Conseils lecture
Une jolie petite princesse, tout de rose vêtue, à côté de son élégant carrosse assorti à sa tenue, est en pleine réflexion : « il est joli, mais… ».
Notre héroïne y apporterait bien quelques modifications. Un changement de couleur, du bleu par exemple, des roues plus adaptées aux chemins boueux… La fillette prend ses outils et n’hésite pas à se lancer elle-même dans les travaux. Au fil des pages nous assistons à la transformation du véhicule en un engin volant tout terrain.
Les illustrations sont drôles et bien détaillées, le texte simple convient parfaitement à la compréhension des tout·es petit·es.
Séverine Huguet nous offre un album qui balaye les stéréotypes de genre.
Qui a dit que les princesses ne savent pas bricoler ?
Dans la même collection et le même esprit vous aimerez aussi « Ma poupée » de Annelise Heurtier.
Lorsque les parents se séparent, il n’est pas toujours facile pour un enfant de trouver sa place, surtout quand on a deux maisons pour deux nouvelles vies… Melanie Walsh, par cet album tendre et réfléchi, décrit simplement, en quelques mots, la vie des enfants de parents séparés. Les thèmes habituels de la douleur ou de l’absence sont volontairement absents de ce récit qui se concentre sur des aspects plus « prosaïques », mais pas moins importants.
Du coup, ce titre n’est pas plombant, au contraire, il est même positif et rassurant pour l’enfant. Par un système de rabats-surprises, l’autrice joue à nous faire découvrir la vie chez l’un, puis chez l’autre, sans jamais donner un jugement de valeur. Elle conclut son histoire avec douceur et laisse entrevoir la multitude de facettes que peut prendre l’amour familial. « Chez papa et chez maman » est un album incontournable sur la thématique de la séparation qui ne l’expliquera pas, mais qui saura rassurer nos enfants sur le quotidien, leur avenir et l'amour que leur portent leurs parents. Et c’est bien cela le plus important. - Michaël
Momo est un magnifique Border Collie, blanc et noir. Momo est surtout très facétieux : il aime beaucoup se cacher ! Alors son maître, le photographe Andrew Knapp, a saisi les occasions d’immortaliser ces moments amusants dans un très bel imagier. A nous de retrouver Momo dans toutes sortes de situations sur la page de droite : à la fête foraine, au jardin, à la librairie où encore à l’école ! Sur la page de gauche, différents objets à chercher sont présentés, sans jamais oublier Momo, sa drôle de tête et ses grands yeux expressifs.
A travers cet album, Andrew Knapp nous propose un cherche-et-trouve adapté aux plus petits. Les photographies sont claires et lisibles, les objets à retrouver, des objets du quotidien que les enfants auront plaisir à chercher. Le chien Momo rends cette expérience vraiment sympathique : il paraît si gentil, et nous regarde (ou plutôt son maître, qui prends la photo) avec tellement d’intensité qu’on ne souhaite qu’une chose : s’amuser avec lui !
Les couleurs vives, la composition et la qualité des photographies séduiront à coup sûr les jeunes enfants et Momo deviendra l’un de leurs compagnons préférés.
Au petit matin, c'est la stupeur, la panique, l'effroi pour les habitant·es de la petite ville. D'étranges animaux sauvages ont fait leur apparition et apparemment, ils ne sont pas décidés à s'en aller... « La savane emménage » est un titre mignon tout plein, tant par son écriture que par ses illustrations ! L'histoire est pleine d'humour, mais construite autour d'un mystère dont le suspense va crescendo.
Sans trop, ni trop peu de texte, l'auteur trouve un équilibre parfait entre prose et illustration, permettant ainsi à ces deux types de narration d'être totalement complémentaires assurant une grande fluidité à l'histoire.
D'ailleurs, les illustrations sont merveilleuses. Elles revêtent à première vue un caractère simpliste, mais ne le sont absolument pas car pour arriver à un tel résultat, aussi expressif et dynamique, il faut une connaissance approfondie des arts graphiques et de la mise en scène. Bien au-delà, ce bel album traite d'un sujet important : la place de plus en plus étroite que notre société laisse au monde sauvage et animal et d'un équilibre, d'une cohabitation qu'il faudra bien arriver à trouver... - Michaël
Sam n’a pas de travail, c’est un artiste, un peu rêveur, un peu glandeur aussi... Pour l’aider à reprendre sa vie en main, sa mère lui trouve un poste de commercial auprès d’un cousin éloigné. Il fera désormais équipe avec cet étrange Keith Nutt, qui a placé le travail au cœur de sa vie. Une bien étrange relation va naître, pleine de partages et d’incompréhensions... Petit bijou de sensibilité, « Courtes distances » est une œuvre remarquable autant par son fond que par sa forme. Par sa forme car, l’objet livre est d’un format inhabituel, un grand carré jaune, avec de belles illustrations aux allures de crayonnés. Par son fond, par les propos qu’elle véhicule. Véritable satire sociale sur l’opposition transgénérationnelle, elle nous immerge dans le quotidien de personnalités que tout oppose, mais qui ont ce point commun d’être en marge de la société du fait d’un manque : celui d’un père, d’un fils, d’une cellule familiale structurante. L’opposition des protagonistes n’est pas manichéenne, chacun des deux hommes tentant d’intégrer l’autre à son univers, sans jamais vraiment y parvenir. Une œuvre fine et forte sur la différence, à lire et à faire lire à tous. - Michaël
A l’école, des andouilles ont décrété que Kate était la petite fille la plus moche de l’école. Ils la surnomment « Kate Moche ». Ils se moquent d’elle toute la journée, et disent qu’elle n’est pas très maligne. Alors, quand Kate rentre de l’école, elle se regarde dans le miroir et pense qu’il y a mille autres façons de la décrire !
Elle s’imagine être une scientifique expérimentée, une doctoresse dévouée, une astronaute adroite ou encore une ninja acrobate. Un jour, Kate aura des rues à son nom, comme Simone Veil, Simone Signoret ou Simone de Beauvoir. Car Kate peut tout faire, oui, vraiment tout !
Cet album véhicule un joli message sur l’acceptation de soi et le pouvoir de l’imagination. Malgré ce qu’elle subit dans la cour de l’école, Kate garde la tête haute et confiance en soi en se réfugiant dans ses rêves. Il aborde donc le difficile sujet du harcèlement scolaire, avec beaucoup de tact mais aussi beaucoup de franchise, sans édulcorer la méchanceté que peuvent parfois avoir les enfants les uns envers les autres.
Les illustrations de Magali le Huche sont remplies d’humour, notamment celles qui mettent en scène Kate dans sa salle de bain, à fond dans son univers. Les couleurs vives donnent du tonus au récit et appuient le caractère ferme et bien trempé de la petite héroïne.
Ce livre est un rappel utile à transmettre à toutes les petites filles (et les petits garçons aussi !) : peu importe ce que les autres en disent, vous pouvez devenir qui vous voulez !
« Simple » est le surnom de Barnabé, un garçon de 22 ans d’âge civil mais de 3 ans d’âge mental. Il joue aux Playmobil, converse avec Monsieur Pinpin, son lapin en peluche qu’il croit vivant, et ne pense qu’à tuer Malicroix, l’institution spécialisée où son père l’a enfermé à la mort de sa mère. Kléber a 17 ans, c’est le frère de Simple : il va rentrer en terminale et décide, contre l’avis de tous, de s’occuper de son aîné déficient mental. Ils vont finir par emménager dans une collocation avec quatre autres étudiant·es qui découvriront que vivre avec Simple n’est pas si facile.
Marie-Aude Murail, bien connue de la littérature jeunesse, nous offre un roman poignant et drôle à la fois. La relation forte et émouvante entre les deux frères est parfaitement décrite. On ressent les émotions de chacun. Simple qui avec ses réactions sans filtres et son langage particulier provoque parfois malgré lui des quiproquos, mais qui est également bien conscient de sa situation lorsqu’il se confie à Monsieur Pinpin. Kléber qui fait de son mieux pour que Barnabé se sente bien, alors qu’il aimerait comme ses ami.es, profiter de sa jeunesse, des sorties, des premiers amours…
Les autres personnages ne sont pas en reste, iels ont tous et toutetes une personnalité bien affirmée. Les colocataires qui doivent apprendre à vivre avec ce garçon différent et vont voir leur propre vie chamboulée. Même le voisin bougon, le père et l’assistante sociale, rôles plus secondaires, ont leur importance et leur place dans l’histoire.
Ce roman est magnifique, il apporte un regard neuf sur le thème du handicap mental. C’est une ode à la tolérance, à l’entraide, la fraternité, à l’amitié qui touche au cœur, tout en étant écrit avec humour et espoir.
Shimura, est un quinquagénaire célibataire. Sa vie est trop bien ordonnée, réglée comme du papier à musique, entre travail et repos. Chez lui rien ne traîne, tout est bien rangé, classé et trié. Il y a une place pour chaque chose et chaque chose a sa place. Si bien que lorsqu’il s’aperçoit qu’il manque un yaourt dans le frigo, son quotidien en est bouleversé ! S’est-il trompé en achetant ses yaourts ? En a-t-il déjà mangé un ? Ou bien alors, quelqu’un.e se servirait dans son frigo durant son absence ?... Un brin mélancolique, mais passionnant de bout en bout, le récit Agnes Hostache est d’une rare sensibilité. Adaptation en bande dessinée du roman éponyme d’Éric Faye, lui même tiré d’un fait divers authentique, « Nagasaki » est bien plus qu’un récit. Il est notre société, prônant l’individualisme et l’individualité. Il est représentatif de nos craintes, de nos doutes, d’un système qui isole tout un chacun, plutôt que d’ouvrir au monde. Il questionne, interroge nos modes de vie : métro, boulot, dodo... Il pose également la question du savoir qui l’on est vraiment. Est-ce le travail qui fait qui l’on est ? Sans emploi ne sommes-nous plus ? Des problématiques qui ne trouveront pas les réponses dans l’ouvrage, ce n’est pas son ambition, juste et c’est déjà beaucoup, d’éveiller. La mise en scène de l’autrice est remarquable : nous suivons les deux protagonistes dans des récits séparés, mais qui se croisent timidement. Nous apprenons à les connaître, à les respecter, chacun avec leurs défauts et leurs faiblesses. Ils nous deviennent familiers et on se prend à imaginer une fin. Agnès Hostache n’est pas que remarquable dans sa mise en scène, c’est aussi une formidable illustratrice. Elles nous gratifie de peintures efficaces, aux tons doux et pastel. Elle varie les cadrages, les angles de vue, tout en diversifiant ses gaufriers. Cela permet de donner du rythme au récit, écrit à la première personne. Tout est parfait dans cette bande dessinée si ce n’est, que c’est la réalité... - Michaël
Habitué à donner vie à des musiciens dans ses bandes dessinées noir et blanc, Frantz Duchazeau change de style et s’attaque à un monument : Mozart. Loin du cliché facile du génie à qui tout réussit, l’auteur a choisi de s’attarder sur un épisode assez piteux de la carrière du plus célèbre des musiciens : son installation fugace à Paris en 1778. Wolgang Amadeus Mozart, 22 ans, quitte Salzbourg afin de prendre son envol loin de son père, Léopold. Il découvre Paris, y étincelle et tente de se faire une place parmi les musiciens à la mode. Mais son caractère orgueilleux et son manque d’entregent le cantonnent à donner des leçons de piano. Il s’impatiente et ne rêve que de deux choses : composer un opéra et retrouver sa dulcinée, la cantatrice Aloysia Weber. Frantz Duchazeau nous offre une bande dessinée subtile et poétique sur la difficulté pour les artistes d’éclore et vivre librement de leur art. Cette biographie montre Mozart terriblement moderne, libre, faillible et touchant, soumis comme tout un chacun à des échecs. Un être attachant, et qui, chemin faisant, rencontres aidant, sublimera peines et malheurs grâce à son art, génial et enchanteur. - Michaël
Il est des livres rares qu’il nous semble toujours avoir connus parce qu’on s’y sent bien et parce qu’ils ont quelque chose d’universel en eux. Le roman que je vous propose de découvrir aujourd’hui fait partie de ces livres.
Il est comme les premiers jours de printemps, la douceur et la liberté retrouvée. Une petite brise qui délicatement vous soulève et vous fait vous sentir léger, un élan du cœur qui vous donne des envies de voyages et d’évasion. Le doux sentiment de pouvoir faire ce que l’on veut sans avoir de compte à rendre. Un parfum d’école buissonnière.
« Fup, l’oiseaux canadèche » c’est l’histoire de trois personnages atypiques, un vieillard « Jake », son petit-fils « Titou » et un canard apprivoisé (ou presque) « Canadèche ». Des êtres hors norme qui justement n’en ont que faire de la norme, ce qui les rend particulièrement attachants.
Le grand-père fait du whisky de contrebande et va jouer au poker quand il a besoin d’argent. Le jeune garçon passe son temps à planter des piquets et à faire des clôtures pour son propre plaisir et sans but aucun. Quant au canard il ne vole pas, mange énormément et se prend pour un chien de chasse.
Trois héros, marginaux qui évoluent dans un cadre champêtre au gré de leurs envies, on est pas loin du jardin d’Eden et d’ailleurs si je devais adopter une religion, je pense que ce livre serait ma bible et les vitraux des églises, les magnifiques illustrations de Tom Haugomat qui mettent en couleurs cette belle histoire. Cerise sur le gâteau ou orange sur le canard ce livre est illustré de 100 magnifiques planches épurées et lumineuses (au sens propres comme au sens figuré).
Ce roman est une merveilleuse fable « sans la morale chiante et bien-pensante à la fin » ajouterait le vieux pépé Jake.
Pour poursuivre l’expérience je vous propose de regarder cette captation de la lecture à deux voix du livre par Jim Caroll et Nicolas Richard, illustrée en direct par Tom Haugomat et mise en musique par Rubin Steiner (un maître de la musique électronique française, durée 44 minutes).
L'araignée est l'insecte… mais non, ce n’est pas un insecte ! C’est un arthropode, donc déjà tout faux…
Je recommence donc : l’araignée est l’arthropode qui est certainement le moins aimé de la Terre, celui que l’on aime détester, écraser, noyer, aspirer… Pourquoi donc tout cet acharnement, si ce n’est la résultante d’une peur irrationnelle véhiculée de génération en génération par manque de connaissances ?
Arachnophobes, il vous faudra alors ouvrir ce livre, riche d’informations et de magnifiques photos, afin de comprendre cet animal hors du commun et ainsi, sans pour autant l’aimer, commencer à l’accepter et à le laisser vivre.
Conseils lecture
Toni n’a pas de supers pouvoirs, n’est pas plus intelligent que la moyenne et n’a pas non plus de terrible secret. C’est un jeune garçon normal qui va à l’école, a des ami·es et aime beaucoup jouer au football. Il a pourtant un petit quelque chose, trois fois rien, vraiment rien, juste une obsession... posséder les « Renato Flash », une toute nouvelle chaussure de foot avec fonction clignotant, sensée permettre de marquer plus de buts. Hélas pour lui, ce modèle est cher, très cher... « Toni » est un album jeunesse, complet en un volume, plein d’humour et de fraîcheur. Il se démarque de la production actuelle, sagas fantastiques à rallonges, et cela fait vraiment du bien. Pas de « mystérieux mystères mystérieux », non, juste la vraie vie et beaucoup de débrouillardise de la part de notre héros. Les personnages, qu’ils soient de premier plan ou simples seconds couteaux, résonnent avec justesse. Découpé en différents chapitres, le récit, un brin enjolivé, sent le vécu. Il nous rappelle forcément nos enfants ou à défaut notre jeunesse. Nous suivons Toni dans sa quête de godasses et prenons plaisir à découvrir les différents stratagèmes qu’il met en place pour gagner de l’argent, encore plus lorsqu’il le perd trop facilement. Les illustrations sont minimalistes, mais étonnamment vivantes et font penser aux illustrations de Sempé sur le « Petit Nicolas », dont « Toni » est un digne descendant. Cette bande dessinée est bon enfant, un « feel good » pour la jeunesse. - Michaël
L’histoire se situe à Toulouse, la ville rose, paraît-il. On y suit : Lucie, 18 ans, timide et introvertie, tout juste débarquée d’Arras pour ses études. Son seul signe de rébellion est une mèche rose dans sa frange blonde ; Colette, 75 ans, vivant désormais seule avec sa chienne Bernadette, passionnée de lecture et à la pointe des nouvelles technologies ; Sacha, trentenaire optimiste, commercial en produits pharmaceutiques, en couple avec Romuald ; Mme Germaine, vieille dame narcoleptique ; Pétronille et Caroline, deux collègues que tout semble opposer, mais inséparables.
Tout ce petit monde éclectique va se retrouver, plus ou moins volontairement, réuni dans un club de lecture hebdomadaire animé par Pauline, la bibliothécaire. Au fil des séances, les affinités se créent et les secrets se dévoilent…
Julien Rampin raconte, à travers un trio attachant, une histoire d’amitié intergénérationnelle où les liens se tissent au gré des rencontres. Avec justesse et sensibilité, il mêle humour et émotions pour évoquer ces instants qui marquent une vie. Par ses petits clins d’oeil littéraires, ce récit est également un hommage à la littérature, aux mots qui rapprochent et aux livres qui rassemblent.
Une lecture douce et empreinte de délicatesse.
Sandy est une jeune écolière un peu rêveuse. Sa passion, c’est le dessin et elle est plutôt très douée. Elle dessine tellement bien que l’on dirait que ses personnages sont vivants. Seule, elle arrive à créer tout un univers enchanteur. Hélas, ce monde aux merveilles va basculer dans l’horreur avec l’arrivée d’une nouvelle élève quelque peu étrange. Ce don pour le dessin ne sera plus une bénédiction, mais un fardeau, une malédiction... Petite pépite colombienne, Des lumières dans la nuit est destiné à la jeunesse, mais loin d’être simpliste ou édulcoré, le récit est dense et inquiétant comme il se doit. L’histoire nous plonge dans un univers onirique original. Il nous tient en haleine sans dévoiler, à aucun moment, une piste ou quelques indices sur la conclusion de l’œuvre. Alors impuissant, nous ne pouvons que ressentir cette crainte qui grandit et habite notre héroïne. Sans projection, nous ne pouvons plus que nous délecter des magnifiques illustrations de Lorena Alvarez qui manie avec brio les arts subtils que sont la mise en scène, le cadrage, le découpage et la colorisation. Sombre et efficace, ce récit s’adresse aux enfants en recherche de frissons, mais pas trop quand même... Michaël
Samantha Strong vit dans la charmante petite ville de Woodbrook. Là-bas, les habitant·es se connaissent bien et prennent soin les un·es des autres. Il y fait vraiment bon vivre… Alors pourquoi tout gâcher ? Samantha a des pulsions meurtrières, et pour ne pas détruire le paradis dans lequel elle vit, tous les mois, elle quitte Woodbrook afin d’assouvir ses bas instincts. Loin de la ville, de ses proches et des gens qu’elle aime. Elle est une « tueuse en série ».
Cependant, un jour, un horrible meurtre est commis à Woodbrook, puis un deuxième. Plus aucun doute n’est permis : Samantha a de la concurrence… qui risque bien de mettre en péril son noir secret…
Récit complet en un volume, "Beneath the trees" est un récit captivant à destination d’un public adulte. On y retrouve une atmosphère étrange, dont la personnage principale est une tueuse en série, mais dont on s’affectionne tout au long du récit. Cette anti-héroïne nous surprend par ses facettes diamétralement opposées, tantôt compatissante, tantôt sans scrupules. Par son enquête, elle nous entraîne dans son quotidien, son monde réglé comme du papier à musique, qui la rassure et la maintient en équilibre. Cet équilibre qui tend à vaciller et qui va nous tenir en haleine jusqu’à la dernière page.
Les illustrations sont magnifiques. Les personnages, des animaux anthropomorphiques, sont d’un réalisme bluffant. Le trait est fin et précis. Les couleurs, appliquées à la manière de l’aquarelle, proposent des pages rayonnantes de beauté.
On dirait du Disney… mais attention, à la sauce Adult Swim.
"Beneath the trees" est une totale réussite, qui parvient à mêler tension, poésie et noirceur dans un écrin visuel somptueux. Un bijou graphique et narratif à ne pas manquer.
Monsieur Toutenordre est un passionné de ménage. Tous les jours, il range, nettoie et dépoussière sa maison de fond en comble. Après vient le tour de son jardin : il taille, ratisse, passe la piscine au chinois. Mais quelque chose le chiffonne : au fond de son jardin se trouve une forêt ou règne un bazar indescriptible ! M.Toutenordre s’attèle alors à la tâche…
Christopher Ellengard nous livre un conte écologique drôle et original. L’être humain veut parfois arranger la nature à son goût, pour son confort, mais toujours au détriment de l’équilibre fragile qui y règne et impacte tout l’écosystème !
Les illustrations au feutre sont colorées. Les formes géométriques de la maison attestent de la maniaquerie de M.Toutenordre : rien ne dépasse ! Dans la forêt, c’est une autre ambiance : des couleurs, des arbres touffus, Christopher Ellengard nous montre le cocon confortable de cette belle nature.
Avec humour, le message écologique est passé : laissons la nature comme elle est !
Nolwenn
Tout droit venue des Etats-Unis, "Beverly" est une oeuvre atypique. On y découvre le quotidien des habitants d'une banlieue aisée américaine. Les personnages défilent, se croisent, se connaissent ou pas et nous faisons preuve de voyeurisme en nous insinuant dans leur vie de tous les jours. De là réside la force de l'album : nous faire devenir le témoin de différentes existences qui en forme une seule et même entité, la banlieue, cette banlieue.
Les histoires se succèdent, rebondissent, de personnage en personnage et deviennent comme dans la vraie vie, des racontars. Nick Drnaso livre donc un récit cru sur les relations humaines, qui nous unissent et parfois nous séparent. Il utilise un dessin épuré tout en rondeur, comme du Botero. Les couleurs, utilisées en aplat, sont froides, comme pour rappeler notre rôle et nous exhorter à laisser de côté nos émotions, ne pas juger, être de simples témoins. - Michaël
La perle de John Steinbeck , écrit en 1947, fait partie des romans qui me restent en mémoire. Dans un village mexicain, de pêcheurs pauvres, vit Kino et sa femme. Un jour, leur fils est piqué par un scorpion mais la famille est trop pauvre pour le faire soigner. C'est alors que Kino trouve une perle magnifique grâce à laquelle il espère une vie meilleure. La rumeur de cette trouvaille se répand et Kino est persécuté de toutes parts, tant cette merveille suscite la convoitise. De cette histoire (inspirée d'un conte mexicain), on pourrait tirer une morale : « l'argent ne fait pas le bonheur ».
J'ai lu ce roman, il y a quelques années, et il m'en reste toujours le souvenir d'une très belle histoire, fluide, au rythme soutenu jusqu'à sa fin inattendue. Un vrai coup de cœur, que vous prendrez plaisir à lire ou relire, comme beaucoup de romans de Steinbeck où l'on retrouve le thème de la corruption, et de la pauvreté, malheureusement toujours d'actualité ! La perle dans votre médiathèque en poche ou en gros caractères. - Catherine
En ces temps anciens, la paix est très fragile. Toutes les races - Hommes, Trolls, Dieux etc. - vivent loin les uns des autres, ce qui évite de nombreux conflits. Malheureusement, des signes de mauvaise augure sont annonciateurs de malheurs. Une nouvelle guerre semble sur le point de faire basculer le monde dans les ténèbres. A moins que le courage d’une bande de joyeux lemmings ne chamboule les plans d’un destin qui s’annonce bien sombre. Voici une nouvelle fois un titre jeunesse de grande qualité : de l’action, de l’humour, du suspense et du courage... Bref, de quoi ravir un large public. Crisse, auteur prolifique de sagas fantastiques pour ado/adultes, nous conte, sans raccourci ni facilité, un récit de haute tenue. Les éléments s’enchaînent parfaitement et nous tiennent en haleine jusqu’à la fin de l’album. L’illustration de Fred Besson plaira à n’en pas douter, avec des dessins soignés et classiques, facilement lisibles pour les plus jeunes. Seul petit bémol, devoir attendre la suite ! - Michaël
Le rêve d’Hino est d’être admis dans l’un des nombreux clubs de sport de son lycée. N’importe lequel, du moment qu’il est considéré par les autres et surtout les filles, comme un sportif. Car oui, c’est bien connu, les filles aiment et sortent avec les sportifs (!). C’est bien ce qu’Hino désire le plus au monde : avoir une petite amie. Le seul problème, c’est que notre énergumène n’est pas très sportif, un peu maladroit et quelque peu glandeur : il est très rapidement viré de toutes les activités auquel il participe. Sa rencontre accidentelle avec la belle Ayako va le contraindre à s’essayer à une discipline encore inconnue pour lui : le rugby... "Full Drum" est un manga de type shônen, plus particulièrement destiné aux jeunes garçons, selon la nomenclature japonaise, mais n’ayez crainte il peut être lu par tous les publics ! De construction plutôt classique, le récit est dynamique et humoristique. Nous suivons Hino dans sa quête d’amour maladroite, mais ô combien jouissive. Notre personnage est animé d’un bel idéal, car ici rien de graveleux, simplement de nobles sentiments. Véritable comédie sentimentale, le récit laisse tout de même une place importante à l’action et au sport, en particulier au rugby qui devient le sujet principal de l’œuvre. Petit à petit, nous découvrons ce sport et nous familiarisons, sans que cela soit trop technique, au vocabulaire de la discipline. "Full Drum" est sans prétention, il parvient à nous faire passer un agréable moment de lecture grâce à son personnage attachant. On y y trouve un peu de tous les ingrédients pour séduire un large public et cerise sur le gâteau, ce manga sur le sport est, faut-il le signaler, complet en 5 volumes et traite d’un sport peu exploité en bande dessinée. Pour les amoureux de l’ovalie et bien plus encore. - Michaël
Xabi, comme 25 autres adolescents, ne connaît du monde que le domaine du Danube. Vivant sous terre, à l'abri de tout, ils partagent leur vie parfaitement organisée avec leurs tuteurs et parents. Bientôt, iels devront quitter ce coin de paradis pour entrer dans le monde. Mais qu'y a-t-il vraiment, au-delà des frontières de leur domaine ? Dans quel état se trouve la terre ?
Petit à petit, Claire Duvivier nous plonge dans un univers bien particulier, quelques décennies après les épidémies et l'effondrement climatique qui ont décimé la Terre.
Un récit sur l'avenir de l'humanité où, entre action et révélations, on n'a pas le temps de s'ennuyer ! Mais la grande force de ce livre, c'est aussi l'amitié qui lie les personnages entre eux, et la relation tissée avec leurs animaux de compagnie, qui en font un roman touchant et plein d'espoir.
Une excellente porte d'entrée dans l'univers de la science-fiction et des dystopies !
Quelque part en Afrique, dans un petit village, un enfant est enlevé par un démon : un Yéban. L’enfant doit l’aider à retrouver son chemin jusqu’à son chez lui : les enfers. Cependant ce voyage ne se fera pas sans difficultés ni sacrifices… Le pauvre Kana l’apprendra à ses dépens…
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Aurélien Ducoudray nous propose un récit inspiré de différentes légendes et traditions africaines. Ce subtil mélange est aussi surprenant que captivant. Nous suivons ce voyage, cette quête initiatique, sans ennui, tout en développant une certaine affection pour ce duo improbable. Nous effleurons certes la culture africaine, mais c’est déjà un premier pas vers des recherches plus approfondies sur les mythes racontés. Au-delà de cet aspect mystique, « Le repas des hyènes » est également un récit de type « quête initiatique » et chacun·e en tirera - ou pas - sa propre relecture.
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Les illustrations de Mélanie Allag portent parfaitement ce conte. Par ses planches, tantôt sombres, tantôt colorées, elle nous invite dans ce mystérieux continent à la richesse culturelle encore bien méconnue.
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« Le repas des hyènes » est une plongée en terre inconnue, un voyage vers des contrées lointaines ouvrant sur des univers insoupçonnés, à découvrir !
A Attrape-Flèche petite ville du Mississippi, tout le monde est au mieux un peu original, au pire bien cintré. Hydro, jeune homme simplet, tient son surnom de la taille démesurée de sa tête, orphelin de mère, il a pour meilleur ami Louis, enfant au physique porcin délaissé par ses parents.
Sa mère alcoolique invétérée, trompe son mari avec le Kid petit homme à la beauté ravageuse, roi de la gâchette et lui-même abandonné à la naissance. Quant à Léonard, un autre personnage, il soigne sa solitude dans les bras des routiers de passage à la station service du village. Rien de bien reluisant dans le Bayou, on se croirait à Roubaix, jusqu’au jour où deux tueurs décident de braquer la supérette du coin. Cet élément déclencheur, va comme un jeu de domino, révéler en chacun une dose d’amour et de bienveillance à laquelle jamais on ne se serait attendu. Ceux que l’on prenait pour des fous, s’avèrent être des personnes capables d’une grande tolérance et l’on se prête à rêver d’un monde sans jugement où les différences de chacun·e cohabitent en bonne intelligence.
Ce très bel ouvrage, drôle et tendre, barré et original à souhait, nous aide merveilleusement à faire le deuil de nos préjugés. Une occasion de souligner le magnifique travail de la maison d’édition Monsieur Toussaint Louverture qui redonne vie en langue française à des romans américains inédits.
Un lundi, un petit garçon trouve un tout petit ours polaire dans son jardin. Si petit qu’il tient dans sa main. Le mardi, le tout petit ours a un peu grandi : alors le petit garçon le dépose dans sa poche. Arrivé au mercredi, ne tient plus dans la poche : il est temps de ramener petit ours chez lui. Alors nos deux amis s’en vont faire un long voyage…
Tout petit ours est un album d’une très grande tendresse. Richard Jones signe une très jolie histoire d’amitié entre ce petit garçon et ce petit ours. L’amour qu’ils se portent l’un à l’autre les fait grandir tous les deux : l’ours grandit physiquement, et le petit garçon s’émancipe également. Même quand notre ours polaire aura atteint sa taille adulte, dépassant depuis longtemps le petit garçon, il restera « Mon tout petit ours ».
Les illustrations à la gouache ainsi que le choix des couleurs pastel appuient le propos très doux du récit. A travers les expressions du garçon et de l’ours, le lecteur saisit toute la force de la relation indéfectible qui lie les deux personnages.
« Il était si petit qu’il tenait dans ma main. Je sentais son cœur battre sous sa fourrure de nuage blanc. »
FORTU nous a honoré de sa présence en mars 2016. Il nous a présenté Saudade en avant-première, lors d'une interview par Romain de La Mystérieuse Librairie Nantaise. Loin de son humour légendaire, il signe dans cet album des récits intimistes. Des tranches de vie qui nous plongent dans nos propres souvenirs. Et c'est bien cela, la force de cet album aux tonalités mélancoliques : nous faire revivre des moments de vie et faire resurgir des sentiments enfuis. Une oeuvre forte qui s'adresse à tous. - Michaël
Lucia, Hortense, Max, Arsène et Joséphine viennent de recevoir une mystérieuse lettre de l’office de tourisme de Californie, les invitant à participer à une chasse au trésor. Ces cinq inconnu·es, venant d’univers différents, semblent cependant avoir un point commun, être à un tournant de leur vie.
Jim, un comédien en difficulté, a été sélectionné pour jouer le rôle du meneur de jeu.
Au cours de ce road-trip haletant, Les participant·es vont relever tous les défis, afin de trouver les indices menant au "Graal".
Des affinités se créent dans le groupe, mais très vite l'ambiance va se troubler, laissant place aux doutes et suspicions. Les masques tombent, révélant au fil des pages les secrets et failles de chacun·e.
Julien Sandrel nous entraîne dans une histoire pleine de rebondissements, explorant les relations humaines avec intensité.
Un roman tendre et touchant.