Conseils lecture
Un village vit au milieu des plaines enneigées, meurtri par le souvenir de la grande guerre, qui a opposé l’hiver dernier les hommes contre les loups affamés. Aucun loup n’a été revu depuis, mais hélas aucun homme n’est jamais revenu de cette terrible bataille. Lorsqu'un jour, un hurlement retentit par-delà la forêt, dans le village tout le monde tremble d’effroi.
Milo, l’apprenti archer le plus courageux, sait ce qu'il lui reste à faire : aller traquer ce dernier loup, par-delà les forêts et la montagne. Un voyage long et initiatique s’engage alors pour Milo. Le dernier des loups est un très beau conte sur la peur de l’inconnu, le respect de la vie sauvage et la cause animale. Cet album est l’occasion de rappeler subtilement qu’il n’y a pas si longtemps, les loups ont failli disparaître du territoire français et qu’encore aujourd’hui, ils ne sont pas toujours vus d’un très bon œil. Les illustrations de Justine Brax sont à couper le souffle : l’omniprésence du bleu et de l’argenté nous rappelle le froid de ce pays lointain et imaginaire, nous dépaysant à chaque page. La couleur rouge apparaît au fur et à mesure que la chasse se joue. Le grand format de cet album permet de se plonger avec grand plaisir et un peu d’appréhension au cœur de la forêt glacée qu’arpente le héros. Cette fable écologique aux textes poétiques, poignants et aux illustrations exceptionnelles feront le bonheur et l’émerveillement des enfants (à partir de 6 ans). - Nolwenn
Lord Handerson, un héritier fortuné, conçoit un test pour choisir sa future épouse : chaque candidate doit passer une nuit dans son château. Mais parmi toutes celles qui s'y essaieront, ce n'est ni une princesse ni une riche héritière qui retiendra son attention : Sadima, une jeune femme de chambre, décide de passer le test. Elle découvre lors de son séjour d'étranges phénomènes surnaturels…
Dans ce roman drôle et original, Flore Vesco réussit le pari d'une réécriture féministe d'un conte qui ne l'est pas vraiment, la princesse au petit pois. Avec sa plume toujours riche et créative, elle y aborde l'amour, le mariage, le rapport au corps, la découverte de la sexualité, la confiance en soi…
L'héroïne, maligne et audacieuse, brise tous les stéréotypes de genre, questionne les notions de couple et d'amour, et nous sert des réflexions et des dialogues savoureux tout au long du livre.
Une réussite !
Dans « L’ennui des après-midi sans fin », Gaël Faye nous replonge dans les souvenirs de son enfance. On le découvre petit garçon, quand le mercredi tantôt était sans école. A cette époque dans sa maison il n’y avait pas de télévision, ni d’écran. Alors pour occuper ses heures libres pas d’autre choix que l’imagination. L’enfant trouve mille et une activités, des parties de foot avec les copains, des figurines et des jouets pour s’inventer des univers, un grand jardin…
C’est un très bel album dont l’histoire est en fait la reprise d’une des chansons de l’auteur. C’est un texte poétique, une voix tout en douceur, une mélodie qui nous entraîne à la rêverie et des illustrations pleines pages retraçant avec justesse une atmosphère empreinte de nostalgie.
Dans notre société où il faut toujours aller de plus en plus vite, c’est un réel plaisir de se poser un instant avec ce livre CD.
C’est l’occasion de retrouver avec nos enfants le goût de prendre son temps, de profiter du moment présent, de ne rien faire et de réapprendre à s’ennuyer.
« L’ennui des après-midi sans fin » figure sur le premier album de Gaël Faye : « Pili pili sur un croissant au beurre » sorti en 2014. Il est aussi l’auteur de « Petit pays » publié en 2016 chez Grasset. Ce roman a été récompensé notamment par le Goncourt des lycéens et adapté au cinéma en 2020.
Le 17 mars 2020, en pleine crise du COVID-19, le président de la République annonce pour des raisons sanitaires le confinement du peuple français, et cela pour une durée encore indéterminée. Pour José, Caro et leurs enfants va commencer une nouvelle expérience de vie, ou comment passer ensemble 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sans perdre la tête.
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Fortu, comme à son habitude, nous livre un témoignage très personnel sur son vécu de cet isolement. Bien évidemment, l’humour est le moteur de cette œuvre, mais sous des aspects « blaguaire », il pousse à la réflexion et nous interroge sur notre société et nos modes de consommation. Il nous met devant nos contradictions sans s’exclure lui même de l’équation. « Journal d’un confiné » est un titre humoristique qui peut être lu par tous. 55 gags réalisés en temps réel, une véritable performance d’auteur qui est à signaler. L’Espace COOLturel est heureux de vous faire découvrir ce titre en exclusivité. Nul doute qu’il sera au-delà, une œuvre de référence.
L'hiver et la neige sont tombés sur la forêt et le loup en slip se les gèle méchamment ! Mais se les gèle quoi ? Il porte pourtant un slip ! C'est l’inquiétude, pour ne pas dire la panique, chez les habitants de la forêt... Le loup en slip revient dans une nouvelle aventure tout aussi pertinente que la première. Encore une fois les auteurs nous donnent, par le biais de l'humour, une grande leçon de vie, d'humanité. L'illustration est belle et en parfaite harmonie avec le ton utilisé. Une réussite, lorsque l'on sait que ce titre jeunesse n'est, à la base, qu'un spin-off de la série adulte à succès Les vieux fourneaux. Alors bravo les artistes de régaler petits et grands dans un même univers. - Michaël
Dans un futur pas si éloigné que cela, la société « Tomorrow Foundation » met au point un procédé révolutionnaire dans l’intelligence artificielle : elle crée les premiers humanoïdes doués de conscience. Carbone et Silicium sont les premiers d’une longue série de robots, mais peut-on encore être considéré comme une machine lorsque l’on a des émotions et des envies de liberté ?... Mathieu Bablet s’attaque à un sujet maintes fois évoqué dans la littérature de science-fiction. Loin de s’en détacher, il tire pourtant son épingle du jeu en réalisant une œuvre dense et emplie d’une certaine sagesse. Pas de combats de genre ou d’intelligence artificielle collective, mais une réflexion sur ce qu’est l’humanisme. Il met en exergue notre nature profonde réfrénée, policée et en contradiction avec le concept sociétal du vivre ensemble. Carbone et Silicium vont, sur près de 300 ans, apprendre de leurs pairs, choisir chacun des chemins différents, mais pour quelle conclusion ? Mathieu Bablet est un auteur dit « complet », il réalise également les illustrations de ce pavé d’environ 260 pages. Son style est classique et réaliste et son découpage sobre. L’ensemble forme une œuvre remarquable rehaussée par le choix d’une édition de toute beauté au dos toilé. Bien plus qu’une fiction, cette œuvre est un vrai sujet de philo à méditer... - Michaël
Les éditions Martin de Halleux, par un remarquable travail éditorial, font revivre l'oeuvre de Frans Masereel. Ce Belge, un peu oublié aujourd'hui, est l'un des pères du roman sans parole. A la fois peintre, dessinateur, graveur sur bois, il était aussi un artiste engagé, reconnu pour son humanisme et son combat de défense du peuple contre le capitalisme. Pacifiste convaincu, il diffusait ses valeurs grâce à ses livres dont les gravures racontent et dénoncent cette société de l'entre-deux-guerres. Ses livres, qu'il a souhaité accessibles à tous tant dans le fond que la forme, mais aussi par leur prix, ont fait de lui dans les années 1930, un des étendards de la lutte ouvrière allemande. Son oeuvre, aujourd'hui remise en lumière, accompagnée de dossiers explicatifs, éblouit encore par sa réalisation technique titanesque et par le combat de sa vie : la défense des oublié·es, des opprimé·es. Les éditions Martin de Halleux offre à cette œuvre un nouvel et bel écrin qu’il serait dommage d’ignorer. L’Espace COOLturel vous permet de lire les titres à la mode, mais a aussi le rôle de donner à des ouvrages plus intimes, la visibilité, la vitrine qu’ils méritent. C’est chose faite ! - Michaël
Gaspard est berger et en est fier. Il aime sa liberté, ses montagnes et ses moutons, mais déteste par dessus toute cette bureaucratie qui lui a imposé la cohabitation avec le loup. Cet animal sauvage qui tue et rend fou les troupeaux. Cet animal qu’il voudrait voir disparaître afin de retrouver paix et sérénité. Alors, au détriment de la loi, il se lance dans un combat à l’issue duquel ne restera que l’un ou l’autre... Jean-Marc Rochette nous gratifie une nouvelle fois d’un très beau récit « montagnard ». Nous retournons donc, après « Ailefroide », au cœur du Massif des Écrins, dans la vallée du Vénéon. Si l’alpinisme était à l’honneur dans le premier album, « Le loup » aborde un aspect différent, plus universel, celui de la difficile cohabitation entre économie et environnement. Sous la forme d’un duel entre un loup et un berger Jean-Marc Rochette dénonce cette aberration qui nous conduit tous sur des sentiers dangereux. Il ne charge pas les bergers, qui sont eux aussi victimes du système économique dans lequel l’Homme modifie et/ou détruit la biodiversité. Le loup, l’animal, le berger, l’humanité : chacun sa place, chacun mérite de vivre et c’est bien ce message qui nous est envoyé. Nos héros à deux ou quatre pattes sont beaux et fiers, ils représentent la nature, chacun à leur façon, ils essayent de vivre, survivre dans un milieu difficile. Ce très beau récit est composé d’illustrations très fortes, de paysages glacials et bénéficie d’un découpage savamment orchestré, distillant rythme et action. « Le loup » est une ode à la nature, à la tolérance. Il serait regrettable de s’en priver, mais souhaitable de le partager. - Michaël
Arthur vit avec son fils Pépin. Ils sont très proches et lorsque Pépin n’a pas le moral ou rencontre une quelconque difficulté, Arthur, pour l’aider, lui raconte toujours une belle histoire… où les frontières entre les mondes réel et imaginaire se confondent…
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Quel plaisir de lire du David De Thuin, auteur encore trop peu connu du grand public, mais dont l’œuvre, au fil des ans, ne cesse de s’épaissir et de marquer le neuvième Art.
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Nous le retrouvons ici pour un récit tendre et sensible dont le sujet principal est la transmission père/fils. L’album, construit sur 12 récits, met en scène un duo familial, dont on ne sait pas grand chose si ce n’est qu’il n’y a plus de maman, mais dont on comprend rapidement qu’un lien fort et puissant les unit. Cette relation, belle et profonde, attention d’un père pour son fils, est une leçon de vie à la « Big fish ». Ce père, conteur hors pair, fait grandir son enfant, l’accompagne vers le monde adulte, avec intelligence et bonté. Avec ses récits, il lui inculque de profondes valeurs humaines et humanistes. Un échec, une désillusion, deviennent avec Arthur une aventure extraordinaire dont on ressort plus fort. Il n’y a pas de tristesse dans ce titre, certes par moment un peu de mélancolie, mais surtout de l’optimisme et de la bienveillance, cela fait un bien fou !
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Fidèle à lui même, David De Thuin illustre son album comme il sait si bien le faire. Son trait, école belge revisitée, s’adapte sans difficulté au texte et à l’ambiance de l’histoire.
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Vous avez envie de passer un bon moment, résolument positif ? Alors, ne ratez pas : « De père en fils » !
« Vole, vole, Carole ! » est l’histoire d’une martin-pêcheur qui, un beau jour, se décide, malgré les réticences de son frère et de sa sœur, à quitter le nid, à s’envoler.
Hélas pour elle, la chute sera vertigineuse…
Voici un très bel album qui aborde avec finesse les thèmes de l’apprentissage, de la prise d’indépendance et du courage.
À travers des dessins expressifs, réalisés à l’aquarelle et au crayonné, rehaussés de douces couleurs, l’auteur nous embarque, page après page, dans une plongée rocambolesque aux multiples rebondissements.
Pour accentuer l'effet de la chute, l'album doit être tourné de 90 degrés vers la droite avant de commencer le récit. De cette manière, on tourne les pages vers le haut, tandis que la jeune Carole tombe vers le bas.
Une très belle réussite et un excellent moment de lecture avec cette histoire touchante et pleine d’humour, qui ravira les enfants, mais aussi les parents, heureux de partager un pur moment de complicité.
Le dictionnaire est triste, comparé aux autres livres. Lui n’a pas d’histoires à raconter, seulement des mots… rien de bien folichon. Cependant, un jour, il se décide à être un récit et, pour cela, il donne vie à ses mots. Saperlipopette ! Le premier mot qui se réveille est Alligator et lui, les histoires, il s’en moque… il a surtout très faim.
« Le dictionnaire à l’envers » est un album étonnant, étrange et captivant, tout en étant vraiment très drôle. L’auteur, Sam Winston, continue un travail d’écriture original en jouant à la fois sur le fond et sur la forme, donnant à la fois vie à une histoire, mais aussi à un support qui devient personnage à part entière.
Les illustrations d’Oliver Jeffers sont toujours un plaisir à découvrir. Son style moderne et inventif est devenu, en quelques années, une référence de l’illustration jeunesse. Ici encore, il ne déçoit pas : sa mise en scène, mêlant personnages et mots en tout genre, fonctionne à merveille.
Ce titre peut paraître, à bien des égards, étrange, bizarre, certes, mais il est surtout et avant tout une très belle histoire sur la différence et l’imagination.
Justin Warner, chef américain émérite, est depuis 2010 à la tête d’une émission culinaire moderne et déjantée dont le merveilleux concept est d’imaginer des recettes pour les super-héros. En s’inspirant de leurs univers, de leurs origines, de leurs histoires… il vous propose de mijoter des petits plats originaux qui vous donneront sûrement des pouvoirs extraordinaires. Pour ce faire, vous trouverez dans cet ouvrage une compilation des meilleures préparations réalisées lors de ses émissions (à visionner également sur le site internet « Marvel.com », in English of course).
Attention ici on ne fait pas dans le détail et la finesse et on est plus proche de la street food que des recettes d’un étoilé Michelin. Mais c’est ça qui est bon ! Le plaisir tellement régressif que vous éprouverez en mangeant avec les doigts le hot-dog hypercalorique de votre super-héros préféré, et qui vous donnera une patate d’enfer. Attention quand même à ne pas trop en abuser si vous voulez plus ressembler à Batman, qu’à Fatman.
Autre avantage de ce livre : il vous permettra de découvrir des plats aux origines diverses et variées : scandinave avec Thor, africaine avec Black Panther, mais aussi italienne et sud-américaine, puisque la cuisine états-unienne a digéré depuis longtemps les recettes de ses diasporas. Enfin contre toute attente, cet ouvrage propose aussi des plats végétariens.
Un excellent morceau de pop culture à déguster en famille sans modération !
Conseils lecture
"Sans passé par la case départ" est le roman parfait pour la période de fête qui s’annonce, non seulement parce que son intrigue a lieu à Stockholm à une encablure en traîneau de chez le Père Noël, mais aussi parce qu’il se déroule le soir du nouvel an.
A Skurusundet, banlieue chic de la capitale suédoise, quatre jeunes gens, beaux, riches et amoureux se réunissent pour fêter la Saint-Sylvestre, « C’est un beau roman, c’est une belle histoire … » enfin bref, vous connaissez la suite. Tout est réuni pour un magnifique conte de fée, une grosse guimauve de Noël, sauf qu’on n’est pas chez Walt Disney mais plutôt dans « Petits meurtres entre amis » et que quand on gratte un peu le vernis tout ce petit monde est beaucoup moins idyllique qu’il n’y paraît.
Donc, nos quatre adolescents de la jet-set scandinave sirotent des cocktails en prenant des selfies de leurs vies parfaites, et pendant ce temps ils voient de l’autre côté du lac leurs parents en faire de même, comme le reflet de leurs propres vies dans trente ans. La soirée avance, les shots de vodka s'enchaînent et la vision de ces quadragénaires libidineux, adipeux et hypocrites dansant sur du ABBA (oh le cliché) leur devient bientôt insupportable.
Auront-ils le courage d’arrêter les faux-semblants, d’échapper aux codes de leur classe sociale et de prendre leur destin en main ? Vous le saurez en lisant ce magnifique petit roman de cent pages percutant et incisif. Allez un plaide, un canapé, un bon feu de cheminée et c’est parti !
Hervé, un sexagénaire fraîchement retraité, s’ennuie ferme et dépérit dans sa petite vie morose avec comme seule perspective un caveau au fond de l’allée du cimetière. Faut dire qu’Hervé il en a des raisons de déprimer ! Heureusement il y a ses deux bouées, son amour d’une vie, sa femme Elisabeth et son bichon qui l’aide à avaler cette pilule amère : ce quotidien sans but ni illusion. Les jours se succèdent, ainsi, monotones, jusqu’au décès de la petite vieille du dessus qu’un jeune couple avec enfants va remplacer.
C’est une immersion au cœur de ce personnage fragile et cabossé que nous propose l’autrice. Elle décrit avec finesse sa psychologie et ses états d’âme. Peu à peu nous comprenons pourquoi Hervé en est là aujourd’hui, on comprend aussi qu’il ne faudrait pas grand-chose pour qu’il bascule, et que d’autres, sûrement, l’auraient déjà fait à sa place.
Tout au long du roman nous accompagnons ce personnage, sur un fil, en équilibre en nous demandant s’il va tomber. Un homme attachant (ou presque) qui se débat avec son quotidien et son passé. Un très beau roman noir bouleversant, mené de main de maître, où à la finesse de l’analyse psychologique, répond la justesse de l’analyse sociale. Une intrigue très bien menée servie par un style à la fois fluide et rythmé, loin des stéréotypes du polar.
Une merveilleuse découverte, un coup de maître pour un premier roman.
Attention ! Je vous déconseille fortement de lire la quatrième de couverture qui en dit beaucoup trop de mon point de vue.
L'auteur choisit de faire parler Marguerite Gachet, fille du médecin qui accueillit le peintre à la fin de sa vie à Auvers. C'est donc cette période de sa vie d'artiste incompris et rejeté des impressionnistes qui nous est décrit sous forme romancée mais bien documentée. Le dénouement est surprenant et audacieux. L'écriture simple nous donne un très agréable moment de lecture, en nous imprégnant de cette époque. A mettre en parallèle avec les films sur Van Gogh. - C.
Lorsqu’une petite fille est enlevée par des extraterrestres et emmenée dans les profondeurs du cosmos, seul un être aux pouvoirs exceptionnels peut la sauver : Superman. Nul doute qu’il en est capable, mais cette mission l’oblige à quitter la Terre pour un temps, alors qui défendra la planète bleue en son absence ? Peut-il se permettre ce sauvetage au risque de ne pas pouvoir venir en aide à d’autres personnes dans le besoin ? Une vie vaut-elle plus qu’une autre ? Superman devra faire un choix douloureux quitte à en perdre la raison...
Pas besoin de connaître la mythologie de « L’homme d’acier » pour pénétrer et apprécier cette œuvre différente des publications plus classiques de super-héros. L’action, bien sûr présente, laisse une part importante à la réflexion et cela dans les six chapitres qui composent ce comics. Superman sera confronté à différentes épreuves, mais aussi à des rencontres qui d’une certaine manière le feront progresser sur la voie de la sagesse. Si l’héroïsme est une des pierres angulaires de ce titre, d’autres valeurs sont mises en avant et éprouvées, comme l’amitié, le courage, la loyauté, le dépassement de soi, la persévérance et l’humilité. Pas de prise de tête pour autant, car le récit est rythmé et le suspense présent jusqu’à la fin. Les illustrations sont de facture assez classique, mais soignées et dynamiques.
« Superman : up in the sky » possède de nombreuses qualités pour plaire à un public varié, en quête d’action et/ou de réflexion, qu’il soit habitué ou non aux univers de super-héros. - Michaël
Dans la vie, Monsieur Grumpf aspire à une seule chose : sa tranquillité. Alors, lorsqu’il désire simplement balayer l’amoncellement de feuilles qui s’accumule devant chez lui et que, toutes les cinq minutes ses voisins viennent le déranger : l’agacement se fait sentir... Voici une petite bande dessinée très agréable à lire, une véritable promenade automnale. Ce titre est destiné aux plus jeunes à partir de 5 ans. Bien sûr, l’enfant devra être accompagné dans sa découverte de l’album. En effet, même si ce titre a été conçu sans texte, quelques dialogues animent tout de même l’ensemble. L’enfant y découvrira les valeurs de l’amitié, de l’entraide et de la générosité. De façon ludique, il abordera aussi le thème des saisons. Pour ce premier tome d’une série de quatre, l’automne est la trame de fond. Avec subtilité et tendresse, Dav évoque les changements qui s’opèrent dans la nature : hibernation, chute des feuilles... Le tout distillé dans une histoire touchante, dont le héros grognon a peut-être un plus gros cœur qu’on ne le croit. L’auteur peaufine l’œuvre par des illustrations animalières efficaces, au trait sûr et expressif teinté d’un bel orange de saison. - Michaël
Un ourson explore son univers et ses sens à quatre pattes : les herbes qui chatouillent, les graviers qui piquent, la flaque d’eau qui mouille…
Au fur et à mesure de son parcours, l’ourson s’aventure presque jusqu’au bout du monde : mais est-il si loin que ça ? Le retour va se faire sur deux jambes pour retrouver des bras réconfortants. A travers cet album, Gaëtan Dorémus nous livre une belle histoire sur l’apprentissage de la marche chez les jeunes enfants, avec toutes les découvertes et les appréhensions que cela entraîne. Les illustrations et les couleurs sont surprenantes car elles se démarquent de ce qu’on a l’habitude de voir dans un album pour les plus petits. Dans un environnement coloré, le petit ourson est superbement croqué dans ses attitudes tantôt pataudes, tantôt enjouées, tantôt déséquilibrées au gré de ses pérégrinations.
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Un album original et fort, qui aborde avec douceur ce moment charnière dans la vie des tout-petits.
Il y a quelques années, dans un pays voisin, un homme qui aimait les carrés plus que tout prit le pouvoir par la force. Ce jour là, les rectangles, les ronds, les triangles, tous ceux qui n’étaient pas carrés, disparurent. Le pays sombra alors dans le malheur, jusqu’à ce qu’enfin… Ximo Abadia, talentueux auteur espagnol, nous raconte une histoire qui n’est certes pas la nôtre, mais dont le message est universel : celle de la liberté. Vous l’aurez compris, cet album parle, sans le nommer, du militaire Franco qui imposa de 1936 à 1975 un régime dictatorial en Espagne et fit de nombreuses victimes. Bien évidemment, l’auteur utilise l’art de la métaphore, de la parabole pour en livrer une version simplifiée mais efficace. Il dénonce ce drame, mais avertit également que le monde est fragile et qu’il peut vite, si l’on n’ y prend pas garde, sombrer facilement dans l’obscurantisme.
Ximo Abadia est un artiste à l’œuvre unique et reconnaissable entre toutes. Illustrateur graphiste, il joue avec les couleurs, les formes et les matières, rendant un ensemble étrange, mais cohérent, dynamique et époustouflant.
« Le Dictateur » est une œuvre de mémoire nécessaire et dont le positionnement est rare en littérature jeunesse.
Ce grand album traite de nos peurs enfantines, de ces frayeurs qui lorsqu'elles nous pénétraient nous rendaient les nuits impossibles. Simplement, mais intelligemment, les auteurs nous entraînent, par le biais de quatre cauchemars, dans monde de l'enfance torturée. Ils apportent à leur façon un antidote salvateur pour apaiser notre repos. A première vue cette œuvre est destinée aux enfants, mais la force narrative du récit trouvera chez l'adulte un écho certain. - Michaël
J’ai une passion pour Ernest Hemigway, à qui l’on attribue le plus court roman jamais écrit qui tiens en six mots : « For sale, baby shoes, never worn » (à vendre chaussure de bébé, jamais portées). Six mots qui ouvre le champ des possibles et racontent déjà une histoire, le bébé est mort ? Ou peut-être est-il né sans pieds ? A chacun de se construire son récit.
C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai découvert ce petit roman de trente-deux pages, qui paradoxalement, représentait pour moi la promesse d’une grande aventure. Et je n’ai pas été déçu. L’auteur y aborde un sujet d’une importance capitale, très peu présent dans la littérature et qui concerne pourtant 25% des hommes de plus de 65 ans, le cancer de la prostate et ses effets secondaires. Bon c’est sûr que dit comme ça ce n’est pas très vendeur, mais heureusement l’auteur est belge et non dénué d’humour.
Le temps d’une balade avec son chien Nietzsche, un long dialogue s’installe avec son fidèle compagnon, au terme duquel il devra prendre une décision cruciale, se fera-t-il ou non opérer de son cancer, au risque certain (99% de chances) de ne plus avoir d’érections.
Un livre d’une remarquable efficacité, à la fois drôle et touchant, sur le temps qui passe, la vie, la mort et la virilité. Vive la Belgique !
Un jour, une petite fille attrape un arc-en-ciel et le met dans un bocal. Elle tente de l'apprivoiser, le nourrit, l'emmène partout ! Ils deviennent inséparables. Elle l'aime fort, mais l'arc-en-ciel est malheureux... Malgré toutes ses tentatives pour lui redonner le sourire, la petite fille réaliser qu'elle n'a pas le choix : il faut le libérer. Alors elle le laisse partir, pour retrouver le ciel, le soleil et les nuages.
Cet album aux douces illustrations interroge sur ce qu’est l’amour. Est-ce que c’est posséder ou alors accepter de ne pas enfermer l’autre ? L’histoire amène l’enfant et l’adulte à s’interroger progressivement sur cette thématique.
Avec un final et une dernière phrase ouvrant à la réflexion, cet album ne laisse pas indifférent une fois la dernière page tournée.
Doruntine, Albanaise, s’est mariée il y a trois ans avec un homme d’une lointaine contrée de Bohême. Une nuit sans lune, elle réapparait dans son village natal, affirmant avoir fait le voyage avec son frère Konstantin, or celui-ci est mort depuis deux ans. Au cimetière, sa tombe est ouverte.
Stres, capitaine et dépositaire de l’autorité princière, est missionné pour résoudre ce mystère. Dans une atmosphère entre « Sleepy Hollow » (film de Tim Burton 1999) et « Le nom de la rose » (fim de Jean-Jacques Annaud, 1986), il va devoir faire la part des choses entre fantômes, rumeurs et pouvoir religieux.
A la fois roman policier et fantastique, cet ouvrage n’en est pas moins profondément politique. Il offre plusieurs niveaux de lectures. Au-delà du divertissement que constitue l’enquête menée par Stres, le livre pose des questions fondamentales : celle du libre arbitre, de la vérité et de son travestissement par le pouvoir, de la souveraineté d’un pays face aux puissances extérieures, mais aussi de l’ouverture au monde, de la rumeur et de la manipulation. Autant de sujets qui ont une forte résonnance dans le monde et la société actuelle.
Dernier point : alors que son action se déroule au Moyen Age, il a été écrit en 1979 dans un des pires régimes autoritaires de l’époque, et constitue une critique ouverte du totalitarisme. Il dénonce aussi la domination des pays du bloc soviétique par l’URSS et l’obligation pour les pays d’Europe au cours de la deuxième moitié du XXème siècle de choisir entre capitalisme et communisme, sans pouvoir inventer leur propre modèle.
Ce livre a été interdit à sa publication en Albanie jusqu’à la chute de la république populaire socialiste.
Pulchérie, la trentaine passée, prend enfin conscience de son corps, de son être et surtout d’un organe si souvent tabou : le clitoris.
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« L’affaire clitoris » est, comme le titre peut le sous-entendre, une bande dessinée de reportage. Nous allons, par une enquête minutieuse, partir à la découverte d’un organe féminin des plus importants et pourtant encore de nos jours très méconnu : le clitoris. Il est, selon la définition du Larousse, un « organe érectile de l'appareil génital féminin externe, principalement composé de deux bulbes bordant la vulve et d'un gland (ou clitoris au sens strict), situé au-dessus de l'orifice urétral. ». Très bien, mais encore… ? A quoi sert-il ? Comment est-il fait ? Et surtout, pourquoi depuis des siècles, il est invisibilisé dans nos sociétés patriarcales ? Tant de questions qui trouveront réponses dans cette excellente bande dessinée de vulgarisation. Science, philosophie, croyance sont autant de thèmes abordés par les autrices via cet organe de 10 cm qui n’est que depuis 2017 correctement représenté dans les manuels de SVT.
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Ce titre est classé dans nos rayons adultes, mais il peut vraiment être conseillé à un plus jeune public tant sa valeur est éducative et pédagogique, libératrice d’un plein épanouissement personnel.
"Bergères guerrières" : à la lecture de ce titre, on pourrait s'attendre à une bonne comédie franchouillarde avec des gags à n'en plus finir. Il n'en est rien. Bergères guerrières est un titre jeunesse pour ceux qui aiment l'aventure, les sagas fantastico-médiéviales. Quant à ceux qui n'aiment pas cela : vous allez adorer quand même ! Jonathan Garnier et Amélie Fléchais nous ont concocté une oeuvre palpitante avec de l'action, des sentiments, du mystère et tout de même une bonne dose d'humour. Nous suivons les aventures de ces bergères avec passion et on ne referme ce livre qu'avec regret et une envie de faire disparaître à jamais ces quelques mots "à suivre"... - Michaël
Solange et Albert grandissent sans amour dans un monde cruel et stupide où les adultes comme les enfants les rejettent et pire parfois, les maltraitent. Ils poussent comme ils peuvent, sans tuteur, un peu bancals jusqu’au jour où ils se rencontrent. Adossés l’un à l’autre, puis enlacés, ils puisent dans cette union le courage et la force nécessaires pour vivre.
Ils grandissent essayant tant bien que mal de s’intégrer, avec le peu de moyens qu’ils ont, dans cette société qui n’a jamais voulu d’eux. Jusqu’à ce jour, au bord de la mer, où une énième provocation fait basculer leur existence, car Solange et Albert se sont construits seuls, à l’écart, avec leurs propres valeurs, leurs propres règles et leur propre justice.
L’histoire bouleversante de la fuite en avant ou plutôt en arrière de ce couple, à la recherche, désespérément, de ce qui leur a toujours manqué : l’amour d’un parent.
Un récit entraînant et surprenant, entre ombre et lumière, dans lequel alternent la délicatesse des sentiments et la violence meurtrière. Un magnifique roman noir qui nous plonge avec maestria dans la psychologie de ses deux êtres sacrifiés.
Mais l’expérience ne s’arrête pas là, le roman fait partie intégrante d’un projet plus large constitué également d’une série. Une œuvre complète qui nous permet de retrouver dans le téléfilm les personnages du livre et son auteur, quelques années plus tard. Une mise en abîme géniale qui offre un nouvel éclairage à l’intrigue. C’est à la fois très bien écrit et merveilleusement joué, par des acteurs de talent : Niels Arestrup, Sami Bouajila, Alice Belaïdi… Une grande réussite !
Un dernier conseil : lisez le roman avant de regarder la série, la découverte en sera d’autant plus belle.
Habitué à donner vie à des musiciens dans ses bandes dessinées noir et blanc, Frantz Duchazeau change de style et s’attaque à un monument : Mozart. Loin du cliché facile du génie à qui tout réussit, l’auteur a choisi de s’attarder sur un épisode assez piteux de la carrière du plus célèbre des musiciens : son installation fugace à Paris en 1778. Wolgang Amadeus Mozart, 22 ans, quitte Salzbourg afin de prendre son envol loin de son père, Léopold. Il découvre Paris, y étincelle et tente de se faire une place parmi les musiciens à la mode. Mais son caractère orgueilleux et son manque d’entregent le cantonnent à donner des leçons de piano. Il s’impatiente et ne rêve que de deux choses : composer un opéra et retrouver sa dulcinée, la cantatrice Aloysia Weber. Frantz Duchazeau nous offre une bande dessinée subtile et poétique sur la difficulté pour les artistes d’éclore et vivre librement de leur art. Cette biographie montre Mozart terriblement moderne, libre, faillible et touchant, soumis comme tout un chacun à des échecs. Un être attachant, et qui, chemin faisant, rencontres aidant, sublimera peines et malheurs grâce à son art, génial et enchanteur. - Michaël
Il est rare qu’en bibliothèque on vous parle de plaisir. Il y a bien sûr le le plaisir de la lecture, du partage, de la découverte et c’est déjà bien. Pourtant il est un plaisir un peu plus tabou, sujet de certains livres, qui est tu. C’est dommage quand même... il est plus facile de parler de choses horribles comme de crimes, de guerres et ou encore d’ignominies de toutes sortes, que de choses qui font du bien, de sexualité, pour ne pas dire le mot « SEXE » ! Pourtant, depuis quelques années les livres sur le sujet se multiplient, se diversifient et apportent bon nombre de conseils pour un plein épanouissement. « Jouissance Club » est sans nul doute devenu une référence en la matière. Sa force est de s’adresser aux femmes comme aux hommes et d’aborder l’art du plaisir sexuel dans la plus grande des simplicités. Les femmes comme les hommes apprendront à se donner ou à donner du plaisir, et donc seul·e ou avec partenaire. Grâce à des illustrations épurées, Jüne Plã, artiste aux multiples talents et connue pour son compte Instagram « Jouissance Club », explique efficacement différentes pratiques, techniques sexuelles. Cependant, limiter cet ouvrage à un simple manuel d’éducation sexuelle serait dommage, car c'est un vrai travail de déconstruction des stéréotypes, des idées reçues et des clichés. Jüne Plã ne parle pas d’une, mais des sexualités, car elle est différente selon chacun·e : asexuelle, hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle, pansexuelle, mais toujours et le plus important, dans le respect mutuel. « Jouissance Club » est un livre important, fondateur, qu’il serait dommage de dédaigner. - Michaël