bernadette Gervais traite avec délicatesse et clarté de la maltraitance à travers l'histoire de Petite Ourse et Pandora. Petite Ourse, sous l'emprise de Pandora, s'occupe de toutes les tâches ménagères tout en subissant critiques et dénigrements. Cependant, l'album révèle une lueur d'espoir : la possibilité d'échapper à l'abus et de trouver du soutien, symbolisé par la voix bienveillante de Grande Ourse, qui encourage Petite Ourse à chercher un avenir meilleur loin de cette relation destructrice.
La situation évoquée dans cet album se pose dans des contextes variés (famille, amis, couple), mais Bernadette Gervais y apporte une réponse universelle : il y a toujours quelqu’un pour nous venir en aide. Cet ouvrage explore avec justesse et simplicité les mécanismes de la persécution, de l’abus affectif et du déni.
« - Hé toi, la nouvelle ! Tu viens jouer avec nous ?
- A quoi vous jouez ?
- On joue à ``familles’’. »
Dans la cour de récréation les enfants s’apprêtent à jouer à « famille », qui est une version de l’universel jeu du papa et de la maman. Seulement aujourd’hui il n’y a plus un seul et unique modèle familial. Tour à tour les enfants évoquent leur situation personnelle. Certain·es ont deux mamans, ou vivent seul·es avec l’un·e de leurs parents, d’autres sont adopté·es…
Au fil du jeu, chacun·e se rend compte de la grande diversité des schémas familiaux. Les élèves discutent des avantages et inconvénients des uns et des autres et c’est chouette de pouvoir en parler ensemble.
L’autrice montre avec bienveillance au travers des yeux d’enfants qu’il y a plusieurs sortes de familles, chacune ayant sa place dans notre société. Les illustrations sont colorées, pleines de douceur et de tendresse, rieuses comme les jeux d’enfants.
Un album actuel, parfait pour aborder le sujet de la différence avec les enfants. C’est aussi un joli message de tolérance, d’amour et d’ouverture d’esprit.
Il était une fois Lou, jeune homme gringalet, parti en quête de la princesse Ronces. Après une première rencontre pleine de promesses, les deux jeunes gens s’étaient engagés à se retrouver, mais l’hiver et la forêt ont effacé toute trace de la princesse. Ronces connaît parfaitement les bois et ses habitants, parmi lesquels elle a grandi et règne. Aussi, pour retrouver sa dulcinée, Lou s’adjoint l’aide de la fée Margot. Cette dernière lui conte l’histoire de la princesse, convoitée par son père, le roi Lucane, et forcée à se cacher pour lui échapper. Vous aurez reconnu dans cette dernière phrase la trame de « Peau d’âne ». Et pourtant, c’est du côté de Grimm (et non de Perrault) que Stéphane Fert a puisé son inspiration : la princesse est futée, indépendante, forte, et se débrouille (elle) sans l’aide d’une fée… L’auteur livre ici sa version, féministe et terriblement sensuelle, du conte de notre enfance. Des touches d’humour bienvenues allègent cette histoire cruelle, enrichie et ponctuée de nombreux rebondissements. Pour la première fois à la plume et au dessin, Stéphane Fert déploie dans « Peau de mille bêtes » tout son talent. Il met à profit cette double casquette et creuse le récit aussi par ses choix graphiques et chromatiques. L’art qu’il déploie dans ses cases, magnifiques et inventives, illumine cette histoire déjà maintes fois racontée et ici brillamment réinterprétée. Bref, un gros coup de cœur pour cette petite merveille de bande dessinée ! Ados, adultes, retombez en enfance et succombez pour votre plus grand plaisir de lecture, au talent de conteur de Stéphane Fert. - Michaël
C’est une merveilleuse intension pleine de délicatesse qui est à l’origine de ce roman. En modifiant le cours de l’histoire, Coline Pierré redonne vie à un être disparu trop tôt. Sylvia Plath, poétesse américaine talentueuse qui mit fin à ses jours, un triste matin de 1963, alors qu’elle n’avait que 30 ans. Grâce à cette merveilleuse idée l’autrice répare l’injustice du destin de Sylvia, sacrifié sur l’hôtel de la société patriarcale des sixties.
Grâce à la fiction l’héroïne échappe par un heureux hasard au trépas, ce qui constitue le point d’un nouveau départ. Nous suivons alors, pas à pas, la lente reconstruction d’un être fragile, sur le fil, dont on redoute, à chaque instant, la chute. Une femme attachante qui souhaite seulement être considérée comme une personne à part entière.
Dans le swinging London des années soixante, Sylvia Plath réussira-t-elle à retrouver le goût de la vie ? Alors que les femmes se battent pour améliorer leurs droits, arrivera-t-elle à reprendre le contrôle de sa propre existence ? Et quelle résonance trouvera son combat personnel dans la lutte féministe ?
Un roman très touchant, une ode à la liberté de créer, à celle de penser et à l’indépendance. Un ouvrage qui nous permet aussi de mettre en perspective la condition des femmes à travers les époques et le chemin qu’il reste à parcourir.
Beaucoup de tensions sur l’île où vit Léni. Sa femme l’a quitté, emmenant leur fille avec elle, l'entreprise où il travaille bat de l'aile et... un pont va relier l'île au continent. Cette nouvelle scinde la population en deux, les pro et les anti pont. L'auteur dresse un portrait de ces hommes de la mer dont le métier devient précaire et qui aiment se retrouver après le travail au bar du village, au son de l’accordéon. Le pont, on ne parle que de ça ! Ce « monstre » divise, attise les colères, fait craindre le changement, la fin du ferry, les invasions de touristes sur leurs terres préservées. Léni ne s'implique pas, il a aussi d'autres tourments. Heureusement il y a la mer, qui console, qui lui donne un sentiment de liberté !
L’atmosphère marine est prégnante. La construction du pont, en cinq phases structure le récit, en est le fil conducteur. Au fur et à mesure de l’avancée des travaux, les tensions montent avec en toile de fond, la symbolique du pont entre deux rives, qui, en amour comme en amitié, peut apporter le bon comme le mauvais.
Un roman plaisant, aux nombreux dialogues. A sa lecture, on ne peut s'empêcher de penser à ce qu'on dû vivre les insulaires de l’île de Ré en pareille situation !
Les scènes où les habitants se retrouvent dans ce café chaleureux m'ont rappelé Les déferlantes de Claudie Gallay. Catherine
Conseils lecture
Jean-Loup est un jeune garçon un peu atypique et solitaire. Il est plein de tics et de tocs, fait des fiches sur tout mais surtout, il a beaucoup d’imagination et se découvre un talent unique de conteur. Jean-Loup a aussi un secret qu’il garde enfoui en lui, tellement profondément qu’il en a presque oublié son existence... et pourtant. « Incroyable ! » est une oeuvre douce et poétique dont l’humour belge donne un côté absurde à une histoire bien loin de l’être. La mise en couleurs donne un style très rétro à cette bande dessinée, comme une vieille photo de famille au bords crénelés que l’on regarde avec nostalgie. On tourne les pages de cet album avec entrain, grâce à un personnage principal attachant, des personnages secondaires hauts en couleurs et un découpage de cases rythmé. On accompagne Jean-Loup dans ses pérégrinations et l’on ne souhaite qu’une chose à la fin : le prendre dans ses bras pour lui faire un câlin. Et lorsque vous aurez fait connaissance avec Jean-Loup, cela ne vous paraîtra pas si incroyable, finalement. - Aurélie
Cyril Pedrosa nous avait régalé avec Trois ombres et Portugal. Il réitère cet exploit en nous proposant un récit différent, emprunt de mélancolie, mais non dénué d'espoir. Des tranches de vie qui se croisent, s'ignorent et parfois se percutent. Témoins silencieux, nous découvrons des personnages d'âges variés qui font le point sur leurs vies, leurs choix, leurs échecs. Cyril Pedrosa aurait pu s'arrêter là, nous dévoilant ces bribes d'existences, mais il va plus loin et nous propose de continuer à suivre ces acteurs de papier. Il les dote d'une lueur qui étincelle même à la fermeture du livre. Un très bel album. - Michaël
Lorsque les parents se séparent, il n’est pas toujours facile pour un enfant de trouver sa place, surtout quand on a deux maisons pour deux nouvelles vies… Melanie Walsh, par cet album tendre et réfléchi, décrit simplement, en quelques mots, la vie des enfants de parents séparés. Les thèmes habituels de la douleur ou de l’absence sont volontairement absents de ce récit qui se concentre sur des aspects plus « prosaïques », mais pas moins importants.
Du coup, ce titre n’est pas plombant, au contraire, il est même positif et rassurant pour l’enfant. Par un système de rabats-surprises, l’autrice joue à nous faire découvrir la vie chez l’un, puis chez l’autre, sans jamais donner un jugement de valeur. Elle conclut son histoire avec douceur et laisse entrevoir la multitude de facettes que peut prendre l’amour familial. « Chez papa et chez maman » est un album incontournable sur la thématique de la séparation qui ne l’expliquera pas, mais qui saura rassurer nos enfants sur le quotidien, leur avenir et l'amour que leur portent leurs parents. Et c’est bien cela le plus important. - Michaël
« Ils font de petits pas, les vieux, et traversent toujours au feu … Allez vite, c’est dangereux, on pourrait se casser en deux… Souvent ils souffrent dans leur corps, ils résistent encore et encore et combattent le mauvais sort… ».
Le ton est donné, avec humour et tendresse, l’autrice dresse le portrait de ces personnes âgées qui nous entourent. Leur vie quotidienne, pas toujours évidente, leurs petits bobos, leur solitude … Mais aussi leur combativité, leurs moments de bonheur et leurs souvenirs. Un texte poétique tout en rimes, où deux parties se répondent au fil des pages. La/le narrateur·rice qui évoque un cliché préconçu et un·e vieux·eilles qui lui répond en exposant son expérience et ses sentiments.
Les illustrations aux tons pastel sont douces et apaisantes. Les visages des personnages sont très expressifs. Les différentes situations sont représentées d’une manière joyeuse et drôle. L’équilibre entre le texte parfois triste, mélancolique et les dessins à contre-pied en font un album très touchant. On ne peut s’empêcher de penser aux instants passés avec nos grands-parents. Se dire qu’il faut profiter de chaque petit plaisir partagé en compagnie de nos proches.
« Vieillir n’est pas une maladie, c’est vivre une très longue vie. »
Sam n’a pas de travail, c’est un artiste, un peu rêveur, un peu glandeur aussi... Pour l’aider à reprendre sa vie en main, sa mère lui trouve un poste de commercial auprès d’un cousin éloigné. Il fera désormais équipe avec cet étrange Keith Nutt, qui a placé le travail au cœur de sa vie. Une bien étrange relation va naître, pleine de partages et d’incompréhensions... Petit bijou de sensibilité, « Courtes distances » est une œuvre remarquable autant par son fond que par sa forme. Par sa forme car, l’objet livre est d’un format inhabituel, un grand carré jaune, avec de belles illustrations aux allures de crayonnés. Par son fond, par les propos qu’elle véhicule. Véritable satire sociale sur l’opposition transgénérationnelle, elle nous immerge dans le quotidien de personnalités que tout oppose, mais qui ont ce point commun d’être en marge de la société du fait d’un manque : celui d’un père, d’un fils, d’une cellule familiale structurante. L’opposition des protagonistes n’est pas manichéenne, chacun des deux hommes tentant d’intégrer l’autre à son univers, sans jamais vraiment y parvenir. Une œuvre fine et forte sur la différence, à lire et à faire lire à tous. - Michaël
Selon la légende, le dernier souffle de vie d’un géant a le pouvoir de ressusciter un défunt. Sophia et Iris, inconsolables depuis la mort de leur mère, décident de partir vers le nord ou résident ces créatures à la férocité sans égale. Cette quête va les mener à l’autre bout du monde, vers d’innombrables dangers et bien plus près de la mort que de la vie…
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« Le souffle du géant » est une bande dessinée d’aventures dont l’action est menée tambour battant, de la première à la dernière page. Si le récit ne nous laisse guère de répit, il n’en demeure pas dénué d’émotions. Au contraire même, il en génère beaucoup par sa thématique, mais aussi principalement par sa mise en scène irréprochable générant un vrai suspense hollywoodien. Ce titre aborde avec justesse les sujets tabous de la mort, du deuil et de l’acceptation. En cela, il diffère des autres titres et son message positif ne peut être que bienfaiteur. Simplement touchant ! - Michaël
Zoé est née. Clovis, le papa, est aux anges. Hélas, pour Marketa, la maman, c’est une tout autre histoire... Elle connaît une période difficile emplie de doutes et de peurs. Le diagnostic est sans appel, il s’agit d’une dépression post-partum. Sophie Adriansen, plus connue pour ses romans jeunesse, aborde avec cette bande dessinée un sujet délicat et sensible. Inspirée par sa propre histoire, elle livre un docu-fiction riche et instructif sur cet état psychologique souvent méconnu et/ou sous-estimé. Elle nous permet de comprendre, phase après phase, les mécanismes qui engendrent, puis alimentent cette dépression. Sophie Adriansen ne se focalise pas uniquement sur la maladie, elle parle également des aides existantes afin que ces femmes s’acceptent en tant que mère et toujours en tant que femme à part entière. Les illustrations de Mathou sont assez épurées. Elles permettent ainsi une bonne lisibilité de l’album, accentuant un peu plus, à la manière d’un blog, le côté réaliste. Ce livre est à prescrire à tous et toutes, mais surtout aux futures mamans pour les déculpabiliser et les aider à aller mieux. - Michaël
Béa est une jeune fille anxieuse, mais volontaire. Elle vit avec son grand-père et l’aide à préparer de nombreuses potions. Elle a toujours vécu avec celui qui l’a adoptée toute petite, sa seule famille. Alors, lorsque celui-ci part secrètement pour une mystérieuse mission, elle décide de tout abandonner pour le retrouver. Hélas, le monde extérieur est bien déroutant et sa rencontre avec Cad, créature aussi étrange qu’insouciante, va la propulser dans une aventure pleine de dangers et de surprises... « Lightfall » est la nouvelle pépite américaine proposée par les éditions Gallimard. Il faut dire que ce titre a tous les ingrédients pour plaire à un large public et devenir un véritable succès. On y trouve un univers riche, original, baigné de légendes ancestrales et de secrets intrigants qui vont alimenter le récit et nous tenir en haleine du début jusqu’à la fin. Les principaux protagonistes sont charismatiques, différents, mais complémentaires. Ils ne sont pas lisses, pas trop parfaits, ont des blessures qui les rendent « vrais », attachants. Tim Probert n’est pas qu’un excellent conteur, il est également un illustrateur doué. Ses planches sont de toute beauté, lumineuses ou sombres, drôles ou graves, selon l’humeur du récit. L’ensemble forme une œuvre à la forte puissance narrative dont le tonus est communicatif. - Michaël
Goliath n’est pas comme les autres enfants, il est grand, très grand, voir très très grand et cela le peine. Il est différent…
Ximo Abadía, auteur espagnol dont j’admire l’œuvre propose avec cet album un récit touchant empli de sagesse et de beaucoup de tendresse. Il évoque le thème de la différence, du mal être et de comment trouver sa place dans la société. Loin d’être triste, le récit se transforme en quête initiatique dont chaque scène est une impressionnante rencontre. En cela son travail graphique est remarquable, il juxtapose les formes, les matières pour rendre des tableaux d’une extrême efficacité. Très peu de couleurs sont utilisées, les mêmes page après page, savamment dosées et distillées afin d’offrir différentes ambiances, différentes émotions à l’histoire.
Goliath est un géant et heureusement pour nous, son amour aussi alors, il serait dommage de s’en priver !
Airnadette, est un groupe réputé d’air musique et de playback qui déchaîne les foules durant les concerts, en France, en Europe et également aux Etats-Unis. A travers cette comédie musicale, Airnadette a décidé d’initier les enfants aux plaisirs de la scène. C’est ainsi qu’est né « Du rock dans ton salon », l’histoire romancée de la formation du groupe composé de Scotch Brit, Château Brutal, Moche Pitt, Gunther Love, Jean-Françoise et M’Rodz.
Tu adores la musique, chanter, tu rêves de monter un spectacle avec tes ami·es, alors n’hésite plus ce livre est pour toi. Pas besoin de talents particuliers, tout est parfaitement expliqué pour vivre une expérience délirante et pleine d’humour. Quelques accessoires suffiront pour entrer dans la peau d’un·e musicien·e de rock.
Les dialogues sont pointus et rigolos et retranscrits avec des indications de mises en scène dans des fiches de répétition. Le cd du show est intégralement joué et chanté par le groupe Airnadette en personne. Un code permet aussi de télécharger une version mp3 sur le site de l’éditeur, où l’on trouve pleins de bonus et tutos pour apprendre les chorégraphies.
Découpé en huit scènes, le livre-spectacle est rempli de blagues pour faire rire les petit·es, et de références rock qui raviront les plus grand·es.
Ce matin, Momba se sent seul, ses ami·es lui manquent. Pour y remédier, il décide de les convier à une grande fête. Après avoir écrit et posté ses cent trente-quatre invitations, notre héros se lance dans la confection d’un gâteau. Momba tient à les accueillir comme il se doit. Il est encore en pleine préparation lorsque ceux-ci débarquent en fanfare, ne pensant qu’à danser et jouer de la musique. Mais y aura-t-il suffisamment à manger pour satisfaire leurs appétits ?
Eva Lindell nous fait entrer dans l’ambiance festive de cette bande de joyeux·es luron·nes où tous et toutes s’amusent en mettant la main à la pâte. Cécilia Heikkilia agrémente l’histoire par des illustrations chaleureuses, dont les animaux anthropomorphes dégagent malice et tendresse.
Une jolie histoire sur l’amitié et l’entraide, drôle et gourmande, qui donne envie de se mettre aux fourneaux. Çela tombe bien, car à la fin, on découvre une recette de crêpes !! MIAM !! Vous pouvez également retrouver Momba dans l’album « Déluge et marmelade » des mêmes autrices.
Jean, interne à l'hôpital, doit faire un stage en gynécologie aux côtés du docteur Karma. Brillante, elle se destine à la chirurgie et fait de la technique l'acmé de sa pratique. En conséquence, elle ne voit pas ce qu'un médecin comme Karma, passant son temps à écouter les patientes, pourrait bien lui apprendre. Le gynécologue expérimenté, quant à lui, est persuadé qu'il a beaucoup à lui transmettre, notamment dans la relation aux patientes. C'est une jeune praticienne certes difficile, brillante, mais ce dont Karma ne se doute pas, c'est qu'elle aussi porte un regard novateur sur la chirurgie et la sexualité. Deux docteurs atypiques dans le même hôpital... Le destin aurait-il placé Jean sur le chemin de Karma pour une bonne raison ? Dans ce récit, le lecteur, la lectrice, suivent un duo improbable né sous la plume de Martin Winckler et recréé ici en bande dessinée par Aude Mermilliod. L'histoire personnelle de Jean et sa relation avec ce médecin complètement autre constituent la trame narrative de ce récit habilement mené. On y croise de nombreuses femmes, quelques intersexes, des hommes aussi, on y lit leurs histoires, belles, féroces, touchantes... des instants de vie parfois légers, parfois difficiles. La colorisation des planches, la mise en page, tout concourt à une immersion délicate dans la vie intime des personnages. Et lorsque vous sentez que l'auteur·rice aime et comprend celles et ceux raconté·es, maniant les dessins et les mots avec justesse comme le fait Aude Mermilliod, c'est tout simplement un bonheur de lecture.
Il y avait une maison est un album qui fait l’éloge de la biodiversité à la manière d’une fable écologique. En se mettant à hauteur d’enfant, Philippe Nessmann et Camille Nicolazzi nous expliquent en quoi les actions des hommes peuvent faire des ravages sur le quotidien des autres êtres vivants qui comme nous peuplent cette planète. Au commencement, il y a une maison (la Terre), habitée par plusieurs locataires qui vivent en bonne harmonie. Mais un jour, l’un d’entre eux ne supporte pas de trouver des vers dans sa belle pomme et pulvérise un produit pour les faire fuir. Cela fait du mal à la pauvre abeille qui tousse, qui tousse, et le lendemain, on n’entend plus son bourdonnement dans la maisonnée… Ce locataire égoïste, qui choisit son confort au détriment de la vie des autres êtres vivants, c’est bien sûr l’homme. Celui-ci va peu à peu détruire les autres animaux et leur habitat jusqu’à se retrouver seul dans cette grande maison. Cet album aborde avec justesse les questions de la pollution des sols, de la déforestation ou encore de la surconsommation énergétique avec grande efficacité et sait toucher de manière percutante les adultes comme les enfants, afin que chacun prenne conscience de l’urgence écologique.
Une petite fille et sa maman passent devant une dame assise sur le sol portant un bébé dans les bras. Jour après jour, la petite fille s’attriste de la situation, elle ne comprend pas le malheur et voudrait seulement prendre un autre chemin pour ne plus les voir, pour ne plus y penser…
« Sans détour » est un album jeunesse d’une grande sensibilité. Déjà, par la thématique qu’il porte, la pauvreté. Aussi par son texte, écrit à la première personne, la petite fille nous parle de son ressenti, nous fait part de ses interrogations. Les mots, les phrases sont choisis avec minutie, ils, tels des haïkus, nous entraînent avec eux, nous guident dans cette histoire pleine de vécu. Ensuite, cet album est magnifiquement illustré par Tom Haugomat, véritable maître de l’aplat et de la scénographie. Comme à son habitude, il utilise une palette restreinte de couleurs, le résultat est tout simplement beau, époustouflant.
Il se dégage de ce titre beaucoup d’émotions, certes de la tristesse, mais le final est tout autre, il ouvre sur des valeurs que tous et toutes devrions partager : l’entraide et la bienveillance. Une belle leçon de vie.
Sacha et Charlie sont frères, ils ne s’entendent pas très bien. Enfin, c’est surtout Sacha qui ne supporte pas la présence de son petit frère et lui fait bien savoir. Un accident va les séparer, tous deux vont se retrouver dans un monde étrange, peuplé de monstres, et où leur survie ne dépendra que d’une seule chose : le pardon...
A regarder cet ouvrage et principalement les illustrations, nous pourrions facilement penser qu’il s’agit d’un titre destiné à un jeune lectorat. Détrompez-vous : même si le duo d’auteurs a déjà œuvré avec brio pour la littérature jeunesse, ce titre est destiné à tous les publics. L’intrigue est extrêmement bien ficelée, jouant sur deux narrations : on suit l’errance de Sacha puis celle de Charlie, à tour de rôle. L’ambiance est inquiétante voir pesante, tant on sent que quelque chose de plus profond est sous-jacent. Chaque récit se lie à l’autre, chaque action influe sur la destinée de l’un pour au final, les réunir. Une fin qui nous fait sortir de l’imaginaire pour nous renvoyer la réalité en pleine face. Une fin qui aborde un thème difficile et nous propose, non pas une solution ou une réponse, mais une voie à suivre. Alors lorsque l’on regarde à nouveau les magnifiques aquarelles d’Anne Montel, on se dit que les auteurs ont sciemment proposé ce style juvénile pour lier le monde des adultes à celui des enfants afin de faire lecture commune et ainsi permettre le partage, le débat. Un récit maîtrisé de bout en bout qui ne vous laissera pas insensible par son rythme, ses illustrations et sa thématique. - Michaël
Quand on a déjà navigué on sait qu'il y a quelque chose d'intime qui se joue sur l'océan, quelque chose d'intime et de vrai, sur la mer on est face à soi, sans faux semblant, on ne triche pas et on ne ment pas. Quand on a déjà navigué on sait que cette sincérité est le prix à payer pour que l’océan nous tolère. On sait que pour lui survivre il ne faut pas le contrarier. On sait que tout est fragile et sensible sur la mer, qu’on marche sur un fil, en équilibre sur la ligne d'horizon.
Tout cela l’héroïne du livre, commandante au long court, le sait. Elle sait que la routine est la condition sine qua none pour se maintenir en osmose avec les éléments. Elle le sait et pourtant elle va ouvrir une brèche dans l’ordinaire et basculer dans un univers parallèle, une parenthèse dont vous sortirez transformés.
Un livre plein de mystère, une écriture délicate et sensible qui vous berce comme le sac et le ressac de l’océan et vous emporte vers une destination inconnue. Un subtil mélange de suspense et de poésie, un roman indispensable.
Pour les amoureux·ses de l’océan et de sa petite musique, je vous conseille aussi « Novecento : pianiste » d’Alessandro Barrico, également disponible à la médiathèque.