Conseils lecture
Perché au sommet d’une montagne, le hameau de Jakobsleiter abrite une communauté recluse, en harmonie avec la nature et les loups. C’est dans ce décor sauvage que Rebekka grandit, tout en rêvant de s’enfuir. Un jour, elle disparaît mystérieusement.
En contrebas, dans la vallée isolée, encerclée de forêts et de montagnes, les disparitions de femmes se succèdent, étrangement ignorées. Smilla, jeune stagiaire dans le journal local, n’a jamais surmonté la perte de sa meilleure amie, disparue dix ans plus tôt. Intimement convaincue que tout est lié, elle décide de mener l’enquête.
Avec Les enfants loups, Vera Buck nous entraîne dans une atmosphère dense et envoûtante. La nature y est omniprésente. À travers les voix entremêlées des nombreux personnages de ce roman choral, les pièces du puzzle s’assemblent peu à peu. La tension monte, et les rebondissements nous tiennent en haleine jusqu’à la dernière page.
Un thriller captivant qui ravira les amateurs de suspense sombre, d'histoires de secrets enfouis et de paysages aussi beaux qu’inquiétants.
Jules vit seul dans son terrier. Il n’en est pas pour autant triste, c’est comme ça et il s’en accommode bien volontiers. Avoir une vie sociale, très peu pour lui, les autres sont si compliqués... Et en plus, avoir des amis pourrait le rendre moins attentif aux dangers qui l’entourent, il n’est qu’une fragile petite souris après tout. C’est bien ce que se dit le filou renard qui le surveille et aimerait bien en faire son repas. Par le plus malchanceux des hasards, le carnassier se retrouve coincé la tête dans le terrier de Jules : impossible de s’en retirer. S’engage alors entre eux une bien étrange relation... « Jules et le renard » est un album à part. Sa différence, il la cultive dans la singularité de l’histoire dans laquelle il nous plonge et dans le bien-être qu’il nous procure. Une masterclass pour tout amoureux de récits et d’illustrations, tant ici les deux arts sont insécables. Joe Todd-Stanton écrit son récit au passé simple tels les contes de notre enfance, mais en adoptant un ton moderne aux dialogues savoureux, pour traiter en filigrane de notre société, de l’individualisme et de l’égoïsme qui y règnent. Ses illustrations transpirent la douceur grâce à son trait délicat et aux couleurs harmonieuses qu’il distille dans ses toiles. Il mélange les plans, les points de vues, tant tôt de loin, tant tôt de près, voir de très très près et emprunte également à la bande dessinée, dans ses cadrages et sa mise en page. Enfin, les personnages qu’il a créés sont d’un charisme rare : ils ne sont ni parfaits ni mauvais, comme dans la vraie vie en sorte, permettant de s’identifier à eux. Voici un très très bel album à découvrir, dont la magie nous émeut et nous réconforte. Bravo l’artiste. - Michaël
Le canapé de Panda et Pingouin est vraiment trop vieux. Ils décident donc d’aller au magasin afin d’en acheter un nouveau. Parmi la multitude de modèles proposés, le choix s’avère bien compliqué… Nos deux amis arriveront-ils à trouver la perle rare ?
À travers des illustrations « simples », crayonnées aux pastels, cet album évoque la surconsommation de notre société, ainsi que la relation d’attachement aux objets qui nous sont chers.
Comme le dit si bien Fifi Kuo « Les choses que l’on possède déjà peuvent parfois être les plus parfaites ! »
Arthur vit avec son fils Pépin. Ils sont très proches et lorsque Pépin n’a pas le moral ou rencontre une quelconque difficulté, Arthur, pour l’aider, lui raconte toujours une belle histoire… où les frontières entre les mondes réel et imaginaire se confondent…
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Quel plaisir de lire du David De Thuin, auteur encore trop peu connu du grand public, mais dont l’œuvre, au fil des ans, ne cesse de s’épaissir et de marquer le neuvième Art.
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Nous le retrouvons ici pour un récit tendre et sensible dont le sujet principal est la transmission père/fils. L’album, construit sur 12 récits, met en scène un duo familial, dont on ne sait pas grand chose si ce n’est qu’il n’y a plus de maman, mais dont on comprend rapidement qu’un lien fort et puissant les unit. Cette relation, belle et profonde, attention d’un père pour son fils, est une leçon de vie à la « Big fish ». Ce père, conteur hors pair, fait grandir son enfant, l’accompagne vers le monde adulte, avec intelligence et bonté. Avec ses récits, il lui inculque de profondes valeurs humaines et humanistes. Un échec, une désillusion, deviennent avec Arthur une aventure extraordinaire dont on ressort plus fort. Il n’y a pas de tristesse dans ce titre, certes par moment un peu de mélancolie, mais surtout de l’optimisme et de la bienveillance, cela fait un bien fou !
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Fidèle à lui même, David De Thuin illustre son album comme il sait si bien le faire. Son trait, école belge revisitée, s’adapte sans difficulté au texte et à l’ambiance de l’histoire.
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Vous avez envie de passer un bon moment, résolument positif ? Alors, ne ratez pas : « De père en fils » !
Le personnage principal du roman est un jeune homme issu de la classe populaire du nord de la France. Dans sa famille, les études c’est pour les autres ; aussi, après une expérience avortée à la fac, parce qu’il faut bien gagner sa vie et surtout pour échapper au garage miteux de son oncle, il devient livreur à domicile. Il enchaîne les courses à vélo, de moins en moins bien payées, accélère la cadence, grille les feux, les stops, tout en ravalant sa dignité face aux clients pour obtenir sa note de 5 étoiles, condition sine qua non pour que l’algorithme de la plateforme informatique vous donne du travail. Les jours s’enchaînent à écraser les pédales dans la nuit, sous la pluie, jusqu’au risque de trop : le crash, éparpillé sur la chaussée.
Désormais le vélo c’est fini pour lui. Alors en convalescence, il rumine, tourne en rond, cherche une solution, jusqu’à la révélation : un soir devant la pâleur bleutée de son écran, un reportage à Marseille, où une femme chargée de vérifier la qualité d’un restaurant est cliente mystère. Commencent alors pour le jeune homme une nouvelle carrière, puis les rêves d’ascension sociale et la spirale infernale s’enclenche, avec en point de mire une myriade de questions : jusqu’où peut-on aller pour satisfaire son ambition ? Qu’est-ce que la morale ? Peut-on échapper à sa conscience ? Et surtout ne sommes-nous pas tous des pions écrasés par les rouages du grand capital ?
Une critique de la société et de la dérive actuelle du monde du travail très pertinente. Un style singulier à la fois rapide, incisif et poétique, où tout est décortiqué par l’œil, une vision exacerbée du quotidien et parfois des fulgurances de beauté. Un premier roman très réussi dans lequel fond et forme sont parfaitement en osmose. Pour prolonger l’expérience je vous conseille, également, la lecture du roman « En salle » de Claire Baglin, ayant fait l’objet d’un autre coup de cœur.
Pauline se fait arrêter en 2014 à Tunis, à l’arrière d’un véhicule de police elle voit défiler la ville, quelques instants suspendus, derniers témoignages de liberté avant de longs mois de détention.
Des tâches de rouille, un mur rouge, lézardé de fissures et cinq bandes noires, larges, implacables : une couverture qui nous plonge immédiatement dans la dureté du monde carcéral. L’insalubrité, l’enfermement, la surpopulation étouffante et les autres dangers permanents, les crimes et le sang : voilà à quoi on s’attend ! Mais, derrière cette image il y a autre chose, un secret qui fait toute la grandeur de ce roman. Au fil des jours d’emprisonnement, des destins qui se dévoilent, ceux des codétenues de l’autrice, des verrous qui sautent au hasard des confessions et soudain, une profonde humanité.
Alors, les larges bandes noires se muent en silhouettes de femmes, plus de barreaux aux murs, des êtres solidaires qui défient l’oppression, celle des hommes, d’une société patriarcale qui les a jetées là, souvent à tort et de façon arbitraire. Dans le sang rouge des crimes on distingue de merveilleux reflets ceux de la lutte, de l’entraide, de la chaleur humaine et de l’amitié.
Plongée dans la torpeur suffocante des journées interminables, l’autrice, dépose sur nos peaux, un murmure, un souffle, une respiration : les récits des vies de chacune de ces femmes, des instants précieux volés à la détention.
Ours est un chien d'assistance, plus précisément un chien guide d'aveugle. C'est son métier, sa raison de vivre, et son monde s'effondre quand il perd la vue. Commence alors un périple au cours duquel il fera tout pour la retrouver, persuadé que son maître, Patrick, n'aura plus besoin de lui s'il ne peut plus le guider. Grâce aux animaux de la ville et de la forêt, il apprendra à voir le monde autrement qu'avec ses yeux.
Une BD tendre et poétique, rythmée par l'alternance entre la réalité et la vision décalée des choses que se fait Ours à l'aide de ses souvenirs et de ses autres sens. Les tanières d'animaux deviennent des pièces meublées, la forêt se remplit de sapins de Noël… Un joli décalage qui apporte de l'humour, mais aussi beaucoup de poésie ! Le lien qui unit Ours et Patrick est fort et touchant, et tous les amis d'animaux s'y reconnaîtront.
C'est aussi un excellent moyen d'en apprendre plus sur le quotidien des personnes malvoyantes, et d'en parler aux plus jeunes.
Tout commence par un appel téléphonique, un jour de 2018, un numéro inconnu, Vladimir ne répond jamais aux numéros inconnus et pourtant ce soir-là, un soir de tristesse, un soir de cafard, il décroche. A l’autre bout du fil, une ancienne collègue de travail qu’il n’a pas vue depuis vingt ans, d’abord les banalités d’usage puis l’annonce inattendue : « J’ai chez moi un jeune américain, qui vous ressemble étrangement, je lui ai parlé de vous, il souhaiterait vous rencontrer ».
Flashback, 1984, un an avant la perestroïka, Vladimir fête son anniversaire, il reçoit en cadeau deux paires de pneus, évènement apparemment insignifiant, qui va changer sa vie. Entre ces deux dates, nous découvrons l’histoire, particulière de Vladimir, intimement liée à celle de son pays, à l’évolution de son modèle économique et politique. Nous remontons le cours de cette existence, tantôt déjeuner sur l’herbe, tantôt eaux troubles et tumultueuses, pour enfin répondre à cette question entêtante : qui est ce mystérieux sosie.
Un roman, qui nous plonge au cœur du système russe, et en décrit avec force ironie ses rouages. Mais aussi un récit aux moult rebondissements, qui vous maintient en haleine jusqu’à son dénouement. A la fois drôle, politique et sentimental cet ouvrage dépeint avec élégance des destins sacrifiés sur l’autel de l’oligarchie.
C’est l’histoire d’un écureuil, il a un arbre, son arbre. Cet arbre donne des pommes de pin, ses pommes de pin. Tout cela est à lui et à personne d’autre, mais comment protéger ses propriétés face à un ennemi invisible qui menace ?... « C’est mon arbre » est un album jeunesse à double lecture. Une histoire délicieusement absurde pour commencer, mais que l’on comprend dans un second temps, bien plus profonde et philosophique qu’il n’y paraissait. Ici, subtilement, sont abordés les thèmes de la possession, de la propriété mis en opposition au partage et à la liberté. L’ignorance prend une place également importante, car elle est vecteur de peur et de paranoïa. Cette histoire dépeint de façon rare, mais intelligente, notre société et ses abus. Ce livre n’est pas triste pour autant, Olivier Tallec livre une composition astucieuse, emplie d’humour et qui fera rire les enfants comme les adultes. Ses illustrations sont une merveille, pas de grands et beaux décors, mais le strict minimum, juste ce qu’il faut pour offrir à notre écureuil un espace d’expressivité, à la one man show, totalement désopilant. - Michaël
Emika est une jeune chasseuse de primes qui, suite à une vie déjà semée d'embûches, doit se débrouiller seule. Son échappatoire ? Warcross, le jeu en réalité virtuelle qui a conquis la planète entière. Mais Emika n'est pas une joueuse comme les autres ; c'est aussi une hackeuse et informaticienne de génie. Le jour où elle pirate plus ou moins par accident le jeu mondialement connu, sa vie lui échappe totalement...
Warcross nous plonge direcement dans le monde des jeux vidéo, à la manière de "Ready Player One". Une fois le livre commencé, il est très difficile de le lâcher et une seule envie nous vient alors : mettre son casque de réalité virtuelle et jouer à Warcross pour suivre Emika dans ses péripéties.
Nolwenn
Jouer, aimer, câliner, grandir en découvrant le monde qui nous entoure est le quotidien des petit·es.
Cet album retrace toutes ces premières fois, ces moments de bonheurs simples partagés entre le bébé et ses proches. Sous forme d’imagier, chaque double page met en parallèle deux situations qui se répondent. D’un côté chez les animaux, de l’autre chez les humain·es. Le premier bain, le parfum d’une fleur, une balade…
Les illustrations sont très douces, avec une impression de relief et de brillance. Le texte simple et fluide accompagne subtilement l’ensemble. Le format cartonné s’adapte parfaitement aux manipulations des jeunes lecteur·ices.
C’est un très bel objet livre, attendrissant, touchant qui nous rappelle l’émerveillement des premières découvertes et émotions.
Marius adore sa Tata, elle sait tout faire, surtout communiquer son énergie et sa bonne humeur. Pourtant quelque chose le tracasse... sa Tata a de la barbe sous les bras ! Plus que papa et que lui-même, qui n'en a même pas!... Mais quel est donc cet étrange mystère ? Vous l'aurez certainement compris, « Tata a de la barbe sous les bras » est avant tout un album rigolo, sans autre prétention que de nous faire rire. Il tient ce rôle à merveille, pile poil ce qu'il faut pour redonner le sourire aux petits lecteurs de mauvais poil. N'attendons pas un quelconque message ou une bien une morale, si ce n'est caresser dans le sens du poil les féministes et autres adeptes du naturel.
Florence Dollé, qui n'a pas un poil dans la main, nous offre des dessins aussi rafraichissants que le texte. « Tata a de la barbe » est un livre à lire près du poêle, ou ailleurs... Un récit au poil ! - Michaël
Conseils lecture
Quand on a déjà navigué on sait qu'il y a quelque chose d'intime qui se joue sur l'océan, quelque chose d'intime et de vrai, sur la mer on est face à soi, sans faux semblant, on ne triche pas et on ne ment pas. Quand on a déjà navigué on sait que cette sincérité est le prix à payer pour que l’océan nous tolère. On sait que pour lui survivre il ne faut pas le contrarier. On sait que tout est fragile et sensible sur la mer, qu’on marche sur un fil, en équilibre sur la ligne d'horizon.
Tout cela l’héroïne du livre, commandante au long court, le sait. Elle sait que la routine est la condition sine qua none pour se maintenir en osmose avec les éléments. Elle le sait et pourtant elle va ouvrir une brèche dans l’ordinaire et basculer dans un univers parallèle, une parenthèse dont vous sortirez transformés.
Un livre plein de mystère, une écriture délicate et sensible qui vous berce comme le sac et le ressac de l’océan et vous emporte vers une destination inconnue. Un subtil mélange de suspense et de poésie, un roman indispensable.
Pour les amoureux·ses de l’océan et de sa petite musique, je vous conseille aussi « Novecento : pianiste » d’Alessandro Barrico, également disponible à la médiathèque.
Voici un livre à compter. Mais attention ! Il faut bien suivre la consigne : ici, on compte jusqu’à 1 ! et que jusqu’à 1 ! Sur la première page, ce n’est pas trop compliqué. Il y a une pomme : on peut donc la compter. Mais sur les autres pages, l’exercice se corse…
Ce livre rempli d’humour prend le contrepied des autres livres « pédagogiques » à compter, qui garnissent les étagères des librairies et bibliothèques en littérature jeunesse. En effet, ici, il s’agit plus de trouver le détail unique dans chaque page (et le compter), et d’observer les illustrations amusantes et colorées.
Le narrateur s’adresse directement à son·sa lecteur·rice et cela en devient un livre-jeu.
Finalement, on ne peut s’empêcher de braver les interdits et comptant tout ce qui se trouve dans le livre et en cela cet album est particulièrement réussi !
Svitlana et Dmyrto forment un couple d’étoiles, amoureux à la ville comme à la scène. Le 23 février 2022 au soir, ils dansent Le Lac des cygnes avec le ballet de Kiev. Le lendemain, l’Opéra national, comme toute l’Ukraine, est happé par la guerre.
Dès lors, le couple s’investit dans le combat pour défendre leur patrie, leurs valeurs, mais aussi leur culture. L’art, et surtout la danse, seront leurs armes de résistance, notamment pour Svitlana, alors que Dmyrto partira au front.
Malgré certaines rivalités au sein du corps de ballet en temps de paix, c’est la solidarité qui rejaillira face à l’adversité.
Stéphanie Pérez s’inspire de la véritable troupe du ballet de Kiev qui, en signe de résistance, fit une tournée européenne au début de la guerre. Ayant passé deux ans au cœur du conflit en tant que grande reporter, elle nous entraîne au plus près du réel, nous faisant ressentir la peur, la mort omniprésente, les alertes, et le besoin de sauver sa peau.
Que faire quand soudain la guerre éclate ? Quitter son pays, s'engager pour lutter contre l'ennemi, attendre la mort ? Ce sont ces interrogations poignantes auxquelles l’autrice nous invite à réfléchir.
Un récit bouleversant, qui nous permet de mettre des noms et des visages sur ce peuple ukrainien si proche, et à la fois si lointain.
« Simple » est le surnom de Barnabé, un garçon de 22 ans d’âge civil mais de 3 ans d’âge mental. Il joue aux Playmobil, converse avec Monsieur Pinpin, son lapin en peluche qu’il croit vivant, et ne pense qu’à tuer Malicroix, l’institution spécialisée où son père l’a enfermé à la mort de sa mère. Kléber a 17 ans, c’est le frère de Simple : il va rentrer en terminale et décide, contre l’avis de tous, de s’occuper de son aîné déficient mental. Ils vont finir par emménager dans une collocation avec quatre autres étudiant·es qui découvriront que vivre avec Simple n’est pas si facile.
Marie-Aude Murail, bien connue de la littérature jeunesse, nous offre un roman poignant et drôle à la fois. La relation forte et émouvante entre les deux frères est parfaitement décrite. On ressent les émotions de chacun. Simple qui avec ses réactions sans filtres et son langage particulier provoque parfois malgré lui des quiproquos, mais qui est également bien conscient de sa situation lorsqu’il se confie à Monsieur Pinpin. Kléber qui fait de son mieux pour que Barnabé se sente bien, alors qu’il aimerait comme ses ami.es, profiter de sa jeunesse, des sorties, des premiers amours…
Les autres personnages ne sont pas en reste, iels ont tous et toutetes une personnalité bien affirmée. Les colocataires qui doivent apprendre à vivre avec ce garçon différent et vont voir leur propre vie chamboulée. Même le voisin bougon, le père et l’assistante sociale, rôles plus secondaires, ont leur importance et leur place dans l’histoire.
Ce roman est magnifique, il apporte un regard neuf sur le thème du handicap mental. C’est une ode à la tolérance, à l’entraide, la fraternité, à l’amitié qui touche au cœur, tout en étant écrit avec humour et espoir.
Goliath n’est pas comme les autres enfants, il est grand, très grand, voir très très grand et cela le peine. Il est différent…
Ximo Abadía, auteur espagnol dont j’admire l’œuvre propose avec cet album un récit touchant empli de sagesse et de beaucoup de tendresse. Il évoque le thème de la différence, du mal être et de comment trouver sa place dans la société. Loin d’être triste, le récit se transforme en quête initiatique dont chaque scène est une impressionnante rencontre. En cela son travail graphique est remarquable, il juxtapose les formes, les matières pour rendre des tableaux d’une extrême efficacité. Très peu de couleurs sont utilisées, les mêmes page après page, savamment dosées et distillées afin d’offrir différentes ambiances, différentes émotions à l’histoire.
Goliath est un géant et heureusement pour nous, son amour aussi alors, il serait dommage de s’en priver !
Airnadette, est un groupe réputé d’air musique et de playback qui déchaîne les foules durant les concerts, en France, en Europe et également aux Etats-Unis. A travers cette comédie musicale, Airnadette a décidé d’initier les enfants aux plaisirs de la scène. C’est ainsi qu’est né « Du rock dans ton salon », l’histoire romancée de la formation du groupe composé de Scotch Brit, Château Brutal, Moche Pitt, Gunther Love, Jean-Françoise et M’Rodz.
Tu adores la musique, chanter, tu rêves de monter un spectacle avec tes ami·es, alors n’hésite plus ce livre est pour toi. Pas besoin de talents particuliers, tout est parfaitement expliqué pour vivre une expérience délirante et pleine d’humour. Quelques accessoires suffiront pour entrer dans la peau d’un·e musicien·e de rock.
Les dialogues sont pointus et rigolos et retranscrits avec des indications de mises en scène dans des fiches de répétition. Le cd du show est intégralement joué et chanté par le groupe Airnadette en personne. Un code permet aussi de télécharger une version mp3 sur le site de l’éditeur, où l’on trouve pleins de bonus et tutos pour apprendre les chorégraphies.
Découpé en huit scènes, le livre-spectacle est rempli de blagues pour faire rire les petit·es, et de références rock qui raviront les plus grand·es.
Lucien est, comme son modèle le célèbre aventurier de l’étrange Harry Price, passionné d’histoires étranges, remplies de monstres et autres revenants. Alors, lorsque lui et sa famille emménagent dans une nouvelle ville, sa première envie, bien avant de se faire des amis, est de trouver les phénomènes paranormaux que pourrait bien abriter cette petite bourgade... « Lucien et les mystérieux phénomènes » est une série jeunesse d’aventure pseudo-fantastique, mais qui traite avant tout d’environnement et d’écologie. Sans y paraître, elle permet à l’enfant de prendre conscience de la société de consommation, de la surproduction et des problèmes que cela entraîne. Bien sûr, c’est subtil car enrobé par une passionnante enquête paranormale. Notre jeune héros est accompagné de sa maligne petite soeur, ce qui permet à chaque enfant de s’identifier et se projeter dans le récit. Le thème de l’amitié est également bien présent dans l’album, cela est certes moins original, car assez courant en bande dessinée jeunesse. La réussite de ce titre vaut également par les illustrations d’Alexis Horellou, dont le trait fin et délicat, aidé par des couleurs aux tons orangés, crée une atmosphère étrange et mirifique. Notons également l’hommage rendu par les auteurs à Harry Potter, mais surtout à Vincent Price, célèbre acteur américain de film d’horreur qui a inspiré Tim Burton et dont vous avez déjà certainement au moins une fois entendu la voix grave, celle du clip Thriller de Michael Jackson. Un premier album convaincant et maintenant la suite, vite... - Michaël
Vous êtes-vous déjà senti étranger dans votre propre pays ?
Ce livre raconte les histoires de celles et ceux qui ont dû faire face au racisme et à la discrimination en France.
"La France, tu l'aimes mais tu la quittes" : est un livre miroir tendu à notre société qui, à travers de bouleversants témoignages, interroge nos valeurs, nos aspirations et notre rapport à l'identité.
Un document poignant qui ne vous laissera pas indifférent.
En ces temps de fête et de post-confinement, envie de se (re)faire une beauté ? Eh bien lisez cet album destiné aux plus petits et qui présente un ours polaire jardinier maniant la cisaille comme un pro. Sa tâche du jour le conduit dans sa belle auto orange jusqu'au parc municipal... Grâce à une intrigue narrative originale et à un humour décalé, les enfants comme les parents se reconnaîtront dans les personnages que croise notre ours bonhomme. Les illustrations sont expressives, colorées d'aplats de couleurs restreintes à quelques nuances.
« En beauté ! » est un bel album, tout en simplicité, mais au charme indéniable. Et en plus, c'est une création de l'un de vos bibliothécaires préférés...
Comme tous les membres de sa famille, même le chien, Eliott a plusieurs ballons de couleurs. A l’intérieur on y trouve, des souvenirs : un anniversaire, un mariage, une partie de pêche…
Grand-père en possède énormément. Elliot est très proche de lui. Il aime beaucoup l’écouter raconter toutes les merveilleuses histoires contenues dans ses ballons.
Hélas, avec le temps, un à un, les ballons de Papi s’envolent. Elliot ne comprend pas ce qui se passe …
Jessie Oliveros aborde avec sensibilité, à travers la complicité de l’enfant et de son grand-père, le temps qui passe, la vieillesse et surtout la maladie d’Alzheimer. Les ballons tenus par un fil est une métaphore graphique des souvenirs, douce et bien adaptée au jeune public.
Dana Wulfekotte a choisi d’illustrer en noir et blanc, sauf pour les ballons, qui eux sont colorés. Cela renforce la tendresse éprouvée et la poésie de l’album.
Une très jolie histoire émouvante, remplie d’amour et bien sûr d’espoir, pour évoquer avec les enfants un sujet encore peu traité en littérature jeunesse.
« Les ballons du souvenir » m’a beaucoup touché sans être fataliste.
Connaissez-vous la loi de Murphy, appelée également loi de l’emmerdement maximal, ou encore la fameuse théorie de la tartine beurrée qui tombe toujours du mauvais côté ? Selon elle, si une catastrophe peut arriver… elle arrivera. C’est exactement ce que ce court roman va démontrer, avec un humour irrésistible, en suivant les mésaventures d’un couple pas tout à fait comme les autres : les Godart.
Ils sont tous les deux thérapeutes. On peut les imaginer, selon l’auteur, « de classe CSP+ cultivée, tendance bourgeois-bohème de centre-ville parisien, fréquentant les cinémas d’art et d’essai, les théâtres et salles d’expos, mangeant bio, voyageant éthique, votant à gauche, vivant à droite. »
Ils viennent d’emménager dans leur nouvel appartement, et toute l’histoire va se dérouler dans leur salon au lendemain de leur pendaison de crémaillère. Autant dire que le réveil est bien difficile et qu'à partir de là, les ennuis vont s’enchaîner dans une mécanique implacable, où chaque élément précipite le suivant.
L’écriture de ce huis clos s’apparente à celle d’un vaudeville : théâtrale, rythmée, drôle, offrant des situations et des rebondissements déjantés. On imagine sans peine les personnages évoluer sous nos yeux, pris au piège de leur propre quotidien.
Une comédie satirique sur le destin, la poisse, le couple et nos petites contradictions humaines.
J.M. Erre n’a pas voulu écrire un « feel good », mais son livre nous apporte de la gaieté — et ça fait du bien.
« L'extrême droite est aux portes du pouvoir. Dans les urnes comme dans les esprits, ses thèmes, son narratif et son vocabulaire s'imposent. Il est encore temps d'inverser cette tendance, à condition de comprendre les rouages de cette progression et de réagir rapidement. »
Dans cet essai, la journaliste Salomé Saqué expose avec clarté le danger que représente l'extrême droite en France et décrypte les moyens qu'utilise le parti pour imposer ses thèmes de prédilection.
Elle aborde la question de la neutralité journalistique et invite à réfléchir en profondeur sur la source des informations que l’on consomme à travers les différents médias.
Résister amène des idées et des actions concrètes pour mener un des combats du siècle en condamnant la banalisation ou la minimisation du danger que représentent les idées du RN.
Un livre court, précis, accessible à tous et très bien documenté.
Par les temps qui courent, il est essentiel de partager largement cet ouvrage, afin de réveiller nos consciences, éviter le pire et garder l’espoir d’un monde plus humaniste.
Cléopâtre et Alexandre sont jumeaux. Depuis que leur père adoptif a disparu, ils doivent se débrouiller seuls et commettent de menus larcins pour le compte du gang du Crochet Noir. Cependant, une bien plus dangereuse menace les guette : le terrible pirate Felix Worley est à leur recherche et est bien décidé à trucider quiconque se mettra en travers de sa route. Les jumeaux semblent détenir la clé qui pourrait le mener jusqu’à un trésor inestimable... Roman graphique pour la jeunesse en seulement deux volumes, « Pile ou face » est un récit d’aventure efficace mené tambour battant. Pas de temps mort donc : intrigue et action s’entremêlent pour nous happer dans cette chasse au trésor. La réflexion et les sentiments ne sont pas absents pour autant. L’appartenance, l’amitié et la famille sont des sujets transversaux qui densifient le scénario et le rendent captivant. L’illustration est parfaitement maîtrisée, claire et dynamique, rehaussée de couleurs chatoyantes. Cette aventure est à mettre entre toutes les mains tant elle séduira un large public. - Michaël
Capitaine Fripouille, la nouvelle idole des jeunes ? Qui sait ? Peut-être ? Voici en tout cas un personnage tonitruant à forte humeur bien déjantée dont on devine un passé aventureux. L’épaisseur scénaristique du héros donne tout le charme à l’album, des scènes au vitriol, de la réflexion et un final en apothéose, de quoi ravir petit et grands… Au dessin nous retrouvons Alfred qui pour les besoins du récit a rendu son trait plus nerveux, plus sec et a multiplié les cases pour dynamiser le récit. Olivier Ka et Alfred un duo à (re)découvrir… - Michaël
Le héros Gerd est un homme partagé entre deux femmes, deux visions du monde. Dépassé par son destin, il déambule entre les deux Allemagnes, espion malgré lui, ne sachant pas à quels seins se vouer. Ceux de Käthe résistante communiste de la première heure, où ceux de Liz Américaine arrivée à Berlin sur les traces de son défunt mari.
Personnage au costume trop grand pour lui, c’est un pantin dégingandé, manipulé par des intérêts supérieurs, sacrifié à la cause. Nous suivons au fil des années qui s’égrènent cet homme un peu paumé, toujours avec un train de retard, en nous demandant qui tire les ficelles, qui est l’architecte de cette toile qui le mènera sûrement à sa perte.
Ici tout est joué d’avance, nous semble-t-il, l’être humain en tant qu’individu n’a pas sa place, il est insignifiant face aux intérêts antagonistes du capitalisme et du communisme. Pourtant dans ce monde de dupes, ce jeu de miroirs et de faux-semblants une seule vérité persiste, une vérité indispensable pour ne pas perdre pied : la pureté des sentiments qui relie ce triangle amoureux.
A la fois roman d’amour, roman historique et roman d’espionnage, cet ouvrage est une vraie poupée gigogne aux multiples rebondissements : un récit protéiforme et haletant.
Pour poursuivre l’expérience je vous propose aussi de découvrir la très bonne bande-dessinée « La patrie des frères Werner » de Philippe Collin et Sébastien Goethals, disponible à la médiathèque.