Conseils lecture
Ecoline est une chienne de ferme issue d’une digne lignée de gardien. Alors, lorsque celle-ci n’arrive pas à protéger le foyer de ses maîtres d’un cambriolage, son père la répudie. Loin d’être abattue, elle voit dans cet exil forcé l’opportunité d’enfin réaliser son rêve : peindre…
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Derrière cette charmante fiction animalière se cache, en réalité, une belle leçon de vie. Un espoir pour les doux·ces rêveur·euses, mais aussi pour celles et ceux qui ont pris, parfois ou souvent, des chemins contraires. Cette oeuvre parle de bonheur, de plénitude, via la réalisation de soi en vivant ses rêves. Elle y parvient parfaitement sans en peindre pour autant, un tableau idyllique, car quelle que soit la route que l’on prend, il y aura toujours des embûches. Alors du courage, oui, il en faut en soi pour changer de vie, et aussi le soutien d’autres personnes qui nous encouragent également, à être heureux·se différemment. Ce message est mis en image par de très belles peintures numériques inspirées par les artistes de la fin du 19e siècle.
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« Ecoline » est une bande dessinée qui a du chien, adaptée aux enfants comme aux adultes, elle devrait rapidement trouver sa place dans vos doux foyers.
Ce matin Pablo l’éléphanteau est triste, il ne se trouve pas beau et voudrait changer de couleur, en finir avec le gris. Il profite d’une balade dans la savane avec son ami l’oiseau, pour lui demander son avis concernant le pelage qui lui irait le mieux. Sur chaque double page, nous découvrons la nouvelle envie de Pablo (girafe, serpent, vache…) accompagnée de la réaction de son compagnon. Le fil de l’histoire est très simple à suivre et crée l’impatience de voir la prochaine transformation. Les illustrations sont colorées et dynamiques. Ce duo improbable apporte une véritable bonne humeur.
Cet album plein de tendresse est très touchant et drôle. Il nous rappelle, au travers des personnages, nos inquiétudes et questionnements vis-à-vis du paraître et de la quête d’identité. Serions-nous plus belle·aux, plus apprécié·es sous une autre apparence ? Ces pensées concernent aussi la vie des enfants.
L’amitié est également bien présente entre les deux héros. Le petit oiseau n’hésite pas à donner son avis à Pablo avec sincérité quitte à parfois le vexer.
Finalement, le plus important est d’être entouré·e par l’amour de ces proches, quels que soient nos choix.
Perché au sommet d’une montagne, le hameau de Jakobsleiter abrite une communauté recluse, en harmonie avec la nature et les loups. C’est dans ce décor sauvage que Rebekka grandit, tout en rêvant de s’enfuir. Un jour, elle disparaît mystérieusement.
En contrebas, dans la vallée isolée, encerclée de forêts et de montagnes, les disparitions de femmes se succèdent, étrangement ignorées. Smilla, jeune stagiaire dans le journal local, n’a jamais surmonté la perte de sa meilleure amie, disparue dix ans plus tôt. Intimement convaincue que tout est lié, elle décide de mener l’enquête.
Avec Les enfants loups, Vera Buck nous entraîne dans une atmosphère dense et envoûtante. La nature y est omniprésente. À travers les voix entremêlées des nombreux personnages de ce roman choral, les pièces du puzzle s’assemblent peu à peu. La tension monte, et les rebondissements nous tiennent en haleine jusqu’à la dernière page.
Un thriller captivant qui ravira les amateurs de suspense sombre, d'histoires de secrets enfouis et de paysages aussi beaux qu’inquiétants.
Les éditions Martin de Halleux, par un remarquable travail éditorial, font revivre l'oeuvre de Frans Masereel. Ce Belge, un peu oublié aujourd'hui, est l'un des pères du roman sans parole. A la fois peintre, dessinateur, graveur sur bois, il était aussi un artiste engagé, reconnu pour son humanisme et son combat de défense du peuple contre le capitalisme. Pacifiste convaincu, il diffusait ses valeurs grâce à ses livres dont les gravures racontent et dénoncent cette société de l'entre-deux-guerres. Ses livres, qu'il a souhaité accessibles à tous tant dans le fond que la forme, mais aussi par leur prix, ont fait de lui dans les années 1930, un des étendards de la lutte ouvrière allemande. Son oeuvre, aujourd'hui remise en lumière, accompagnée de dossiers explicatifs, éblouit encore par sa réalisation technique titanesque et par le combat de sa vie : la défense des oublié·es, des opprimé·es. Les éditions Martin de Halleux offre à cette œuvre un nouvel et bel écrin qu’il serait dommage d’ignorer. L’Espace COOLturel vous permet de lire les titres à la mode, mais a aussi le rôle de donner à des ouvrages plus intimes, la visibilité, la vitrine qu’ils méritent. C’est chose faite ! - Michaël
Il est rare qu’en bibliothèque on vous parle de plaisir. Il y a bien sûr le le plaisir de la lecture, du partage, de la découverte et c’est déjà bien. Pourtant il est un plaisir un peu plus tabou, sujet de certains livres, qui est tu. C’est dommage quand même... il est plus facile de parler de choses horribles comme de crimes, de guerres et ou encore d’ignominies de toutes sortes, que de choses qui font du bien, de sexualité, pour ne pas dire le mot « SEXE » ! Pourtant, depuis quelques années les livres sur le sujet se multiplient, se diversifient et apportent bon nombre de conseils pour un plein épanouissement. « Jouissance Club » est sans nul doute devenu une référence en la matière. Sa force est de s’adresser aux femmes comme aux hommes et d’aborder l’art du plaisir sexuel dans la plus grande des simplicités. Les femmes comme les hommes apprendront à se donner ou à donner du plaisir, et donc seul·e ou avec partenaire. Grâce à des illustrations épurées, Jüne Plã, artiste aux multiples talents et connue pour son compte Instagram « Jouissance Club », explique efficacement différentes pratiques, techniques sexuelles. Cependant, limiter cet ouvrage à un simple manuel d’éducation sexuelle serait dommage, car c'est un vrai travail de déconstruction des stéréotypes, des idées reçues et des clichés. Jüne Plã ne parle pas d’une, mais des sexualités, car elle est différente selon chacun·e : asexuelle, hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle, pansexuelle, mais toujours et le plus important, dans le respect mutuel. « Jouissance Club » est un livre important, fondateur, qu’il serait dommage de dédaigner. - Michaël
Avec Ivanhoé Backus, Nicolas André nous livre une farce viticole succulente. Doté d’humour et d’une certaine réflexion sur les méandres de l’âme humaine, ce titre, aux illustrations colorées, est une réelle surprise. L’utilisation des couleurs est millimétrée, chaque chapitre est doté d’un ton chromatique lié à la situation. Le trait de Nicolas André est précis, sans fioriture, déformé à l’envi, et influence le récit en le rendant plus fort. Cette histoire originale navigue entre comédie et drame et ne nous laisse pas indifférent. Sans la dévoiler, la fin vous surprendra et vous refermerez le livre apaisé. - Michaël
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Lila a toujours souffert d’un certain mal-être. Sa souffrance s’est accentuée à l’adolescence, elle, ou plutôt il, veut être lui-même, le vrai, pas celle dont le nom est inscrit à l’état civil. Lila souffre de dysphonie de genre, elle a le corps d’une femme, mais est homme au plus profond de son être. Comment faire accepter cela à ces proches, sa famille, ses amis ? Comment vivre dans ce corps qui vous dégoûte ? Comment lutter contre les préjugés, la méconnaissance ? Lila devient Nathan et entame un dur combat qui le mènera à vivre des moments douloureux, mais au final, à une libération... « Appelez-moi Nathan » est un titre à part, à classer parmi les œuvres documentaires. Le récit, mené par Catherine Castro, grand reporter pour « Marie-Claire », est clair, précis et vulgarisateur. Oui le sujet, assez rare en littérature, peut être difficile à appréhender, mais ici nos esprits s’éveillent à ce mal-être et le récit nous permet de comprendre une histoire qui peut, n’ayons pas peur des mots, nous dépasser. Si cette bande dessinée est aussi précise dans son propos, c’est que l’auteur a construit sa trame narrative à partir du témoignage du héros, bien réel, de cette histoire. Tous est vrai ici et on le ressent : les émotions, les insultes, la perte de repères, pour Nathan comme pour ses proches. Nous sommes totalement immergés dans ce combat pour l’acceptation. Les illustrations de Quentin Zuttion servent à merveille ce reportage par un trait fin et délicat accessible à tous et par une mise en couleur façon aquarelle. Ce titre est une œuvre salutaire pour ouvrir les esprits et parler librement, sans tabou, de transsexualité. A recommander. - Michaël
Jean, interne à l'hôpital, doit faire un stage en gynécologie aux côtés du docteur Karma. Brillante, elle se destine à la chirurgie et fait de la technique l'acmé de sa pratique. En conséquence, elle ne voit pas ce qu'un médecin comme Karma, passant son temps à écouter les patientes, pourrait bien lui apprendre. Le gynécologue expérimenté, quant à lui, est persuadé qu'il a beaucoup à lui transmettre, notamment dans la relation aux patientes. C'est une jeune praticienne certes difficile, brillante, mais ce dont Karma ne se doute pas, c'est qu'elle aussi porte un regard novateur sur la chirurgie et la sexualité. Deux docteurs atypiques dans le même hôpital... Le destin aurait-il placé Jean sur le chemin de Karma pour une bonne raison ? Dans ce récit, le lecteur, la lectrice, suivent un duo improbable né sous la plume de Martin Winckler et recréé ici en bande dessinée par Aude Mermilliod. L'histoire personnelle de Jean et sa relation avec ce médecin complètement autre constituent la trame narrative de ce récit habilement mené. On y croise de nombreuses femmes, quelques intersexes, des hommes aussi, on y lit leurs histoires, belles, féroces, touchantes... des instants de vie parfois légers, parfois difficiles. La colorisation des planches, la mise en page, tout concourt à une immersion délicate dans la vie intime des personnages. Et lorsque vous sentez que l'auteur·rice aime et comprend celles et ceux raconté·es, maniant les dessins et les mots avec justesse comme le fait Aude Mermilliod, c'est tout simplement un bonheur de lecture. - Aurélie
Rien ne va plus dans le manoir familial ! Le coucher s'annonce périlleux pour la baby-sitter en charge des enfants. Heureusement, elle peut compter (ou pas) sur l'aide de la mamie et du majordome. Car pour garder Tiffany, Hugo et Maxime, il faut beaucoup de courage. Les enfants, à l'imagination débordante, ont créé un univers de princesses, de monstres et de doudous qui parlent. Mais ces chérubins sont-ils vraiment à l'origine de tout ce fatras ? Panda, Brütor et Kokoala, les soi-disant doudous, ne sont-ils pas eux aussi responsables ? Car dans un monde qui n'a pas de règles, la question la plus importante est de savoir qui, des enfants ou des créatures, est le doudou de l'autre ?
Jardins sucrés est « un drôle de récit drôle » constitué de saynètes. On suit chaque enfant et son doudou, à moins que ce ne soit chaque créature et son doudou, dans des aventures qui leur sont propres, jusqu'à un final en apothéose. - Michaël
A travers l'album "Profession crocodile", nous observons avec délice la matinée quotidienne de cet animal fort sympathique, crocodile professionnel de son état. Le réveil (pas toujours facile), la toilette, le petit déjeuner où encore le trajet matinal et tous ces petits détails sont rendus avec brio par les illustrations de Mariachiara di Giorgio. Dans cette histoire sans paroles, à aucun moment le texte ne manque tant le récit est fluide et nous porte a travers les images.
Nolwenn
Conseils lecture
A l’heure des fake news et de la désinformation, l’Espace COOLturel vous propose de découvrir deux titres qui traitent de sujets médiatiques et sociopolitiques : “Pour une télé libre” et “Touche pas à mon peuple”.
“Pour une télé libre” de Julia Cagé, critique la logique d’un empire médiatique, en particulier le système Bolloré et appelle à la création de médias véritablement libres pour garantir la survie d’une pensée libre.
“Touche pas à mon peuple” de Claire Sécail, est un essai qui examine le populisme de Cyril Hanouna et son impact sur les principes du débat public et de la démocratie. L’autrice aborde la désinformation et la banalisation de la violence dans les échanges humains et citoyens.
Ces deux titres soulèvent des problématiques liées aux médias, à la démocratie et à la liberté d’expression. Ils invitent à la réflexion sur l’importance d’une information indépendante, libre et de qualité et d’une télévision qui serve l’intérêt public et non pas une propagande.
Lumières tamisées, ou lumières crues Anne-Fleur Multon pose un éclairage franc et sensible sur une histoire d’amour naissante ; un regard contemporain essentiel sur l’amour en général et celui entre deux femmes en particulier.
En ce début de printemps les rues de Paris sont exceptionnellement vides, ses habitant·es confiné·es ont du temps à ne plus savoir qu’en faire, lion·nes en cage entre quatre murs. L’héroïne arrache quelques heures à l’ennui en pianotant sur son smartphone. Un peu désinvolte, elle envoie un message à une personne qu’elle avait croisée en soirée avant tout ça. Quelqu’une qu’elle n’aurait pas forcément recontactée, emportée dans le tourbillon du quotidien pré-pandémie. Bientôt ces instants partagés à distance deviennent de plus en plus profonds, importants, indispensables.
Ce sont ces émotions si particulières qui nous submergent à l’aube d’une nouvelle passion, que décrit l’autrice avec beaucoup de justesse. La fusion des corps exacerbée par le désir et les petits riens du quotidien qui à chaque instant font qu’on a envie de crier « JE L’AIME » à la face du monde.
Le roman nous plonge au cœur de la vie amoureuse de ces deux femmes et plus que leur passion nous partageons leur condition d’homosexuelles, la discrimination, le regard des hommes dans la rue, et le désir d’être mère qu’on leur refuse. Un texte plein d’émotions qui invite la société à plus de tolérance et de respect, car bien sûr chacun·e est libre d’aimer qui elle/il souhaite.
Enfin la forme très moderne du récit, en totale adéquation avec le fond, ajoute encore à la qualité de ce roman.
Les éditions Martin de Halleux, par un remarquable travail éditorial, font revivre l'oeuvre de Frans Masereel. Ce Belge, un peu oublié aujourd'hui, est l'un des pères du roman sans parole. A la fois peintre, dessinateur, graveur sur bois, il était aussi un artiste engagé, reconnu pour son humanisme et son combat de défense du peuple contre le capitalisme. Pacifiste convaincu, il diffusait ses valeurs grâce à ses livres dont les gravures racontent et dénoncent cette société de l'entre-deux-guerres. Ses livres, qu'il a souhaité accessibles à tous tant dans le fond que la forme, mais aussi par leur prix, ont fait de lui dans les années 1930, un des étendards de la lutte ouvrière allemande. Son oeuvre, aujourd'hui remise en lumière, accompagnée de dossiers explicatifs, éblouit encore par sa réalisation technique titanesque et par le combat de sa vie : la défense des oublié·es, des opprimé·es. Les éditions Martin de Halleux offre à cette œuvre un nouvel et bel écrin qu’il serait dommage d’ignorer. L’Espace COOLturel vous permet de lire les titres à la mode, mais a aussi le rôle de donner à des ouvrages plus intimes, la visibilité, la vitrine qu’ils méritent. C’est chose faite ! - Michaël
A l’école, des andouilles ont décrété que Kate était la petite fille la plus moche de l’école. Ils la surnomment « Kate Moche ». Ils se moquent d’elle toute la journée, et disent qu’elle n’est pas très maligne. Alors, quand Kate rentre de l’école, elle se regarde dans le miroir et pense qu’il y a mille autres façons de la décrire !
Elle s’imagine être une scientifique expérimentée, une doctoresse dévouée, une astronaute adroite ou encore une ninja acrobate. Un jour, Kate aura des rues à son nom, comme Simone Veil, Simone Signoret ou Simone de Beauvoir. Car Kate peut tout faire, oui, vraiment tout !
Cet album véhicule un joli message sur l’acceptation de soi et le pouvoir de l’imagination. Malgré ce qu’elle subit dans la cour de l’école, Kate garde la tête haute et confiance en soi en se réfugiant dans ses rêves. Il aborde donc le difficile sujet du harcèlement scolaire, avec beaucoup de tact mais aussi beaucoup de franchise, sans édulcorer la méchanceté que peuvent parfois avoir les enfants les uns envers les autres.
Les illustrations de Magali le Huche sont remplies d’humour, notamment celles qui mettent en scène Kate dans sa salle de bain, à fond dans son univers. Les couleurs vives donnent du tonus au récit et appuient le caractère ferme et bien trempé de la petite héroïne.
Ce livre est un rappel utile à transmettre à toutes les petites filles (et les petits garçons aussi !) : peu importe ce que les autres en disent, vous pouvez devenir qui vous voulez !
Il y a quelques années, dans un pays voisin, un homme qui aimait les carrés plus que tout prit le pouvoir par la force. Ce jour là, les rectangles, les ronds, les triangles, tous ceux qui n’étaient pas carrés, disparurent. Le pays sombra alors dans le malheur, jusqu’à ce qu’enfin… Ximo Abadia, talentueux auteur espagnol, nous raconte une histoire qui n’est certes pas la nôtre, mais dont le message est universel : celle de la liberté. Vous l’aurez compris, cet album parle, sans le nommer, du militaire Franco qui imposa de 1936 à 1975 un régime dictatorial en Espagne et fit de nombreuses victimes. Bien évidemment, l’auteur utilise l’art de la métaphore, de la parabole pour en livrer une version simplifiée mais efficace. Il dénonce ce drame, mais avertit également que le monde est fragile et qu’il peut vite, si l’on n’ y prend pas garde, sombrer facilement dans l’obscurantisme.
Ximo Abadia est un artiste à l’œuvre unique et reconnaissable entre toutes. Illustrateur graphiste, il joue avec les couleurs, les formes et les matières, rendant un ensemble étrange, mais cohérent, dynamique et époustouflant.
« Le Dictateur » est une œuvre de mémoire nécessaire et dont le positionnement est rare en littérature jeunesse.
Comme tous les membres de sa famille, même le chien, Eliott a plusieurs ballons de couleurs. A l’intérieur on y trouve, des souvenirs : un anniversaire, un mariage, une partie de pêche…
Grand-père en possède énormément. Elliot est très proche de lui. Il aime beaucoup l’écouter raconter toutes les merveilleuses histoires contenues dans ses ballons.
Hélas, avec le temps, un à un, les ballons de Papi s’envolent. Elliot ne comprend pas ce qui se passe …
Jessie Oliveros aborde avec sensibilité, à travers la complicité de l’enfant et de son grand-père, le temps qui passe, la vieillesse et surtout la maladie d’Alzheimer. Les ballons tenus par un fil est une métaphore graphique des souvenirs, douce et bien adaptée au jeune public.
Dana Wulfekotte a choisi d’illustrer en noir et blanc, sauf pour les ballons, qui eux sont colorés. Cela renforce la tendresse éprouvée et la poésie de l’album.
Une très jolie histoire émouvante, remplie d’amour et bien sûr d’espoir, pour évoquer avec les enfants un sujet encore peu traité en littérature jeunesse.
« Les ballons du souvenir » m’a beaucoup touché sans être fataliste.
En 110 pages, avec beaucoup de talent, Yamen Manai nous décrit une société tunisienne post « révolution du Jasmin » désabusée et abîmée, une société médiocre et rustre où la violence est omniprésente.
En s’appuyant sur son personnage qui en est depuis toujours la victime, il décrit les mécanismes de cette violence avec intelligence et décrypte comment depuis des siècles elle est un des piliers du modèle patriarcal tunisien.
Au-delà de la critique social, à travers son héros l’auteur nous interroge également sur la condition de victime et de bourreau, sur les notions d’humanité et de respect de soi. Grâce à sa rencontre avec un chien nous allons assister à la métamorphose du personnage principal, dont la clairvoyance va devenir redoutable.
Alors si vous ne craignez pas de voir ce qui se cache derrière les cartes postales des hôtels à touristes du front de mer, venez découvrir le quotidien plombant des habitant·es déshérité·es des banlieues périphériques et leurs bassesses ! Vous verrez, le dépaysement est assuré !
Il y a de la tragédie carthaginoise dans ce génial petit roman et aussi du Victor Hugo qui disait fort à propos « Ursus et Homo étaient liés d’une amitié étroite. Ursus était un homme, (Homo était une lessive, non je plaisante), Homo était un loup. »
Que vous inspire cette citation du célèbre auteur ? Dans deux heures je ramasse les copies. Bonne chance !
Bee a dix-huit ans. Elle a décidé, pour l'été, de traverser les Etats-Unis à bicyclette. Mais après seulement une journée de voyage, elle est contrainte de s'arrêter dans un motel, son vélo réduit en miettes dans un accident. Elle rencontre alors Cyrus, mystérieux homme d'entretien aux curieuses habitudes : dérober des médicaments aux clients et retoucher les tableaux qui ornent les murs des chambres.
La traversée avortée d'un pays à vélo se transforme ici en récit initiatique nous faisant accompagner Bee dans son passage de l'adolescence à l'âge adulte. Des sentiments neufs, le sexe, la drogue, la vie en marge et le goût du risque : un voyage haut en couleurs ! - Michaël
Fraîchement arrivée de Russie, Véra a bien du mal à se faire des amies et à s’intégrer dans la communauté américaine. Pas assez cool, pas assez riche, trop différente... en un mot (deux en fait) : trop russe. L’église orthodoxe devient son refuge, moins par attrait pour la religion que pour le buffet servi en fin de cérémonie. Lorsqu’elle apprend que l’église organise un camp de vacances, Véra y voit l’occasion rêvée de se faire facilement des ami(e)s, russes comme elle. Sa maman l’envoie donc avec son petit frère passer deux semaines en colonie de vacances... De douces illustrations en bichromie, des touches d’humour, de l’amitié, des premières amours, un brin de méchanceté, mais aussi de la solidarité... Bref, un bien joli récit initiatique que l’on devine nourri de la propre expérience de l’autrice. Une bande dessinée à lire dès 8 ans, abrité sous la tente, pelotonné sous la couverture avec sa lampe torche, et surtout pendant les vacances ! - Michaël
Justin Warner, chef américain émérite, est depuis 2010 à la tête d’une émission culinaire moderne et déjantée dont le merveilleux concept est d’imaginer des recettes pour les super-héros. En s’inspirant de leurs univers, de leurs origines, de leurs histoires… il vous propose de mijoter des petits plats originaux qui vous donneront sûrement des pouvoirs extraordinaires. Pour ce faire, vous trouverez dans cet ouvrage une compilation des meilleures préparations réalisées lors de ses émissions (à visionner également sur le site internet « Marvel.com », in English of course).
Attention ici on ne fait pas dans le détail et la finesse et on est plus proche de la street food que des recettes d’un étoilé Michelin. Mais c’est ça qui est bon ! Le plaisir tellement régressif que vous éprouverez en mangeant avec les doigts le hot-dog hypercalorique de votre super-héros préféré, et qui vous donnera une patate d’enfer. Attention quand même à ne pas trop en abuser si vous voulez plus ressembler à Batman, qu’à Fatman.
Autre avantage de ce livre : il vous permettra de découvrir des plats aux origines diverses et variées : scandinave avec Thor, africaine avec Black Panther, mais aussi italienne et sud-américaine, puisque la cuisine états-unienne a digéré depuis longtemps les recettes de ses diasporas. Enfin contre toute attente, cet ouvrage propose aussi des plats végétariens.
Un excellent morceau de pop culture à déguster en famille sans modération !
Le vent, la marée et le soleil l’indiquent. Il est l’heure de partir. L’heure de partir pour le sud, vers les pays chauds, mais avant, un long périple les attend… A travers les yeux d’un oiseau migrateur, « Vers le sud » nous parle de ces longs voyages de plusieurs milliers de kilomètres que font ces volatiles deux fois par an. Cet album aux magnifiques couleurs pastels et aux illustrations simples nous donne à voir les paysages qui défilent et nous raconte l’expérience de la migration : tenir le rythme, utiliser les courants aériens pour se laisser porter et finalement arriver au bout d’un périple difficile, à la terre promise. Et entre temps, survoler les activités bien étranges des humains, encore plus vues du ciel... Un album court et accessible qui permet d’introduire avec justesse la notion de migration ornithologique auprès des enfants.
Julian voyage dans le métro avec sa Mamita quand soudain il voit passer trois magnifiques femmes habillées en sirène. Admiratif, il rêve alors lui aussi d’en devenir une. Arrivé chez sa Mamita, il entreprend de se confectionner un magnifique costume avec les rideaux et plantes d’intérieur, et Mamita le surprends ! Que va-t-elle penser de lui ? Elle pense qu’il est temps de l’amener à la grande parade des sirènes. Jessica Love nous offre un magnifique récit ancré dans la modernité et dans les questionnements actuels de la société. Julian, un petit garçon, qui rêve de s’habiller en sirène ? et pas d’adultes pour lui dire qu’il n’a pas le droit de le faire ? cela fait du bien ! Le message d’amour et de tolérance de la Mamita pour son petit-fils est touchant de tendresse. Les illustrations prennent vie sous nos yeux. Les postures et gestes des personnages sont magnifiquement illustrées et la vie d’un quartier afro-américain mis en scène avec humour, fourmillant de petits détails. Entre ces scènes de la vie quotidienne se glissent des pages plus oniriques, ou Julian donne libre cours à son imagination du monde aquatique. Cet album est un régal tant dans la justesse du récit que dans le thème abordé ; les illustrations elles, nous vont droit au cœur. Il est assurément, l’un de mes plus grands coups de cœur de cette année 2020.
Dans « Femme rebelle », Peter Bagge retrace le parcours de Margaret Sanger, fondatrice du planning familial et militante radicale et controversée de la condition féminine. Le titre de cette bande dessinée biographique se réfère au journal fondé par cette infirmière en 1914, intitulé « The Women Rebel » et sous-titré « Ni dieux, ni maîtres ». Dans ces pages, Margaret Sanger s’adressait directement aux femmes en leur fournissant des informations sur le contrôle des naissances : culotté dans l’Amérique conservatrice du début du 20e siècle... au point pour l’autrice de devoir s’exiler quelques temps sous pseudonyme au Royaume-Uni. De retour aux USA, Margaret se servira de son influence médiatique, de ses déboires et malheurs personnels pour servir son combat - le contrôle du corps des femmes par elles-mêmes. Combat qu’elle parviendra à porter hors des frontières américaines, influençant par exemple la réflexion sur la création du planning familial en France... dans les années 1950. Il fallait bien le style et la verve satyriques de Peter Bagge pour retracer un tel parcours sans faire l’impasse sur les zones d’ombre de cette féministe. Il évite l’hagiographie en enrichissant son travail graphique d’un imposant propos complémentaire. Il y explicite ses choix (de son sujet jusqu’à la couverture de la BD), précise certains points et donne en dernier lieu la parole à la biographe française de Margaret Sanger, Angeline Durand-Vallot, qui situe historiquement l’apport du combat de Sanger et rappelle à quel point celui-ci demeure d’actualité... - Aurélie