Conseils lecture
Gaspard est berger et en est fier. Il aime sa liberté, ses montagnes et ses moutons, mais déteste par dessus toute cette bureaucratie qui lui a imposé la cohabitation avec le loup. Cet animal sauvage qui tue et rend fou les troupeaux. Cet animal qu’il voudrait voir disparaître afin de retrouver paix et sérénité. Alors, au détriment de la loi, il se lance dans un combat à l’issue duquel ne restera que l’un ou l’autre... Jean-Marc Rochette nous gratifie une nouvelle fois d’un très beau récit « montagnard ». Nous retournons donc, après « Ailefroide », au cœur du Massif des Écrins, dans la vallée du Vénéon. Si l’alpinisme était à l’honneur dans le premier album, « Le loup » aborde un aspect différent, plus universel, celui de la difficile cohabitation entre économie et environnement. Sous la forme d’un duel entre un loup et un berger Jean-Marc Rochette dénonce cette aberration qui nous conduit tous sur des sentiers dangereux. Il ne charge pas les bergers, qui sont eux aussi victimes du système économique dans lequel l’Homme modifie et/ou détruit la biodiversité. Le loup, l’animal, le berger, l’humanité : chacun sa place, chacun mérite de vivre et c’est bien ce message qui nous est envoyé. Nos héros à deux ou quatre pattes sont beaux et fiers, ils représentent la nature, chacun à leur façon, ils essayent de vivre, survivre dans un milieu difficile. Ce très beau récit est composé d’illustrations très fortes, de paysages glacials et bénéficie d’un découpage savamment orchestré, distillant rythme et action. « Le loup » est une ode à la nature, à la tolérance. Il serait regrettable de s’en priver, mais souhaitable de le partager. - Michaël
Le rêve d’Hino est d’être admis dans l’un des nombreux clubs de sport de son lycée. N’importe lequel, du moment qu’il est considéré par les autres et surtout les filles, comme un sportif. Car oui, c’est bien connu, les filles aiment et sortent avec les sportifs (!). C’est bien ce qu’Hino désire le plus au monde : avoir une petite amie. Le seul problème, c’est que notre énergumène n’est pas très sportif, un peu maladroit et quelque peu glandeur : il est très rapidement viré de toutes les activités auquel il participe. Sa rencontre accidentelle avec la belle Ayako va le contraindre à s’essayer à une discipline encore inconnue pour lui : le rugby... "Full Drum" est un manga de type shônen, plus particulièrement destiné aux jeunes garçons, selon la nomenclature japonaise, mais n’ayez crainte il peut être lu par tous les publics ! De construction plutôt classique, le récit est dynamique et humoristique. Nous suivons Hino dans sa quête d’amour maladroite, mais ô combien jouissive. Notre personnage est animé d’un bel idéal, car ici rien de graveleux, simplement de nobles sentiments. Véritable comédie sentimentale, le récit laisse tout de même une place importante à l’action et au sport, en particulier au rugby qui devient le sujet principal de l’œuvre. Petit à petit, nous découvrons ce sport et nous familiarisons, sans que cela soit trop technique, au vocabulaire de la discipline. "Full Drum" est sans prétention, il parvient à nous faire passer un agréable moment de lecture grâce à son personnage attachant. On y y trouve un peu de tous les ingrédients pour séduire un large public et cerise sur le gâteau, ce manga sur le sport est, faut-il le signaler, complet en 5 volumes et traite d’un sport peu exploité en bande dessinée. Pour les amoureux de l’ovalie et bien plus encore. - Michaël
Cléopâtre et Alexandre sont jumeaux. Depuis que leur père adoptif a disparu, ils doivent se débrouiller seuls et commettent de menus larcins pour le compte du gang du Crochet Noir. Cependant, une bien plus dangereuse menace les guette : le terrible pirate Felix Worley est à leur recherche et est bien décidé à trucider quiconque se mettra en travers de sa route. Les jumeaux semblent détenir la clé qui pourrait le mener jusqu’à un trésor inestimable... Roman graphique pour la jeunesse en seulement deux volumes, « Pile ou face » est un récit d’aventure efficace mené tambour battant. Pas de temps mort donc : intrigue et action s’entremêlent pour nous happer dans cette chasse au trésor. La réflexion et les sentiments ne sont pas absents pour autant. L’appartenance, l’amitié et la famille sont des sujets transversaux qui densifient le scénario et le rendent captivant. L’illustration est parfaitement maîtrisée, claire et dynamique, rehaussée de couleurs chatoyantes. Cette aventure est à mettre entre toutes les mains tant elle séduira un large public. - Michaël
Avec Ivanhoé Backus, Nicolas André nous livre une farce viticole succulente. Doté d’humour et d’une certaine réflexion sur les méandres de l’âme humaine, ce titre, aux illustrations colorées, est une réelle surprise. L’utilisation des couleurs est millimétrée, chaque chapitre est doté d’un ton chromatique lié à la situation. Le trait de Nicolas André est précis, sans fioriture, déformé à l’envi, et influence le récit en le rendant plus fort. Cette histoire originale navigue entre comédie et drame et ne nous laisse pas indifférent. Sans la dévoiler, la fin vous surprendra et vous refermerez le livre apaisé. - Michaël
Cole est agent du FBI, cependant une organisation gouvernementale bien plus puissante et bien plus secrète que tout ce qu’on pouvait imaginer le retient prisonnier. Son tort, avoir vu l’inexplicable, avoir vu l’impensable… S’il ne veut pas mourir, il doit rejoindre ses rangs, devenir agent du « Département de la vérité » dont la mission est de lutter contre les phénomènes conspirationnistes… mais d’une manière qui défie l’entendement, la réalité même…
Cette bande dessinée américaine n’est certes pas des plus faciles à lire, mais son sujet, le traitement qui en en fait et l’intrigue mise en place sont finement développés dans un jeu d’intrigues et de rebondissements enchevêtrés à souhait. Le scénario nous plonge dans les milieux conspirationnistes, explore ses mécanismes et ses motivations. Bien sûr, le récit se teinte rapidement d’étrangetés, mais ce mélange de politique-fiction-fantastique fonctionne à merveille et en fait un titre ambitieux. Les illustrations de Martin Simmonds fleurent bon les années 80/90 avec pour inspiration des artistes tels que Dave McKean ou encore Bill Sienkiewicz. Elles sont créatives et intrigantes, à l’image du scénario.
Si « La vérité est ailleurs », « The department of truth » vous ouvre les portes de cet « ailleurs », mais une fois franchies, plus aucun retour n’est possible. Alors, aurez-vous le courage d’y entrer ?
On aborde ce récit par la découverte en plein terrain vague d'une épave de voiture dans laquelle reposent les cadavres d'un homme et de son chien. L'histoire qui s'achève si tristement nous est alors contée à travers le regard de ce chien, arrivé bébé au sein d'une famille heureuse, proche de son maître, unique personne à s'occuper réellement de lui, et content de partir avec cet homme pour un périple en voiture. Ce voyage, le dernier, est ponctué de rencontres, d'accidents, de joies simples et de douleurs brutes.
Outre l'histoire d'amour universelle qui peut lier un homme à son chien, c'est la mort de la société traditionnelle japonaise qui nous est ici contée : une société dans laquelle l'individualisme remplace petit à petit la force des liens familiaux, où le travail de toute une vie n'a plus de valeur et pour laquelle la maladie est devenue motif d'exclusion ; cette société (qui est aussi la nôtre) au cœur de laquelle un homme peut mourir seul, sans aide, sans soins et pour finir sans identité, mais entouré et rassuré par l'amour et la fidélité indéfectibles (par-delà la mort même) de son chien. - Michaël
Rien ne va plus dans le manoir familial ! Le coucher s'annonce périlleux pour la baby-sitter en charge des enfants. Heureusement, elle peut compter (ou pas) sur l'aide de la mamie et du majordome. Car pour garder Tiffany, Hugo et Maxime, il faut beaucoup de courage. Les enfants, à l'imagination débordante, ont créé un univers de princesses, de monstres et de doudous qui parlent. Mais ces chérubins sont-ils vraiment à l'origine de tout ce fatras ? Panda, Brütor et Kokoala, les soi-disant doudous, ne sont-ils pas eux aussi responsables ? Car dans un monde qui n'a pas de règles, la question la plus importante est de savoir qui, des enfants ou des créatures, est le doudou de l'autre ?
Jardins sucrés est « un drôle de récit drôle » constitué de saynètes. On suit chaque enfant et son doudou, à moins que ce ne soit chaque créature et son doudou, dans des aventures qui leur sont propres, jusqu'à un final en apothéose. - Michaël
A la ferme, on va bientôt choisir un·e nouvelle·au chef·fe. Comme d’habitude les candidat·es sont des habitant·es : Pierre Cochon, Jeanne Poulette… Mais cette année, il y a un nouveau : Pascal Leloup. Sa candidature semble très appréciée. Il est drôle, rencontre tous les animaux, fait des photos avec les jeunes… Bref, il ferait le chef idéal. Il est intelligent et en plus, ce qui ne gâche rien, très beau. Pourtant qui se cache vraiment derrière ce personnage qui fait l’unanimité ?
Davide Cali aborde ici avec humour tous les stratagèmes utilisés par les politiques peu scrupuleux·ses pour se faire élire. Fausses promesses, apparence trompeuse… toute la panoplie est réunie.
Les dessins sont rigolos et truffés de petits détails pour les regards avisés.
Cet album amène petit·es et grand·es à réfléchir aux rouages de la politique tout en restant léger et drôle.
Il faut toujours se méfier de l’excès de confiance et surtout : l’habit ne fait pas le moine.
Béa est une jeune fille anxieuse, mais volontaire. Elle vit avec son grand-père et l’aide à préparer de nombreuses potions. Elle a toujours vécu avec celui qui l’a adoptée toute petite, sa seule famille. Alors, lorsque celui-ci part secrètement pour une mystérieuse mission, elle décide de tout abandonner pour le retrouver. Hélas, le monde extérieur est bien déroutant et sa rencontre avec Cad, créature aussi étrange qu’insouciante, va la propulser dans une aventure pleine de dangers et de surprises... « Lightfall » est la nouvelle pépite américaine proposée par les éditions Gallimard. Il faut dire que ce titre a tous les ingrédients pour plaire à un large public et devenir un véritable succès. On y trouve un univers riche, original, baigné de légendes ancestrales et de secrets intrigants qui vont alimenter le récit et nous tenir en haleine du début jusqu’à la fin. Les principaux protagonistes sont charismatiques, différents, mais complémentaires. Ils ne sont pas lisses, pas trop parfaits, ont des blessures qui les rendent « vrais », attachants. Tim Probert n’est pas qu’un excellent conteur, il est également un illustrateur doué. Ses planches sont de toute beauté, lumineuses ou sombres, drôles ou graves, selon l’humeur du récit. L’ensemble forme une œuvre à la forte puissance narrative dont le tonus est communicatif. - Michaël
Aaron est un jeune étudiant à l’histoire a priori banale. Bien élevé et entouré de ses proches, il ne fait pas d’histoire, ne fait parler de lui. On pourrait presque dire qu’il a tout pour être heureux. Cependant, en silence, il souffre d’un mal inavouable…
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« Aaron » est un titre dérangeant, troublant. Prise de risque indéniable de la part de l’éditeur et de son auteur, le récit traite avec beaucoup de pudeur de déviance sexuelle. Le sujet, certes malaisant, est amené avec beaucoup de délicatesse grâce à une construction narrative d’une extrême lenteur. Les illustrations, cloisonnées dans un gaufrier pour l’essentiel de 12 cases par page, sont d’une remarquable réalisation. Tout en finesse et en précision, elles insufflent dès les premières pages une atmosphère particulière à l’album, une tranquillité, un calme avant la tempête.
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L’auteur ne juge pas, ne questionne pas, ne donne pas de remède, il nous permet simplement d’être les témoins d’un instant de vie déchirée. Aussi nous ne connaîtrons ni les prémices, ni la fin de l’histoire d’Aaron, simplement ce bref aperçu d’un homme qui se perd.
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Brillant de bout en bout, cette bande dessinée est puissante, intelligente et interpelle. À lire tout simplement.
« - Hé toi, la nouvelle ! Tu viens jouer avec nous ?
- A quoi vous jouez ?
- On joue à ``familles’’. »
Dans la cour de récréation les enfants s’apprêtent à jouer à « famille », qui est une version de l’universel jeu du papa et de la maman. Seulement aujourd’hui il n’y a plus un seul et unique modèle familial. Tour à tour les enfants évoquent leur situation personnelle. Certain·es ont deux mamans, ou vivent seul·es avec l’un·e de leurs parents, d’autres sont adopté·es…
Au fil du jeu, chacun·e se rend compte de la grande diversité des schémas familiaux. Les élèves discutent des avantages et inconvénients des uns et des autres et c’est chouette de pouvoir en parler ensemble.
L’autrice montre avec bienveillance au travers des yeux d’enfants qu’il y a plusieurs sortes de familles, chacune ayant sa place dans notre société. Les illustrations sont colorées, pleines de douceur et de tendresse, rieuses comme les jeux d’enfants.
Un album actuel, parfait pour aborder le sujet de la différence avec les enfants. C’est aussi un joli message de tolérance, d’amour et d’ouverture d’esprit.