Conseils lecture
Lorsque le jeune Bobby Bailey se présente au centre de recrutement de l’armée des USA, il ne s’attend pas à être envoyé vers un mystérieux programme top secret appelé "projet Prometheus", qui recherche des jeunes recrues sans attaches…
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Débuté dans les années 1980, cette oeuvre monumentale de Barry Windsor-Smith trouve enfin sa conclusion dans un magnifique album d’environ 400 pages. Cet auteur, star dans son pays, reconnu pour son travail sur Conan le barbare et également pour ce qui restera comme l’un de ses chef d’œuvres : Wolverine : l’arme X, revient enfin en France avec ce titre dantesque. Pas de super-héros ici, « simplement » des personnes aux histoires différentes et pourtant liées. « Monstres » est un récit noir, dur, âpre sur l’humanité et cette face monstrueuse dont elle fait parfois, trop souvent, preuve. Cette monstruosité qui prend différentes formes et aux causes multiples. Ce récit brosse le portrait, chapitre après chapitre, de chaque protagoniste du drame qui se joue sous nos yeux. Nous voyageons dans le temps, apprenons à les connaître et lorsque le puzzle est enfin assemblé, à leur dire au revoir dans une fin absolument magnifique. Le scénario est intense et profond, captivant de bout en bout, il ne laisse absolument pas indifférent. Le dessin, tout de noir et blanc, est fidèle au style de l’artiste. Rude et hachuré, il est réalisé à l’encre et à la plume.
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« Monsters » est donc un voyage épique couvrant deux générations d'histoire américaine dont les thèmes - traumatisme, destin, conscience et rédemption - se croisent dans un récit unique et singulier.
La naissance de Tom, le petit frère de Juliette, a profondément bouleversé le quotidien de toute sa famille. Tom, le petit rêveur, est né lourdement handicapé…
Subtil mélange de fiction et de faits réels, « Le petit astronaute » est un récit tendre et poignant. Au travers des souvenirs d’une adolescente, le sujet du handicap est abordé sans complexes, ni pathos. L’histoire de Tom, mais aussi de ses parents, dépeint la triste réalité des difficultés rencontrées par ces familles souvent abandonnées par la société. Tout est limpidement abordé, sans concessions. L’auteur parle de la souffrance des parents, de leur monde qui s’écroule d’un coup. Il dénonce le système qui n’offre pas suffisamment d’aide, de ressources pour soulager ces familles souvent démunies. La notion d’« acceptation » est très présente et est une des forces du récit : accepter son enfant, sa différence pour ensuite accepter le regard des autres, celui qui fait tant de mal.
Pourtant, après tout cela, ce que l’on ressent le plus une fois le livre refermé, est très certainement de la quiétude, car au final, nous avons vécu une pure et belle histoire d’amour.
En ces temps anciens, la paix est très fragile. Toutes les races - Hommes, Trolls, Dieux etc. - vivent loin les uns des autres, ce qui évite de nombreux conflits. Malheureusement, des signes de mauvaise augure sont annonciateurs de malheurs. Une nouvelle guerre semble sur le point de faire basculer le monde dans les ténèbres. A moins que le courage d’une bande de joyeux lemmings ne chamboule les plans d’un destin qui s’annonce bien sombre. Voici une nouvelle fois un titre jeunesse de grande qualité : de l’action, de l’humour, du suspense et du courage... Bref, de quoi ravir un large public. Crisse, auteur prolifique de sagas fantastiques pour ado/adultes, nous conte, sans raccourci ni facilité, un récit de haute tenue. Les éléments s’enchaînent parfaitement et nous tiennent en haleine jusqu’à la fin de l’album. L’illustration de Fred Besson plaira à n’en pas douter, avec des dessins soignés et classiques, facilement lisibles pour les plus jeunes. Seul petit bémol, devoir attendre la suite ! - Michaël
Nous sommes en 2042. Des catastrophes naturelles ont eu lieu et les autorités sont passées à une transition écologique radicale. A travers la vie de Lisa, on découvre la vie quotidienne régie par les nouvelles technologies : drônes absolument partout qui contrôlent les moindres faits et gestes. En parallèle, le journal intime de la mère qui ne s’est jamais remise d’un amour perdu d’adolescence .Lisa cherche ce qui se cache derrière la mélancolie de sa mère qui n’a jamais su l’aimer. Ce roman d’anticipation dénonce les systèmes totalitaires et les états policiers. Ce n’est pas sans rappeler le Big brother de 1984 mais quand le roman d’Orwell est paru en 1949 c’était de la science-fiction alors qu’à la lecture de La mer monte, au ton, malgré tout humoristique, on prend conscience qu’on est déjà propulsé dans ce monde connecté
A lire absolument - Catherine
Devenir footballeur professionnel est le rêve de nombreux jeunes. Les plus doués frôleront ce rêve, mais ce ne sera qu’une élite qui le vivra réellement. Le Pôle Espoirs de la Ligue de Football des Pays de la Loire accompagne durant deux années quelques rares privilégiés à atteindre (ou pas) ce milieu professionnel. Pendant ce laps de temps, ces jeunes s’entraîneront, joueront bien évidement, mais suivront également le programme scolaire et devront apprendre à accepter les codes de la vie en collectivité. Le Pôle Espoirs forme des footballeurs, mais comme dirait le génial Ted Lasso (série que je vous recommande également) : « Le succès ne dépend pas des victoires ou des défaites... Le succès c’est d’aider les jeunes à devenir une meilleure version d’eux-mêmes sur et en dehors du terrain ».
« Les valeurs du football » est un recueil écrit par 15 de ces jeunes apprentis footballeurs. 15 récits ou leçons de vie, qui les ont armé à mieux affronter le monde adulte. Une œuvre originale réalisée en partenariat avec l’Espace COOLturel, médiathèque de Divatte-sur-Loire. - Michaël
Il y a des livres qui marquent, qui ne laissent pas indifférent·e. "confiné•es", est de ceux là. Cet ouvrage est le témoignage unique et sincère d’une ville qui, comme toute la France, s’est confinée le 17 mars 2020. Œuvre de mémoire, les 55 témoignages qui composent ce recueil, sont des moments intimes partagé•es par les Divattais•es, confiné•es, mais ensemble face à cette étrange période. "confiné·es" est bien plus qu’un livre, il est notre mémoire.
Aude, 24 ans, commence une nouvelle et jolie histoire avec Christophe. Un coup de foudre puis une relation à distance, qui semble une évidence. Sans qu’elle s’en rende compte, le cours de sa vie a pourtant pris un tournant : malgré ses précautions, elle est enceinte. Après la stupeur, le déni, la colère, vient le parcours médical. Et la décision qu’il faut prendre : Aude opte pour l’avortement. Ce récit se fait à deux voix : celle qui a vécu cette épreuve, l’auteure, et celui qui accompagne, qui soigne, en la personne de Martin Winckler. Ce dernier livre son expérience médicale à double titre : du praticien de ce geste si particulier qu’est l’IVG, et du soignant empathique à l’écoute des nombreuses et si diverses patientes qu’il a assistées dans ce parcours. Le témoignage de l’auteure est à lire aussi bien par les femmes, concernées ou non, que par les hommes car il éclaire les mécanismes complexes qui entrent en jeu dans ce deuil. Rien n’est épargné au lecteur : le tourbillon émotionnel de la grossesse puis de l’avortement, la solitude de certaines femmes face à cette situation, la douleur de la fausse couche ou encore la lente et difficile réappropriation de son corps. Des larmes et du sang. Beaucoup… et la nécessaire bienveillance du corps médical et soignant. Une histoire de femme(s) racontée de manière à la fois délicate et violente, d’une sincérité bouleversante. - Michaël
Souvent on me demande si nous avons des « romans graphiques », ce à quoi je réponds systématiquement : « De la bande dessinée, mais bien sûr ! ». Vous l'aurez compris, pour moi ce terme est souvent inapproprié et est surtout employé pour se détacher du terme générique « bande dessinée » qui véhicule malheureusement encore aujourd'hui de nombreux clichés. Mais il arrive parfois qu'entre nos mains nous détenions un livre hybride, doté d'un délicat mélange de textes et d'illustrations, imbriqués les uns aux autres et ne pouvant exister l'un sans l'autre. « Radioactive » fait partie de ces livres qui sont le parfait exemple de ce qu'est le vrai « Roman graphique ». Son esthétisme, son partie pris graphique, composé de peintures, de photographies et de cyanotypes en fait une oeuvre éblouissante et inspirante. Son propos, une biographie de Marie et Pierre Curie, est passionnant. Nous suivons ce couple hors du commun, de leur rencontre jusqu'à leur mort. Nous réalisons la grandeur de leurs travaux, de leurs découvertes et comprenons pourquoi encore aujourd'hui, ils sont admirés dans le monde entier. Certes par moment, le texte peut paraître technique, scientifique, mais il reste tout de même abordable. Le fil conducteur de l'oeuvre est de mettre en parallèle deux forces invisibles, la radioactivité et l'amour, cela fonctionne plutôt bien, même si scientifiquement parlant, elles ne sont pas comparables. « Radioactive » est une oeuvre rare, exigeante et profondément humaine qui a été le premier roman graphique sélectionné dans la catégorie non-fiction du National Book Award.
Le rêve d’Arno est de devenir astronaute, mais issu d’une famille sans un sou, les souhaits sont souvent bien plus difficiles à réaliser... « Arno », avant d’être un bel album jeunesse, est une leçon de courage, une leçon de vie. Celle d’aller au bout de ses rêves malgré les obstacles qui peuvent parsemer son chemin. Bien sûr, toutes les histoires sont différentes et n’ont pas la même fin, mais ne dit-on pas qu’il vaut mieux vivre de remords que de regrets ? Ce titre illustre ce propos à merveille car, malgré les difficultés, notre jeune ami garde espoir et fait une rencontre, la rencontre qui change une vie. Je ne parle pas d’âme sœur, mais de ces personnes qui vous tendent la main lorsque vous en avez le plus besoin. De ces personnes qui vous aident un temps et vous laissent prendre votre envol sans rien attendre en retour. Oui « Arno » est un très bel album sur ce que l’humanité a de plus beau à offrir. Ximo Abadia nous offre également de très belles illustrations. Artiste surréaliste espagnol, il excelle dans les compositions, mélanges de couleurs, de collages et de dessins. « Arno », ou « Toto » dans sa version originale, est tout simplement un livre qui fait du bien. - Michaël
Emika est une jeune chasseuse de primes qui, suite à une vie déjà semée d'embûches, doit se débrouiller seule. Son échappatoire ? Warcross, le jeu en réalité virtuelle qui a conquis la planète entière. Mais Emika n'est pas une joueuse comme les autres ; c'est aussi une hackeuse et informaticienne de génie. Le jour où elle pirate plus ou moins par accident le jeu mondialement connu, sa vie lui échappe totalement...
Warcross nous plonge direcement dans le monde des jeux vidéo, à la manière de "Ready Player One". Une fois le livre commencé, il est très difficile de le lâcher et une seule envie nous vient alors : mettre son casque de réalité virtuelle et jouer à Warcross pour suivre Emika dans ses péripéties.
Nolwenn
Adam Strange, super-héros terrien, est connu pour ses exploits sur la planète Rann. Là-bas, il a endossé le rôle de chef de guerre, luttant et vainquant une terrifiante invasion extraterrestre. Son histoire et ses combats, il les raconte dans un livre au succès fulgurant. Cependant, la véracité de ses dires est mise à défaut par un lecteur, lui reprochant l’omission de nombreux massacres d’innocent·es… Quelques heures plus tard, ce même lecteur est retrouvé assassiné.
« Strange adventures » n’est pas un récit de super-héros traditionnel, non, il s’apparente plus à un récit de guerre dont il est difficile de parler sans trop en dévoiler. Cependant, lorsque l’on referme cette œuvre monumentale de 364 pages d’enquête, de rebondissements et d’émotions, nous restons sans voix, épuisé·es par cette lecture exigeante, par la trame implacable qui nous tient et ne nous libère que bien après avoir refermé ce livre. Cette force narrative est l’apanage des auteur·rices états-unien·nes qui jouent avec nos nerfs pour mieux les tordre, mieux nous essorer. « Strange adventures » est une étude, un questionnement sur la guerre, les choix, les actes et leurs conséquences.
Côté illustrations, deux artistes se partagent le travail : l’un pour la partie du récit se déroulant dans le présent, l’autre pour la partie située dans le passé. Cette dualité de style permet aux lecteur·rices de voyager facilement dans le temps, mais aussi d’apprécier en parallèle, le travail de deux artistes de qualité.
« Strange adventures » est un bien plus qu’un récit de super-héros, il est un questionnement sur notre humanité… rien que cela !
« Chaque soir en allant au lit, Mia faisait la même demande : Papa raconte-moi la mer. »
Alors, son père laissait de côté ses tâches quotidiennes pour se lancer dans des récits parlant d’océans. Avec émotion et entrain, il lui faisait découvrir des aventures et des personnages, en mimant les scènes. L’enfant s’endormait la tête remplie de rêves merveilleux. Le papa de Mia travaillait dur pour faire vivre dignement sa famille, mais surtout pour pouvoir offrir une jolie surprise à Mia.
Jaime Gamboa nous emmène dans un voyage autour de la mer, ses profondeurs, ses marins… Elle évoque les souvenirs, la perte d’êtres chers, la transmission, une vie de labeur où chaque chose se mérite. Mais avant tout elle retranscrit la complicité et l’immense amour entre un père et sa fille.
Les illustrations façon peinture se marient parfaitement avec la poésie de l’histoire.
Un album sensible et touchant inspiré de la chanson « Llevarte al mar » de Guillermo Anderson.
Conseils lecture
Emika est une jeune chasseuse de primes qui, suite à une vie déjà semée d'embûches, doit se débrouiller seule. Son échappatoire ? Warcross, le jeu en réalité virtuelle qui a conquis la planète entière. Mais Emika n'est pas une joueuse comme les autres ; c'est aussi une hackeuse et informaticienne de génie. Le jour où elle pirate plus ou moins par accident le jeu mondialement connu, sa vie lui échappe totalement...
Warcross nous plonge direcement dans le monde des jeux vidéo, à la manière de "Ready Player One". Une fois le livre commencé, il est très difficile de le lâcher et une seule envie nous vient alors : mettre son casque de réalité virtuelle et jouer à Warcross pour suivre Emika dans ses péripéties.
Nolwenn
« Corps vivante » est le témoignage sensible et sincère de son autrice : Julie Delporte.
Par ce petit livre, elle nous convie dans son intimité, partage ses joies, mais aussi ses peines, son désarroi.
Elle parle de sa sexualité, de cette société qui enferme et empêche tout épanouissement.
Elle raconte le viol dont elle a été victime, ses rapports avec les hommes, avec les femmes, sa lente déconstruction.
Bien heureusement, elle écrit aussi sur sa reconstruction. Elle évoque des références littéraires, cinématographiques, culturelles dont elle s’est nourrie pour enfin « être ».
« Corps vivante » est un récit intimiste, certes exutoire, mais profondément tourné vers les autres afin d’éveiller et de libérer.
On aborde ce récit par la découverte en plein terrain vague d'une épave de voiture dans laquelle reposent les cadavres d'un homme et de son chien. L'histoire qui s'achève si tristement nous est alors contée à travers le regard de ce chien, arrivé bébé au sein d'une famille heureuse, proche de son maître, unique personne à s'occuper réellement de lui, et content de partir avec cet homme pour un périple en voiture. Ce voyage, le dernier, est ponctué de rencontres, d'accidents, de joies simples et de douleurs brutes.
Outre l'histoire d'amour universelle qui peut lier un homme à son chien, c'est la mort de la société traditionnelle japonaise qui nous est ici contée : une société dans laquelle l'individualisme remplace petit à petit la force des liens familiaux, où le travail de toute une vie n'a plus de valeur et pour laquelle la maladie est devenue motif d'exclusion ; cette société (qui est aussi la nôtre) au cœur de laquelle un homme peut mourir seul, sans aide, sans soins et pour finir sans identité, mais entouré et rassuré par l'amour et la fidélité indéfectibles (par-delà la mort même) de son chien. - Michaël
Vous rappelez-vous d’Humpty Dumpty, l’œuf perché en haut d’un mur dans « Alice au pays des merveilles » de Lewis Carroll ? Eh bien figurez-vous qu’il vient de tomber du mur ! Cet accident n’est pas très grave, mais il va radicalement changer sa vie… A partir de cet étrange postulat de départ, Dan Santat s’empare d’un personnage bien étrange et énigmatique qui est apparu dans une comptine du 16e siècle et immortalisé bien plus tard par Lewis Carrol : Humpty Dumpty. Dans cette version, le côté étrange du personnage a disparu, il est devenu un doux rêveur que son accident va mettre en difficulté, en détresse. Le doute, la peur sont dorénavant son quotidien, il devra faire un temps avec, puis les affronter pour enfin renaître. Ce récit sur la fragilité de l’être est magnifique, certes par moment triste, mais tellement porteur d’espoir qu'il en est en une véritable leçon de vie. Après un accident ou un échec, il est normal de douter, d’ailleurs par moment, ne faut-il pas se perdre pour se retrouver ? Le final est tout simplement magistral, tellement beau que l’émotion submerge n’importe quel·le lecteur·rice. Le récit est magnifié par le travail scénique et pictural de l’artiste, plongée, contre plongée, gros plans, plans d’ensembles, un véritable travail cinématographique qui donne du rythme et de la dramaturgie à l’ensemble. « Après la chute » est un album incontournable, résolument positif, à mettre entre toute les mains… - Michaël
Françoise, la cinquantaine bien passée, est au chômage. Elle peine à trouver un travail, pas formée et surtout trop âgée. Elle est mariée, mais des années de vie commune et un mari un peu trop autocentré ont eu raison de cette passion. Que lui reste-t-il vraiment pour se sentir vivante ? Pas grand chose, pour ne pas dire rien. Alors, lorsque son amie Rose lui propose, pour un temps, de s’occuper d’une parcelle de jardin solidaire, elle ne refuse pas. Loin de savoir ce qui l’attend, elle va découvrir bien plus que du jardinage... « Le jardin de Rose » est une bande dessinée de type « feel good », c’est à dire qu’elle fait du bien par sa thématique et par ce qu’elle dégage : tendresse et émotion. Le récit est comme son personnage principal, calme, posé, mais dont émane une certaine force intérieure qui nous pousse à interroger nos comportements avec l’autre. Un brin mélancolique certes, peut-être contemplatif à sa façon, cette histoire est universelle et saura trouver écho auprès d’un large public. Hervé Duphot nous gratifie également de magnifiques aquarelles aux tons de circonstance. Un très beau titre donc qui réchauffe un temps, mais c’est déjà bien, nos petits cœurs. - Michaël
Quand on a déjà navigué on sait qu'il y a quelque chose d'intime qui se joue sur l'océan, quelque chose d'intime et de vrai, sur la mer on est face à soi, sans faux semblant, on ne triche pas et on ne ment pas. Quand on a déjà navigué on sait que cette sincérité est le prix à payer pour que l’océan nous tolère. On sait que pour lui survivre il ne faut pas le contrarier. On sait que tout est fragile et sensible sur la mer, qu’on marche sur un fil, en équilibre sur la ligne d'horizon.
Tout cela l’héroïne du livre, commandante au long court, le sait. Elle sait que la routine est la condition sine qua none pour se maintenir en osmose avec les éléments. Elle le sait et pourtant elle va ouvrir une brèche dans l’ordinaire et basculer dans un univers parallèle, une parenthèse dont vous sortirez transformés.
Un livre plein de mystère, une écriture délicate et sensible qui vous berce comme le sac et le ressac de l’océan et vous emporte vers une destination inconnue. Un subtil mélange de suspense et de poésie, un roman indispensable.
Pour les amoureux·ses de l’océan et de sa petite musique, je vous conseille aussi « Novecento : pianiste » d’Alessandro Barrico, également disponible à la médiathèque.
Aujourd’hui, la médecine est une science au service du vivant, mais avant d’être guérisseuse, elle était néfaste. Aux États-Unis, au 19ème siècle, elle était appelée la médecine « héroïque » parce qu’il fallait beaucoup de courage pour supporter les traitements de l’époque, souvent bien pires que les maladies ou les accidents eux-mêmes : saignées, purges au calomel (considéré de nos jours comme du poison), morphine... Stéphane Piatzszek et Benoît Blary nous embarquent dans un voyage à travers le temps en pleine guerre de Sécession durant laquelle un homme, le médecin Andrew Taylor Still, las des morts qui l’entourent, décide de tourner le dos à cette médecine traditionnelle qui ne sauve pas et surtout n’évolue pas. Il va, par différentes rencontres et en étudiant inlassablement l’anatomie humaine, mettre au point une pratique de manipulation du corps permettant le rétablissement des flux internes et des postures. Il crée ce qu’il appellera plus tard l’ostéopathie. Le récit, souffrant peut-être d’un manque de rythme, est néanmoins riche d’informations. Nous apprenons beaucoup sur l’époque, la dureté de la vie et de ces médecins souvent plus charlatans que compétents. L’humanité est également mise à mal dans ce titre où ignorance et intolérance sont des maux bien difficiles à éradiquer et constituent malheureusement un socle à notre condition. Fort heureusement, il y aura toujours des femmes et des hommes pour faire avancer, progresser la société, mais à quel prix... Une bande dessinée documentaire dense et instructive à mettre entre toutes les mains. - Michaël
Au tribunal de Bobigny Pauline attend le jugement, elle n’a pas commis de crime, elle espère juste pouvoir reprendre le prénom que lui ont donné ses parents à sa naissance en URSS : « Polina », avant que celui-ci ne soit francisé. Simple formalité pense-t-elle ! Pas tout à fait, car pour certains renier le prénom que vous a octroyé la république, c’est un peu la trahir, cracher dans la soupe. Comme si, venant d’ailleurs, on ne devenait jamais un citoyen à part entière, comme si on devait être toujours redevable, faire ses preuves. Comme si on devait choisir un pays, plutôt qu’un autre, comme si on vous demandait avec le plus grand sérieux : « tu préfères ton père où ta mère ? ».
Alors, pour répondre à cette absurdité, Polina remonte le fil de sa vie et aussi le fil des mots, de sa langue maternelle à sa langue d’adoption, de l’URSS à la France, elle tisse un drapeau imaginaire, celui d’une identité double et à la fois unique. Elle fait son autoportrait, toile tendue au-delà des frontières, preuve vivante que l’on peut exister au-delà des nations, multiple et riche de ses différences.
On suit le parcours de son intégration à travers son apprentissage d’un nouveau langage. Puis le combat de sa mère, pour que ses enfants n’oublient pas le russe, pour qu’une langue ne remplace pas l’autre. Car conserver sa langue maternelle, c’est aussi resté fier de ses racines, respecter l’héritage de ses aïeuls et leur montrer qu’on les aime.
Un texte d’une grande tendresse, à la fois subtil et drôle qui parle merveilleusement de l’immigration et de l’identité à travers la symbolique du langage.
Un premier roman particulièrement maîtrisé. Mon coup de cœur de la rentrée littéraire.
Dans la clairière d'un bois, une souris rencontre un écureuil : « Je fais les plus belles crottes du monde ! » lui dit-elle. Et pour prouver ses dires, elle dépose une petite crotte sur un brin d'herbe. L'écureuil n'est pas de cet avis : c'est lui qui fait les plus belles crottes du monde. C'est alors que la belette, le putois, le renard, le loup, et même le cerf se mêlent à ce concours de la plus belle crotte ! Soudain, l'épervier fend les airs : « Le chasseur arrive ! » Mais ce dernier met sans faire exprès le pied dans la crotte de souris, glisse, tombe le genou dans la crotte de renard, et ainsi de suite... finalement, c'est bien lui la plus belle crotte du monde ! Ce bel album à la couverture brillante de Marie Pavlenko et Camille Garoche trouve son originalité dans le thème abordé. En effet, le concours de crotte est l'occasion de montrer une typologie des crottes des animaux : les descriptions, sans tomber dans l'extrême, sont détaillées et pédagogiques. Marie Pavlenko, sous couvert d'humour et d'un sujet qui peut prêter à sourire, voit là l'occasion de passer un message pour la défense de la cause animale.
Camille Garoche nous propose des illustrations colorées et documentées que ce soit sur la forme des différentes crottes, ou sur les animaux qui les produisent. La forêt qui prend forme sous son pinceau est accueillante, remplie de biodiversité, et tranche avec les pages dédiées au chasseur, colorées du rouge de la violence. Un album léger et didactique sur un sujet ô combien important pour les jeunes enfants, et qui ravira également les parents par sa chute et son message écologique. - Nolwenn
Au 18e siècle, un homme déambule dans la ville qui ne s’appelle pas encore Tokyo, mais Edo, afin d’en faire la cartographie. A pas mesurés, il arpente les rues et se laisse émerveiller par les splendeurs de la nature, adoptant tour à tour le regard de la tortue, de l’oiseau ou du chat. Se laisse aussi séduire par la mélodie des haikus d’Issa, citant Bashô ou créant ses propres vers. On pense évidemment à L’Homme qui marche ou au Gourmet solitaire en lisant Furari. On y retrouve les mêmes errances contemplatives du héros, les mêmes plaisirs, la même trame. Pas de surprise dans cette lecture. Pour autant, en ces temps si particuliers, si anxiogènes, c’est un vrai plaisir de retrouver Jiro Taniguchi, de se balader tranquillement, sereinement et de s’extasier avec lui devant o-hanami, les cerisiers en fleur. Du grand air, de la douceur, de la poésie, de la liberté… une lecture apaisante qui fait l’effet d’une grande bouffée d’air frais printanier. Et ça fait du bien, tout simplement. - Aurélie
C’est l’histoire d’un homme et d’une femme. Tous deux connaissent des troubles de la personnalité et sont de ce fait de tristes marginaux. Le destin va les réunir, leur redonner goût à la vie, mais d’une façon bien déroutante... Étrange et originale, « Les petites distances » est une comédie romantique teintée d’un brin de fantastique. Nous suivons les personnages dans leur quotidien jusqu’au moment où l’inexplicable surgit. Et de là, l’histoire se démarque et nous entraîne dans un monde sans logique, mais captivant. L’illustratrice Camille Benyamina traite le sujet avec finesse et délicatesse. Grâce à l’aquarelle, elle déploie des tons doux et légers, voir transparents... Un très beau titre à lire le soir pour faire de doux rêves. - Michaël
Les renardeaux s’amusent dans la neige sous l’œil protecteur de leur maman. Mais soudain, ils ont disparu ! Elle s’inquiète, les cherche… Et en retrouve un, puis deux, puis trois... Amandine Momenceau nous propose de passer un moment rempli de tendresse avec son album habilement illustré. L’illustration en elle-même est réalisée en papier découpé, dans des tons pastels et crème, qui retranscrivent bien l’épais et moelleux manteau de neige dans lequel évolue la petite famille renard. Les animaux sont expressifs, vivants, sautillant joyeusement. Mais un deuxième niveau de découpe vient se rajouter, dans les pages elles-mêmes, apportant jeu de "cherche et trouve" et suspense tout au long du récit. Cette autrice nantaise nous donne à lire un album enveloppant, rassurant, idéal pour passer un moment de douceur avec les petits.
Emika est une jeune chasseuse de primes qui, suite à une vie déjà semée d'embûches, doit se débrouiller seule. Son échappatoire ? Warcross, le jeu en réalité virtuelle qui a conquis la planète entière. Mais Emika n'est pas une joueuse comme les autres ; c'est aussi une hackeuse et informaticienne de génie. Le jour où elle pirate plus ou moins par accident le jeu mondialement connu, sa vie lui échappe totalement...
Warcross nous plonge direcement dans le monde des jeux vidéo, à la manière de "Ready Player One". Une fois le livre commencé, il est très difficile de le lâcher et une seule envie nous vient alors : mettre son casque de réalité virtuelle et jouer à Warcross pour suivre Emika dans ses péripéties.
Nolwenn
Des camions et des caravanes arrivent dans un pré puis les forains installent leurs attractions à la lisière d’une forêt. Le jour, la fête foraine bat son plein ; puis la nuit tombe, le gardien fait une dernière ronde et le lieu se vide en attendant de recommencer le lendemain. Vraiment ? Non… car les animaux qui observent depuis leur forêt sont bien décidés à profiter eux aussi de ce lieu féérique, plein de sensations fortes et de sucreries à déguster ! "La nuit de la fête foraine" est un album qui donne à voir avec délice, un univers magique, une bulle ou le temps n’est dédié qu’à l’amusement. Sans texte, l’illustration de Mariachiara Di Giorgio réussit à parler à tous nos sens : on entend la musique des manèges se mélanger les unes aux autres, on sent le goût de la barbe à papa fondre dans la bouche. On se plonge sans retenue dans ce monde sucré et doux, aux lumières étincelantes et aux couleurs éclatantes. Les ours, sangliers, biches et autres loups sont représentés avec décalage et beaucoup d’humour dans des attractions peu adaptées à leurs morphologie, mais peu leur importe. Leurs regards sont si expressifs qu’on retrouve le plaisir d’être là et la joie dans leurs yeux. Un coup de nostalgie assuré pour les grands enfants que sont les adultes et d’émerveillement pour les plus jeunes qui assurément, auront hâte de retrouver leur fête foraine dès que celles-ci rouvriront leurs portes.