Conseils lecture
Zoé est née. Clovis, le papa, est aux anges. Hélas, pour Marketa, la maman, c’est une tout autre histoire... Elle connaît une période difficile emplie de doutes et de peurs. Le diagnostic est sans appel, il s’agit d’une dépression post-partum. Sophie Adriansen, plus connue pour ses romans jeunesse, aborde avec cette bande dessinée un sujet délicat et sensible. Inspirée par sa propre histoire, elle livre un docu-fiction riche et instructif sur cet état psychologique souvent méconnu et/ou sous-estimé. Elle nous permet de comprendre, phase après phase, les mécanismes qui engendrent, puis alimentent cette dépression. Sophie Adriansen ne se focalise pas uniquement sur la maladie, elle parle également des aides existantes afin que ces femmes s’acceptent en tant que mère et toujours en tant que femme à part entière. Les illustrations de Mathou sont assez épurées. Elles permettent ainsi une bonne lisibilité de l’album, accentuant un peu plus, à la manière d’un blog, le côté réaliste. Ce livre est à prescrire à tous et toutes, mais surtout aux futures mamans pour les déculpabiliser et les aider à aller mieux. - Michaël
C’est l’heure de manger chez la famille Rat. Papa a préparé des pommes de terre.
Un vrai délice pour les enfants, mais ils sont cinq et il y a 6 pommes de terre…
Qui aura la chance de la manger en plus… Un véritable casse-tête pour papa Rat.
Simple, mais efficace, cet album pour les tout-petits est un délice.
Les illustrations à la « Disney » sont tout simplement très belles, et les rats trognons à souhait. L’auteur utilise une palette de couleurs réduite : de l'orange, du bleu et leurs nuances. Le tout est rehaussé par une touche de blanc.
Guillaume Bracquemond a également travaillé sur la mise en scène, des plans tantôt larges, tantôt moyens, donnant ainsi beaucoup de rythme à l’histoire.
L’auteur aborde, de façon humoristique, la notion de partage, mais aussi, au détour, la place du papa moderne.
Un album rat’fraîchissant.
Barbara n’est pas une adolescente comme les autres. Solitaire et parfois violente, elle ne fait pas l’unanimité dans son école. Ses histoires de géants et autres créatures n’arrangent rien, la faisant passer pour folle aux yeux de ses camarades. La blessure qu’elle cache en elle pourrait expliquer son comportement, mais comment la comprendre, l’approcher, elle qui se bat si furieusement contre des moulins à vent... IKG est un comics sans super-héros, mais avec une héroïne du quotidien qui lutte contre les tourments de la vie. Sans rien en dévoiler, l’intrigue est maligne, nous entraînant sur une fausse piste pour mieux nous ramener à la réalité. Barbara est étonnante de caractère, de furie et de tendresse. Elle est merveilleusement bien croquée par l’artiste Ken Niimura qui insuffle une énergie folle à cette œuvre originale. Un très bon moment de lecture qui engendrera à n’en pas douter discussion et débats. - Michaël
Comme l’écrivaient si justement les deux merveilleux poètes urbains de Seine Saint-Denis, Joe Star et Kool Shen, mieux connus sous le doux acronyme d’NTM : « Tout n’est pas si facile, tout ne tient qu’à un fil ». Autrement dit souvent la vie est dure et il suffit d’un détail infime pour que tout bascule vers le néant. Et à l’inverse un fil aussi ténu qu’il soit, pour un peu qu’on s’y accroche comme à un rêve, peut dévier le cours de votre existence vers des horizons plus cléments.
C’est à l’un de ces moments charnières que se situe le personnage du roman, à son commencement. La trentaine, il vient de se faire remercier (quelle expression de merde !) d’un emploi où il végétait faute de mieux, loin de ses espérances de jeunesse. Lui qui n’avait déjà pas beaucoup d’ambition, même de ce boulot au rabais, on l’a viré. Mais ce n’est que le début du parcours du combattant, car perdre un emploi c’est beaucoup plus facile que d’en retrouver un, surtout quand on a ni qualification, ni vraiment d’estime de soi. Commence alors un long calvaire, pour ce type gentil, à qui personne n’a donné les armes pour affronter la barbarie du monde. Tout va de mal en pis jusqu’au jour où il recueille ce chat étrange qui semble lui parler.
C’est avec beaucoup de délicatesse, d’humour, de poésie et de second degré qu’Olivier Mak-Bouchard nous dépeint le destin de ce personnage, dont un acte aux apparences insignifiantes va bouleverser l’existence. Une très belle chronique sociale jamais misérabiliste pleine de surprises, une fois de plus un récit original et étonnant merveilleusement construit et raconté par l’auteur. Et de surcroît se déroulant dans le paysage enchanteur des ocres de Rustrel, ce qui ne gâche rien ! Bon d’accord ça ne vaut pas les tours du 93, mais quand même.
Connaissez-vous la loi de Murphy, appelée également loi de l’emmerdement maximal, ou encore la fameuse théorie de la tartine beurrée qui tombe toujours du mauvais côté ? Selon elle, si une catastrophe peut arriver… elle arrivera. C’est exactement ce que ce court roman va démontrer, avec un humour irrésistible, en suivant les mésaventures d’un couple pas tout à fait comme les autres : les Godart.
Ils sont tous les deux thérapeutes. On peut les imaginer, selon l’auteur, « de classe CSP+ cultivée, tendance bourgeois-bohème de centre-ville parisien, fréquentant les cinémas d’art et d’essai, les théâtres et salles d’expos, mangeant bio, voyageant éthique, votant à gauche, vivant à droite. »
Ils viennent d’emménager dans leur nouvel appartement, et toute l’histoire va se dérouler dans leur salon au lendemain de leur pendaison de crémaillère. Autant dire que le réveil est bien difficile et qu'à partir de là, les ennuis vont s’enchaîner dans une mécanique implacable, où chaque élément précipite le suivant.
L’écriture de ce huis clos s’apparente à celle d’un vaudeville : théâtrale, rythmée, drôle, offrant des situations et des rebondissements déjantés. On imagine sans peine les personnages évoluer sous nos yeux, pris au piège de leur propre quotidien.
Une comédie satirique sur le destin, la poisse, le couple et nos petites contradictions humaines.
J.M. Erre n’a pas voulu écrire un « feel good », mais son livre nous apporte de la gaieté — et ça fait du bien.
Les éditions Martin de Halleux, par un remarquable travail éditorial, font revivre l'oeuvre de Frans Masereel. Ce Belge, un peu oublié aujourd'hui, est l'un des pères du roman sans parole. A la fois peintre, dessinateur, graveur sur bois, il était aussi un artiste engagé, reconnu pour son humanisme et son combat de défense du peuple contre le capitalisme. Pacifiste convaincu, il diffusait ses valeurs grâce à ses livres dont les gravures racontent et dénoncent cette société de l'entre-deux-guerres. Ses livres, qu'il a souhaité accessibles à tous tant dans le fond que la forme, mais aussi par leur prix, ont fait de lui dans les années 1930, un des étendards de la lutte ouvrière allemande. Son oeuvre, aujourd'hui remise en lumière, accompagnée de dossiers explicatifs, éblouit encore par sa réalisation technique titanesque et par le combat de sa vie : la défense des oublié·es, des opprimé·es. Les éditions Martin de Halleux offre à cette œuvre un nouvel et bel écrin qu’il serait dommage d’ignorer. L’Espace COOLturel vous permet de lire les titres à la mode, mais a aussi le rôle de donner à des ouvrages plus intimes, la visibilité, la vitrine qu’ils méritent. C’est chose faite ! - Michaël
Selon sa tante, Miyo est une bonne à rien, pourtant elle va réussir à décrocher un emploi dans la boutique de M. Momotoshi, un marchand excentrique spécialisé dans l’importation de toutes sortes de babioles. Une nouvelle vie commence donc pour la jeune orpheline qui va devoir apprendre de nouveaux codes de conduite mais également mettre à profit son talent de divination... Que voici un manga fort sympathique qui devrait trouver un plus large public que celui habitué au genre. Nous sommes sur un récit de type « seinen », destiné aux adultes, mais qui présentement peut être lu par un plus jeune public tant l’histoire est délicate et délicieuse. Nous suivons donc Miyo, tendre et attendrissante avec ses côtés un peu gauche et sa timidité propres aux personnes ayant été dévalorisées dans leur enfance. Même si cela ne constitue pas la trame principale, on devine que Miyo va s’épanouir en trouvant écoute et stimulation auprès de cet étrange M. Momotoshi. Cette intrigue, qui sera le fil conducteur de cette œuvre en 6 volumes, est distillée dans les nombreuses histoires que nous proposent le manga. Les différents chapitres proposent à chaque fois la découverte d’un objet occidental de la fin du 19e siècle et une fiche explicative de son fonctionnement. Loin d’avoir livré tous ses secrets dans ce premier volume, nous attendons avec impatience d’en savoir plus sur le don de divination de Miyo, qui devrait par la suite se montrer d’une extrême importance… - Michaël
Dans ce livre, Laurent Gaudé revient sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris. L'explosion au Stade de France, les attaques des terrasses de restaurants, la prise d'otage et la tuerie du Bataclan.
Chronologiquement, on replonge dans les faits, grâce à la mise en scène d'instants de vie, se déroulant du matin jusqu'au lendemain du drame.
Des moments ordinaires du quotidien, où certains deviendront héros ou martyrs au fil des heures.
L'auteur réussit à nous imprégner des émotions ressenties par les personnages, présents de près ou de loin.
On entre aussi bien dans les pensées des victimes, que dans celles des témoins, des proches, des secours ou des agents de nettoyage.
L'écriture est très touchante, voire poétique malgré la gravité de la situation. Quand on commence ce récit, on ne le lâche qu'à la dernière page.
Un roman bouleversant, puissant pour ne jamais oublier l'horreur. Mais également une ode à la vie et à la liberté.
1927, Etats-Unis, le Mississippi est en crue. Rien ne lui résiste : digues, plantations et villes sont englouties sous la violence des eaux. Dans cette Amérique en souffrance, un seul homme semble détenir la force de contrer cette nature hostile. Mais saura-t-on lui faire confiance ? Pourra-t-on lui demander de l'aide ? A lui cet homme de couleur ? Il est le seul capable d'aider hommes et femmes dans ces coins reculés et en proie au racisme...
Mark Waid, sur un fond historique, a écrit un récit humaniste, teinté certes de noirceur, mais ô combien empli de courage, d'intelligence et de partage. Dans cette quête, il est aidé par un artiste talentueux : M. Jones, magicien qui réalise des aquarelles de toute beauté. Il peint les visages, les corps et les situations avec subtilité et justesse. Il pousse le souci du détail à son paroxysme. Tout parait tellement vrai, telles les vieilles photographies d'antan. Un album qui parle de super pouvoirs sans être véritablement une bande dessinée de super-héros. Un album qui parle et dénonce le racisme aux Etats-Unis, et qui malheureusement est toujours d'actualité. - Michaël
Cette bande dessinée biographique traite d'une figure emblématique de l'agriculture écologique : Akinori Kimura. Pas vraiment destiné à devenir agriculteur, Akinori, par les aléas de la vie, va devoir reprendre l'exploitation fruitière de son père. Étonné par le nombre de pesticides à utiliser pour faire de belles pommes, il va dévouer sa vie à trouver des solutions naturelles pour exploiter son verger... quitte à ruiner sa famille. Totale réussite que ce titre japonais sur une personnalité internationale de l'agriculture naturelle et raisonnée, peu connue en France. Il nous entraîne dans le Japon rural des années 50, sous le joug des traditions et de la productivité à tout prix. Pourtant, seul contre tous, un homme va oser proposer une alternative. Captivant et historique ! - Michaël
Sandy est une jeune écolière un peu rêveuse. Sa passion, c’est le dessin et elle est plutôt très douée. Elle dessine tellement bien que l’on dirait que ses personnages sont vivants. Seule, elle arrive à créer tout un univers enchanteur. Hélas, ce monde aux merveilles va basculer dans l’horreur avec l’arrivée d’une nouvelle élève quelque peu étrange. Ce don pour le dessin ne sera plus une bénédiction, mais un fardeau, une malédiction... Petite pépite colombienne, Des lumières dans la nuit est destiné à la jeunesse, mais loin d’être simpliste ou édulcoré, le récit est dense et inquiétant comme il se doit. L’histoire nous plonge dans un univers onirique original. Il nous tient en haleine sans dévoiler, à aucun moment, une piste ou quelques indices sur la conclusion de l’œuvre. Alors impuissant, nous ne pouvons que ressentir cette crainte qui grandit et habite notre héroïne. Sans projection, nous ne pouvons plus que nous délecter des magnifiques illustrations de Lorena Alvarez qui manie avec brio les arts subtils que sont la mise en scène, le cadrage, le découpage et la colorisation. Sombre et efficace, ce récit s’adresse aux enfants en recherche de frissons, mais pas trop quand même... Michaël