Conseils lecture
Plecota est une petite chauve-souris qui adore jouer avec ses copains et copines et manger de succulents insectes. Hélas, le froid arrive, le temps de l’hibernation approche : le moment est donc venu de se dire au revoir avant le grand sommeil. Cependant, un accident de vol va lui faire perdre sa colonie et notre pauvre Plecota devra passer un hiver loin de chez elle, accompagnée de bien étranges créatures... Cette bande dessinée jeunesse est une œuvre fictionnelle, mais également un documentaire. Elle fusionne sans difficulté ces deux genres pour nous offrir une histoire tendre et originale. On y apprend beaucoup sur le mode de vie des chauves-souris, leur habitude alimentaire, leur mode de déplacement, etc. Nous côtoyons également différentes espèces de ce chiroptère, de la plus répandue à celle en voie de disparition. D’ailleurs ce titre met l’accent sur l’importance de la protection de l’habitat et de l’environnement des animaux sauvages. Pas moralisatrice, l’autrice fait passer le doux message d’une cohabitation réussie, d’un vivre ensemble possible, harmonieux, entre toutes les créatures. Les illustrations d’Oriane Lassus sont également réussies avec un trait faussement naïf et une palette de couleurs restreintes, elle donne une véritable épaisseur à ses personnages, les rendant ainsi touchants et si vivants. « Les gardiennes du grenier » est un one shot didactique original et on aimerait lire d’autres albums de cet acabit avec des animaux différents. - Michaël
Lamya Essemlali nous entraîne dans l'épopée de la « Sea Shepherd », une organisation qui ne recule devant aucun sacrifice pour défendre les océans et de la biodiversité.
À travers ce récit, c'est le portrait d'un homme hors du commun, Paul Watson, qui se dessine : un capitaine courageux, un visionnaire passionné, mais aussi un rebelle qui bouscule les consciences.
Un livre indispensable pour comprendre les enjeux de la préservation des océans et pour s'inspirer de ceux qui luttent pour un monde meilleur.
L'arrestation injustifiée de Paul Watson au Groenland témoigne de la violence des enjeux et de cette hypocrisie qui règne dans nos gouvernements.
Ce livre est un cri d'alarme qui nous rappelle que la lutte pour la préservation de notre planète est loin d'être terminée.
Au pays imaginaire, les créatures sont nombreuses. Elles attendent impatiemment d’être choisies par un.e enfant pour devenir leur meilleur ami. Beekle, lui, attend depuis longtemps et ça le rend triste. Si bien qu’un jour, il décide d’inverser les rôles et de trouver par lui même son enfant. Pour cela, il doit réaliser l’impensable : partir pour le monde réel... Little Urban nous propose de découvrir un personnage original et attachant : Beekle, l’ami imaginaire. Cette créature sensible et expressive, dont le graphisme « simplifié » permet à chacun de se l’approprier, pourrait devenir une référence jeunesse incontournable. Abordant des thématiques importantes de l’enfance - la solitude, l’amitié et sans en avoir l’air, la créativité - le récit nous plonge dans notre propre enfance et l’angoisse de se faire un tout premier ami. Subtil et efficace, cet album est magnifiquement illustré. Habile mélange de peinture digitale et traditionnelle, les planches de Dan Santat sont des fresques minutieuses dont la composition, la mise en scène sont bien pensées. Dans les premières pages de ses aventures, Beekle apparaît tout petit, souvent dans un coin de l’illustration, écrasé par le décor et certainement sa solitude. Puis au fur à mesure, il trouve sa place et le cadrage se resserre sur lui, montrant ainsi sa prise de confiance. Beekle à besoin d’un.e ami.e : et si vous veniez l’emprunter à l’Espace COOLturel ? - Michaël
Certainement, un des plus beaux livres de cette année !
« Jim » de François Schuiten est une œuvre bouleversante, sincère et précieuse.
« Jim » est, était le chien de M. Schuiten, il est mort cette année. L’auteur, par ce livre exutoire, nous parle de son deuil. De cette absence omniprésente qui vous colle à chaque moment de la journée, un vide bien trop pesant.
Avec justesse et simplicité, M. Schuiten évoque sa tristesse, sa soudaine solitude. Il partage avec nous son désarroi, un dernier au revoir à celui qui a partagé sa vie durant ces 13 dernière années.
Toutes celles et ceux qui ont eu un chien et l'ont aimé, se reconnaitront dans cette œuvre aux magnifiques illustrations.
Toutes celles et ceux qui ne comprennent pas que l’on puisse pleurer un animal de compagnie, pourront s'ils/elles le souhaitent prendre le temps de se plonger dans cet album qui en quelques pages seulement, explique à lui seul ce deuil, souvent malheureusement balayé d’un revers de main par la société.
Cette œuvre n’est pas triste pour autant, est simplement juste et belle.
Wilfrid Lupano, connu pour ses récits à destination des adultes, nous livre une « charmante » histoire sur le totalitarisme. Écrit pour la jeunesse, mais avec subtilité, il dépeint en quelques pages le grotesque de ces régimes despotiques. Aux pinceaux, Stéphane Fert est parfait. Son style, savant mélange de gouache et de peinture numérique (Photoshop), est tout simplement une merveille et colle parfaitement à la loufoquerie du récit. La collection Les enfants gâtés s’enrichit une nouvelle fois d’une belle pépite. - Michaël
Michel, 19 ans, commence son apprentissage en coiffure dans le salon de Gérard. Il apprend les gestes et savoir faire de son métier auprès de Carole, une jolie blonde peu farouche. Le jeune homme inexpérimenté qu’il est, succombe évidemment à son charme...Etre coiffeur lui vaut quelques moqueries dans la cité, mais lui permet de se rapprocher facilement de la gent féminine et d’apprendre à la connaître. Notre jeune homme va donc découvrir – avec quelques difficultés mais surtout beaucoup de bonheur – qu’il n’a pas besoin d’être un apollon ou un séducteur pour toucher le cœur des femmes. Et surtout de celle qui - à son grand étonnement – lui plaît de plus en plus (malgré sa couleur ratée). Sylvain Cabot signe ici un titre plein de tendresse à l’atmosphère rétro. Un petit morceau de vie – de quartier et de jeune adulte – dans un lieu on ne peut plus banal, mais où chacun à force de petites attentions portées à l’autre, trouve sa place et se sent bien. Sylvain Cabot et son héros Michel partagent ceci : savoir enjoliver la vie à coup de couleur et de pinceau. N’hésitez donc pas, au salon Dolorès & Gérard, vous passerez un doux moment en bien agréable compagnie. - Michaël
Nicolas Keramidas, auteur de bande dessinée, délaisse, le temps d’un album, la fiction pour un récit autobiographique poignant et pédagogique. Alors âgé d’un an, il fut l’un des premiers bébés opérés à cœur ouvert pour malformation cardiaque. Quarante-trois ans plus tard, il doit repasser sur la table d’opération... Ces événements, surtout le dernier bien entendu, le poussent aujourd’hui à se confier, à décrire dans un journal de bord son hospitalisation présente. Livre exutoire, il dévoile sans pudeur, mais non sans humour, ses angoisses et cette peur de la mort omniprésente. Il nous parle de son enfance, de sa construction autour de sa maladie. Il décrit son quotidien, d’examens en opérations et nous livre aussi, en parallèle, les sentiments de ses proches, les peurs, les pleurs de ceux qui tiennent à lui. Nicolas Keramidas n’oublie pas non plus les services hospitaliers, présents tout au long du récit, qui réalisent chaque jour des miracles. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, « À cœur ouvert » n’est pas triste, au contraire, cette bande dessinée nous dit d’aimer la vie et c’est bien ce que nous allons faire... - Michaël
Le roi avait tout. Mais vraiment vraiment tout. Tous les jours, il commençait de nouvelles collections puis les rangeait, les classait et les numérotait pendant des heures. Il ne lui manquait presque rien. Ou plutôt, il lui manquait RIEN. Mais où pourrait-il trouver RIEN ?
Dans « Le roi et rien », Olivier Tallec répond avec humour et philosophie à la question : « qu’est-ce que rien ? » Une interrogation bien épineuse sur laquelle adultes et enfants se sont cassés les dents !
A travers ce roi qui a tout et qui veut avoir absolument ce qu’il n’a pas (Rien), l’auteur questionne la société de consommation et notre capacité à accumuler objets et biens qui ne nous sont bien souvent pas très utiles.
C’est un thème qu’il avait déjà abordé lors de ces précédents albums, notamment « C’est mon arbre » et « Un peu beaucoup ». Ici, il trouve un nouvel angle pour aborder ce sujet.
Les illustrations d’Olivier Tallec sont reconnaissables du premier coup d’œil et on retrouve son style caractéristique, accessible et drôle. J’ai aimé le personnage du roi, tout petit, habillé en survêtement jaune et bleu.
Cet album nous offre un message assez limpide : nous possédons bien assez de choses comme ça !
Quelle est la couleur "Caterpillar" ? Quelles différences y a-il entre le rose crevette et le rose layette ? Pourquoi le "Brun de momie" s'apelle-il comme cela ? Heureusement, Crushiform et son Colorama sont là pour répondre à toutes les questions que vous ne vous posiez pas sur le monde merveilleux des couleurs, par un travail graphique et editiorial de très grande qualité.
Vous cherchez un jeu original à jouer en couple, entre amis ou en famille ?
"It Takes Two" a reçu le Game Award du meilleur jeu de l’année 2021.
May et Cody sont un couple, mais un couple qui se brise de plus en plus. Leur divorce se rapproche à grand pas, et leur fille, Rose tente d’arranger la situation. Dans son imaginaire, elle va créer le Docteur Hakim, un livre proposant une thérapie de couple à May et Cody qui se retrouvent… transformés en petites poupées. A travers toutes les pièces de la maison familiale, May et Cody vont devoir coopérer et retrouver ce pourquoi ils étaient faits pour être ensemble
Chaque chapitre est unique et nous plonge dans un univers différent, riche en détails insolites et petites activités.
"It Takes Two" tente de nous parler d’amour au quotidien et de comment l’étincelle doit être préservée tout au long d’une vie pour que tout se passe aussi bien que possible.
Le discours de fond de ce jeu est profond, mais l’ambiance y est légère et drôle.
Ce jeu est empruntable à l’Espace COOLturel, pour des heures de découvertes et d’amusement en perspective !
Iron Man (littéralement l'Homme de Fer) est un super-héros créé par Stan Lee et appartenant à l'univers Marvel. Depuis plus de 50 ans, Anthony Stark - son vrai nom - livre des combats titanesques pour que justice soit faite. A proprement parler, il n'a pas de super pouvoir, juste une intelligence hors norme qui lui sert à innover, à inventer tout et n'importe quoi, mais surtout des armes. Car avant d'être le héros adulé de tous, il n'était qu'un marchand de mort. Suite à de tragiques circonstances, il va prendre conscience de son don unique et le mettre au service du bien en créant Iron Man.
Iron Man : au commencement était le Mandarin nous présente la première rencontre entre notre héros et l'un de ses plus farouches adversaires : Le Mandarin. Un récit original sur fond de conquête du monde, dessiné différemment mais remarquablement. A découvrir. - Michaël
Conseils lecture
Durant une soirée, elle l’a rencontré, ils se sont parlé, ont beaucoup dansé et ils se sont aimés. Pourtant un soir, il disparaît sans un mot. Elle le cherchera longtemps et finira par le retrouver, lui, l’ours qu’elle aime. Alors ils se sont parlé, ont beaucoup dansé et ils se sont aimés. Encore, il partira, toujours sans un regard, mais cette fois, elle le suivra... Vincent Bourgeau, auteur jeunesse talentueux, compère le plus souvent d’Éric Ramadier, nous offre un récit pour adulte original et d’une rare beauté. Son récit structuré sur environ 300 pages, n’offre que très peu de mots et laisse place à l’illustration. De pleines pages aux tons doux, aux cadrages maîtrisés, permettent une lecture et une compréhension fluides. Le trait minimaliste et faussement tremblotant installe une ambiance contemplative et apaisante. Le récit est une histoire d’amour peu commune : celle d’une femme éperdument amoureuse. Classique me direz-vous ! Sauf que présentement l’homme est un ours. Parabole de la douceur féminine contre la dureté masculine, certainement pas. Juste une fable moderne sur les sentiments, le vide et l’absence comblés par l’amour et l’apparition du mystérieux, du fantastique. Beaucoup se retrouveront dans la mélancolie de l’héroïne, sur ce qui est et ce qui aurait pu être. La sincérité de l’œuvre nous touche au plus profond de notre être et le final nous emporte, grâce à une prouesse technique, dans la valse éternelle des sentiments. - Michaël
En ces temps moyenâgeux, « l’Âge d’Or » n’est devenu pour beaucoup qu’une légende. Ce mythe abolissait les classes et rendait tous les êtres libres et égaux, prônait le partage et l’entraide. Ce monde a peut-être existé ou pourrait exister, mais quelles en seraient les conséquences pour ceux qui détiennent le pouvoir et l’argent ? Aussi, lorsque certains se mettent en quête d’une preuve de son existence, la tyrannie s’organise. Pendant ce temps, Tilda, l’héritière légitime, a perdu son royaume et pour ne pas perdre également la vie, doit fuir accompagnée de ses fidèles en direction du pays d’Ohman. Selon feu son père, un fabuleux trésor d’une puissance redoutable l’y attend. Quête de liberté pour quelques-uns, quête de pouvoir pour d’autres, les discordances naîtront et engendreront fatalement l’ultime affrontement. Le premier volume de ce diptyque est un véritable pavé de 228 pages. Il en fallait bien autant pour nous narrer la formidable épopée écrite par Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil. Les deux artistes nous proposent un récit fictif moyenâgeux à forte densité émotionnelle. Nous suivons, page après page, de nombreux personnages, chacun charismatique à sa façon et appartenant à des classes sociales différentes. Tous ont un combat, des valeurs à défendre, d’égalité et/ou de privilèges. Récit fictif ? Peut-être pas complètement ! Cette œuvre est une parabole de notre société actuelle et aborde très intelligemment les maux de notre quotidien : l’égoïsme et la paranoïa. Elle traite de l’égalité femme/homme et de l’égalité en générale. Elle prône le partage et l’entraide dans un monde où le système imposé nous rend de plus en plus individualistes. Réflexion politique, le récit questionne sur la démocratie et la place du citoyen. Voilà ce qui fait la force de ce roman graphique, association savamment équilibrée de fiction et de thématiques actuelles. Cyril Pedrosa, co-scénariste, signe également les illustrations, réussite picturale à signaler tant les planches proposées sont d’une incroyable beauté. La mise en couleur est puissante et est à elle seule un personnage à part entière du récit. Des tons vifs, tantôt chauds, tantôt froids, parfois psychédéliques, rehaussent le trait fin et délicat de l’artiste. L’utilisation de planches muettes, ô combien expressives, permet de reposer le récit et laisse libre court à la réflexion personnelle. Tous ces éléments, mesurés, équilibrés, font de ce récit une réussite totale et lui prédisent le plus bel avenir. - Michaël
Pluie et Ongle sont des sorcières. Accompagnées de Georg, l’enfant qui les a libérées, iels fuient ensemble l’Inquisition et la crédulité de l’humanité. Fuir, mais pour aller où ? Ce monde est si violent, le danger est partout, protéiforme et sans pitié. Quels choix s’offrent à elleux ? Aucun, si ce n’est un ultime combat, contre le Mage, le Grand Inquisiteur, le soi-disant bras droit de Dieu qui détient des secrets inavouables…
« Ils brûlent » est un récit puissant, âpre et violent. Dès les premières pages, il vous accapare, vous hypnotise et ne vous délivre qu’à la dernière page, avec ces derniers mots qui hélas sont : « à suivre ». L’intrigue n’est pas à proprement parler d’une grande originalité et pourtant… Chaque page pousse à la suivante développant ainsi une aventure foisonnante et terriblement oppressante. Les personnages, ces héros·ïnes, pourraient faire peur, iels ne sont pas beaux, mais ne sont pas caricaturaux, iels sont à l’image de ce monde : dur·es et sauvages. Cependant, les mystères qui les entourent, les blessures qu’iels portent en elleux en font des êtres attachants. Iels sont fort·es et faibles à la fois, terriblement humain·es.
Le dessin d’Aniss El Hamouri est également d’une puissance folle. Un trait léger et délicat à l’encre, souvent minimaliste, mais rehaussé d’un peu de sépia, suffit à planter le décor, à donner vie à cet univers d’inspiration médiévale. Son découpage, sa mise scène sont savamment réalisé·es, jouant avec les cases, les pleines pages et ainsi la narration devient tantôt rapide, tantôt posée.
« Ils brûlent » est le premier tome d’une trilogie qui s’annonce passionnante, à notre tour nous allons brûler d’impatience en attendant la suite…
Au 18e siècle, un homme déambule dans la ville qui ne s’appelle pas encore Tokyo, mais Edo, afin d’en faire la cartographie. A pas mesurés, il arpente les rues et se laisse émerveiller par les splendeurs de la nature, adoptant tour à tour le regard de la tortue, de l’oiseau ou du chat. Se laisse aussi séduire par la mélodie des haikus d’Issa, citant Bashô ou créant ses propres vers. On pense évidemment à L’Homme qui marche ou au Gourmet solitaire en lisant Furari. On y retrouve les mêmes errances contemplatives du héros, les mêmes plaisirs, la même trame. Pas de surprise dans cette lecture. Pour autant, en ces temps si particuliers, si anxiogènes, c’est un vrai plaisir de retrouver Jiro Taniguchi, de se balader tranquillement, sereinement et de s’extasier avec lui devant o-hanami, les cerisiers en fleur. Du grand air, de la douceur, de la poésie, de la liberté… une lecture apaisante qui fait l’effet d’une grande bouffée d’air frais printanier. Et ça fait du bien, tout simplement. - Aurélie
En Croatie, il y a un petit village, Smiljevo, perché dans les montagnes. La vie s’y écoule paisiblement, dans la tranquillité de l’arrière-pays dalmate, loin du tumulte des stations balnéaires. Le temps semble s’y être figé, empreint de traditions locales et de douceur méditerranéenne. Les journées s’égrènent comme un chapelet entre prières, travaux des champs et parties de cartes. Une ode à la simplicité de la vie, une invitation à la méditation et à l’humilité.
Voilà à quoi vous échapperez si vous lisez le roman d’Ante Tomic, car à Smiljevo il n’y a pas que le village qui est perché. Entre un curé ancien alcoolique en pleine crise de vocation, un poète maudit qui écrit des haïkus sur les pelleteuses, un épicier fan de telenovelas qui se fait appeler Miguel et parle espagnol : la vie est loin d’être un long fleuve tranquille.
Dans ce roman tout sauf bien-pensant et soporifique, chacun en prend pour son grade, du général héros de guerre au ministre des Armées et dans la torpeur des journées d’été, c’est particulièrement rafraîchissant. Loin des clichés, Ante Tomic réussit la prouesse d’écrire une chronique villageoise rock’n roll et contre toute attente un roman d’amour. Un ouvrage kaléidoscope, une critique sociale humoristique et loufoque emmenée par l’écriture envolée de l’auteur.
Gabriel, homme au tempérament bien trempé, réussit à racheter le domaine forestier équatorial perdu il y a plusieurs générations par sa famille. Son but est de lui rendre son prestige d’antan et par-delà même, celui de son lignage. Dans son rêve, il va entraîner ses deux aînés qu’il connaît à peine, Mathilde et Simon. Il les arrache à leur mère, les sépare de plus de 5000 kilomètres pour leur faire découvrir un nouveau monde : l’Afrique. Cette nouvelle relation père/enfants, qui plus est dans un milieu inconnu, ne se fera certainement pas sans fracas, mais aveuglé par son égoïsme, Gabriel ne verra pas le drame qui se joue sous ses yeux. Après la lecture de cet album, récit complet en un volume, qui peut encore dire que la bande dessinée n’est pas de la littérature ? Pierre-Henry Gomont est un auteur qui manie la plume avec habileté et magnificence. En quelques lignes, il nous happe dans son univers. Son habileté à jouer avec les mots est l’un des points forts de l’artiste, mais son talent d’illustrateur n’est pas en deçà. Son trait est vivant et dynamique. Nous oscillons entre de pleines pages sauvages montrant la jungle équatoriale et des scènes plus intimistes entre les personnages où le style expressionniste de l’auteur fait mouche. Le récit est quant à lui certes passionnant, mais aussi émouvant. Véritable saga, nous assistons au lent, mais inévitable, éclatement de la structure familiale. Les relations entre les personnages sont fortes, on y ressent l’amour comme la haine, la peine comme la joie. Cela est dû au-delà de la qualité du dessin, à la justesse des caractères et de la psychologie des personnages. Une certaine forme de liberté se dégage de l’œuvre et au final, également beaucoup d’amour pour ce père par trop excessif... Lisez cette œuvre, découvrez cet auteur hors norme, vous ne pourrez que tomber sous son charme. - Michaël