Conseils lecture
Lorsqu'une personne éternue, il est de tradition de dire " à vos souhaits", mais Félix, lui, détourne la chose en disant : "A mes souhaits". Pour quelle raison ? Tout simplement parce que c'est sa collection... Félix collectionne les souhaits des autres ! Il a déjà une belle collection lorsqu'il rencontre Calliope. Cette mystérieuse jeune fille n'a pas de souhait, mais pourquoi ? Loïc Clément nous a écrit un très beau conte, original et poétique. Cette oeuvre est mise en image par Bertrand Gatignol, illustrateur talentueux au trait fin qui donne vie à cette oeuvre d'une grande beauté. La bande dessinée jeunesse est un vivier de récits innovants et de qualité, "Le voleur de souhaits" fait partie des prochains classiques de la littérature. - Michaël
Il est rare qu’en bibliothèque on vous parle de plaisir. Il y a bien sûr le le plaisir de la lecture, du partage, de la découverte et c’est déjà bien. Pourtant il est un plaisir un peu plus tabou, sujet de certains livres, qui est tu. C’est dommage quand même... il est plus facile de parler de choses horribles comme de crimes, de guerres et ou encore d’ignominies de toutes sortes, que de choses qui font du bien, de sexualité, pour ne pas dire le mot « SEXE » ! Pourtant, depuis quelques années les livres sur le sujet se multiplient, se diversifient et apportent bon nombre de conseils pour un plein épanouissement. « Jouissance Club » est sans nul doute devenu une référence en la matière. Sa force est de s’adresser aux femmes comme aux hommes et d’aborder l’art du plaisir sexuel dans la plus grande des simplicités. Les femmes comme les hommes apprendront à se donner ou à donner du plaisir, et donc seul·e ou avec partenaire. Grâce à des illustrations épurées, Jüne Plã, artiste aux multiples talents et connue pour son compte Instagram « Jouissance Club », explique efficacement différentes pratiques, techniques sexuelles. Cependant, limiter cet ouvrage à un simple manuel d’éducation sexuelle serait dommage, car c'est un vrai travail de déconstruction des stéréotypes, des idées reçues et des clichés. Jüne Plã ne parle pas d’une, mais des sexualités, car elle est différente selon chacun·e : asexuelle, hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle, pansexuelle, mais toujours et le plus important, dans le respect mutuel. « Jouissance Club » est un livre important, fondateur, qu’il serait dommage de dédaigner. - Michaël
Lorsqu’une petite fille est enlevée par des extraterrestres et emmenée dans les profondeurs du cosmos, seul un être aux pouvoirs exceptionnels peut la sauver : Superman. Nul doute qu’il en est capable, mais cette mission l’oblige à quitter la Terre pour un temps, alors qui défendra la planète bleue en son absence ? Peut-il se permettre ce sauvetage au risque de ne pas pouvoir venir en aide à d’autres personnes dans le besoin ? Une vie vaut-elle plus qu’une autre ? Superman devra faire un choix douloureux quitte à en perdre la raison...
Pas besoin de connaître la mythologie de « L’homme d’acier » pour pénétrer et apprécier cette œuvre différente des publications plus classiques de super-héros. L’action, bien sûr présente, laisse une part importante à la réflexion et cela dans les six chapitres qui composent ce comics. Superman sera confronté à différentes épreuves, mais aussi à des rencontres qui d’une certaine manière le feront progresser sur la voie de la sagesse. Si l’héroïsme est une des pierres angulaires de ce titre, d’autres valeurs sont mises en avant et éprouvées, comme l’amitié, le courage, la loyauté, le dépassement de soi, la persévérance et l’humilité. Pas de prise de tête pour autant, car le récit est rythmé et le suspense présent jusqu’à la fin. Les illustrations sont de facture assez classique, mais soignées et dynamiques.
« Superman : up in the sky » possède de nombreuses qualités pour plaire à un public varié, en quête d’action et/ou de réflexion, qu’il soit habitué ou non aux univers de super-héros. - Michaël
L'action se déroule dans le Transsibérien. Des conscrits sont emmenés en Sibérie mais ne savent pas où exactement. L'un d'eux, Aliocha cherche à déserter, il tente de fuir et se cache. Deux personnages embarqués dans une histoire où la question de la confiance est sans cesse en jeu. A chaque arrêt dans une nouvelle gare, la tension monte. Fort suspens de cette traque dans l'environnement clos du Transsibérien. C'est aussi le rythme de ce train mythique traversant les paysages de steppe, puis de taïga.
Un style qui va à l'essentiel à la fois poétique et brutal. Une très belle écriture. Ce petit livre court mais vraiment intense est un vrai bijou de lecture !
Russ Hidebrandt, pasteur à Chicago, est en pleine crise de la quarantaine . Déçu par son travail, sa femme et sa famille, une seule chose le préoccupe désormais : son nombril et sa libido. Il emploie le plus clair de son temps à échafauder des stratégies pour séduire Frances, une ravissante paroissienne, tout en sauvant la face.
Cependant personne n’est dupe ni sa progéniture, ni son épouse, loin en réalité de la femme docile qu’elle semble incarner. Nous sommes en 1971, l’Amérique oscille entre conservatisme et mouvement hippie, guerre et paix, sexe, drogues et Rock’n’roll. Rien ne va plus dans la famille Hidebrandt et le jeu de massacre peut commencer !
Jonathan Franzen dresse ici une très belle galerie de portraits en proie aux errements de leur foi où à la recherche d’un idéal qui leur échappe. Une critique sociale, sarcastique à souhait, qui dépeint des personnages sensibles, lâches, attachants, psychotiques, tour à tour généreux et égoïstes, loin des stéréotypes d’une quelconque bien-pensance moralisatrice. La vraie vie quoi !
Un style sans concession ni fioritures, réaliste et fluide, au service d'un récit prenant. Sachant qu'il s'agit du premier volume d’une trilogie, on a hâte de connaître la suite !
Dans ce roman autobiographique, Maria Larrea, fille d’immigré·es espagnoles, nous invite à grimper dans son arbre généalogique. Une ascension, pas toujours simple mais au combien passionnante, où il faut se frayer un chemin entre les parcours tumultueux et rugueux de ses aïeul·les. Où l’on côtoie la misère, terreau d’ancêtres mauvais·es comme du chiendent. Un arbre dans lequel les branches sont parfois brisées comme les destins ; où l’on porte souvent son héritage comme un fardeau.
C’est de cette histoire, de la rencontre de deux êtres mal-aimés, qu’éclos Maria un beau jour de 1979 sous le soleil de Bilbao. Elle grandit dans la petite loge de ses parent·es, concierges au théâtre de la Michodière à Paris et c’est un vrai plaisir d’assister au spectacle de cette enfant devenant adulte et à son tour mère. Maria a fait des études prestigieuses, elle est maintenant installée, mais persiste en elle une petite faille, qu’elle ne parvient pas à s’expliquer. Comme une question restée sans réponse qui résonne en elle. Puis soudain tout bascule !
Un très beau roman, sur l’identité où l’on découvre page à page qui est Maria, un voyage introspectif, rythmé et émouvant et enfin pour les natifs des années 70, dont je fais partie, une belle Madeleine de Proust.
Être orphelin à l’âge de 8 ans n’est pas chose facile, mais penser que rien ne puisse-être pire est une fâcheuse erreur ! Notre jeune héros va l’apprendre à ses dépends lorsqu’une malheureuse rencontre va le transformer en souris. Toutefois, pour surmonter toutes ces épreuves, il pourra compter sur son exubérante mamie qui lui réserve bien des surprises... Classique jeunesse de la littérature écrit en 1983, « Sacrées sorcières »captive encore de nos jours les enfants. Pour cela Roald Dahl a utilisé une recette magique à base d’émotions, d’humour, d’héroïsme et de magie. Il a saupoudré le tout d’effluves de mystères et de frissons, pour en faire une œuvre culte et appréciée par tous les enfants, petits et grands. Adapté ce chef d’œuvre sans en perdre le parfum n’est pas forcément aisé, mais Pénélope Bagieu s’en est sorti à merveille. Le ton du récit adapté est bien présent, les ingrédients sont tous là et il ne restait qu’à rendre ce monde tangible à travers des illustrations. Cette fois encore, elle réussit à donner corps et vie aux personnages, sans les dénaturer. Les sorcières sont effrayantes et les souris trop mignonnes. Une belle performance d’autrice qui n’a pas eu peur de s’attaquer à un monstre de la littérature jeunesse. - Michaël
« Ça va pas la tête ou quoi ? » est un album jeunesse au ton très humoristique, écrit par un habitué du genre qui en devient, album après album, le spécialiste de « l'humour pour les petit·es ».
Seulement pour les enfants ? Bien sûr que non ! Il arrive toujours à surprendre ses lecteur·rices quel que soit leur âge. Ici encore, il parvient à nous amuser avec trois fois rien : des yeux, un nez, une bouche et des formes multiples.
Cela fonctionne à merveille jusqu’au final, une chute savamment orchestrée.
Cet album est drôle, coloré, rythmé… et surtout plein d’intelligence. À lire, relire et partager sans modération !
« Pour quelques degrés de plus » est une bande dessinée conceptuelle, dans sa construction, dans sa narration. On y suit trois histoires en parallèle, la même, mais avec pour différence une légère augmentation du degré de température à chaque récit.
Légère, peut-être pas, car si minime soit-il, ce degré entraîne d’effroyables modifications, certes climatologiques, mais aussi comportementales.
Pour Josh, le héros de ce titre et de ces récits, la vie, déjà difficile avec juste deux degrés de plus, devient franchement atroce si on y ajoute encore un puis deux degrés. Ces univers parallèles cohabitent par bande de trois sur chaque double page, cela permet une vision globale et en temps réel des différentes vies de Josh. Les histoires avancent en même temps, cloisonnées, mais dans de rares moments, les frontières deviennent poreuses et nos récits se répondent, s’entrecroisent, se mélangent, l’un permettant à l’autre d’avancer.
Cet album n’a aucune prétention documentaire ni même scientifique. Il s’agit purement d’une fiction, mais qui alerte tout de même sur les risques à venir pour quelques degrés de plus : sécheresse, famine, réfugiées climatiques, guerres et j’en passe…
Tout droit venue des Etats-Unis, "Beverly" est une oeuvre atypique. On y découvre le quotidien des habitants d'une banlieue aisée américaine. Les personnages défilent, se croisent, se connaissent ou pas et nous faisons preuve de voyeurisme en nous insinuant dans leur vie de tous les jours. De là réside la force de l'album : nous faire devenir le témoin de différentes existences qui en forme une seule et même entité, la banlieue, cette banlieue.
Les histoires se succèdent, rebondissent, de personnage en personnage et deviennent comme dans la vraie vie, des racontars. Nick Drnaso livre donc un récit cru sur les relations humaines, qui nous unissent et parfois nous séparent. Il utilise un dessin épuré tout en rondeur, comme du Botero. Les couleurs, utilisées en aplat, sont froides, comme pour rappeler notre rôle et nous exhorter à laisser de côté nos émotions, ne pas juger, être de simples témoins. - Michaël
Jaromil, trompettiste, « nègre à moitié », a le Jazz à l’âme.
Un jour il reçoit dans sa boite aux lettres, un colis contenant : un courrier, des cassettes audio, un disque ‘’ Mo’ Better Blues’’ du groupe ‘’The Brandford M. Quartet’’, et la photo troublante d’un homme lui ressemblant trait pour trait.
Bouleversé par cet héritage du père qu’il n’a jamais connu, il part en quête de réponses et écrit à sa fille chérie pour lui dire, tout lui dire.
Marc Alexandre Oho Bambe, est poète, écrivain et slameur (connu sous le nom de Capitaine Alexandre).
Ces trois univers se retrouvent parfaitement dans la construction de ce livre.
La narration de l’histoire du musicien est entrecoupée de poèmes, de lettres pour Indira sa fille et des enregistrements de son père.
‘’Souviens-toi de ne pas mourir sans avoir aimé ‘’, aborde des sujets forts comme la paternité, l’absence, la solitude, l’amour, le racisme, la vie de tournée. Avec toujours en toile de fond le Jazz.
J’ai adoré cette lecture, entre roman et poésie. Je me suis laissée embarquée par le style atypique de l’auteur, ses personnages touchants, son ode à l’amour et à la musique.
Un magnifique récit puissant et émouvant.
Conseils lecture
Après 3 ans d’absence, l’auteur du très remarqué « Saudade », nous revient avec un album d’une toute autre teneur. « Faille temporelle » est un recueil d’illustrations atypiques réalisées à l’origine pour un challenge personnel : faire 200 dessins en 200 jours. Ce défi, Fortu l’a brillamment relevé en y apportant une touche supplémentaire, distillant à chacune de ses toiles une âme unique, rendant le tout indépendant, mais pourtant indissociable. Grâce à ses scénettes, Fortu nous interpelle, nous interroge et nous questionne sur le monde et notre humanité. C’est par moment drôle, quelquefois offusquant, souvent absurde, mais toujours écrit avec subtilité et intelligence. Chaque illustration, d’un noir et blanc sobre et au trait photographique épuré, est un appel à la réflexion. « Faille temporelle » est album qui fait réfléchir et qui est présenté pour la première fois dans une médiathèque, votre Espace COOLturel. - Michaël
En 2018 à Moscou, un père succombe sous les coups de ses trois filles âgées alors de 17, 18 et 19 ans. C’est le point de départ du roman de Laura Poggioli qui tout au long de son ouvrage, tente de comprendre comment trois jeunes femmes peuvent concevoir un tel acte et le mettre à exécution. Grâce à de nombreuses archives elle recompose le quotidien de ces trois filles et de leur mère depuis leur enfance jusqu’à ce jour fatidique où elles passent à l’acte. On découvre alors un père qui n’en a que le nom, tyrannique, abusif, violent, un monstre en quelque sorte et une société russe complice où patriarcat et tradition légitiment les violences faites aux femmes, où la corruption, la religion et le communautarisme murent les victimes dans le silence.
Le récit ne s’arrête pas là car il trouve une résonnance particulière dans l’histoire personnelle de l’autrice. Elle aime profondément la Russie pour y avoir vécu à plusieurs reprises, pour avoir appris sa langue, aimé ces habitants. Elle se souvient tout au long du roman des moments passés là-bas, de ses amis, du bonheur partagé, de cette société attachante et contradictoire. Elle se souvient aussi de ce petit ami violent « Mitia », comment avait-elle pu accepter son comportement ? Elle se souvient de toutes les violences dont elle a été victime, de celles qui ont été faites à ses aïeules dans une autre société, en France. Et c’est là toute la force de ce livre. Non, les violences faites aux femmes ne sont pas une pratique barbare d’un autre pays, d’une autre culture ! Elles existent partout, au quotidien, jamais anodines et toujours insupportables.
Un roman parfois dur mais absolument nécessaire, qui vous met en face de vos responsabilités, comme les trois regards qui vous fixent sur la couverture du livre. Ceux de ces trois jeunes Moscovites : Krestina, Maria et Angelina, si lointaines et si proches, sacrifiées comme tant d’autres sur l’hôtel du patriarcat.
À Rome, Ottavia Salvaggio a décidé d’être maîtresse de son destin.
Cette cheffe de cuisine passionnée va prendre la suite de son père, persuadée qu’elle peut faire mieux que lui et que son grand-père avant lui.
En ouvrant ses propres restaurants, elle se réapproprie ce savoir-faire familial, autrefois le domaine des femmes.
Nous retraçant le parcours d’Ottavia sur plusieurs décennies, Julia Kerninon réussit à nouveau un magnifique portrait de femme.
Comme « Liv Maria », l’héroïne est forte, déterminée, intense et résolue à ne jamais se laisser enfermer.
« Sauvage » est un roman gastronomique autour de la vie d’une femme, de ses amours, de ses relations familiales. Il nous questionne également sur la violence dans le milieu de la cuisine.
C’est toujours avec plaisir que je retrouve la plume sensuelle et rythmée de Julia Kerninon.
Un livre à dévorer sans modération.
Jacques Peuplier est un homme étrange. Solitaire, peu bavard, voire un peu rustre, il gagne sa vie en retrouvant pour le compte de particuliers tout et n’importe quoi de perdu. Il est le meilleur dans son domaine, lorsqu’il daigne accepter une affaire. Son secret : il écoute et parle à toutes les choses matérielles qui sont des témoins privilégiés. L’étrange est son domaine, pourtant lorsqu’il accepte une affaire pour la famille Monk, il est loin de se douter qu’il s’apprête à franchir un nouveau pallier dans le monde du mystère... VilleVermine est un récit singulier et captivant. A l’image de son personnage principal, il est mystérieux à souhait. Son intrigue pour le moins originale nous entraîne dans une ville curieuse ou chaque coin de rue est propice à une histoire, à une intrigue, mais loin de nous perdre, Jacques Peuplier nous guide à travers ces dédales. Julien Lambert réussit avec cet album à créer un personnage fort attachant avec son don, mais également ses faiblesses, ses blessures, le rendant inadapté à la société. Auteur « complet », il illustre avec maestria cette saga. Son style particulier, son choix de couleurs et ses cadrages sont remarquables. Ils rendent un titre très dynamique et d’une très bonne lisibilité. En seulement deux volumes vous tomberez sous le charme de cette enquête peu banale qui a décroché cette année le Fauve « Polar SNCF » d’Angoulême. - Michaël
‘Petit traité du jardin punk’ est un manifeste vibrant qui nous invite à repenser notre relation avec la nature. Éric Lenoir nous guide à travers une approche de jardinage révolutionnaire, où la nature reprend ses droits et où l’effort humain se fait discret.
Ce livre est une ode à la biodiversité et un appel à l’action pour toustes celleux qui cherchent à créer un espace vert plus sauvage et authentique.
Un incontournable pour les amoureux·ses de la nature et les rebelles du jardinage !
Maman manchot part chercher le dîner, pendant que bébé manchot reste avec son papa.
Bébé manchot est très impressionné par sa maman : elle est trop forte pour nager, pour sauter, ou pour escalader ! mais pour rentrer, il faut passer devant les phoques sans faire de bruit…va-t-elle y arriver ?
Nous n’avons plus besoin de présenter Chris Haughton tant il est devenu un auteur incontournable de la littérature jeunesse ces dernières années. Si les derniers albums qu’il a sortis m’avaient un peu lassé, ce « Bravo, maman manchot ! » me réconcilie avec son univers.
L’organisation sociétale des manchots est assez unique dans le règne animal : le mâle reste couver l’œuf tandis que la femelle s’en va chasser pour reconstituer ses réserves, et revenir nourrir son petit à son tour. C’est l’occasion pour l’auteur de montrer un nouveau schéma d’organisation familiale qui apporte beaucoup de fraîcheur.
Tous les ingrédients d’un album de Chris Haughton sont réunis : les mouvements des manchots, un peu maladroits et assez drôles dans la réalité, sont illustrés avec beaucoup de justesse et d’humour ; le suspense et la tension narrative atteint son paroxysme lorsque la maman doit passer devant les phoques.
Enfin, les illustrations accessibles et très colorées sont très présentes dans cet album comme dans tous les autres, pour le plus grand bonheur des lecteur·rices.
En ces temps anciens, la paix est très fragile. Toutes les races - Hommes, Trolls, Dieux etc. - vivent loin les uns des autres, ce qui évite de nombreux conflits. Malheureusement, des signes de mauvaise augure sont annonciateurs de malheurs. Une nouvelle guerre semble sur le point de faire basculer le monde dans les ténèbres. A moins que le courage d’une bande de joyeux lemmings ne chamboule les plans d’un destin qui s’annonce bien sombre. Voici une nouvelle fois un titre jeunesse de grande qualité : de l’action, de l’humour, du suspense et du courage... Bref, de quoi ravir un large public. Crisse, auteur prolifique de sagas fantastiques pour ado/adultes, nous conte, sans raccourci ni facilité, un récit de haute tenue. Les éléments s’enchaînent parfaitement et nous tiennent en haleine jusqu’à la fin de l’album. L’illustration de Fred Besson plaira à n’en pas douter, avec des dessins soignés et classiques, facilement lisibles pour les plus jeunes. Seul petit bémol, devoir attendre la suite ! - Michaël
Il existe une multitude de guides de voyage, plus ou moins semblables, nous présentant un pays, une région ou encore une ville, et il existe les « guides » de la collection « Corail » des éditions Maison Éliza. Ceux-ci ont la faculté magique, via de magnifiques aquarelles et des textes courts, de nous faire vivre, ressentir un pays. « Un Portugal » ne déroge pas à cette règle et nous transporte littéralement chez nos amis Lusitaniens. Nous parcourons ce pays du nord jusqu'au sud, s'arrêtant tantôt pour admirer une enceinte fortifiée, tantôt un parc naturel ou encore pour goûter aux délicieuses « pasteis de nata ». Nous nous imprégnons également des coutumes et autres traditions locales. Tout cela sans effort, puisque le documentaire est construit comme si on nous racontait une histoire. Arrivés à la dernière page, nous refermons le livre et ressentons un peu de cette 'saudade' qui berce l'esprit portugais.
La lutte contre la maltraitance animale est un sujet qui alimente les débats dans notre société. Aussi juste soit-elle, elle remet en cause bons nombres de croyances et/ou de pratiques plus ou moins barbares.
Alors, à raison, if faut se demander ce qu’est la maltraitance animale et où commence-t-elle ? Le débat est ouvert…
« Sandrine et Flibuste » et « Les droits des animaux en questions » sont deux titres qui abordent le sujet. L’un par des minis récits en bande dessinée où avec humour et cynisme, l’autrice aborde des thèmes explosifs comme l’élevage intensif, le broyage à vif ou encore la chasse à courre. Elle interroge en cela le rapport de domination de l'humain sur l'animal.
L’autre titre a une approche plus scientifique et juridique. Il va nous conter l’histoire de l’humanité et son rapport avec ce monde animal dont elle oublie souvent qu'elle en est. Il va s’attarder également sur le cadre juridique, l’animal est-il une chose, un meuble ? Les avancées de ces dernières années en matière de droit et le chemin qu’il reste encore à parcourir pour offrir à l’ensemble du vivant la vie qu’il mérite.
Gandhi a dit : « On peut juger de la grandeur d'une nation et ses progrès moraux par la façon dont elle traite les animaux. »… Alors où en est-on ?
« Pour quelques degrés de plus » est une bande dessinée conceptuelle, dans sa construction, dans sa narration. On y suit trois histoires en parallèle, la même, mais avec pour différence une légère augmentation du degré de température à chaque récit.
Légère, peut-être pas, car si minime soit-il, ce degré entraîne d’effroyables modifications, certes climatologiques, mais aussi comportementales.
Pour Josh, le héros de ce titre et de ces récits, la vie, déjà difficile avec juste deux degrés de plus, devient franchement atroce si on y ajoute encore un puis deux degrés. Ces univers parallèles cohabitent par bande de trois sur chaque double page, cela permet une vision globale et en temps réel des différentes vies de Josh. Les histoires avancent en même temps, cloisonnées, mais dans de rares moments, les frontières deviennent poreuses et nos récits se répondent, s’entrecroisent, se mélangent, l’un permettant à l’autre d’avancer.
Cet album n’a aucune prétention documentaire ni même scientifique. Il s’agit purement d’une fiction, mais qui alerte tout de même sur les risques à venir pour quelques degrés de plus : sécheresse, famine, réfugiées climatiques, guerres et j’en passe…
Skender est un ex-légionnaire aux abois, trop de guerres, trop de violence, trop d’alcool et les mauvaises rencontres aux mauvais moments lui ont fait dégringoler l’échelle sociale en passant par la case prison. Il survit dans un bois en périphérie de la ville et de temps en temps, il se cache pour apercevoir ses enfants à la sortie de l’école. Bref, sa vie est dévastée, jusqu’au jours où il croise un vieille ami, Max, un ancien frère d’arme.
Une rencontre fortuite qui ne l’est pas. Max le piste depuis quelques semaines, il a une proposition à lui faire, devenir gibier pour son employeur, une riche veuve passionnée de chasse.
Jusqu’ici rien de très original, le thème de la chasse à l’homme a été visité et revisité maintes fois depuis l’excellent récit « Le plus dangereux des jeux » de Tod Robbins en 1925 (également disponible à la médiathèque). L’intérêt de ce roman ne réside donc pas dans ce point de départ un peu éculé, mais dans l’approche subtile et surprenante de l’auteur, le biais qu’il va prendre pour nous balader en forêt à mille lieux de là où l’on pensait arriver. Car ici il n’est question, ni de chasse, ni de traque, mais plutôt de sentiments, d’amitié, d’amour, de trahison des autres mais aussi de soi-même, de dignité, de rachat et peut-être de renaissance et de résurrection.
L’auteur nous plonge tour à tour dans les entrailles de ses trois personnages, Skender, Max et sa patronne. Peu à peu iels prennent forme comme un paysage, trois tableaux bruts et sensibles, qui s’assemblent pour former ce magnifique triptyque que constitue l’ouvrage de Lucas Belvaux.
Un roman particulièrement bien construit et profondément humain.
Dans un futur proche les holdings se substituent aux Etats, les pays en faillite sont rachetés par des entreprises et démantelés. On rapatrie l’appareil de production, dont les habitants font partie intégrante, sur son propre territoire, où ils deviennent des cilariés, un mélange de salariés et de citoyen dans un nouveau modèle de société régi par le travail et le profit. Une société inégalitaire où une minorité profite des richesses du monde au détriment de la majorité.
De la science-fiction ? Pas tant que cela finalement !
Zem, le héros, est un de ces hommes arrachés de force à son pays ruiné : la Grèce. Flic apatride il a touché le fond d’une vie qui ne lui appartient plus. Il déambule dans le marasme putride de son quartier de dernière zone, jusqu’au matin où il est appelé dans un terrain vague pour constater un meurtre. Un crime qui va trouver une résonance particulière dans son existence.
Un ouvrage d’une grande maîtrise, qui visite avec maestria différents genres littéraires : policier, roman noir, anticipation, dystopie et tragédie. Un sens aigu de la narration, dans ce récit où s’entrechoquent les voyages introspectifs dans la noirceur abyssale du héros et le rythme disco d’une enquête aux multiples facettes. Une bande originale merveilleusement orchestrée où « Les Smiths » reprendraient les tubes des « Village People ».
Ce roman est, également, une critique acerbe et très juste du monde contemporain et de ses errements : l’ultralibéralisme, la corruption, l’asservissement, la pollution, le cynisme des classes dirigeantes, la privation de liberté, le contrôle des masses par les technologies…. Et enfin, une réflexion profonde sur l’immigration et le déracinement, sur ce qui constitue l’identité d’un individu et sa culture.
Un texte d’une très grande richesse !
Bien décidées à recommencer une nouvelle vie après une douloureuse séparation, Caroline et sa fille Marion emménagent dans la vieille demeure familiale de bord de mer. Marion, délaissée par sa mère, occupée à se reconstruire, va s'improviser exploratrice et déceler sur cette côte déchirée de bien étranges mystères. En effet, curieuse par nature, elle va découvrir d'étonnantes sculptures disséminées dans le village et alentour, dont personne ne semble connaître l'origine et la signification. Ses investigations la pousseront jusqu'aux portes d'un phare lugubre dont le gardien, un inquiétant personnage, semble détenir les réponses, mais à être trop curieuse la jeune fille risque de réveiller de vieilles malédictions et surtout le monstre des profondeurs responsable, peut-être, des années auparavant, de la mystérieuse disparition de son grand-père marin. Un récit court, aux illustrations magnifiques d'une jeune artiste qui signe là sa première bande dessinée. Un travail remarquable, allié à un scénario bien mené. - Michaël
June a grandi enfermée dans son palais, loin du monde, attendant le jour, l’évènement magique au cours duquel elle va tenter de ne faire qu’un avec l’Animal : son totem. Ses cheveux ont été nattés, une belle parure a été posée sur ses épaules. Elle a été préparée depuis la naissance pour ce jour : tel est son destin. Son enveloppe charnelle reste dans le palais et son esprit s’entremêle à son animal totem. Elle va quitter le palais pour la première fois de sa vie. Le lien va-t-il se créer ? Ce conte chamanique nous fait voyager dans un univers mystique et mystérieux. June est très attachante car une grosse attente pèse sur ses épaules, une mission qui la dépasse. Elle a été protégée, choyée, emprisonnée presque dans cet ultime objectif, lier son esprit à l’animal. Son corps, son emploi du temps, son esprit ne lui appartiennent pas, comme une critique féministe en filigrane qui revisite la figure archétypale de la princesse des contes de fée. L’épreuve se passe, June réussit haut la main et pourtant, un goût amer lui reste. Sa vie tout entière était dédiée à ce moment : une fois passé, que lui reste-il ? Les couleurs très flash, en opposition, rose fluo sur fond bleu de l’illustration rendent bien l’opposition entre la princesse/fillette « objet » et ce qu’elle traverse et découvre pendant son épreuve : la vie sauvage, les grands espaces. Les illustrations de Justine Brax se déploient sur toute une page comme l’esprit de la princesse. Elles sont puissantes, évocatrices, et rendent hommage à la culture chamanique de nombreux peuples à travers le monde. Par son message métaphorique et son texte poétique mais parfois un peu dense, cet album sera à proposer à des enfants à partir de 6 ans.