Conseils lecture
Dans un futur proche les holdings se substituent aux Etats, les pays en faillite sont rachetés par des entreprises et démantelés. On rapatrie l’appareil de production, dont les habitants font partie intégrante, sur son propre territoire, où ils deviennent des cilariés, un mélange de salariés et de citoyen dans un nouveau modèle de société régi par le travail et le profit. Une société inégalitaire où une minorité profite des richesses du monde au détriment de la majorité.
De la science-fiction ? Pas tant que cela finalement !
Zem, le héros, est un de ces hommes arrachés de force à son pays ruiné : la Grèce. Flic apatride il a touché le fond d’une vie qui ne lui appartient plus. Il déambule dans le marasme putride de son quartier de dernière zone, jusqu’au matin où il est appelé dans un terrain vague pour constater un meurtre. Un crime qui va trouver une résonance particulière dans son existence.
Un ouvrage d’une grande maîtrise, qui visite avec maestria différents genres littéraires : policier, roman noir, anticipation, dystopie et tragédie. Un sens aigu de la narration, dans ce récit où s’entrechoquent les voyages introspectifs dans la noirceur abyssale du héros et le rythme disco d’une enquête aux multiples facettes. Une bande originale merveilleusement orchestrée où « Les Smiths » reprendraient les tubes des « Village People ».
Ce roman est, également, une critique acerbe et très juste du monde contemporain et de ses errements : l’ultralibéralisme, la corruption, l’asservissement, la pollution, le cynisme des classes dirigeantes, la privation de liberté, le contrôle des masses par les technologies…. Et enfin, une réflexion profonde sur l’immigration et le déracinement, sur ce qui constitue l’identité d’un individu et sa culture.
Un texte d’une très grande richesse !
Goliath n’est pas comme les autres enfants, il est grand, très grand, voir très très grand et cela le peine. Il est différent…
Ximo Abadía, auteur espagnol dont j’admire l’œuvre propose avec cet album un récit touchant empli de sagesse et de beaucoup de tendresse. Il évoque le thème de la différence, du mal être et de comment trouver sa place dans la société. Loin d’être triste, le récit se transforme en quête initiatique dont chaque scène est une impressionnante rencontre. En cela son travail graphique est remarquable, il juxtapose les formes, les matières pour rendre des tableaux d’une extrême efficacité. Très peu de couleurs sont utilisées, les mêmes page après page, savamment dosées et distillées afin d’offrir différentes ambiances, différentes émotions à l’histoire.
Goliath est un géant et heureusement pour nous, son amour aussi alors, il serait dommage de s’en priver !
Aujourd’hui, Julian et sa grand-mère sont invité·es à un mariage. Le petit garçon rencontre Marisol, une petite fille venue avec sa grand-mère également. Un mariage, c’est pour fêter l’amour ! Les enfants s’amusent, jouent sous les tables, dans le jardin, et même avec le chien des mariées. Oh non, Marisol a sa robe toute tâchée ! mais Julian à une idée…
Après le très remarqué « Julian est une sirène », Jessica Love revient avec un autre album de Julian, tout aussi réussi que le premier opus. Les personnages, issu·es de la communauté afro-américaine, sont grandement inspiré·es par les influences culturelles de l’autrice. Le sujet du mariage homosexuel n’en est pas un tant le récit ne semble pas justifier ce choix. De la même manière, Julian aime mettre de jolies robes, et cela ne pose de problèmes à personne (c’était déjà le cas dans Julian est une sirène). Le message du récit est ouvert et chaleureux.
Du côté de l’illustration, les expressions faciales des personnages valent le détour. Iels sont croqué·es avec beaucoup de justesse, d’humour et de douceur. Le travail d’illustration autour des vêtements reste, comme dans le premier album, remarquable, que ce soit au niveau des couleurs ou bien des étoffes. Les protagonistes sont tous et toutes habillé·es avec beaucoup de style.
Cet album est une ode à la joie de vivre et à l’acceptation de l’autre : il fait beaucoup de bien.
Saul Karoo est un homme respecté dans son travail. Il est « script doctor » : on fait appel à lui pour améliorer le scénario d’un film. Un éventuel navet peut, sur ses conseils, se transformer en véritable chef-d’œuvre. Aussi brillant soit-il, il est un domaine où il n’excelle pas : les relations humaines. Son mariage est un échec, il ne parle pas à son fils et son penchant pour l’alcool et sa désinvolture en font un personnage difficilement fréquentable. Sa vie va basculer le jour où il découvre, en visionnant les rushs d’un film à sauver, une actrice qui sans le vouloir va lui rendre une force qu’il ne soupçonnait plus et donner un nouveau but à sa vie... Frédéric Bézian adapte avec talent le roman à succès « Karoo » de Steve Tesich. On y retrouve la même tonalité, les mêmes ressentis que dans le récit original, l’histoire d’une vie et du chemin à mener pour lui donner sens. En quelque sorte notre histoire à tous, mais chacun avec ses propres démons. Saul pense trouver le repos et réécrivant, manipulant l’histoire de ses proches comme si son métier lui donnait le pouvoir de jouer avec les destins de chacun. Cependant, la vie n’est pas un scénario que l’on peut modifier à souhait ; elle est surprenante, incontrôlable et il va l’apprendre à ses dépens. Si le récit est captivant, le style graphique de Bézian l’est tout autant : trait fin, haché, voire nerveux à l’image du personnage. Quelques aplats de couleurs viennent rompre par moment la monotonie du noir et blanc dominant et créent la sensation de rythme. La partie graphique est en parfaite adéquation avec le texte, l’un et l’autre se sublimant. « Karoo » est un récit subtil sur l’âme humaine et une œuvre romanesque à découvrir. - Michaël
Elle est romancière, il est marionnettiste et metteur en scène d’opéra. Entre eux naît une passion dévorante. Claire a dû jurer qu’elle n’écrirait jamais sur Gilles. Gilles a promis qu’il ne la trahirait jamais.
Dès les premières pages, le lecteur sait que cela finira mal, même très mal. Rapidement, on apprend que la narratrice a envoyé son compagnon à l’hôpital. Il est dans le coma. Elle doit s’expliquer face au juge. Que s’est-il passé ?
Camille Laurens, incisive et ironique, s’appuie sur son expérience personnelle pour nous entraîner dans une histoire d’amour aussi fascinante que destructrice. Dans ce roman haletant, écrit tel un thriller, l’autrice dissèque avec précision le mécanisme de l’emprise psychologique. Même si, dès le début, on connaît l’issue, on se laisse entraîner dans une analyse minutieuse du passage de l’amour fou à un cauchemar dévastateur. On oscille entre manipulation, vérité et mensonge.
Une lecture puissante, captivante, qui nous happe et nous tient jusqu’à la fin, dont on ressort bouleversé.
Lorsqu’une petite fille est enlevée par des extraterrestres et emmenée dans les profondeurs du cosmos, seul un être aux pouvoirs exceptionnels peut la sauver : Superman. Nul doute qu’il en est capable, mais cette mission l’oblige à quitter la Terre pour un temps, alors qui défendra la planète bleue en son absence ? Peut-il se permettre ce sauvetage au risque de ne pas pouvoir venir en aide à d’autres personnes dans le besoin ? Une vie vaut-elle plus qu’une autre ? Superman devra faire un choix douloureux quitte à en perdre la raison...
Pas besoin de connaître la mythologie de « L’homme d’acier » pour pénétrer et apprécier cette œuvre différente des publications plus classiques de super-héros. L’action, bien sûr présente, laisse une part importante à la réflexion et cela dans les six chapitres qui composent ce comics. Superman sera confronté à différentes épreuves, mais aussi à des rencontres qui d’une certaine manière le feront progresser sur la voie de la sagesse. Si l’héroïsme est une des pierres angulaires de ce titre, d’autres valeurs sont mises en avant et éprouvées, comme l’amitié, le courage, la loyauté, le dépassement de soi, la persévérance et l’humilité. Pas de prise de tête pour autant, car le récit est rythmé et le suspense présent jusqu’à la fin. Les illustrations sont de facture assez classique, mais soignées et dynamiques.
« Superman : up in the sky » possède de nombreuses qualités pour plaire à un public varié, en quête d’action et/ou de réflexion, qu’il soit habitué ou non aux univers de super-héros. - Michaël
Fred virevolte dans la maison, tout nu. Il virevolte dans sa chambre, dans le couloir, dans la chambre de ses parents, toujours tout nu. Mais soudain, Fred cesse de virevolter. Il jette un coup d’œil dans le dressing, y rentre et découvre les tenues de son papa. Il choisit une chemise, une cravate, des chaussures, pour s’habiller comme lui, mais ça ne lui va pas du tout. Alors il regarde les vêtements de sa maman : il choisit une tunique, un foulard, des chaussures, et ça lui va très bien !
« Fred s’habille » nous montre un petit garçon qui aime se déguiser avec les vêtements de sa maman, en s’affranchissant de toutes les questions de genre. Le·la lecteur·ice adulte ne peut s’empêcher de se demander : que vont dire les parents de Fred en découvrant leur petit garçon habillé comme cela ? Et bien les parents ne disent rien, bien au contraire, et jouent le jeu également. Rapidement, toute la famille se déguise, se maquille et se pare de beaux bijoux : Fred, sa maman, mais aussi son papa et même le chien.
La simplicité avec lequel ce sujet est abordé est très apaisant et n’est pas sans nous rappeler un autre album : « Julian est une sirène » de Jessica Love. Que ce soit dans l’un ou dans l’autre, le verrou des stéréotypes de genre saute avec beaucoup de tendresse. Cela ne pose de problèmes à aucun·e des personnages de voir un petit garçon avec des vêtements féminins.
L’univers graphique est également un régal pour les yeux. Le trait est tout en rondeur, accessible aux enfants, et très coloré. Le rose fluo est omniprésent au fil des pages : encore une autre manière pour l’auteur de fracasser les codes genrés de la littérature jeunesse.
Xabi, comme 25 autres adolescents, ne connaît du monde que le domaine du Danube. Vivant sous terre, à l'abri de tout, ils partagent leur vie parfaitement organisée avec leurs tuteurs et parents. Bientôt, iels devront quitter ce coin de paradis pour entrer dans le monde. Mais qu'y a-t-il vraiment, au-delà des frontières de leur domaine ? Dans quel état se trouve la terre ?
Petit à petit, Claire Duvivier nous plonge dans un univers bien particulier, quelques décennies après les épidémies et l'effondrement climatique qui ont décimé la Terre.
Un récit sur l'avenir de l'humanité où, entre action et révélations, on n'a pas le temps de s'ennuyer ! Mais la grande force de ce livre, c'est aussi l'amitié qui lie les personnages entre eux, et la relation tissée avec leurs animaux de compagnie, qui en font un roman touchant et plein d'espoir.
Une excellente porte d'entrée dans l'univers de la science-fiction et des dystopies !
Dans un monde où les humains semblent ne plus exister et où les villes sont habitées par des robots mélancoliques, incarnez un chat errant et parcourez une immense cité pour résoudre le mystère qui l'entoure. Vous pourrez dormir dans des cartons, faire tomber des objets des tables, fouiller dans des sacs, faire vos griffes partout… Mais attention à ne pas vous laisser distraire ! Les androïdes ont besoin de vous pour quitter leur sombre cité.
Développé par BlueTwelve Studio, Stray est un excellent jeu indépendant à l'ambiance très particulière. Porté par une très belle bande originale et des décors magnifiques, le jeu vous laisse le loisir d'explorer la ville dans ses moindres recoins afin de trouver ce qui est arrivé aux humains… et surtout, comment quitter cette prison qui sert de ville aux robots.
Le 17 mars 2020, en pleine crise du COVID-19, le président de la République annonce pour des raisons sanitaires le confinement du peuple français, et cela pour une durée encore indéterminée. Pour José, Caro et leurs enfants va commencer une nouvelle expérience de vie, ou comment passer ensemble 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sans perdre la tête.
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Fortu, comme à son habitude, nous livre un témoignage très personnel sur son vécu de cet isolement. Bien évidemment, l’humour est le moteur de cette œuvre, mais sous des aspects « blaguaire », il pousse à la réflexion et nous interroge sur notre société et nos modes de consommation. Il nous met devant nos contradictions sans s’exclure lui même de l’équation. « Journal d’un confiné » est un titre humoristique qui peut être lu par tous. 55 gags réalisés en temps réel, une véritable performance d’auteur qui est à signaler. L’Espace COOLturel est heureux de vous faire découvrir ce titre en exclusivité. Nul doute qu’il sera au-delà, une œuvre de référence.
Un nouvel album du duo Leroy/Maudet est
toujours un bonheur. « Nous, quand on sera grands » ne
déroge pas à la règle. Il est drôle, inventif et magnifiquement
illustré. Á sa lecture,
nous ne savons pas où nous allons, jusqu'à cette formidable chute.
Alors, une fois terminé, on se dit, mais oui, mais bien sûr et
pourquoi pas ? Le début de tout... Bref j'adore ! -
Michaël
Conseils lecture
Des enfants, des adultes, quoi de plus banal. Tout le monde paraît être heureux, mais il n’en est rien. Les silences règnent, les silences pèsent. Certains adultes font du mal aux enfants et dans ce monde, qui ressemble beaucoup au nôtre, les cris de détresse sont rendus inaudibles par une étrange usine, qui s’appelle Grand Silence… « Grand Silence » est un conte pour adultes au sujet tabou, mais dont la médiatisation est de la plus haute importance afin de libérer la parole : celui des violences sexuelles commises sur les enfants. Les autrices, par ce récit poignant, illustrent parfaitement les travers de notre société en révélant les mécanismes moraux et sociaux qui engendrent le mutisme et le déni. Elles dénoncent et expliquent simplement par la métaphore comment une société peut fermer les yeux sur de tels actes et comment, on l’espère, y remédier. Ce titre est une réussite dans le message qu’il transmet. Alors oui, certes, le sujet est difficile, mais voilà, prendre conscience d’une chose, c’est déjà admettre son existence, le premier pas pour faire avancer notre civilisation qui, par certains égards, reste toujours inhumaine. Félicitations donc à ces autrices pour nous offrir matière à réflexion par un récit habilement mené et également illustré de façon remarquable.
Une jolie petite princesse, tout de rose vêtue, à côté de son élégant carrosse assorti à sa tenue, est en pleine réflexion : « il est joli, mais… ».
Notre héroïne y apporterait bien quelques modifications. Un changement de couleur, du bleu par exemple, des roues plus adaptées aux chemins boueux… La fillette prend ses outils et n’hésite pas à se lancer elle-même dans les travaux. Au fil des pages nous assistons à la transformation du véhicule en un engin volant tout terrain.
Les illustrations sont drôles et bien détaillées, le texte simple convient parfaitement à la compréhension des tout·es petit·es.
Séverine Huguet nous offre un album qui balaye les stéréotypes de genre.
Qui a dit que les princesses ne savent pas bricoler ?
Dans la même collection et le même esprit vous aimerez aussi « Ma poupée » de Annelise Heurtier.
Quelle drôle de petite fille ! Elle ne parle pas, se déplace bizarrement et rêve, derrière le grand portail de l'école, de liberté. Elle se prénomme Victorine, mais parce qu'elle n'arrive pas à le prononcer, on l'appelle Vivi. Elle n'a pas d'amis, elle est trop sauvage. Mais quoi d'anormal pour une petite fille qui, il n'y a encore pas si longtemps, vivait au milieu des bêtes, seule dans la forêt. C'est une sauvageonne, capturée par des chasseurs et confiée à une charmante dame qui doit se charger de son éducation. Alors, rien n'est facile, même les plus simples gestes du quotidien. Allez donc faire porter une culotte à une enfant qui a toujours vécue nue... Bon courage ! Mené à un rythme effréné, ce récit au dessin minimaliste est un agréable divertissement, grâce notamment à de cocasses situations. - Michaël
Un lundi, un petit garçon trouve un tout petit ours polaire dans son jardin. Si petit qu’il tient dans sa main. Le mardi, le tout petit ours a un peu grandi : alors le petit garçon le dépose dans sa poche. Arrivé au mercredi, ne tient plus dans la poche : il est temps de ramener petit ours chez lui. Alors nos deux amis s’en vont faire un long voyage…
Tout petit ours est un album d’une très grande tendresse. Richard Jones signe une très jolie histoire d’amitié entre ce petit garçon et ce petit ours. L’amour qu’ils se portent l’un à l’autre les fait grandir tous les deux : l’ours grandit physiquement, et le petit garçon s’émancipe également. Même quand notre ours polaire aura atteint sa taille adulte, dépassant depuis longtemps le petit garçon, il restera « Mon tout petit ours ».
Les illustrations à la gouache ainsi que le choix des couleurs pastel appuient le propos très doux du récit. A travers les expressions du garçon et de l’ours, le lecteur saisit toute la force de la relation indéfectible qui lie les deux personnages.
« Il était si petit qu’il tenait dans ma main. Je sentais son cœur battre sous sa fourrure de nuage blanc. »
Voici un merveilleux petit roman d’anticipation, réconfortant et bienveillant qui, une fois n’est pas coutume, envisage positivement l’avenir de l’humanité, tout en évitant l’écueil du récit mièvre et sirupeux, dégoulinant de bons sentiments.
Sur Panga dans un avenir lointain les êtres humains vivent en respectant leur environnement. Ils ont développé grand nombre de stratégies et de techniques leur permettant de réduire au minimum leur impact sur la planète. Ici tout est beauté et harmonie et on se laisse, alors, gentiment bercer par l’idée que oui c’est possible ! Et ça fait un bien fou !
Mais tout n’est pas si simple, Dex, moine pourtant émérite, n’est pas réellement convaincu par la vie qu’il mène. Il se lance alors dans une quête existentialiste qui va le pousser à explorer la nature sauvage tout en sondant sa nature profonde. C’est au détour d’une clairière qu’une rencontre inattendue lui permettra de mettre en perspective son rôle et la place de l’humanité dans le monde.
Un texte à la fois doux, drôle et profond, une grande réussite !
A noter : bien qu’il s’agisse du volume 1 de la nouvelle série de l’autrice Becky Chambers, ce récit aurait tout à fait pu se suffire à lui-même, son dénouement n’appelant pas forcement une suite.
Être en internat, ce n’est pas toujours drôle. Encore moins lorsque l’on provoque une sorcière et qu’elle vous maudit pour toujours. Krum, Ulysse, Step, Mei et Ouss vont l’apprendre à leurs dépens. Leurs nuits ne seront plus jamais paisibles car ils sont désormais condamnés à voir et être vus par les monstres tapis dans l’ombre... Cette bande dessinée jeunesse horrifico-fantastique est écrite de façon nerveuse et dynamique. Pas de temps mort pour nos jeunes héros qui enchaînent cris et courses poursuites dans de nombreux chapitres. Il se dégage de cette histoire une atmosphère étrange et inquiétante qui fera frémir nos plus sensibles chérubins en quête de frissons. Une réussite du genre, aidée par des illustrations expressives et efficaces. Ulysse Malassagne signe une nouvelle fois un titre de grande qualité et donnera à coup sûr des envies d’aventures aux enfants, même les plus paisibles... - Michaël
En ces temps moyenâgeux, « l’Âge d’Or » n’est devenu pour beaucoup qu’une légende. Ce mythe abolissait les classes et rendait tous les êtres libres et égaux, prônait le partage et l’entraide. Ce monde a peut-être existé ou pourrait exister, mais quelles en seraient les conséquences pour ceux qui détiennent le pouvoir et l’argent ? Aussi, lorsque certains se mettent en quête d’une preuve de son existence, la tyrannie s’organise. Pendant ce temps, Tilda, l’héritière légitime, a perdu son royaume et pour ne pas perdre également la vie, doit fuir accompagnée de ses fidèles en direction du pays d’Ohman. Selon feu son père, un fabuleux trésor d’une puissance redoutable l’y attend. Quête de liberté pour quelques-uns, quête de pouvoir pour d’autres, les discordances naîtront et engendreront fatalement l’ultime affrontement. Le premier volume de ce diptyque est un véritable pavé de 228 pages. Il en fallait bien autant pour nous narrer la formidable épopée écrite par Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil. Les deux artistes nous proposent un récit fictif moyenâgeux à forte densité émotionnelle. Nous suivons, page après page, de nombreux personnages, chacun charismatique à sa façon et appartenant à des classes sociales différentes. Tous ont un combat, des valeurs à défendre, d’égalité et/ou de privilèges. Récit fictif ? Peut-être pas complètement ! Cette œuvre est une parabole de notre société actuelle et aborde très intelligemment les maux de notre quotidien : l’égoïsme et la paranoïa. Elle traite de l’égalité femme/homme et de l’égalité en générale. Elle prône le partage et l’entraide dans un monde où le système imposé nous rend de plus en plus individualistes. Réflexion politique, le récit questionne sur la démocratie et la place du citoyen. Voilà ce qui fait la force de ce roman graphique, association savamment équilibrée de fiction et de thématiques actuelles. Cyril Pedrosa, co-scénariste, signe également les illustrations, réussite picturale à signaler tant les planches proposées sont d’une incroyable beauté. La mise en couleur est puissante et est à elle seule un personnage à part entière du récit. Des tons vifs, tantôt chauds, tantôt froids, parfois psychédéliques, rehaussent le trait fin et délicat de l’artiste. L’utilisation de planches muettes, ô combien expressives, permet de reposer le récit et laisse libre court à la réflexion personnelle. Tous ces éléments, mesurés, équilibrés, font de ce récit une réussite totale et lui prédisent le plus bel avenir. - Michaël
"7 octobre 2023 Israël Gaza" est une fenêtre ouverte sur un monde souvent incompris. Avec une plume délicate et précise, les auteurs nous guident à travers les méandres d’un conflit qui a marqué notre époque.
Le livre brille par sa capacité à donner une voix à celles et ceux qui sont généralement réduits au silence. Il nous offre un aperçu des vies qui se déroulent derrière les lignes de front, nous rappelant que derrière chaque statistique, il y a une histoire humaine.
Ce qui distingue cet ouvrage, c’est son engagement à présenter une image équilibrée et nuancée du conflit. Il ne prend pas parti, mais nous invite plutôt à écouter, à comprendre et à réfléchir.
En somme, "7 octobre 2023 Israël Gaza" est plus qu’un livre, c’est un appel à l’empathie et à la compréhension. Une lecture incontournable pour celles et ceux qui cherchent à comprendre le monde dans lequel nous vivons.
Marius adore sa Tata, elle sait tout faire, surtout communiquer son énergie et sa bonne humeur. Pourtant quelque chose le tracasse... sa Tata a de la barbe sous les bras ! Plus que papa et que lui-même, qui n'en a même pas!... Mais quel est donc cet étrange mystère ? Vous l'aurez certainement compris, « Tata a de la barbe sous les bras » est avant tout un album rigolo, sans autre prétention que de nous faire rire. Il tient ce rôle à merveille, pile poil ce qu'il faut pour redonner le sourire aux petits lecteurs de mauvais poil. N'attendons pas un quelconque message ou une bien une morale, si ce n'est caresser dans le sens du poil les féministes et autres adeptes du naturel.
Florence Dollé, qui n'a pas un poil dans la main, nous offre des dessins aussi rafraichissants que le texte. « Tata a de la barbe » est un livre à lire près du poêle, ou ailleurs... Un récit au poil ! - Michaël
Jacques Peuplier est un homme étrange. Solitaire, peu bavard, voire un peu rustre, il gagne sa vie en retrouvant pour le compte de particuliers tout et n’importe quoi de perdu. Il est le meilleur dans son domaine, lorsqu’il daigne accepter une affaire. Son secret : il écoute et parle à toutes les choses matérielles qui sont des témoins privilégiés. L’étrange est son domaine, pourtant lorsqu’il accepte une affaire pour la famille Monk, il est loin de se douter qu’il s’apprête à franchir un nouveau pallier dans le monde du mystère... VilleVermine est un récit singulier et captivant. A l’image de son personnage principal, il est mystérieux à souhait. Son intrigue pour le moins originale nous entraîne dans une ville curieuse ou chaque coin de rue est propice à une histoire, à une intrigue, mais loin de nous perdre, Jacques Peuplier nous guide à travers ces dédales. Julien Lambert réussit avec cet album à créer un personnage fort attachant avec son don, mais également ses faiblesses, ses blessures, le rendant inadapté à la société. Auteur « complet », il illustre avec maestria cette saga. Son style particulier, son choix de couleurs et ses cadrages sont remarquables. Ils rendent un titre très dynamique et d’une très bonne lisibilité. En seulement deux volumes vous tomberez sous le charme de cette enquête peu banale qui a décroché cette année le Fauve « Polar SNCF » d’Angoulême. - Michaël
Iron Man (littéralement l'Homme de Fer) est un super-héros créé par Stan Lee et appartenant à l'univers Marvel. Depuis plus de 50 ans, Anthony Stark - son vrai nom - livre des combats titanesques pour que justice soit faite. A proprement parler, il n'a pas de super pouvoir, juste une intelligence hors norme qui lui sert à innover, à inventer tout et n'importe quoi, mais surtout des armes. Car avant d'être le héros adulé de tous, il n'était qu'un marchand de mort. Suite à de tragiques circonstances, il va prendre conscience de son don unique et le mettre au service du bien en créant Iron Man.
Iron Man : au commencement était le Mandarin nous présente la première rencontre entre notre héros et l'un de ses plus farouches adversaires : Le Mandarin. Un récit original sur fond de conquête du monde, dessiné différemment mais remarquablement. A découvrir. - Michaël
En 110 pages, avec beaucoup de talent, Yamen Manai nous décrit une société tunisienne post « révolution du Jasmin » désabusée et abîmée, une société médiocre et rustre où la violence est omniprésente.
En s’appuyant sur son personnage qui en est depuis toujours la victime, il décrit les mécanismes de cette violence avec intelligence et décrypte comment depuis des siècles elle est un des piliers du modèle patriarcal tunisien.
Au-delà de la critique social, à travers son héros l’auteur nous interroge également sur la condition de victime et de bourreau, sur les notions d’humanité et de respect de soi. Grâce à sa rencontre avec un chien nous allons assister à la métamorphose du personnage principal, dont la clairvoyance va devenir redoutable.
Alors si vous ne craignez pas de voir ce qui se cache derrière les cartes postales des hôtels à touristes du front de mer, venez découvrir le quotidien plombant des habitant·es déshérité·es des banlieues périphériques et leurs bassesses ! Vous verrez, le dépaysement est assuré !
Il y a de la tragédie carthaginoise dans ce génial petit roman et aussi du Victor Hugo qui disait fort à propos « Ursus et Homo étaient liés d’une amitié étroite. Ursus était un homme, (Homo était une lessive, non je plaisante), Homo était un loup. »
Que vous inspire cette citation du célèbre auteur ? Dans deux heures je ramasse les copies. Bonne chance !
Devenir zombie n’est pas forcément un état voulu, lorsque cela vous arrive, ainsi qu’à toute votre famille, il faut l’accepter et faire au mieux pour s’intégrer dans un monde de vivant·es… si appétissant·es…
Fortu, auteur aux multiples registres narratifs, livre cette fois une comédie noire, grinçante, aux portes de l’horreur. Rassurez-vous, rien de bien méchant si ce n’est que le récit nous raconte la difficile intégration d’une famille de zombies dans un monde où le cannibalisme n’est, espérons-le, plus à la mode. Ne voyez pas pour autant en ce titre une quelconque métaphore et/ou parabole cherchant à dénoncer notre société, mais plutôt une approche à la « What if… », et si cela arrivait ? Une des réponses est dans « La vie de ma mort », où Fortu, en quelque pages et quelques gags, nous propose sa vision. Les mini histoires de deux pages s’enchaînent chronologiquement liées par un fil conducteur, un événement important et véritable générateur de suspense. Les scènettes se succèdent et avec elles, bon nombre de quiproquos et de situations de non-sens.
« La vie de ma mort » est une farce, une blague qui sait jouer sur les différents registres de l’humour : le comique de situation, l’exagération, ou encore le trait d’esprit…
Ce titre donne donc le sourire et fait ainsi passer un bon moment, et cela, dans le monde des vivants, bien entendu !
Un nouvel album du duo Leroy/Maudet est
toujours un bonheur. « Nous, quand on sera grands » ne
déroge pas à la règle. Il est drôle, inventif et magnifiquement
illustré. Á sa lecture,
nous ne savons pas où nous allons, jusqu'à cette formidable chute.
Alors, une fois terminé, on se dit, mais oui, mais bien sûr et
pourquoi pas ? Le début de tout... Bref j'adore ! -
Michaël
"Ici" est un titre OVNI, mais ô combien jouissif.
Dans un royaume lointain, vit une petite princesse très intelligente. Elle passe ses journées enfermée dans sa tour à dévorer des livres. Ses parents s’en inquiètent : « qui va prendre en charge le royaume quand nous ne serons plus là ? et notre retraite ? ». Ils aimeraient lui présenter un prince à marier mais la petite princesse en baskets ne s’y intéresse pas. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que leur fille, dans ses livres, apprend beaucoup de choses, comme vaincre un dragon ou fabriquer un antipoison ! Bien vite, la princesse va devoir mettre ses compétences à profit car voilà qu’un énorme monstre poilu à 6 yeux débarque et attaque le château… « Encore une histoire de princesses » me direz-vous ; oui, mais originale ! Par le prisme de la passion pour la lecture et du féminisme, on s’attache particulièrement à notre héroïne. Cette princesse n’a pas besoin de prince pour l’aider à faire ses choix ou à prendre en charge le royaume ! Indépendante, sûre d’elle et pleine de ressources, c’est un beau modèle de personnage qui est proposé aux enfants dans cet album. Les illustrations de Tristan Gion sont un régal pour les yeux. On y retrouve une palette de couleurs vives et très harmonieuses en même temps ; son dessin est rempli de références à l’histoire ou à la mythologie nordique et nous fait voyager. De plus, avec ses cheveux bleus et sa clé à molette dans la poche, aucun doute, notre petite lectrice est vraiment ancrée dans l’ère du temps !
Cette belle histoire parlera assurément aux amoureu.se.s des livres, en tout cas, moi, elle me touche droit au cœur !