Conseils lecture
Marco est un renard qui se pose plein de questions sur le vaste monde. Pourquoi les arbres de parlent pas ? Où va le soleil lorsqu’il disparaît dans l’océan ? Mais lorsqu’il pose la question à ses camarades renard, ceux-ci lui répondent : « mais quel est le rapport avec la blanquette de poulet que nous sommes en train de cuisiner ? »
En quête de réponses, et de sens à sa vie, Marco le renard s’embarque pour un voyage presque sans retour à bord du bateau-cerf. Pour compagnons, il aura un équipage drôlement constitué : des cerfs et des biches qui ne savent pas naviguer, des pigeons qui ont soif d’aventure mais ne savent pas travailler… que va trouver Marco au bout de son aventure ?
A travers cet album, Dashka Slater nous embarque dans une histoire erratique, qui balance le lecteur au gré des questionnements de Marco le renard et des aventures qu’il vit à bord du bateau-cerf. Le récit fait la part belle à l’amitié qui se noue entre les protagonistes : comment faire pour trouver un ami ? se demande Marco. L’histoire lui réponds de plusieurs manières : autour d’un repas, d’une aventure en commun, ou tout simplement en lui posant des questions…
Les illustrations des frères Fan nous rappellent une époque pas tout à fait révolue de la littérature jeunesse : celle d’un dessin assez réaliste, friande d’anthropomorphisme, fourmillant de détails. Les couleurs assez sombres, dans les tons gris / marron, donnent une ambiance mélancolique à l’histoire.
Nos trois auteurs nous offrent un album surprenant, onirique et philosophique, laissant de nombreuses questions ouvertes ; A charge au lecteur, petit ou grand, d’y apporter les réponses qu’il veut.
Il est rare qu’en bibliothèque on vous parle de plaisir. Il y a bien sûr le le plaisir de la lecture, du partage, de la découverte et c’est déjà bien. Pourtant il est un plaisir un peu plus tabou, sujet de certains livres, qui est tu. C’est dommage quand même... il est plus facile de parler de choses horribles comme de crimes, de guerres et ou encore d’ignominies de toutes sortes, que de choses qui font du bien, de sexualité, pour ne pas dire le mot « SEXE » ! Pourtant, depuis quelques années les livres sur le sujet se multiplient, se diversifient et apportent bon nombre de conseils pour un plein épanouissement. « Jouissance Club » est sans nul doute devenu une référence en la matière. Sa force est de s’adresser aux femmes comme aux hommes et d’aborder l’art du plaisir sexuel dans la plus grande des simplicités. Les femmes comme les hommes apprendront à se donner ou à donner du plaisir, et donc seul·e ou avec partenaire. Grâce à des illustrations épurées, Jüne Plã, artiste aux multiples talents et connue pour son compte Instagram « Jouissance Club », explique efficacement différentes pratiques, techniques sexuelles. Cependant, limiter cet ouvrage à un simple manuel d’éducation sexuelle serait dommage, car c'est un vrai travail de déconstruction des stéréotypes, des idées reçues et des clichés. Jüne Plã ne parle pas d’une, mais des sexualités, car elle est différente selon chacun·e : asexuelle, hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle, pansexuelle, mais toujours et le plus important, dans le respect mutuel. « Jouissance Club » est un livre important, fondateur, qu’il serait dommage de dédaigner. - Michaël
Simon est psychanalyste depuis de nombreuses années. Un matin, au petit-déjeuner, il casse un bol. Cet acte en apparence anodin va être le déclencheur d’une remise en question profonde.
Simon écoute les problèmes des autres sans jamais penser aux siens. Bientôt, il prend conscience que le fil des maux de ses patients tisse une chrysalide, certes protectrice, mais qui l’empêche de se déployer.
L’idée d’un voyage se projette à l'horizon et Simon rejoint les rivages d'une île aux confins de la planète.
Immergé dans une nouvelle culture où tout est simplicité, grâce et délicatesse, il redécouvre l'essentiel. Un univers propice à l’introspection, ce qui lui permettra, peut-être, de s’ouvrir au monde.
Le rythme de ce livre vous emporte tendrement, les mots et les phrases de Jeanne Benameur tressent une étoffe chatoyante qui vous enveloppe et vous berce. Un très beau texte, où l'amitié, l'amour, l'art et la psychanalyse s'entremêlent harmonieusement.
« Chaque soir en allant au lit, Mia faisait la même demande : Papa raconte-moi la mer. »
Alors, son père laissait de côté ses tâches quotidiennes pour se lancer dans des récits parlant d’océans. Avec émotion et entrain, il lui faisait découvrir des aventures et des personnages, en mimant les scènes. L’enfant s’endormait la tête remplie de rêves merveilleux. Le papa de Mia travaillait dur pour faire vivre dignement sa famille, mais surtout pour pouvoir offrir une jolie surprise à Mia.
Jaime Gamboa nous emmène dans un voyage autour de la mer, ses profondeurs, ses marins… Elle évoque les souvenirs, la perte d’êtres chers, la transmission, une vie de labeur où chaque chose se mérite. Mais avant tout elle retranscrit la complicité et l’immense amour entre un père et sa fille.
Les illustrations façon peinture se marient parfaitement avec la poésie de l’histoire.
Un album sensible et touchant inspiré de la chanson « Llevarte al mar » de Guillermo Anderson.
En pleine Seconde Guerre mondiale, Jérôme est porté déserteur par l’armée canadienne. Le jeune homme se cache en fait chez son grand-père, au milieu de la forêt. Le vieil homme bourru et cette maison au passé inquiétant vont transformer notre héros et peut-être l’emmener vers l’âge adulte. Petite perle québécoise, l’album « Jours d’attente » possède de nombreux atouts pour être l’un des titres phares de 2019. Le scénario est irréprochable, oscillant entre présent et passé, mélangeant plusieurs vies, plusieurs histoires sans nous perdre une seule minute. Un brin mélancolique, le récit nous plonge dans les affres de la Seconde Guerre mondiale, certes l’action se situe loin du champ de bataille, mais le spectre du conflit est omniprésent. La trame ne s’arrête pas là, un travail d’écriture important a été réalisé sur la psychologie des personnages. Les notions de culpabilité, de deuil, de liberté et de solitude sont abordées simplement et s’imbriquent parfaitement pour rendre l’histoire passionnante de bout en bout. L’illustrateur Simon Leclerc n’est pas en reste puisqu’il réalise une copie graphique irréprochable. Il combine à merveille un trait à l’encre noir plus ou moins fin, rehaussé par une mise en couleur originale, dont les essences d’ocre influent sur l’ambiance mélancolique de ce roman graphique. Il utilise également différentes brosses afin de donner du volume, du relief à ses magnifiques peintures numériques. Une première œuvre réussie pour ce duo d’artistes, qui espérons-le, continuera à nous éblouir. - Michaël
Svitlana et Dmyrto forment un couple d’étoiles, amoureux à la ville comme à la scène. Le 23 février 2022 au soir, ils dansent Le Lac des cygnes avec le ballet de Kiev. Le lendemain, l’Opéra national, comme toute l’Ukraine, est happé par la guerre.
Dès lors, le couple s’investit dans le combat pour défendre leur patrie, leurs valeurs, mais aussi leur culture. L’art, et surtout la danse, seront leurs armes de résistance, notamment pour Svitlana, alors que Dmyrto partira au front.
Malgré certaines rivalités au sein du corps de ballet en temps de paix, c’est la solidarité qui rejaillira face à l’adversité.
Stéphanie Pérez s’inspire de la véritable troupe du ballet de Kiev qui, en signe de résistance, fit une tournée européenne au début de la guerre. Ayant passé deux ans au cœur du conflit en tant que grande reporter, elle nous entraîne au plus près du réel, nous faisant ressentir la peur, la mort omniprésente, les alertes, et le besoin de sauver sa peau.
Que faire quand soudain la guerre éclate ? Quitter son pays, s'engager pour lutter contre l'ennemi, attendre la mort ? Ce sont ces interrogations poignantes auxquelles l’autrice nous invite à réfléchir.
Un récit bouleversant, qui nous permet de mettre des noms et des visages sur ce peuple ukrainien si proche, et à la fois si lointain.
Bédéiste depuis déjà une vingtaine d’années, Anouk Ricard officie dans un registre classique, mais ô combien difficile, celui de l’humour. Cependant, contrairement à beaucoup de ses collègues, elle écrit ses récits avec un humour dénoué de méchanceté et/ou de moqueries, jouant plutôt sur les situations et autres quiproquos… Cela fait donc de chaque album une œuvre à partager en famille, grâce à différents niveaux de lecture. Ce titre en est la parfaite illustration : « Animan », de son vrai nom Francis, a le pouvoir de se transformer en n’importe quel animal ! Un super pouvoir qui l’aide à résoudre des enquêtes, mais il s’en sert aussi dans sa vie de tous les jours. Il vit en couple avec une grenouille qui un jour se fait kidnapper par son ennemi juré, le terrible Objecto…
Un récit drôle et plein de suspense, constitué de récits courts, entrecoupés de peintures et formant au final une histoire complète : un subtil « n’importe quoi », entre humour, polar, superhéros et chronique familiale…
Absolument indéfinissable, bourré de charme et hilarant !
A Attrape-Flèche petite ville du Mississippi, tout le monde est au mieux un peu original, au pire bien cintré. Hydro, jeune homme simplet, tient son surnom de la taille démesurée de sa tête, orphelin de mère, il a pour meilleur ami Louis, enfant au physique porcin délaissé par ses parents.
Sa mère alcoolique invétérée, trompe son mari avec le Kid petit homme à la beauté ravageuse, roi de la gâchette et lui-même abandonné à la naissance. Quant à Léonard, un autre personnage, il soigne sa solitude dans les bras des routiers de passage à la station service du village. Rien de bien reluisant dans le Bayou, on se croirait à Roubaix, jusqu’au jour où deux tueurs décident de braquer la supérette du coin. Cet élément déclencheur, va comme un jeu de domino, révéler en chacun une dose d’amour et de bienveillance à laquelle jamais on ne se serait attendu. Ceux que l’on prenait pour des fous, s’avèrent être des personnes capables d’une grande tolérance et l’on se prête à rêver d’un monde sans jugement où les différences de chacun·e cohabitent en bonne intelligence.
Ce très bel ouvrage, drôle et tendre, barré et original à souhait, nous aide merveilleusement à faire le deuil de nos préjugés. Une occasion de souligner le magnifique travail de la maison d’édition Monsieur Toussaint Louverture qui redonne vie en langue française à des romans américains inédits.
et si on en parlait en BD
Le droit à la fin de vie
Depuis de nombreuses années déjà, les débats autour du droit à l'euthanasie et au suicide assisté sont présents dans notre société, mais ces pratiques restent illégales en France.
La loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie (dite loi « Léonetti ») affirme, sous certaines conditions, un droit au « laisser mourir » sans souffrance évitable et dans le respect de la dignité du patient. Cependant, pour beaucoup, cela ne suffit pas et iels souhaitent une nouvelle loi légalisant 'l'aide active à mourir'. Le débat reste donc ouvert...
Nous vous proposons de découvrir trois bandes dessinées ayant pour sujet le droit à la fin de vie choisie. Elles donnent matière à penser par leurs récits fictifs ou inspirés de faits réels, à comprendre ce sujet de grande importance. Des récits tendres, émouvants, et paradoxalement emplis d'espoir comme jamais.
En toute conscience
de Livio Bernado et Olivier Peyon
Éd. Delcourt
La dame blanche
De Quentin Zuttion
Éd. Le Lombard
Mes mauvaises filles
De Zelba
Éd. Futuropolis
Vous rappelez-vous d’Humpty Dumpty, l’œuf perché en haut d’un mur dans « Alice au pays des merveilles » de Lewis Carroll ? Eh bien figurez-vous qu’il vient de tomber du mur ! Cet accident n’est pas très grave, mais il va radicalement changer sa vie… A partir de cet étrange postulat de départ, Dan Santat s’empare d’un personnage bien étrange et énigmatique qui est apparu dans une comptine du 16e siècle et immortalisé bien plus tard par Lewis Carrol : Humpty Dumpty. Dans cette version, le côté étrange du personnage a disparu, il est devenu un doux rêveur que son accident va mettre en difficulté, en détresse. Le doute, la peur sont dorénavant son quotidien, il devra faire un temps avec, puis les affronter pour enfin renaître. Ce récit sur la fragilité de l’être est magnifique, certes par moment triste, mais tellement porteur d’espoir qu'il en est en une véritable leçon de vie. Après un accident ou un échec, il est normal de douter, d’ailleurs par moment, ne faut-il pas se perdre pour se retrouver ? Le final est tout simplement magistral, tellement beau que l’émotion submerge n’importe quel·le lecteur·rice. Le récit est magnifié par le travail scénique et pictural de l’artiste, plongée, contre plongée, gros plans, plans d’ensembles, un véritable travail cinématographique qui donne du rythme et de la dramaturgie à l’ensemble. « Après la chute » est un album incontournable, résolument positif, à mettre entre toute les mains… - Michaël
Le canapé de Panda et Pingouin est vraiment trop vieux. Ils décident donc d’aller au magasin afin d’en acheter un nouveau. Parmi la multitude de modèles proposés, le choix s’avère bien compliqué… Nos deux amis arriveront-ils à trouver la perle rare ?
À travers des illustrations « simples », crayonnées aux pastels, cet album évoque la surconsommation de notre société, ainsi que la relation d’attachement aux objets qui nous sont chers.
Comme le dit si bien Fifi Kuo « Les choses que l’on possède déjà peuvent parfois être les plus parfaites ! »
La bande dessinée, riche en récits originaux, permet également, par le biais de l'adaptation, de faire découvrir des récits issus d'autres médias. "Le quatrième mur" est à la base un roman de Sorj Chalandon, que personnellement je n'aurais, je pense, jamais lu. Dommage, je serais passé à côté d'une oeuvre incroyable, ode héroïque célébrant tout à la fois la fraternité, le courage d'une jeune femme, l'art et la liberté. - Michaël