Conseils lecture
Selon sa tante, Miyo est une bonne à rien, pourtant elle va réussir à décrocher un emploi dans la boutique de M. Momotoshi, un marchand excentrique spécialisé dans l’importation de toutes sortes de babioles. Une nouvelle vie commence donc pour la jeune orpheline qui va devoir apprendre de nouveaux codes de conduite mais également mettre à profit son talent de divination...
Que voici un manga fort sympathique qui devrait trouver un plus large public que celui habitué au genre. Nous sommes sur un récit de type « seinen », destiné aux adultes, mais qui présentement peut être lu par un plus jeune public tant l’histoire est délicate et délicieuse. Nous suivons donc Miyo, tendre et attendrissante avec ses côtés un peu gauche et sa timidité propres aux personnes ayant été dévalorisées dans leur enfance. Même si cela ne constitue pas la trame principale, on devine que Miyo va s’épanouir en trouvant écoute et stimulation auprès de cet étrange M. Momotoshi. Cette intrigue, qui sera le fil conducteur de cette œuvre en 6 volumes, est distillée dans les nombreuses histoires que nous proposent le manga. Les différents chapitres proposent à chaque fois la découverte d’un objet occidental de la fin du 19e siècle et une fiche explicative de son fonctionnement. Loin d’avoir livré tous ses secrets dans ce premier volume, nous attendons avec impatience d’en savoir plus sur le don de divination de Miyo, qui devrait par la suite se montrer d’une extrême importance…
Elle aime les fraises et les feux de bois, lui aime le camembert et la plage… mais surtout, ils s'aiment et sont heureux tous les deux, si bien qu'un beau jour arrive un tout petit. Il renverse leur monde de fraises, de plages, de camembert et de feux de bois. Il y a des jours noirs, à cause de douleurs ou de chagrins, mais aussi de très beaux jours, remplis de sourires de petites dents, de roulades dans l'herbe et de cueillette de violettes : ainsi, page après page, tous les trois écrivent leur propre histoire. Ce bel album est édité aux éditions 3oeil, petite maison d'édition attachée au dessin manuel et férue de gravure sur bois. L'autrice Alice Brière-Haquet jongle avec les mots, les assemble pour en faire des textes à mi-chemin entre histoire et poésie. Olivier Philiponneau (qui nous a fait l'honneur de mener un atelier artistique en visioconférence le 14 avril dernier) et Raphaële Enjary nous offrent à partir de leurs gravures, des illustrations aux couleurs primaires éclatantes, qui transmettent avec justesse toutes les émotions que procure une naissance. Les personnages, représentés sous forme de carrés, sont étonnamment expressifs et superbement mis en scène. On retrouve avec amusement les scènes quotidiennes que traversent les jeunes parents : « ils roulent dans la grande ronde des biberons ». Cet album nous rappelle que quelques mots bien choisis et de belles illustrations aux couleurs chatoyantes valent mieux qu'un long discours pour représenter le bouleversement qu'est l'arrivée d'un petit être sur terre.
Sacha et Charlie sont frères, ils ne s’entendent pas très bien. Enfin, c’est surtout Sacha qui ne supporte pas la présence de son petit frère et lui fait bien savoir. Un accident va les séparer, tous deux vont se retrouver dans un monde étrange, peuplé de monstres, et où leur survie ne dépendra que d’une seule chose : le pardon...
A regarder cet ouvrage et principalement les illustrations, nous pourrions facilement penser qu’il s’agit d’un titre destiné à un jeune lectorat. Détrompez-vous : même si le duo d’auteurs a déjà œuvré avec brio pour la littérature jeunesse, ce titre est destiné à tous les publics. L’intrigue est extrêmement bien ficelée, jouant sur deux narrations : on suit l’errance de Sacha puis celle de Charlie, à tour de rôle. L’ambiance est inquiétante voir pesante, tant on sent que quelque chose de plus profond est sous-jacent. Chaque récit se lie à l’autre, chaque action influe sur la destinée de l’un pour au final, les réunir. Une fin qui nous fait sortir de l’imaginaire pour nous renvoyer la réalité en pleine face. Une fin qui aborde un thème difficile et nous propose, non pas une solution ou une réponse, mais une voie à suivre. Alors lorsque l’on regarde à nouveau les magnifiques aquarelles d’Anne Montel, on se dit que les auteurs ont sciemment proposé ce style juvénile pour lier le monde des adultes à celui des enfants afin de faire lecture commune et ainsi permettre le partage, le débat. Un récit maîtrisé de bout en bout qui ne vous laissera pas insensible par son rythme, ses illustrations et sa thématique. - Michaël
Les éditions Martin de Halleux, par un remarquable travail éditorial, font revivre l'oeuvre de Frans Masereel. Ce Belge, un peu oublié aujourd'hui, est l'un des pères du roman sans parole. A la fois peintre, dessinateur, graveur sur bois, il était aussi un artiste engagé, reconnu pour son humanisme et son combat de défense du peuple contre le capitalisme. Pacifiste convaincu, il diffusait ses valeurs grâce à ses livres dont les gravures racontent et dénoncent cette société de l'entre-deux-guerres. Ses livres, qu'il a souhaité accessibles à tous tant dans le fond que la forme, mais aussi par leur prix, ont fait de lui dans les années 1930, un des étendards de la lutte ouvrière allemande. Son oeuvre, aujourd'hui remise en lumière, accompagnée de dossiers explicatifs, éblouit encore par sa réalisation technique titanesque et par le combat de sa vie : la défense des oublié·es, des opprimé·es. Les éditions Martin de Halleux offre à cette œuvre un nouvel et bel écrin qu’il serait dommage d’ignorer. L’Espace COOLturel vous permet de lire les titres à la mode, mais a aussi le rôle de donner à des ouvrages plus intimes, la visibilité, la vitrine qu’ils méritent. C’est chose faite ! - Michaël
A la récré, les enfants ne parlent que d’une chose : de la maîtresse qui a un bébé dans le ventre ! Comment est-ce possible ? Comment a-t-il fait pour arriver jusque-là ? Bien évidemment certains enfants ont déjà la réponse, même si leur histoire semble quelque peu éloignée de la réalité. D’autres connaissent mieux le sujet, mais il reste quelques interrogations. Lou, quant à elle, sait, même si pour elle, l’histoire est un peu différente, mais c’est sa vraie histoire… De nombreux albums parlent de la conception et/ou de la naissance d’un enfant. Très rares sont ceux qui traitent de la PMA, la procréation médicalement assistée. « Am Stram Graine » fait partie de ces derniers. Efficacement et sobrement, Anne-Catherine Le Roux explique aux enfants le mystère de la conception, mais en plus, elle raconte son histoire à travers les mots de cette petite fille. Sans grand discours et avec des mots simples, elle aborde une thématique qu’elle connaît par cœur et qui est souvent très mal connue, même du public adulte. Grâce à son récit, son témoignage, elle met des mots, des images et des sentiments sur un parcours qui peut s’avérer compliqué lorsque l’on souhaite un enfant. Elle parle également d’identité, qui on est vraiment ? Que veut dire être parent ? La filiation ? Elle donne matière à réflexion, mais plus que tout, Anne-Catherine Le Roux, donne des clés de compréhension et d’ouverture d’esprit. Elle est accompagnée dans sa tâche par Jules, illustratrice au trait épuré et aux couleurs chatoyantes, dont les planches sont aussi efficaces que le texte. Voici un album rare et incontournable pour combattre les préjugés et rendre le monde plus ouvert. - Michaël
Dans « Femme rebelle », Peter Bagge retrace le parcours de Margaret Sanger, fondatrice du planning familial et militante radicale et controversée de la condition féminine. Le titre de cette bande dessinée biographique se réfère au journal fondé par cette infirmière en 1914, intitulé « The Women Rebel » et sous-titré « Ni dieux, ni maîtres ». Dans ces pages, Margaret Sanger s’adressait directement aux femmes en leur fournissant des informations sur le contrôle des naissances : culotté dans l’Amérique conservatrice du début du 20e siècle... au point pour l’autrice de devoir s’exiler quelques temps sous pseudonyme au Royaume-Uni. De retour aux USA, Margaret se servira de son influence médiatique, de ses déboires et malheurs personnels pour servir son combat - le contrôle du corps des femmes par elles-mêmes. Combat qu’elle parviendra à porter hors des frontières américaines, influençant par exemple la réflexion sur la création du planning familial en France... dans les années 1950. Il fallait bien le style et la verve satyriques de Peter Bagge pour retracer un tel parcours sans faire l’impasse sur les zones d’ombre de cette féministe. Il évite l’hagiographie en enrichissant son travail graphique d’un imposant propos complémentaire. Il y explicite ses choix (de son sujet jusqu’à la couverture de la BD), précise certains points et donne en dernier lieu la parole à la biographe française de Margaret Sanger, Angeline Durand-Vallot, qui situe historiquement l’apport du combat de Sanger et rappelle à quel point celui-ci demeure d’actualité... - Aurélie
Rebecca Dautremer est une autrice illustratrice que l’on ne présente plus. Son travail a été de multiples fois primé dans de nombreux salons, et la réputation de la maman de L’amoureux, de Princesses ou encore de Cyrano n’es pas galvaudée. Son travail, subtil, poétique, se reconnaît du premier coup d’œil. Elle signe avec son dernier album, Les riches heures de Jacominus Gainsborough, un véritable coup de maître. Dans cet album, Rebecca Dautremer nous donne à voir le récit d’une vie, celle de Jacominus Gainsborough. Ce petit lapin va grandir à son rythme et trouver sa place petit à petit dans le monde. Il traverse des joies et des peines, des moments de doutes, des blessures mais fait aussi de belles rencontres. A la manière d’une fresque philosophique, l'autrice nous brosse la vie bien remplie d’un héros ordinaire. Jacominus est bien entouré, d’une famille nombreuse, d’amis présents et de l’amour de sa vie. Il n’a pas vécu que des moments faciles, mais quand au crépuscule de sa vie, Jacominus se retourne, il peut être heureux du moment qu’il a passé auprès de ces êtres qui lui sont chers. Les illustrations sont d’une maîtrise incroyable et pleines de références picturales, littéraires qui pour certaines nous échappent certainement ; la mise en couleur, douce et équilibrée, les détails foisonnants font que nous pouvons nous plonger des heures dans cet album hors du commun, le relire 10 fois, nous aurions toujours quelque chose de nouveau à découvrir. L’équilibre avec le texte, empli de mélancolie, de mots justes, et bien sûr de poésie, fonctionne merveilleusement. Voici un album tel que vous aurez peu l’occasion d'en voir : tout un univers riche et foisonnant qui nous laisse un goût doux amer quand l’on referme, trop tôt, la dernière page du livre de la vie de Jacominus Gainsborough.
Lucia, Hortense, Max, Arsène et Joséphine viennent de recevoir une mystérieuse lettre de l’office de tourisme de Californie, les invitant à participer à une chasse au trésor. Ces cinq inconnu·es, venant d’univers différents, semblent cependant avoir un point commun, être à un tournant de leur vie.
Jim, un comédien en difficulté, a été sélectionné pour jouer le rôle du meneur de jeu.
Au cours de ce road-trip haletant, Les participant·es vont relever tous les défis, afin de trouver les indices menant au "Graal".
Des affinités se créent dans le groupe, mais très vite l'ambiance va se troubler, laissant place aux doutes et suspicions. Les masques tombent, révélant au fil des pages les secrets et failles de chacun·e.
Julien Sandrel nous entraîne dans une histoire pleine de rebondissements, explorant les relations humaines avec intensité.
Un roman tendre et touchant.
Adam Strange, super-héros terrien, est connu pour ses exploits sur la planète Rann. Là-bas, il a endossé le rôle de chef de guerre, luttant et vainquant une terrifiante invasion extraterrestre. Son histoire et ses combats, il les raconte dans un livre au succès fulgurant. Cependant, la véracité de ses dires est mise à défaut par un lecteur, lui reprochant l’omission de nombreux massacres d’innocent·es… Quelques heures plus tard, ce même lecteur est retrouvé assassiné.
« Strange adventures » n’est pas un récit de super-héros traditionnel, non, il s’apparente plus à un récit de guerre dont il est difficile de parler sans trop en dévoiler. Cependant, lorsque l’on referme cette œuvre monumentale de 364 pages d’enquête, de rebondissements et d’émotions, nous restons sans voix, épuisé·es par cette lecture exigeante, par la trame implacable qui nous tient et ne nous libère que bien après avoir refermé ce livre. Cette force narrative est l’apanage des auteur·rices états-unien·nes qui jouent avec nos nerfs pour mieux les tordre, mieux nous essorer. « Strange adventures » est une étude, un questionnement sur la guerre, les choix, les actes et leurs conséquences.
Côté illustrations, deux artistes se partagent le travail : l’un pour la partie du récit se déroulant dans le présent, l’autre pour la partie située dans le passé. Cette dualité de style permet aux lecteur·rices de voyager facilement dans le temps, mais aussi d’apprécier en parallèle, le travail de deux artistes de qualité.
« Strange adventures » est un bien plus qu’un récit de super-héros, il est un questionnement sur notre humanité… rien que cela !
Le héros Gerd est un homme partagé entre deux femmes, deux visions du monde. Dépassé par son destin, il déambule entre les deux Allemagnes, espion malgré lui, ne sachant pas à quels seins se vouer. Ceux de Käthe résistante communiste de la première heure, où ceux de Liz Américaine arrivée à Berlin sur les traces de son défunt mari.
Personnage au costume trop grand pour lui, c’est un pantin dégingandé, manipulé par des intérêts supérieurs, sacrifié à la cause. Nous suivons au fil des années qui s’égrènent cet homme un peu paumé, toujours avec un train de retard, en nous demandant qui tire les ficelles, qui est l’architecte de cette toile qui le mènera sûrement à sa perte.
Ici tout est joué d’avance, nous semble-t-il, l’être humain en tant qu’individu n’a pas sa place, il est insignifiant face aux intérêts antagonistes du capitalisme et du communisme. Pourtant dans ce monde de dupes, ce jeu de miroirs et de faux-semblants une seule vérité persiste, une vérité indispensable pour ne pas perdre pied : la pureté des sentiments qui relie ce triangle amoureux.
A la fois roman d’amour, roman historique et roman d’espionnage, cet ouvrage est une vraie poupée gigogne aux multiples rebondissements : un récit protéiforme et haletant.
Pour poursuivre l’expérience je vous propose aussi de découvrir la très bonne bande-dessinée « La patrie des frères Werner » de Philippe Collin et Sébastien Goethals, disponible à la médiathèque.
Conseils lecture
Angola, volume 2 de la série Tyler Cross (chaque album peut-être lu séparément), est une pure réussite scénaristique. Nous pénétrons l'univers carcéral américain des années 50 ou la fiction se mêle à la réalité et nous sommes littéralement happés par l'intrigue. Fabien Nury, scénariste de génie, livre une nouvelle fois un récit haletant, entrecoupé, pour reprendre notre souffle, de flash-back sur le pourquoi, comment de la situation. En plaçant le récit dans l'une des pires prisons des Etats-Unis, qui tient son nom des esclaves noirs venu d'Angola, il parvient à donner une authenticité au récit. Le dessin de Brüno sied à merveille cette histoire, son trait rehausse la noirceur de l'intrigue tout en rendant charismatique le héros. Angola est un incontournable 2016 et il serait dommage de s'en passer ! - Michaël
Mars 1956, un enfant vient au monde, un garçon. Avril 2026, il s’éteint, laissant derrière lui une vie bien remplie... Voilà comment on pourrait résumer très rapidement l’œuvre de Tom Haugomat, mais ce serait lui faire injustice au regard des multiples qualités de cet album. Sur près de 180 pages et environ 70 doubles pages, nous sommes les témoins privilégiés de la vie d’un homme sans nom. Chaque année de sa vie est représentée par un moment décisif qui va définir ses choix et influer sur son destin. Ces moments tantôt joyeux, tantôt dramatiques, s’enchaînent : s’égrène devant nos yeux le fil d’une existence en mode accéléré. Les points de vue narratifs alternent : nous sommes à la fois des témoins extérieurs de cette vie et le personnage principal, assistant aux mêmes scènes, à sa vie, « à travers » ses yeux. Une prouesse graphique et scénariste qui nous laisse admiratif, tant le travail est remarquable. Pas de texte, ou si peu : ce récit est contemplatif. L’idée est étonnante et à mettre en place, d’une complexité absolue. Pourtant l’artiste rend un travail d’une lisibilité et d’une fluidité absolument parfaites, tant et si bien qu’il peut être lu également par des enfants. Cette œuvre est une réflexion sur la vie en générale, elle est catalyseur de méditation et de bien-être. Les illustrations de Tom Haugomat sont très d’une grande beauté, colorées dans une palette restreinte aux tons primaires, bleu, rouge et jaune. « À travers » est un album unique, et en un mot, beau. - Michaël
La famille Vasylenko est très impressionnante. Iels sont nombreux·ses : 12 enfant·es et 2 parent·es ! Chaque jour, iels sortent braver la nature sauvage à la recherche de l’aventure. Et chaque jour, Oktobre reste à la maison. Comme ses frères et sœurs, il rêve de devenir un grand aventurier, mais il préfère l’aventure dans les livres, loin du monde froid, boueux, humide de l’extérieur. Et surtout, Oktobre a très peur d’un monstre nommé « la nature sauvage ». « C’est une expression, un endroit », lui explique papa. Mais rien à faire, Oktobre n’arrive pas à surmonter sa peur. Arrivera-t-il à s’armer de courage pour aller faire la connaissance de cette intimidante nature ?
Les illustrations rendent cet album fort attirant : le trait graphique et géométrique de Steve McCarthy, les couleurs automnales attirent l’œil et nous plongent tout de suite dans cette aventure de vie sauvage tant aimée par famille Vasylenko. Les grands yeux d’Oktobre sont très expressifs et l’on ressent bien les émotions qui le traversent.
Ensuite, il nous offre un beau texte, sensible, sur les peurs et les émotions des enfant·es.
Cette famille atypique est tellement accro à l’aventure qu’iels deviennent drôles malgré elleux : pour nous, lecteur·rices, les voir patauger dans l’eau sous la pluie ne donne pas vraiment envie de les suivre ! Nous comprenons bien Oktobre à qui ça ne plaît pas trop.
Toutefois, les relations familiales sont bienveillantes et créent un espace apaisant autour du petit garçon. Les parents recueillent ses inquiétudes et en discutent avec lui, plutôt que de les mettre de côté.
Finalement, c’est une rencontre inattendue qui aidera Oktobre à surmonter ses peurs et offre un final poétique à cette histoire.
"7 octobre 2023 Israël Gaza" est une fenêtre ouverte sur un monde souvent incompris. Avec une plume délicate et précise, les auteurs nous guident à travers les méandres d’un conflit qui a marqué notre époque.
Le livre brille par sa capacité à donner une voix à celles et ceux qui sont généralement réduits au silence. Il nous offre un aperçu des vies qui se déroulent derrière les lignes de front, nous rappelant que derrière chaque statistique, il y a une histoire humaine.
Ce qui distingue cet ouvrage, c’est son engagement à présenter une image équilibrée et nuancée du conflit. Il ne prend pas parti, mais nous invite plutôt à écouter, à comprendre et à réfléchir.
En somme, "7 octobre 2023 Israël Gaza" est plus qu’un livre, c’est un appel à l’empathie et à la compréhension. Une lecture incontournable pour celles et ceux qui cherchent à comprendre le monde dans lequel nous vivons.
Amandine est autrice, alors qu’elle intervient un soir dans une librairie elle est interpellée par la profession d’une des participantes, thanatopractrice. Elle observe cette jeune femme dont le métier est de donner à la mort un visage présentable. Loin des clichés, elle est charmante, souriante et surtout elle ne sent pas la naphtaline.
Il n’en faut pas plus pour piquer la curiosité de l’autrice. Germe alors en elle l’idée d’une correspondance avec Gabrièle, la thanatopractrice : pourquoi a-t-elle choisi ce métier et plus généralement comment vit-elle cette proximité, cette intimité avec la mort ?
Il s’engage alors, un étrange échange, l’occasion aussi pour Amandine Dhée de s’interroger sur son propre rapport à la mort. De son angoisse personnelle, à la façon de l’expliquer à son fils, en passant par les fois où elle y a été confrontée, se dessine un chemin sensible et plein d’humour. Grâce à sa spontanéité et à sa franchise l’autrice réussit à désacraliser la mort et lui donne une figure humaine. Quand à Gabrielle, c’est passionnant de découvrir sa vocation et l’extrême intelligence et délicatesse dont elle fait preuve pour rendre plus acceptable aux familles la disparition d’un·e proche et pour que la/le défunt·e
garde toute dignité.
Un très bel ouvrage, particulièrement surprenant et émouvant.
Des tableaux volés, une orpheline emprisonnée, des meurtres sur la Tamise… Seul ou à plusieurs, entrez dans la peau des détectives de Baker Street et résolvez 10 affaires à la façon du plus grand détective du monde ! À l'aide d'un plan de Londres, d'un annuaire et du Times quotidien, récoltez des indices et remontez la piste jusqu'aux coupables !
Un jeu immersif qui fera travailler vos méninges si vous souhaitez surpasser le grand Sherlock Holmes… Tous les moyens sont bons pour y arriver : interrogez suspects et témoins, trouvez les liens entre les indices découverts, rassemblez les preuves, échangez vos théories… Certaines énigmes vous donneront du fil à retordre, mais quel plaisir quand on trouve l'indice qui fait basculer le cours de l'enquête !
Il peut sembler compliqué de battre le score de Sherlock, surtout en jouant seul, mais cela ne change rien au plaisir de résoudre ces affaires. Un jeu d'enquête incontournable !
A l’heure des fake news et de la désinformation, l’Espace COOLturel vous propose de découvrir deux titres qui traitent de sujets médiatiques et sociopolitiques : “Pour une télé libre” et “Touche pas à mon peuple”.
“Pour une télé libre” de Julia Cagé, critique la logique d’un empire médiatique, en particulier le système Bolloré et appelle à la création de médias véritablement libres pour garantir la survie d’une pensée libre.
“Touche pas à mon peuple” de Claire Sécail, est un essai qui examine le populisme de Cyril Hanouna et son impact sur les principes du débat public et de la démocratie. L’autrice aborde la désinformation et la banalisation de la violence dans les échanges humains et citoyens.
Ces deux titres soulèvent des problématiques liées aux médias, à la démocratie et à la liberté d’expression. Ils invitent à la réflexion sur l’importance d’une information indépendante, libre et de qualité et d’une télévision qui serve l’intérêt public et non pas une propagande.
Alice et Alex se rencontrent chez leur couturier alors qu’ils passent tous deux commande pour des vêtements d’été. Leurs regards se croisent, ils se sourient, et c’est le coup de foudre… « Revenez la semaine prochaine, à la même heure », dit le couturier. La semaine qui va passer va être, pour Alice et Alex, la plus longue de leur vie… Alice et Alex est de ces albums qui reste danser devant nos yeux bien après l’avoir refermé. Nous pourrions le relire 10 fois que nous n’aurions toujours pas tout exploré, tout découvert. Tout dans cet album est une invitation au voyage, à la poésie, à la rêverie : la beauté des illustrations, que ce soit dans la maîtrise du trait empreint de poésie ou dans la palette de couleurs utilisées, l’architecture dans laquelle les personnages évoluent et qui nous rappelle les plus beaux palais d’Orient... L’ambiance art déco et l’omniprésence végétale nous font tout de suite penser à des paysages lointains et merveilleux. Les costumes magnifiques d'Alice et Alex méritent à eux seuls une lecture attentive : ils sont si bien réalisés qu’on peut presque sentir la texture des étoffes à travers les pages. Nos deux élégants se sont bien trouvés : ils apprécient tous deux l’esthétique et la beauté des choses du monde. Les doubles pages se font face : celle de gauche pour Alice, celle de droite pour Alex. Et dans ce jeu de miroir, un doute s’immisce en eux : et si leur amour n’était pas réciproque ? Le texte utilise des phrases courtes, dont le rythme n’est pas sans rappeler le cœur qui s’emballe lorsque l’on voit un être aimé : comme un coup de foudre qui prendrait sa source dans un paradis rétro et luxuriant. Coup de cœur assuré pour ce magnifique album, aux illustrations et aux textes si poétiques, et qui nous parle d’un beau sentiment universel : l’amour ! - Nolwenn
Il y a quelques années, dans un pays voisin, un homme qui aimait les carrés plus que tout prit le pouvoir par la force. Ce jour là, les rectangles, les ronds, les triangles, tous ceux qui n’étaient pas carrés, disparurent. Le pays sombra alors dans le malheur, jusqu’à ce qu’enfin… Ximo Abadia, talentueux auteur espagnol, nous raconte une histoire qui n’est certes pas la nôtre, mais dont le message est universel : celle de la liberté. Vous l’aurez compris, cet album parle, sans le nommer, du militaire Franco qui imposa de 1936 à 1975 un régime dictatorial en Espagne et fit de nombreuses victimes. Bien évidemment, l’auteur utilise l’art de la métaphore, de la parabole pour en livrer une version simplifiée mais efficace. Il dénonce ce drame, mais avertit également que le monde est fragile et qu’il peut vite, si l’on n’ y prend pas garde, sombrer facilement dans l’obscurantisme.
Ximo Abadia est un artiste à l’œuvre unique et reconnaissable entre toutes. Illustrateur graphiste, il joue avec les couleurs, les formes et les matières, rendant un ensemble étrange, mais cohérent, dynamique et époustouflant.
« Le Dictateur » est une œuvre de mémoire nécessaire et dont le positionnement est rare en littérature jeunesse.
Marius adore sa Tata, elle sait tout faire, surtout communiquer son énergie et sa bonne humeur. Pourtant quelque chose le tracasse... sa Tata a de la barbe sous les bras ! Plus que papa et que lui-même, qui n'en a même pas!... Mais quel est donc cet étrange mystère ? Vous l'aurez certainement compris, « Tata a de la barbe sous les bras » est avant tout un album rigolo, sans autre prétention que de nous faire rire. Il tient ce rôle à merveille, pile poil ce qu'il faut pour redonner le sourire aux petits lecteurs de mauvais poil. N'attendons pas un quelconque message ou une bien une morale, si ce n'est caresser dans le sens du poil les féministes et autres adeptes du naturel.
Florence Dollé, qui n'a pas un poil dans la main, nous offre des dessins aussi rafraichissants que le texte. « Tata a de la barbe » est un livre à lire près du poêle, ou ailleurs... Un récit au poil ! - Michaël
« Je suis un malade mental. » C’est par cette phrase choc que commence Intérieur nuit. Ce sont également ces mêmes mots que Nicolas Demorand, journaliste, prononce le 26 mars 2025 en ouvrant la matinale qu’il co-anime sur France Inter. Avec courage et franchise, il révèle sa bipolarité aux millions d’auditeurs qui l’écoutent chaque matin.
Son témoignage bouleversant, ponctué de touches d’humour, détaille son errance médicale face à une maladie mentale que les médecins mettront plus de dix ans à diagnostiquer. Durant cette période, il sera gavé de médicaments inappropriés et inefficaces, parfois même dangereux. Ce texte intime nous plonge dans son quotidien, alternant entre des phases euphoriques et de longs épisodes dépressifs.
Intérieur nuit est un huis clos avec la maladie, le reflet d’une vie entièrement dominée par la douleur psychique et le sentiment de honte, liés au secret, au mensonge, à la différence, à l’impression de ne pas être "normal", de ne pas pouvoir se contrôler, et de mener une existence clandestine.
En une centaine de pages, Nicolas Demorand brise le tabou de la maladie mentale et nous ouvre la porte de sa réalité. Sans chercher à en faire une généralité, il met simplement des mots sur ce qui est trop souvent tu, dissimulé, nié. Il rend ainsi hommage aux proches qui le soutiennent et pense à toutes les personnes qui souffrent en silence du même mal.
Un récit poignant et nécessaire.
Beaucoup de tensions sur l’île où vit Léni. Sa femme l’a quitté, emmenant leur fille avec elle, l'entreprise où il travaille bat de l'aile et... un pont va relier l'île au continent. Cette nouvelle scinde la population en deux, les pro et les anti pont. L'auteur dresse un portrait de ces hommes de la mer dont le métier devient précaire et qui aiment se retrouver après le travail au bar du village, au son de l’accordéon. Le pont, on ne parle que de ça ! Ce « monstre » divise, attise les colères, fait craindre le changement, la fin du ferry, les invasions de touristes sur leurs terres préservées. Léni ne s'implique pas, il a aussi d'autres tourments. Heureusement il y a la mer, qui console, qui lui donne un sentiment de liberté !
L’atmosphère marine est prégnante. La construction du pont, en cinq phases structure le récit, en est le fil conducteur. Au fur et à mesure de l’avancée des travaux, les tensions montent avec en toile de fond, la symbolique du pont entre deux rives, qui, en amour comme en amitié, peut apporter le bon comme le mauvais.
Un roman plaisant, aux nombreux dialogues. A sa lecture, on ne peut s'empêcher de penser à ce qu'on dû vivre les insulaires de l’île de Ré en pareille situation !
Les scènes où les habitants se retrouvent dans ce café chaleureux m'ont rappelé Les déferlantes de Claudie Gallay. Catherine
Un vol dans un musée indien, l'empoisonnement d'une rock star, le meurtre d'un ambassadeur… Trois affaires à résoudre aux quatre coins du monde, trois enquêtes en quatre étapes où la coopération sera impérative !
Dans "Perspectives", chaque joueur dispose d'indices différents sur l'investigation en cours, indices qu'il ne pourra pas montrer aux autres… Avec chacun un point de vue unique sur l'affaire, vous devrez communiquer les informations dont vous disposez, toutes essentielles à la résolution, afin de répondre aux questions qui vous sont posées.
Un jeu d'enquête innovant aux règles simples et aux scénarios bien ficelés, qui promet de belles soirées en famille ou entre amis pour élucider ces mystères !
Trois frères et une sœur très viscéralement soudés vivent dans cette vallée perdue. Ils travaillent comme tous les autres habitants, en totale dépendance de la centrale électrique et du barrage. Le créateur de ce barrage, homme mystérieux et violent règne en tyran. Ses hommes de main font régner la peur et la soumission. Cette tragédie moderne nous questionne sur nos compromissions et sur l'effet de groupe face à une société refusant de remettre en cause ses principes. Mais il y aura toujours des insoumis. Ces courageux grains de sable, qui choisissent le risque plutôt que la peur. Dommage que Bouysse ne développe pas davantage. Malgré une fin écourtée, quel plaisir de lecture ! Une écriture puissante, parfois poétique, somptueuse et vraiment bien maîtrisée. - Catherine
« L'extrême droite est aux portes du pouvoir. Dans les urnes comme dans les esprits, ses thèmes, son narratif et son vocabulaire s'imposent. Il est encore temps d'inverser cette tendance, à condition de comprendre les rouages de cette progression et de réagir rapidement. »
Dans cet essai, la journaliste Salomé Saqué expose avec clarté le danger que représente l'extrême droite en France et décrypte les moyens qu'utilise le parti pour imposer ses thèmes de prédilection.
Elle aborde la question de la neutralité journalistique et invite à réfléchir en profondeur sur la source des informations que l’on consomme à travers les différents médias.
Résister amène des idées et des actions concrètes pour mener un des combats du siècle en condamnant la banalisation ou la minimisation du danger que représentent les idées du RN.
Un livre court, précis, accessible à tous et très bien documenté.
Par les temps qui courent, il est essentiel de partager largement cet ouvrage, afin de réveiller nos consciences, éviter le pire et garder l’espoir d’un monde plus humaniste.
Jaromil, trompettiste, « nègre à moitié », a le Jazz à l’âme.
Un jour il reçoit dans sa boite aux lettres, un colis contenant : un courrier, des cassettes audio, un disque ‘’ Mo’ Better Blues’’ du groupe ‘’The Brandford M. Quartet’’, et la photo troublante d’un homme lui ressemblant trait pour trait.
Bouleversé par cet héritage du père qu’il n’a jamais connu, il part en quête de réponses et écrit à sa fille chérie pour lui dire, tout lui dire.
Marc Alexandre Oho Bambe, est poète, écrivain et slameur (connu sous le nom de Capitaine Alexandre).
Ces trois univers se retrouvent parfaitement dans la construction de ce livre.
La narration de l’histoire du musicien est entrecoupée de poèmes, de lettres pour Indira sa fille et des enregistrements de son père.
‘’Souviens-toi de ne pas mourir sans avoir aimé ‘’, aborde des sujets forts comme la paternité, l’absence, la solitude, l’amour, le racisme, la vie de tournée. Avec toujours en toile de fond le Jazz.
J’ai adoré cette lecture, entre roman et poésie. Je me suis laissée embarquée par le style atypique de l’auteur, ses personnages touchants, son ode à l’amour et à la musique.
Un magnifique récit puissant et émouvant.