Conseils lecture
Nous sommes dans les années 1980, aux États-Unis, en pleine course à la conquête de l’espace. La NASA vient tout juste d’ouvrir ses rangs aux femmes. La sélection est extrêmement rigoureuse, mais quelques-unes, dont Joan, parviennent à s’y intégrer.
Joan est une jeune femme passionnée et profondément attachante. On suit son parcours de formation en tant qu’astronaute, mais aussi sa magnifique histoire d’amour et la relation singulière qu’elle entretient avec sa nièce. Ce roman ne parle pas uniquement de conquête spatiale, mais aussi de celle de la liberté : celle d’aimer qui l’on veut, d’embrasser qui l’on veut, de tenir la main de qui l’on veut dans un espace public.
Inutile d’être passionné par l’espace pour se laisser embarquer : c’est là toute la force de l’autrice, qui nous entraîne dans son univers à travers des personnages riches et touchants.
Taylor Jenkins Reid, décortique les relations humaines et amoureuses avec brio, sensibilité et justesse. "Atmosphère" est une ode à l’amour, à l’amitié, à la parentalité, à la liberté, à la tolérance et au vivre-ensemble. C’est aussi un hommage vibrant aux femmes et aux hommes qui ont rêvé d’aller plus loin, plus haut que le reste du monde.
Ce roman est un véritable concentré d’émotions.
"Trois fois la colère" est une fable médiévale située dans les Alpes, à l’époque des croisades. Dès les premières pages, on est happé par une scène saisissante : une jeune fille tue son grand-père d’un coup d’épée. Ce geste inaugural donne le ton d’un récit où la violence des hommes se heurte à la colère des femmes.
L’histoire s’articule autour de Gala, victime du viol de son père, le seigneur Hugon, homme cruel et sanguinaire. De cette agression naissent trois enfants marqués du sceau familial : Reine, Éphraïm et Mange-Ciel. Chacun est confié à un destin différent, et c’est à travers leurs trajectoires que se dessine une fresque sombre, poétique et profondément humaine.
Laurine Roux, interroge sur les rapports de pouvoir, la vengeance, les identités à reconstruire, et la révolte. Son écriture ciselée, empreinte un vocabulaire moyenâgeux, nous immergeant ainsi au cœur de l’époque. Les personnages féminins sont dotés d’une grande solidarité. La nature, omniprésente, devient un personnage à part entière : protectrice, menaçante, elle abrite les bannis, les innocents, les sorcières.
Il faut également saluer la beauté de l’objet-livre : chaque chapitre s’ouvre sur de fines illustrations de feuilles et de fleurs, soulignant encore d’avantage le rôle essentiel de la nature dans le récit.
Un roman puissant et percutant qui dérange autant qu’il émeut.
Masao est ouvrier rectifieur sur l’île de Naoshima. Les jours s’égrènent à la cadence des pièces qu'il fabrique et des trajets en ferry qui le conduisent de son lieu d’habitation à l’usine. Un jour, Harumi, sa fille, qu’il n’a pas vue depuis plus de dix ans, l’attend à la sortie de son travail.
Aujourd’hui Harumi est occupée à la réalisation d'une pièce muséale sur l’île de Teshima, non loin de celle de Naoshima où travaille son père, et c'est l'occasion qu'elle saisit pour reprendre contact avec lui.
Des rendez-vous remplis de pudeur et d’humanité, vont ponctuer leurs retrouvailles. Tout en tendresse, père et fille apprennent à se connaître, comblent les trous liés à l’absence, et renouent avec leur histoire. Les souvenirs de Masao remontent à la surface. Son histoire d’amour avec Kazue, la mère d’Humani. Ses années en tant que gardien de phare, ses différents métiers… Ou encore les heures de plénitude à bord de la barque qu’il a construite de ses propres mains…
D’une belle écriture, sobre, poétique, nostalgique, mais pas larmoyante, avec beaucoup de délicatesse, Antoine Choplin donne le sentiment que les personnages murmurent à notre oreille et que l’on devient le confident de leurs vies.
Avec pour décor les îles japonaises de la mer de Seto, "La barque de Masao » est un très joli roman qui transmet des émotions intimes.
Sœurs jumelles à la chevelure rousse, avec chacune un œil bleu et l’autre vert, Arc et Daffy sont inséparables. Ensemble, elles fuient un quotidien sordide en plongeant dans un monde imaginaire.
Prises par la noirceur de leur réalité familiale, elles ne peuvent échapper aux fantômes qui les hantent.
Devenue adulte, Arc lutte toujours contre ses souvenirs lorsqu'on découvre le corps d'une femme dans la rivière. Bientôt, d’autres cadavres apparaissent. La jeune femme se rend peu à peu à l’évidence qu’elle ne pourra tenir sa promesse faite à Daffy : les protéger du « côté sauvage » de l’existence.
Tiffany McDaniel s’inspire d’une histoire vraie : l’affaire des six disparus de Chillicothe, classée en 2014. Elle explore la fatalité des vies abîmées par la drogue et la prostitution, tout en apportant de la lumière et de la poésie au quotidien de ses personnages.
Comme dans Betty, ce troisième roman intense nous captive par des portraits de femmes fortes et attachantes.
Une ode à l’amitié, à la sororité et un hommage à toutes celles qui ont disparu.
Marceau Miller, quarante ans, est un romancier à succès, vivant avec sa famille dans un confortable chalet près du lac Léman.
Il a toujours eu le goût du risque : pilotant son ULM Savage Bobber, pratiquant la plongée ou encore l’escalade à main nue et sans protection. Peut-être est-ce pour frôler la mort et se rapprocher ainsi de sa sœur, disparue vingt ans plus tôt.
Un matin, après la fête organisée pour la sortie de son dernier livre, il disparaît. Son corps est retrouvé écrasé au pied de la dent du Vélan par sa femme et un vieil ami. Sarah est la seule à ne pas croire à la thèse de l’accident de son mari. Lorsqu’elle découvre qu’il a laissé un roman et une somme d’argent, elle se lance dans un jeu de piste vertigineux, en quête de la vérité, faisant ressurgir les souvenirs et les drames pas complètement recouverts malgré les années.
Mêlant suspense et émotion, Le Roman de Marceau Miller nous plonge dans une enquête captivante, où l’on ne cherche pas seulement un coupable, mais où l’on découvre peu à peu les secrets d’un homme connu de tous et inconnu des siens.
Chacun des six chapitres nous dévoile de nouveaux rebondissements ou indices. Chaque personnage a sa version des faits pour mieux nous dérouter, gardant le suspense intact jusqu’à la dernière page.
Qui est donc vraiment Marceau Miller ? Écrivain et scénariste dans la vraie vie, le voilà à la fois romancier et personnage clé de son propre thriller. Caché derrière son pseudo, il ne dévoilera rien de son identité, ajoutant un double mystère à son ouvrage très réussi et addictif.
Une adaptation audiovisuelle serait d’ailleurs déjà en prévision.
Réussirez-vous à résoudre l’énigme ?
À Taggard, petite ville rurale de l’Arkansas rongée par le déclin, la haine et l’oubli, Jeremiah, vétéran du Vietnam, vit reclus dans sa casse automobile, entouré de livres et d’armes. Il y élève sa petite-fille Joanna avec une tendresse pudique et une farouche détermination à la protéger du monde extérieur. Mais lorsque la jeune fille, sur le point de quitter le village pour l’université, devient la cible d’une famille de suprémacistes blancs avide de vengeance, le vieil homme devra affronter ses démons et reprendre les armes.
Inspiré de faits réels, ce roman noir haletant signé Eli Cranor dresse le portrait d’une Amérique post-Trump fracturée, où la violence semble inévitable et où l’amour constitue parfois le dernier rempart contre la haine. Dès les premières pages, l’action s’emballe et aucun temps mort ne vient briser le rythme. Rivalités, trafics et vengeances sont les maîtres-mots de ce récit. Il explore les failles d’un pays qui ne rêve plus, mais où l’humanité survit dans les silences, les regards et les gestes de ceux qui refusent de céder. Les personnages ne sont jamais tout à fait bons ni tout à fait mauvais. Ils vacillent, comme nous tous, laissant apercevoir leurs sentiments malgré le chaos. J’ai été particulièrement touchée par la relation intense et bouleversante entre Jeremiah et sa petite-fille Jo, qui illumine le récit.
Une lecture puissante qui ne laisse pas indifférent et pousse à s’interroger : « Jusqu’où sommes-nous capables d’aller pour protéger ceux que nous aimons ? »
À douze ans, Billie est une jeune fille très autonome, audacieuse et drôle. Sa mère est « partie » à sa naissance. Elle grandit sur la côte vendéenne, auprès de son père alcoolique, maladroit, souvent absent et cabossé par les épreuves de la vie.
Mais pas question pour l’adolescente de se lamenter sur son sort. Les vacances d’été débutent, c’est le moment idéal pour mettre à exécution le plan qu’elle prépare depuis des jours : une échappée solitaire dans une cabane perchée d’un parc d’accrobranche abandonné.
Quel temps faudra-t-il pour que quelqu’un s’inquiète de la disparition de Billie ? Combien de jours une gamine peut-elle tenir ainsi ?...
Delphine Bertholon nous entraîne dans une histoire bouleversante, où secrets et non-dits pèsent sur la relation entre Billie et son père. Sa plume tendre, juste et acérée est ponctuée de références littéraires et musicales qui collent parfaitement aux personnages attachants.
La baronne perchée est un roman lumineux, profondément émouvant. Il célèbre l’amour inconditionnel, même lorsqu’il est bancal. Il parle de racines, de reconstruction, de cette quête intime pour comprendre d’où l’on vient afin de savoir où l’on va. On y retrouve la rage de la jeunesse, sa capacité à rêver malgré tout et à toujours garder une bouffée d’espoir.
Mathou est connue comme autrice et illustratrice de bandes dessinées et d’albums jeunesse. Elle signe ici son premier roman.
Léa n’a jamais fait de vagues, elle sourit tout le temps et n’a jamais su dire non, faisant souvent passer les autres avant elle. Pourtant, à quarante ans, c’est une femme épanouie. Elle exerce un métier en lien avec sa passion, l’origami, et a fondé une jolie famille avec son compagnon. Le jour où son père est hospitalisé à la suite d’un AVC et décide de lui révéler « quelque chose », sa vie bien rangée bascule.
L’autrice nous livre une histoire prenante sur la relation parents-enfants et plus particulièrement mère-fille, ainsi que sur le poids des secrets de famille et leurs impacts sur la vie des générations suivantes. L’écriture est fluide, elle nous imprègne des sentiments et des questionnements de personnages touchants et attachants. Ce récit se lit d’une traite, tant on a envie de connaître toute l’histoire.
Avec Les choses qu’on dit, Mathou réussit à poser des mots justes, sensibles et puissants sur des maux que beaucoup d’entre nous portent, souvent en silence. Une lecture pleine d’émotions et profondément humaine.
Dans la petite ville de Monta Clare, nichée dans la région des Ozarks, Patch, 13 ans, disparaît après avoir sauvé une adolescente d’un enlèvement. Saint, sa meilleure amie, met tout en œuvre pour le sauver. Lorsqu’il est retrouvé plusieurs mois plus tard, presque mort, il prétend avoir été séquestré avec une jeune fille, Grace, qui reste introuvable. Beaucoup pensent qu’il délire, mais lui et Saint feront tout pour la retrouver…
Chris Whitaker signe un roman magistral. S’étalant sur plus de trente ans, ce récit imprévisible met en œuvre des émotions complexes et bouleversantes. L’auteur dissèque avec beaucoup de finesse la psychologie des personnages, tous plus attachants les uns que les autres. Toutes les nuances de la nuit montre le talent de Chris Whitaker pour explorer en profondeur les troubles de l’adolescence et la façon dont les traumatismes pèsent sur l’âge adulte.
Dans la quête de Patch et Saint, chaque élément a un rôle à jouer et rien n’est laissé au hasard. Des révélations toujours inattendues font monter la tension, et l’auteur nous fait avancer dans un univers oppressant, entre espoir et désespoir : on passe par toutes les émotions.
Un livre magnifique et époustouflant, qu’on lit d’une traite malgré ses 800 pages : les chapitres très courts rendent la lecture dynamique et on ne peut plus lâcher ce récit prenant. Un roman noir, mais aussi tellement lumineux grâce à ses personnages : Saint, Patch, Norma, Sammy, Misty… débordants d’humanité, d’amitié et d’amour.
On se souviendra longtemps de l’histoire du « pirate et de l’apicultrice »…
Ce premier roman, librement inspiré d’une histoire vraie, retrace la fuite d'une jeune nonne dans l’Angleterre du XIVᵉ siècle.
Avec la complicité de quelques sœurs, Joan simule sa propre mort afin de s’évader du couvent de Saint-Clément d’York, dans le Yorkshire, où elle est cloîtrée depuis l’enfance, suite au décès de ses parents. Commence alors pour elle une vie d’aventures, de plaisirs et de découvertes, qui la mènera jusqu’à Londres. Mais elle devra veiller à échapper à la vengeance de l’impitoyable abbesse, prête à tout pour la retrouver.
Dans le contexte historique du Moyen Âge, on prend plaisir à suivre l’épopée de cette femme exceptionnelle, dont la soif de liberté, de plaisir et de connaissance dépasse la peur. Joan de Leeds est une héroïne observatrice, volontaire et attachante, entourée de personnages hauts en couleur.
L’écriture délicate mêle humour et poésie pour offrir un roman d’émancipation captivant et inspirant, mettant en lumière une protagoniste féminine lumineuse.
La fin imaginée par l’auteur laisse planer un mystère sur le destin de Joan — on aimerait savoir ce qu’elle devient.
Une très belle lecture autour d’un fait réel méconnu.
