Conseils lecture
Il y a dans la vie des métiers que l'on choisit par dévotion, par passion. Le travail en unité de soins palliatifs fait partie de ceux-là. Cette bande dessinée de reportage réalisée à l'hôpital de Roubaix nous montre le quotidien de ces héros de l'ombre. Nous suivons pas à pas leurs actes médicaux, nous nous octroyons, le temps de souffler, une pause ensemble, nous partageons leurs doutes, leurs peines, mais aussi leurs espoirs. Bien sûr, nous voyageons également avec les patients et compatissons à leurs malheurs. Malgré tout, ce titre est loin d'être triste, car au-delà des drames, il illustre ce que l'homme a de meilleur : le courage et la bonté. - Michaël
En cette année 68, le Portugal vit depuis plus de 40 ans sous la dictature de Salazar. La « Police internationale et de défense de l'État », la PIDE, fait régner la terreur dans tout le pays en éliminant systématiquement les opposants. Fernando Pais, médecin à la patientèle aisée, supporte cette situation d’une façon très détachée, voire avec fatalisme. Pourtant, une rencontre accidentelle va réveiller en lui de vieux souvenirs, ceux d’une jeunesse oubliée, aux allants de liberté, mais surtout d’amour… Il est très rare que l’on parle de la dictature subie par le Portugal de 1926 jusqu’à la révolution des Œillets en 1974. Pourtant, cela n’est pas si vieux et ce pays est très proche du nôtre. Alors, même si cette oeuvre est une fiction divertissante, elle n’en demeure pas moins, par son fond, une formidable source d’instruction et d’éveil. Portée par une écriture fine et délicate, le récit vous transporte littéralement dans le Portugal des années 1960. Aidés par de très belles illustrations aux teintes sépias, nous réalisons un voyage dans le temps et pouvons aussi ressentir les senteurs ensoleillés de ce beau pays. « Sur un air de fado » est une oeuvre à découvrir et partager, qui nous touche et redonne du sens au mot dictature. - Michaël
Mohammed, d’origine tchadienne, a 14 ans lorsqu’il décide de quitter l’Arabie Saoudite pour étudier l’anglais et l’informatique au Pakistan. Pour lui et sa famille, à la recherche de meilleures conditions de vies et de reconnaissance sociale, il va faire ce voyage vers son Eldorado. Malheureusement, les attentats du 11 septembre 2001 vont bouleverser à jamais ses plans et assombrir son nouvel horizon. Les forces américaines sont prêtes à tout pour obtenir le moindre renseignement : une aubaine pour les policiers pakistanais qui capturent sans scrupule ni vergogne toute personne originaire du Moyen-Orient, qu’ils déclarent terroriste et monnaient 5000 dollars par tête. Mohammed sera ainsi arrêté, vendu et transféré vers la base militaire américaine de Guantánamo Bay, à Cuba. Huit ans de tortures, d’humiliations et de combats s’écouleront avant qu’il ne soit jugé et - enfin - déclaré innocent.
Véritable témoignage choc d’un rescapé de Guantánamo, ce récit nous glace les sangs par sa violence et son inhumanité. « La violence engendre la violence », voici ce qu’affirmait Eschyle en son temps (né vers 525 av. J.-C., mort en 456 av. J.-C.), et qui se vérifie malheureusement encore de nos jours. L’être humain a certes progressé, mais pas à tous les niveaux... La recherche de coupables, de vérité, peut-elle excuser toutes ces exactions ? Non, certainement pas. Mais soumis à la douleur, la peine intense, serions-nous plus fort que la haine ? Tant de questions se posent à la lecture de cet album, qu’il est en soi une source philosophique à étudier.
L’histoire vraie de Mohammed El-Gorani est triste, mais peut-être salutaire, qui sait ? Merci M. El-Gorani d’avoir trouvé la force de raconter votre histoire et espérons que vous ayez trouvé la paix dans votre nouvelle vie. - Michaël
Halfdan Pisket est fils d’immigré. S’il vit aujourd’hui au Danemark et réalise des bandes dessinées sans craindre la censure et/ou la prison, c’est en grande partie grâce à son père. Turc-arménien ou Arméno-turc, son père a quitté il y a longtemps son village natal situé dans la zone frontalière instable entre la Turquie et l’Arménie. A une époque, toutes les religions et coutumes y cohabitaient en paix. Depuis le génocide arménien, un climat de défiance et d’instabilité s’est installé. Des évènements dramatiques se sont enchaînés et ont rendu son père amer et haineux. Cette situation l’a poussé à partir vers d’autres cieux où de meilleurs lendemains lui semblaient promis, mais ailleurs et exilé, sera-t-il mieux considéré ? Élaborée à partir d’interviews du père de l’auteur et d’anecdotes de sa vie dans les années 60-70, cette histoire difficile dépeint le quotidien d’un homme déchiré par la guerre et l’occupation d’une part et ses convictions et sa soif de liberté d’autre part. Avec ce témoignage, il dénonce les maltraitances subies par les minorités et l’accueil difficile réservé aux peuples déracinés. Un témoignage choc et prenant, appuyé par un dessin expressif au noir profond. Récit complet en 3 volumes. - Michaël
« Chaque soir en allant au lit, Mia faisait la même demande : Papa raconte-moi la mer. »
Alors, son père laissait de côté ses tâches quotidiennes pour se lancer dans des récits parlant d’océans. Avec émotion et entrain, il lui faisait découvrir des aventures et des personnages, en mimant les scènes. L’enfant s’endormait la tête remplie de rêves merveilleux. Le papa de Mia travaillait dur pour faire vivre dignement sa famille, mais surtout pour pouvoir offrir une jolie surprise à Mia.
Jaime Gamboa nous emmène dans un voyage autour de la mer, ses profondeurs, ses marins… Elle évoque les souvenirs, la perte d’êtres chers, la transmission, une vie de labeur où chaque chose se mérite. Mais avant tout elle retranscrit la complicité et l’immense amour entre un père et sa fille.
Les illustrations façon peinture se marient parfaitement avec la poésie de l’histoire.
Un album sensible et touchant inspiré de la chanson « Llevarte al mar » de Guillermo Anderson.
Petit crabe et Très grand crabe vivent paisiblement dans une simple mare, mais aujourd’hui, ils ont décidé de partir découvrir l’océan. Pour cette aventure il va leur falloir parcourir un long chemin semé d’embûches. Parviendront-ils à affronter la houle ?
Chris Haughton nous offre encore un très bel album aux illustrations vivantes et colorées dans des nuances vives de bleu et rose. Au travers des dialogues entre les deux personnages, il évoque l’excitation de la découverte, la peur de l’inconnu, la confiance et l’entraide. Le suspense est présent à chaque page avec les hésitations du petit face aux vagues immenses, et les encouragements du grand qui le rassure et le guide afin d’avancer un peu plus loin en anticipant le danger.
Cette histoire d’aventures et de tendresse ravira à la fois, sans aucun doute, les jeunes et moins jeunes lecteur·ices. A lire aussi de façon théâtralisée, ou bien à deux voix, pour accentuer le plaisir, le partage, et se dire : « Je suis dans l’océan ! ».
Vous découvrirez plusieurs autres titres de Chris Haughton dans votre Espace COOLturel.
« Pas de panique petit crabe » a été plébiscité par les élèves de l’école Notre-Dame de Divatte-sur-Loire : livre préféré de la sélection maternelle du prix des incorruptibles 2021/2022.
Lamya Essemlali nous entraîne dans l'épopée de la « Sea Shepherd », une organisation qui ne recule devant aucun sacrifice pour défendre les océans et de la biodiversité.
À travers ce récit, c'est le portrait d'un homme hors du commun, Paul Watson, qui se dessine : un capitaine courageux, un visionnaire passionné, mais aussi un rebelle qui bouscule les consciences.
Un livre indispensable pour comprendre les enjeux de la préservation des océans et pour s'inspirer de ceux qui luttent pour un monde meilleur.
L'arrestation injustifiée de Paul Watson au Groenland témoigne de la violence des enjeux et de cette hypocrisie qui règne dans nos gouvernements.
Ce livre est un cri d'alarme qui nous rappelle que la lutte pour la préservation de notre planète est loin d'être terminée.
June a grandi enfermée dans son palais, loin du monde, attendant le jour, l’évènement magique au cours duquel elle va tenter de ne faire qu’un avec l’Animal : son totem. Ses cheveux ont été nattés, une belle parure a été posée sur ses épaules. Elle a été préparée depuis la naissance pour ce jour : tel est son destin. Son enveloppe charnelle reste dans le palais et son esprit s’entremêle à son animal totem. Elle va quitter le palais pour la première fois de sa vie. Le lien va-t-il se créer ? Ce conte chamanique nous fait voyager dans un univers mystique et mystérieux. June est très attachante car une grosse attente pèse sur ses épaules, une mission qui la dépasse. Elle a été protégée, choyée, emprisonnée presque dans cet ultime objectif, lier son esprit à l’animal. Son corps, son emploi du temps, son esprit ne lui appartiennent pas, comme une critique féministe en filigrane qui revisite la figure archétypale de la princesse des contes de fée. L’épreuve se passe, June réussit haut la main et pourtant, un goût amer lui reste. Sa vie tout entière était dédiée à ce moment : une fois passé, que lui reste-il ? Les couleurs très flash, en opposition, rose fluo sur fond bleu de l’illustration rendent bien l’opposition entre la princesse/fillette « objet » et ce qu’elle traverse et découvre pendant son épreuve : la vie sauvage, les grands espaces. Les illustrations de Justine Brax se déploient sur toute une page comme l’esprit de la princesse. Elles sont puissantes, évocatrices, et rendent hommage à la culture chamanique de nombreux peuples à travers le monde. Par son message métaphorique et son texte poétique mais parfois un peu dense, cet album sera à proposer à des enfants à partir de 6 ans.
En 2050, la robotique est présente partout. Les hommes ont développé une « intelligence artificielle » évolutive, réactive aux stimuli qui l’entoure. De ce fait, chaque programme est unique, chaque robot possède et développe sa propre perception, mais également prend conscience de son existence. Cela n’est pas sans conséquence, car dans un monde où l’Homme brutalise, asservit les minorités, les tensions montent entre les deux mondes. Apparu au début du 20e siècle et vulgarisé par Isaac Asimov dans une série de nouvelles et de romans, la robotique est devenue depuis un thème récurrent de la science-fiction. Ces récits, pour la plupart, abordent le thème du grand remplacement, avec des guerres meurtrières entre Hommes et Machines. Ici rien de tel, l’intrigue est plus originale et subtile. L’auteur nous entraîne dans le subconscient des humanoïdes et pose les bases d’une réflexion intéressante sur ce qu’est l’Âme : est-elle simplement l’apanage de l’espèce humaine ? Nous explorons également les facettes obscures de nos sociétés : la surconsommation, la violence et ce besoin de domination, source de conflits. Loin d’être manichéenne, l’histoire est une parabole de notre civilisation, du pluralisme identitaire et de la place de chacun.
Jorge Fornés illustre le récit avec clarté et de légères nuances rétro rendent un hommage appuyé aux pulps d’antan. Les cadrages et les gaufriers sont variés, leur exploitation intelligente donne une fluidité au récit et le rend extrêmement dynamique. Vous l’aurez compris avec cette œuvre, pas de bastonnades à n’en plus finir, mais une réelle introspection sur nous-même. Brillant ! - Michaël
Justin Warner, chef américain émérite, est depuis 2010 à la tête d’une émission culinaire moderne et déjantée dont le merveilleux concept est d’imaginer des recettes pour les super-héros. En s’inspirant de leurs univers, de leurs origines, de leurs histoires… il vous propose de mijoter des petits plats originaux qui vous donneront sûrement des pouvoirs extraordinaires. Pour ce faire, vous trouverez dans cet ouvrage une compilation des meilleures préparations réalisées lors de ses émissions (à visionner également sur le site internet « Marvel.com », in English of course).
Attention ici on ne fait pas dans le détail et la finesse et on est plus proche de la street food que des recettes d’un étoilé Michelin. Mais c’est ça qui est bon ! Le plaisir tellement régressif que vous éprouverez en mangeant avec les doigts le hot-dog hypercalorique de votre super-héros préféré, et qui vous donnera une patate d’enfer. Attention quand même à ne pas trop en abuser si vous voulez plus ressembler à Batman, qu’à Fatman.
Autre avantage de ce livre : il vous permettra de découvrir des plats aux origines diverses et variées : scandinave avec Thor, africaine avec Black Panther, mais aussi italienne et sud-américaine, puisque la cuisine états-unienne a digéré depuis longtemps les recettes de ses diasporas. Enfin contre toute attente, cet ouvrage propose aussi des plats végétariens.
Un excellent morceau de pop culture à déguster en famille sans modération !
Une nouvelle version de la biographie de Van Gogh.
L'auteur choisit de faire parler Marguerite Gachet, fille du médecin qui accueillit le peintre à la fin de sa vie à Auvers. C'est donc cette période de sa vie d'artiste incompris et rejeté des impressionnistes qui nous est décrit sous forme romancée mais bien documentée. Le dénouement est surprenant et audacieux. L'écriture simple nous donne un très agréable moment de lecture, en nous imprégnant de cette époque. A mettre en parallèle avec les films sur Van Gogh. - C.
Mémé avait prévu de lire tranquillement dans le jardin. Seulement voilà il y a beaucoup trop de bruit autour d’elle. La mère qui passe la tondeuse, la fille qui écoute la musique à fond, le chien qui aboie… « Y en a marre ! », mamie décide donc de partir à la plage. Hélas toute la tribu trouve que c’est une excellente idée et souhaite l’accompagner. Grand-mère réussira-t-elle enfin à trouver du calme ?
L’autrice dresse le portrait d’une mamie très ingénieuse. Le texte court et les dessins expressifs et pleins de détails donnent du rythme à l’histoire, et fait bien ressortir l’énervement de Mémé.
C’est un album très drôle et divertissant avec une chute inattendue bien trouvée.
Conseils lecture
Connaissez-vous la loi de Murphy, appelée également loi de l’emmerdement maximal, ou encore la fameuse théorie de la tartine beurrée qui tombe toujours du mauvais côté ? Selon elle, si une catastrophe peut arriver… elle arrivera. C’est exactement ce que ce court roman va démontrer, avec un humour irrésistible, en suivant les mésaventures d’un couple pas tout à fait comme les autres : les Godart.
Ils sont tous les deux thérapeutes. On peut les imaginer, selon l’auteur, « de classe CSP+ cultivée, tendance bourgeois-bohème de centre-ville parisien, fréquentant les cinémas d’art et d’essai, les théâtres et salles d’expos, mangeant bio, voyageant éthique, votant à gauche, vivant à droite. »
Ils viennent d’emménager dans leur nouvel appartement, et toute l’histoire va se dérouler dans leur salon au lendemain de leur pendaison de crémaillère. Autant dire que le réveil est bien difficile et qu'à partir de là, les ennuis vont s’enchaîner dans une mécanique implacable, où chaque élément précipite le suivant.
L’écriture de ce huis clos s’apparente à celle d’un vaudeville : théâtrale, rythmée, drôle, offrant des situations et des rebondissements déjantés. On imagine sans peine les personnages évoluer sous nos yeux, pris au piège de leur propre quotidien.
Une comédie satirique sur le destin, la poisse, le couple et nos petites contradictions humaines.
J.M. Erre n’a pas voulu écrire un « feel good », mais son livre nous apporte de la gaieté — et ça fait du bien.
un titre jeunesse, adressé en particulier aux ados et préadolescents.
Nous y retrouvons tous les codes des meilleurs romans « youg adult », tels « Hunger games » et autre « divergente » : héros adolescents, action, secrets, fantastique, etc. Le récit développé
avec tact et maîtrise scénaristique, ménage des plages de suspense et
permet ainsi à chacun de s’y retrouver et de prendre du plaisir. - Michaël
Intempérie est une adaptation du roman éponyme de Jesus Carrasco. Cette œuvre espagnole d’une rare intensité dramatique, traite d’une enfance perdue. Javi Rey, l’adaptateur, a réussi à nous rendre tous les ingrédients du récit original. Le suspense et le stress qui lui sont liés, sont omniprésents. Le rythme est soutenu et quelquefois entrecoupé de bénéfiques moments de paix. L’illustration est à la hauteur du drame. Avec un trait sec et précis, les personnages semblent si réels, marqués, déformés par les malheurs de leur existence... De ce fait nous devenons le témoin impuissant d’une fuite que nous soupçonnons sans issue. L’utilisation des couleurs est également intéressante, les nuances de bleu, de jaune et de rouge renforcent les tensions du récit. Intempérie est un récit âpre, dur, mais qui laisse tout de même la place à l’espoir. - Michaël
Dans quelques jours, c’est le début du grand « Festival sportif ». Cet événement est une véritable fête et les ami·es de Gouttelette y participent pour différentes activités : le lancer de galets, l’écriture d’un hymne et la prise en charge du buffet. Cependant, plus l’événement approche, plus le stress monte et moins iels se sentent à la hauteur. Heureusement, la gentillesse et les douces paroles de Gouttelette seront d’une aide bien précieuse…
Destinée aux plus petit·es, cette bande dessinée au format carré est une vraie réussite. Avec peu de pages, remplies également de peu de cases, au maximum quatre, l’autrice néo-zélandaise réussit à construire un récit solide de bout en bout. L’intrigue, axée sur l’entraide et l’amitié, est un véritable catalyseur de positivisme et de valeurs. Les enfants apprécieront ce moment passé avec Gouttelette, seront attendris par cette galerie de personnages trognons et se retrouveront dans les situations proposées.
Cette belle leçon de vie est un exemple pour les enfants, mais aussi pour les adultes, qui, trop souvent, se sont perdu·es dans ce monde de plus en compétitif et égoïste.
Depuis des dizaines d’années, le littoral breton est envahi d’étranges algues vertes. Ici et là, elles apparaissent, transformant d’innocentes promenades bucoliques en un combat de vie ou de mort. Ces algues, en se décomposant, diffusent de l’hydrogène sulfuré dont l’odeur d’œuf pourri est incommodante, mais pire que la gène olfactive, c’est un véritable poison pour toute créature l’inhalant. Depuis les années 80, elles font des victimes. Des femmes et des hommes ont alerté les autorités compétentes, mais - et c’est peut-être cela le véritable drame -, ils se heurtent à l’appareil d’État, bien désireux d’étouffer l’affaire et de protéger certains intérêts... Si cela avait été une fiction, nous serions devant un récit captivant et nous nous dirions, non ce n’est pas possible, c’est trop gros, pas en France... Malheureusement, tout est vrai. Cette enquête détaillée, minutieuse, nous plonge dans la honte, la colère et l’écœurement. Inès Léraud, journaliste et autrice de ce documentaire, nous dévoile les rouages d’un système gangréné par les connivences entre le monde politique et le monde industriel (ici agroalimentaire). L’un et l’autre se protégeant, l’un pour le pouvoir, l’autre pour le profit. Les questions environnementales et/ou de santé public sont balayées, relayées au second plan alors qu’elles devraient être la base de toutes les constructions, évolutions de la société. « Algues vertes » revient également sur l’histoire du monde agricole, qui a connu une transformation radicale après la Seconde Guerre mondiale. Le récit n’incrimine donc pas les agriculteurs et/ou éleveurs, qui sont également victimes d’un système qui les emprisonnent, les broient et dont nous, consommateurs, sommes complices. « La revue dessinée » réalise un travail remarquable de vulgarisation et d’information. Ces initiatives doivent être encouragées afin d’éveiller et d’éduquer à l’analyse et à la critique un public noyé dans l’information commerciale d’internet et des chaînes de télévision. Si nous souhaitons une société plus juste, éveiller les consciences comme le fait cette revue et son petit frère « Topo » est un enjeux majeur pour notre futur. - Michaël
Le canapé de Panda et Pingouin est vraiment trop vieux. Ils décident donc d’aller au magasin afin d’en acheter un nouveau. Parmi la multitude de modèles proposés, le choix s’avère bien compliqué… Nos deux amis arriveront-ils à trouver la perle rare ?
À travers des illustrations « simples », crayonnées aux pastels, cet album évoque la surconsommation de notre société, ainsi que la relation d’attachement aux objets qui nous sont chers.
Comme le dit si bien Fifi Kuo « Les choses que l’on possède déjà peuvent parfois être les plus parfaites ! »
Anya est une jeune adolescente comme les autres, avec des préoccupations propres à son âge et d’autres liées à ses origines russes. Rien de bien méchant mais sa vie va changer du tout au tout le jour où elle tombe accidentellement dans un puit abandonné. Celui-ci est hanté par Emily, une petite fille morte depuis plus de 90 ans. Les deux jeunes demoiselles vont alors développer une connivence pour le moins étrange... Nous revoici avec un récit de Vera Brosgol, qui nous avait enchantés avec son titre « Un été d’enfer ». Ce titre, antérieur mais jusque-là inédit en France, avait remporté en 2011 un prestigieux Eisner Award, grand prix de la bande dessinée américaine. Il le mérite amplement car une nouvelle fois action et émotions sont au rendez-vous dans ce récit complet pour la jeunesse. Au-delà du récit fantastique, Vera Brosgol, nous dévoile une partie de sa jeunesse, le choc des cultures et la difficulté d’intégration et d’acceptation de l’étranger. Elle aborde également le thème de l’adolescence, des préoccupations liées à cette étape et de l’importance qui tient l’amitié. Bien sûr la partie « fantastique » est du même niveau, excellent, et inattendu. On pense tout d’abord à une histoire quelque peu classique, mais bien vite elle sort des sentiers battus. Un titre jeunesse que l’on va réserver au plus de 10 ans tant certaines scènes peuvent être flippantes pour un trop jeune lecteur. Encore une fois, l’éditeur « Rue de Sèvres » nous fait découvrir un très bon titre, cela devient récurrent, pour notre plus grand bonheur. Merci ! - Michaël
Márcia est infirmière. Elle vit dans une favela de Rio et comme tous et toutes, elle a du mal à joindre les deux bouts. Pourtant sa vie n’est pas si mal, si ce n’est sa relation avec Jaqueline, sa fille, qui fricote dangereusement avec les dealers du coin…
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« Écoute, jolie Márcia » est un titre brésilien au fort goût d’authenticité, celle de la vie difficile dans les bidonvilles de « L'éternel pays d'avenir ». On y croise des personnages aux forts caractères, mais au courage essentiel pour survivre dans cette société pétrie de violence. Tout au long de cette lecture, on découvre des portraits de femmes et on comprend le rôle qu’elles jouent dans l’ombre, ô combien important pour maintenir un peu d’humanité dans la société brésilienne. Au-delà, cette oeuvre est aussi une histoire de famille, celle du combat d’une mère pour offrir à sa fille un meilleur avenir.
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Marcello Quintanilha possède un style graphique propre, aux volumes et aux couleurs généreuses, pleines de vie et de passion, sans nul doute, à l’image de son pays.
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« Écoute, jolie Márcia » est un récit remarquablement écrit, au suspense intenable qu’il sera difficile d’oublier.
Airnadette, est un groupe réputé d’air musique et de playback qui déchaîne les foules durant les concerts, en France, en Europe et également aux Etats-Unis. A travers cette comédie musicale, Airnadette a décidé d’initier les enfants aux plaisirs de la scène. C’est ainsi qu’est né « Du rock dans ton salon », l’histoire romancée de la formation du groupe composé de Scotch Brit, Château Brutal, Moche Pitt, Gunther Love, Jean-Françoise et M’Rodz.
Tu adores la musique, chanter, tu rêves de monter un spectacle avec tes ami·es, alors n’hésite plus ce livre est pour toi. Pas besoin de talents particuliers, tout est parfaitement expliqué pour vivre une expérience délirante et pleine d’humour. Quelques accessoires suffiront pour entrer dans la peau d’un·e musicien·e de rock.
Les dialogues sont pointus et rigolos et retranscrits avec des indications de mises en scène dans des fiches de répétition. Le cd du show est intégralement joué et chanté par le groupe Airnadette en personne. Un code permet aussi de télécharger une version mp3 sur le site de l’éditeur, où l’on trouve pleins de bonus et tutos pour apprendre les chorégraphies.
Découpé en huit scènes, le livre-spectacle est rempli de blagues pour faire rire les petit·es, et de références rock qui raviront les plus grand·es.
A Paris, à la Belle Époque, on fête la victoire, la musique des orchestres remplace le son du canon. Pourtant, même avec une coupe de champagne, pour certains la pilule est dure à avaler. Le héros, un ancien combattant estropié au champ d’honneur, a du mal à tourner la page. Alors pour oublier ce que la guerre lui a fait subir, pour réparer ses injustices, il propose son aide aux familles d’anciens soldats dans la détresse.
Un matin de 1925 il est contacté par une riche héritière afin de retrouver son fils. Après quelques jours il découvre que le destin du jeune homme est intimement lié à celui d’une femme dont il est follement amoureux. Commence alors un merveilleux voyage à la recherche de ses amants disparus où l’on découvre peu à peu l’infini pureté de leurs sentiments.
La noblesse de leurs âmes comme une réponse à la brutalité de la guerre et à sa barbarie, avec tout au long du récit cette question suspendue : « l’amour et la poésie pourront-ils suffire à surmonter l’atrocité et l’absurdité des combats ? »
Une histoire d’une grande sensibilité, pleine de surprises et de rebondissements, une danse onirique menée tambour battant, au rythme des cœurs bouleversés, sous le tonnerre des bombes. "Roméo et Juliette" dans les tranchées, inspiré par Boris Vian et filmé par Tim Burton.
Entrez dans le journal de Piranèse, qui vit dans une maison tellement immense qu’il n’a pas réussi à compter le nombre de pièces qu’elle contient. Cette maison, il l’explore. Il note, il analyse, il cherche à comprendre ; et, de temps en temps, il y croise l’Autre, scientifique à la recherche du « grand savoir ». Un jour, Piranèse découvre l’existence d’un troisième habitant dans ce palais labyrinthique. Sa réalité et ses certitudes en sont bouleversées… Et de plus grandes questions subsistent pour nous lecteurs : Où vivent-ils ? Ce monde est-il réel ? Comment expliquer l’inexplicable ?
Susanna Clarke y répondra avec brio dans un récit très bien ficelé qui prendra une toute nouvelle dimension, un récit qui étonne sans cesse, décontenance, et même manipule parfois. L’autrice pose au passage quelques questions philosophiques passionnantes sur la vérité et la réalité. Un roman troublant, original, unique.
Ichitarô est un amoureux de la vie, plein d’espérance, tout est source de joie pour lui. Chihaya, elle, est tout le contraire, grincheuse, mal dans sa peau, elle subit plus qu’elle ne vit. Un jour leurs chemins vont se croiser et ce qui les sépare va les rapprocher. Chihaya redécouvrira le monde à travers les yeux éteints d’Ichitarô. Ce récit complet provenant du Japon est une ode à la vie. Il cultive le positivisme en recherchant le bon côté de chaque chose. Il traite du handicap et en fait une force en montrant que la vie, malgré l’adversité, à une valeur unique à apprécier. - Michaël
June a grandi enfermée dans son palais, loin du monde, attendant le jour, l’évènement magique au cours duquel elle va tenter de ne faire qu’un avec l’Animal : son totem. Ses cheveux ont été nattés, une belle parure a été posée sur ses épaules. Elle a été préparée depuis la naissance pour ce jour : tel est son destin. Son enveloppe charnelle reste dans le palais et son esprit s’entremêle à son animal totem. Elle va quitter le palais pour la première fois de sa vie. Le lien va-t-il se créer ? Ce conte chamanique nous fait voyager dans un univers mystique et mystérieux. June est très attachante car une grosse attente pèse sur ses épaules, une mission qui la dépasse. Elle a été protégée, choyée, emprisonnée presque dans cet ultime objectif, lier son esprit à l’animal. Son corps, son emploi du temps, son esprit ne lui appartiennent pas, comme une critique féministe en filigrane qui revisite la figure archétypale de la princesse des contes de fée. L’épreuve se passe, June réussit haut la main et pourtant, un goût amer lui reste. Sa vie tout entière était dédiée à ce moment : une fois passé, que lui reste-il ? Les couleurs très flash, en opposition, rose fluo sur fond bleu de l’illustration rendent bien l’opposition entre la princesse/fillette « objet » et ce qu’elle traverse et découvre pendant son épreuve : la vie sauvage, les grands espaces. Les illustrations de Justine Brax se déploient sur toute une page comme l’esprit de la princesse. Elles sont puissantes, évocatrices, et rendent hommage à la culture chamanique de nombreux peuples à travers le monde. Par son message métaphorique et son texte poétique mais parfois un peu dense, cet album sera à proposer à des enfants à partir de 6 ans.
Le vent, la marée et le soleil l’indiquent. Il est l’heure de partir. L’heure de partir pour le sud, vers les pays chauds, mais avant, un long périple les attend… A travers les yeux d’un oiseau migrateur, « Vers le sud » nous parle de ces longs voyages de plusieurs milliers de kilomètres que font ces volatiles deux fois par an. Cet album aux magnifiques couleurs pastels et aux illustrations simples nous donne à voir les paysages qui défilent et nous raconte l’expérience de la migration : tenir le rythme, utiliser les courants aériens pour se laisser porter et finalement arriver au bout d’un périple difficile, à la terre promise. Et entre temps, survoler les activités bien étranges des humains, encore plus vues du ciel... Un album court et accessible qui permet d’introduire avec justesse la notion de migration ornithologique auprès des enfants.
« Tourne, pense, regarde. » est un livre amusant, visuel et très imaginatif. Son concept est simple et ingénieux : à chaque page, une illustration colorée aux formes variées apparaît.
D’abord, l’image semble représenter quelque chose de précis… mais en tournant l’album, la magie opère : l’illustration se transforme en une toute nouvelle scène. Et encore une fois, en pivotant le livre, une autre image surgit, ouvrant la porte à une nouvelle histoire.
Très coloré et graphique, cet album captivera aussi bien les petits que les grands, qui s’amuseront ensemble à découvrir les nombreuses surprises imaginées par l’auteur.
Selon sa tante, Miyo est une bonne à rien, pourtant elle va réussir à décrocher un emploi dans la boutique de M. Momotoshi, un marchand excentrique spécialisé dans l’importation de toutes sortes de babioles. Une nouvelle vie commence donc pour la jeune orpheline qui va devoir apprendre de nouveaux codes de conduite mais également mettre à profit son talent de divination...
Que voici un manga fort sympathique qui devrait trouver un plus large public que celui habitué au genre. Nous sommes sur un récit de type « seinen », destiné aux adultes, mais qui présentement peut être lu par un plus jeune public tant l’histoire est délicate et délicieuse. Nous suivons donc Miyo, tendre et attendrissante avec ses côtés un peu gauche et sa timidité propres aux personnes ayant été dévalorisées dans leur enfance. Même si cela ne constitue pas la trame principale, on devine que Miyo va s’épanouir en trouvant écoute et stimulation auprès de cet étrange M. Momotoshi. Cette intrigue, qui sera le fil conducteur de cette œuvre en 6 volumes, est distillée dans les nombreuses histoires que nous proposent le manga. Les différents chapitres proposent à chaque fois la découverte d’un objet occidental de la fin du 19e siècle et une fiche explicative de son fonctionnement. Loin d’avoir livré tous ses secrets dans ce premier volume, nous attendons avec impatience d’en savoir plus sur le don de divination de Miyo, qui devrait par la suite se montrer d’une extrême importance…