Conseils lecture
Ada Müller vit seule avec son père depuis que sa mère les a quittés. Son quotidien à la campagne est dur en cette année 1917, l’hiver s’annonce rude et son père la maltraite, lui impose de nombreux travaux physiques harassants. Ses seules distractions sont sa chienne Gertha, mais également la peinture qu’elle pratique en cachette et qui fait l’objet d’un échange épistolaire avec E(gon). Elle profite d’un déplacement de son père à Vienne pour montrer ses derniers travaux à son correspondant, loin du regard paternel, du moins le pense-t-elle.
Barbara Baldi, qui s’était déjà fait remarquer avec « La Partition de Flintham », récidive en créant un beau personnage d’artiste féminine dont la vocation contrariée ne peut s’éteindre. Son histoire, à la fois terrible et touchante, bénéficie d’un dénouement inattendu. Il faut souligner la patte de l’auteure, la beauté de ses cases peintes, y compris lorsqu’elle reprend certains portraits iconiques de la peinture moderne. Barbara Baldi creuse son sillon dans la bande dessinée, l’écrivant de façon très romanesque et féminine. Cette œuvre vous séduira d’abord par son esthétique picturale avant de vous conquérir définitivement par son histoire, singulière. - Michaël
Il y a le souvenir d’enfant, le burger, les frites et le jouet, le rêve américain en quelques sortes. Puis dix ans plus tard, l’envers du décor, un premier boulot, le monde des adultes, l’aliénation par le travail. De l’entretien de recrutement jusqu’à son dernier jour, l’autrice décrit méticuleusement son emploi dans un fast-food. Elle dissèque l’organisation du travail, les rapports de force et peu à peu le glissement dans le système, lutter pour la meilleure place, accepter les frustrations, les petites brimades, les conditions exécrables et l’oubli du corps, corps qui rapidement s’efface au détriment de la machine, de ses cadences…
En parallèle, avec la même minutie, Claire Baglin dépeint son enfance, se souvient des petits détails du quotidien qui forment un grand tout. Une existence heureuse, dans un milieu modeste et en filigrane la vie du père, un ouvrier spécialisé. La même pénibilité du travail, le même manque de moyens avec lequel il faut composer, les mêmes dangers, mais malgré tout le sentiment d’appartenir à quelque chose et une certaine fierté de son travail. L’héroïne, elle, n’appartient à rien : c’est un simple rouage dans la grosse machine à hamburgers. Dépossédée d’elle-même, pourrions-nous croire, si tout au long du récit elle ne gardait pas ce formidable recul, ce regard critique qui la rend profondément humaine.
Par ces incessants retours à l’enfance du personnage, au-delà de la dégradation d’une génération à l’autre des conditions de travail des plus défavorisés, ce que nous raconte l’autrice, c’est comment se forge une personnalité. Qu’est-ce qui fait que face à l’avilissement, à la violence d’un monde professionnel déshumanisant, on puisse garder son libre arbitre, on puisse rester vivant ?
Dans ce magnifique roman, épuré et pudique, Claire Baglin réussi à exprimer par une description finement ciselée du quotidien et de ses gestes, des émotions d’une grande profondeur.
Une héroïne naïve, maladroite et très attachante, entourés de personnages nuancés et intriguants : tous évoluent dans un univers imaginaire si bien construit qu'on ne veut plus le quitter, porté par une intrigue rythmée et implacable. Tous ces ingrédients font de ce livre un excellent "page turner", à découvrir d'urgence.
Nolwenn
La bande dessinée est un médium qui possède la faculté de pouvoir prendre des sentiers aussi variés qu’inimaginables. Souvent sources d’incroyables fictions, elle œuvre également dans le domaine de la connaissance et de la mémoire. Le titre « Wannsee » est une œuvre froide, glaciale : les plus férus en histoire auront compris de quoi il retourne, les autres vont découvrir un pan important et incontournable de notre histoire contemporaine. Cette œuvre relate les faits à l’origine de l’une des pages les plus honteuses de l’histoire des Hommes : la solution finale. « Wannsee » ou plutôt, la conférence de Wannsee, réunit le 20 janvier 1942 dans la villa Marlier à Berlin, quinze hauts responsables du Troisième Reich, délégués des SS, des ministères et du parti nazis, pour mettre au point l'organisation administrative, technique et économique de la « solution finale de la question juive », voulue par Hitler. À partir d’authentiques rapports, l’auteur partage cet ignoble moment où notre humanité a laissé place à la folie. Le sujet est certes difficile, voir écœurant, mais le raconter est nécéssaire afin d’instruire et peut-être donner suffisamment d’armes intellectuelles pour ne pas revivre une telle ignominie. Fabrice Le Hénanff s’attaque donc à un sujet difficile, mais il le traite avec clarté et justesse. Le thème si horrible nous ferait presque oublier la forme si réussie de cette bande dessinée : de magnifiques crayonnés rehaussés d’aquarelle aux couleurs froides et tristes, comme le fut cet hiver 1942. - Michaël
C’est l’histoire d’un homme et d’une femme. Tous deux connaissent des troubles de la personnalité et sont de ce fait de tristes marginaux. Le destin va les réunir, leur redonner goût à la vie, mais d’une façon bien déroutante... Étrange et originale, « Les petites distances » est une comédie romantique teintée d’un brin de fantastique. Nous suivons les personnages dans leur quotidien jusqu’au moment où l’inexplicable surgit. Et de là, l’histoire se démarque et nous entraîne dans un monde sans logique, mais captivant. L’illustratrice Camille Benyamina traite le sujet avec finesse et délicatesse. Grâce à l’aquarelle, elle déploie des tons doux et légers, voir transparents... Un très beau titre à lire le soir pour faire de doux rêves. - Michaël
Selon sa tante, Miyo est une bonne à rien, pourtant elle va réussir à décrocher un emploi dans la boutique de M. Momotoshi, un marchand excentrique spécialisé dans l’importation de toutes sortes de babioles. Une nouvelle vie commence donc pour la jeune orpheline qui va devoir apprendre de nouveaux codes de conduite mais également mettre à profit son talent de divination... Que voici un manga fort sympathique qui devrait trouver un plus large public que celui habitué au genre. Nous sommes sur un récit de type « seinen », destiné aux adultes, mais qui présentement peut être lu par un plus jeune public tant l’histoire est délicate et délicieuse. Nous suivons donc Miyo, tendre et attendrissante avec ses côtés un peu gauche et sa timidité propres aux personnes ayant été dévalorisées dans leur enfance. Même si cela ne constitue pas la trame principale, on devine que Miyo va s’épanouir en trouvant écoute et stimulation auprès de cet étrange M. Momotoshi. Cette intrigue, qui sera le fil conducteur de cette œuvre en 6 volumes, est distillée dans les nombreuses histoires que nous proposent le manga. Les différents chapitres proposent à chaque fois la découverte d’un objet occidental de la fin du 19e siècle et une fiche explicative de son fonctionnement. Loin d’avoir livré tous ses secrets dans ce premier volume, nous attendons avec impatience d’en savoir plus sur le don de divination de Miyo, qui devrait par la suite se montrer d’une extrême importance… - Michaël
Lou a 50 ans. Antiraciste, bouddhiste et ancien professeur d’université, il est aujourd’hui chauffeur de taxi dans le Mississippi protestant et conservateur du Ku Klux Klan. Bien sûr Lou a tout du anti-héros, il est forcément aigri (on le serait pour moins que ça), légèrement tendu (faut dire qu’il s’enquille des journées de 12 à 15 heures dans une caisse pourrie en buvant du Redbull) et passe donc son temps à faire des doigts d’honneur à tout-va (ce qui vous me direz n’est pas très politiquement correcte pour un bouddhiste).
Donc Lou pourrait-être un abruti lambda vulgaire, détestable et violent car sa situation personnelle n’est vraiment pas reluisante et qu’il faut bien trouver un exutoire quelque part. Mais Lou est tout l’inverse car il est plein de paradoxes et que fondamentalement il est dépourvu de méchanceté mais pas de dérision. C’est ce qui rend ce personnage fort attachant et c’est pour ça que je vous invite à partager quelques courses avec lui.
Partez à la rencontre de passagers plus déglingués les uns que les autres, à la découverte de l’Amérique ultra-libérale et de ses laissés-pour-compte ! Laissez-vous conduire par Lee Durkee, à la manière d’un John Fante ou d’un William Faulkner contemporain, sur les routes désargentées du Sud des Etats-Unis !
Dans le même esprit je vous invite, également, à découvrir l’œuvre de John Fante et notamment « demande à la poussière » et à voir « Taxi Driver » de Martin Scorsese ou « Taxi Blues » de Pavel Lounguine. Enfin, Rayon BD vous pouvez aussi emprunter à la Médiathèque « Taxi ! » d’Aimée De Jongh et « Yellow Cab » de Chabouté (adapté du roman éponyme de Benoît Cohen).
Bon voyage au pays de Donald et Mickey sous méthamphétamine (âmes sensibles s’abstenir).
Lorsqu’elle se réveille, Hilda n’est plus chez elle, ni vraiment elle-même. Elle est dans une grotte, chez les monstrueux Trolls. Pourtant, elle n’est pas en danger. Son corps s’est transformé, elle est devenue l’une de ces créatures effrayantes et passe totalement inaperçue. Que s’est-il passé ? Quelle est la raison de sa présence ici ? Et si l’occasion lui était donnée d’apprendre à connaître un peu mieux ce peuple dont on ignore tout ? Sixième et à priori dernier volume de la série Hilda, et comme dans les précédents tomes, on se régale à la lecture de ses aventures. Comme toujours, Luke Pearson nous plonge dans un univers étrange, mais toujours teinté de bienveillance. Cela est la force de ses récits, nul ne sait comment il y arrive, mais ouvrir un Hilda est une expérience à part. Peut-être cela est-il dû à un délicat mélange d’humour, de fantaisie, de fantastique et peut-être de mélancolie, mais toujours est-il que ses histoires, et celle-là encore plus, sont captivantes. Nous assistons à la fin d’une série, ou peut-être, espérons-le, simplement d’un cycle. Un clap de fin qui met en exergue la différence, la tolérance et la force de l’amitié. Tant de messages à transmettre à nos enfants, tant de messages dont on peu s’inspirer pour nous ouvrir aux autres. Les illustrations sont toujours aussi belles, même si depuis 2011 le trait de l’artiste anglais à quelque peu évolué, je vous encourage vivement à reprendre le premier tome. La gamme de couleurs pastels employée ajoute une atmosphère de douceur, de calme, de bien-être. « Hilda » est sans conteste l’une des meilleurs séries jeunesse de ces dix dernières années, alors partagez-là. Pour info, Hilda existe également en série animée sur la plateforme « Netflix ». - Michaël
L’héroïne fuit une enfance familiale étouffante dans un grand Nord brumeux et part vivre sa vie d'adulte à Los Angeles aux mœurs libérées. Elle y rencontre une multitude de gens et de situations variées avant d'être rappelée vers ses souvenirs traumatisants par la nécessité de prendre soin d'un être qui l'attend sans la connaître. Sa vie s'en trouve bouleversée jusqu'à... Belle écriture maîtrisée, entre songes, remords et questionnements. Véronique Ovaldé nous entraîne avec talent dans les pas, les pensées et les expériences heureuses ou malheureuses de l’héroïne ; dans son apprentissage du monde, des amours vrais, mais aussi des plagiaires et faussaires (en écriture et sentiments). Ces brigands qui peuvent ne pas manquer de grâce. - Catherine
Dans certains récits, il arrive que des enfants disparaissent dans des mondes étranges et fantastiques où ils endossent le rôle de sauveur. Ils y deviennent des légendes et l’histoire ce termine en happy-end. Très bien... mais entre temps que s’est-il passé pour les parents, les proches de ces enfants disparus ?
« Ceux qui restent » est une histoire singulière et étonnante qui prend le contre-pied des œuvres fantastiques classiques. Cette fois, nous ne voyageons pas avec les enfants mais restons à quai avec ces parents morts d’inquiétude et suspectés de choses atroces par la police et une certaine presse à scandale. Tous les ingrédients d’une BD réussie sont réunis dans cette fable oscillant entre polar et fantastique. L’histoire est habillement écrite, ménageant des moments forts en suspense et émotions. Vous serez également charmé par les illustrations d’Alex Xöul, fluides et agréables, qui adoucissent l’atmosphère inquiétante du récit. Un récit envoûtant et inattendus en provenance de la belle Espagne. -Michaël
Comment un gladiateur devait-il s'équiper pour affronter les bêtes sauvages dans l'arène ? Que signifiait la crête sur le casque d'un légionnaire ? Pourquoi les Romains avaient-ils un si fort attachement au dieu de la guerre, Mars ?
Toutes les réponses à ces questions sont à découvrir dans ce livre, en images et en grand format, sous la forme d'une collection d'objets rares et étonnants.
Avec une attention particulière portée aux détails, chaque trésor est fidèlement représenté, accompagné de quelques anecdotes incroyables. Une fiche descriptive présente le lieu où l’objet a été découvert, ainsi que son lieu d’exposition actuel.
Découvrez ce livre fourni d’informations claires et intéressantes., mêlant archéologie, mythologie, et art. Vous voyagerez à travers la Rome antique grâce aux magnifiques illustrations présentes tout au long de la lecture.