Conseils lecture
"La Petite Bonne" est au service de plusieurs familles bourgeoises en région parisienne, notamment celle des Daniel, un couple atypique. Blaise, ancien pianiste, est une gueule cassée, invalide et mutilé de la Première Guerre mondiale. Son épouse, Alexandrine, lui consacre tout son temps avec une dévotion sans faille.
Sur l’insistance de son mari, Alexandrine décide de s’accorder une escapade à la campagne et confie Blaise aux soins de "La Petite Bonne" pour trois jours. Livrée à elle-même avec le maître des lieux, la jeune domestique va devoir s’improviser aide-soignante. Peu à peu, à mesure que les confidences se nouent, les apparences se fissurent et les rôles s’inversent.
La mise en page singulière, alternant narration, vers libres et prose, donne une voix unique aux trois protagonistes. Avec une grande sensibilité, Bérénice Pichat aborde des thèmes profonds tels que la souffrance, la mort et le fossé entre les classes sociales.
Ce huis clos haletant et bouleversant nous happe dès les premières pages. L’autrice permet à ses personnages d’exprimer leurs pensées les plus secrètes, les plus inavouables. J’ai été particulièrement touché·e par le face-à-face poignant entre ces deux êtres cabossés par la vie, que tout semblait opposer.
"La Petite Bonne" est un roman intimiste et original, tant dans sa forme que dans son propos, mêlant suspense, tension, rebondissements et émotion, jusqu’à une fin totalement inattendue.
Agnès est danseuse. Ce soir, elle s’est produite sur scène pour la dernière représentation de sa compagnie atypique. Demain, c'est décidé, elle part pour un long périple, avec seul bagage un sac à dos, une grande écharpe qui lui servira de plaid et un livre.
Elle aurait pu prendre l’avion et être sur place en 2 heures, mais non. Elle préfère le train et le bus. Un voyage lent pour s’attarder sur les paysages, les lieux et faire remonter ses souvenirs.
Gaëlle Josse nous entraine dans deux histoires parallèles. Celle d’Agnès à travers les 1000 km de son parcours entre Paris et Zagreb, entrecoupée par les mots de Julien Lancelle, l’auteur du livre qui l’accompagne.
J’ai beaucoup aimé la succession des chapitres qui croise les deux récits. La part belle à la littérature, qui peut être un exutoire. J’ai été autant émue par l’amour de Julien pour sa fille Emma, que part celui d’Agnès pour son conjoint Guillaume.
Pour l’anecdote, « Quelques Eden » de Julien Lancelle, n’existe pas. Par contre, « Le musée des relations rompues, brisées de Zagreb est bien réel. On ne peut s’empêcher d’aller vérifier.
C’est tout l’art de savoir mêler fiction et réalité.
Tout en douceur, poésie et tendresse, ce roman est une quête vers l’apaisement après le deuil ou les épreuves de la vie.
C’est une histoire d’amour entre un père et ses deux fils, qu’il élève seul depuis le décès de leur mère. Ils vivent en Lorraine. Le père est cheminot. C’est une famille ouvrière et solidaire. Le foot est leur première passion, surtout pour le père et son fils aîné : c’est ce qui les relie. Le militantisme politique aussi, plutôt de gauche.
Les années passent et les enfants grandissent. Si le cadet se dirige vers de brillantes études, l’aîné bascule dans les rangs de l’extrême droite, provoquant l’incompréhension de ses proches.
Laurent Petitmangin, dans ce premier roman fulgurant, traite avec simplicité, sensibilité et finesse la complexité des relations parents-enfants. Il nous questionne sur nos réactions, notre culpabilité, ou encore notre capacité à pardonner. Un récit profondément humain, touchant et bouleversant, qui ne laisse pas indemne.
Après avoir reçu plusieurs prix en 2020, notamment le Femina des lycéens, Ce qu’il faut de nuit est aujourd’hui adapté au cinéma par Delphine et Muriel Coulin sous le titre Jouer avec le feu. L’acteur Vincent Lindon a été récompensé pour son rôle de père par la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine à la Mostra de Venise 2024. Le film est fidèle au livre, et les acteurs incarnent avec justesse toute la tension entre les protagonistes.
Doris et Tup Senter mènent une vie heureuse avec leurs trois enfants dans la ferme laitière familiale. Les tâches de l’exploitation et les petites joies du quotidien rythment les journées, suivant le cycle immuable de la terre et des saisons. Rien ne semble pouvoir ébranler cette famille soudée par des liens profonds. Cependant, un jour, un tragique évènement vient frapper leur havre de paix.
Ce récit choral s’étend sur près de vingt ans, de 1947 à 1965. L’autrice donne la parole à chaque personnage, explorant le panel des sentiments, des réactions et le chaos qui suivent un décès.
L’amour, qu’il soit filial, fraternel, parental ou passionnel, constitue le ciment entre les membres de cette histoire poignante.
Bien que des sujets graves soient abordés, l’écriture poétique et les descriptions des paysages font de « Plus grand que le monde » un roman lumineux tourné vers l’espoir.
Bouleversante et touchante, cette saga m’a évoqué avec nostalgie l’univers de « La petite maison dans la prairie », la série « culte » de mon enfance. Comme un retour aux sources vers mes premières émotions. Les choses les plus simples étant souvent celle qui nous marque durablement.
Bernard Mélois, célèbre sculpteur sur émail, a fait de sa vie une œuvre d’art.
Se sachant condamné par un cancer, le père de famille compte bien orchestrer ses funérailles et en faire un ultime moment de fête.
Pendant quelques semaines, nous allons suivre Clémentine, ses sœurs et sa mère dans la préparation de ce départ. Commander un cercueil et le peindre en bleu, émailler la croix, vider l'atelier de tous ses objets émaillés pour que l'artiste puisse retourner une dernière fois dans son antre, choisir les musiques de la cérémonie d'enterrement…
En se lançant à corps perdu dans les dernières volontés de Bernard, ses proches souhaitent rendre hommage à l’artiste qu’il était, mais surtout au mari et père idéal.
Chaque détail des préparatifs est l’occasion de plonger dans l’histoire et les souvenirs de cette famille unie par l’amour et la joie.
Un récit intime, très touchant, qui aborde avec humour, simplicité et tendresse des thèmes profonds comme le deuil et la transmission à travers l’art.
« Alors c’est bien » est une lecture qui résonne avec chaleur et humanité, nous rappelant la beauté de la vie même dans les moments difficiles. Une belle invitation à réfléchir sur ce qui compte vraiment.
Chloé Berthoul, est une femme de 38 ans qui vit dans la ville moyenne de Gabarny avec son compagnon Greg, sa belle-fille Colette et leur fils Raoul. Deux fois par semaine, elle fréquente les réunions du « Belles Mères Anonymes ».
Le quotidien tranquille de Chloé est bouleversé lorsque ses voisins apparemment sans histoires sont impliqués dans une affaire de braquage et lorsqu’un secret de famille éclate. Prenant conscience de la banalité de son quotidien, Chloé se lance dans une quête pour retrouver un trésor disparu avec l'aide de Lapouta, un enfant de son immeuble, qu’elle prend sous son aile.
« Une époque en or » aborde avec humour et une écriture percutante des thèmes sociaux actuels comme les familles recomposées, les violences conjugales, le machisme et le réchauffement climatique. Le ton reste léger et accessible malgré la gravité des sujets traités.
Dans ce livre, Laurent Gaudé revient sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris. L'explosion au Stade de France, les attaques des terrasses de restaurants, la prise d'otage et la tuerie du Bataclan.
Chronologiquement, on replonge dans les faits, grâce à la mise en scène d'instants de vie, se déroulant du matin jusqu'au lendemain du drame.
Des moments ordinaires du quotidien, où certains deviendront héros ou martyrs au fil des heures.
L'auteur réussit à nous imprégner des émotions ressenties par les personnages, présents de près ou de loin.
On entre aussi bien dans les pensées des victimes, que dans celles des témoins, des proches, des secours ou des agents de nettoyage.
L'écriture est très touchante, voire poétique malgré la gravité de la situation. Quand on commence ce récit, on ne le lâche qu'à la dernière page.
Un roman bouleversant, puissant pour ne jamais oublier l'horreur. Mais également une ode à la vie et à la liberté.
Lucia, Hortense, Max, Arsène et Joséphine viennent de recevoir une mystérieuse lettre de l’office de tourisme de Californie, les invitant à participer à une chasse au trésor. Ces cinq inconnu·es, venant d’univers différents, semblent cependant avoir un point commun, être à un tournant de leur vie.
Jim, un comédien en difficulté, a été sélectionné pour jouer le rôle du meneur de jeu.
Au cours de ce road-trip haletant, Les participant·es vont relever tous les défis, afin de trouver les indices menant au "Graal".
Des affinités se créent dans le groupe, mais très vite l'ambiance va se troubler, laissant place aux doutes et suspicions. Les masques tombent, révélant au fil des pages les secrets et failles de chacun·e.
Julien Sandrel nous entraîne dans une histoire pleine de rebondissements, explorant les relations humaines avec intensité.
Un roman tendre et touchant.
Les Flores, de mères en filles, sont maudites : tous leurs hommes, maris et fils, meurent prématurément.
1918 au Brésil, dans le Nordeste, où le droit des femmes n'est pas reconnu, une lignée de dentellières résiste grâce à leur métier. Nous découvrons particulièrement Inês Flores, la narratrice et son amie Eugênia, mariée contre son gré à 15 ans. Malgré leur éloignement, elles trouvent le moyen de communiquer grâce à un code caché dans la broderie, le but étant d'aider Eugènia à s'extirper de l'emprise de ce mariage.
En parallèle, en 2010, nous suivons Alice, militante féministe à Rio. Celle-ci reçoit la visite d’une tante éloignée qui lui transmet un voile de messe en dentelle. À travers ce présent mystérieux, symbolisant la soumission, la jeune fille va se plonger dans l'histoire de sa famille et le combat mené cent ans plus tôt pour l'émancipation féminine.
Ce roman qui fait le lien entre les générations, délivre de beaux messages sur la sororité, la lutte des femmes pour leur place dans la société et leur liberté. Il brosse les portraits touchants d’audacieuses héroïnes, aspirant aux mêmes valeurs, chacune à leur époque.
Angélica Lopes, habituellement récompensée en littérature jeunesse, signe ici son tout premier roman pour adultes.
L’histoire se déroule dans un quartier résidentiel, où la vie semble couler sans encombre. En septembre, dans le jardin des Loverly, se tient le traditionnel Barbecue entre voisin·es. On se croirait presque dans la série « Desperate Housewives ». Une nuit, un terrible accident va venir bouleverser le calme apparent de cette petite communauté. Les murmures vont se faire plus insistants, puis se transformer en rumeurs. Mais est-ce vraiment à ce moment-là que les choses ont réellement dérapé ?
Nous allons suivre quatre couples, en particulier, le point de vue des femmes.
Au fil des chapitres, chacune d’elle, forte de leur personnalité différente, exprime leur rapport à la maternité, au couple, au travail…
Construit tel un thriller psychologique à double temporalité, les secrets se dévoilent au fur et à mesure. On essaie de trouver la vérité et de comprendre l'impensable. L'autrice nous tient en haleine jusqu'à la fin.
Une lecture captivante, empreinte de sororité, d’émotion et de personnages attachants.