Conseils lecture
Bragante est la première née d’une famille de géant·es qui vont faire régner pendant des décennies la peur et la tyrannie au royaume des humains. Bragante, contrairement au reste de son lignage, fait preuve d’humanité et de compassion, peut-être parce qu’elle a su déceler, cela au travers des livres, toute la beauté du monde. Cette humanité dont elle est pourvue, elle va essayer de l’inculquer à sa famille qui ne cesse de croître, mais l’éducation est un chemin beaucoup plus difficile que la force et la violence, surtout lorsque celles-ci coulent dans vos veines... A-t-on encore besoin de redire que la série « Les Ogres-Dieux » est tout simplement un chef-d’œuvre ? Non, pour celles et ceux qui la connaissent, et oui pour celles et ceux qui auront la chance de la découvrir ! Chaque volume qui compose cette oeuvre, faite de quatre au total, est une réussite. Tant au niveau de la narration qu’au niveau de l’illustration. Un scénario dense et riche, multipliant les intrigues et les rebondissements, mais avec du fond et surtout du sens. La partie graphique, parée d’un noir et blanc sobre et rayonnant, est délicate avec ses traits si précis. Ce quatrième tome est du même acabit, bluffant, captivant. On finit cette saga par son commencement, et tout est bien à sa place, tout concorde, tout se tient. Alors, à peine refermée cette fin, on reprend le tome un pour une nouvelle lecture dense, encore plus intense car avec un regard différent, plus aiguisé aux moindres détails. Merci messieurs pour cette oeuvre ambitieuse, hors norme, un nouveau classique de toutes les littératures. - Michaël
Dans un futur proche les holdings se substituent aux Etats, les pays en faillite sont rachetés par des entreprises et démantelés. On rapatrie l’appareil de production, dont les habitants font partie intégrante, sur son propre territoire, où ils deviennent des cilariés, un mélange de salariés et de citoyen dans un nouveau modèle de société régi par le travail et le profit. Une société inégalitaire où une minorité profite des richesses du monde au détriment de la majorité.
De la science-fiction ? Pas tant que cela finalement !
Zem, le héros, est un de ces hommes arrachés de force à son pays ruiné : la Grèce. Flic apatride il a touché le fond d’une vie qui ne lui appartient plus. Il déambule dans le marasme putride de son quartier de dernière zone, jusqu’au matin où il est appelé dans un terrain vague pour constater un meurtre. Un crime qui va trouver une résonance particulière dans son existence.
Un ouvrage d’une grande maîtrise, qui visite avec maestria différents genres littéraires : policier, roman noir, anticipation, dystopie et tragédie. Un sens aigu de la narration, dans ce récit où s’entrechoquent les voyages introspectifs dans la noirceur abyssale du héros et le rythme disco d’une enquête aux multiples facettes. Une bande originale merveilleusement orchestrée où « Les Smiths » reprendraient les tubes des « Village People ».
Ce roman est, également, une critique acerbe et très juste du monde contemporain et de ses errements : l’ultralibéralisme, la corruption, l’asservissement, la pollution, le cynisme des classes dirigeantes, la privation de liberté, le contrôle des masses par les technologies…. Et enfin, une réflexion profonde sur l’immigration et le déracinement, sur ce qui constitue l’identité d’un individu et sa culture.
Un texte d’une très grande richesse !
Iron Man (littéralement l'Homme de Fer) est un super-héros créé par Stan Lee et appartenant à l'univers Marvel. Depuis plus de 50 ans, Anthony Stark - son vrai nom - livre des combats titanesques pour que justice soit faite. A proprement parler, il n'a pas de super pouvoir, juste une intelligence hors norme qui lui sert à innover, à inventer tout et n'importe quoi, mais surtout des armes. Car avant d'être le héros adulé de tous, il n'était qu'un marchand de mort. Suite à de tragiques circonstances, il va prendre conscience de son don unique et le mettre au service du bien en créant Iron Man.
Iron Man : au commencement était le Mandarin nous présente la première rencontre entre notre héros et l'un de ses plus farouches adversaires : Le Mandarin. Un récit original sur fond de conquête du monde, dessiné différemment mais remarquablement. A découvrir. - Michaël
Jules vit seul dans son terrier. Il n’en est pas pour autant triste, c’est comme ça et il s’en accommode bien volontiers. Avoir une vie sociale, très peu pour lui, les autres sont si compliqués... Et en plus, avoir des amis pourrait le rendre moins attentif aux dangers qui l’entourent, il n’est qu’une fragile petite souris après tout. C’est bien ce que se dit le filou renard qui le surveille et aimerait bien en faire son repas. Par le plus malchanceux des hasards, le carnassier se retrouve coincé la tête dans le terrier de Jules : impossible de s’en retirer. S’engage alors entre eux une bien étrange relation... « Jules et le renard » est un album à part. Sa différence, il la cultive dans la singularité de l’histoire dans laquelle il nous plonge et dans le bien-être qu’il nous procure. Une masterclass pour tout amoureux de récits et d’illustrations, tant ici les deux arts sont insécables. Joe Todd-Stanton écrit son récit au passé simple tels les contes de notre enfance, mais en adoptant un ton moderne aux dialogues savoureux, pour traiter en filigrane de notre société, de l’individualisme et de l’égoïsme qui y règnent. Ses illustrations transpirent la douceur grâce à son trait délicat et aux couleurs harmonieuses qu’il distille dans ses toiles. Il mélange les plans, les points de vues, tant tôt de loin, tant tôt de près, voir de très très près et emprunte également à la bande dessinée, dans ses cadrages et sa mise en page. Enfin, les personnages qu’il a créés sont d’un charisme rare : ils ne sont ni parfaits ni mauvais, comme dans la vraie vie en sorte, permettant de s’identifier à eux. Voici un très très bel album à découvrir, dont la magie nous émeut et nous réconforte. Bravo l’artiste. - Michaël
Une mère s’adresse à son enfant tout au long de son premier jour de classe. Elle évoque leur séparation, et toutes les activités qu’elles feront chacune de leur côté. Toutefois, elles seront liées ensemble par le fil des pensées qu’elles s’enverront durant la journée.
Cet album permet d’aborder le sujet de la séparation avec beaucoup de poésie, et de rassurer l’enfant lors de son entrée à l’école. Il trouve son originalité dans le parallèle fait sur chaque double page : on y voit d’une part la maman au travail, et de l’autre, la petite fille dans sa classe.
Les illustrations au crayon de couleur et le choix des couleurs pastel apportent beaucoup de douceur à l’album. Cela crée une ambiance feutrée, comme un cocon, qui apaise et rassure. On ressent à travers les personnages de la maman et de la petite fille toute la tendresse et l’amour qui transcende les lieux et qui les lie tout au long du récit.
« Peu importe où tu seras… Je penserai à toi. Je t’enverrai un bisou. Tu me le renverras »
« Crushing » que l’on traduit par « béguin » est un album au charme indéniable. Véritable tranche de vie, cette bande dessinée dépeint avec grande sensibilité le quotidien de deux personnages miné·es par leur solitude. Page après page, nous apprenons à mieux les connaître, les suivons dans leur quête du bonheur, à la recherche de l’âme sœur. Pourvu d’une poésie certaine, ce titre, chassé-croisé entre les protagonistes, regorge de tendresse et d’émotion. Il est magnifiquement illustré par l’autrice qui utilise les crayons de couleur avec maestria, réduisant sa palette à simplement deux tons plus ou moins accentués.
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« Crushing » est une oeuvre qui fait du bien, qui parle d’amour, il n’en fallait pas moins pour en faire un coup de cœur !
Être en internat, ce n’est pas toujours drôle. Encore moins lorsque l’on provoque une sorcière et qu’elle vous maudit pour toujours. Krum, Ulysse, Step, Mei et Ouss vont l’apprendre à leurs dépens. Leurs nuits ne seront plus jamais paisibles car ils sont désormais condamnés à voir et être vus par les monstres tapis dans l’ombre... Cette bande dessinée jeunesse horrifico-fantastique est écrite de façon nerveuse et dynamique. Pas de temps mort pour nos jeunes héros qui enchaînent cris et courses poursuites dans de nombreux chapitres. Il se dégage de cette histoire une atmosphère étrange et inquiétante qui fera frémir nos plus sensibles chérubins en quête de frissons. Une réussite du genre, aidée par des illustrations expressives et efficaces. Ulysse Malassagne signe une nouvelle fois un titre de grande qualité et donnera à coup sûr des envies d’aventures aux enfants, même les plus paisibles... - Michaël
Monsieur Henri vit dans un arrêt de bus depuis déjà très longtemps. Tellement longtemps que plus personne ne le remarque vraiment. Un jour, par le plus étrange des hasards, un éléphanteau vient s’asseoir à côté de lui.
Qu’il est beau ce petit éléphant, mais comme il a l’air triste… C’est décidé, Monsieur Henri va l’aider à retrouver sa famille même si pour cela il doit, un temps, quitter son abri…
« L’arrêt de bus » est un très joli album sur l’amitié et l’entraide. L’autrice délivre un texte certes court, mais empli d’une abondance d’émotions. D’une grande sensibilité, par moment mélancoliques, ces mots nous enveloppent d’une couverture de bien-être.
Ils sont en parfaite harmonie avec les délicieuses illustrations, au style « anglais » de Juliette Lagrange. Un travail pictural remarquable tant par le trait, fin et délicat, que par la mise en couleur : des aquarelles savamment travaillées, aux couleurs justes et équilibrées.
Leur travail de mise en scène est également à souligner, mélangeant allègrement illustrations pleine page, magnifiques de détails et saynètes plus intimistes, propices à l’émotion.
« L’arrêt de bus » est un très bel album, tout en retenue, propice à la lecture en famille.
Une bande dessinée sur Gérard Depardieu ? Quelle drôle d'idée ! Bon d'accord, c'est l'un de nos monstres sacrés du 7e art, mais ici on est dans le 9e... Qui cela va-t-il intéresser ? Cela va-t-il m'intéresser ? Autrement dit, je partais à la lecture de cet ouvrage sans grand enthousiasme et avec beaucoup d'a priori.
Une page, deux pages, trois... et voilà : hapé par le récit, l'écriture, la mise en scène et bien sûr, la vie incroyable de ce bonhomme. Car de Gérard Depardieu je ne connais que quelques films ou frasques avec Poutine, pas plus. Ici Mathieu Sapin nous dévoile sans tricherie ni pudeur un morceau de la vie de "Gérard". Alors, on peut aimer ou détester le personnage, il n'en reste pas moins un formidable bon vivant à la philosophie unique et qui rend cet album passionnant. - Michaël
Aujourd’hui, la médecine est une science au service du vivant, mais avant d’être guérisseuse, elle était néfaste. Aux États-Unis, au 19ème siècle, elle était appelée la médecine « héroïque » parce qu’il fallait beaucoup de courage pour supporter les traitements de l’époque, souvent bien pires que les maladies ou les accidents eux-mêmes : saignées, purges au calomel (considéré de nos jours comme du poison), morphine... Stéphane Piatzszek et Benoît Blary nous embarquent dans un voyage à travers le temps en pleine guerre de Sécession durant laquelle un homme, le médecin Andrew Taylor Still, las des morts qui l’entourent, décide de tourner le dos à cette médecine traditionnelle qui ne sauve pas et surtout n’évolue pas. Il va, par différentes rencontres et en étudiant inlassablement l’anatomie humaine, mettre au point une pratique de manipulation du corps permettant le rétablissement des flux internes et des postures. Il crée ce qu’il appellera plus tard l’ostéopathie. Le récit, souffrant peut-être d’un manque de rythme, est néanmoins riche d’informations. Nous apprenons beaucoup sur l’époque, la dureté de la vie et de ces médecins souvent plus charlatans que compétents. L’humanité est également mise à mal dans ce titre où ignorance et intolérance sont des maux bien difficiles à éradiquer et constituent malheureusement un socle à notre condition. Fort heureusement, il y aura toujours des femmes et des hommes pour faire avancer, progresser la société, mais à quel prix... Une bande dessinée documentaire dense et instructive à mettre entre toutes les mains. - Michaël
Dans « Femme rebelle », Peter Bagge retrace le parcours de Margaret Sanger, fondatrice du planning familial et militante radicale et controversée de la condition féminine. Le titre de cette bande dessinée biographique se réfère au journal fondé par cette infirmière en 1914, intitulé « The Women Rebel » et sous-titré « Ni dieux, ni maîtres ». Dans ces pages, Margaret Sanger s’adressait directement aux femmes en leur fournissant des informations sur le contrôle des naissances : culotté dans l’Amérique conservatrice du début du 20e siècle... au point pour l’autrice de devoir s’exiler quelques temps sous pseudonyme au Royaume-Uni. De retour aux USA, Margaret se servira de son influence médiatique, de ses déboires et malheurs personnels pour servir son combat - le contrôle du corps des femmes par elles-mêmes. Combat qu’elle parviendra à porter hors des frontières américaines, influençant par exemple la réflexion sur la création du planning familial en France... dans les années 1950. Il fallait bien le style et la verve satyriques de Peter Bagge pour retracer un tel parcours sans faire l’impasse sur les zones d’ombre de cette féministe. Il évite l’hagiographie en enrichissant son travail graphique d’un imposant propos complémentaire. Il y explicite ses choix (de son sujet jusqu’à la couverture de la BD), précise certains points et donne en dernier lieu la parole à la biographe française de Margaret Sanger, Angeline Durand-Vallot, qui situe historiquement l’apport du combat de Sanger et rappelle à quel point celui-ci demeure d’actualité... - Aurélie
Jean-Loup est un jeune garçon un peu atypique et solitaire. Il est plein de tics et de tocs, fait des fiches sur tout mais surtout, il a beaucoup d’imagination et se découvre un talent unique de conteur. Jean-Loup a aussi un secret qu’il garde enfoui en lui, tellement profondément qu’il en a presque oublié son existence... et pourtant. « Incroyable ! » est une oeuvre douce et poétique dont l’humour belge donne un côté absurde à une histoire bien loin de l’être. La mise en couleurs donne un style très rétro à cette bande dessinée, comme une vieille photo de famille au bords crénelés que l’on regarde avec nostalgie. On tourne les pages de cet album avec entrain, grâce à un personnage principal attachant, des personnages secondaires hauts en couleurs et un découpage de cases rythmé. On accompagne Jean-Loup dans ses pérégrinations et l’on ne souhaite qu’une chose à la fin : le prendre dans ses bras pour lui faire un câlin. Et lorsque vous aurez fait connaissance avec Jean-Loup, cela ne vous paraîtra pas si incroyable, finalement. - Aurélie
Conseils lecture
Gioia a 17 ans. Elle n’est pas comme les autres. Dans sa bulle elle discute avec Tonia, une amie imaginaire. Elle écoute en boucle les Pink Floyd, collectionne dans un carnet les mots étrangers intraduisibles et se passionne pour la photographie en ne prenant que des gens de dos. Au lycée on la surnomme miss rabat-joie. Elle vit dans un contexte familial difficile. Un jour, elle fait par hasard la connaissance d’un jeune homme : Lo. Comme elle, il est solitaire, collectionne des cailloux dans un bocal, joue aux fléchettes seul le soir dans un bar. Avec lui Gioia va découvrir des émotions jusqu’ici jamais ressenties. Mais voilà, celui-ci disparait sans laisser de traces. La jeune fille est alors prise de doutes. Aurait-elle imaginé cette relation ? Serait-elle folle comme le pense ses parents ou la psy ? Gioia est déterminée à retrouver son amour perdu et à mettre au clair les zones d’ombres qui planent autour de cette histoire. Notre héroïne sera aidée par quelques complices : son professeur de philosophie et confident, une gérante de bar et un vieux monsieur.
Dans ce premier roman, Enrico Galiano traduit très bien le mal-être de l’adolescente, ses interrogations, ses doutes et ses espoirs.
En plongeant dans le monde de Gioia on perd souvent le sens de la réalité et de l’imaginaire tant la frontière entre les deux y est infime.
Les ados se retrouveront dans ce thriller psychologique, écrit avec fluidité et humour. Les personnages sont très attachants, mystérieux et sont confrontés à des réalités aussi brutales que quotidiennes. Une sensibilisation à la violence, l’alcoolisme, le harcèlement…On retiendra également un message de tolérance et d’ouverture d’esprit.
J’ai lu ce livre rapidement, prise dans le fil des événements et l’envie page après page d’en connaître le dénouement.
Goliath n’est pas comme les autres enfants, il est grand, très grand, voir très très grand et cela le peine. Il est différent…
Ximo Abadía, auteur espagnol dont j’admire l’œuvre propose avec cet album un récit touchant empli de sagesse et de beaucoup de tendresse. Il évoque le thème de la différence, du mal être et de comment trouver sa place dans la société. Loin d’être triste, le récit se transforme en quête initiatique dont chaque scène est une impressionnante rencontre. En cela son travail graphique est remarquable, il juxtapose les formes, les matières pour rendre des tableaux d’une extrême efficacité. Très peu de couleurs sont utilisées, les mêmes page après page, savamment dosées et distillées afin d’offrir différentes ambiances, différentes émotions à l’histoire.
Goliath est un géant et heureusement pour nous, son amour aussi alors, il serait dommage de s’en priver !
Eté 1913, Valdas a 15 ans, dans une riche demeure du bord de mer, sa vie se dessine. Le monde des adultes, auquel il n’appartient pas tout à fait, lui paraît être un vaste théâtre où tout n’est que faux-semblants, alors la nuit il s’enfuit renifler la côte, ses embruns, un parfum de liberté. Il y vit ses premiers émois et se confronte au monde extérieur, plus pauvre, plus dépouillé loin du confort de sa classe bourgeoise vaguement contestataire.
De retour à St Pétersbourg la vie s’emballe, une promesse de fiançailles, l’armée, la guerre, la révolution, le choix du mauvais camp, puis l’exil, Paris, la misère, une autre guerre et la solitude. Un siècle de barbarie dont il est le témoin, et au milieu de cet océan de cruauté, un écrin de beauté, une île où affleure l’amour. Une parenthèse de vingt jours d’un bonheur intense qui lui permettront toute sa vie de résister.
Voilà ce que raconte merveilleusement ce livre, comment un amour même éphémère peut être éternel. Comment dans un monde sauvage et violent, il vous donne la force d’être juste et bon, de rester humain.
Encore, un magnifique roman, tout en pudeur, d’Andreï Makine, dont la langue, si belle, si douce à l’oreille est un enchantement.
Capitaine Fripouille, la nouvelle idole des jeunes ? Qui sait ? Peut-être ? Voici en tout cas un personnage tonitruant à forte humeur bien déjantée dont on devine un passé aventureux. L’épaisseur scénaristique du héros donne tout le charme à l’album, des scènes au vitriol, de la réflexion et un final en apothéose, de quoi ravir petit et grands… Au dessin nous retrouvons Alfred qui pour les besoins du récit a rendu son trait plus nerveux, plus sec et a multiplié les cases pour dynamiser le récit. Olivier Ka et Alfred un duo à (re)découvrir… - Michaël
L'action se déroule dans le Transsibérien. Des conscrits sont emmenés en Sibérie mais ne savent pas où exactement. L'un d'eux, Aliocha cherche à déserter, il tente de fuir et se cache. Deux personnages embarqués dans une histoire où la question de la confiance est sans cesse en jeu. A chaque arrêt dans une nouvelle gare, la tension monte. Fort suspens de cette traque dans l'environnement clos du Transsibérien. C'est aussi le rythme de ce train mythique traversant les paysages de steppe, puis de taïga.
Un style qui va à l'essentiel à la fois poétique et brutal. Une très belle écriture. Ce petit livre court mais vraiment intense est un vrai bijou de lecture !
Fraîchement arrivée de Russie, Véra a bien du mal à se faire des amies et à s’intégrer dans la communauté américaine. Pas assez cool, pas assez riche, trop différente... en un mot (deux en fait) : trop russe. L’église orthodoxe devient son refuge, moins par attrait pour la religion que pour le buffet servi en fin de cérémonie. Lorsqu’elle apprend que l’église organise un camp de vacances, Véra y voit l’occasion rêvée de se faire facilement des ami(e)s, russes comme elle. Sa maman l’envoie donc avec son petit frère passer deux semaines en colonie de vacances... De douces illustrations en bichromie, des touches d’humour, de l’amitié, des premières amours, un brin de méchanceté, mais aussi de la solidarité... Bref, un bien joli récit initiatique que l’on devine nourri de la propre expérience de l’autrice. Une bande dessinée à lire dès 8 ans, abrité sous la tente, pelotonné sous la couverture avec sa lampe torche, et surtout pendant les vacances ! - Michaël
Quelque part en Afrique, dans un petit village, un enfant est enlevé par un démon : un Yéban. L’enfant doit l’aider à retrouver son chemin jusqu’à son chez lui : les enfers. Cependant ce voyage ne se fera pas sans difficultés ni sacrifices… Le pauvre Kana l’apprendra à ses dépens…
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Aurélien Ducoudray nous propose un récit inspiré de différentes légendes et traditions africaines. Ce subtil mélange est aussi surprenant que captivant. Nous suivons ce voyage, cette quête initiatique, sans ennui, tout en développant une certaine affection pour ce duo improbable. Nous effleurons certes la culture africaine, mais c’est déjà un premier pas vers des recherches plus approfondies sur les mythes racontés. Au-delà de cet aspect mystique, « Le repas des hyènes » est également un récit de type « quête initiatique » et chacun·e en tirera - ou pas - sa propre relecture.
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Les illustrations de Mélanie Allag portent parfaitement ce conte. Par ses planches, tantôt sombres, tantôt colorées, elle nous invite dans ce mystérieux continent à la richesse culturelle encore bien méconnue.
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« Le repas des hyènes » est une plongée en terre inconnue, un voyage vers des contrées lointaines ouvrant sur des univers insoupçonnés, à découvrir !
Elie Wiesel, prix Nobel de la paix en 1986, a dit : « Vous qui qualifiez les étrangers d’illégaux, vous devez comprendre qu’aucun être humain n’est « illégal ». C’est un contre sens. Les êtres humains peuvent être beaux, voire très beaux, ils peuvent être gros ou minces, ils peuvent avoir raison ou tort, mais « illégal », comment un être humain peut-il être « illégal » ? ». Ainsi commence le récit de Ebo, jeune Ghanéen de 12 ans, qui avec son frère décide de partir pour l’Europe, loin de la misère locale. Dans ce périple, la mort les menace à chaque étape. Du désert du Sahara à la violence des rue de Tripoli jusqu’à la traversée de la Méditerranée, ils devront surmonter leur peur, oublier leur innocence pour devenir, bien trop vite, des adultes sans rêves... Cette histoire est une fiction, mais chaque détail qui la compose est authentique car les auteurs ont collecté et assemblé les témoignages de rescapés pour nous livrer ce récit bouleversant. Véritable mise en lumière des conditions de vie inhumaines que subissent les migrants pendant leur exil, ce titre est à de nombreux égards une œuvre documentaire à mettre entre toutes les mains, même les plus réfractaires à la cause migratoire. - Michaël
Pulchérie, la trentaine passée, prend enfin conscience de son corps, de son être et surtout d’un organe si souvent tabou : le clitoris.
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« L’affaire clitoris » est, comme le titre peut le sous-entendre, une bande dessinée de reportage. Nous allons, par une enquête minutieuse, partir à la découverte d’un organe féminin des plus importants et pourtant encore de nos jours très méconnu : le clitoris. Il est, selon la définition du Larousse, un « organe érectile de l'appareil génital féminin externe, principalement composé de deux bulbes bordant la vulve et d'un gland (ou clitoris au sens strict), situé au-dessus de l'orifice urétral. ». Très bien, mais encore… ? A quoi sert-il ? Comment est-il fait ? Et surtout, pourquoi depuis des siècles, il est invisibilisé dans nos sociétés patriarcales ? Tant de questions qui trouveront réponses dans cette excellente bande dessinée de vulgarisation. Science, philosophie, croyance sont autant de thèmes abordés par les autrices via cet organe de 10 cm qui n’est que depuis 2017 correctement représenté dans les manuels de SVT.
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Ce titre est classé dans nos rayons adultes, mais il peut vraiment être conseillé à un plus jeune public tant sa valeur est éducative et pédagogique, libératrice d’un plein épanouissement personnel.
1911. Augustin Lesage, mineur, fils et petit-fils de mineur, époux de fille de mineur, entend une voix : il sera artiste. Bien sûr cette idée provoque l’hilarité. Seul Ambroise y croit, et l’invite bientôt à une séance de spiritisme. Augustin entend à nouveau cette voix, qui lui intime de devenir peintre et le conseille dans ses choix de matériaux, conduisant même sa main sur la toile. Au bout d’une gestation longue d’une année, cette mystérieuse et minutieuse alchimie donne naissance à une toile virtuose de trois mètres sur trois. Le directeur de l’Institut Métapsychique International (IMI), le docteur Osty, décide de se pencher sur ce phénomène et rencontre celui qui n’est alors qu’un simple mineur. Avec l’aide de ces deux bienfaiteurs, Augustin poursuit sa voie et peint plus de 800 toiles.
Enferme-moi si tu peux débute avec cette biographie d’Augustin Lesage, l’une des figures les plus connues de l’Art Brut. Cet art est, selon Jean Dubuffet, l’œuvre de personnes dépourvues de toute formation et culture artistiques : l’art des fous et des marginaux… de ceux qui n’ont aucun droit. Pandolfo et Risjberg explorent celui-ci à travers six biographies (citons Madge Gill ou le Facteur Cheval) qu’ils relient entre elles de façon judicieuse et malicieuse, interpellant le lecteur sur la folie de ces créateurs mis au ban de la société parce que pauvres, femmes, infirmes, mal nés. On retrouve avec bonheur le couple d’auteurs de l’excellente BD Serena, qui une fois encore nous livre de beaux portraits intimistes, écrits à la première personne et sublimés par le dessin évanescent de Terkel Risjberg. Découvrir cette galerie d’artistes hors normes, c’est se rendre compte que la liberté, comme la création, provient avant tout d’un élan intérieur irréductible et salvateur, parfois issu du gouffre, mais toujours salvateur. Un album optimiste et d’une très qualité, graphique et narrative. - Michaël
Le même jour, à la même heure, sont nés 43 enfants aux pouvoirs extraordinaires. Le riche et excentrique Sir Reginald Hargreeves parvient à trouver et à adopter 7 de ces nourrissons. Son but : les former et les entraîner à devenir la meilleure équipe de super-héros de tous les temps. Malheureusement, parfois, les meilleures intentions du monde peuvent s’avérer plus néfastes que bienfaisantes... « Umbrella Academy » n’est pas à proprement parler une nouveauté puisque son premier numéro est sorti aux États-Unis en 2008, remportant la même année l’Eisner et le Harvey Award de la meilleure nouvelle série, prix très prestigieux décernés au neuvième art. Alors pourquoi vous en parler aujourd’hui ? Tout simplement parce que Netflix l’a adaptée en prises de vue réelles. Deux saisons pour le moment, et c’est une véritable tuerie (au propre comme au figuré !). Du coup, cette plate-forme de vidéo permet de (re)découvrir ce titre aux charmes et atouts indéniables. Proches dans l’esprit et la forme, possédant la même énergie débordante et communicative, les deux versions diffèrent à quelques détails près. Cet univers (pour l’ensemble) est empli de mystères, de rebondissements et nous entraîne à chaque fois sur des chemins improbables. Il y a certes de l’action, beaucoup d’action même, mais également une place importante pour la réflexion. Des thèmes sous-jacents tels, pour ne citer qu’eux, la famille, la filiation ou encore la construction de soi, transparaissent tout du long de la saga et des épisodes. Chaque personnage a son caractère, ses blessures que l’on découvre petit à petit, des histoires dans l’histoire. Ne choisissez pas telle ou telle version : les deux sont captivantes, proches mais assez différentes pour vous surprendre chacune d’elle. Et bien évidemment le comics est disponible dans votre Espace COOLturel ! - Michaël
Lucien est, comme son modèle le célèbre aventurier de l’étrange Harry Price, passionné d’histoires étranges, remplies de monstres et autres revenants. Alors, lorsque lui et sa famille emménagent dans une nouvelle ville, sa première envie, bien avant de se faire des amis, est de trouver les phénomènes paranormaux que pourrait bien abriter cette petite bourgade... « Lucien et les mystérieux phénomènes » est une série jeunesse d’aventure pseudo-fantastique, mais qui traite avant tout d’environnement et d’écologie. Sans y paraître, elle permet à l’enfant de prendre conscience de la société de consommation, de la surproduction et des problèmes que cela entraîne. Bien sûr, c’est subtil car enrobé par une passionnante enquête paranormale. Notre jeune héros est accompagné de sa maligne petite soeur, ce qui permet à chaque enfant de s’identifier et se projeter dans le récit. Le thème de l’amitié est également bien présent dans l’album, cela est certes moins original, car assez courant en bande dessinée jeunesse. La réussite de ce titre vaut également par les illustrations d’Alexis Horellou, dont le trait fin et délicat, aidé par des couleurs aux tons orangés, crée une atmosphère étrange et mirifique. Notons également l’hommage rendu par les auteurs à Harry Potter, mais surtout à Vincent Price, célèbre acteur américain de film d’horreur qui a inspiré Tim Burton et dont vous avez déjà certainement au moins une fois entendu la voix grave, celle du clip Thriller de Michael Jackson. Un premier album convaincant et maintenant la suite, vite... - Michaël
La question devait bien tomber un jour ou l’autre... Mais que répondre à son enfant lorsque celui-ci vous demande : comment on fait les bébés ? Lui raconter une belle histoire ou lui dire la vérité, c’est un vrai casse-tête pour tous les parents, sauf bien sûr, si la grande sœur a déjà la réponse… Isabelle Jameson, dans un album à l’humour très présent, soulève une problématique que tous les parents connaissent un jour ou l’autre : aux questions d’enfants, doit-on toujours répondre et dire la vérité ? Vous ne trouverez pas de réponse toute faite dans cette histoire, cela est propre à chacun, mais serez certainement reconnaissants à l’autrice de mettre en mots vos doutes et vos interrogations. Elle, avec très peu de mots, pose clairement la situation et se moque un peu de nous (d’elle-même sûrement) dans ces craintes qui peuvent nous habiter. Ce qu’il y a de fort dans ce récit, c’est le balayage assez large de tous les possibles, qu’ils soient fantasques ou bien réels et le tout raconté avec fluidité. Nous sourions beaucoup devant ces parents affolés et nous crions au génie lorsqu’à la lecture des dernières pages, l’histoire prend une toute autre tournure… Cet album est illustré par la talentueuse Maud Legrand, qui avec un trait noir rare et épuré, parvient à faire passer différentes émotions : surprise, affolement, étonnement… Elle utilise un seul angle de vue, fixe, horizontal et nous plonge ainsi directement dans l’action, proche de nos héros comme si on était avec eux, chez eux. La mise en couleur est sobre : quelques touches de peinture posées délicatement à des endroits bien précis afin de donner du rayonnement et du relief à l’ensemble. Voici un très bel album, au sujet délicat, mais sans gravité, dont la légèreté ravira petits et grands. - Michaël
Le soleil se lève sur la savane, petit singe se réveille et il a faim. Hélas en descendant de son arbre il ne trouve plus qu’une peau de banane. Mais qui a bien pu manger les autres ? Notre petit héros se met en route pour trouver la/le coupable auprès des habitant·es de la savane.
Voici un album drôle et coloré, où l’enfant suit un sympathique personnage dans sa quête de nourriture et découvre ainsi les différents animaux. L’histoire capte l’attention jusqu’au bout du livre car rien ne laisse pressentir la fin de l’histoire.
De la même autrice, Juliette Parachini-Deny, vous aimerez aussi « Pablo veut changer de peau ».
C’est bon moment de lecture et de détente à partager.