Conseils lecture
et si on en parlait en BD
Le droit à la fin de vie
Depuis de nombreuses années déjà, les débats autour du droit à l'euthanasie et au suicide assisté sont présents dans notre société, mais ces pratiques restent illégales en France.
La loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie (dite loi « Léonetti ») affirme, sous certaines conditions, un droit au « laisser mourir » sans souffrance évitable et dans le respect de la dignité du patient. Cependant, pour beaucoup, cela ne suffit pas et iels souhaitent une nouvelle loi légalisant 'l'aide active à mourir'. Le débat reste donc ouvert...
Nous vous proposons de découvrir trois bandes dessinées ayant pour sujet le droit à la fin de vie choisie. Elles donnent matière à penser par leurs récits fictifs ou inspirés de faits réels, à comprendre ce sujet de grande importance. Des récits tendres, émouvants, et paradoxalement emplis d'espoir comme jamais.
En toute conscience
de Livio Bernado et Olivier Peyon
Éd. Delcourt
La dame blanche
De Quentin Zuttion
Éd. Le Lombard
Mes mauvaises filles
De Zelba
Éd. Futuropolis
Comment un gladiateur devait-il s'équiper pour affronter les bêtes sauvages dans l'arène ? Que signifiait la crête sur le casque d'un légionnaire ? Pourquoi les Romains avaient-ils un si fort attachement au dieu de la guerre, Mars ?
Toutes les réponses à ces questions sont à découvrir dans ce livre, en images et en grand format, sous la forme d'une collection d'objets rares et étonnants.
Avec une attention particulière portée aux détails, chaque trésor est fidèlement représenté, accompagné de quelques anecdotes incroyables. Une fiche descriptive présente le lieu où l’objet a été découvert, ainsi que son lieu d’exposition actuel.
Découvrez ce livre fourni d’informations claires et intéressantes., mêlant archéologie, mythologie, et art. Vous voyagerez à travers la Rome antique grâce aux magnifiques illustrations présentes tout au long de la lecture.
Le titre, "Amour amour après quoi chacun court", résume parfaitement le livre.
Le jour à peine levé, chaque animal·e s’élance cherchant qui la/le cajolera, la/le bercera, l’apaisera… Une quête vers des gestes d’amour, de douceur, de tendresse. Construit comme un imagier, sur chaque page un·e animal·e, une bulle avec un texte court comme un poème ou une comptine. L’enfant suit ainsi au fil de la journée une ribambelle d’animaux varié·es tel que renarde, souris, ourson mais aussi cerf ou sanglier.
De grandes illustrations pleine page aux couleurs vives, un graphisme soigné qui illuminent notre regard.
Un magnifique album à regarder, lire, écouter et à partager avec tendresse. Une belle histoire du soir pour s’endormir remplie d’amour.
Habitué à donner vie à des musiciens dans ses bandes dessinées noir et blanc, Frantz Duchazeau change de style et s’attaque à un monument : Mozart. Loin du cliché facile du génie à qui tout réussit, l’auteur a choisi de s’attarder sur un épisode assez piteux de la carrière du plus célèbre des musiciens : son installation fugace à Paris en 1778. Wolgang Amadeus Mozart, 22 ans, quitte Salzbourg afin de prendre son envol loin de son père, Léopold. Il découvre Paris, y étincelle et tente de se faire une place parmi les musiciens à la mode. Mais son caractère orgueilleux et son manque d’entregent le cantonnent à donner des leçons de piano. Il s’impatiente et ne rêve que de deux choses : composer un opéra et retrouver sa dulcinée, la cantatrice Aloysia Weber. Frantz Duchazeau nous offre une bande dessinée subtile et poétique sur la difficulté pour les artistes d’éclore et vivre librement de leur art. Cette biographie montre Mozart terriblement moderne, libre, faillible et touchant, soumis comme tout un chacun à des échecs. Un être attachant, et qui, chemin faisant, rencontres aidant, sublimera peines et malheurs grâce à son art, génial et enchanteur. - Michaël
1916, Elisabeth Freeman est une suffragette, elle milite pour le droit de vote des femmes états-uniennes. Lorsque le sociologue William Du Bois lui propose de profiter de son voyage à Waco pour enquêter en toute discrétion sur ce qui est arrivé au jeune Jesse Washington disparu après son interpellation par le shérif, Elisabeth n’hésite pas un instant… Son combat pour l’égalité et la liberté est universel !
Une nouvelle page d’histoire nous est proposée par l’excellente collection documentaire « Karma » de chez Glénat. Bien sûr, elle est peu reluisante : elle dénonce une société patriarcale violente envers les femmes désireuses d’émancipation, mais aussi les horreurs de ce sud états-unien, arriéré et sanglant, où la justice n’est qu’un vain mot. Pourtant, malgré cette brutale réalité, on ressort tout de même rassuré par ces femmes et ces hommes qui combattent au péril de leurs vies l’injustice et l’intolérance. Une lueur d’espoir, certes faible tant la bêtise semble omniprésente et contagieuse, mais bien présente et qu’il nous faut absolument entretenir.
Personnellement, je ne connaissais pas Elizabeth Freeman, maintenant si ! et j’en suis heureux car s’enrichir de modèles aux valeurs positives n’est que trop important pour donner le courage de faire de notre société un monde meilleur.
A partager à tous et toutes !
C’est la fin de la colonie de vacances, le dernier jour, plus précisément. Il y a dans l’air une ambiance particulière, celle des derniers moments ensemble, avant la séparation, avant le retour au quotidien, au banal. C’est un moment suspendu, un moment d’éternité, sous un ciel bleu azur immense, intense qui a quelque chose d’irréel.
Alors on baisse la garde, on se laisse aller, on célèbre l’instant, l’excitation est palpable. On pique-nique et on plonge, on éclabousse, on bouscule l’équilibre sensible du fleuve. Oui mais dans la Loire on ne se baigne pas ! Dans la Loire, souvent, on se noie !
Lentement, la trame du drame se dessine ? Le fleuve sera-t-il clément ? Laissera-t-il à ces adolescents le temps de vivre ? Le souhaitent-ils d’ailleurs vraiment ?
Une écriture à fleur de peau, qui tend vos nerfs, qui charge l’air comme un jour d’orage, jusqu’à l’explosion. Un remarquable sens du rythme, et une analyse très fine, de cet âge, si particulier, qui hésite entre deux mondes.
Un roman avec une magnifique gueule d’atmosphère, qu’on embrasse à pleine bouche et qui vous laisse, sur les lèvres, un goût doux-amer, celui des années révolues, celles où tout était une première fois.
C’est le dernier jour de la colonie, un instant suspendu, où l’insouciance flotte encore avant la séparation imminente. Dans le car, la climatisation est en panne et la chaleur écrasante. On décide de s’arrêter pour un pique-nique au bord de la Loire. Benoît, le directeur, et Pauline, la jeune animatrice, encadrent la bande d’adolescents. On joue au ballon, aux cartes, on rit… jusqu’au moment où une voix s’élève : « On va se baigner ? ».
Mais la Loire n’est pas une rivière docile. Puissante et imprévisible, elle impose une menace latente. Ceux qui s’y aventurent prennent le risque de briser l’équilibre fragile entre jeu et drame. Peu à peu, la tension monte, invisible, mais omniprésente. Ce qui semblait être un instant parfait pourrait basculer à tout moment. Le fleuve devient un personnage à part entière, à la fois magnifique et dangereux.
Avec une écriture percutante, Guillaume Nail capture cet âge de tous les possibles, où l’audace se confronte à la fragilité. Chaque protagoniste porte en lui des ambiguïtés et des vulnérabilités. L’amitié se manifeste dans la fougue, les affrontements, cette illusion d’immortalité propre à l’adolescence.
Inspiré d’un drame réel survenu en 1969, ce roman coup de poing, aussi poétique que brut, marque profondément, laissant une empreinte indélébile — celle d’une jeunesse qui ne mesure pas toujours le poids du réel.
La terre des fils fait incontestablement partie des meilleurs titres 2017. Gipi (pourtant pas habitué au genre) nous conte une histoire post-apocalyptique d’une rare efficacité. Les personnages sont abrupts, directs, violents, mais pas dénués de réflexion. Dans un univers âpre, ils agissent pour leur survie sans laisser paraître de sentiments. Pourtant les sentiments sont bien présents, sous-jacents, et inéluctablement jailliront… L’illustration est magnifique, désespérée, sans couleur, sans aplat, au trait vif, hachuré et élégant. Un petit joyau de la bande dessinée italienne à découvrir. - Michaël
Dans "Sea, salt and paper", il vous faudra choisir les bonnes cartes pour construire votre main, les poser pour déclencher leur effet… et surtout, décider de quand stopper la manche pour vous assurer plus de points que vos adversaires !
Quelle stratégie adopterez-vous ? Récolter un maximum de coquillages pour vous assurer des points, ou chercher les rares sirènes qui vous apporteront la victoire ? À vous de choisir !
"Sea, salt and paper", c'est aussi un jeu magnifiquement illustré par des photos de vrais origamis ! Ajoutons une mécanique de "stop ou encore" efficace et engageante, et on obtient un jeu parfait pour l'été (et facile à glisser dans vos valises) !
Plouf est un canard qui n’aime pas l’eau. Il n’aime pas nager, il n’aime pas la pluie, il n’aime pas faire du bateau. Ce que Plouf aime, c’est rester à la maison avec un bon livre et un thé chaud. Mais un soir de tempête, Plouf fait la rencontre de Nouille qui s’est perdu dans le noir à cause de l’orage. Nouille, lui, adore l’eau. Contre toute attente, ces deux compères vont devenir grands amis… mais malheureusement, Nouille doit rentrer chez lui. La vie de Plouf n’a plus la même saveur ! Il est alors près à braver rivières, pluie et lacs pour aller chercher son copain… Dans cet album, nous retrouvons l’auteur Steve Small, que nous adorions déjà pour Super Potes. Il revient avec son thème de prédilection, les amitiés improbables, qui contre toute attente, peuvent être les plus fortes. Car celles-ci peuvent faire enfourcher un vélo un soir de pluie, malgré le vent, la tempête, pour aller retrouver un ami. La patte de l’auteur est présente dans ses illustrations que l’on reconnait au premier coup d’œil à travers ses personnages si expressifs. Les couleurs acidulées en font un album plein de joie de vivre et mets en scène une belle relation qui se noue au fil des petits riens. Steve Small nous offre encore une fois une belle histoire réconfortante à déguster les jours de pluie.
Toni n’a pas de supers pouvoirs, n’est pas plus intelligent que la moyenne et n’a pas non plus de terrible secret. C’est un jeune garçon normal qui va à l’école, a des ami·es et aime beaucoup jouer au football. Il a pourtant un petit quelque chose, trois fois rien, vraiment rien, juste une obsession... posséder les « Renato Flash », une toute nouvelle chaussure de foot avec fonction clignotant, sensée permettre de marquer plus de buts. Hélas pour lui, ce modèle est cher, très cher... « Toni » est un album jeunesse, complet en un volume, plein d’humour et de fraîcheur. Il se démarque de la production actuelle, sagas fantastiques à rallonges, et cela fait vraiment du bien. Pas de « mystérieux mystères mystérieux », non, juste la vraie vie et beaucoup de débrouillardise de la part de notre héros. Les personnages, qu’ils soient de premier plan ou simples seconds couteaux, résonnent avec justesse. Découpé en différents chapitres, le récit, un brin enjolivé, sent le vécu. Il nous rappelle forcément nos enfants ou à défaut notre jeunesse. Nous suivons Toni dans sa quête de godasses et prenons plaisir à découvrir les différents stratagèmes qu’il met en place pour gagner de l’argent, encore plus lorsqu’il le perd trop facilement. Les illustrations sont minimalistes, mais étonnamment vivantes et font penser aux illustrations de Sempé sur le « Petit Nicolas », dont « Toni » est un digne descendant. Cette bande dessinée est bon enfant, un « feel good » pour la jeunesse. - Michaël
Zazie a un chat, Roudoudou, qui se comporte comme tous les autres chats c'est à dire qu'il passe sa journée à manger et dormir... jusqu'au jour où Roudoudou se mets à parler ! mais ce n'est pas tout, il est vraiment très très étrange, il a les yeux jaunes fluo et développe une passion alimentaire particulière pour les ordures... qu'est-il arrivé à Roudoudou ? Et si il avait été remplacé par ... un extra terrestre ?
Ce petit roman, plutôt court et qui se lit très bien, saura te captiver de la première à la dernière page grâce à son rythme trépidant et à son intrigue pleine de mystère. le personnage principal, Zazie, est très attachante et la créature qui ressemble à Roudoudou lui en fait voir de toutes les couleurs...
A lire ans hésitation !
Conseils lecture
Un titre tout simplement tendre et mélancolique, qui traite de l’amour, du deuil et surtout de la vie. Loïc Clément et Anne Montel nous offrent un récit jeunesse d’une réelle beauté, l’écriture à la première personne affirme un récit intimiste et les aquarelles, magnifiques, enrichissent la tendresse des personnages. Une nouvelle fois la bande dessinée jeunesse permet l’émergence d’une telle pépite qui s’adresse aux petits mais également aux adultes. - Michaël
Iron Man (littéralement l'Homme de Fer) est un super-héros créé par Stan Lee et appartenant à l'univers Marvel. Depuis plus de 50 ans, Anthony Stark - son vrai nom - livre des combats titanesques pour que justice soit faite. A proprement parler, il n'a pas de super pouvoir, juste une intelligence hors norme qui lui sert à innover, à inventer tout et n'importe quoi, mais surtout des armes. Car avant d'être le héros adulé de tous, il n'était qu'un marchand de mort. Suite à de tragiques circonstances, il va prendre conscience de son don unique et le mettre au service du bien en créant Iron Man.
Iron Man : au commencement était le Mandarin nous présente la première rencontre entre notre héros et l'un de ses plus farouches adversaires : Le Mandarin. Un récit original sur fond de conquête du monde, dessiné différemment mais remarquablement. A découvrir. - Michaël
Guylaine passe une enfance heureuse auprès de ses parents, qui l’aiment, et de son meilleur ami Gilles. Et puis c’est la chute : la méchanceté de garçons, la maladresse des parents répandent des pensées néfastes dans son esprit : elle crée la catégorie des moches, s’y inclut et devient invisible, se rend indésirable. Elle essaie parfois de s’en extirper par divers stratagèmes : l’humour, l’amitié, l’amour, le travestissement. Devenue adulte, le statut de célibataire n’est pas simple à assumer ; Guylaine trouve des parades pour échapper aux jugements et se réfugie au théâtre. Plongée dans le noir de la salle, à l’abri des regards, elle écoute des textes libérateurs. Lentement, ces mots nouveaux, positifs, infusent jusque dans son esprit ; elle tisse de nouveaux liens, se crée de nouveaux espaces réflexifs qui l’aident à se libérer enfin du regard et des attentes des autres. A travers l’histoire de Guylaine, on touche d’abord à la problématique injonction faite aux femmes d’être belle, ce dès leur plus jeune âge et tout au long de leur vie. Vous pourrez objecter que, sous l’excellent coup de pinceau de Cécile Guillard et la fine plume de François Bégaudeau, Guylaine n’est pas moche, comme l’atteste la couverture de cette BD. Il s’agit moins d’une vérité que de son sentiment et d’un jugement, celui de certain(e)s porté à la va-vite et surtout celui que Guylaine porte sur elle-même : elle souffre du poids de mots malheureux. Ceux qui s’insinuent dans l’esprit, font courber l’échine, invisibilisent et crée des maux durables. Des mots, des textes, qui à l’inverse peuvent aider à révéler, à se révéler, hors du regard des autres, quitte à sortir de la norme parfois. S’accepter : le travail de toute une vie, en l’occurrence celle de Guylaine. - Aurélie
Mallory, 15 ans, et son père se sont lancés un défi : faire ensemble l’ascension du mont Everest. Iels ont suivi une longue préparation en amont, notamment la montée du Qomolangma culminant à 8000 mètres. L’aventure commence dans le camp de base, au pied de la montagne, avec les différents allers-retours par palier afin d’acclimater le corps à l’altitude, à l’effort et au manque d’oxygène.
La jeune fille ne craint pas le vide ni les épreuves, mais elle ne se doute pas dans quoi elle s’est embarquée. L’expédition va lui réserver bien des surprises plus ou moins agréables.
« 8848 mètres » n’est pas uniquement la hauteur de l’Everest ou un roman sur la montagne et l’alpinisme, même si chaque étape de l’expédition est extrêmement bien documentée. Les personnages sont attachants et l’écriture fluide nous accroche à la cordée pour nous tenir en haleine tout au long de l’aventure.
L’autrice nous fait découvrir également l’autre facette du « Toit du Monde », les comportements de femmes et d’hommes peu scrupuleux·ses qui abandonnent leurs déchets, le travail des associations pour nettoyer et sensibiliser le public à l’écologie et au réchauffement climatique. C’est aussi une approche du bouddhisme et de la spiritualité. La confrontation à la mort est évoquée puisque chaque année des personnes périssent en montagne.
Silène Edgar nous offre un roman « vertigineux » , plein de courage, d’entraide et de persévérance.
En suivant la quête de Mallory, je suis passée par toutes sortes d’émotions. Je ressors de cette lecture avec des envies de défis et de sommets à atteindre.
Shimura, est un quinquagénaire célibataire. Sa vie est trop bien ordonnée, réglée comme du papier à musique, entre travail et repos. Chez lui rien ne traîne, tout est bien rangé, classé et trié. Il y a une place pour chaque chose et chaque chose a sa place. Si bien que lorsqu’il s’aperçoit qu’il manque un yaourt dans le frigo, son quotidien en est bouleversé ! S’est-il trompé en achetant ses yaourts ? En a-t-il déjà mangé un ? Ou bien alors, quelqu’un.e se servirait dans son frigo durant son absence ?... Un brin mélancolique, mais passionnant de bout en bout, le récit Agnes Hostache est d’une rare sensibilité. Adaptation en bande dessinée du roman éponyme d’Éric Faye, lui même tiré d’un fait divers authentique, « Nagasaki » est bien plus qu’un récit. Il est notre société, prônant l’individualisme et l’individualité. Il est représentatif de nos craintes, de nos doutes, d’un système qui isole tout un chacun, plutôt que d’ouvrir au monde. Il questionne, interroge nos modes de vie : métro, boulot, dodo... Il pose également la question du savoir qui l’on est vraiment. Est-ce le travail qui fait qui l’on est ? Sans emploi ne sommes-nous plus ? Des problématiques qui ne trouveront pas les réponses dans l’ouvrage, ce n’est pas son ambition, juste et c’est déjà beaucoup, d’éveiller. La mise en scène de l’autrice est remarquable : nous suivons les deux protagonistes dans des récits séparés, mais qui se croisent timidement. Nous apprenons à les connaître, à les respecter, chacun avec leurs défauts et leurs faiblesses. Ils nous deviennent familiers et on se prend à imaginer une fin. Agnès Hostache n’est pas que remarquable dans sa mise en scène, c’est aussi une formidable illustratrice. Elles nous gratifie de peintures efficaces, aux tons doux et pastel. Elle varie les cadrages, les angles de vue, tout en diversifiant ses gaufriers. Cela permet de donner du rythme au récit, écrit à la première personne. Tout est parfait dans cette bande dessinée si ce n’est, que c’est la réalité... - Michaël
Tout comme son grand frère Jeff, Erwann est un passionné des sports de glisse, surtout de skate. Malheureusement un accident tragique durant une compétition cause la mort de l’ainé et brise par là même sa famille. Dorénavant il lui est interdit de pratiquer sa passion, à moins que... « Erwann » est un titre jeunesse sans prétention qui pourrait, si on y prête peu attention, être noyé dans la masse. Il serait dommage de passer à côté de ce récit plus profond qu’il n’y paraît. Ici des sujets difficiles sont abordés avec subtilité : on nous parle d’accident, de mort et de deuil. Cela pourrait être plombant, mais pas du tout puisqu’une fois le livre refermé, les valeurs de bravoure et d’abnégation sont les seules effluves qu’il nous reste. Une leçon de courage nous est donnée par Erwann, jeune homme insouciant, qui se donnera tous les moyens pour réaliser son rêve. Ce récit est porté par les belles illustrations dépouillées de Yann Cozic, pleines de dynamisme et dont les couleurs sont sobres, mais efficaces. Un nouveau titre jeunesse plein de fraîcheur ! - Michaël
C’était les meilleur·es ami·es du monde. Elle et lui aimaient se promener dans les bois, patauger dans la rivière, écouter gronder l’orage caché·es dans le grenier… Ensemble les enfants partageaient chaque instant de la vie, les rires, les jeux, les peurs… Iels étaient inséparables, jusqu’au jour où la jeune fille ne répond pas à l’appel de son ami. Très triste, le garçon se lance à sa recherche…
L’autrice, par la voix du personnage principal, nous raconte une belle histoire d’amitié entre deux enfants. Cependant celle-ci prend fin brutalement, sans raison apparente, si ce n’est une nouvelle rencontre. Le récit bascule alors sur le chagrin, l’incompréhension et les désillusions vécues par le garçon qui reste seul. Le texte simple est écrit à la première personne, au passé, ce qui laisse pressentir dès le début du livre le côté éphémère des sentiments. Les illustrations à la gouache sont très expressives et les représentations de la nature sont magnifiques.
Cet album très touchant montre bien à quel point on peut être blessé·e, se sentir trahi·e, voir abandonné·e lorsqu’une relation amicale intense se brise. C’est également un message d’espoir, sur la manière de rebondir positivement, sans colère, ni rancune.
Le titre, « Amitiés » au pluriel, est bien pensé, car dès l’enfance on apprend très vite que toutes les complicités ne sont pas forcément éternelles. La vie est faite d’une multitude de rencontres qui en font sa richesse.
Stress a 37 ans, il est réalisateur et a une idée en tête, concevoir un film sur son quartier « Le panier », ou plus exactement sur ce qu’il était avant la « gentrification », quand sa bande et lui zonaient sur un banc en fumant des joints, un quartier populaire. Celui qui accueillait toute la misère de Marseille, loin des clichés d’aujourd’hui, vitrine de l’office de tourisme.
Stress, il voudrait tirer le portrait de cette époque révolue, retrouver ses potes et leur demander de témoigner, avant que son ancien quartier ne devienne définitivement un Disneyland pour les touristes que vomissent les paquebots chaque jour. Seulement Stress passe ses soirées de fêtes en fêtes vaguement à la recherche de financements pour son projet, parce que le fond du problème c’est qu’il est trop intransigeant avec les autres et pas assez avec lui-même… En attendant, quand il a besoin de thune il filme des mariages orientaux dans les quartiers nord.
Un merveilleux voyage à Marseille et dans le temps, fait d’allers-retours entre la ville d’hier et celle d’aujourd’hui. Une écriture percutante à l’image de ce personnage sans concessions. Un récit qui vous emporte et une force narrative du quotidien, les odeurs, la bouffe, les fringues, la musique, des habitudes et des attitudes décryptées à la loupe. Deux sociétés antagonistes, celle des pauvres d’hier, sans papiers, et des riches d’aujourd’hui, bobos, artistes, Parisiens immigrés, qui cohabitent à quelques années de distance. Un travail d’ethnographe moderne et une grande histoire d’amour, celle du héros et de sa ville qu’il voit changer, comme lui à l’aube de la quarantaine, et peu à peu oublier son passé. Un magnifique roman empreint de la nostalgie de celui qui quitte son pays malgré lui.
Dans ce récit autobiographique, Aimée De Jongh nous raconte quatre histoires, quatre rencontres ayant pour point commun un chauffeur de taxi. Assise à l’arrière d’une voiture, elle nous fait parcourir le monde, de Paris à Los Angeles en passant par Washington ou encore Jakarta. Chacun de ces hommes délivre son histoire, tant bien que mal, à l’autrice pleine de vie et de gaieté. Des moments d’intimité rares ou se crée, au fil des conversations, un lien unique de confiance mutuelle.
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« Taxi ! » est un récit court, un huit clos empli d’humanité qui fait du bien ! - Michaël
Avec Ivanhoé Backus, Nicolas André nous livre une farce viticole succulente. Doté d’humour et d’une certaine réflexion sur les méandres de l’âme humaine, ce titre, aux illustrations colorées, est une réelle surprise. L’utilisation des couleurs est millimétrée, chaque chapitre est doté d’un ton chromatique lié à la situation. Le trait de Nicolas André est précis, sans fioriture, déformé à l’envi, et influence le récit en le rendant plus fort. Cette histoire originale navigue entre comédie et drame et ne nous laisse pas indifférent. Sans la dévoiler, la fin vous surprendra et vous refermerez le livre apaisé. - Michaël
En 2050, la robotique est présente partout. Les hommes ont développé une « intelligence artificielle » évolutive, réactive aux stimuli qui l’entoure. De ce fait, chaque programme est unique, chaque robot possède et développe sa propre perception, mais également prend conscience de son existence. Cela n’est pas sans conséquence, car dans un monde où l’Homme brutalise, asservit les minorités, les tensions montent entre les deux mondes. Apparu au début du 20e siècle et vulgarisé par Isaac Asimov dans une série de nouvelles et de romans, la robotique est devenue depuis un thème récurrent de la science-fiction. Ces récits, pour la plupart, abordent le thème du grand remplacement, avec des guerres meurtrières entre Hommes et Machines. Ici rien de tel, l’intrigue est plus originale et subtile. L’auteur nous entraîne dans le subconscient des humanoïdes et pose les bases d’une réflexion intéressante sur ce qu’est l’Âme : est-elle simplement l’apanage de l’espèce humaine ? Nous explorons également les facettes obscures de nos sociétés : la surconsommation, la violence et ce besoin de domination, source de conflits. Loin d’être manichéenne, l’histoire est une parabole de notre civilisation, du pluralisme identitaire et de la place de chacun.
Jorge Fornés illustre le récit avec clarté et de légères nuances rétro rendent un hommage appuyé aux pulps d’antan. Les cadrages et les gaufriers sont variés, leur exploitation intelligente donne une fluidité au récit et le rend extrêmement dynamique. Vous l’aurez compris avec cette œuvre, pas de bastonnades à n’en plus finir, mais une réelle introspection sur nous-même. Brillant ! - Michaël
Dans la clairière d'un bois, une souris rencontre un écureuil : « Je fais les plus belles crottes du monde ! » lui dit-elle. Et pour prouver ses dires, elle dépose une petite crotte sur un brin d'herbe. L'écureuil n'est pas de cet avis : c'est lui qui fait les plus belles crottes du monde. C'est alors que la belette, le putois, le renard, le loup, et même le cerf se mêlent à ce concours de la plus belle crotte ! Soudain, l'épervier fend les airs : « Le chasseur arrive ! » Mais ce dernier met sans faire exprès le pied dans la crotte de souris, glisse, tombe le genou dans la crotte de renard, et ainsi de suite... finalement, c'est bien lui la plus belle crotte du monde ! Ce bel album à la couverture brillante de Marie Pavlenko et Camille Garoche trouve son originalité dans le thème abordé. En effet, le concours de crotte est l'occasion de montrer une typologie des crottes des animaux : les descriptions, sans tomber dans l'extrême, sont détaillées et pédagogiques. Marie Pavlenko, sous couvert d'humour et d'un sujet qui peut prêter à sourire, voit là l'occasion de passer un message pour la défense de la cause animale.
Camille Garoche nous propose des illustrations colorées et documentées que ce soit sur la forme des différentes crottes, ou sur les animaux qui les produisent. La forêt qui prend forme sous son pinceau est accueillante, remplie de biodiversité, et tranche avec les pages dédiées au chasseur, colorées du rouge de la violence. Un album léger et didactique sur un sujet ô combien important pour les jeunes enfants, et qui ravira également les parents par sa chute et son message écologique. - Nolwenn
Quelle drôle de petite fille ! Elle ne parle pas, se déplace bizarrement et rêve, derrière le grand portail de l'école, de liberté. Elle se prénomme Victorine, mais parce qu'elle n'arrive pas à le prononcer, on l'appelle Vivi. Elle n'a pas d'amis, elle est trop sauvage. Mais quoi d'anormal pour une petite fille qui, il n'y a encore pas si longtemps, vivait au milieu des bêtes, seule dans la forêt. C'est une sauvageonne, capturée par des chasseurs et confiée à une charmante dame qui doit se charger de son éducation. Alors, rien n'est facile, même les plus simples gestes du quotidien. Allez donc faire porter une culotte à une enfant qui a toujours vécue nue... Bon courage ! Mené à un rythme effréné, ce récit au dessin minimaliste est un agréable divertissement, grâce notamment à de cocasses situations. - Michaël