Conseils lecture
Dans un futur dévasté par les Super-vilains, Wolverine n'est plus que l'ombre de lui-même, fermier sans histoire courbant l'échine devant les tyrans locaux. Jusqu'au jour où un ami de longue date lui demande une faveur et l'entraîne dans une course effrénée contre la mort. Ce périple va faire ressurgir de douloureux souvenirs mais, plus dangereux encore, va réveiller en lui la bête si longtemps contenue... Wolverine, le X-man le plus connu au monde, nous entraîne ici dans un futur sans foi, ni loi, où les défenseurs de l'humanité ont disparu et où règne le mal absolu. Logan, transformé par ce qui est arrivé, n'est plus le guerrier d'antan. Miné par un lourd secret, il dénote complètement du personnage sauvage que l'on a connu dans de multiples aventures et dans des récits contant ses origines. Une fresque futuriste qui n'est pas sans rappeler le désespoir apocalyptique de La Route de Cormac McCarthy. - Michaël
« Ils font de petits pas, les vieux, et traversent toujours au feu … Allez vite, c’est dangereux, on pourrait se casser en deux… Souvent ils souffrent dans leur corps, ils résistent encore et encore et combattent le mauvais sort… ».
Le ton est donné, avec humour et tendresse, l’autrice dresse le portrait de ces personnes âgées qui nous entourent. Leur vie quotidienne, pas toujours évidente, leurs petits bobos, leur solitude … Mais aussi leur combativité, leurs moments de bonheur et leurs souvenirs. Un texte poétique tout en rimes, où deux parties se répondent au fil des pages. La/le narrateur·rice qui évoque un cliché préconçu et un·e vieux·eilles qui lui répond en exposant son expérience et ses sentiments.
Les illustrations aux tons pastel sont douces et apaisantes. Les visages des personnages sont très expressifs. Les différentes situations sont représentées d’une manière joyeuse et drôle. L’équilibre entre le texte parfois triste, mélancolique et les dessins à contre-pied en font un album très touchant. On ne peut s’empêcher de penser aux instants passés avec nos grands-parents. Se dire qu’il faut profiter de chaque petit plaisir partagé en compagnie de nos proches.
« Vieillir n’est pas une maladie, c’est vivre une très longue vie. »
Au cours d’une après-midi en compagnie de sa fille, le narrateur évoque les réminiscences de son enfance, passée en compagnie animale. Gambadant avec sa petit Lila au cœur de Mexico, l’une des villes les plus polluées au monde, l’auteur mêle des récits indiens à l’imaginaire de son enfant pour nous émerveiller du miracle qu’est la nature... Nous rappeler que « nous sommes une partie de la nature, et elle fait partie de nous » et de ce constat simple, qu’il nous faut la respecter, la protéger. Cette bande dessinée n’est pas uniquement le message d’un père à sa fille sous la forme d’une fable, mais celui d’un citoyen soucieux de son environnement autant que de ses proches, exprimant sa peur de l’avenir incertain de la planète et de l’héritage légué à nos chérubins. François Olislaeger illustre son récit sobrement, principalement en noir et blanc, en nous gratifiant par endroit de magnifiques doubles pages, peignant la beauté sauvage. Véritable ode à la vie et à la nature, il dresse un constat alarmant des actions humaines sur l’environnement. Il dénonce, mais ne se pose pas pour autant en chantre de l’écologie innocent, car lui comme nous, sommes coupables d’inaction et en quelque sorte de lâcheté. A l’heure où les politiques n’agissent peu ou pas, il est important d’exprimer nos inquiétudes pour qu’elles soient entendues et que ces voix, nos voix, qui se multiplient, puissent entrer en action et changer notre monde. Écolila est un récit plein de sagesse qu’une bibliographie vient étayer, à destination des plus curieux désireux de poursuivre cette réflexion écologique. - Michaël
1727, Russie, Catherine agonise. Dans son lit à baldaquin, sous les dorures de l’empire, sa toux sanguinolente lui déchire les entrailles. Seul le laudanum soulage ses souffrances, il l’emporte loin, dans les brumes du passé, remontant le cours de son histoire entre rêve et cauchemar.
1694, Livonie, Marta Helena Skowronska a 5 ans, ses parents sont mourants, crachant du sang, et demain elle sera orpheline. D’héritage il n’y en aura pas, mise à part le blason d’une noblesse désargentée, la sienne. Il faudra quitter la demeure familiale avec son frère et ses sœurs, et ce sera, pour elle, le départ d’une longue errance à travers l’Europe, d’ouest en est.
Ces deux femmes sont si différentes, l’une est une enfant, l’autre est une adulte, l’une vit à l’ouest et l’autre à l’est, l’une est extrêmement pauvre et l’autre immensément riche : alors quel fil relie leurs existences ?
Un magnifique roman historique qui dépeint un destin extraordinaire, celui d’une femme à la pugnacité hors du commun. Un être dont l’extrême clairvoyance permet d’échapper à la barbarie. Une esclave qui grâce à son humanité va se hisser au sommet du monde.
Un jour, une petite fille attrape un arc-en-ciel et le met dans un bocal. Elle tente de l'apprivoiser, le nourrit, l'emmène partout ! Ils deviennent inséparables. Elle l'aime fort, mais l'arc-en-ciel est malheureux... Malgré toutes ses tentatives pour lui redonner le sourire, la petite fille réaliser qu'elle n'a pas le choix : il faut le libérer. Alors elle le laisse partir, pour retrouver le ciel, le soleil et les nuages.
Cet album aux douces illustrations interroge sur ce qu’est l’amour. Est-ce que c’est posséder ou alors accepter de ne pas enfermer l’autre ? L’histoire amène l’enfant et l’adulte à s’interroger progressivement sur cette thématique.
Avec un final et une dernière phrase ouvrant à la réflexion, cet album ne laisse pas indifférent une fois la dernière page tournée.
La question devait bien tomber un jour ou l’autre... Mais que répondre à son enfant lorsque celui-ci vous demande : comment on fait les bébés ? Lui raconter une belle histoire ou lui dire la vérité, c’est un vrai casse-tête pour tous les parents, sauf bien sûr, si la grande sœur a déjà la réponse… Isabelle Jameson, dans un album à l’humour très présent, soulève une problématique que tous les parents connaissent un jour ou l’autre : aux questions d’enfants, doit-on toujours répondre et dire la vérité ? Vous ne trouverez pas de réponse toute faite dans cette histoire, cela est propre à chacun, mais serez certainement reconnaissants à l’autrice de mettre en mots vos doutes et vos interrogations. Elle, avec très peu de mots, pose clairement la situation et se moque un peu de nous (d’elle-même sûrement) dans ces craintes qui peuvent nous habiter. Ce qu’il y a de fort dans ce récit, c’est le balayage assez large de tous les possibles, qu’ils soient fantasques ou bien réels et le tout raconté avec fluidité. Nous sourions beaucoup devant ces parents affolés et nous crions au génie lorsqu’à la lecture des dernières pages, l’histoire prend une toute autre tournure… Cet album est illustré par la talentueuse Maud Legrand, qui avec un trait noir rare et épuré, parvient à faire passer différentes émotions : surprise, affolement, étonnement… Elle utilise un seul angle de vue, fixe, horizontal et nous plonge ainsi directement dans l’action, proche de nos héros comme si on était avec eux, chez eux. La mise en couleur est sobre : quelques touches de peinture posées délicatement à des endroits bien précis afin de donner du rayonnement et du relief à l’ensemble. Voici un très bel album, au sujet délicat, mais sans gravité, dont la légèreté ravira petits et grands. - Michaël
Mémé avait prévu de lire tranquillement dans le jardin. Seulement voilà il y a beaucoup trop de bruit autour d’elle. La mère qui passe la tondeuse, la fille qui écoute la musique à fond, le chien qui aboie… « Y en a marre ! », mamie décide donc de partir à la plage. Hélas toute la tribu trouve que c’est une excellente idée et souhaite l’accompagner. Grand-mère réussira-t-elle enfin à trouver du calme ?
L’autrice dresse le portrait d’une mamie très ingénieuse. Le texte court et les dessins expressifs et pleins de détails donnent du rythme à l’histoire, et fait bien ressortir l’énervement de Mémé.
C’est un album très drôle et divertissant avec une chute inattendue bien trouvée.
Hannah Hoshiko est une Nissei, elle est née de parents japonais dans un pays étranger : le Canada. Boucs émissaires au lendemain de la crise de 1929, puis persécutés suite à l’alliance de leur pays avec l’Allemagne nazie, les japonais·es survivent comme iels peuvent dans un pays hostile, pliant l’échine sous les coups répétés de l’administration et de la population.
Jack est blanc, après le décès de sa mère, son père s’est remarié avec une indienne autochtone. Fuyant la « civilisation » il a adopté depuis longtemps le mode de vie des peuples premiers. Il est « creekwalker », son travail consiste à compter les saumons, afin d’établir des quotas de pêche et de préserver, ainsi, l’écosystème de la forêt.
C’est le récit de ces deux êtres, à la marge, que fait avec force sensibilité l’autrice, Marie Charrel. Tour à tour bousculés par l’injustice, heurtés par la mort, blessés par la barbarie, iels perdent l’équilibre, glissent dans les ravines, s’accrochent aux branches et se relèvent chancelants. Les yeux ébahis, le souffle court, nous nous laissons emporter par cette merveilleuse chorégraphie, où s’entremêlent l’opiniâtreté des combats, la confusion des sentiments et la beauté sauvage des paysages.
Une danse, pleine de mystère où se tissent des liens inattendus. Un magnifique roman construit sur cette question, pierre angulaire : comment trouver dans l’imperfection du monde la beauté nécessaire à la résilience ?
Dans ce récit autobiographique, Aimée De Jongh nous raconte quatre histoires, quatre rencontres ayant pour point commun un chauffeur de taxi. Assise à l’arrière d’une voiture, elle nous fait parcourir le monde, de Paris à Los Angeles en passant par Washington ou encore Jakarta. Chacun de ces hommes délivre son histoire, tant bien que mal, à l’autrice pleine de vie et de gaieté. Des moments d’intimité rares ou se crée, au fil des conversations, un lien unique de confiance mutuelle.
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« Taxi ! » est un récit court, un huit clos empli d’humanité qui fait du bien ! - Michaël
Béatrice est une jeune femme bien seule dont l’existence est rythmée par des habitudes et un quotidien très banal. D’un naturel discret, elle rêve secrètement de passion, d’aventure et du grand amour. Malheureusement la vie n’est pas vraiment une comédie romantique, c’est pourquoi, pour pimenter ce morne quotidien, elle décide de chaparder discrètement un sac rouge délaissé, abandonné en plein milieu de la gare. Dans ce sac, elle va découvrir un album photo qui va la plonger dans une vie de rêve, mais à quel prix... « Béatrice » est un album étrange, aux frontières du réel et de l’imaginaire. L’histoire, a priori classique et sans surprise, se transforme vite en conte étrange et captivant. Joris Mertens nous balade (littéralement) dans un univers aux multiples facettes, à la fois romantique, poétique, énigmatique et surnaturel. Il distille les ingrédients au fur et à mesure, accentuant ainsi la tension et le mystère tout au long du récit. Il parvient à nous tenir en haleine et surtout, à conclure son histoire par une fin qui nous laisse sans voix, comme cet album dont une des particularité est de ne comporter ni texte ni didascalie. Les illustrations sont juste magnifiques. L’auteur crée ses planches au crayon de papier rehaussé de couleurs vives, qui se révèlent techniques et pleines de détails. Un travail minutieux à saluer comme il se doit. Lire « Béatrice », c’est comme regarder un épisode de « La quatrième dimension » : « Apprêtez-vous à entrer dans une nouvelle dimension, qui ne se conçoit pas seulement en terme d’espace, mais où les portes entrebâillées du temps peuvent se refermer sur vous à tout jamais… ». Bon voyage !
Conseils lecture
La lutte contre la maltraitance animale est un sujet qui alimente les débats dans notre société. Aussi juste soit-elle, elle remet en cause bons nombres de croyances et/ou de pratiques plus ou moins barbares.
Alors, à raison, if faut se demander ce qu’est la maltraitance animale et où commence-t-elle ? Le débat est ouvert…
« Sandrine et Flibuste » et « Les droits des animaux en questions » sont deux titres qui abordent le sujet. L’un par des minis récits en bande dessinée où avec humour et cynisme, l’autrice aborde des thèmes explosifs comme l’élevage intensif, le broyage à vif ou encore la chasse à courre. Elle interroge en cela le rapport de domination de l'humain sur l'animal.
L’autre titre a une approche plus scientifique et juridique. Il va nous conter l’histoire de l’humanité et son rapport avec ce monde animal dont elle oublie souvent qu'elle en est. Il va s’attarder également sur le cadre juridique, l’animal est-il une chose, un meuble ? Les avancées de ces dernières années en matière de droit et le chemin qu’il reste encore à parcourir pour offrir à l’ensemble du vivant la vie qu’il mérite.
Gandhi a dit : « On peut juger de la grandeur d'une nation et ses progrès moraux par la façon dont elle traite les animaux. »… Alors où en est-on ?
Hector est un cerf majestueux, puissant mais solitaire. Toutes les biches sont folles de lui, en particulier Leila. Au printemps les bois d’Hector fleurissent comme un arbre. Pour cacher sa différence il se retire alors du groupe laissant ainsi Leila seule face aux autres mâles du clan. Elle n’a d’yeux que pour lui et elle l’aime comme il est. La jeune biche décide donc de partir à sa recherche à travers la forêt…
L’histoire retrace le cycle de la vie au rythme des saisons. Les illustrations pleine page sont magnifiques et complètent parfaitement l’histoire. Le texte est court, pas de phrases, poétique.
Un album puissant sur l’amour, la différence, l’acceptation de soi.
Ce voyage en voiture semble durer une éternité pour le jeune Oskar, surtout qu’à l’avant ses parent·es ne cessent de se disputer ! Alorspour tromper l’ennui et peut-être un mal-être bien plus profond, il se réfugie dans son imaginaire assez sinistre…
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Il aura fallu plus de 8 ans à Brandon Jelinek pour réaliser cette oeuvre monumentale. Huit années d’un travail acharné, entre écriture et illustration, pour construire un récit psychologique et métaphorique. Au final, grand bien lui en a fait, puisqu’il remportera le "Grand prix" du festival international de bande dessinée de Pologne en 2015 et les prix Muriel Awards dans les catégories "Meilleur livre original" et "Meilleur scénario original 2016". Cependant, la lecture de cette bande dessinée n’est pas chose aisée, son côté sombre, voire glauque, pourra être rédhibitoire pour certain·es lecteur·rices, de même que la frontière entre rêves et réalité est souvent ténue, et au final un trouble persiste. Quoi du vrai, quoi du faux ? Peut-être que l’important n’est pas là, peut-être qu’il ne faut y voir qu’un moment onirique dont l’essence est l’imagination du personnage, mais aussi et surtout la nôtre…
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Quoi qu’il en soit, « Oskar Ed » ne laisse pas indifférent. Ce road trip nous entraîne dans un voyage surprenant, allant de surprises en révélations. L’histoire est addictive et nous scotche totalement avec sa conclusion.
En 2018 à Moscou, un père succombe sous les coups de ses trois filles âgées alors de 17, 18 et 19 ans. C’est le point de départ du roman de Laura Poggioli qui tout au long de son ouvrage, tente de comprendre comment trois jeunes femmes peuvent concevoir un tel acte et le mettre à exécution. Grâce à de nombreuses archives elle recompose le quotidien de ces trois filles et de leur mère depuis leur enfance jusqu’à ce jour fatidique où elles passent à l’acte. On découvre alors un père qui n’en a que le nom, tyrannique, abusif, violent, un monstre en quelque sorte et une société russe complice où patriarcat et tradition légitiment les violences faites aux femmes, où la corruption, la religion et le communautarisme murent les victimes dans le silence.
Le récit ne s’arrête pas là car il trouve une résonnance particulière dans l’histoire personnelle de l’autrice. Elle aime profondément la Russie pour y avoir vécu à plusieurs reprises, pour avoir appris sa langue, aimé ces habitants. Elle se souvient tout au long du roman des moments passés là-bas, de ses amis, du bonheur partagé, de cette société attachante et contradictoire. Elle se souvient aussi de ce petit ami violent « Mitia », comment avait-elle pu accepter son comportement ? Elle se souvient de toutes les violences dont elle a été victime, de celles qui ont été faites à ses aïeules dans une autre société, en France. Et c’est là toute la force de ce livre. Non, les violences faites aux femmes ne sont pas une pratique barbare d’un autre pays, d’une autre culture ! Elles existent partout, au quotidien, jamais anodines et toujours insupportables.
Un roman parfois dur mais absolument nécessaire, qui vous met en face de vos responsabilités, comme les trois regards qui vous fixent sur la couverture du livre. Ceux de ces trois jeunes Moscovites : Krestina, Maria et Angelina, si lointaines et si proches, sacrifiées comme tant d’autres sur l’hôtel du patriarcat.
Dans l'ombre, un éléphant reste allongé, toute la journée, rempli de chagrin. Les autres animaux se mettent en tête de le divertir : ils lui racontent des blagues, lui font un numéro de swing-cancan ou lui apportent son plat préféré, de délicieuses feuilles d'acacia. Mais rien n'y fait : l'éléphant reste dans l'ombre, muet, maussade. Quand un jour, une petite souris vient s'assoir à côté de lui. Elle ne cherche pas à distraire ou à consoler l'éléphant, elle veut juste être à côté de lui pour se reposer un petit peu... et lui raconter son histoire. A travers cet album, Nadine Robert et Valerio Vidali nous parlent d'un thème peu commun en littérature jeunesse : celui de la dépression. Sans moralisme et sans aborder le sujet avec des réponses toutes faites, c'est plutôt avec douceur et subtilité que .le duo s'empare de la question Au début de l'album, l'opposition est marquée entre l'éléphant, dans l'ombre, seul avec son chagrin et sa douleur, et les autres animaux qui figurent sur des pages colorées, en plein soleil. L'arrivée de la souris est marquée par une palette de couleurs plus nuancée et coïncide avec le coucher de soleil et le lever de lune, qui se transformera en clé à la fin du récit, comme annonciatrice d'un nouvel espoir. La technique de l'illustration et de la colorisation utilisée, inspirée du pointillisme, apporte de la douceur au propos. Ce bel album doux nous rappelle qu'il n'y a pas de recette miracle pour faire face à la tristesse des autres. Parfois, ce qui est nécessaire, c'est de tomber sur la bonne petite souris.
A travers l'album "Profession crocodile", nous observons avec délice la matinée quotidienne de cet animal fort sympathique, crocodile professionnel de son état. Le réveil (pas toujours facile), la toilette, le petit déjeuner où encore le trajet matinal et tous ces petits détails sont rendus avec brio par les illustrations de Mariachiara di Giorgio. Dans cette histoire sans paroles, à aucun moment le texte ne manque tant le récit est fluide et nous porte a travers les images.
Nolwenn
Ils sont quatre. Ils sont "amis" et ont un point commun qui les rassemble : leur mauvaise réputation ! Monsieur Loup, Monsieur Piranha, Monsieur Requin et Monsieur Serpent ont décidé, le temps de cet album, de vous prouver une bonne fois pour toutes qu'ils ne sont pas, mais vraiment pas, de mauvais gars...
Quelle idée originale d'Aaron Blabey que de nous proposer un récit jeunesse uniquement centré sur des personnages que l'humanité, au fil des siècles, a transformé en monstres. Alors pourquoi ne pas les réhabiliter, enfin si on veut... et surtout de façon humoristique. Oui ce récit est une vaste plaisanterie : on rit à chaque page, chaque situation. La bonne volonté ne suffit pas toujours et nos charmants compagnons en sont le parfait exemple.
Le récit est rythmé et s'affranchit des codes en brisant régulièrement le quatrième mur par l'intermédiaire de Monsieur Loup, le personnage principal.
Côté dessin, l'auteur possède un style plus proche de l'illustration jeunesse que de la bande dessinée, mais peu importe, cela fonctionne à merveille ici. Des plans moyens, des gros plans et des très gros plans sont sur-utilisés afin de centrer toute l'attention des lecteur·rices sur les faciès hilarants de nos protagonistes.
"Les bad guys" est un court mais intense moment de rigolade et vous pourrez prolonger le plaisir grâce à son adaptation animée sur grand écran.
En 2010, le Centre Pompidou-Metz ouvre ses portes. Outre le musée, une librairie d’art parachève cet établissement. Malgré un sérieux manque d’expérience et de compétences, Charlie est embauché en tant que libraire. Il va découvrir le métier : commander, réceptionner, gérer les stocks, gérer la clientèle, mais surtout vendre ! Il va également faire la connaissance d’un univers décalé, hors réalité, celui des musées, des conservateurs et autres médiateurs culturels. Un choc des cultures qui va faire des étincelles. Voici l’un des titres les plus drôles de cette année 2018 ! A la manière de la culture blog, Charlie Zanello raconte son expérience au centre Pompidou-Metz. Nous y découvrons les coulisses de ce musée qui était à l’époque la première expérience de décentralisation d’un établissement culturel public national. Par son regard juste et amusé, il nous raconte ses rencontres accidentelles avec des artistes contemporains, dont la démarche artistique lui est parfois - et même souvent - difficile à appréhender. Cela crée ce savoureux décalage qui anime l’esprit de ce titre. Il nous fait également pénétrer dans l’univers de la médiation culturelle, qui elle-même s’avère être un exercice « d’art moderne ». Il n’oublie pas son métier de libraire, ses relations avec ses collègues et surtout la clientèle. L’illustration de l’ouvrage est d’une excellente maîtrise, sans fioriture graphique, Charlie Zanello parvient à faire passer nombre d’émotions. Le tout est habillement mis en scène par un découpage précis donnant rythme et dynamisme aux scènettes humoristiques. Chapeau donc à cet artiste pour nous avoir ouvert un monde plus ou moins hermétique. - Michaël
Lorsqu’elle se réveille, Hilda n’est plus chez elle, ni vraiment elle-même. Elle est dans une grotte, chez les monstrueux Trolls. Pourtant, elle n’est pas en danger. Son corps s’est transformé, elle est devenue l’une de ces créatures effrayantes et passe totalement inaperçue. Que s’est-il passé ? Quelle est la raison de sa présence ici ? Et si l’occasion lui était donnée d’apprendre à connaître un peu mieux ce peuple dont on ignore tout ? Sixième et à priori dernier volume de la série Hilda, et comme dans les précédents tomes, on se régale à la lecture de ses aventures. Comme toujours, Luke Pearson nous plonge dans un univers étrange, mais toujours teinté de bienveillance. Cela est la force de ses récits, nul ne sait comment il y arrive, mais ouvrir un Hilda est une expérience à part. Peut-être cela est-il dû à un délicat mélange d’humour, de fantaisie, de fantastique et peut-être de mélancolie, mais toujours est-il que ses histoires, et celle-là encore plus, sont captivantes. Nous assistons à la fin d’une série, ou peut-être, espérons-le, simplement d’un cycle. Un clap de fin qui met en exergue la différence, la tolérance et la force de l’amitié. Tant de messages à transmettre à nos enfants, tant de messages dont on peu s’inspirer pour nous ouvrir aux autres. Les illustrations sont toujours aussi belles, même si depuis 2011 le trait de l’artiste anglais à quelque peu évolué, je vous encourage vivement à reprendre le premier tome. La gamme de couleurs pastels employée ajoute une atmosphère de douceur, de calme, de bien-être. « Hilda » est sans conteste l’une des meilleurs séries jeunesse de ces dix dernières années, alors partagez-là. Pour info, Hilda existe également en série animée sur la plateforme « Netflix ». - Michaël
Hannah Hoshiko est une Nissei, elle est née de parents japonais dans un pays étranger : le Canada. Boucs émissaires au lendemain de la crise de 1929, puis persécutés suite à l’alliance de leur pays avec l’Allemagne nazie, les japonais·es survivent comme iels peuvent dans un pays hostile, pliant l’échine sous les coups répétés de l’administration et de la population.
Jack est blanc, après le décès de sa mère, son père s’est remarié avec une indienne autochtone. Fuyant la « civilisation » il a adopté depuis longtemps le mode de vie des peuples premiers. Il est « creekwalker », son travail consiste à compter les saumons, afin d’établir des quotas de pêche et de préserver, ainsi, l’écosystème de la forêt.
C’est le récit de ces deux êtres, à la marge, que fait avec force sensibilité l’autrice, Marie Charrel. Tour à tour bousculés par l’injustice, heurtés par la mort, blessés par la barbarie, iels perdent l’équilibre, glissent dans les ravines, s’accrochent aux branches et se relèvent chancelants. Les yeux ébahis, le souffle court, nous nous laissons emporter par cette merveilleuse chorégraphie, où s’entremêlent l’opiniâtreté des combats, la confusion des sentiments et la beauté sauvage des paysages.
Une danse, pleine de mystère où se tissent des liens inattendus. Un magnifique roman construit sur cette question, pierre angulaire : comment trouver dans l’imperfection du monde la beauté nécessaire à la résilience ?
Il y avait une maison est un album qui fait l’éloge de la biodiversité à la manière d’une fable écologique. En se mettant à hauteur d’enfant, Philippe Nessmann et Camille Nicolazzi nous expliquent en quoi les actions des hommes peuvent faire des ravages sur le quotidien des autres êtres vivants qui comme nous peuplent cette planète. Au commencement, il y a une maison (la Terre), habitée par plusieurs locataires qui vivent en bonne harmonie. Mais un jour, l’un d’entre eux ne supporte pas de trouver des vers dans sa belle pomme et pulvérise un produit pour les faire fuir. Cela fait du mal à la pauvre abeille qui tousse, qui tousse, et le lendemain, on n’entend plus son bourdonnement dans la maisonnée… Ce locataire égoïste, qui choisit son confort au détriment de la vie des autres êtres vivants, c’est bien sûr l’homme. Celui-ci va peu à peu détruire les autres animaux et leur habitat jusqu’à se retrouver seul dans cette grande maison. Cet album aborde avec justesse les questions de la pollution des sols, de la déforestation ou encore de la surconsommation énergétique avec grande efficacité et sait toucher de manière percutante les adultes comme les enfants, afin que chacun prenne conscience de l’urgence écologique.
Chaque été, la famille de Philippe part en vacances sur l’ile de Ré, où elle séjourne chez des ami·es.
Pour l’adolescent, c’est l’occasion de retrouver François, le fils du boucher, Christophe, le fils de pêcheur, de faire la connaissance de Nicolas, un garçon secret qui vient d’emménager avec sa mère, ainsi que d’Alice et son frère Marc, des touristes parisiens.
Nous sommes en 1985, avant le pont et avant que l’île ne devienne un paradis pour privilégié·es. Les téléphones portables n’existent pas et les jeunes ne sont pas rivé·es sur leurs écrans durant des heures, mais peuvent profiter les un·es des autres ensemble.
Philippe savoure cette période, celle de l’inactivité, l’inutilité, la paresse, le silence.
Iels vont avoir 18 ans et jouissent de l’insouciance de leur âge, des premiers émois amoureux.
Pourtant, il suffira d’une seule nuit pour que rien ne soit plus jamais comme avant.
Derrière l’ambiance légère des années 80, du top 50, des baby-foot, des flippers, des bornes d’arcade…, Philippe Besson retrace avec justesse, pudeur et sensibilité un drame vécu lors de sa jeunesse.
Grâce à son écriture fluide, sincère et sans fioritures, l’auteur nous fait entrer sans voyeurisme dans l’intimité psychologique de ses personnages attachants.
Un récit nostalgique et poignant sur l’adolescence, qui explore les thèmes de l’amitié, de l’homosexualité, de la fragilité de la vie et de la beauté de l’instant présent, en nous touchant en plein cœur.
Anya est une jeune adolescente comme les autres, avec des préoccupations propres à son âge et d’autres liées à ses origines russes. Rien de bien méchant mais sa vie va changer du tout au tout le jour où elle tombe accidentellement dans un puit abandonné. Celui-ci est hanté par Emily, une petite fille morte depuis plus de 90 ans. Les deux jeunes demoiselles vont alors développer une connivence pour le moins étrange... Nous revoici avec un récit de Vera Brosgol, qui nous avait enchantés avec son titre « Un été d’enfer ». Ce titre, antérieur mais jusque-là inédit en France, avait remporté en 2011 un prestigieux Eisner Award, grand prix de la bande dessinée américaine. Il le mérite amplement car une nouvelle fois action et émotions sont au rendez-vous dans ce récit complet pour la jeunesse. Au-delà du récit fantastique, Vera Brosgol, nous dévoile une partie de sa jeunesse, le choc des cultures et la difficulté d’intégration et d’acceptation de l’étranger. Elle aborde également le thème de l’adolescence, des préoccupations liées à cette étape et de l’importance qui tient l’amitié. Bien sûr la partie « fantastique » est du même niveau, excellent, et inattendu. On pense tout d’abord à une histoire quelque peu classique, mais bien vite elle sort des sentiers battus. Un titre jeunesse que l’on va réserver au plus de 10 ans tant certaines scènes peuvent être flippantes pour un trop jeune lecteur. Encore une fois, l’éditeur « Rue de Sèvres » nous fait découvrir un très bon titre, cela devient récurrent, pour notre plus grand bonheur. Merci ! - Michaël
C’est l’histoire d’un homme et d’une femme. Tous deux connaissent des troubles de la personnalité et sont de ce fait de tristes marginaux. Le destin va les réunir, leur redonner goût à la vie, mais d’une façon bien déroutante... Étrange et originale, « Les petites distances » est une comédie romantique teintée d’un brin de fantastique. Nous suivons les personnages dans leur quotidien jusqu’au moment où l’inexplicable surgit. Et de là, l’histoire se démarque et nous entraîne dans un monde sans logique, mais captivant. L’illustratrice Camille Benyamina traite le sujet avec finesse et délicatesse. Grâce à l’aquarelle, elle déploie des tons doux et légers, voir transparents... Un très beau titre à lire le soir pour faire de doux rêves. - Michaël