Conseils lecture
Les Willoughby sont une bien drôle de famille. Tim, Barnaby A, Barnaby B et Jane, les quatre enfants, se verraient bien comme ces orphelins qui vivent des aventures en tous genres dans des vieux livres poussiéreux. Seulement voilà, ils ont un problème : des parents. Des parents qui ne connaissent même pas leurs prénoms. Déterminés à devenir orphelins, ils vont tout faire pour se débarrasser d'eux…
Des enfants malheureux, des parents exécrables, une nounou, un vieux milliardaire esseulé, un bébé abandonné : tous les ingrédients d'un "roman vieux jeu" sont là, et d'ailleurs la narration n'est pas sans rappeler les fameux Orphelins Baudelaire… en moins dramatique ! De situations absurdes en dialogues décalés, ce roman est une parodie drôle et percutante des "vieux livres poussiéreux" auxquels il fait référence. On en redemande !
"Sans passé par la case départ" est le roman parfait pour la période de fête qui s’annonce, non seulement parce que son intrigue a lieu à Stockholm à une encablure en traîneau de chez le Père Noël, mais aussi parce qu’il se déroule le soir du nouvel an.
A Skurusundet, banlieue chic de la capitale suédoise, quatre jeunes gens, beaux, riches et amoureux se réunissent pour fêter la Saint-Sylvestre, « C’est un beau roman, c’est une belle histoire … » enfin bref, vous connaissez la suite. Tout est réuni pour un magnifique conte de fée, une grosse guimauve de Noël, sauf qu’on n’est pas chez Walt Disney mais plutôt dans « Petits meurtres entre amis » et que quand on gratte un peu le vernis tout ce petit monde est beaucoup moins idyllique qu’il n’y paraît.
Donc, nos quatre adolescents de la jet-set scandinave sirotent des cocktails en prenant des selfies de leurs vies parfaites, et pendant ce temps ils voient de l’autre côté du lac leurs parents en faire de même, comme le reflet de leurs propres vies dans trente ans. La soirée avance, les shots de vodka s'enchaînent et la vision de ces quadragénaires libidineux, adipeux et hypocrites dansant sur du ABBA (oh le cliché) leur devient bientôt insupportable.
Auront-ils le courage d’arrêter les faux-semblants, d’échapper aux codes de leur classe sociale et de prendre leur destin en main ? Vous le saurez en lisant ce magnifique petit roman de cent pages percutant et incisif. Allez un plaide, un canapé, un bon feu de cheminée et c’est parti !
Skender est un ex-légionnaire aux abois, trop de guerres, trop de violence, trop d’alcool et les mauvaises rencontres aux mauvais moments lui ont fait dégringoler l’échelle sociale en passant par la case prison. Il survit dans un bois en périphérie de la ville et de temps en temps, il se cache pour apercevoir ses enfants à la sortie de l’école. Bref, sa vie est dévastée, jusqu’au jours où il croise un vieille ami, Max, un ancien frère d’arme.
Une rencontre fortuite qui ne l’est pas. Max le piste depuis quelques semaines, il a une proposition à lui faire, devenir gibier pour son employeur, une riche veuve passionnée de chasse.
Jusqu’ici rien de très original, le thème de la chasse à l’homme a été visité et revisité maintes fois depuis l’excellent récit « Le plus dangereux des jeux » de Tod Robbins en 1925 (également disponible à la médiathèque). L’intérêt de ce roman ne réside donc pas dans ce point de départ un peu éculé, mais dans l’approche subtile et surprenante de l’auteur, le biais qu’il va prendre pour nous balader en forêt à mille lieux de là où l’on pensait arriver. Car ici il n’est question, ni de chasse, ni de traque, mais plutôt de sentiments, d’amitié, d’amour, de trahison des autres mais aussi de soi-même, de dignité, de rachat et peut-être de renaissance et de résurrection.
L’auteur nous plonge tour à tour dans les entrailles de ses trois personnages, Skender, Max et sa patronne. Peu à peu iels prennent forme comme un paysage, trois tableaux bruts et sensibles, qui s’assemblent pour former ce magnifique triptyque que constitue l’ouvrage de Lucas Belvaux.
Un roman particulièrement bien construit et profondément humain.
Hannah Hoshiko est une Nissei, elle est née de parents japonais dans un pays étranger : le Canada. Boucs émissaires au lendemain de la crise de 1929, puis persécutés suite à l’alliance de leur pays avec l’Allemagne nazie, les japonais·es survivent comme iels peuvent dans un pays hostile, pliant l’échine sous les coups répétés de l’administration et de la population.
Jack est blanc, après le décès de sa mère, son père s’est remarié avec une indienne autochtone. Fuyant la « civilisation » il a adopté depuis longtemps le mode de vie des peuples premiers. Il est « creekwalker », son travail consiste à compter les saumons, afin d’établir des quotas de pêche et de préserver, ainsi, l’écosystème de la forêt.
C’est le récit de ces deux êtres, à la marge, que fait avec force sensibilité l’autrice, Marie Charrel. Tour à tour bousculés par l’injustice, heurtés par la mort, blessés par la barbarie, iels perdent l’équilibre, glissent dans les ravines, s’accrochent aux branches et se relèvent chancelants. Les yeux ébahis, le souffle court, nous nous laissons emporter par cette merveilleuse chorégraphie, où s’entremêlent l’opiniâtreté des combats, la confusion des sentiments et la beauté sauvage des paysages.
Une danse, pleine de mystère où se tissent des liens inattendus. Un magnifique roman construit sur cette question, pierre angulaire : comment trouver dans l’imperfection du monde la beauté nécessaire à la résilience ?
Ouvrez Wayward Pines : vous partez pour un voyage sans retour.
Ouvrez Wayward Pines : vous devenez Ethan Burke, agent des services secrets américains.
Et vous n’en sortirez pas indemne.
Doute. Peur. Folie. Rage. Désespoir.
Vous passerez par tout ça — si vous êtes assez courageux.
Wayward Pines se dévore. Le suspense est intense. Le héros, charismatique.
On ne sait pas où l’on va… mais une chose est sûre :
il y a une fin à tout ça.
Osez l’aventure…
L'auteur, autiste Asperger, nous raconte avec humour sa participation au jeu de Questions pour un champion. Roman drôle construit sur le rythme de l'émission télévisée, situation cocasses. Le lecteur se glisse aussi dans les coulisses de l'émission. Clins d'oeil critiques de la part de ce personnage, sans ihnibition qu'est l'auteur. Et, pour ceux qui aiment : l'occasion de répondre aux multiples questions. Un réel divertissement, mais aussi l'occasion d'aborder la différence à travers le vécu d'Olivier Liron
C.
Le cadeau idéal pour la Saint-Valentin !
« Lover Dose », la nouvelle bande dessinée de Fortu, est une compilation de scénettes humoristiques dont le point commun est la vie de couple.
Tout y est abordé, rien n’est oublié, et chacun, chacune en prend pour son grade, mais saura très certainement s’y retrouver… un peu, beaucoup, à la folie !
Parfois absurde, parfois sarcastique, ou encore dans l’exagération, l’humour de Fortu fait mouche. Il livre ici un registre comique complet, axé sur l’observation et écrit avec esprit.
Quand on a déjà navigué on sait qu'il y a quelque chose d'intime qui se joue sur l'océan, quelque chose d'intime et de vrai, sur la mer on est face à soi, sans faux semblant, on ne triche pas et on ne ment pas. Quand on a déjà navigué on sait que cette sincérité est le prix à payer pour que l’océan nous tolère. On sait que pour lui survivre il ne faut pas le contrarier. On sait que tout est fragile et sensible sur la mer, qu’on marche sur un fil, en équilibre sur la ligne d'horizon.
Tout cela l’héroïne du livre, commandante au long court, le sait. Elle sait que la routine est la condition sine qua none pour se maintenir en osmose avec les éléments. Elle le sait et pourtant elle va ouvrir une brèche dans l’ordinaire et basculer dans un univers parallèle, une parenthèse dont vous sortirez transformés.
Un livre plein de mystère, une écriture délicate et sensible qui vous berce comme le sac et le ressac de l’océan et vous emporte vers une destination inconnue. Un subtil mélange de suspense et de poésie, un roman indispensable.
Pour les amoureux·ses de l’océan et de sa petite musique, je vous conseille aussi « Novecento : pianiste » d’Alessandro Barrico, également disponible à la médiathèque.
Le bonheur se cache au fond de chacun·e de nous, mais également partout autour. Le bonheur est-il dans la nature qui nous entoure ? partager un repas avec ses ami·es, rire aux éclats, est-ce ça le bonheur ? Ou bien sentir battre son cœur, être amoureux·ses ? Être entouré·e de ceux et celles qu’on aime ? Et pourquoi passer sa vie à le chercher, à en vouloir toujours plus, alors qu’il se trouve juste sous nos yeux ?
Dans cet album aux illustrations foisonnantes et chatoyantes, Peggy Nille nous offre une réflexion à hauteur d’enfant sur le thème du bonheur. Tout au long du récit, la/le lecteur·rice suit les questionnements philosophiques d’un petit pingouin. Avec beaucoup de poésie, l’autrice passe un message : à quoi bon s’épuiser à courir après le bonheur, quand parfois il suffit d’apprécier ce que l’on a déjà pour être heureux ?
Les illustrations oniriques et colorées sont une invitation à la rêverie et à l’observation. Les paysages nordiques, la banquise, la taïga ou les fonds marins sont luxuriants. Les lecteur·rices pourront s’amuser à retrouver les petits détails qui s’y cachent car « Chercher le bonheur » est également un cherche-et-trouve.
« Chercher le bonheur » est une belle porte d’entrée pour amorcer une discussion sur le sujet du bonheur avec son enfant ou tout simplement, passer un joli moment de lecture et de jeu en famille.
Chaque été, la famille de Philippe part en vacances sur l’ile de Ré, où elle séjourne chez des ami·es.
Pour l’adolescent, c’est l’occasion de retrouver François, le fils du boucher, Christophe, le fils de pêcheur, de faire la connaissance de Nicolas, un garçon secret qui vient d’emménager avec sa mère, ainsi que d’Alice et son frère Marc, des touristes parisiens.
Nous sommes en 1985, avant le pont et avant que l’île ne devienne un paradis pour privilégié·es. Les téléphones portables n’existent pas et les jeunes ne sont pas rivé·es sur leurs écrans durant des heures, mais peuvent profiter les un·es des autres ensemble.
Philippe savoure cette période, celle de l’inactivité, l’inutilité, la paresse, le silence.
Iels vont avoir 18 ans et jouissent de l’insouciance de leur âge, des premiers émois amoureux.
Pourtant, il suffira d’une seule nuit pour que rien ne soit plus jamais comme avant.
Derrière l’ambiance légère des années 80, du top 50, des baby-foot, des flippers, des bornes d’arcade…, Philippe Besson retrace avec justesse, pudeur et sensibilité un drame vécu lors de sa jeunesse.
Grâce à son écriture fluide, sincère et sans fioritures, l’auteur nous fait entrer sans voyeurisme dans l’intimité psychologique de ses personnages attachants.
Un récit nostalgique et poignant sur l’adolescence, qui explore les thèmes de l’amitié, de l’homosexualité, de la fragilité de la vie et de la beauté de l’instant présent, en nous touchant en plein cœur.
Quand son papa n’est pas là, petit renard trouve la vie moins belle. Le chocolat est moins bon quand il n’est pas préparé par son papa. La balançoire va moins haut quand elle n’est pas poussée par son papa et qui va le réconforter quand il fait un cauchemar ? Heureusement, maman renard est là pour sauter dans les flaques, faire des ricochets où encore préparer de supers anniversaires… en attendant la fin de la semaine, qu’il revienne !
A travers cet album plein de douceur, Joris Chamblain (Les carnets de Cerise) et Lucile Thibaudier (Enola et les animaux extraordinaires) abordent un thème récurrent en littérature jeunesse, mais néanmoins incontournable : la séparation. A travers les pages, le lecteur s’émeut de la relation très forte qui lie le petit renard et son papa. Petit à petit, on se rends compte qu’il n’est malgré tout pas seul et que grâce à sa maman, la semaine passe relativement vite, avant le week-end tant attendu.
Les illustrations en aquarelle de Lucile Thibaudier retranscrivent les émotions de petit renard, sa tristesse et sa mélancolie, de manière très touchante. Le cadre automnal des décors apporte un sentiment de « cocon » vis-à-vis du lien fort qui existe entre le petit renard et sa maman, qui fait tout pour lui rendre le sourire.
Cet album parlera beaucoup aux familles dont un des parents doit s’absenter pour raisons professionnelles et permettra d’aborder le sujet avec beaucoup de délicatesse. - Nolwenn