Conseils lecture
Quelque part en Amérique, aux portes de la ville de New-York, se trouve un lieu qui s’appelle Jamaica Bay. C’est une baie qui aurait pu être un joli lieu de promenade, si certain·es n’avaient pas décidé d’en faire une décharge géante à ciel ouvert. A l’entrée de cette décharge se trouve un petit cabanon et dans ce cabanon se trouve Monsieur Johnson. Cette décharge pue, pollue, les ordures tombent dans l’océan : cela rend Monsieur Johnson très malheureux. Un dimanche, il décide de se rendre au grand marché aux fleurs de la ville de New York, et il se met à planter des graines sur les montagnes d’ordures. Et peu à peu, Jamaica Bay va se transformer en réserve merveilleuse pour faune et flore extraordinaires…
« La bonne idée de Monsieur Johnson » donne à découvrir ce personnage discret, et peu connu du grand public. Cette histoire n’a pas fait le tour du monde, et pourtant Herbert Johnson, petit pas après petit pas, dans son coin, a beaucoup œuvré pour l’écologie et la biodiversité.
Les illustrations de Rémi Saillard sont très parlantes, et le lecteur voit bien la dualité entre l’avant (la décharge est illustrée dans les tons gris, noirs, avec des couleurs sombres) et l’explosion de couleurs qu’on retrouve sur les plantes et les oiseaux qui reviennent nicher à Jamaica Bay après le travail engagé par Monsieur Johnson.
Le thème de l’écologie est un sujet abondamment traité ces dernières années en littérature jeunesse, mais cet album se distingue par son ton nullement moralisateur, au contraire, et véhicule le message que chacun·e, à sa hauteur, peut apporter sa pierre à l’édifice de la sauvegarde de la biodiversité.
Monsieur Toutenordre est un passionné de ménage. Tous les jours, il range, nettoie et dépoussière sa maison de fond en comble. Après vient le tour de son jardin : il taille, ratisse, passe la piscine au chinois. Mais quelque chose le chiffonne : au fond de son jardin se trouve une forêt ou règne un bazar indescriptible ! M.Toutenordre s’attèle alors à la tâche…
Christopher Ellengard nous livre un conte écologique drôle et original. L’être humain veut parfois arranger la nature à son goût, pour son confort, mais toujours au détriment de l’équilibre fragile qui y règne et impacte tout l’écosystème !
Les illustrations au feutre sont colorées. Les formes géométriques de la maison attestent de la maniaquerie de M.Toutenordre : rien ne dépasse ! Dans la forêt, c’est une autre ambiance : des couleurs, des arbres touffus, Christopher Ellengard nous montre le cocon confortable de cette belle nature.
Avec humour, le message écologique est passé : laissons la nature comme elle est !
Nolwenn
Tout droit venue des Etats-Unis, "Beverly" est une oeuvre atypique. On y découvre le quotidien des habitants d'une banlieue aisée américaine. Les personnages défilent, se croisent, se connaissent ou pas et nous faisons preuve de voyeurisme en nous insinuant dans leur vie de tous les jours. De là réside la force de l'album : nous faire devenir le témoin de différentes existences qui en forme une seule et même entité, la banlieue, cette banlieue.
Les histoires se succèdent, rebondissent, de personnage en personnage et deviennent comme dans la vraie vie, des racontars. Nick Drnaso livre donc un récit cru sur les relations humaines, qui nous unissent et parfois nous séparent. Il utilise un dessin épuré tout en rondeur, comme du Botero. Les couleurs, utilisées en aplat, sont froides, comme pour rappeler notre rôle et nous exhorter à laisser de côté nos émotions, ne pas juger, être de simples témoins. - Michaël
1911. Augustin Lesage, mineur, fils et petit-fils de mineur, époux de fille de mineur, entend une voix : il sera artiste. Bien sûr cette idée provoque l’hilarité. Seul Ambroise y croit, et l’invite bientôt à une séance de spiritisme. Augustin entend à nouveau cette voix, qui lui intime de devenir peintre et le conseille dans ses choix de matériaux, conduisant même sa main sur la toile. Au bout d’une gestation longue d’une année, cette mystérieuse et minutieuse alchimie donne naissance à une toile virtuose de trois mètres sur trois. Le directeur de l’Institut Métapsychique International (IMI), le docteur Osty, décide de se pencher sur ce phénomène et rencontre celui qui n’est alors qu’un simple mineur. Avec l’aide de ces deux bienfaiteurs, Augustin poursuit sa voie et peint plus de 800 toiles.
Enferme-moi si tu peux débute avec cette biographie d’Augustin Lesage, l’une des figures les plus connues de l’Art Brut. Cet art est, selon Jean Dubuffet, l’œuvre de personnes dépourvues de toute formation et culture artistiques : l’art des fous et des marginaux… de ceux qui n’ont aucun droit. Pandolfo et Risjberg explorent celui-ci à travers six biographies (citons Madge Gill ou le Facteur Cheval) qu’ils relient entre elles de façon judicieuse et malicieuse, interpellant le lecteur sur la folie de ces créateurs mis au ban de la société parce que pauvres, femmes, infirmes, mal nés. On retrouve avec bonheur le couple d’auteurs de l’excellente BD Serena, qui une fois encore nous livre de beaux portraits intimistes, écrits à la première personne et sublimés par le dessin évanescent de Terkel Risjberg. Découvrir cette galerie d’artistes hors normes, c’est se rendre compte que la liberté, comme la création, provient avant tout d’un élan intérieur irréductible et salvateur, parfois issu du gouffre, mais toujours salvateur. Un album optimiste et d’une très qualité, graphique et narrative. - Michaël
Doris et Tup Senter mènent une vie heureuse avec leurs trois enfants dans la ferme laitière familiale. Les tâches de l’exploitation et les petites joies du quotidien rythment les journées, suivant le cycle immuable de la terre et des saisons. Rien ne semble pouvoir ébranler cette famille soudée par des liens profonds. Cependant, un jour, un tragique évènement vient frapper leur havre de paix.
Ce récit choral s’étend sur près de vingt ans, de 1947 à 1965. L’autrice donne la parole à chaque personnage, explorant le panel des sentiments, des réactions et le chaos qui suivent un décès.
L’amour, qu’il soit filial, fraternel, parental ou passionnel, constitue le ciment entre les membres de cette histoire poignante.
Bien que des sujets graves soient abordés, l’écriture poétique et les descriptions des paysages font de « Plus grand que le monde » un roman lumineux tourné vers l’espoir.
Bouleversante et touchante, cette saga m’a évoqué avec nostalgie l’univers de « La petite maison dans la prairie », la série « culte » de mon enfance. Comme un retour aux sources vers mes premières émotions. Les choses les plus simples étant souvent celle qui nous marque durablement.
Au Japon, en 1875, Ibuki, jeune héritière d’une célèbre brasserie de saké, rêve de devenir samouraï. Une décision qui est bien sûr désapprouvée par son père.
De l'autre côté du pays, maître Soho, un ancien samouraï renommé, a renoncé au combat et est devenu maître de thé.
Ibuki va tout quitter : famille, amant, et surtout un avenir confortable, pour partir à la recherche de maître Soho. Déguisée en garçon, elle va duper l’homme et le convaincre de lui enseigner le maniement du sabre.
À ses côtés, bien plus que la technique, elle apprendra la sagesse des samouraïs et celle contenue dans l’art du thé. Leur complicité va croître, jour après jour, alors qu’Ibuki progresse, sans savoir exactement dans quel but.
Écrit avec des phrases souvent courtes et simples, dans l’esprit japonais, ce roman se lit comme un conte initiatique.
Cyril Gely nous livre un récit sur la transmission, savoureux, tendre, émouvant et poétique.
Moi, ce que j’aime, c’est les monstres. Karen Reyes, une gamine de dix ans, tient un journal intime et y dessine sa fascination pour les monstres. Elle grandit dans le Chicago des années 1960 entourée de sa mère et son frère Deeze, qu’elle adore. Lorsque sa voisine, Anka, est retrouvée morte d’une balle dans le cœur le jour de la Saint-Valentin, Karen décide d’enquêter. Elle finit par découvrir des cassettes dans lesquelles Anka Silverberg raconte son enfance et des monstres d’une toute autre nature se font jour.
Difficile de résumer les 400 pages de cette bande dessinée en forme de journal intime. Les histoires se superposent et se croisent dans cet objet littéraire et graphique fascinant. La première chose qui frappe, c’est bien sûr sa forme. Imaginez une feuille blanche et un tout bête stylo bic : voici les outils utilisés par Emil Ferris pour dessiner et composer son récit. Certains portraits sont magnifiques et émouvants, d’autres pages plus simplement griffonnées au gré du récit. Pour autant, ce qui reste en mémoire à la lecture de cette œuvre, ce n’est pas tant cette prouesse artistique que la profondeur et l’ampleur du récit. Emil Ferris nous embarque dans son monde et brasse des références artistiques, mythologiques et populaires avec aisance pour mener à bien son propos, dont on attend de lire la suite et fin avec grande impatience... Merci Monsieur Toussaint Louverture, heureux éditeur de ce succès monstre, de nous faire. découvrir ce fabuleux roman graphique. - Michaël
Barbara n’est pas une adolescente comme les autres. Solitaire et parfois violente, elle ne fait pas l’unanimité dans son école. Ses histoires de géants et autres créatures n’arrangent rien, la faisant passer pour folle aux yeux de ses camarades. La blessure qu’elle cache en elle pourrait expliquer son comportement, mais comment la comprendre, l’approcher, elle qui se bat si furieusement contre des moulins à vent... IKG est un comics sans super-héros, mais avec une héroïne du quotidien qui lutte contre les tourments de la vie. Sans rien en dévoiler, l’intrigue est maligne, nous entraînant sur une fausse piste pour mieux nous ramener à la réalité. Barbara est étonnante de caractère, de furie et de tendresse. Elle est merveilleusement bien croquée par l’artiste Ken Niimura qui insuffle une énergie folle à cette œuvre originale. Un très bon moment de lecture qui engendrera à n’en pas douter discussion et débats. - Michaël
« Crushing » que l’on traduit par « béguin » est un album au charme indéniable. Véritable tranche de vie, cette bande dessinée dépeint avec grande sensibilité le quotidien de deux personnages miné·es par leur solitude. Page après page, nous apprenons à mieux les connaître, les suivons dans leur quête du bonheur, à la recherche de l’âme sœur. Pourvu d’une poésie certaine, ce titre, chassé-croisé entre les protagonistes, regorge de tendresse et d’émotion. Il est magnifiquement illustré par l’autrice qui utilise les crayons de couleur avec maestria, réduisant sa palette à simplement deux tons plus ou moins accentués.
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« Crushing » est une oeuvre qui fait du bien, qui parle d’amour, il n’en fallait pas moins pour en faire un coup de cœur !
1954, New York, deux âmes esseulées vivent en voisinage. Elle, Madeleine, sur sa terrasse, élève des abeilles et ne se remet pas de la disparition de son mari. Lui, Monsieur Days, réside dans l’immeuble en face, cloîtré avec une armée de gardes et des secrets inavouables. Ils ne sont pas du même milieu, pourtant un lien les unit et pourrait les rapprocher... Récit complet d’une efficacité implacable, « Gramercy Park » est un polar à l’atmosphère envoûtante. Les deux personnages principaux nous livrent leur histoire au compte-gouttes en devenant tour à tour narrateur de l’intrigue. Chacun de ces deux récits est bien ficelé et livré de façon chirurgicale, l’ensemble atteint son paroxysme en une conclusion surprenante.
Le texte de Timothée de Fombelle est sublimé par les illustrations de Christian Cailleaux, qui nous plongent littéralement au cœur des années cinquante. Rien n’est de trop, rien ne manque dans ce roman graphique, si ce n’est que vous le découvriez par vous-même.
"Blonde à forte poitrine", un titre ô combien énigmatique, qui, pour nous, "sexe fort", attire inexorablement. Pourtant à la lecture de ce livre, alors que nous pensions nous réjouir, nous devenons les témoins malheureux d'une vie brisée. L'histoire vraie d'Anna Nicole Smith, célèbre playmate américaine qui, afin d'offrir une vie décente à son fils a fait des choix discutables. Ce livre biographique, nous dévoile les coulisses d'un univers impitoyable, celui de la femme objet. De ces femmes justement, qui n'ont que pour seule arme, leur physique. Désirés par tant et décriés par d'autres, elles ne demandent rien d'autre, juste de l'espoir. Mais plus fort que l'être, le système...
Conseils lecture
Dans quelques jours, c’est le début du grand « Festival sportif ». Cet événement est une véritable fête et les ami·es de Gouttelette y participent pour différentes activités : le lancer de galets, l’écriture d’un hymne et la prise en charge du buffet. Cependant, plus l’événement approche, plus le stress monte et moins iels se sentent à la hauteur. Heureusement, la gentillesse et les douces paroles de Gouttelette seront d’une aide bien précieuse…
Destinée aux plus petit·es, cette bande dessinée au format carré est une vraie réussite. Avec peu de pages, remplies également de peu de cases, au maximum quatre, l’autrice néo-zélandaise réussit à construire un récit solide de bout en bout. L’intrigue, axée sur l’entraide et l’amitié, est un véritable catalyseur de positivisme et de valeurs. Les enfants apprécieront ce moment passé avec Gouttelette, seront attendris par cette galerie de personnages trognons et se retrouveront dans les situations proposées.
Cette belle leçon de vie est un exemple pour les enfants, mais aussi pour les adultes, qui, trop souvent, se sont perdu·es dans ce monde de plus en compétitif et égoïste.
Professeur Goupil a tout ce qu'il veut : une grande maison, une piscine privée, une bibliothèque privée, une salle de cinéma privée, dont il profite à loisir durant la journée. De plus, le professeur Goupil est un "chercheur", et donc, il doit chercher. Pour trouver, il se livre à toutes sortes d'experiences bizarres, jusqu'au jour où tout dérape...
Le professeur Goupil est un personnage particulièrement attachant, qui va apprendre rapidement que la vie est plus jolie lorsqu'on a des amis avec qui la partager. Les illustrations sont douces et maîtrisées, le texte est original : nous n'en attendions pas moins du talentueux duo de la très belle bande-dessinée "le temps des mitaines"... Nolwenn
Gioia a 17 ans. Elle n’est pas comme les autres. Dans sa bulle elle discute avec Tonia, une amie imaginaire. Elle écoute en boucle les Pink Floyd, collectionne dans un carnet les mots étrangers intraduisibles et se passionne pour la photographie en ne prenant que des gens de dos. Au lycée on la surnomme miss rabat-joie. Elle vit dans un contexte familial difficile. Un jour, elle fait par hasard la connaissance d’un jeune homme : Lo. Comme elle, il est solitaire, collectionne des cailloux dans un bocal, joue aux fléchettes seul le soir dans un bar. Avec lui Gioia va découvrir des émotions jusqu’ici jamais ressenties. Mais voilà, celui-ci disparait sans laisser de traces. La jeune fille est alors prise de doutes. Aurait-elle imaginé cette relation ? Serait-elle folle comme le pense ses parents ou la psy ? Gioia est déterminée à retrouver son amour perdu et à mettre au clair les zones d’ombres qui planent autour de cette histoire. Notre héroïne sera aidée par quelques complices : son professeur de philosophie et confident, une gérante de bar et un vieux monsieur.
Dans ce premier roman, Enrico Galiano traduit très bien le mal-être de l’adolescente, ses interrogations, ses doutes et ses espoirs.
En plongeant dans le monde de Gioia on perd souvent le sens de la réalité et de l’imaginaire tant la frontière entre les deux y est infime.
Les ados se retrouveront dans ce thriller psychologique, écrit avec fluidité et humour. Les personnages sont très attachants, mystérieux et sont confrontés à des réalités aussi brutales que quotidiennes. Une sensibilisation à la violence, l’alcoolisme, le harcèlement…On retiendra également un message de tolérance et d’ouverture d’esprit.
J’ai lu ce livre rapidement, prise dans le fil des événements et l’envie page après page d’en connaître le dénouement.
Pluie et Ongle sont des sorcières. Accompagnées de Georg, l’enfant qui les a libérées, iels fuient ensemble l’Inquisition et la crédulité de l’humanité. Fuir, mais pour aller où ? Ce monde est si violent, le danger est partout, protéiforme et sans pitié. Quels choix s’offrent à elleux ? Aucun, si ce n’est un ultime combat, contre le Mage, le Grand Inquisiteur, le soi-disant bras droit de Dieu qui détient des secrets inavouables…
« Ils brûlent » est un récit puissant, âpre et violent. Dès les premières pages, il vous accapare, vous hypnotise et ne vous délivre qu’à la dernière page, avec ces derniers mots qui hélas sont : « à suivre ». L’intrigue n’est pas à proprement parler d’une grande originalité et pourtant… Chaque page pousse à la suivante développant ainsi une aventure foisonnante et terriblement oppressante. Les personnages, ces héros·ïnes, pourraient faire peur, iels ne sont pas beaux, mais ne sont pas caricaturaux, iels sont à l’image de ce monde : dur·es et sauvages. Cependant, les mystères qui les entourent, les blessures qu’iels portent en elleux en font des êtres attachants. Iels sont fort·es et faibles à la fois, terriblement humain·es.
Le dessin d’Aniss El Hamouri est également d’une puissance folle. Un trait léger et délicat à l’encre, souvent minimaliste, mais rehaussé d’un peu de sépia, suffit à planter le décor, à donner vie à cet univers d’inspiration médiévale. Son découpage, sa mise scène sont savamment réalisé·es, jouant avec les cases, les pleines pages et ainsi la narration devient tantôt rapide, tantôt posée.
« Ils brûlent » est le premier tome d’une trilogie qui s’annonce passionnante, à notre tour nous allons brûler d’impatience en attendant la suite…
Tout commence à la façon de 24 heures chrono : il y a 29 minutes, Yorick discutait tranquillement au téléphone avec Beth, sa petite amie partie étudier en Australie. Il y a 24 minutes, la mère du même Yorick échangeait vivement avec un collègue sénateur. Leurs conversations vont être subitement interrompues et reportées sine die. Car à la minute M, un fléau d'origine inconnue frappe tous les porteurs du chromosome Y. Tous les mâles sont rayés de la surface du globe en une fraction de seconde : la Terre vient de perdre 48% de sa population. Les hommes occupant souvent les postes à responsabilité, les gouvernements en exercice sont décimés, les entreprises désorganisées. C'est la panique, la guerre civile menace partout. A plus long terme, la race humaine semble menacée d'extinction. Par miracle, Yorick et son singe mâle Esperluette ont survécu à ce désastre planétaire. Devenu une espèce rarissime et convoitée, Yorick reçoit la protection de l'agent 355 du Culper Ring, une organisation ultra secrète. Tous deux recevront l'aide du docteur Mann, spécialisée en clonage. L'avenir de l'Homme repose sur leurs épaules. Une bande dessinée qui mêle habilement science-fiction, apprentissage et suspense. Les rebondissements s'enchaînent sans lasser et interrogent sur notre société actuelle, les progrès de la science et même les conflits géopolitiques. Les personnages sont bien étudiés et attachants. Une touche d'humour teinte les dialogues. Bref, une réussite. - Michaël
‘Petit traité du jardin punk’ est un manifeste vibrant qui nous invite à repenser notre relation avec la nature. Éric Lenoir nous guide à travers une approche de jardinage révolutionnaire, où la nature reprend ses droits et où l’effort humain se fait discret.
Ce livre est une ode à la biodiversité et un appel à l’action pour toustes celleux qui cherchent à créer un espace vert plus sauvage et authentique.
Un incontournable pour les amoureux·ses de la nature et les rebelles du jardinage !
Venez, venez ! approchez-vous Messieurs, Dames ! Venez découvrir ces trois petits livres monstrueux et cruels ! Vous verrez l’inimaginable et l’impensable, des créatures sorties de vos pires cauchemars !
Plongez-vous dans la lecture de deux romans noirs aux portes du fantastique, précurseurs du genre : « Les éperons » de Tod ROBBINS et « Le plus dangereux des hommes » de Richard CONNELL, et dans celle d’une histoire vraie, que l’on préfèrerait fausse tellement elle est féroce : « Elephant man » de Frederick TREVES.
Pourquoi, m’opposerez-vous, se faire du mal quand on pourrait se faire du bien ? Un bon roman feel-good ne ferait-il pas mieux l’affaire ? Pourquoi donc ?! Sûrement pour le suspense, pour les frissons et pour ce voyeurisme malsain qui fait que l’on aime bien regarder le différent, le moche, l’estropié, ne serait-ce que pour se rassurer sur notre normalité ?
L’intérêt de ces trois récits ne s’arrête cependant pas là, car leurs qualités sont multiples. D’abord ils sont redoutablement efficaces par leur simplicité et ils incarnent parfaitement le paradigme de Mies van der Rohe : « Less is more ». Ensuite ils constituent trois classiques du genre qui ont donné lieu à de remarquables adaptations cinématographiques « Freaks » de Tod Browning (1932), « Le plus dangereux des hommes » de Irving Pichel (1932) et « Elephant man » de David Lynch (1980). Personnellement j’y ai également retrouvé tout le talent déployé par Hitchcock dans sa série « Alfred Hitchcock présente » et aussi l’ambiance de la série culte des années soixante : « Twilight zone » (la quatrième dimension). Par ailleurs en nous plongeant dans l’univers d’êtres et de mondes étranges, ces trois histoires nous posent une question fondamentale : qu’est-ce que c’est qu’être humain ? Qui est le plus barbare, le plus cruel : celui qui ressemble à un animal, comme Elephant man ou celui qui ne se fie qu’à son apparence pour le juger et lui reconnaître ou non le droit d’appartenir à l’humanité. Qu’est-ce qui détermine un homme ? Sa couleur, sa taille, son handicap ou sa façon de se comporter avec les autres, son empathie ?
Enfin ces trois livres sont de très beaux petits objets de quinze centimètres par dix, ils sont très facilement transportables et peuvent être lus aisément et rapidement puisqu’ils comptent tous soixante-dix pages. Chacun d’entre eux comportent une préface ou postface particulièrement enrichissante qui retrace l’histoire de ces œuvres emblématiques et de leurs auteurs. Ils appartiennent à « La petite collection des Éditions du Sonneur » qui vous propose des textes inédits et des textes oubliés ou méconnus, dignes de vivre ou de revivre, d’être découverts ou retrouvés. Une belle invitation à laquelle je vous enjoins à répondre, vous ne serez pas déçus !
Si l’atmosphère de ces ouvrages vous séduit vous pourrez emprunter au rayon Bande-dessinée comics de votre médiathèque « Moi, ce que j’aime, c’est les monstres » d’Emil Ferris qui constitue un bestiaire de monstres prodigieusement illustré.
Depuis des dizaines d’années, le littoral breton est envahi d’étranges algues vertes. Ici et là, elles apparaissent, transformant d’innocentes promenades bucoliques en un combat de vie ou de mort. Ces algues, en se décomposant, diffusent de l’hydrogène sulfuré dont l’odeur d’œuf pourri est incommodante, mais pire que la gène olfactive, c’est un véritable poison pour toute créature l’inhalant. Depuis les années 80, elles font des victimes. Des femmes et des hommes ont alerté les autorités compétentes, mais - et c’est peut-être cela le véritable drame -, ils se heurtent à l’appareil d’État, bien désireux d’étouffer l’affaire et de protéger certains intérêts... Si cela avait été une fiction, nous serions devant un récit captivant et nous nous dirions, non ce n’est pas possible, c’est trop gros, pas en France... Malheureusement, tout est vrai. Cette enquête détaillée, minutieuse, nous plonge dans la honte, la colère et l’écœurement. Inès Léraud, journaliste et autrice de ce documentaire, nous dévoile les rouages d’un système gangréné par les connivences entre le monde politique et le monde industriel (ici agroalimentaire). L’un et l’autre se protégeant, l’un pour le pouvoir, l’autre pour le profit. Les questions environnementales et/ou de santé public sont balayées, relayées au second plan alors qu’elles devraient être la base de toutes les constructions, évolutions de la société. « Algues vertes » revient également sur l’histoire du monde agricole, qui a connu une transformation radicale après la Seconde Guerre mondiale. Le récit n’incrimine donc pas les agriculteurs et/ou éleveurs, qui sont également victimes d’un système qui les emprisonnent, les broient et dont nous, consommateurs, sommes complices. « La revue dessinée » réalise un travail remarquable de vulgarisation et d’information. Ces initiatives doivent être encouragées afin d’éveiller et d’éduquer à l’analyse et à la critique un public noyé dans l’information commerciale d’internet et des chaînes de télévision. Si nous souhaitons une société plus juste, éveiller les consciences comme le fait cette revue et son petit frère « Topo » est un enjeux majeur pour notre futur. - Michaël
Le héros Gerd est un homme partagé entre deux femmes, deux visions du monde. Dépassé par son destin, il déambule entre les deux Allemagnes, espion malgré lui, ne sachant pas à quels seins se vouer. Ceux de Käthe résistante communiste de la première heure, où ceux de Liz Américaine arrivée à Berlin sur les traces de son défunt mari.
Personnage au costume trop grand pour lui, c’est un pantin dégingandé, manipulé par des intérêts supérieurs, sacrifié à la cause. Nous suivons au fil des années qui s’égrènent cet homme un peu paumé, toujours avec un train de retard, en nous demandant qui tire les ficelles, qui est l’architecte de cette toile qui le mènera sûrement à sa perte.
Ici tout est joué d’avance, nous semble-t-il, l’être humain en tant qu’individu n’a pas sa place, il est insignifiant face aux intérêts antagonistes du capitalisme et du communisme. Pourtant dans ce monde de dupes, ce jeu de miroirs et de faux-semblants une seule vérité persiste, une vérité indispensable pour ne pas perdre pied : la pureté des sentiments qui relie ce triangle amoureux.
A la fois roman d’amour, roman historique et roman d’espionnage, cet ouvrage est une vraie poupée gigogne aux multiples rebondissements : un récit protéiforme et haletant.
Pour poursuivre l’expérience je vous propose aussi de découvrir la très bonne bande-dessinée « La patrie des frères Werner » de Philippe Collin et Sébastien Goethals, disponible à la médiathèque.
Une pancarte annonce : « Chers amis insectes, montez donc ! Une surprise vous attend en haut. » Les amis insectes se mettent alors bien volontiers à grimper sur le mur, les uns à la suite des autres... Dans cet album au format original - vertical - Tomoko Ohmura retrouve son genre de prédilection : les séries, les accumulations, les files d’attente avec un final inattendu. Après avoir abordé les thèmes des véhicules ou encore du chantier, elle s’attaque à une autre passion des petits : les insectes. Ces derniers, numérotés et organisés du plus petit au plus grand, ont tous un petit commentaire à faire dans cette file d’attente pour le moins surprenante. Les illustrations, documentées, rendent très précisément l’aspect de chaque insecte, avec justesse. Les enfants, fins observateurs, auront plaisir à regarder cet album plusieurs fois afin de capter les fourmillants détails qui le composent.
« L'extrême droite est aux portes du pouvoir. Dans les urnes comme dans les esprits, ses thèmes, son narratif et son vocabulaire s'imposent. Il est encore temps d'inverser cette tendance, à condition de comprendre les rouages de cette progression et de réagir rapidement. »
Dans cet essai, la journaliste Salomé Saqué expose avec clarté le danger que représente l'extrême droite en France et décrypte les moyens qu'utilise le parti pour imposer ses thèmes de prédilection.
Elle aborde la question de la neutralité journalistique et invite à réfléchir en profondeur sur la source des informations que l’on consomme à travers les différents médias.
Résister amène des idées et des actions concrètes pour mener un des combats du siècle en condamnant la banalisation ou la minimisation du danger que représentent les idées du RN.
Un livre court, précis, accessible à tous et très bien documenté.
Par les temps qui courent, il est essentiel de partager largement cet ouvrage, afin de réveiller nos consciences, éviter le pire et garder l’espoir d’un monde plus humaniste.
"La Petite Bonne" est au service de plusieurs familles bourgeoises en région parisienne, notamment celle des Daniel, un couple atypique. Blaise, ancien pianiste, est une gueule cassée, invalide et mutilé de la Première Guerre mondiale. Son épouse, Alexandrine, lui consacre tout son temps avec une dévotion sans faille.
Sur l’insistance de son mari, Alexandrine décide de s’accorder une escapade à la campagne et confie Blaise aux soins de "La Petite Bonne" pour trois jours. Livrée à elle-même avec le maître des lieux, la jeune domestique va devoir s’improviser aide-soignante. Peu à peu, à mesure que les confidences se nouent, les apparences se fissurent et les rôles s’inversent.
La mise en page singulière, alternant narration, vers libres et prose, donne une voix unique aux trois protagonistes. Avec une grande sensibilité, Bérénice Pichat aborde des thèmes profonds tels que la souffrance, la mort et le fossé entre les classes sociales.
Ce huis clos haletant et bouleversant nous happe dès les premières pages. L’autrice permet à ses personnages d’exprimer leurs pensées les plus secrètes, les plus inavouables. J’ai été particulièrement touché·e par le face-à-face poignant entre ces deux êtres cabossés par la vie, que tout semblait opposer.
"La Petite Bonne" est un roman intimiste et original, tant dans sa forme que dans son propos, mêlant suspense, tension, rebondissements et émotion, jusqu’à une fin totalement inattendue.
Apprentie voleuse, Lilya n’est employée par la guilde que pour de menus larcins. Ce qu’elle voudrait par dessus tout, c’est une vraie mission, périlleuse et pleine de mystères ! Le maître des voleurs ne l’estime guère et ne lui montre aucune confiance, alors pour montrer ses aptitudes, elle prend l’initiative de mener à bien une mission qui ne lui était pas destinée. Bien que courageuse et dégourdie, elle va vite comprendre que le monde est empli de sombres mystères et qu’il y a des forces obscures à ne pas réveiller si l’on n’y est pas préparé, sous peine d’anéantir toute forme de vie sur terre... De l’action et encore de l’action sont les fers de lance de cette série jeunesse qui nous vient tout droit de Finlande, le pays des « Mounines ». Elle s’installe sans contestation possible parmi les titres d’aventures les plus efficaces du moment. Le récit est haletant, ménageant des ambiances tour à tour inquiétantes et rassurantes, des scènes de réflexion suivies de pure bastonnade. La trame de fond nous tient en haleine, car comme notre jeune héroïne nous enchaînons les événements sans en connaître les répercussions, souvent disproportionnées. Janne Kukkomen distille également beaucoup d’humour en Lilya, rêveuse au grand cœur et au caractère bien trempé, les enfants vont l’adorer ! L’illustration est maîtrisée, mais de facture plutôt classique. L’originalité vient du découpage et du peu de case par planche. Ce procédé permet ainsi à l’auteur de donner du rythme et d’aérer son récit, facilitant la lecture et la compréhension de l’œuvre. Voici un « page turner » façon bande dessinée jeunesse à dévorer, mais sans vous presser... - Michaël
Quelque part en Afrique, dans un petit village, un enfant est enlevé par un démon : un Yéban. L’enfant doit l’aider à retrouver son chemin jusqu’à son chez lui : les enfers. Cependant ce voyage ne se fera pas sans difficultés ni sacrifices… Le pauvre Kana l’apprendra à ses dépens…
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Aurélien Ducoudray nous propose un récit inspiré de différentes légendes et traditions africaines. Ce subtil mélange est aussi surprenant que captivant. Nous suivons ce voyage, cette quête initiatique, sans ennui, tout en développant une certaine affection pour ce duo improbable. Nous effleurons certes la culture africaine, mais c’est déjà un premier pas vers des recherches plus approfondies sur les mythes racontés. Au-delà de cet aspect mystique, « Le repas des hyènes » est également un récit de type « quête initiatique » et chacun·e en tirera - ou pas - sa propre relecture.
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Les illustrations de Mélanie Allag portent parfaitement ce conte. Par ses planches, tantôt sombres, tantôt colorées, elle nous invite dans ce mystérieux continent à la richesse culturelle encore bien méconnue.
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« Le repas des hyènes » est une plongée en terre inconnue, un voyage vers des contrées lointaines ouvrant sur des univers insoupçonnés, à découvrir !
Márcia est infirmière. Elle vit dans une favela de Rio et comme tous et toutes, elle a du mal à joindre les deux bouts. Pourtant sa vie n’est pas si mal, si ce n’est sa relation avec Jaqueline, sa fille, qui fricote dangereusement avec les dealers du coin…
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« Écoute, jolie Márcia » est un titre brésilien au fort goût d’authenticité, celle de la vie difficile dans les bidonvilles de « L'éternel pays d'avenir ». On y croise des personnages aux forts caractères, mais au courage essentiel pour survivre dans cette société pétrie de violence. Tout au long de cette lecture, on découvre des portraits de femmes et on comprend le rôle qu’elles jouent dans l’ombre, ô combien important pour maintenir un peu d’humanité dans la société brésilienne. Au-delà, cette oeuvre est aussi une histoire de famille, celle du combat d’une mère pour offrir à sa fille un meilleur avenir.
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Marcello Quintanilha possède un style graphique propre, aux volumes et aux couleurs généreuses, pleines de vie et de passion, sans nul doute, à l’image de son pays.
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« Écoute, jolie Márcia » est un récit remarquablement écrit, au suspense intenable qu’il sera difficile d’oublier.