Conseils lecture
Intempérie est une adaptation du roman éponyme de Jesus Carrasco. Cette œuvre espagnole d’une rare intensité dramatique, traite d’une enfance perdue. Javi Rey, l’adaptateur, a réussi à nous rendre tous les ingrédients du récit original. Le suspense et le stress qui lui sont liés, sont omniprésents. Le rythme est soutenu et quelquefois entrecoupé de bénéfiques moments de paix. L’illustration est à la hauteur du drame. Avec un trait sec et précis, les personnages semblent si réels, marqués, déformés par les malheurs de leur existence... De ce fait nous devenons le témoin impuissant d’une fuite que nous soupçonnons sans issue. L’utilisation des couleurs est également intéressante, les nuances de bleu, de jaune et de rouge renforcent les tensions du récit. Intempérie est un récit âpre, dur, mais qui laisse tout de même la place à l’espoir. - Michaël
Adam Strange, super-héros terrien, est connu pour ses exploits sur la planète Rann. Là-bas, il a endossé le rôle de chef de guerre, luttant et vainquant une terrifiante invasion extraterrestre. Son histoire et ses combats, il les raconte dans un livre au succès fulgurant. Cependant, la véracité de ses dires est mise à défaut par un lecteur, lui reprochant l’omission de nombreux massacres d’innocent·es… Quelques heures plus tard, ce même lecteur est retrouvé assassiné.
« Strange adventures » n’est pas un récit de super-héros traditionnel, non, il s’apparente plus à un récit de guerre dont il est difficile de parler sans trop en dévoiler. Cependant, lorsque l’on referme cette œuvre monumentale de 364 pages d’enquête, de rebondissements et d’émotions, nous restons sans voix, épuisé·es par cette lecture exigeante, par la trame implacable qui nous tient et ne nous libère que bien après avoir refermé ce livre. Cette force narrative est l’apanage des auteur·rices états-unien·nes qui jouent avec nos nerfs pour mieux les tordre, mieux nous essorer. « Strange adventures » est une étude, un questionnement sur la guerre, les choix, les actes et leurs conséquences.
Côté illustrations, deux artistes se partagent le travail : l’un pour la partie du récit se déroulant dans le présent, l’autre pour la partie située dans le passé. Cette dualité de style permet aux lecteur·rices de voyager facilement dans le temps, mais aussi d’apprécier en parallèle, le travail de deux artistes de qualité.
« Strange adventures » est un bien plus qu’un récit de super-héros, il est un questionnement sur notre humanité… rien que cela !
A l’école, des andouilles ont décrété que Kate était la petite fille la plus moche de l’école. Ils la surnomment « Kate Moche ». Ils se moquent d’elle toute la journée, et disent qu’elle n’est pas très maligne. Alors, quand Kate rentre de l’école, elle se regarde dans le miroir et pense qu’il y a mille autres façons de la décrire !
Elle s’imagine être une scientifique expérimentée, une doctoresse dévouée, une astronaute adroite ou encore une ninja acrobate. Un jour, Kate aura des rues à son nom, comme Simone Veil, Simone Signoret ou Simone de Beauvoir. Car Kate peut tout faire, oui, vraiment tout !
Cet album véhicule un joli message sur l’acceptation de soi et le pouvoir de l’imagination. Malgré ce qu’elle subit dans la cour de l’école, Kate garde la tête haute et confiance en soi en se réfugiant dans ses rêves. Il aborde donc le difficile sujet du harcèlement scolaire, avec beaucoup de tact mais aussi beaucoup de franchise, sans édulcorer la méchanceté que peuvent parfois avoir les enfants les uns envers les autres.
Les illustrations de Magali le Huche sont remplies d’humour, notamment celles qui mettent en scène Kate dans sa salle de bain, à fond dans son univers. Les couleurs vives donnent du tonus au récit et appuient le caractère ferme et bien trempé de la petite héroïne.
Ce livre est un rappel utile à transmettre à toutes les petites filles (et les petits garçons aussi !) : peu importe ce que les autres en disent, vous pouvez devenir qui vous voulez !
Joe Sacco, pour celles et ceux qui ne le connaissent pas, est le père de la bande dessinée de reportage.
Ses travaux d’enquête sur la Palestine ou encore la Bosnie-Herzégovine lui ont valu une renommée internationale.
Aujourd’hui, il revient avec un essai bref, mais bouleversant, sur le drame israélo-palestinien, un conflit qu’il connaît que trop bien.
Désabusé, il se livre. De l’espoir, il n’en a plus, écœuré par tant de bêtise et de haine qui sévissent de part et d’autre.
Il dénonce également la politique américaine, de Biden à Trump. Mais à quoi jouent-ils ?
Joe Sacco est fatigué. Ce livre, son livre, est un cri. Il appelle au courage politique et à la responsabilité morale.
Eté 1913, Valdas a 15 ans, dans une riche demeure du bord de mer, sa vie se dessine. Le monde des adultes, auquel il n’appartient pas tout à fait, lui paraît être un vaste théâtre où tout n’est que faux-semblants, alors la nuit il s’enfuit renifler la côte, ses embruns, un parfum de liberté. Il y vit ses premiers émois et se confronte au monde extérieur, plus pauvre, plus dépouillé loin du confort de sa classe bourgeoise vaguement contestataire.
De retour à St Pétersbourg la vie s’emballe, une promesse de fiançailles, l’armée, la guerre, la révolution, le choix du mauvais camp, puis l’exil, Paris, la misère, une autre guerre et la solitude. Un siècle de barbarie dont il est le témoin, et au milieu de cet océan de cruauté, un écrin de beauté, une île où affleure l’amour. Une parenthèse de vingt jours d’un bonheur intense qui lui permettront toute sa vie de résister.
Voilà ce que raconte merveilleusement ce livre, comment un amour même éphémère peut être éternel. Comment dans un monde sauvage et violent, il vous donne la force d’être juste et bon, de rester humain.
Encore, un magnifique roman, tout en pudeur, d’Andreï Makine, dont la langue, si belle, si douce à l’oreille est un enchantement.
Cette bande dessinée est la biographie — enfin, une partie de la vie — du célèbre journaliste américain Randy Shilts, qui fut le premier journaliste américain à exercer en défendant ouvertement son homosexualité.
Son combat contre les rédactions homophobes de l’époque (années 70/80) est abordé, mais ne constitue pas le sujet principal du récit, qui n’est autre que l’apparition de cette effroyable maladie appelée à l’époque le « cancer gay » : le SIDA.
Ce titre retrace donc l’enquête menée par Randy Shilts, qui découvre accidentellement l’existence de cette maladie et des pressions exercées par le gouvernement américain afin de dissimuler la pandémie aux médias et au public.
Il va se heurter à l’indifférence, la censure et aux pouvoirs politiques.
Sa déontologie va le mener dans un combat titanesque pour que la vérité éclate au grand jour, jusqu’à se renier lui-même en utilisant l’arme de la fake news.
Il est des livres qu’on ne souhaiterait pas existants, au sujets répugnants et abjects, encore plus lorsqu’il s’agit d’histoires vraies. Hélène Devynck, journaliste et scénariste, nous propose l’un de ceux là.
Elle et 22 autres femmes accusent Patrick Poivre d’Arvor, célèbre journaliste de TF1, de viols, d'agressions sexuelles et/ou de harcèlement sexuel. Elle y écrit son histoire, mais aussi celle des autres plaignantes dont les témoignages ont été classés sans suite par la justice.
Pour l’AFP, Hélène Devynck déclare : "La menace de la diffamation pèse sur chacun de mes mots. Je ne peux pas prouver que Patrick Poivre d'Arvor m'a violée. Je ne le pourrai jamais. Les faits sont prescrits. Ils ne seront jamais jugés", ce livre est « une lettre, un hommage aux femmes ayant témoigné ». Il illustre parfaitement « l'étoffe dans laquelle se tisse l'impunité ».
L'autrice donne voix à ses "sœurs de misère" : leur "sidération" dans le bureau de PPDA, cette "expérience extrême de l'humiliation" qu'elles décrivent, puis leurs "stratégies" pour vivre l'après. Des récits de solitude, jusqu'à cette année 2021, où elles découvrent être nombreuses à témoigner. Elles se rencontrent autour d'un dîner. "Pour la première fois, nous étions en sécurité".
A ses yeux, l'affaire PPDA ne peut se résumer à "un homme" : l'autrice questionne la responsabilité de TF1, et un "système criminel" entretenu par une culture du silence, teintée de complaisance ou d'indifférence…
Oui, il est des livres qu’on ne souhaiterait pas existants, mais qui le doivent pourtant pour combattre ces impunis, mais aussi et avant tout pour aider, donner le courage aux victimes de parler et dire : PLUS JAMAIS ÇA !
Fred virevolte dans la maison, tout nu. Il virevolte dans sa chambre, dans le couloir, dans la chambre de ses parents, toujours tout nu. Mais soudain, Fred cesse de virevolter. Il jette un coup d’œil dans le dressing, y rentre et découvre les tenues de son papa. Il choisit une chemise, une cravate, des chaussures, pour s’habiller comme lui, mais ça ne lui va pas du tout. Alors il regarde les vêtements de sa maman : il choisit une tunique, un foulard, des chaussures, et ça lui va très bien !
« Fred s’habille » nous montre un petit garçon qui aime se déguiser avec les vêtements de sa maman, en s’affranchissant de toutes les questions de genre. Le·la lecteur·ice adulte ne peut s’empêcher de se demander : que vont dire les parents de Fred en découvrant leur petit garçon habillé comme cela ? Et bien les parents ne disent rien, bien au contraire, et jouent le jeu également. Rapidement, toute la famille se déguise, se maquille et se pare de beaux bijoux : Fred, sa maman, mais aussi son papa et même le chien.
La simplicité avec lequel ce sujet est abordé est très apaisant et n’est pas sans nous rappeler un autre album : « Julian est une sirène » de Jessica Love. Que ce soit dans l’un ou dans l’autre, le verrou des stéréotypes de genre saute avec beaucoup de tendresse. Cela ne pose de problèmes à aucun·e des personnages de voir un petit garçon avec des vêtements féminins.
L’univers graphique est également un régal pour les yeux. Le trait est tout en rondeur, accessible aux enfants, et très coloré. Le rose fluo est omniprésent au fil des pages : encore une autre manière pour l’auteur de fracasser les codes genrés de la littérature jeunesse.
Tout droit venue des Etats-Unis, "Beverly" est une oeuvre atypique. On y découvre le quotidien des habitants d'une banlieue aisée américaine. Les personnages défilent, se croisent, se connaissent ou pas et nous faisons preuve de voyeurisme en nous insinuant dans leur vie de tous les jours. De là réside la force de l'album : nous faire devenir le témoin de différentes existences qui en forme une seule et même entité, la banlieue, cette banlieue.
Les histoires se succèdent, rebondissent, de personnage en personnage et deviennent comme dans la vraie vie, des racontars. Nick Drnaso livre donc un récit cru sur les relations humaines, qui nous unissent et parfois nous séparent. Il utilise un dessin épuré tout en rondeur, comme du Botero. Les couleurs, utilisées en aplat, sont froides, comme pour rappeler notre rôle et nous exhorter à laisser de côté nos émotions, ne pas juger, être de simples témoins. - Michaël
Wilfrid Lupano, connu pour ses récits à destination des adultes, nous livre une « charmante » histoire sur le totalitarisme. Écrit pour la jeunesse, mais avec subtilité, il dépeint en quelques pages le grotesque de ces régimes despotiques. Aux pinceaux, Stéphane Fert est parfait. Son style, savant mélange de gouache et de peinture numérique (Photoshop), est tout simplement une merveille et colle parfaitement à la loufoquerie du récit. La collection Les enfants gâtés s’enrichit une nouvelle fois d’une belle pépite. - Michaël
Hamet habite à Bamako, c'est un enfant plus malin que les autres qui se révolte contre un entourage qu'il trouve souvent trop arbitraire. Sa famille, oncles, tantes, cousins... pensent tous et toutes avoir leur mot à dire sur son éducation, puisque son père, absent, travaille en France. Cette famille où les qu'en-dira-t-on tordent le cou à la vérité, pour faire de lui un vaurien… il finit par lui voler dans les plumes. Quant à l'école, les punitions et les châtiments corporels y pleuvent comme à Gravelotte, si bien qu'à la fin il lui prend l'envie de la déserter. Mais le jour où son père vient à l'apprendre, il décide de l'expédier dans la brousse chez sa grand-mère, renouer avec les bonnes manières de ses ancêtres.
Là commence l'immersion dans un nouveau monde qu'il faut comprendre et apprivoiser.
Un très beau roman initiatique qui nous permet de mieux appréhender la culture africaine. Avec Hamet nous découvrons les parfums du Mali et apprenons à décrypter les coutumes d'une société patriarcale parfois injuste où le quotidien n'est pas toujours simple. Au-delà de l'histoire de ce petit garçon attachant, ce livre offre une analyse pertinente de la situation en Afrique et permet de mieux comprendre certaines raisons de l'exode de la jeunesse africaine, souvent au péril de sa vie.
Enfin ce roman est aussi l'occasion de s'immerger dans une très belle langue, la nôtre, délicieusement métamorphosée par la plume de Diadé Dembélé. Des métaphores hautes en couleurs, une écriture rythmée, un voyage en soi ! Vive la francophonie !
Je vous conseille également le très beau roman de Yamen Manaï "Bel Abime" et son regard affûté sur la société tunisienne.
Benoît Cohen, réalisateur de films et de séries, vit depuis environ un an à New York. Afin de s’immerger totalement dans cette nouvelle culture et pourquoi pas aussi, en tirer un scénario, il décide de devenir chauffeur de taxi. Loin de se douter vers quelle destination le mènera cette aventure, il découvre un monde de rudesse, de stress, mais fait aussi des rencontres improbables, inspirantes…
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« Yellow Cab » est une bande dessinée adaptée du roman éponyme et de l’histoire vraie du réalisateur français Benoît Cohen qui s’est immergé pendant plus de trois mois dans le quotidien d’un chauffeur de taxi à New York. Le résultat est édifiant par le contraste qui existe entre la réalité et l’image « romantique » que l’on en a tous. Peut-être quelques belles histoires de temps en temps, mais non, le plus souvent, un milieu sans humanité où les seuls maîtres mots sont pour les uns, le profit et pour les autres, le mépris. Passionnant et instructif, le récit est une critique acerbe de notre société, mais aussi une approche des moyens de développer son imagination, sa créativité par le mode de l’immersion. Deux thématiques s’entrecroisent donc, se complètent pour restituer un témoignage unique.
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Christophe Chabouté adapte avec brio cette oeuvre. Il la met en scène, en vie par des illustrations en noir et blanc de toute beauté et aux cadrages vertigineux. Il y distille par sa réécriture différentes couleurs, tantôt mélancoliques, tantôt pleines d’espoir.
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« Yellow Cab » est une bande dessinée documentaire qui, grâce aux tableaux de Christophe Chabouté, nous fait voyager dans cette ville tant fantasmée. Bonne balade et n’oubliez pas le pourboire ! - Michaël
Conseils lecture
Simon, un jeune Anglais de 14 ans un peu rondouillard, est la tête de turc des gamins du quartier. Cela, il le cache à ses parents, de toute façon trop occupés par leurs incessantes disputes. Cette vie pas vraiment folichonne va vite devenir un grand n’importe quoi le jour où il remporte plus de 16 millions de livres en pariant sur une course hippique…
Si le script de départ à l’air assez classique, il n’en est pourtant rien. Ce récit, drame familial burlesque, est un régal de lecture. Les situations s’enchaînent à un rythme effréné et les dialogues ciselés fusent avec malice pour notre plus grand bonheur. Cette comédie dramatique est huilée comme il le faut, d’une fluidité et d’une limpidité d’orfèvre.
Cependant, ce qui fait la vraie originalité de ce titre, ce n’est pas son histoire, mais bien le traitement graphique choisi par son auteur. Oubliez le style franco-belge, japonais ou états-uniens, les aquarelles et autres lavis aux nuances infinies… Bienvenue à l’ère du « stylisé » ! Le récit est illustré d’un point de vue inhabituel : les scènes d’intérieur et d’extérieur nous sont rendues en mode aérien, où transitent des personnages réduits à un cercle de couleur, reliés par un trait à des zones de dialogues. Déroutant… peut-être un peu au début, mais le procédé fonctionne tellement bien que l’on se l’approprie rapidement.
Textes et illustrations sont étroitement liés, la mise en scène novatrice de Martin Panchaud est un tour de force bluffant !
« Le poids des héros » est un récit autobiographique dans lequel David Sala nous raconte son enfance dans les années 80, mais surtout sa réalisation de soi dans l’ombre des horribles récits racontés par ses grands-pères. Tous deux ont connu la dictature franquiste puis la Seconde guerre mondiale. Ils ont vécu et survécu à bien des cauchemars. Ils sont des survivants, mais pour les yeux d’un enfant, de véritables héros. Alors pour un jeune esprit, que penser de sa vie actuelle, si ce n’est qu’elle est bien facile, bien ordinaire comparée à celle de ces monstres sacrés. Ce trouble ne le quittera jamais, mais au lieu de l’enfermer, il puisera en lui pour créer, écrire, peindre une œuvre de mémoire, salutaire, afin de trouver au final sa place, son rôle : celui de conteur.
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Tendre et mélancolique, cette œuvre aux peintures magnifiques possède un vrai ton, différent, comme un appel, à ne pas oublier.
Après 3 ans d’absence, l’auteur du très remarqué « Saudade », nous revient avec un album d’une toute autre teneur. « Faille temporelle » est un recueil d’illustrations atypiques réalisées à l’origine pour un challenge personnel : faire 200 dessins en 200 jours. Ce défi, Fortu l’a brillamment relevé en y apportant une touche supplémentaire, distillant à chacune de ses toiles une âme unique, rendant le tout indépendant, mais pourtant indissociable. Grâce à ses scénettes, Fortu nous interpelle, nous interroge et nous questionne sur le monde et notre humanité. C’est par moment drôle, quelquefois offusquant, souvent absurde, mais toujours écrit avec subtilité et intelligence. Chaque illustration, d’un noir et blanc sobre et au trait photographique épuré, est un appel à la réflexion. « Faille temporelle » est album qui fait réfléchir et qui est présenté pour la première fois dans une médiathèque, votre Espace COOLturel. - Michaël
« Ça va pas la tête ou quoi ? » est un album jeunesse au ton très humoristique, écrit par un habitué du genre qui en devient, album après album, le spécialiste de « l'humour pour les petit·es ».
Seulement pour les enfants ? Bien sûr que non ! Il arrive toujours à surprendre ses lecteur·rices quel que soit leur âge. Ici encore, il parvient à nous amuser avec trois fois rien : des yeux, un nez, une bouche et des formes multiples.
Cela fonctionne à merveille jusqu’au final, une chute savamment orchestrée.
Cet album est drôle, coloré, rythmé… et surtout plein d’intelligence. À lire, relire et partager sans modération !
Iron Man (littéralement l'Homme de Fer) est un super-héros créé par Stan Lee et appartenant à l'univers Marvel. Depuis plus de 50 ans, Anthony Stark - son vrai nom - livre des combats titanesques pour que justice soit faite. A proprement parler, il n'a pas de super pouvoir, juste une intelligence hors norme qui lui sert à innover, à inventer tout et n'importe quoi, mais surtout des armes. Car avant d'être le héros adulé de tous, il n'était qu'un marchand de mort. Suite à de tragiques circonstances, il va prendre conscience de son don unique et le mettre au service du bien en créant Iron Man.
Iron Man : au commencement était le Mandarin nous présente la première rencontre entre notre héros et l'un de ses plus farouches adversaires : Le Mandarin. Un récit original sur fond de conquête du monde, dessiné différemment mais remarquablement. A découvrir. - Michaël
Lucia, Hortense, Max, Arsène et Joséphine viennent de recevoir une mystérieuse lettre de l’office de tourisme de Californie, les invitant à participer à une chasse au trésor. Ces cinq inconnu·es, venant d’univers différents, semblent cependant avoir un point commun, être à un tournant de leur vie.
Jim, un comédien en difficulté, a été sélectionné pour jouer le rôle du meneur de jeu.
Au cours de ce road-trip haletant, Les participant·es vont relever tous les défis, afin de trouver les indices menant au "Graal".
Des affinités se créent dans le groupe, mais très vite l'ambiance va se troubler, laissant place aux doutes et suspicions. Les masques tombent, révélant au fil des pages les secrets et failles de chacun·e.
Julien Sandrel nous entraîne dans une histoire pleine de rebondissements, explorant les relations humaines avec intensité.
Un roman tendre et touchant.
Monsieur Toutenordre est un passionné de ménage. Tous les jours, il range, nettoie et dépoussière sa maison de fond en comble. Après vient le tour de son jardin : il taille, ratisse, passe la piscine au chinois. Mais quelque chose le chiffonne : au fond de son jardin se trouve une forêt ou règne un bazar indescriptible ! M.Toutenordre s’attèle alors à la tâche…
Christopher Ellengard nous livre un conte écologique drôle et original. L’être humain veut parfois arranger la nature à son goût, pour son confort, mais toujours au détriment de l’équilibre fragile qui y règne et impacte tout l’écosystème !
Les illustrations au feutre sont colorées. Les formes géométriques de la maison attestent de la maniaquerie de M.Toutenordre : rien ne dépasse ! Dans la forêt, c’est une autre ambiance : des couleurs, des arbres touffus, Christopher Ellengard nous montre le cocon confortable de cette belle nature.
Avec humour, le message écologique est passé : laissons la nature comme elle est !
Nolwenn
Lamya Essemlali nous entraîne dans l'épopée de la « Sea Shepherd », une organisation qui ne recule devant aucun sacrifice pour défendre les océans et de la biodiversité.
À travers ce récit, c'est le portrait d'un homme hors du commun, Paul Watson, qui se dessine : un capitaine courageux, un visionnaire passionné, mais aussi un rebelle qui bouscule les consciences.
Un livre indispensable pour comprendre les enjeux de la préservation des océans et pour s'inspirer de ceux qui luttent pour un monde meilleur.
L'arrestation injustifiée de Paul Watson au Groenland témoigne de la violence des enjeux et de cette hypocrisie qui règne dans nos gouvernements.
Ce livre est un cri d'alarme qui nous rappelle que la lutte pour la préservation de notre planète est loin d'être terminée.
Quelque part en Afrique, dans un petit village, un enfant est enlevé par un démon : un Yéban. L’enfant doit l’aider à retrouver son chemin jusqu’à son chez lui : les enfers. Cependant ce voyage ne se fera pas sans difficultés ni sacrifices… Le pauvre Kana l’apprendra à ses dépens…
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Aurélien Ducoudray nous propose un récit inspiré de différentes légendes et traditions africaines. Ce subtil mélange est aussi surprenant que captivant. Nous suivons ce voyage, cette quête initiatique, sans ennui, tout en développant une certaine affection pour ce duo improbable. Nous effleurons certes la culture africaine, mais c’est déjà un premier pas vers des recherches plus approfondies sur les mythes racontés. Au-delà de cet aspect mystique, « Le repas des hyènes » est également un récit de type « quête initiatique » et chacun·e en tirera - ou pas - sa propre relecture.
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Les illustrations de Mélanie Allag portent parfaitement ce conte. Par ses planches, tantôt sombres, tantôt colorées, elle nous invite dans ce mystérieux continent à la richesse culturelle encore bien méconnue.
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« Le repas des hyènes » est une plongée en terre inconnue, un voyage vers des contrées lointaines ouvrant sur des univers insoupçonnés, à découvrir !
Bernard Lavilliers chantait à une époque « On the road again again... » et c’est littéralement le petit air qui nous trotte dans la tête juste après avoir lu ce reportage sur la France et ses habitants. Olivier Courtois, journaliste, a décidé un jour de tout plaquer et de partir pour l’inconnu en auto-stop sur les routes de France. Dans ce très bel album, riche de paysages et de rencontres aléatoires, il nous raconte son périple, nous parle de l’Homme et de cette formidable diversité qui fait la France. Triste, tendre, drôle et plein d’espoir, ce titre est un Road-movie documentaire qui saura parler à tous. - Michaël
Quand on a déjà navigué on sait qu'il y a quelque chose d'intime qui se joue sur l'océan, quelque chose d'intime et de vrai, sur la mer on est face à soi, sans faux semblant, on ne triche pas et on ne ment pas. Quand on a déjà navigué on sait que cette sincérité est le prix à payer pour que l’océan nous tolère. On sait que pour lui survivre il ne faut pas le contrarier. On sait que tout est fragile et sensible sur la mer, qu’on marche sur un fil, en équilibre sur la ligne d'horizon.
Tout cela l’héroïne du livre, commandante au long court, le sait. Elle sait que la routine est la condition sine qua none pour se maintenir en osmose avec les éléments. Elle le sait et pourtant elle va ouvrir une brèche dans l’ordinaire et basculer dans un univers parallèle, une parenthèse dont vous sortirez transformés.
Un livre plein de mystère, une écriture délicate et sensible qui vous berce comme le sac et le ressac de l’océan et vous emporte vers une destination inconnue. Un subtil mélange de suspense et de poésie, un roman indispensable.
Pour les amoureux·ses de l’océan et de sa petite musique, je vous conseille aussi « Novecento : pianiste » d’Alessandro Barrico, également disponible à la médiathèque.
« Chaque soir en allant au lit, Mia faisait la même demande : Papa raconte-moi la mer. »
Alors, son père laissait de côté ses tâches quotidiennes pour se lancer dans des récits parlant d’océans. Avec émotion et entrain, il lui faisait découvrir des aventures et des personnages, en mimant les scènes. L’enfant s’endormait la tête remplie de rêves merveilleux. Le papa de Mia travaillait dur pour faire vivre dignement sa famille, mais surtout pour pouvoir offrir une jolie surprise à Mia.
Jaime Gamboa nous emmène dans un voyage autour de la mer, ses profondeurs, ses marins… Elle évoque les souvenirs, la perte d’êtres chers, la transmission, une vie de labeur où chaque chose se mérite. Mais avant tout elle retranscrit la complicité et l’immense amour entre un père et sa fille.
Les illustrations façon peinture se marient parfaitement avec la poésie de l’histoire.
Un album sensible et touchant inspiré de la chanson « Llevarte al mar » de Guillermo Anderson.
Dans ce récit autobiographique, Aimée De Jongh nous raconte quatre histoires, quatre rencontres ayant pour point commun un chauffeur de taxi. Assise à l’arrière d’une voiture, elle nous fait parcourir le monde, de Paris à Los Angeles en passant par Washington ou encore Jakarta. Chacun de ces hommes délivre son histoire, tant bien que mal, à l’autrice pleine de vie et de gaieté. Des moments d’intimité rares ou se crée, au fil des conversations, un lien unique de confiance mutuelle.
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« Taxi ! » est un récit court, un huit clos empli d’humanité qui fait du bien ! - Michaël
A Paris, à la Belle Époque, on fête la victoire, la musique des orchestres remplace le son du canon. Pourtant, même avec une coupe de champagne, pour certains la pilule est dure à avaler. Le héros, un ancien combattant estropié au champ d’honneur, a du mal à tourner la page. Alors pour oublier ce que la guerre lui a fait subir, pour réparer ses injustices, il propose son aide aux familles d’anciens soldats dans la détresse.
Un matin de 1925 il est contacté par une riche héritière afin de retrouver son fils. Après quelques jours il découvre que le destin du jeune homme est intimement lié à celui d’une femme dont il est follement amoureux. Commence alors un merveilleux voyage à la recherche de ses amants disparus où l’on découvre peu à peu l’infini pureté de leurs sentiments.
La noblesse de leurs âmes comme une réponse à la brutalité de la guerre et à sa barbarie, avec tout au long du récit cette question suspendue : « l’amour et la poésie pourront-ils suffire à surmonter l’atrocité et l’absurdité des combats ? »
Une histoire d’une grande sensibilité, pleine de surprises et de rebondissements, une danse onirique menée tambour battant, au rythme des cœurs bouleversés, sous le tonnerre des bombes. "Roméo et Juliette" dans les tranchées, inspiré par Boris Vian et filmé par Tim Burton.
Voici une série jeunesse humoristique très réussie. Fabrice Parme nous raconte les histoires d’une petite fille riche, pleine d’énergie et de malice qui a tendance à s’ennuyer… Et de là, viennent les problèmes… Subtil mélange entre «Les petites filles modèles» et «Les petites Canailles», les récits d’Astrid Bromure sont drôles, pêchus et nerveux. Écrit avec finesse et élégance, chaque album est un récit complet et tient en haleine jusqu’au bout, car si l’humour est présent, il n’est que le vecteur d’histoires extraordinaires pleines de malice et de tendresse. Du très grand Parme, mais nous n’en attendions pas moins d’un très grand auteur/illustrateur. - Michaël
C’est l’été dans la grande maison familiale située en bord de mer. Edda et ses trois sœurs regardent la télé, vont se baigner, s’amusent pendant leurs vacances sous l’œil omniprésent du patriarche. Un maillot trop échancré lui déplaît, il faudra en racheter un autre. Les sœurs usent de stratagèmes habiles pour se soustraire à cette autorité, sous l’œil complice de leur mère. La belle harmonie familiale se fendille sous nos yeux lors d’un dîner : Edda annonce avoir passé et réussi le concours d’entrée à la haute école de médecine... ce qui ne rentre pas dans le plan élaboré par le grand-père. La guerre des générations est déclarée et l’émancipation des filles en marche. Dans cette BD, Lucie Quéméner dessine avec brio le portrait sur quatre générations d’une famille issue de l’immigration chinoise, certainement avec authenticité puisqu’elle-même est franco-chinoise. Pour autant, il s’agit bel et bien d’une fiction autour des notions d’héritage et d’émancipation. La kyrielle de personnages crée un univers dont les lignes se rejoignent très habilement et donnent à voir de multiples possibilités autour d’une même problématique. L’autrice a aussi eu l’excellente idée de développer l’histoire de chaque génération, moins pour expliquer des comportements que pour nous raconter des parcours de vies dont les multiples facettes échappent au premier regard, à la première lecture. Dans sa première bande dessinée, Lucie Quéméner nous offre un beau récit plein de force et de sagesse, qui met du baume au cœur. Espérons qu’elle récidive bientôt... - Aurélie