Conseils lecture
Élodie Font nous partage sa vie sentimentale dans cette bande dessinée grâce aux crayons de Carole Maurel.
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Les amateur·rices de podcast ont peut-être déjà écouté Élodie leur raconter une partie de son histoire sur Arte radio : celle de son long coming in. Coming in ?… Le coming out, c’est se déclarer homosexuel·le, le dire à ses ami·es, sa famille… le coming in, c’est le reconnaître, de soi à soi. Et pour Élodie Font, qui détestait le mot lesbienne, cette acception a été un cheminement difficile, parsemé d’idées noires, mais aussi terriblement lumineux. Elle nous le raconte ici avec beaucoup d’humour, faisant des allers retours entre les pensées et la vie de la jeune Élodie d’hier et celle d’aujourd’hui.
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L’adaptation graphique de ce récit de vie par Carole Maurel ajoute, à coups de couleurs savamment dosées, un surplus de vie et d’universalité à cette histoire très personnelle et touchante. Car si pour certain·es, s’aimer est inné, pour d’autres (et iels sont nombreux·ses) c’est le travail de toute une vie ou d’une grande partie de celle-ci, que d’apprendre à s’aimer…
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C’est aussi pourquoi nous avons parfois le plaisir de découvrir, de lire leurs histoires à la fois douloureuses, magnifiques et magnifiées, comme c’est le cas dans cette bande dessinée.
Dans un poulailler tranquille, où la vie n’est pas compliquée et où chacun mange à sa faim, il n’y a rien à signaler. Jusqu’à l’arrivée des capybaras. Personne ne les connaît, ne sait d’où ils viennent et ils sont différents : trop poilus, trop mouillés, il n’y a pas la place pour eux. Mais ces derniers ne peuvent pas retourner d’où ils viennent ! La saison de la chasse a commencé. Alors, une drôle de cohabitation se mets en place, strictement encadrée par des règles, heureusement… A travers cet album, Alfredo Soderguit nous propose une allégorie puissante sur l’autre, les réfugiés de guerre et la liberté. Par cette proximité forcée, poules et capybaras vont apprendre à faire preuve de solidarité et d’entraide, car le danger le plus grand ne vient pas toujours d’où on le croit. Le texte est sobre et très complémentaire avec les illustrations qui ne racontent parfois pas la même chose. Les illustrations abordent des teintes de gris avec quelques touches de rouge, qui laisse totalement place à la métaphore qui se tisse sous nos yeux tout en nous rappelant la violence latente. Les animaux sont étonnements expressifs, les poules ont cet air hautain et un peu apeuré, tandis que les capybaras ont constamment l’air de se demander ce qu’ils font là. Cette fable animalière est percutante, juste, et ses multiples niveaux de lecture parlera à tous les lecteurs, enfants comme adultes.
Devenir footballeur professionnel est le rêve de nombreux jeunes. Les plus doués frôleront ce rêve, mais ce ne sera qu’une élite qui le vivra réellement. Le Pôle Espoirs de la Ligue de Football des Pays de la Loire accompagne durant deux années quelques rares privilégiés à atteindre (ou pas) ce milieu professionnel. Pendant ce laps de temps, ces jeunes s’entraîneront, joueront bien évidement, mais suivront également le programme scolaire et devront apprendre à accepter les codes de la vie en collectivité. Le Pôle Espoirs forme des footballeurs, mais comme dirait le génial Ted Lasso (série que je vous recommande également) : « Le succès ne dépend pas des victoires ou des défaites... Le succès c’est d’aider les jeunes à devenir une meilleure version d’eux-mêmes sur et en dehors du terrain ».
« Les valeurs du football » est un recueil écrit par 15 de ces jeunes apprentis footballeurs. 15 récits ou leçons de vie, qui les ont armé à mieux affronter le monde adulte. Une œuvre originale réalisée en partenariat avec l’Espace COOLturel, médiathèque de Divatte-sur-Loire. - Michaël
Gédéon est un jeune pigeon qui a un rêve, celui de devenir un canard. Bah oui, tout le monde aime les canards, ils savent nager, ils ont de belles plumes colorées et le must, ils font « coin coin ». Alors, grâce à une ingénieuse idée, notre volatile va se transformer... Qui a dit que les pigeons n’étaient pas mignons ? Lili et Soledad Bravi prouvent le contraire en réalisant un album à l’humour communicatif avec un personnage attachant. Gédéon est un doux rêveur qui possède la faculté, le courage, de tout mettre en œuvre pour vivre ses rêves, quitte à s’en bruler les ailes. Son souhait le plus cher est d’être aimé et pour y arriver il se réinvente, devient quelqu’un d’autre, à en oublier presque qui il est vraiment. Mais, ce qu’il est, n’est-ce pas la somme de tout cela après tout ? Le récit est drôle, un peu absurde, mais totalement touchant. Il est accompagné d’illustrations aux traits épais et aux aplats de couleurs vives qui le servent à merveille. Certaines planches bénéficient d’un cadrage cinématographique, avec perspectives, plongées, contre-plongées, lignes de fuite, nous nous arrêtons ainsi sur ces illustrations, qui pourraient dans un premier temps paraître « simple », mais qui sont en réalité très techniques. Gédéon ne le sait pas encore, mais nul doute qu’il va rapidement réaliser son rêve : être aimé.
Depuis 118 ans, un fantôme hante un immeuble parisien. C’est un travail à plein temps, d’être l’esprit frappeur de ce beau bâtiment. Il en a vu défiler, des choses étranges, émouvantes, des scènes de ménage, des cambriolages, des baisers passionnés, des ascenseurs coincés ! Rien ne changera jamais dans sa vie d’esprit. Jusqu’à… ce que quelqu’un d’autre meure et vienne s’installer dans l’immeuble ! C’est une jeune fille d’aujourd’hui, les cheveux pleins de soleil, qui dit hello aux résidents et fais des tope-là aux bébés. Notre fantôme tombe alors amoureux… mais lui, vieux de 118 ans, comment pourrait-il lui plaire ? Quelle belle histoire que ce fantôme parisien qui tombe amoureux ! Clémentine Beauvais et Gerald Guerlais nous offrent un magnifique tour de force : aborder le thème des fantômes avec légèreté, poésie, et joie. Le texte, facétieux, ne tarit pas de jeux de mots bien sentis autour de la mort et retranscrit avec force les émotions de notre héros bien maladroit. L’illustration, sublime, rend grâce à la beauté des toits haussmanniens et nous fait voyager tout droit vers Paris. Sous les crayons de Gérald Guerlais, les personnages tourbillonnent, virevoltent, se cherchent et se découvrent. "Les esprits de l’escalier" est un conte romantique plein d’amour, de tendresse, un moment de poésie suspendu.
Tout comme son grand frère Jeff, Erwann est un passionné des sports de glisse, surtout de skate. Malheureusement un accident tragique durant une compétition cause la mort de l’ainé et brise par là même sa famille. Dorénavant il lui est interdit de pratiquer sa passion, à moins que... « Erwann » est un titre jeunesse sans prétention qui pourrait, si on y prête peu attention, être noyé dans la masse. Il serait dommage de passer à côté de ce récit plus profond qu’il n’y paraît. Ici des sujets difficiles sont abordés avec subtilité : on nous parle d’accident, de mort et de deuil. Cela pourrait être plombant, mais pas du tout puisqu’une fois le livre refermé, les valeurs de bravoure et d’abnégation sont les seules effluves qu’il nous reste. Une leçon de courage nous est donnée par Erwann, jeune homme insouciant, qui se donnera tous les moyens pour réaliser son rêve. Ce récit est porté par les belles illustrations dépouillées de Yann Cozic, pleines de dynamisme et dont les couleurs sont sobres, mais efficaces. Un nouveau titre jeunesse plein de fraîcheur ! - Michaël
"La Petite Bonne" est au service de plusieurs familles bourgeoises en région parisienne, notamment celle des Daniel, un couple atypique. Blaise, ancien pianiste, est une gueule cassée, invalide et mutilé de la Première Guerre mondiale. Son épouse, Alexandrine, lui consacre tout son temps avec une dévotion sans faille.
Sur l’insistance de son mari, Alexandrine décide de s’accorder une escapade à la campagne et confie Blaise aux soins de "La Petite Bonne" pour trois jours. Livrée à elle-même avec le maître des lieux, la jeune domestique va devoir s’improviser aide-soignante. Peu à peu, à mesure que les confidences se nouent, les apparences se fissurent et les rôles s’inversent.
La mise en page singulière, alternant narration, vers libres et prose, donne une voix unique aux trois protagonistes. Avec une grande sensibilité, Bérénice Pichat aborde des thèmes profonds tels que la souffrance, la mort et le fossé entre les classes sociales.
Ce huis clos haletant et bouleversant nous happe dès les premières pages. L’autrice permet à ses personnages d’exprimer leurs pensées les plus secrètes, les plus inavouables. J’ai été particulièrement touché·e par le face-à-face poignant entre ces deux êtres cabossés par la vie, que tout semblait opposer.
"La Petite Bonne" est un roman intimiste et original, tant dans sa forme que dans son propos, mêlant suspense, tension, rebondissements et émotion, jusqu’à une fin totalement inattendue.
En ces temps moyenâgeux, « l’Âge d’Or » n’est devenu pour beaucoup qu’une légende. Ce mythe abolissait les classes et rendait tous les êtres libres et égaux, prônait le partage et l’entraide. Ce monde a peut-être existé ou pourrait exister, mais quelles en seraient les conséquences pour ceux qui détiennent le pouvoir et l’argent ? Aussi, lorsque certains se mettent en quête d’une preuve de son existence, la tyrannie s’organise. Pendant ce temps, Tilda, l’héritière légitime, a perdu son royaume et pour ne pas perdre également la vie, doit fuir accompagnée de ses fidèles en direction du pays d’Ohman. Selon feu son père, un fabuleux trésor d’une puissance redoutable l’y attend. Quête de liberté pour quelques-uns, quête de pouvoir pour d’autres, les discordances naîtront et engendreront fatalement l’ultime affrontement. Le premier volume de ce diptyque est un véritable pavé de 228 pages. Il en fallait bien autant pour nous narrer la formidable épopée écrite par Cyril Pedrosa et Roxanne Moreil. Les deux artistes nous proposent un récit fictif moyenâgeux à forte densité émotionnelle. Nous suivons, page après page, de nombreux personnages, chacun charismatique à sa façon et appartenant à des classes sociales différentes. Tous ont un combat, des valeurs à défendre, d’égalité et/ou de privilèges. Récit fictif ? Peut-être pas complètement ! Cette œuvre est une parabole de notre société actuelle et aborde très intelligemment les maux de notre quotidien : l’égoïsme et la paranoïa. Elle traite de l’égalité femme/homme et de l’égalité en générale. Elle prône le partage et l’entraide dans un monde où le système imposé nous rend de plus en plus individualistes. Réflexion politique, le récit questionne sur la démocratie et la place du citoyen. Voilà ce qui fait la force de ce roman graphique, association savamment équilibrée de fiction et de thématiques actuelles. Cyril Pedrosa, co-scénariste, signe également les illustrations, réussite picturale à signaler tant les planches proposées sont d’une incroyable beauté. La mise en couleur est puissante et est à elle seule un personnage à part entière du récit. Des tons vifs, tantôt chauds, tantôt froids, parfois psychédéliques, rehaussent le trait fin et délicat de l’artiste. L’utilisation de planches muettes, ô combien expressives, permet de reposer le récit et laisse libre court à la réflexion personnelle. Tous ces éléments, mesurés, équilibrés, font de ce récit une réussite totale et lui prédisent le plus bel avenir. - Michaël
La perle de John Steinbeck , écrit en 1947, fait partie des romans qui me restent en mémoire. Dans un village mexicain, de pêcheurs pauvres, vit Kino et sa femme. Un jour, leur fils est piqué par un scorpion mais la famille est trop pauvre pour le faire soigner. C'est alors que Kino trouve une perle magnifique grâce à laquelle il espère une vie meilleure. La rumeur de cette trouvaille se répand et Kino est persécuté de toutes parts, tant cette merveille suscite la convoitise. De cette histoire (inspirée d'un conte mexicain), on pourrait tirer une morale : « l'argent ne fait pas le bonheur ».
J'ai lu ce roman, il y a quelques années, et il m'en reste toujours le souvenir d'une très belle histoire, fluide, au rythme soutenu jusqu'à sa fin inattendue. Un vrai coup de cœur, que vous prendrez plaisir à lire ou relire, comme beaucoup de romans de Steinbeck où l'on retrouve le thème de la corruption, et de la pauvreté, malheureusement toujours d'actualité ! La perle dans votre médiathèque en poche ou en gros caractères. - Catherine
On aborde ce récit par la découverte en plein terrain vague d'une épave de voiture dans laquelle reposent les cadavres d'un homme et de son chien. L'histoire qui s'achève si tristement nous est alors contée à travers le regard de ce chien, arrivé bébé au sein d'une famille heureuse, proche de son maître, unique personne à s'occuper réellement de lui, et content de partir avec cet homme pour un périple en voiture. Ce voyage, le dernier, est ponctué de rencontres, d'accidents, de joies simples et de douleurs brutes.
Outre l'histoire d'amour universelle qui peut lier un homme à son chien, c'est la mort de la société traditionnelle japonaise qui nous est ici contée : une société dans laquelle l'individualisme remplace petit à petit la force des liens familiaux, où le travail de toute une vie n'a plus de valeur et pour laquelle la maladie est devenue motif d'exclusion ; cette société (qui est aussi la nôtre) au cœur de laquelle un homme peut mourir seul, sans aide, sans soins et pour finir sans identité, mais entouré et rassuré par l'amour et la fidélité indéfectibles (par-delà la mort même) de son chien. - Michaël
Conseils lecture
« Avec toi, papa… » est un album tendre et empreint d’émotion.
Chaque double-page illustre un moment unique de complicité que la petite héroïne partage avec son papa.
Des instants précieux, où se tissent des liens forts et sincères, où les gestes et les regards en disent plus que les mots.
Des moments simples du quotidien – une bataille d’oreillers, faire un gâteau, une balade sous la pluie – mais qui, pour l’enfant, prennent une dimension inoubliable.
Ces souvenirs doux et chaleureux accompagnent la petite fille dans sa construction, dans son regard sur le monde et sur elle-même.
Et plus grande, ces instants magiques resteront gravés, non seulement dans sa mémoire, mais aussi dans celle de son père…
Une jeune femme interroge son père et ses tantes sur leur terre natale, la Guadeloupe. Avec une bonne dose d'humour, Estelle-Sarah Bulle évoque à travers cette famille (la sienne ?) la vie en Guadeloupe, les paysages, les plages, mais aussi la destruction de ce passé et de ces coutumes, ces paysages défigurés au profit de promoteurs peu scrupuleux. On revisite ainsi la politique française vis-à-vis de la Guadeloupe de 1940 aux années 2000. C’est aussi l'histoire de l'exil, de ceux qui quittent l’île pour la métropole dans laquelle ils ne seront parfois plus tout à fait considérés comme des français à part entière. Les choix de vie et les points de vue des différents personnages qui se confortent ou s'opposent nous aident à comprendre les Antilles dans toutes leurs contradictions. Attirée par ce drôle de titre, j'avoue avoir été un peu déroutée en début de lecture par l'alternance des chapitres mêlant plusieurs lieux et époques ; mais je ne regrette pas d'avoir poursuivi ce roman « exotique ». Ce langage à l'apparence naïve est à la fois piquant et poétique. Une saga enrichissante et drôle teintée d'expressions créoles savoureuses ! Catherine
Élodie Font nous partage sa vie sentimentale dans cette bande dessinée grâce aux crayons de Carole Maurel.
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Les amateur·rices de podcast ont peut-être déjà écouté Élodie leur raconter une partie de son histoire sur Arte radio : celle de son long coming in. Coming in ?… Le coming out, c’est se déclarer homosexuel·le, le dire à ses ami·es, sa famille… le coming in, c’est le reconnaître, de soi à soi. Et pour Élodie Font, qui détestait le mot lesbienne, cette acception a été un cheminement difficile, parsemé d’idées noires, mais aussi terriblement lumineux. Elle nous le raconte ici avec beaucoup d’humour, faisant des allers retours entre les pensées et la vie de la jeune Élodie d’hier et celle d’aujourd’hui.
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L’adaptation graphique de ce récit de vie par Carole Maurel ajoute, à coups de couleurs savamment dosées, un surplus de vie et d’universalité à cette histoire très personnelle et touchante. Car si pour certain·es, s’aimer est inné, pour d’autres (et iels sont nombreux·ses) c’est le travail de toute une vie ou d’une grande partie de celle-ci, que d’apprendre à s’aimer…
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C’est aussi pourquoi nous avons parfois le plaisir de découvrir, de lire leurs histoires à la fois douloureuses, magnifiques et magnifiées, comme c’est le cas dans cette bande dessinée.
Tous les personnages de ce roman, adolescents et adultes, se trouvent face à des cas de conscience. Chacun retranché dans ses "loyautés", essaie d'entrevoir les limites de ses implications, d'avoir un comportement loyal. Un clin d'oeil critique sur le rôle de l'Education National..
Bon roman, percutant, et qui se lit très facilement grâce à sa forme simple : chaque chapitre prend la voix de chacun des protagonistes C.
Aaron est un jeune étudiant à l’histoire a priori banale. Bien élevé et entouré de ses proches, il ne fait pas d’histoire, ne fait parler de lui. On pourrait presque dire qu’il a tout pour être heureux. Cependant, en silence, il souffre d’un mal inavouable…
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« Aaron » est un titre dérangeant, troublant. Prise de risque indéniable de la part de l’éditeur et de son auteur, le récit traite avec beaucoup de pudeur de déviance sexuelle. Le sujet, certes malaisant, est amené avec beaucoup de délicatesse grâce à une construction narrative d’une extrême lenteur. Les illustrations, cloisonnées dans un gaufrier pour l’essentiel de 12 cases par page, sont d’une remarquable réalisation. Tout en finesse et en précision, elles insufflent dès les premières pages une atmosphère particulière à l’album, une tranquillité, un calme avant la tempête.
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L’auteur ne juge pas, ne questionne pas, ne donne pas de remède, il nous permet simplement d’être les témoins d’un instant de vie déchirée. Aussi nous ne connaîtrons ni les prémices, ni la fin de l’histoire d’Aaron, simplement ce bref aperçu d’un homme qui se perd.
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Brillant de bout en bout, cette bande dessinée est puissante, intelligente et interpelle. À lire tout simplement.
Simon, un jeune Anglais de 14 ans un peu rondouillard, est la tête de turc des gamins du quartier. Cela, il le cache à ses parents, de toute façon trop occupés par leurs incessantes disputes. Cette vie pas vraiment folichonne va vite devenir un grand n’importe quoi le jour où il remporte plus de 16 millions de livres en pariant sur une course hippique…
Si le script de départ à l’air assez classique, il n’en est pourtant rien. Ce récit, drame familial burlesque, est un régal de lecture. Les situations s’enchaînent à un rythme effréné et les dialogues ciselés fusent avec malice pour notre plus grand bonheur. Cette comédie dramatique est huilée comme il le faut, d’une fluidité et d’une limpidité d’orfèvre.
Cependant, ce qui fait la vraie originalité de ce titre, ce n’est pas son histoire, mais bien le traitement graphique choisi par son auteur. Oubliez le style franco-belge, japonais ou états-uniens, les aquarelles et autres lavis aux nuances infinies… Bienvenue à l’ère du « stylisé » ! Le récit est illustré d’un point de vue inhabituel : les scènes d’intérieur et d’extérieur nous sont rendues en mode aérien, où transitent des personnages réduits à un cercle de couleur, reliés par un trait à des zones de dialogues. Déroutant… peut-être un peu au début, mais le procédé fonctionne tellement bien que l’on se l’approprie rapidement.
Textes et illustrations sont étroitement liés, la mise en scène novatrice de Martin Panchaud est un tour de force bluffant !
« Tout a commencé quand tout était au même endroit. », ainsi débute le récit de Catarina Sobral qui, par un album coloré, explique aux plus jeunes - mais aussi aux adultes - la naissance de l'univers, de notre planète et de la vie sur terre. Le sujet est ô combien périlleux car dense et compliqué, mais l'auteure, par un don inouï pour la vulgarisation, réussit à rendre la cosmologie digeste et à la portée de tous. Elle permet ainsi à tout-un-chacun de s'approprier les concepts scientifiques tels le Big Bang, l'infiniment petit ou encore l'infiniment grand. Le récit de nos origines est conté par deux personnages aux tronches humoristiques et qui, comme le récit à portée de tous, peuvent être aisément reproduits par nos chérubins. Ce documentaire est une totale réussite car il s'adresse vraiment à un très grand nombre de lecteurs, dès 5 ans. Il donne les bases, juste ce qu'il faut, et réussit à nous surprendre, nous émerveiller et, qui sait ?, suscitera peut-être des vocations. Un « must have ». - Michaël
1927, Etats-Unis, le Mississippi est en crue. Rien ne lui résiste : digues, plantations et villes sont englouties sous la violence des eaux. Dans cette Amérique en souffrance, un seul homme semble détenir la force de contrer cette nature hostile. Mais saura-t-on lui faire confiance ? Pourra-t-on lui demander de l'aide ? A lui cet homme de couleur ? Il est le seul capable d'aider hommes et femmes dans ces coins reculés et en proie au racisme...
Mark Waid, sur un fond historique, a écrit un récit humaniste, teinté certes de noirceur, mais ô combien empli de courage, d'intelligence et de partage. Dans cette quête, il est aidé par un artiste talentueux : M. Jones, magicien qui réalise des aquarelles de toute beauté. Il peint les visages, les corps et les situations avec subtilité et justesse. Il pousse le souci du détail à son paroxysme. Tout parait tellement vrai, telles les vieilles photographies d'antan. Un album qui parle de super pouvoirs sans être véritablement une bande dessinée de super-héros. Un album qui parle et dénonce le racisme aux Etats-Unis, et qui malheureusement est toujours d'actualité. - Michaël
Angus est un chat aventurier. Il gagne sa vie en ratatinant des monstres et en réalisant des enquêtes pour les particuliers. Renfrogné, il mène une existence de solitaire jusqu'au jour où la fille de son ancien maître fait irruption dans sa vie. Afin de régler une ancienne dette, il devra faire de Liya une aventurière et lui enseigner tous les secrets du métier. Tâche qui s'annonce des plus délicates car l'apprentissage se fait sur le terrain et la nouvelle enquête qui se profile semble des plus périlleuses pour une novice...
Une série d'aventures débridées où la fantaisie est omniprésente et où les personnages sont attachants. Les seconds couteaux apportent un plus au récit et permettent ainsi des séquences pleines d'humour. Un très bon titre jeunesse qui s'adresse aux garçons comme aux filles. - Michaël
« Goupil ou face » est l’histoire vraie de Lou Lubie, autrice/illustratrice qui se bat chaque jour contre sa maladie : la cyclothymie. Ce trouble de l’humeur est de la famille des maladies bipolaires. Avec pudeur, mais sans compromission, elle nous dévoile son quotidien, que beaucoup aurait dissimulé, jonglant constamment entre euphorie et dépression. Le récit débute à ses 16 ans, aux premières manifestions de ce mal qui ne sera alors que peu considéré par le corps médical, et se termine par sa vie d’aujourd’hui, diagnostiquée et soignée. Elle nous parle d’elle, de ses émotions, de son comportement, de son évolution dans la société. Au travail, en famille ou encore en couple, tout est abordé avec clarté et limpidité. Le récit intimiste est par ailleurs complété par des explications médicales, ici encore le travail de vulgarisation est remarquable. « Goupil ou face » est une bande dessinée instructive et passionnante racontée avec beaucoup d’humour et dont les illustrations sont expressives et limpides. - Michaël
Quelle drôle de petite fille ! Elle ne parle pas, se déplace bizarrement et rêve, derrière le grand portail de l'école, de liberté. Elle se prénomme Victorine, mais parce qu'elle n'arrive pas à le prononcer, on l'appelle Vivi. Elle n'a pas d'amis, elle est trop sauvage. Mais quoi d'anormal pour une petite fille qui, il n'y a encore pas si longtemps, vivait au milieu des bêtes, seule dans la forêt. C'est une sauvageonne, capturée par des chasseurs et confiée à une charmante dame qui doit se charger de son éducation. Alors, rien n'est facile, même les plus simples gestes du quotidien. Allez donc faire porter une culotte à une enfant qui a toujours vécue nue... Bon courage ! Mené à un rythme effréné, ce récit au dessin minimaliste est un agréable divertissement, grâce notamment à de cocasses situations. - Michaël
Stella Thibodeaux, plus ou moins 19 ans, vit seule dans son van aux côtés des forains.
Prostituée de son métier, son regard, son attitude, sa façon de bouger fait instantanément naître le désir chez ceux qui la croisent.
Un jour, elle s’aperçoit qu’en couchant avec certains de ses clients, ceux-ci guérissent de leurs maux. Ces faits vont parvenir aux oreilles du Vatican. Cela pourrait être une aubaine pour raviver la foi en Dieu et aux miracles. Seulement voilà, une sainte-putain, ça n’est pas très présentable.
La décision est donc prise. Il faut faire de Stella une sainte-martyre, quitte à réécrire son passé. Cette mission est confiée aux affreux jumeaux Bronski. Les frères s’engagent alors dans un périple effréné afin de retrouver la jeune femme. Arriveront-ils à leurs fins ?
On y croise « James Brown » un curé ancien militaire, deux tueurs à gages, une sainte, une voyante, des bikers, un journaliste en quête du Pulitzer… Toute une ribambelle de personnages loufoques et attachants.
. « Stella et l’Amérique » est une histoire déjantée, très rythmée avec une écriture crue et pleine d’humour. Un road movie délirant, une sorte de western moderne avec des airs de Tarentino.
Si vous avez envie de rire et de vous divertir, foncez, ce roman est fait pour vous.
Il y a le delta de l’Ebre, les hérons, les grenouilles, les roseaux et les rizières. Il y a ces hommes et ces femmes, la terre chevillée au corps, terre nourricière, terrain de jeu pour les plus jeunes, immense espace de liberté, chaîne et boulet au pied pour les adultes asservis depuis toujours à la noblesse locale, qui n’en a que le nom et non l’âme.
Entre front républicain, guerre civile et dictature de Franco, se dessinent les vies de trois générations de femmes, dans les eaux calmes ou parfois troubles du marais, dans la tempête qui point sur l’océan. Des vies souvent dures, âpres et cruelles, des existences où cohabitent souffrances, amour et espoir, celui d’un monde plus juste et moins totalitaire.
Au fil de l’eau, de l’onde du vent sur sa surface, comme un frisson dans les roseaux, l’autrice fait une description très sensible des personnages, de leurs sentiments et aussi des paysages. De la nature, d’une terre en équilibre sur la ligne d’horizon où les destins basculent.
Un magnifique récit d'une justesse exceptionnelle. Un roman universel et intemporel à la hauteur des plus grands classiques de la littérature, comme si l’on apercevait en reflet, dans l’eau du delta, les montagnes de « Pour qui sonne le glas ? ».
Jaromil, trompettiste, « nègre à moitié », a le Jazz à l’âme.
Un jour il reçoit dans sa boite aux lettres, un colis contenant : un courrier, des cassettes audio, un disque ‘’ Mo’ Better Blues’’ du groupe ‘’The Brandford M. Quartet’’, et la photo troublante d’un homme lui ressemblant trait pour trait.
Bouleversé par cet héritage du père qu’il n’a jamais connu, il part en quête de réponses et écrit à sa fille chérie pour lui dire, tout lui dire.
Marc Alexandre Oho Bambe, est poète, écrivain et slameur (connu sous le nom de Capitaine Alexandre).
Ces trois univers se retrouvent parfaitement dans la construction de ce livre.
La narration de l’histoire du musicien est entrecoupée de poèmes, de lettres pour Indira sa fille et des enregistrements de son père.
‘’Souviens-toi de ne pas mourir sans avoir aimé ‘’, aborde des sujets forts comme la paternité, l’absence, la solitude, l’amour, le racisme, la vie de tournée. Avec toujours en toile de fond le Jazz.
J’ai adoré cette lecture, entre roman et poésie. Je me suis laissée embarquée par le style atypique de l’auteur, ses personnages touchants, son ode à l’amour et à la musique.
Un magnifique récit puissant et émouvant.