Conseils lecture
Dans certains récits, il arrive que des enfants disparaissent dans des mondes étranges et fantastiques où ils endossent le rôle de sauveur. Ils y deviennent des légendes et l’histoire ce termine en happy-end. Très bien... mais entre temps que s’est-il passé pour les parents, les proches de ces enfants disparus ?
« Ceux qui restent » est une histoire singulière et étonnante qui prend le contre-pied des œuvres fantastiques classiques. Cette fois, nous ne voyageons pas avec les enfants mais restons à quai avec ces parents morts d’inquiétude et suspectés de choses atroces par la police et une certaine presse à scandale. Tous les ingrédients d’une BD réussie sont réunis dans cette fable oscillant entre polar et fantastique. L’histoire est habillement écrite, ménageant des moments forts en suspense et émotions. Vous serez également charmé par les illustrations d’Alex Xöul, fluides et agréables, qui adoucissent l’atmosphère inquiétante du récit. Un récit envoûtant et inattendus en provenance de la belle Espagne. -Michaël
Olive et Léandre ont pour point commun qu’ils se sentent terriblement seuls. Un jour, ils ont la même idée : voyager et aller voir ailleurs. Olive le poulpe part vers le nord et Léandre l’ours part vers le sud. Arrivés à mi-chemin, ils vont droit devant et ne se voient même pas. Alors Olive arrive chez Léandre et Léandre arrive chez Olive, mais ils sont toujours aussi seuls… Le texte d’Alex Cousseau ondule du nord au sud comme les animaux de l’océan. Le système d’échange épistolaire entre Léandre et Olive est savoureux et empreint de poésie ; nous ressentons avec force la mélancolie de nos deux héros qui passent leur chemin sans prendre le temps de regarder la beauté qui les entoure et connaître les autres habitants de l’océan. L’illustration de Janik Coat complète parfaitement le propos : son trait précis et ciselé, travaillé nettement à l’ordinateur, ses beaux camaïeux et ses oppositions de couleurs chaudes ou froides viennent ajouter du rythme et du sens à ces échanges sans fin entre nos deux protagonistes. De plus, c’est sans compter les détails foisonnants sur la vie des fonds marins qui permettent de lire et relire avec gourmandise cet album en ayant toujours quelque chose de nouveau à découvrir.
Lorsqu'une personne éternue, il est de tradition de dire " à vos souhaits", mais Félix, lui, détourne la chose en disant : "A mes souhaits". Pour quelle raison ? Tout simplement parce que c'est sa collection... Félix collectionne les souhaits des autres ! Il a déjà une belle collection lorsqu'il rencontre Calliope. Cette mystérieuse jeune fille n'a pas de souhait, mais pourquoi ? Loïc Clément nous a écrit un très beau conte, original et poétique. Cette oeuvre est mise en image par Bertrand Gatignol, illustrateur talentueux au trait fin qui donne vie à cette oeuvre d'une grande beauté. La bande dessinée jeunesse est un vivier de récits innovants et de qualité, "Le voleur de souhaits" fait partie des prochains classiques de la littérature. - Michaël
Tradition ancestrale des Balkans :"les vierges jurées". Ces femmes qui faisaient voeu de chasteté - souvent pour échapper à un mariage forcé - renonçaient à leur vie de femme. Elles étaient acceptées en tant qu'hommes et participaient aux prises de décision du village.
Voilà le destin tout tracé de Manushe. Mais un jour, arrive un étranger et toute sa féminité refoulée va s'éveiller. S'ensuivent les troubles que l'on peut imaginer et bien plus...
C'est la première partie du livre. La suite va de rebondissement en rebondissement pour nous livrer un très beau premier roman.
L'ambiance de neige est si bien décrite qu'on ressent le froid et la rudesse du quotidien. Une découverte que le monde de ces femmes à qui il a fallu tant de courage pour traverser tellement d'épreuves !
Un réel coup de coeur C.
L’héroïne fuit une enfance familiale étouffante dans un grand Nord brumeux et part vivre sa vie d'adulte à Los Angeles aux mœurs libérées. Elle y rencontre une multitude de gens et de situations variées avant d'être rappelée vers ses souvenirs traumatisants par la nécessité de prendre soin d'un être qui l'attend sans la connaître. Sa vie s'en trouve bouleversée jusqu'à... Belle écriture maîtrisée, entre songes, remords et questionnements. Véronique Ovaldé nous entraîne avec talent dans les pas, les pensées et les expériences heureuses ou malheureuses de l’héroïne ; dans son apprentissage du monde, des amours vrais, mais aussi des plagiaires et faussaires (en écriture et sentiments). Ces brigands qui peuvent ne pas manquer de grâce. - Catherine
Od est une petite fille qui vit avec sa tribu nomade dans la Taïga. Ils sont les derniers pasteurs de rennes. Cet hiver est encore plus glacial que les autres et Naran, le petit frère d'Od, tombe gravement malade. Le chaman est formel : seul l'astragale, une fleur qui pousse au sommet de la plus grande montagne, le sauvera. Od et son ami renne s'en vont alors à la recherche de ce remède. Ils se voient entraînés dans une aventure pleine de dangers mais aussi de rencontres. Le voyage d'Od est un bel hommage à la montagne sauvage, souvent dangereuse, et aux animaux qui l'habitent. C'est aussi l'occasion de découvrir un peuple peu connu habitant le nord de la Mongolie : les Doukha. Le respect de la nature, les réflexions détachées et posées de la fillette en font presque un conte philosophique. Les illustrations tantôt sombres, tantôt colorées se mettent au diapason du récit qui alterne entre les sentiments de peur et la solidarité dont fait preuve Od vis-à-vis de ces animaux. Ce récit chamanique, presque onirique, nous entraîne dans une aventure poétique, rythmée, et porteuse d'un beau message sur la richesse de la nature et de ses habitants.
Georges et Bébert sont deux rescapés d’un naufrage. Ils naviguent sur ce qu'il leur reste de bateau. Bébert est plutôt agacé de la situation, qui ne fait qu’empirer : il commence à pleuvoir, une nuée de poissons volants leur passe au-dessus, un orage éclate, des sirènes surgissent des vagues pour chanter une chanson qui reste dans la tête ! Bébert, lui, relativise par sa phrase favorite : « Ça pourrait être pire ». A travers cet album très coloré, Einat Tsarfati mets dos à dos deux personnages aux caractères opposés. Avec de nombreuses touches d’humour, le lecteur assiste impuissant à la dégradation de la situation : nous ne pouvons être qu’impressionnés devant le calme et la joie inébranlables de Georges ! Mais tout optimisme a ses limites… Le passage par les fonds marins est l’occasion pour l’autrice-illustratrice d’utiliser toute une palette de couleurs expressives. Le lecteur savoure les détails fourmillants de la vie aquatique. Cet album nous rappelle qu’il faut savoir positiver, car dans n’importe quelle situation, ça pourrait être pire !
Julian voyage dans le métro avec sa Mamita quand soudain il voit passer trois magnifiques femmes habillées en sirène. Admiratif, il rêve alors lui aussi d’en devenir une. Arrivé chez sa Mamita, il entreprend de se confectionner un magnifique costume avec les rideaux et plantes d’intérieur, et Mamita le surprends ! Que va-t-elle penser de lui ? Elle pense qu’il est temps de l’amener à la grande parade des sirènes. Jessica Love nous offre un magnifique récit ancré dans la modernité et dans les questionnements actuels de la société. Julian, un petit garçon, qui rêve de s’habiller en sirène ? et pas d’adultes pour lui dire qu’il n’a pas le droit de le faire ? cela fait du bien ! Le message d’amour et de tolérance de la Mamita pour son petit-fils est touchant de tendresse. Les illustrations prennent vie sous nos yeux. Les postures et gestes des personnages sont magnifiquement illustrées et la vie d’un quartier afro-américain mis en scène avec humour, fourmillant de petits détails. Entre ces scènes de la vie quotidienne se glissent des pages plus oniriques, ou Julian donne libre cours à son imagination du monde aquatique. Cet album est un régal tant dans la justesse du récit que dans le thème abordé ; les illustrations elles, nous vont droit au cœur. Il est assurément, l’un de mes plus grands coups de cœur de cette année 2020.
« Le poids des héros » est un récit autobiographique dans lequel David Sala nous raconte son enfance dans les années 80, mais surtout sa réalisation de soi dans l’ombre des horribles récits racontés par ses grands-pères. Tous deux ont connu la dictature franquiste puis la Seconde guerre mondiale. Ils ont vécu et survécu à bien des cauchemars. Ils sont des survivants, mais pour les yeux d’un enfant, de véritables héros. Alors pour un jeune esprit, que penser de sa vie actuelle, si ce n’est qu’elle est bien facile, bien ordinaire comparée à celle de ces monstres sacrés. Ce trouble ne le quittera jamais, mais au lieu de l’enfermer, il puisera en lui pour créer, écrire, peindre une œuvre de mémoire, salutaire, afin de trouver au final sa place, son rôle : celui de conteur.
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Tendre et mélancolique, cette œuvre aux peintures magnifiques possède un vrai ton, différent, comme un appel, à ne pas oublier.
L’histoire se déroule dans un quartier résidentiel, où la vie semble couler sans encombre. En septembre, dans le jardin des Loverly, se tient le traditionnel Barbecue entre voisin·es. On se croirait presque dans la série « Desperate Housewives ». Une nuit, un terrible accident va venir bouleverser le calme apparent de cette petite communauté. Les murmures vont se faire plus insistants, puis se transformer en rumeurs. Mais est-ce vraiment à ce moment-là que les choses ont réellement dérapé ?
Nous allons suivre quatre couples, en particulier, le point de vue des femmes.
Au fil des chapitres, chacune d’elle, forte de leur personnalité différente, exprime leur rapport à la maternité, au couple, au travail…
Construit tel un thriller psychologique à double temporalité, les secrets se dévoilent au fur et à mesure. On essaie de trouver la vérité et de comprendre l'impensable. L'autrice nous tient en haleine jusqu'à la fin.
Une lecture captivante, empreinte de sororité, d’émotion et de personnages attachants.
Béa est une jeune fille anxieuse, mais volontaire. Elle vit avec son grand-père et l’aide à préparer de nombreuses potions. Elle a toujours vécu avec celui qui l’a adoptée toute petite, sa seule famille. Alors, lorsque celui-ci part secrètement pour une mystérieuse mission, elle décide de tout abandonner pour le retrouver. Hélas, le monde extérieur est bien déroutant et sa rencontre avec Cad, créature aussi étrange qu’insouciante, va la propulser dans une aventure pleine de dangers et de surprises... « Lightfall » est la nouvelle pépite américaine proposée par les éditions Gallimard. Il faut dire que ce titre a tous les ingrédients pour plaire à un large public et devenir un véritable succès. On y trouve un univers riche, original, baigné de légendes ancestrales et de secrets intrigants qui vont alimenter le récit et nous tenir en haleine du début jusqu’à la fin. Les principaux protagonistes sont charismatiques, différents, mais complémentaires. Ils ne sont pas lisses, pas trop parfaits, ont des blessures qui les rendent « vrais », attachants. Tim Probert n’est pas qu’un excellent conteur, il est également un illustrateur doué. Ses planches sont de toute beauté, lumineuses ou sombres, drôles ou graves, selon l’humeur du récit. L’ensemble forme une œuvre à la forte puissance narrative dont le tonus est communicatif. - Michaël
Conseils lecture
Michel, 19 ans, commence son apprentissage en coiffure dans le salon de Gérard. Il apprend les gestes et savoir faire de son métier auprès de Carole, une jolie blonde peu farouche. Le jeune homme inexpérimenté qu’il est, succombe évidemment à son charme...Etre coiffeur lui vaut quelques moqueries dans la cité, mais lui permet de se rapprocher facilement de la gent féminine et d’apprendre à la connaître. Notre jeune homme va donc découvrir – avec quelques difficultés mais surtout beaucoup de bonheur – qu’il n’a pas besoin d’être un apollon ou un séducteur pour toucher le cœur des femmes. Et surtout de celle qui - à son grand étonnement – lui plaît de plus en plus (malgré sa couleur ratée). Sylvain Cabot signe ici un titre plein de tendresse à l’atmosphère rétro. Un petit morceau de vie – de quartier et de jeune adulte – dans un lieu on ne peut plus banal, mais où chacun à force de petites attentions portées à l’autre, trouve sa place et se sent bien. Sylvain Cabot et son héros Michel partagent ceci : savoir enjoliver la vie à coup de couleur et de pinceau. N’hésitez donc pas, au salon Dolorès & Gérard, vous passerez un doux moment en bien agréable compagnie. - Michaël
New-York fin des années cinquante, Carney est marié, il a une fille et dirige tant bien que mal un magasin de meubles à Harlem. Tout n’est pas évident, mais vu d’où il vient, il s’en sort pas si mal. Père truand, mère décédée, il a poussé dans la misère, comme les mauvaises herbes qui se frayent un chemin à travers le bitume fissuré des trottoirs d’Harlem.
Carney a des principes, il s’est accroché pour faire des études, et il reste dans le droit chemin : tout sauf ressembler à son escroc de père, violent et absent. Seulement dans son quartier, les dés sont tous un peu pipés, et personne n’est irréprochable. Alors si on veut grimper, il faut s’arranger avec son honnêteté, et surtout graisser la patte aux bonnes personnes pour qu’elles vous fassent la courte-échelle.
C’est cet homme attachant, entre deux mondes, côté pile honnête marchand de meuble, côté face un peu receleur, un peu magouilleur, dont nous suivons le parcourt au fil des années. Une baignade dans les eaux saumâtres de l’Hudson, avec quelques beaux spécimens de poissons carnassiers et une déambulation dans les rue de New-York, ville magique, dont le souffle vous porte.
Un roman qu’on lit en apnée, emporté par le flot des mots, avec l’index qui frénétiquement égrène les pages. Plus encore qu’un hommage au récit de gangsters, l’histoire intimement liées d’un homme, de sa famille et de son quartier, un homme fier, droit, qui ne renonce pas et qui l’aime sa putain de ville d’escrocs.
Un voyage trop cool dans la jungle de béton d’Harlem, à condition de ne pas terminer les deux pieds coulés dedans !
Hector est un cerf majestueux, puissant mais solitaire. Toutes les biches sont folles de lui, en particulier Leila. Au printemps les bois d’Hector fleurissent comme un arbre. Pour cacher sa différence il se retire alors du groupe laissant ainsi Leila seule face aux autres mâles du clan. Elle n’a d’yeux que pour lui et elle l’aime comme il est. La jeune biche décide donc de partir à sa recherche à travers la forêt…
L’histoire retrace le cycle de la vie au rythme des saisons. Les illustrations pleine page sont magnifiques et complètent parfaitement l’histoire. Le texte est court, pas de phrases, poétique.
Un album puissant sur l’amour, la différence, l’acceptation de soi.
Ce roman nous parle du cachemire qui est devenu une manne pour les chinois peu scrupuleux; Des coutumes ancestrales, de la culture des nomades mongols vouée à disparaître. L'écriture est sensible, et nous offre de très beaux passages à la hauteur de la beauté de la steppe, et de la beauté des belles matières, à l'image du cachemire. C'est aussi une belle histoire d'amitié, de reconnaissance et de liberté. Je vous invite donc à partir aux côtés de Bolormaa, l'héroïne de ce beau roman. - Catherine
Alan, auteur en mal de reconnaissance, vient de perdre son ami d’enfance. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, sa compagne en profite pour lui annoncer qu’elle le quitte pour quelqu’un de plus mature et surtout de plus talentueux. Alors forcément au bord de la piscine de ses voisins, qu’il entretient pendant leurs vacances, Alan à la sensation, comme Isabelle Adjani dans son petit pull marine, d’avoir touché le fond.
Mais qu’à cela ne tienne il va rebondir et s’imposer une discipline de samouraï pour écrire le roman de sa vie et reconquérir l’être aimé ! Malheureusement, rien ne se passe comme prévu. Alan est aux antipodes d’un maître de guerre japonais et ses bonnes résolutions sont tout sauf faciles à tenir. Un peu maladroit, plutôt inadapté socialement, roi de la procrastination, habité par des tocs et angoisses multiples, il a plus du anti-héros que l’inverse.
Son existence guidée par les faux pas et les quiproquos devient vite décalée, totalement loufoque et hilarante sous la plume de Fabrice Caro. L’auteur nous livre un roman plein d’humour qui dépeint avec beaucoup de justesse l’incongruité et l’absurdité des rapports sociaux et affectifs qui régissent parfois nos vies.
Enfin c’est un réel plaisir d’accompagner le quotidien d’Alan, personnage plein d’autodérision et particulièrement attachant avec son côté bancal et désabusé.
Si vous avez encore envie de rire vous pouvez également découvrir les bandes dessinées de l’auteur disponibles pour la plupart à la médiathèque.
Fraîchement arrivée de Russie, Véra a bien du mal à se faire des amies et à s’intégrer dans la communauté américaine. Pas assez cool, pas assez riche, trop différente... en un mot (deux en fait) : trop russe. L’église orthodoxe devient son refuge, moins par attrait pour la religion que pour le buffet servi en fin de cérémonie. Lorsqu’elle apprend que l’église organise un camp de vacances, Véra y voit l’occasion rêvée de se faire facilement des ami(e)s, russes comme elle. Sa maman l’envoie donc avec son petit frère passer deux semaines en colonie de vacances... De douces illustrations en bichromie, des touches d’humour, de l’amitié, des premières amours, un brin de méchanceté, mais aussi de la solidarité... Bref, un bien joli récit initiatique que l’on devine nourri de la propre expérience de l’autrice. Une bande dessinée à lire dès 8 ans, abrité sous la tente, pelotonné sous la couverture avec sa lampe torche, et surtout pendant les vacances ! - Michaël
Quelle drôle de petite fille ! Elle ne parle pas, se déplace bizarrement et rêve, derrière le grand portail de l'école, de liberté. Elle se prénomme Victorine, mais parce qu'elle n'arrive pas à le prononcer, on l'appelle Vivi. Elle n'a pas d'amis, elle est trop sauvage. Mais quoi d'anormal pour une petite fille qui, il n'y a encore pas si longtemps, vivait au milieu des bêtes, seule dans la forêt. C'est une sauvageonne, capturée par des chasseurs et confiée à une charmante dame qui doit se charger de son éducation. Alors, rien n'est facile, même les plus simples gestes du quotidien. Allez donc faire porter une culotte à une enfant qui a toujours vécue nue... Bon courage ! Mené à un rythme effréné, ce récit au dessin minimaliste est un agréable divertissement, grâce notamment à de cocasses situations. - Michaël
Quelque part en Afrique, dans un petit village, un enfant est enlevé par un démon : un Yéban. L’enfant doit l’aider à retrouver son chemin jusqu’à son chez lui : les enfers. Cependant ce voyage ne se fera pas sans difficultés ni sacrifices… Le pauvre Kana l’apprendra à ses dépens…
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Aurélien Ducoudray nous propose un récit inspiré de différentes légendes et traditions africaines. Ce subtil mélange est aussi surprenant que captivant. Nous suivons ce voyage, cette quête initiatique, sans ennui, tout en développant une certaine affection pour ce duo improbable. Nous effleurons certes la culture africaine, mais c’est déjà un premier pas vers des recherches plus approfondies sur les mythes racontés. Au-delà de cet aspect mystique, « Le repas des hyènes » est également un récit de type « quête initiatique » et chacun·e en tirera - ou pas - sa propre relecture.
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Les illustrations de Mélanie Allag portent parfaitement ce conte. Par ses planches, tantôt sombres, tantôt colorées, elle nous invite dans ce mystérieux continent à la richesse culturelle encore bien méconnue.
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« Le repas des hyènes » est une plongée en terre inconnue, un voyage vers des contrées lointaines ouvrant sur des univers insoupçonnés, à découvrir !
Une petite fille et sa maman passent devant une dame assise sur le sol portant un bébé dans les bras. Jour après jour, la petite fille s’attriste de la situation, elle ne comprend pas le malheur et voudrait seulement prendre un autre chemin pour ne plus les voir, pour ne plus y penser…
« Sans détour » est un album jeunesse d’une grande sensibilité. Déjà, par la thématique qu’il porte, la pauvreté. Aussi par son texte, écrit à la première personne, la petite fille nous parle de son ressenti, nous fait part de ses interrogations. Les mots, les phrases sont choisis avec minutie, ils, tels des haïkus, nous entraînent avec eux, nous guident dans cette histoire pleine de vécu. Ensuite, cet album est magnifiquement illustré par Tom Haugomat, véritable maître de l’aplat et de la scénographie. Comme à son habitude, il utilise une palette restreinte de couleurs, le résultat est tout simplement beau, époustouflant.
Il se dégage de ce titre beaucoup d’émotions, certes de la tristesse, mais le final est tout autre, il ouvre sur des valeurs que tous et toutes devrions partager : l’entraide et la bienveillance. Une belle leçon de vie.
A la manière des grand·es explorateur·rices du 19ème siècle, Philibert Humm nous narre ici l’extraordinaire voyage qu’il entreprit en l’an de grâce 2018, afin de rallier Paris à Honfleur par voie fluviale. Comment au péril de sa vie lui, Philibert dit « le capitaine », et son magnifique équipage : Waquet dit « Major » et Adrian dit « l’Escopier », dit également « Bobby », s’en allèrent un beau matin d’été à la rencontre des peuplades sauvages qui habitent les bords de Seine.
Dans ce récit tout en second degré et en autodérision, nous suivons avec grande délectation les aventures rocambolesques de ces trois pieds nickelés de la génération Y. Nous découvrons au détour des méandres du fleuve une galerie de personnages attachants et atypiques, et nous nous enrichissons des multiples anecdotes historiques et géographiques toujours fort à propos (enfin non pas vraiment), dont l’auteur nous abreuve sans modération.
Un roman d’une grande fraicheur, décalé et particulièrement drôle. Un vent léger, assoupi au bord de l’eau, la nuque baignée par le cresson et au loin les oiseaux, qui rient, qui rient...
Pour poursuivre ce voyage je vous invite également à découvrir le magnifique film de Bruno Podalydès « Comme un avion ».
Une procession s’engage dans la sombre forêt : rhinocéros, lièvre, lion ou ours. Ils sont tous différents et se dirigent vers cet ailleurs meilleur, ils ont un bagage dans la main, sur le dos. Ces animaux anthropomorphes, déracinés, accablés par la fatigue, fuyant leur pays, symbolisent les migrants : un mot bien vaste – et vague – pour parler de ces individus aux multiples trajectoires de vies qui en font partie. Un squelette, montant un ibis bleu, les talonne, les accompagne : il s’agit de la mort, omniprésente à chaque pas de ces si dangereux voyages. Le sujet n’est pas bien gai mais cet album arrive avec une force percutante à nous parler d’un sujet essentiel, et bien souvent oublié, relégué au second plan de cette actualité changeante. A travers son album sans texte, Issa Watanabe nous livre un discours métaphorique aux multiples niveaux de lecture, et c’est là, toute la force de son récit : il s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes, à travers des images qui parlent d’elles-mêmes. Une lecture accompagnée par un adulte permettra de répondre aux questions des enfants et d’engager un dialogue avec eux. Le fonds de ce décor est noir comme le désarroi et la douleur de chacun mais chaque personnage porte sur son dos un tissu coloré, comme s’il avait apporté avec lui un peu de ces racines, de son pays, qui donne un peu de baume au cœur. Les illustrations sont si riches de détails et de métaphores qu’il faut plusieurs lectures pour réussir à en capter tout le sens ; mais n’est-ce pas là, aussi, le sens de la littérature : donner à réfléchir pour mettre en évidence cette misère ce que l’on a sous les yeux depuis tant de temps ? Cet album fait partie, selon moi, des incontournables en littérature jeunesse. « Migrants, réfugiés, déplacés, bombardés, apeurés, violentés, affamés, exilés, rescapés, noyés, sans-papiers, apatrides, disparus… Silence. » - Nolwenn
Dans la forêt de Bois-joli, ce soir c’est le réveillon de Noël. Mr Ours est confortablement installé dans sa tanière douillette, décorée pour l’occasion. Il neige depuis dix jours. Mr Ours a utilisé tout son bois et n’a plus de feu dans sa cheminée. En cherchant dans son grenier, il trouve un gros pull appartenant à sa grand-mère. Parfait ! il va avoir bien chaud ! En essayant le pull, il s’aperçoit que celui-ci est trop grand. Pas de souci, Mr Ours sort son nécessaire à couture et ajuste le pull à sa taille. Comme il reste de la laine, il décide de la donner à sa voisine Mme Blaireau. Celle-ci, ravie, se confectionne des guêtres. Avec la laine restante, à son tour Mme Blaireau se rend chez sa voisine Mme Hérisson…
C’est ainsi que de fil en aiguille, la laine se passe de voisin en voisin jusqu’au plus fragile habitant du Bois-joli, créant une jolie chaîne d’entraide.
Armelle Modéré écrit un très joli conte de Noël, doux comme un gros pull. Qui parle d’amitié, de partage, de solidarité. Une petite notion d’écologie puisque la laine du pull va servir à tous.
Les jeunes enfants apprécieront les animaux sympathiques et les illustrations joyeuses et colorées de ce bel album.
L’alternance entre images vives pleine page et dessins sur fond blanc avec en fil conducteur le brin de laine rose fluo donne le rythme à l’histoire.
La collection ‘’Père castor’’ reste une valeur sûre de la littérature jeunesse.
En protégeant la Terre, Abraham Slam, Golden Gail, Barbalien, le Colonel Weird et son robot Talky-Walky, Madame Dragonfly et Black Hammer, ont trouvé la mort dans une terrible explosion. 10 ans après, ces super-héros ne sont plus qu’un lointain souvenir, des légendes urbaines, des histoires que l’on racontent aux enfants... Et pourtant, loin de notre monde, ils sont là, résignés, prisonniers d’un univers prison, n’espérant qu’une seule chose, qu’on vienne les délivrer... S’il y a un comics de super-héros à lire absolument en ce moment, c’est bien la série Black Hammer. Pourquoi ce titre et pas plutôt un issu du mainstream ? Parce qu’elle possède de nombreux atouts. Pour commencer, elle est écrite par Jeff Lemire qui est certainement l’un des plus, si ce n’est le plus talentueux, scénaristes de bandes dessinées de ces 10 dernières années. Chaque récit qu’il développe est un bijou d’actions et d’émotions. Black Hammer ne déroge pas à cette règle. L’histoire est captivante et se découvre d’album en album sous le prisme des différents personnages. Nous découvrons page après page la personnalité de nos héros, certain plus mystérieux et/ou inquiétants que d’autres. Chaque vie, destin est un récit dans le récit, des histoires qui alimentent l’Histoire. Nous retrouvons donc des personnages aux destins variés qui n’ont, à par être des super-héros, rien en commun, mais qui vont devoir apprendre à vivre ensemble pour le meilleur comme pour le pire. Voilà ce qui rend cette aventure unique. Loin d’être manichéenne, la trame est subtile et elle nous plonge dans la psyché humaine, une véritable analyse de nous-même. Cette série est, pour le lecteur averti, un hommage aux illustres séries de super-héros. On y retrouve un peu de l’âme de Spider-Man, de Daredevil, du Batman, de Swamp Thing et de bien d’autres encore. Des références disséminées par-ci par-là, mais qui ne nuisent pas à la compréhension de l’œuvre. Jeff Lemire s’est associé à Dean Ormston pour le dessin. Cet illustrateur fait des merveilles avec un style rétro, mais surtout un découpage dynamique et efficace. Pour terminer, Black Hammer a remporté en 2017 l’Eisner award de la meilleur nouvelle série aux Etat-Unis, preuve - s’il en est encore besoin - de sa qualité. Alors, si vous aimez les bandes dessinées de super-héros, vous allez adorer, et si vous n’aimez pas, vous allez adorer quand même. - Michaël
Dans ce récit autobiographique, Aimée De Jongh nous raconte quatre histoires, quatre rencontres ayant pour point commun un chauffeur de taxi. Assise à l’arrière d’une voiture, elle nous fait parcourir le monde, de Paris à Los Angeles en passant par Washington ou encore Jakarta. Chacun de ces hommes délivre son histoire, tant bien que mal, à l’autrice pleine de vie et de gaieté. Des moments d’intimité rares ou se crée, au fil des conversations, un lien unique de confiance mutuelle.
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« Taxi ! » est un récit court, un huit clos empli d’humanité qui fait du bien ! - Michaël
Barbara n’est pas une adolescente comme les autres. Solitaire et parfois violente, elle ne fait pas l’unanimité dans son école. Ses histoires de géants et autres créatures n’arrangent rien, la faisant passer pour folle aux yeux de ses camarades. La blessure qu’elle cache en elle pourrait expliquer son comportement, mais comment la comprendre, l’approcher, elle qui se bat si furieusement contre des moulins à vent... IKG est un comics sans super-héros, mais avec une héroïne du quotidien qui lutte contre les tourments de la vie. Sans rien en dévoiler, l’intrigue est maligne, nous entraînant sur une fausse piste pour mieux nous ramener à la réalité. Barbara est étonnante de caractère, de furie et de tendresse. Elle est merveilleusement bien croquée par l’artiste Ken Niimura qui insuffle une énergie folle à cette œuvre originale. Un très bon moment de lecture qui engendrera à n’en pas douter discussion et débats. - Michaël