Estime de soi
Guylaine passe une enfance heureuse auprès de ses parents, qui l’aiment, et de son meilleur ami Gilles. Et puis c’est la chute : la méchanceté de garçons, la maladresse des parents répandent des pensées néfastes dans son esprit : elle crée la catégorie des moches, s’y inclut et devient invisible, se rend indésirable. Elle essaie parfois de s’en extirper par divers stratagèmes : l’humour, l’amitié, l’amour, le travestissement. Devenue adulte, le statut de célibataire n’est pas simple à assumer ; Guylaine trouve des parades pour échapper aux jugements et se réfugie au théâtre. Plongée dans le noir de la salle, à l’abri des regards, elle écoute des textes libérateurs. Lentement, ces mots nouveaux, positifs, infusent jusque dans son esprit ; elle tisse de nouveaux liens, se crée de nouveaux espaces réflexifs qui l’aident à se libérer enfin du regard et des attentes des autres. A travers l’histoire de Guylaine, on touche d’abord à la problématique injonction faite aux femmes d’être belle, ce dès leur plus jeune âge et tout au long de leur vie. Vous pourrez objecter que, sous l’excellent coup de pinceau de Cécile Guillard et la fine plume de François Bégaudeau, Guylaine n’est pas moche, comme l’atteste la couverture de cette BD. Il s’agit moins d’une vérité que de son sentiment et d’un jugement, celui de certain(e)s porté à la va-vite et surtout celui que Guylaine porte sur elle-même : elle souffre du poids de mots malheureux. Ceux qui s’insinuent dans l’esprit, font courber l’échine, invisibilisent et crée des maux durables. Des mots, des textes, qui à l’inverse peuvent aider à révéler, à se révéler, hors du regard des autres, quitte à sortir de la norme parfois. S’accepter : le travail de toute une vie, en l’occurrence celle de Guylaine. - Aurélie
Michel est un riche dirigeant d’entreprise qui a taylorisé le bien-être pour se faire des parties génitales en or. Tout a l’air de lui réussir et il se surkiffe, pourtant en grattant bien, il semble quand même y avoir quelques ombres au tableau. Tout d’abord son entreprise est la propriété d’un groupe international qui refrène sa mégalomanie, ensuite il passe ses journées à biberonner du whisky, et enfin son principal partenaire sexuel s’avère être sa main droite. En réalité Michel dans sa tour d’ivoire est bien seul.
Cela lui fait deux point commun avec Lucas qui lui vit reclus dans sa chambre du pavillon de banlieue de ses parents. Lucas s’y est enfermé il y a 7 ans depuis que la pression sociale, la réussite à tout prix et le regard des autres lui sont devenus insupportables.
Quand à Mélanie, elle se remet difficilement d’une énième rupture, sa vie professionnelle stagne et elle zone un peu engluée dans ce marasme quotidien. Sa seule bouée de sauvetage : le « 365 », tiers-lieu altermondialiste où elle cherche vaguement à résoudre les problèmes des autres pour ne pas trop penser aux siens.
Waouh ! là on va bien se marrer pensez-vous et vous commencez à préparer la boîte de Xanax qui vous permettra peut-être d’atteindre la 235ème page. Mais que nenni nul besoin d’antidépresseurs où de Lagavulin 25 ans d’âge pour achever la lecture de cet ouvrage, car quand ces trois-là finissent par se rencontrer tout s’accélère. L’écriture rythmée de l’auteur, sa fine analyse de la société et du genre humain et enfin son excellent sens de l’humour, noir, très noir, rendent ce livre grinçant et sarcastique à souhait.
Un excellent premier roman et comme dirait Michel devant son miroir en paraphrasant Joe Star : « Ça c’est de la bombe bébé ! ».
A l’école, des andouilles ont décrété que Kate était la petite fille la plus moche de l’école. Ils la surnomment « Kate Moche ». Ils se moquent d’elle toute la journée, et disent qu’elle n’est pas très maligne. Alors, quand Kate rentre de l’école, elle se regarde dans le miroir et pense qu’il y a mille autres façons de la décrire !
Elle s’imagine être une scientifique expérimentée, une doctoresse dévouée, une astronaute adroite ou encore une ninja acrobate. Un jour, Kate aura des rues à son nom, comme Simone Veil, Simone Signoret ou Simone de Beauvoir. Car Kate peut tout faire, oui, vraiment tout !
Cet album véhicule un joli message sur l’acceptation de soi et le pouvoir de l’imagination. Malgré ce qu’elle subit dans la cour de l’école, Kate garde la tête haute et confiance en soi en se réfugiant dans ses rêves. Il aborde donc le difficile sujet du harcèlement scolaire, avec beaucoup de tact mais aussi beaucoup de franchise, sans édulcorer la méchanceté que peuvent parfois avoir les enfants les uns envers les autres.
Les illustrations de Magali le Huche sont remplies d’humour, notamment celles qui mettent en scène Kate dans sa salle de bain, à fond dans son univers. Les couleurs vives donnent du tonus au récit et appuient le caractère ferme et bien trempé de la petite héroïne.
Ce livre est un rappel utile à transmettre à toutes les petites filles (et les petits garçons aussi !) : peu importe ce que les autres en disent, vous pouvez devenir qui vous voulez !