Conseils lecture
Tradition ancestrale des Balkans :"les vierges jurées". Ces femmes qui faisaient voeu de chasteté - souvent pour échapper à un mariage forcé - renonçaient à leur vie de femme. Elles étaient acceptées en tant qu'hommes et participaient aux prises de décision du village.
Voilà le destin tout tracé de Manushe. Mais un jour, arrive un étranger et toute sa féminité refoulée va s'éveiller. S'ensuivent les troubles que l'on peut imaginer et bien plus...
C'est la première partie du livre. La suite va de rebondissement en rebondissement pour nous livrer un très beau premier roman.
L'ambiance de neige est si bien décrite qu'on ressent le froid et la rudesse du quotidien. Une découverte que le monde de ces femmes à qui il a fallu tant de courage pour traverser tellement d'épreuves !
Un réel coup de coeur C.
Dans un futur dévasté par les Super-vilains, Wolverine n'est plus que l'ombre de lui-même, fermier sans histoire courbant l'échine devant les tyrans locaux. Jusqu'au jour où un ami de longue date lui demande une faveur et l'entraîne dans une course effrénée contre la mort. Ce périple va faire ressurgir de douloureux souvenirs mais, plus dangereux encore, va réveiller en lui la bête si longtemps contenue... Wolverine, le X-man le plus connu au monde, nous entraîne ici dans un futur sans foi, ni loi, où les défenseurs de l'humanité ont disparu et où règne le mal absolu. Logan, transformé par ce qui est arrivé, n'est plus le guerrier d'antan. Miné par un lourd secret, il dénote complètement du personnage sauvage que l'on a connu dans de multiples aventures et dans des récits contant ses origines. Une fresque futuriste qui n'est pas sans rappeler le désespoir apocalyptique de La Route de Cormac McCarthy. - Michaël
Ernest, joli petit garçon de 10 ans d’une sagesse rare, traverse la vie au rythme régulier d’un métronome bien huilé. Il grandit sans bruit auprès de sa grand-mère, la bien-nommée Précieuse, et de Germaine, la gouvernante. Mais ça, c’était avant l’arrivée de Victoire, sa voisine de classe pétillante, qui bouscule son quotidien et l’amène à voir la vie autrement. Il en vient à se poser des questions nouvelles, sur le rythme si tranquille qui berce sa vie ou la permanence des silences entourant ses origines. La présence de son amoureuse lui donne des ailes et assez de courage pour prendre la plume et espérer changer ce qui lui pèse. « Lettres d’amour de 0 à 10 ans » est une (énième) pépite de madame Morgenstern. Un charme suranné et irrésistible se dégage de cette bande dessinée. Les aquarelles de Thomas Baas distillent une douce atmosphère au gré des pages que l’on tourne avec gourmandise. Les enfants tiennent le beau rôle dans cette histoire : ce sont eux les vrais héros qui, grâce à leur innocence et bienveillance naturelles, parviennent à retrouver la petite musique du bonheur là où elle était mise en sourdine. Une réflexion fine sur le rôle des parents (qui semblent absents de l’histoire mais y jouent un rôle central dans la transmission de valeurs aussi importantes que la générosité, l’attention à l’autre, la confiance) jouxte celle sur la présence et l’amour. Car il y a bien des façons d’être présent au monde, à soi et autres, et il arrive que l’absence ne soit pas synonyme de désamour, au contraire. Après tout, ne serait-ce pas la raison d’être des lettres d’amour ? Une lecture en forme de valse où trois temps amoureux s’enchaînent, à conseiller à tous dès huit ans. - Aurélie
Entrez dans le journal de Piranèse, qui vit dans une maison tellement immense qu’il n’a pas réussi à compter le nombre de pièces qu’elle contient. Cette maison, il l’explore. Il note, il analyse, il cherche à comprendre ; et, de temps en temps, il y croise l’Autre, scientifique à la recherche du « grand savoir ». Un jour, Piranèse découvre l’existence d’un troisième habitant dans ce palais labyrinthique. Sa réalité et ses certitudes en sont bouleversées… Et de plus grandes questions subsistent pour nous lecteurs : Où vivent-ils ? Ce monde est-il réel ? Comment expliquer l’inexplicable ?
Susanna Clarke y répondra avec brio dans un récit très bien ficelé qui prendra une toute nouvelle dimension, un récit qui étonne sans cesse, décontenance, et même manipule parfois. L’autrice pose au passage quelques questions philosophiques passionnantes sur la vérité et la réalité. Un roman troublant, original, unique.
Chloé Berthoul, est une femme de 38 ans qui vit dans la ville moyenne de Gabarny avec son compagnon Greg, sa belle-fille Colette et leur fils Raoul. Deux fois par semaine, elle fréquente les réunions du « Belles Mères Anonymes ».
Le quotidien tranquille de Chloé est bouleversé lorsque ses voisins apparemment sans histoires sont impliqués dans une affaire de braquage et lorsqu’un secret de famille éclate. Prenant conscience de la banalité de son quotidien, Chloé se lance dans une quête pour retrouver un trésor disparu avec l'aide de Lapouta, un enfant de son immeuble, qu’elle prend sous son aile.
« Une époque en or » aborde avec humour et une écriture percutante des thèmes sociaux actuels comme les familles recomposées, les violences conjugales, le machisme et le réchauffement climatique. Le ton reste léger et accessible malgré la gravité des sujets traités.
Ce sont des enfants, pour la plupart orphelins, mais tous sans le sou et dans la misère. Ils vont trouver en leur compagnon Colas, un espoir, un guide vers une vie meilleure. Ce nouvel horizon ne pourra cependant se faire sans sacrifices, car en l’année 1212, la foi est omniprésente et la seule « façon » d’atteindre le paradis est de partir en croisade défendre le tombeau du Christ. Ces enfants vont suivre un guide, mais peut-être pas celui qu’ils croyaient...
Inspiré de faits réels, ce fait divers dont très peu d’écrits subsistent, nous est conté par Chloé Cruchaudet et constitue un pan méconnu de l’histoire de France. Si la fin de cette croisade fait encore débat parmi les historiens, l’auteure s’en approprie une version et nous livre un récit épique à la dramaturgie parfaite. L’innocence et la naïveté des enfants sont un élément central de la trame et constituent le fil conducteur du récit. Un rejet du monde adulte, par qui tous les maux arrivent, est une des réflexions de l’œuvre. L’enfant serait-il supérieur à l’adulte du fait de son innocence ? Par delà cette question philosophique, la manipulation des masses du fait de l’ignorance et de l’inculture est également un sujet abordé qui fait écho encore aujourd’hui dans notre société. L’arc narratif est quant à lui savamment écrit, les personnages attachants nous font vivre différentes émotions : on s’attriste, on s’amuse et on s’inquiète. Le tout est parfaitement illustré par un trait fin et précis dont les volumes sont rehaussés d’une palette à l’ambiance « clair obscur » grâce à l’utilisation d’encres et de fusains. 172 magnifiques planches à découvrir dans un récit de haute tenue. - Michaël
A la fin du dix-neuvième siècle aux États-Unis, il ne fait pas bon être stérile pour les femmes. Ada, l’héroïne, l’apprend à ses dépens, elle est obligée de fuir son village pour préserver sa vie. Elle trouve refuge dans un couvent, un endroit clos où elle se sent rapidement à l’étroit, une opportunité s’offre alors à elle : rejoindre le gang du Kid et devenir Hors-la-loi.
Anna North, dans ce récit, dépoussière le genre du western et nous offre un nouvel éclairage sur le Far West : merveilleuse contrée où après avoir massacré les indien·nes on pend les femmes qui ne peuvent pas avoir d’enfants. Au-delà de magnifiques descriptions des grands espaces américains, elle livre une fine analyse de la société de l’époque et de ses mœurs. Elle nous décrit comment la religion, et l’ignorance font de celles qui ne peuvent pas donner naissance des boucs émissaires sur lesquels se soulage le reste de la population de la dureté de leurs existences. Elle pose en cela une question fondamentale : faut-il obéir aux lois quand elles sont injustes ? Ou ne vaut-il pas mieux être Hors-la-loi ?
Enfin, en plus de régler son compte au vieux cliché du cowboy, figure de proue de la masculinité au vingtième siècle (RIP John Wayne), cet ouvrage revisite avec brio le genre du roman d’aventure et cultive avec maîtrise l’art du rebondissement. Un des premiers westerns, mené au galop, avec en toile de fond les prairies du Colorado et l’émancipation des femmes.
Justin Warner, chef américain émérite, est depuis 2010 à la tête d’une émission culinaire moderne et déjantée dont le merveilleux concept est d’imaginer des recettes pour les super-héros. En s’inspirant de leurs univers, de leurs origines, de leurs histoires… il vous propose de mijoter des petits plats originaux qui vous donneront sûrement des pouvoirs extraordinaires. Pour ce faire, vous trouverez dans cet ouvrage une compilation des meilleures préparations réalisées lors de ses émissions (à visionner également sur le site internet « Marvel.com », in English of course).
Attention ici on ne fait pas dans le détail et la finesse et on est plus proche de la street food que des recettes d’un étoilé Michelin. Mais c’est ça qui est bon ! Le plaisir tellement régressif que vous éprouverez en mangeant avec les doigts le hot-dog hypercalorique de votre super-héros préféré, et qui vous donnera une patate d’enfer. Attention quand même à ne pas trop en abuser si vous voulez plus ressembler à Batman, qu’à Fatman.
Autre avantage de ce livre : il vous permettra de découvrir des plats aux origines diverses et variées : scandinave avec Thor, africaine avec Black Panther, mais aussi italienne et sud-américaine, puisque la cuisine états-unienne a digéré depuis longtemps les recettes de ses diasporas. Enfin contre toute attente, cet ouvrage propose aussi des plats végétariens.
Un excellent morceau de pop culture à déguster en famille sans modération !
Des camions et des caravanes arrivent dans un pré puis les forains installent leurs attractions à la lisière d’une forêt. Le jour, la fête foraine bat son plein ; puis la nuit tombe, le gardien fait une dernière ronde et le lieu se vide en attendant de recommencer le lendemain. Vraiment ? Non… car les animaux qui observent depuis leur forêt sont bien décidés à profiter eux aussi de ce lieu féérique, plein de sensations fortes et de sucreries à déguster ! "La nuit de la fête foraine" est un album qui donne à voir avec délice, un univers magique, une bulle ou le temps n’est dédié qu’à l’amusement. Sans texte, l’illustration de Mariachiara Di Giorgio réussit à parler à tous nos sens : on entend la musique des manèges se mélanger les unes aux autres, on sent le goût de la barbe à papa fondre dans la bouche. On se plonge sans retenue dans ce monde sucré et doux, aux lumières étincelantes et aux couleurs éclatantes. Les ours, sangliers, biches et autres loups sont représentés avec décalage et beaucoup d’humour dans des attractions peu adaptées à leurs morphologie, mais peu leur importe. Leurs regards sont si expressifs qu’on retrouve le plaisir d’être là et la joie dans leurs yeux. Un coup de nostalgie assuré pour les grands enfants que sont les adultes et d’émerveillement pour les plus jeunes qui assurément, auront hâte de retrouver leur fête foraine dès que celles-ci rouvriront leurs portes.
« La forêt » est un très beau titre, tant dans la forme que dans le fond. En seulement 25 illustrations, 1 par page, Thomas Ott réussit l’exploit de nous transporter dans son univers. Pas de texte, simplement des images riches et profondes qui nous guident le long d’un récit onirique sur l’acceptation du deuil. Ici un jeune garçon, triste pendant une veillée funèbre, s’évade pour rejoindre la forêt voisine. Durant sa promenade, d’étranges phénomènes font leur apparition jusqu’à une bien étrange rencontre…
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Ce récit intimiste, aux allants mélancoliques, porte un message de vie et d’espoir, semblant
peut-être facile, mais utile et nécéssaire à entendre : la vie continue…
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Si l’histoire est belle, les illustrations le sont tout autant. D’un magnifique noir et blanc, elles sont réalisées à la carte à gratter, technique ô combien difficile dont Thomas Ott est devenu un des maîtres. Avec un cutter japonais des lignes sont grattées dans la couche noire qui recouvre un carton blanc. Thomas Ott créé donc ses images en « dessinant » en blanc sur un fond noir, avec des petites touches de grattage successives. Un travail extrêmement minutieux lors duquel l’artiste n’a pratiquement pas droit à l’erreur.
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Cette oeuvre est remarquable et nous sommes heureux de vous la proposer.
Mémé avait prévu de lire tranquillement dans le jardin. Seulement voilà il y a beaucoup trop de bruit autour d’elle. La mère qui passe la tondeuse, la fille qui écoute la musique à fond, le chien qui aboie… « Y en a marre ! », mamie décide donc de partir à la plage. Hélas toute la tribu trouve que c’est une excellente idée et souhaite l’accompagner. Grand-mère réussira-t-elle enfin à trouver du calme ?
L’autrice dresse le portrait d’une mamie très ingénieuse. Le texte court et les dessins expressifs et pleins de détails donnent du rythme à l’histoire, et fait bien ressortir l’énervement de Mémé.
C’est un album très drôle et divertissant avec une chute inattendue bien trouvée.
Conseils lecture
C’est l’histoire d’un écureuil, il a un arbre, son arbre. Cet arbre donne des pommes de pin, ses pommes de pin. Tout cela est à lui et à personne d’autre, mais comment protéger ses propriétés face à un ennemi invisible qui menace ?... « C’est mon arbre » est un album jeunesse à double lecture. Une histoire délicieusement absurde pour commencer, mais que l’on comprend dans un second temps, bien plus profonde et philosophique qu’il n’y paraissait. Ici, subtilement, sont abordés les thèmes de la possession, de la propriété mis en opposition au partage et à la liberté. L’ignorance prend une place également importante, car elle est vecteur de peur et de paranoïa. Cette histoire dépeint de façon rare, mais intelligente, notre société et ses abus. Ce livre n’est pas triste pour autant, Olivier Tallec livre une composition astucieuse, emplie d’humour et qui fera rire les enfants comme les adultes. Ses illustrations sont une merveille, pas de grands et beaux décors, mais le strict minimum, juste ce qu’il faut pour offrir à notre écureuil un espace d’expressivité, à la one man show, totalement désopilant. - Michaël
Depuis la mort de son père, Pierre est le « Veilleur des brumes », le seul capable d’entretenir le barrage protégeant la ville d’un mortel brouillard. Sa responsabilité et son savoir pourraient en faire un citoyen respecté, mais il n’en est rien. Le temps a passé depuis la grande catastrophe et les mémoires se sont peu à peu effacées, aujourd’hui il n’est surtout considéré que comme un enfant timide, le fils d’un fou. Pourtant, la brume est bien réelle, toujours là et lorsqu’elle réussit une percée dans le barrage, Pierre est le seul préparé à la stopper... Adaptation d’un court métrage aux multiples récompenses « Le veilleur des brumes » est un récit fantastique échevelé aux nombreux rebondissements. Proposé comme un titre jeunesse, son intrigue et ses différents niveaux de lectures, en font en réalité un album tout public. Chacun·e trouvera en lui une résonance familière, propre à sa sensibilité. Famille, amitié, mais aussi courage et responsabilité sont quelques-uns des thèmes abordés au détour de cette palpitante aventure. Au fil de l’histoire, le mystère s’épaissit et l’intensité dramatique va crescendo. On vibre à chaque page, envahi d’émotions, tantôt gaies, tantôt tristes. Le repos émotionnel ne nous sera accordé qu’au clap de fin et encore puisque les effluves de ce moment passé resteront en vous quelques temps après. Les illustrations, peintures numériques, sont merveilleuses. Elles sont indissociables du texte et représentent un élément narratif d’une rare puissance combiné à une mise en scène cinématographique. Plongez sans hésiter dans cette saga étrange, unique, un classique en devenir. - Michaël
Dans un monde peuplé de créatures de toutes sortes, il existe un marteau magique qui apparaît de temps en temps et celui ou celle qui arrive à le brandir fera un voyage qui changera à jamais le cours de sa vie. Nombreu·ses sont celles et ceux qui s’y sont essayé·es, malheureusement il y a peu d’élu·es et pour la personne choisie, une quête mystérieuse à laquelle elle ne peut échapper commence dès lors. Melina, petite fille d’à peine une dizaine d’années, en est aujourd’hui la détentrice. Malgré son jeune âge, elle doit quitter sa famille pour vivre son aventure, il ne peut en être autrement… « Hammerdam » est un énième récit fantastique pour la jeunesse, mais avec un je ne sais quoi en plus, le petit truc qui le place au dessus de tous. Le récit principal est somme toute classique et c’est grâce à l’apport des histoires parallèles des seconds couteaux que ce titre prend tout son relief. Elles et ils sont d’une richesse et d’une originalité folle, aux caractéristiques étonnantes. Cet ensemble éclectique forme une bande détonnante qui fonctionne à merveille. Le personnage principal semble pour le moment bien calme, voir terne, mais on y décèle tout de même une force interne qui pourrait bien se faire jour dans le prochain tome. On ne sait rien du voyage à venir, mais ce n’est pas grave tant ce premier volume est complet, riche de trouvailles fort amusantes. Les illustrations d’Enrique Fernández sont également épatantes. Case après case, il crée un univers aux teintes feutrées, tantôt épuré, tantôt fourmillant de milles détails. Maintenant, hélas, il nous faut attendre le tome deux, mais rassurez-vous nous ne l’oublierons pas. - Michaël
Le monde tel que nous l’avons connu n’existe plus. La grande catastrophe a modifié à jamais l’avenir du genre humain. Victoria est l’une des rares survivantes. Elle erre dans cet univers dévasté à la recherche de ses parents qu’elle pense être la source d’une mystérieuse lumière apparaissant chaque nuit dans le ciel. Ce voyage, elle ne le fait pas seule : elle est accompagnée par Bajka, fidèle chienne dont la compagnie est source de réconfort. Un monde n’est plus, un nouveau est en place, mais les codes en sont bien différents... Bajka est une série jeunesse post-apocalyptique dont l’atout majeur est le mystère. Dans les deux premiers volumes de cette série, composée de 6 au total, nous faisons la connaissance de Victoria et Bajka, apprenons leur caractère et apprécions leur complicité. L’intrigue est posée, mais entourée d’un épais brouillard fait d’étrangeté et d’interrogations. Que s’est-il passé ? Qu’est devenu le genre humain, dont Victoria semble être la dernière représentante ? Et les animaux : sont-ils maintenant tous doués de parole ? Des questions, mais pas encore de réponses. Qu’importe puisque le récit est brillamment écrit. Le rythme est soutenu, la lecture rapide, ce qui nous frustre un peu car il faudra attendre encore pour en connaître la conclusion. Les illustrations de ce jeune artiste polonais sont fraîches et dynamiques. Il utilise un gaufrier avec peu de cases, au parfait mixage entre cultures états-unienne et européenne, d’où ce dynamisme qui nous entraîne. Ses planches, aux teintes orangées, rendent une ambiance particulière, pesante, et un jeu de couleurs permet aux jeunes lecteurs de pouvoir différencier l’avant et l’après apocalypse. Grâce à une atmosphère singulière et une mise en scène différente, ce titre se démarque de la production actuelle ; il mérite pour cela toute notre attention. - Michaël
Béatrice est une jeune femme bien seule dont l’existence est rythmée par des habitudes et un quotidien très banal. D’un naturel discret, elle rêve secrètement de passion, d’aventure et du grand amour. Malheureusement la vie n’est pas vraiment une comédie romantique, c’est pourquoi, pour pimenter ce morne quotidien, elle décide de chaparder discrètement un sac rouge délaissé, abandonné en plein milieu de la gare. Dans ce sac, elle va découvrir un album photo qui va la plonger dans une vie de rêve, mais à quel prix... « Béatrice » est un album étrange, aux frontières du réel et de l’imaginaire. L’histoire, a priori classique et sans surprise, se transforme vite en conte étrange et captivant. Joris Mertens nous balade (littéralement) dans un univers aux multiples facettes, à la fois romantique, poétique, énigmatique et surnaturel. Il distille les ingrédients au fur et à mesure, accentuant ainsi la tension et le mystère tout au long du récit. Il parvient à nous tenir en haleine et surtout, à conclure son histoire par une fin qui nous laisse sans voix, comme cet album dont une des particularité est de ne comporter ni texte ni didascalie. Les illustrations sont juste magnifiques. L’auteur crée ses planches au crayon de papier rehaussé de couleurs vives, qui se révèlent techniques et pleines de détails. Un travail minutieux à saluer comme il se doit. Lire « Béatrice », c’est comme regarder un épisode de « La quatrième dimension » : « Apprêtez-vous à entrer dans une nouvelle dimension, qui ne se conçoit pas seulement en terme d’espace, mais où les portes entrebâillées du temps peuvent se refermer sur vous à tout jamais… ». Bon voyage !
En ces temps de fête et de post-confinement, envie de se (re)faire une beauté ? Eh bien lisez cet album destiné aux plus petits et qui présente un ours polaire jardinier maniant la cisaille comme un pro. Sa tâche du jour le conduit dans sa belle auto orange jusqu'au parc municipal... Grâce à une intrigue narrative originale et à un humour décalé, les enfants comme les parents se reconnaîtront dans les personnages que croise notre ours bonhomme. Les illustrations sont expressives, colorées d'aplats de couleurs restreintes à quelques nuances.
« En beauté ! » est un bel album, tout en simplicité, mais au charme indéniable. Et en plus, c'est une création de l'un de vos bibliothécaires préférés...
L’histoire commence dans une bergerie, entre la plaine et les hauts sommets. Un homme, « Le berger », en soigne un autre, « L’assassin », blessé par balle à la cuisse. Des deux protagonistes, nous n’en saurons pas beaucoup plus, si ce n’est qu’ils vont devoir s’entraider pour survivre et traverser la montagne, sur fond de Seconde guerre mondiale.
Henri Meunier entraine les lecteur·rices dans un récit fort et poignant. Avec ses non-dits, il nous pousse aux questionnements sur la confiance en autrui, la notion de bien et de mal, et le fascisme. L’écriture et les dialogues sont empreints de poésie et d’une certaine philosophie.
Grâce à ses magnifiques illustrations pleine page, Régis Lejonc donne vie à un troisième personnage : « La montagne ». L’illustrateur la connait bien, puisqu’il y passé son enfance et son adolescence à la contempler au pied de La Tourette en Haute Savoie. Il la dessine ici sous tous ses différents aspects. Parfois verdoyante, rouge, enneigée, au clair de lune ou bien encore dans la pénombre menaçante.
L’atmosphère est particulière et pesante, on ressent la tension engendrée par la situation. La cordée formée par les deux héros symbolise l’équilibre qu’ils doivent maintenir entre eux. Si l’un fait un pas de travers, il entraine l’autre dans sa chute. Leurs destins sont liés.
« Le berger et l’assassin » est un très beau roman au format album A4, à couper le souffle. On y retrouve les thèmes de la confiance, du dépassement de soi et de l’instinct.
Je le conseillerai à partir de 10 ans pour des enfants déjà à l’aise avec la lecture, mais il plaira tout autant aux adultes, notamment aux amateur·rices de romans graphiques.
En ces temps moyenâgeux, « l’Âge d’Or » n’est devenu pour beaucoup qu’une légende. Ce mythe abolissait les classes et rendait tous les êtres libres et égaux, prônait le partage et l’entraide. Ce monde a peut-être existé ou pourrait exister, mais quelles en seraient les conséquences pour ceux qui détiennent le pouvoir et l’argent ? Aussi, lorsque certains se mettent en quête d’une preuve de son existence, la tyrannie s’organise. Pendant ce temps, Tilda, l’héritière légitime, a perdu son royaume et pour ne pas perdre également la vie, doit fuir accompagnée de ses fidèles en direction du pays d’Ohman. Selon feu son père, un fabuleux trésor d’une puissance redoutable l’y attend. Quête de liberté pour quelques-uns, quête de pouvoir pour d’autres, les discordances naîtront et engendreront fatalement l’ultime affrontement. Le premier volume de ce diptyque est un véritable pavé de 228 pages. Il en fallait bien autant pour nous narrer la formidable épopée écrite par Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil. Les deux artistes nous proposent un récit fictif moyenâgeux à forte densité émotionnelle. Nous suivons, page après page, de nombreux personnages, chacun charismatique à sa façon et appartenant à des classes sociales différentes. Tous ont un combat, des valeurs à défendre, d’égalité et/ou de privilèges. Récit fictif ? Peut-être pas complètement ! Cette œuvre est une parabole de notre société actuelle et aborde très intelligemment les maux de notre quotidien : l’égoïsme et la paranoïa. Elle traite de l’égalité femme/homme et de l’égalité en générale. Elle prône le partage et l’entraide dans un monde où le système imposé nous rend de plus en plus individualistes. Réflexion politique, le récit questionne sur la démocratie et la place du citoyen. Voilà ce qui fait la force de ce roman graphique, association savamment équilibrée de fiction et de thématiques actuelles. Cyril Pedrosa, co-scénariste, signe également les illustrations, réussite picturale à signaler tant les planches proposées sont d’une incroyable beauté. La mise en couleur est puissante et est à elle seule un personnage à part entière du récit. Des tons vifs, tantôt chauds, tantôt froids, parfois psychédéliques, rehaussent le trait fin et délicat de l’artiste. L’utilisation de planches muettes, ô combien expressives, permet de reposer le récit et laisse libre court à la réflexion personnelle. Tous ces éléments, mesurés, équilibrés, font de ce récit une réussite totale et lui prédisent le plus bel avenir. - Michaël
Souvent en écoutant avec délectation les chroniques de Clara Dupond-Monod sur France-Inter, je me disais qu’il faudrait que je lise un de ses livres mais j’hésitais toujours de peur d’être déçu par ses romans et que cela ne me gâche le plaisir de l’entendre. Comme son dernier ouvrage « S’adapter » avait eu le prix Femina, je me suis finalement lancé.
Au départ je dois dire que la perspective de passer 170 pages en compagnie d’un enfant souffrant d’un lourd handicap, lui interdisant de voir, de bouger et de parler, ne suscitait pas en moi un enthousiasme de dingue, mais que nenni ! c’était sans compter sur le talent de l’autrice qui vous accompagne avec délicatesse dans ce bouleversement familial.
Au rythme lent de la montagne cévenole de sa flore et de sa faune omniprésentes, Clara Dupont-Monod nous dépeint avec justesse et pudeur comment la naissance d’un enfant handicapé va déconstruire une cellule familiale et comment chacun de ses membres va être impacté par cette arrivée. Puis comment au fil du temps le puzzle de ces vies contrariées va doucement se réassembler pour que chacun trouve ou retrouve une place.
Un livre particulièrement bien construit, sensible et fragile qui vous emporte dans un tourbillon d’émotions.
« Le petit illustré de l’intimité » est une série de deux petits livres au contenu riche et instructif. Chaque volume présente un sexe : la vulve pour l’un, le pénis pour l’autre.
Ces titres permettent d’aborder librement et surtout sans tabous les questions de sexualité. Ils traitent aussi bien de l’organe en tant que tel, mais aussi du genre, du consentement et d’égalité.
Les illustrations, précises et détaillées permettent de connaitre son corps pour mieux le comprendre, mieux l’appréhender.
Deux titres importants, à lire, à faire lire, à discuter avec vos enfants pour certainement un meilleur épanouissement...
Bernard Lavilliers chantait à une époque « On the road again again... » et c’est littéralement le petit air qui nous trotte dans la tête juste après avoir lu ce reportage sur la France et ses habitants. Olivier Courtois, journaliste, a décidé un jour de tout plaquer et de partir pour l’inconnu en auto-stop sur les routes de France. Dans ce très bel album, riche de paysages et de rencontres aléatoires, il nous raconte son périple, nous parle de l’Homme et de cette formidable diversité qui fait la France. Triste, tendre, drôle et plein d’espoir, ce titre est un Road-movie documentaire qui saura parler à tous. - Michaël
Toni n’a pas de supers pouvoirs, n’est pas plus intelligent que la moyenne et n’a pas non plus de terrible secret. C’est un jeune garçon normal qui va à l’école, a des ami·es et aime beaucoup jouer au football. Il a pourtant un petit quelque chose, trois fois rien, vraiment rien, juste une obsession... posséder les « Renato Flash », une toute nouvelle chaussure de foot avec fonction clignotant, sensée permettre de marquer plus de buts. Hélas pour lui, ce modèle est cher, très cher... « Toni » est un album jeunesse, complet en un volume, plein d’humour et de fraîcheur. Il se démarque de la production actuelle, sagas fantastiques à rallonges, et cela fait vraiment du bien. Pas de « mystérieux mystères mystérieux », non, juste la vraie vie et beaucoup de débrouillardise de la part de notre héros. Les personnages, qu’ils soient de premier plan ou simples seconds couteaux, résonnent avec justesse. Découpé en différents chapitres, le récit, un brin enjolivé, sent le vécu. Il nous rappelle forcément nos enfants ou à défaut notre jeunesse. Nous suivons Toni dans sa quête de godasses et prenons plaisir à découvrir les différents stratagèmes qu’il met en place pour gagner de l’argent, encore plus lorsqu’il le perd trop facilement. Les illustrations sont minimalistes, mais étonnamment vivantes et font penser aux illustrations de Sempé sur le « Petit Nicolas », dont « Toni » est un digne descendant. Cette bande dessinée est bon enfant, un « feel good » pour la jeunesse. - Michaël
La lutte contre la maltraitance animale est un sujet qui alimente les débats dans notre société. Aussi juste soit-elle, elle remet en cause bons nombres de croyances et/ou de pratiques plus ou moins barbares.
Alors, à raison, if faut se demander ce qu’est la maltraitance animale et où commence-t-elle ? Le débat est ouvert…
« Sandrine et Flibuste » et « Les droits des animaux en questions » sont deux titres qui abordent le sujet. L’un par des minis récits en bande dessinée où avec humour et cynisme, l’autrice aborde des thèmes explosifs comme l’élevage intensif, le broyage à vif ou encore la chasse à courre. Elle interroge en cela le rapport de domination de l'humain sur l'animal.
L’autre titre a une approche plus scientifique et juridique. Il va nous conter l’histoire de l’humanité et son rapport avec ce monde animal dont elle oublie souvent qu'elle en est. Il va s’attarder également sur le cadre juridique, l’animal est-il une chose, un meuble ? Les avancées de ces dernières années en matière de droit et le chemin qu’il reste encore à parcourir pour offrir à l’ensemble du vivant la vie qu’il mérite.
Gandhi a dit : « On peut juger de la grandeur d'une nation et ses progrès moraux par la façon dont elle traite les animaux. »… Alors où en est-on ?