Conseils lecture
Ohhhhh yoooo yooo... enfin à peu près ça ! Aah Tarzan, héros qui a bercé ma jeunesse, grâce notamment aux films de Johnny Weissmuller (12 films entre 1932 et 1948) et chaque semaine en bande dessinée dans le magazine télé. Tarzan, 26 volumes sortis entre 1912 et 1995 adaptés en bande dessinée, au cinéma et à la télévision. Ces médias consacreront le mythe et feront connaître ce personnage au monde entier. Oui mais voilà, que connaissons-nous vraiment de Tarzan, si ce n'est ces adaptations librement inspirées ?... Tarzan, seigneur de la jungle est le roman qui a vu naître "Peau blanche" (=Tarzan en langage gorille) et diffère quelque peu des œuvres précédemment citées. Edgar Rice Burroughs nous livre un récit plus noir, plus violent, en conformité, même si cela reste de l'imaginaire, avec le monde hostile de la jungle. Tuer pour ne pas être tué, voilà ce qui pourrait être la devise de l'homme singe. Mais ne croyez surtout pas que le récit est dénué de tout humanisme ou de morale, non il est aussi une critique de l'époque, de ces années de colonisation ou l'homme blanc a ravagé, pour de sombres ambitions d’expansions économiques et financières, tout un continent. Ces maux, pêchés de l'homme civilisé, Tarzan en fera les frais inexorablement. Il est une loi, bien plus forte que celle de la jungle, bien plus forte que le Seigneur de la jungle : le profit. Bien sûr on ne peut parler de Tarzan sans évoquer la belle Jane, qui offre au récit des passages d'un grand romantisme (un peu désuet) mais qu'on lit avec plaisir. Et Cheetah alors... suspense, je vous laisse le plaisir de découvrir ce grand roman d'aventure qui n'a de cesse d'inspirer encore aujourd'hui, une multitude d'artistes. - Michaël
Elles sont quarante. Quarante femmes enfermées dans une cave depuis des années, leurs moindres gestes surveillés. Aucune d'elles ne sait pourquoi, et la plus jeune, la narratrice, ne se rappelle pas du monde d'avant l'enfermement. Leur monde, c'est cette cave, et aussi les souvenirs de plus en plus flous qu'elles transmettent à "la petite." Contrairement aux autres, elle ne se résigne pas, elle veut vivre, apprendre, grandir.
Avant toute chose, je vous conseille de ne pas lire le résumé au dos du livre, qui en dit bien trop sur le devenir de ces personnages et vous gâcherait la lecture de ce roman…
Cette lecture est une véritable expérience. On est plongé dans une ambiance sans égale - sombre, froide, teintée de désespoir. On n'en sait jamais plus que la narratrice, plongée dans des questionnements auxquels elle n'aura jamais de réponse.
Et pourtant, dans cet univers glaçant, "La petite" nous tire vers le haut, avec une force et une curiosité indestructibles. Elle qui n'a jamais connu la vie d'avant, l'amour, la famille, jamais connu les hommes… Elle porte un regard nouveau sur la société que l'on connaît, sur la vie et sur la mort.
Un récit court, mais puissant, bouleversant, inoubliable.
Il y a petit pingouin et petit ours blanc, ils sont amis. Ils pourraient vivre un vie pleine d’insouciance s’il n’y avait pas ce terrible drame qui les préoccupe : la banquise fond et personne ne sait comment la sauver, à part peut-être… « Plic ploc banquise » est un album singulier. L’auteure Claire Garralon, avec son style graphique si particulier, épuré, voire par moment minimaliste, traite efficacement d’un sujet d’actualité. Avec simplicité, mais aussi avec beaucoup de subtilité, elle réussit à faire passer un message clair et limpide. Sans être moralisatrice, elle attise l’intérêt de l’enfant à la faune polaire et le sensibilise à la préservation de cet écosystème en danger. Grâce à un cliffhanger de toute beauté, elle laisse l’adulte pantois et devant ses responsabilités. Un album qui interroge, et en cela, remarquable ! - Michaël
Le lieutenant Yamada n’est plus vraiment l’homme qu’il était. Après la mort accidentelle de sa fille et le départ de sa femme, il est devenu un personnage bien terne, mais comment lui en vouloir ?! Après une descente dans une maison close maquillée en salon de massage, il rencontre Shiori, une lycéenne fugueuse qui lui rappelle sa propre fille. Cette rencontre va le bouleverser et il n’aura de cesse dès lors de venir en aide à cette jeune désemparée... Keigo Shinzo, par le biais de la fiction, nous dépeint un pan peu reluisant de la société japonaise : celui de la prostitution estudiantine. Ces jeunes filles, fugueuses et/ou sans un sou, pour survivre ou continuer leurs études, sont abusées par des hommes peu scrupuleux. Problème social alarmant, le « JK business » (JK pour Joshi Kosei qui se traduit par lycéennes japonaises) attire malheureusement beaucoup de filles qui, dans l’idée de se faire beaucoup d’argent en peu de temps, tombent rapidement dans la prostitution, aux griffes de la mafia et mettent leur vie en danger. L’auteur alimente également le récit par un autre élément dramatique, celui du deuil et de l’absence. Chaque personnage incarne une forme de désespoir, d’appel au secours, qui, s’il est crié par l’un·e est entendu·e par l’autre. On ne tombe pas dans le misérabilisme, certainement pas, mais plutôt dans une forme d’espoir en la nature humaine. Car, ce qui ressort le plus, à la lecture de cette bande dessinée, c’est avant tout la bonté et l’amour. Les illustrations, en noir et blanc, sont classiques, mais l’auteur nous gratifie par moment de gros plans extrêmement expressifs des visages de nos personnages, changeant ainsi le rythme de l’histoire et accentuant aussi son aspect dramatique. « Mauvaise herbe » est un titre sociétal à l’aspect rude, mais profondément humain. - Michaël
Roman... Bande dessinée... Livre illustré... Thornhill est un titre difficile à classer, tant il revêt différentes formes. Peut-être pourrions-nous simplement le qualifier, pour le coup, de véritable roman graphique, tant il correspond à cette description ! Ce titre nous plonge dans le quotidien d’Ella, une jeune fille ordinaire dont la curiosité l’amène à observer depuis sa chambre l’étrange manoir voisin au doux nom de Thornhill. Abandonnée depuis des années, cette demeure était un orphelinat ou s’est joué un terrible drame. Depuis, réputée maudite, elle est laissée à l’abandon, mais entre ses murs une présence intrigue et attire Ella plus que de raison. Inquiétant et mystérieux, le récit se lit d’une traite. Il tient en haleine de bout en bout et nous gratifie d’une fin non conventionnelle. Il oscille entre deux époques, mais surtout deux formats narratifs. Textes et illustrations se croisent, se complètent, racontent le passé pour l’un, le présent pour l’autre et créent par cette danse, une atmosphère où la tension va crescendo. Derrière l’ambiance nappée d’étrangeté et de fantastique, se cache en réalité un récit âpre et fort en émotion. Une œuvre marquante et originale à découvrir. - Michaël
Nous sommes en 2042. Des catastrophes naturelles ont eu lieu et les autorités sont passées à une transition écologique radicale. A travers la vie de Lisa, on découvre la vie quotidienne régie par les nouvelles technologies : drônes absolument partout qui contrôlent les moindres faits et gestes. En parallèle, le journal intime de la mère qui ne s’est jamais remise d’un amour perdu d’adolescence .Lisa cherche ce qui se cache derrière la mélancolie de sa mère qui n’a jamais su l’aimer. Ce roman d’anticipation dénonce les systèmes totalitaires et les états policiers. Ce n’est pas sans rappeler le Big brother de 1984 mais quand le roman d’Orwell est paru en 1949 c’était de la science-fiction alors qu’à la lecture de La mer monte, au ton, malgré tout humoristique, on prend conscience qu’on est déjà propulsé dans ce monde connecté
A lire absolument - Catherine
Le 17 mars 2020, en pleine crise du COVID-19, le président de la République annonce pour des raisons sanitaires le confinement du peuple français, et cela pour une durée encore indéterminée. Pour José, Caro et leurs enfants va commencer une nouvelle expérience de vie, ou comment passer ensemble 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sans perdre la tête.
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Fortu, comme à son habitude, nous livre un témoignage très personnel sur son vécu de cet isolement. Bien évidemment, l’humour est le moteur de cette œuvre, mais sous des aspects « blaguaire », il pousse à la réflexion et nous interroge sur notre société et nos modes de consommation. Il nous met devant nos contradictions sans s’exclure lui même de l’équation. « Journal d’un confiné » est un titre humoristique qui peut être lu par tous. 55 gags réalisés en temps réel, une véritable performance d’auteur qui est à signaler. L’Espace COOLturel est heureux de vous faire découvrir ce titre en exclusivité. Nul doute qu’il sera au-delà, une œuvre de référence.
Sacha et Charlie sont frères, ils ne s’entendent pas très bien. Enfin, c’est surtout Sacha qui ne supporte pas la présence de son petit frère et lui fait bien savoir. Un accident va les séparer, tous deux vont se retrouver dans un monde étrange, peuplé de monstres, et où leur survie ne dépendra que d’une seule chose : le pardon...
A regarder cet ouvrage et principalement les illustrations, nous pourrions facilement penser qu’il s’agit d’un titre destiné à un jeune lectorat. Détrompez-vous : même si le duo d’auteurs a déjà œuvré avec brio pour la littérature jeunesse, ce titre est destiné à tous les publics. L’intrigue est extrêmement bien ficelée, jouant sur deux narrations : on suit l’errance de Sacha puis celle de Charlie, à tour de rôle. L’ambiance est inquiétante voir pesante, tant on sent que quelque chose de plus profond est sous-jacent. Chaque récit se lie à l’autre, chaque action influe sur la destinée de l’un pour au final, les réunir. Une fin qui nous fait sortir de l’imaginaire pour nous renvoyer la réalité en pleine face. Une fin qui aborde un thème difficile et nous propose, non pas une solution ou une réponse, mais une voie à suivre. Alors lorsque l’on regarde à nouveau les magnifiques aquarelles d’Anne Montel, on se dit que les auteurs ont sciemment proposé ce style juvénile pour lier le monde des adultes à celui des enfants afin de faire lecture commune et ainsi permettre le partage, le débat. Un récit maîtrisé de bout en bout qui ne vous laissera pas insensible par son rythme, ses illustrations et sa thématique. - Michaël
Selon sa tante, Miyo est une bonne à rien, pourtant elle va réussir à décrocher un emploi dans la boutique de M. Momotoshi, un marchand excentrique spécialisé dans l’importation de toutes sortes de babioles. Une nouvelle vie commence donc pour la jeune orpheline qui va devoir apprendre de nouveaux codes de conduite mais également mettre à profit son talent de divination...
Que voici un manga fort sympathique qui devrait trouver un plus large public que celui habitué au genre. Nous sommes sur un récit de type « seinen », destiné aux adultes, mais qui présentement peut être lu par un plus jeune public tant l’histoire est délicate et délicieuse. Nous suivons donc Miyo, tendre et attendrissante avec ses côtés un peu gauche et sa timidité propres aux personnes ayant été dévalorisées dans leur enfance. Même si cela ne constitue pas la trame principale, on devine que Miyo va s’épanouir en trouvant écoute et stimulation auprès de cet étrange M. Momotoshi. Cette intrigue, qui sera le fil conducteur de cette œuvre en 6 volumes, est distillée dans les nombreuses histoires que nous proposent le manga. Les différents chapitres proposent à chaque fois la découverte d’un objet occidental de la fin du 19e siècle et une fiche explicative de son fonctionnement. Loin d’avoir livré tous ses secrets dans ce premier volume, nous attendons avec impatience d’en savoir plus sur le don de divination de Miyo, qui devrait par la suite se montrer d’une extrême importance…
En vidant les poches d'Alice, qu'est-ce que vous y trouverez ? une clé ? une tasse de thé ? et celle du petit chaperon rouge, assurément une belle galette et quelques fleurs cueillies au bord d'un chemin...
C'est en vidant les poches de son petit garçon, un soir, et en s'imaginant sa journée, qu'Isabelle Simler s'est demandé ce qu'on trouverait dans celles de nos personnages préférés... Grâce à une illustration bien maîtrisée, et une imagination débordante, cet album nous fait (re)découvrir les contes... à sa façon !
Nolwenn
Petit Ours rêve de manger une bonne prune bien mûre, mais pour cela, il doit prendre des risques : grimper à l’arbre, se glisser sur la branche, étendre son bras… et peut-être tomber et se faire mal. Cependant, comme le dit si bien sa maman : « Parfois, on tombe, ça arrive et ce n’est pas grave. »
Parfois, on tombe est un très bel album, d’une incroyable douceur et d’une très grande profondeur.
Tout ici est réussi. Le texte, simple, court, dont les mots résonnent telle une mélodie, est à la fois sensible et réconfortant. Il exprime l’importance d’oser, d’essayer et, parfois, de trébucher pour mieux grandir et s’épanouir.
Les illustrations de Kate Gardiner sont magnifiques, très expressives, les ours sont de véritables peluches. Les couleurs qu’elle utilise, un camaïeu principalement composé de tons chauds, notamment des teintes de jaune, d'ocre et de brun, diffusent une ambiance automnale dont l'ensemble crée une palette de couleurs harmonieuse et apaisante, reflétant ainsi la douceur des scènes illustrées.
Parfois, on tombe est un très bel album à lire absolument aux enfants pour leur donner beaucoup de courage.
Il était une fois Lou, jeune homme gringalet, parti en quête de la princesse Ronces. Après une première rencontre pleine de promesses, les deux jeunes gens s’étaient engagés à se retrouver, mais l’hiver et la forêt ont effacé toute trace de la princesse. Ronces connaît parfaitement les bois et ses habitants, parmi lesquels elle a grandi et règne. Aussi, pour retrouver sa dulcinée, Lou s’adjoint l’aide de la fée Margot. Cette dernière lui conte l’histoire de la princesse, convoitée par son père, le roi Lucane, et forcée à se cacher pour lui échapper. Vous aurez reconnu dans cette dernière phrase la trame de « Peau d’âne ». Et pourtant, c’est du côté de Grimm (et non de Perrault) que Stéphane Fert a puisé son inspiration : la princesse est futée, indépendante, forte, et se débrouille (elle) sans l’aide d’une fée… L’auteur livre ici sa version, féministe et terriblement sensuelle, du conte de notre enfance. Des touches d’humour bienvenues allègent cette histoire cruelle, enrichie et ponctuée de nombreux rebondissements. Pour la première fois à la plume et au dessin, Stéphane Fert déploie dans « Peau de mille bêtes » tout son talent. Il met à profit cette double casquette et creuse le récit aussi par ses choix graphiques et chromatiques. L’art qu’il déploie dans ses cases, magnifiques et inventives, illumine cette histoire déjà maintes fois racontée et ici brillamment réinterprétée. Bref, un gros coup de cœur pour cette petite merveille de bande dessinée ! Ados, adultes, retombez en enfance et succombez pour votre plus grand plaisir de lecture, au talent de conteur de Stéphane Fert. - Michaël