Conseils lecture
Ramirez est un employé modèle, consciencieux et méticuleux, qui ne passe pas son temps à bavarder. Normal, me direz-vous, puisqu’il est muet. Il n’empêche qu’il est celui sur qui on peut compter. Il est l’homme de toutes les situations dans l’entreprise dans laquelle il travaille. Sa vie bien trop rangée, bien trop pépère va être bouleversée le jour où il est pris en chasse par la mafia. Lui si normal, si banal ne serait pas celui que l’on croit, mais un homme très dangereux, un talentueux tueur à gage. Cette nouvelle série de Nicolas Petrimaux démarre sur les chapeaux de roues. Action et suspense cohabitent dans une œuvre aux forts accents hollywoodiens. Aucun temps mort ni répit ne nous sont accordés. Les situations s’enchaînent jusqu’au dénouement final qui réserve un cliffhanger de génie. Le récit est mis en scène par un dessin expressif et cadré efficacement pour une lecture en CinémaScope. On dévore cette histoire et on rit également beaucoup, tant les situations sont cocasses, mais également parce que l’auteur a saupoudré son récit de rencontres, de détails appartenant à des univers bien différents et le décalage fait mouche (« Papillon de lumière », cela vous parle ? ). 100% action pour 100% de plaisir :) - Michaël
Un jour, une petite fille attrape un arc-en-ciel et le met dans un bocal. Elle tente de l'apprivoiser, le nourrit, l'emmène partout ! Ils deviennent inséparables. Elle l'aime fort, mais l'arc-en-ciel est malheureux... Malgré toutes ses tentatives pour lui redonner le sourire, la petite fille réaliser qu'elle n'a pas le choix : il faut le libérer. Alors elle le laisse partir, pour retrouver le ciel, le soleil et les nuages.
Cet album aux douces illustrations interroge sur ce qu’est l’amour. Est-ce que c’est posséder ou alors accepter de ne pas enfermer l’autre ? L’histoire amène l’enfant et l’adulte à s’interroger progressivement sur cette thématique.
Avec un final et une dernière phrase ouvrant à la réflexion, cet album ne laisse pas indifférent une fois la dernière page tournée.
Les éditions Martin de Halleux, par un remarquable travail éditorial, font revivre l'oeuvre de Frans Masereel. Ce Belge, un peu oublié aujourd'hui, est l'un des pères du roman sans parole. A la fois peintre, dessinateur, graveur sur bois, il était aussi un artiste engagé, reconnu pour son humanisme et son combat de défense du peuple contre le capitalisme. Pacifiste convaincu, il diffusait ses valeurs grâce à ses livres dont les gravures racontent et dénoncent cette société de l'entre-deux-guerres. Ses livres, qu'il a souhaité accessibles à tous tant dans le fond que la forme, mais aussi par leur prix, ont fait de lui dans les années 1930, un des étendards de la lutte ouvrière allemande. Son oeuvre, aujourd'hui remise en lumière, accompagnée de dossiers explicatifs, éblouit encore par sa réalisation technique titanesque et par le combat de sa vie : la défense des oublié·es, des opprimé·es. Les éditions Martin de Halleux offre à cette œuvre un nouvel et bel écrin qu’il serait dommage d’ignorer. L’Espace COOLturel vous permet de lire les titres à la mode, mais a aussi le rôle de donner à des ouvrages plus intimes, la visibilité, la vitrine qu’ils méritent. C’est chose faite ! - Michaël
Le rêve d’Hino est d’être admis dans l’un des nombreux clubs de sport de son lycée. N’importe lequel, du moment qu’il est considéré par les autres et surtout les filles, comme un sportif. Car oui, c’est bien connu, les filles aiment et sortent avec les sportifs (!). C’est bien ce qu’Hino désire le plus au monde : avoir une petite amie. Le seul problème, c’est que notre énergumène n’est pas très sportif, un peu maladroit et quelque peu glandeur : il est très rapidement viré de toutes les activités auquel il participe. Sa rencontre accidentelle avec la belle Ayako va le contraindre à s’essayer à une discipline encore inconnue pour lui : le rugby... "Full Drum" est un manga de type shônen, plus particulièrement destiné aux jeunes garçons, selon la nomenclature japonaise, mais n’ayez crainte il peut être lu par tous les publics ! De construction plutôt classique, le récit est dynamique et humoristique. Nous suivons Hino dans sa quête d’amour maladroite, mais ô combien jouissive. Notre personnage est animé d’un bel idéal, car ici rien de graveleux, simplement de nobles sentiments. Véritable comédie sentimentale, le récit laisse tout de même une place importante à l’action et au sport, en particulier au rugby qui devient le sujet principal de l’œuvre. Petit à petit, nous découvrons ce sport et nous familiarisons, sans que cela soit trop technique, au vocabulaire de la discipline. "Full Drum" est sans prétention, il parvient à nous faire passer un agréable moment de lecture grâce à son personnage attachant. On y y trouve un peu de tous les ingrédients pour séduire un large public et cerise sur le gâteau, ce manga sur le sport est, faut-il le signaler, complet en 5 volumes et traite d’un sport peu exploité en bande dessinée. Pour les amoureux de l’ovalie et bien plus encore. - Michaël
C’est l’histoire d’un homme et d’une femme. Tous deux connaissent des troubles de la personnalité et sont de ce fait de tristes marginaux. Le destin va les réunir, leur redonner goût à la vie, mais d’une façon bien déroutante... Étrange et originale, « Les petites distances » est une comédie romantique teintée d’un brin de fantastique. Nous suivons les personnages dans leur quotidien jusqu’au moment où l’inexplicable surgit. Et de là, l’histoire se démarque et nous entraîne dans un monde sans logique, mais captivant. L’illustratrice Camille Benyamina traite le sujet avec finesse et délicatesse. Grâce à l’aquarelle, elle déploie des tons doux et légers, voir transparents... Un très beau titre à lire le soir pour faire de doux rêves. - Michaël
Dans la clairière d'un bois, une souris rencontre un écureuil : « Je fais les plus belles crottes du monde ! » lui dit-elle. Et pour prouver ses dires, elle dépose une petite crotte sur un brin d'herbe. L'écureuil n'est pas de cet avis : c'est lui qui fait les plus belles crottes du monde. C'est alors que la belette, le putois, le renard, le loup, et même le cerf se mêlent à ce concours de la plus belle crotte ! Soudain, l'épervier fend les airs : « Le chasseur arrive ! » Mais ce dernier met sans faire exprès le pied dans la crotte de souris, glisse, tombe le genou dans la crotte de renard, et ainsi de suite... finalement, c'est bien lui la plus belle crotte du monde ! Ce bel album à la couverture brillante de Marie Pavlenko et Camille Garoche trouve son originalité dans le thème abordé. En effet, le concours de crotte est l'occasion de montrer une typologie des crottes des animaux : les descriptions, sans tomber dans l'extrême, sont détaillées et pédagogiques. Marie Pavlenko, sous couvert d'humour et d'un sujet qui peut prêter à sourire, voit là l'occasion de passer un message pour la défense de la cause animale.
Camille Garoche nous propose des illustrations colorées et documentées que ce soit sur la forme des différentes crottes, ou sur les animaux qui les produisent. La forêt qui prend forme sous son pinceau est accueillante, remplie de biodiversité, et tranche avec les pages dédiées au chasseur, colorées du rouge de la violence. Un album léger et didactique sur un sujet ô combien important pour les jeunes enfants, et qui ravira également les parents par sa chute et son message écologique. - Nolwenn
Lire "Tolstoï" est toujours un vrai régal, un pur plaisir. Cette star de la littérature russe du 19ème siècle , a su comme personne décrire les affres de la nature humaine, de la condition humaine. Ici dans ce conte écrit en 1886, il nous décrit la vie dans les campagnes russes de l'époque et met en avant la cupidité des hommes. Un vrai plaisir ! mais je ne vais pas vous mentir plus longtemps : c'est la première fois que je lis du " Lev Nikolaïevitch Tolstoï" plus communément appelé "Léon Tolstoï" et cela a été une vrai belle surprise. Alors oui, il ne s'agit que d'une adaptation en bande dessinée : "SACRILÈGE" ! Eh bien je l'assume et la défends car j'ai découvert l'univers d'un auteur : Martin Veyron signe un album remarquable, haut en couleurs et qui, je suis sûr, fait honneur au texte d'origine. La littérature de bande dessinée prouve une nouvelle fois sa force médiatrice et nous permet de découvrir des textes romanesques. Ainsi elle nous ouvre d'autres horizons... - Michaël
Neil Gaiman, auteur anglais de romans fantastiques à succès, a développé dans les années 1990 une série de comics baptisée "Sandman". Cette saga, aujourd'hui devenue culte, est considérée comme l'une des œuvres majeures de la bande dessinée mondiale. Pour faire simple, « Sandman » est un subtil mélange de fantastique, de métaphysique, de philosophie, de science, de mythologie et de plein d’autres choses encore… le juste équilibre qui en fait un chef-d’œuvre onirique.
"Sandman : ouverture" s’adresse aux non-initiés, il est une porte d'entrée, un sas donnant accès à cet univers riche et foisonnant. La construction du récit est complexe, mais réfléchie et maitrisée. Les illustrations de J.H. Williams III s’adaptent parfaitement aux contraintes du découpage et à l'atmosphère étrange du récit grâce à une utilisation de différentes techniques graphiques.
N’oublions pas non plus, Dave McKean, qui officie ici en tant qu’illustrateur de couvertures et une fois encore, il nous éblouit par son génie.
"Sandman : ouverture" est une œuvre ambitieuse qui se lit d'une traite et vous questionne, vous interpelle sur l'origine des choses. Alors, n'ayez pas peur, venez rencontrer le marchand de sable…
Llewellyn est un collectionneur : il entrepose toutes sortes de choses dans des jarres, tels des plumes ou des cailloux. Lorsqu’il rencontre Evelyn, ils se mettent à collectionner des choses extraordinaires, comme un arc-en-ciel ou encore le son de l’océan... Les jarres leur permettent alors de se souvenir de ces moments précieux passés ensemble. Jusqu’à ce qu’Evelyn déménage. Comment les deux amis vont-ils réussir à continuer leur collection magique si loin l’un de l’autre ?
A travers cet album poétique, l’autrice nous invite à redécouvrir la beauté de ce qui nous entoure au quotidien. A picorer des sensations, des sons, des paysages…pour le plaisir des yeux et du cœur.
Et vous, quel trésor mettriez-vous en bocal ?
Depuis 118 ans, un fantôme hante un immeuble parisien. C’est un travail à plein temps, d’être l’esprit frappeur de ce beau bâtiment. Il en a vu défiler, des choses étranges, émouvantes, des scènes de ménage, des cambriolages, des baisers passionnés, des ascenseurs coincés ! Rien ne changera jamais dans sa vie d’esprit. Jusqu’à… ce que quelqu’un d’autre meure et vienne s’installer dans l’immeuble ! C’est une jeune fille d’aujourd’hui, les cheveux pleins de soleil, qui dit hello aux résidents et fais des tope-là aux bébés. Notre fantôme tombe alors amoureux… mais lui, vieux de 118 ans, comment pourrait-il lui plaire ? Quelle belle histoire que ce fantôme parisien qui tombe amoureux ! Clémentine Beauvais et Gerald Guerlais nous offrent un magnifique tour de force : aborder le thème des fantômes avec légèreté, poésie, et joie. Le texte, facétieux, ne tarit pas de jeux de mots bien sentis autour de la mort et retranscrit avec force les émotions de notre héros bien maladroit. L’illustration, sublime, rend grâce à la beauté des toits haussmanniens et nous fait voyager tout droit vers Paris. Sous les crayons de Gérald Guerlais, les personnages tourbillonnent, virevoltent, se cherchent et se découvrent. "Les esprits de l’escalier" est un conte romantique plein d’amour, de tendresse, un moment de poésie suspendu.
Qui est Dara, cette belle inconnue qui fréquente assidûment le « BOOK bar » ? Seuls indices, son nom d’artiste et les planches de BD qu’elle écrit et dessine chaque mois pour le magazine « Fluide Glacial ». Pour en savoir un peu plus, Manon et Joshua, les gérant·es du bar, décortiquent et analysent chaque nouveau numéro et se partagent leurs extrapolations sur la personnalité de Dara.
Récit complet en un volume, « Dans la tête de l’inconnue du bar » est une bande dessinée humoristique de style feelgood, si l’on ne tient pas compte des récits « gores » de Dara. Car l’originalité de ce titre est que nous lisons une BD dans la BD, nous suivons à la fois les aventures de nos tenancier·es curieux·ses et celle d’une multitude de personnages issu·es de l’imagination fertile de Dara. Cette imagination va nourrir et alimenter les débats, un jeu du savoir sans savoir en quelque sorte.
Jonathan Munoz propose donc un concept assez jouissif, se moquant tendrement de tous·tes ces penseur·euses qui pour exister se doivent de toujours analyser, chercher un sens caché aux choses, encore plus en matière d’arts alors que la création n’est souvent qu’une inspiration du moment... et c’est déjà beaucoup.
« Dans la tête de l’inconnue du bar » est une bande dessinée pleine de charme et d’humour, mais aussi une belle histoire d’amour.
Agnès est danseuse. Ce soir, elle s’est produite sur scène pour la dernière représentation de sa compagnie atypique. Demain, c'est décidé, elle part pour un long périple, avec seul bagage un sac à dos, une grande écharpe qui lui servira de plaid et un livre.
Elle aurait pu prendre l’avion et être sur place en 2 heures, mais non. Elle préfère le train et le bus. Un voyage lent pour s’attarder sur les paysages, les lieux et faire remonter ses souvenirs.
Gaëlle Josse nous entraine dans deux histoires parallèles. Celle d’Agnès à travers les 1000 km de son parcours entre Paris et Zagreb, entrecoupée par les mots de Julien Lancelle, l’auteur du livre qui l’accompagne.
J’ai beaucoup aimé la succession des chapitres qui croise les deux récits. La part belle à la littérature, qui peut être un exutoire. J’ai été autant émue par l’amour de Julien pour sa fille Emma, que part celui d’Agnès pour son conjoint Guillaume.
Pour l’anecdote, « Quelques Eden » de Julien Lancelle, n’existe pas. Par contre, « Le musée des relations rompues, brisées de Zagreb est bien réel. On ne peut s’empêcher d’aller vérifier.
C’est tout l’art de savoir mêler fiction et réalité.
Tout en douceur, poésie et tendresse, ce roman est une quête vers l’apaisement après le deuil ou les épreuves de la vie.
Conseils lecture
Od est une petite fille qui vit avec sa tribu nomade dans la Taïga. Ils sont les derniers pasteurs de rennes. Cet hiver est encore plus glacial que les autres et Naran, le petit frère d'Od, tombe gravement malade. Le chaman est formel : seul l'astragale, une fleur qui pousse au sommet de la plus grande montagne, le sauvera. Od et son ami renne s'en vont alors à la recherche de ce remède. Ils se voient entraînés dans une aventure pleine de dangers mais aussi de rencontres. Le voyage d'Od est un bel hommage à la montagne sauvage, souvent dangereuse, et aux animaux qui l'habitent. C'est aussi l'occasion de découvrir un peuple peu connu habitant le nord de la Mongolie : les Doukha. Le respect de la nature, les réflexions détachées et posées de la fillette en font presque un conte philosophique. Les illustrations tantôt sombres, tantôt colorées se mettent au diapason du récit qui alterne entre les sentiments de peur et la solidarité dont fait preuve Od vis-à-vis de ces animaux. Ce récit chamanique, presque onirique, nous entraîne dans une aventure poétique, rythmée, et porteuse d'un beau message sur la richesse de la nature et de ses habitants.
"La Petite Bonne" est au service de plusieurs familles bourgeoises en région parisienne, notamment celle des Daniel, un couple atypique. Blaise, ancien pianiste, est une gueule cassée, invalide et mutilé de la Première Guerre mondiale. Son épouse, Alexandrine, lui consacre tout son temps avec une dévotion sans faille.
Sur l’insistance de son mari, Alexandrine décide de s’accorder une escapade à la campagne et confie Blaise aux soins de "La Petite Bonne" pour trois jours. Livrée à elle-même avec le maître des lieux, la jeune domestique va devoir s’improviser aide-soignante. Peu à peu, à mesure que les confidences se nouent, les apparences se fissurent et les rôles s’inversent.
La mise en page singulière, alternant narration, vers libres et prose, donne une voix unique aux trois protagonistes. Avec une grande sensibilité, Bérénice Pichat aborde des thèmes profonds tels que la souffrance, la mort et le fossé entre les classes sociales.
Ce huis clos haletant et bouleversant nous happe dès les premières pages. L’autrice permet à ses personnages d’exprimer leurs pensées les plus secrètes, les plus inavouables. J’ai été particulièrement touché·e par le face-à-face poignant entre ces deux êtres cabossés par la vie, que tout semblait opposer.
"La Petite Bonne" est un roman intimiste et original, tant dans sa forme que dans son propos, mêlant suspense, tension, rebondissements et émotion, jusqu’à une fin totalement inattendue.
En pleine Seconde Guerre mondiale, Jérôme est porté déserteur par l’armée canadienne. Le jeune homme se cache en fait chez son grand-père, au milieu de la forêt. Le vieil homme bourru et cette maison au passé inquiétant vont transformer notre héros et peut-être l’emmener vers l’âge adulte. Petite perle québécoise, l’album « Jours d’attente » possède de nombreux atouts pour être l’un des titres phares de 2019. Le scénario est irréprochable, oscillant entre présent et passé, mélangeant plusieurs vies, plusieurs histoires sans nous perdre une seule minute. Un brin mélancolique, le récit nous plonge dans les affres de la Seconde Guerre mondiale, certes l’action se situe loin du champ de bataille, mais le spectre du conflit est omniprésent. La trame ne s’arrête pas là, un travail d’écriture important a été réalisé sur la psychologie des personnages. Les notions de culpabilité, de deuil, de liberté et de solitude sont abordées simplement et s’imbriquent parfaitement pour rendre l’histoire passionnante de bout en bout. L’illustrateur Simon Leclerc n’est pas en reste puisqu’il réalise une copie graphique irréprochable. Il combine à merveille un trait à l’encre noir plus ou moins fin, rehaussé par une mise en couleur originale, dont les essences d’ocre influent sur l’ambiance mélancolique de ce roman graphique. Il utilise également différentes brosses afin de donner du volume, du relief à ses magnifiques peintures numériques. Une première œuvre réussie pour ce duo d’artistes, qui espérons-le, continuera à nous éblouir. - Michaël
Au bord d’un étang vivent deux lapins peintres : lapin peintre jour et lapin peintre nuit. Leur travail consiste à peindre le reflet du ciel sur l’étang. Lapin peintre jour aime peindre les changements de lumière avant un orage, l’arbre qui se penche, le vol d’un oiseau. Lapin peintre nuit aime peindre le noir de la nuit qui chaque soir est différent. Un matin, une pie mécanique vient se percher dans l’arbre et amène avec elle un gros nuage noir. Au bout de plusieurs jours, les lapins peintres décident de monter sur leur étrange machine afin de découvrir l’origine de ce gros nuage. Ils s’engagent alors dans un voyage extraordinaire…
Ce livre nous offre un univers onirique, foisonnant. Il nous parle de la beauté de l’art, de l’étrangeté des machines, du récit qui s’emmêle les pinceaux. Il nous fait voyager dans un monde où l’abstrait et le réel rentrent en collision, à la manière « d’Alice aux pays des merveilles ». Par son côté steampunk, le sens du récit résiste un peu à la lecture. Y’a-t-il un message caché sur le danger des machines, la pollution ? Libre à chacun de se faire une idée.
Les textes de Simon Priem sont empreints d’une poésie grave et subtile. Le texte est loin d’être explicite et amènera sans aucun doute de nombreuses questions.
Stéphane Poulin, à qui l’on doit le non moins extraordinaire album « Les mûres », nous entraîne dans un univers doux et apaisant. La maitrise de sa technique de peinture à l’huile nous offre des illustrations époustouflantes. L’équilibre des couleurs, la justesse des détails suscitent beaucoup d’émotions.
« Les lapins peintres » est un album incroyable sur les pouvoirs de l’imaginaire et de la peinture.
Un album comme j’en vois passer quelques fois, peu souvent, qui restera gravé dans ma mémoire pour longtemps.
Oliver Marks sort de prison après avoir purgé sa peine… pour le meurtre d'un de ses meilleurs amis, au conservatoire où ils étudiaient le théâtre. Le jour même de sa libération, il est confronté au policier qui l’a fait condamner dix ans plus tôt. Désormais à la veille de sa retraite, ce dernier souhaite connaître la vérité.
Oliver se lance dans un récit où tous ses amis jouent un rôle, le même que sur scène : le héros, le méchant, la femme fatale… Jusqu'à ce que ces rôles s'inversent, et qu'un drame survienne. Oliver en est-il réellement coupable ? Si oui, qu'est-ce qui a poussé cet éternel personnage secondaire à un acte aussi grave ?
Dans ce roman glaçant et tragique, M.L. Rio dresse un portrait bien sombre du milieu académique, et explore l'amitié qui lie les personnages dans ses moindres détails. Attachement profond ou haine viscérale, il est impossible de rester indifférent face aux personnages : on vit et ressent tout à travers le personnage d'Oliver.
C'est un roman clivant par sa construction : théâtrale, en actes et en scènes, aux dialogues truffés de références à Shakespeare. Mais c'est surtout un récit tragique, prenant, où l'autrice nous entraîne dans une spirale dramatique fascinante jusqu’à la toute dernière page, où la vérité se dévoile enfin.
A la lecture de ce manga on ne peut s’empêcher de penser au film d'Harold Ramis, Un jour sans fin, où le héros incarné par Bill Muray ne cesse de vivre la même journée... Mais voilà, ici point d'humour, mais la guerre dans toute son horreur. Notre jeune héros revit inexorablement sa mort, jusqu'au moment où il comprend qu'il peut influer sur le destin et sur, on l'espère, le résultat de cette guerre contre les envahisseurs extraterrestres. L'histoire devient captivante et on suit le jeune Keiji dans ces boucles temporelles, si bien amenées qu'elles ne nous perdent aucunement. De là, nous nous prêtons au jeu et nous revivons ces innombrables journées à la recherche de solutions afin d'aider notre champion. Un manga de science-fiction en seulement deux volumes, ce qui est assez rare pour le signaler, et dont le scénario riche et dense a été adapté au cinéma sous le nom de Edge of Tomorrow. Que les spectateurs du film se rassurent : ils peuvent lire cette BD sans sentiment de redite : les scenarii diffèrent suffisamment pour que cette lecture s'impose. - Michaël
A Paris, à la Belle Époque, on fête la victoire, la musique des orchestres remplace le son du canon. Pourtant, même avec une coupe de champagne, pour certains la pilule est dure à avaler. Le héros, un ancien combattant estropié au champ d’honneur, a du mal à tourner la page. Alors pour oublier ce que la guerre lui a fait subir, pour réparer ses injustices, il propose son aide aux familles d’anciens soldats dans la détresse.
Un matin de 1925 il est contacté par une riche héritière afin de retrouver son fils. Après quelques jours il découvre que le destin du jeune homme est intimement lié à celui d’une femme dont il est follement amoureux. Commence alors un merveilleux voyage à la recherche de ses amants disparus où l’on découvre peu à peu l’infini pureté de leurs sentiments.
La noblesse de leurs âmes comme une réponse à la brutalité de la guerre et à sa barbarie, avec tout au long du récit cette question suspendue : « l’amour et la poésie pourront-ils suffire à surmonter l’atrocité et l’absurdité des combats ? »
Une histoire d’une grande sensibilité, pleine de surprises et de rebondissements, une danse onirique menée tambour battant, au rythme des cœurs bouleversés, sous le tonnerre des bombes. "Roméo et Juliette" dans les tranchées, inspiré par Boris Vian et filmé par Tim Burton.
Le Prince héritier Sébastian de Belgique a un secret. Loin de l’image, du protocole que lui impose son titre, il est passionné de mode et aime à se travestir. Lors d’une soirée mondaine, il remarque le travail de Francès, jeune roturière couturière, qui sera désormais à son service. Tous deux, ils créeront le personnage énigmatique de Lady Crystallia, icône de la beauté et de l’élégance. Un tel secret peut-il rester caché de tous ? Surtout lorsque les sentiments s’en mêlent... Ouahhh que c’est bon, que c’est bien et à tout point de vue ! L’idée est originale, bien développée et nous réserve une fin imprévisible, mais de toute beauté. Ce titre est une merveille de bonté, de bienveillance. Il ravira les enfants, mais également les adultes, tant les messages qu’il véhicule sont positifs. Les personnages sont expressifs et attachants grâce au style coloré et clair de Jen Wang. Pour conclure « Le Prince et la couturière » est une œuvre tendre et audacieuse qui détourne avec brio les codes des contes d’antan. - Michaël
Alice et Alex se rencontrent chez leur couturier alors qu’ils passent tous deux commande pour des vêtements d’été. Leurs regards se croisent, ils se sourient, et c’est le coup de foudre… « Revenez la semaine prochaine, à la même heure », dit le couturier. La semaine qui va passer va être, pour Alice et Alex, la plus longue de leur vie… Alice et Alex est de ces albums qui reste danser devant nos yeux bien après l’avoir refermé. Nous pourrions le relire 10 fois que nous n’aurions toujours pas tout exploré, tout découvert. Tout dans cet album est une invitation au voyage, à la poésie, à la rêverie : la beauté des illustrations, que ce soit dans la maîtrise du trait empreint de poésie ou dans la palette de couleurs utilisées, l’architecture dans laquelle les personnages évoluent et qui nous rappelle les plus beaux palais d’Orient... L’ambiance art déco et l’omniprésence végétale nous font tout de suite penser à des paysages lointains et merveilleux. Les costumes magnifiques d'Alice et Alex méritent à eux seuls une lecture attentive : ils sont si bien réalisés qu’on peut presque sentir la texture des étoffes à travers les pages. Nos deux élégants se sont bien trouvés : ils apprécient tous deux l’esthétique et la beauté des choses du monde. Les doubles pages se font face : celle de gauche pour Alice, celle de droite pour Alex. Et dans ce jeu de miroir, un doute s’immisce en eux : et si leur amour n’était pas réciproque ? Le texte utilise des phrases courtes, dont le rythme n’est pas sans rappeler le cœur qui s’emballe lorsque l’on voit un être aimé : comme un coup de foudre qui prendrait sa source dans un paradis rétro et luxuriant. Coup de cœur assuré pour ce magnifique album, aux illustrations et aux textes si poétiques, et qui nous parle d’un beau sentiment universel : l’amour ! - Nolwenn
Juin 1940, Pacôme Hégésippe Adélard Ladislas, comte de Champignac, coule des jours heureux dans sa petite commune de Belgique jusqu’au jour où il reçoit un bien étrange message crypté. Il est invité à rejoindre au plus vite l’Angleterre pour y apporter toute son aide de scientifique et d’inventeur. Sans en savoir plus, il quitte son beau pays pour cette mystérieuse mission. Arrivé, non sans encombre, à destination, sa tâche lui est enfin dévoilée : aider Allan Turing à percer les secrets de Énigma, machine dont se sert l’Allemagne afin de crypter ses messages et réputée inviolable… Et si la fiction était le meilleur support pour enseigner l’Histoire ? Et si dans l’Histoire, on y ajoutait un peu de notre patrimoine bédéique ? On obtiendrait sûrement une œuvre intéressante, riche et captivante. Une œuvre multigénérationnelle s’adressant ainsi à un large public et inculquant avec douceur différents savoirs. Voici ce que nous propose « Champignac », les auteurs nous racontent, en utilisant un personnage récurrent de l’univers de Spirou, des événements encore trop peu connus du grand public. Ils nous relatent, de façon simple et précise, comment Allan Turing, a réussi à percer les secrets de la machine allemande Énigma, comment grâce à ce génie, la coalition a pu sauver des milliers de vie et remporter la victoire finale. Une belle leçon d’Histoire servie par des illustrations au style franco-belge classique, proche par moment du travail de caricaturiste. Un récit captivant et éducatif, mettant en valeur le génie humain et à mettre entre toutes les mains. - Michaël
Vous êtes-vous déjà senti étranger dans votre propre pays ?
Ce livre raconte les histoires de celles et ceux qui ont dû faire face au racisme et à la discrimination en France.
"La France, tu l'aimes mais tu la quittes" : est un livre miroir tendu à notre société qui, à travers de bouleversants témoignages, interroge nos valeurs, nos aspirations et notre rapport à l'identité.
Un document poignant qui ne vous laissera pas indifférent.
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Lila a toujours souffert d’un certain mal-être. Sa souffrance s’est accentuée à l’adolescence, elle, ou plutôt il, veut être lui-même, le vrai, pas celle dont le nom est inscrit à l’état civil. Lila souffre de dysphonie de genre, elle a le corps d’une femme, mais est homme au plus profond de son être. Comment faire accepter cela à ces proches, sa famille, ses amis ? Comment vivre dans ce corps qui vous dégoûte ? Comment lutter contre les préjugés, la méconnaissance ? Lila devient Nathan et entame un dur combat qui le mènera à vivre des moments douloureux, mais au final, à une libération... « Appelez-moi Nathan » est un titre à part, à classer parmi les œuvres documentaires. Le récit, mené par Catherine Castro, grand reporter pour « Marie-Claire », est clair, précis et vulgarisateur. Oui le sujet, assez rare en littérature, peut être difficile à appréhender, mais ici nos esprits s’éveillent à ce mal-être et le récit nous permet de comprendre une histoire qui peut, n’ayons pas peur des mots, nous dépasser. Si cette bande dessinée est aussi précise dans son propos, c’est que l’auteur a construit sa trame narrative à partir du témoignage du héros, bien réel, de cette histoire. Tous est vrai ici et on le ressent : les émotions, les insultes, la perte de repères, pour Nathan comme pour ses proches. Nous sommes totalement immergés dans ce combat pour l’acceptation. Les illustrations de Quentin Zuttion servent à merveille ce reportage par un trait fin et délicat accessible à tous et par une mise en couleur façon aquarelle. Ce titre est une œuvre salutaire pour ouvrir les esprits et parler librement, sans tabou, de transsexualité. A recommander. - Michaël
C’est l’heure du grand ménage d’automne pour papa et maman ours. Les enfants, Pompon ours et Tout Petit ours sont priés d’aller jouer dehors. Pour occuper son petit frère, Pompon ours veut organiser une fête de l’hibernation, mais cela nécessite du matériel : une table, une belle nappe, des verres, et surtout « s’appliquer ! ». Cependant, Tout Petit ours, lui, est déjà en train de préparer sa première bêtise… et se catapulte à l’autre bout de la forêt en laissant des traces de peintures partout derrière lui ! Pompon ours, agacé et inquiet, se lance à sa recherche. Sur le chemin, ce dernier va faire la rencontre d'étranges ours... Pompon ours est un personnage récurent de Benjamin Chaud. Chaque histoire est prétexte à se transformer en un cherche-et-trouve dont les illustrations fourmillent de délicieux détails à scruter. On y retrouve de nombreuses références à divers contes, comme Raiponce ou Blanche-neige, des paléontologues qui déterrent des os de dinosaures, ou même Tintin et Milou. D ’où viennent ces ours blancs à la dérive ? De la banquise qui fond, bien sûr ! Ils ne sont pas de la même couleur que Pompon ours et son petit frère, mais se ressemblent quand même beaucoup. En filigrane, l’auteur aborde plusieurs sujets importants : l’écologie, la relation entre frères, ou encore le thème de l’immigration. Voici un album qui occupera les enfants (et les parents) à observer les illustrations, foisonnantes de détails, des heures durant !
Petit voyou notoire, il n’est pas bien méchant, mais toujours à tremper dans différentes magouilles. Ce qui le motive, c’est faire plaisir à sa bourgeoise qui sait se montrer très aimante lorsqu’elle est pleine d’oseille. Alors, lorsqu’un plan simple se présente à lui, il ne se pose pas beaucoup de questions et fonce tête baissée. Hélas, cette fois-ci il aurait du y réfléchir à deux fois avant de pousser cette porte qui va l’entraîner dans une aventure diabolique... Difficile de vous parler de cette œuvre sans en dévoiler trop, je resterai donc assez évasif dans le contenu du récit. Sachez simplement qu’il s’agit d’une adaptation du roman de Franz Bartelt « Le jardin du Bossu » et qu’il résonne tel un film de Georges Lautner aux dialogues de Michel Audiard. L’histoire est originale et parfaitement menée, le suspense va crescendo jusqu’à un final terriblement efficace. Les illustrations et l’utilisation du noir et blanc ajoutent à l’atmosphère de cet album, lui donnant un petit côté rétro non dénué de charme. Les dialogues aux répliques affutées sont un délice de lecture. « La cage aux cons » est un huis clos captivant et envoûtant, un très beau titre pour commencer cette nouvelle année. - Michaël
Réchauffement climatique,révolution numérique,intelligence artificielle,et immortalité. L'auteur, tout en jouant avec les codes du roman d'anticipation, nous met en garde contre une socité du tout numérique et de profit au dépens de l'humain. Le récit n'est qu'un prétexte pour endre compte de l'avancée du pouvoir des GAFA. A lire de toute urgence. - Catherine
Halfdan Pisket est fils d’immigré. S’il vit aujourd’hui au Danemark et réalise des bandes dessinées sans craindre la censure et/ou la prison, c’est en grande partie grâce à son père. Turc-arménien ou Arméno-turc, son père a quitté il y a longtemps son village natal situé dans la zone frontalière instable entre la Turquie et l’Arménie. A une époque, toutes les religions et coutumes y cohabitaient en paix. Depuis le génocide arménien, un climat de défiance et d’instabilité s’est installé. Des évènements dramatiques se sont enchaînés et ont rendu son père amer et haineux. Cette situation l’a poussé à partir vers d’autres cieux où de meilleurs lendemains lui semblaient promis, mais ailleurs et exilé, sera-t-il mieux considéré ? Élaborée à partir d’interviews du père de l’auteur et d’anecdotes de sa vie dans les années 60-70, cette histoire difficile dépeint le quotidien d’un homme déchiré par la guerre et l’occupation d’une part et ses convictions et sa soif de liberté d’autre part. Avec ce témoignage, il dénonce les maltraitances subies par les minorités et l’accueil difficile réservé aux peuples déracinés. Un témoignage choc et prenant, appuyé par un dessin expressif au noir profond. Récit complet en 3 volumes. - Michaël