Mort
Une procession s’engage dans la sombre forêt : rhinocéros, lièvre, lion ou ours. Ils sont tous différents et se dirigent vers cet ailleurs meilleur, ils ont un bagage dans la main, sur le dos. Ces animaux anthropomorphes, déracinés, accablés par la fatigue, fuyant leur pays, symbolisent les migrants : un mot bien vaste – et vague – pour parler de ces individus aux multiples trajectoires de vies qui en font partie. Un squelette, montant un ibis bleu, les talonne, les accompagne : il s’agit de la mort, omniprésente à chaque pas de ces si dangereux voyages. Le sujet n’est pas bien gai mais cet album arrive avec une force percutante à nous parler d’un sujet essentiel, et bien souvent oublié, relégué au second plan de cette actualité changeante. A travers son album sans texte, Issa Watanabe nous livre un discours métaphorique aux multiples niveaux de lecture, et c’est là, toute la force de son récit : il s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes, à travers des images qui parlent d’elles-mêmes. Une lecture accompagnée par un adulte permettra de répondre aux questions des enfants et d’engager un dialogue avec eux. Le fonds de ce décor est noir comme le désarroi et la douleur de chacun mais chaque personnage porte sur son dos un tissu coloré, comme s’il avait apporté avec lui un peu de ces racines, de son pays, qui donne un peu de baume au cœur. Les illustrations sont si riches de détails et de métaphores qu’il faut plusieurs lectures pour réussir à en capter tout le sens ; mais n’est-ce pas là, aussi, le sens de la littérature : donner à réfléchir pour mettre en évidence cette misère ce que l’on a sous les yeux depuis tant de temps ? Cet album fait partie, selon moi, des incontournables en littérature jeunesse. « Migrants, réfugiés, déplacés, bombardés, apeurés, violentés, affamés, exilés, rescapés, noyés, sans-papiers, apatrides, disparus… Silence. » - Nolwenn
Selon la légende, le dernier souffle de vie d’un géant a le pouvoir de ressusciter un défunt. Sophia et Iris, inconsolables depuis la mort de leur mère, décident de partir vers le nord ou résident ces créatures à la férocité sans égale. Cette quête va les mener à l’autre bout du monde, vers d’innombrables dangers et bien plus près de la mort que de la vie…
⠀
« Le souffle du géant » est une bande dessinée d’aventures dont l’action est menée tambour battant, de la première à la dernière page. Si le récit ne nous laisse guère de répit, il n’en demeure pas dénué d’émotions. Au contraire même, il en génère beaucoup par sa thématique, mais aussi principalement par sa mise en scène irréprochable générant un vrai suspense hollywoodien. Ce titre aborde avec justesse les sujets tabous de la mort, du deuil et de l’acceptation. En cela, il diffère des autres titres et son message positif ne peut être que bienfaiteur. Simplement touchant ! - Michaël
Lapin et chien sont amis. Lapin vit dans un champ de blé bordé par une route qu’il n’a jamais empruntée, même si chaque nuit il en rêve. Chien était un aventurier, avec sa moto il avait passé l’essentiel de sa vie à parcourir les routes du pays. Maintenant il est trop vieux et trop malade pour partir. Alors il rend visite à Lapin et lui raconte ses voyages chaque jour.
Puis un jour Chien n’est plus là. Lapin reste seul avec la moto…
Kate Hoefler écrit une tendre histoire sur l’amitié, le temps qui passe, l’absence, la mort sans que jamais le mot ne soit nommé. C’est aussi une réflexion sur le désir de tenter l’inconnu et la peur qui nous en empêche. Sarah Jacoby propose de belles illustrations aux teintes pastel qui traduisent bien les émotions de Lapin. Les doubles pages en aquarelles format panoramique évoquent parfaitement le voyage et le sentiment de liberté. Chien disait : « le monde est beau si tu as le courage d’aller voir. Parfois tu peux te sentir dans de nouveaux endroits comme avec de vieux amis ».
Un album touchant et émouvant