Tous les avis de
« Les ateliers » est un livre remarquable. Il nous fait entrer dans l’intimité de 24 illustrateurs et illustratrices par la grande porte, celle de leur atelier. Croquis, photographies et interviews alimentent ce documentaire riche en anecdotes et en conseils. Il nous invite à comprendre le processus créatif, certes propre à chacun et à chacune, mais dont on peut s’inspirer, l’adapter pour ensuite se l’approprier.
« Les ateliers » est un très beau livre au contenu et à la maquette irréprochables et bien sûr disponible dans votre espace coolturel.
Yeowoo a 5 ans lorsque ses parents, le jour de son anniversaire, lui annoncent leur séparation. Depuis ce triste jour, elle vit avec sa tante et son grand-père sans jamais aucune nouvelle de sa maman et à peine plus de son père.
Se sentant abandonnée, elle ne sera jamais vraiment en paix, toujours en colère et repliée sur elle-même. Elle ne liera pas de lien affectif avec ses nouveaux tuteur·rices, ni ne se fera de nouveaux ami·es. Cependant, la jeune renarde va rencontrer Paulette, un poule sans poussin qui, attendrie par le caractère revêche de Yeowoo, va la prendre sous son aile…
Yunbo, autrice sud-coréenne, nous propose un récit plein de charme et de tendresse dont le thème, l’abandon, est traité avec beaucoup de justesse. Cette petite renarde - les personnages de cette œuvre sont anthropomorphes – est, malgré son sale caractère, attachante. On se prend vite d’affection pour cette petite fille dont la vie a basculé sans qu’elle en comprenne les raisons. Ses colères, ses bouderies, mais aussi ses émerveillements sont autant de moments forts partager, le personnage en deviendrait presque réel tant les situations sont crédibles et plausibles. Paulette, la poule, n’est elle-même pas en reste, puisqu’elle aussi possède une personnalité rare, délicate, tournée vers le partage et l’entraide. Ce duo, pour le moins étonnant, poule et renarde, trouve un équilibre parfait entre fougue et calme, colère et apaisement. La transmission de l’adulte vers l’enfant se fait petit à petit et, témoins privilégiés, nous observons Yeowoo s’épanouir pour devenir enfin elle-même.
Yunbo est aussi une dessinatrice talentueuse. Ses illustrations, aux traits fins et minutieux, sont expressives et aquarellées parfaitement, donnant ainsi beaucoup plus de douceur et de relief à cette bande dessinée.
« Seizième printemps » est une bande dessinée jeunesse, récit complet de 112 pages qui plaira aux enfants avides de découvertes et d’œuvres différentes.
En 1973, Glenn a 13 ans lorsque ses parents décident, à cause de résultats scolaires moyens, de l’envoyer en pensionnat au manoir Chartwell, école privée reconnue pour son sérieux et sa rigueur. Là-bas il va apprendre la vie en collectivité, se faire des amis, mais également découvrir la face sombre de l’humanité. À l’instar de ses camarades, il sera victime de pédocriminalité : une proie bien trop facile pour le directeur d’établissement dont les boniments et le charisme n’éveilleront jamais aucun soupçon…
Il fallait beaucoup de courage à Glenn Head pour enfin dévoiler son histoire, son drame et tous ces drames. Il a eu cette force, cette volonté de révéler au monde entier son mal-être, cette blessure profonde qui ne guérira peut-être jamais. Œuvre exutoire, elle est aussi œuvre de salut public, puisqu’elle permet de comprendre, de mieux appréhender et donc de mieux aider les victimes de pédocriminalité. L’auteur nous parle du manoir et de son monstre, mais il ne s’arrête pas là puisqu’il continue son récit jusqu’à plus tard, en 2011, ou à cinquante ans, il trouve enfin un peu de repos dans son esprit et son corps meurtris. Voilà une des forces de ce témoignage, ne pas ce contenter d’un moment, mais bien de suivre au fil des années Glenn Head dans sa construction en tant qu’homme, en tant qu’individu. Il décrit ses relations avec ses parents et leur déni de toute cette histoire. Il nous parle de son mal-être qu’il oubliera régulièrement, à la faveur d’une bonne cuite. Il évoque, sans équivoque, ses relations avec la gente féminine, qu’il ne saura jamais vraiment aimer, accepter. Par moment, nous recroisons également d’anciens camarades de Glenn et tout comme lui, les années ont passé, sans la moindre flamme, éteinte trop rapidement.
Oui, il fallait du courage, mais aussi beaucoup de talent pour s’ouvrir de la sorte et partager ces horreurs dans un album sans voyeurisme et à la portée de tous et toutes.
Cole est agent du FBI, cependant une organisation gouvernementale bien plus puissante et bien plus secrète que tout ce qu’on pouvait imaginer le retient prisonnier. Son tort, avoir vu l’inexplicable, avoir vu l’impensable… S’il ne veut pas mourir, il doit rejoindre ses rangs, devenir agent du « Département de la vérité » dont la mission est de lutter contre les phénomènes conspirationnistes… mais d’une manière qui défie l’entendement, la réalité même…
Cette bande dessinée américaine n’est certes pas des plus faciles à lire, mais son sujet, le traitement qui en en fait et l’intrigue mise en place sont finement développés dans un jeu d’intrigues et de rebondissements enchevêtrés à souhait. Le scénario nous plonge dans les milieux conspirationnistes, explore ses mécanismes et ses motivations. Bien sûr, le récit se teinte rapidement d’étrangetés, mais ce mélange de politique-fiction-fantastique fonctionne à merveille et en fait un titre ambitieux. Les illustrations de Martin Simmonds fleurent bon les années 80/90 avec pour inspiration des artistes tels que Dave McKean ou encore Bill Sienkiewicz. Elles sont créatives et intrigantes, à l’image du scénario.
Si « La vérité est ailleurs », « The department of truth » vous ouvre les portes de cet « ailleurs », mais une fois franchies, plus aucun retour n’est possible. Alors, aurez-vous le courage d’y entrer ?
Depuis l’ouverture, chez elles et eux, du plus grand accélérateur de particules au monde, surnommé « The Loop », les habitant·es de la campagne pastorale de Mälaröarna ont vu leur vie modifiée à jamais, désormais, elles et ils naviguent aux milieux des mondes, coincé·es entre rêve et réalité…
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Pas vraiment une bande dessinée, « The Loop » est peut-être ce qui se rapproche le plus du terme de « roman graphique ». Il est avant tout autre chose, un recueil de peintures numériques de l’artiste suédois Simon Stålenhag qui aime, depuis sa plus tendre enfance, dessiner la campagne suédoise en y ajoutant des éléments étranges et futuristes. Ces illustrations, à la technique picturale irréprochable, connaissent un véritable succès à travers le monde. Il n’en fallait pas moins pour que notre artiste décide de rassembler ses planches pour y raconter un récit empreint, à la fois d’étrangeté, mais aussi, d’une certaine mélancolie. Chaque peinture est accompagnée d’un témoignage de l’auteur qui nous raconte ses souvenirs dans ce monde fictif. Ce mélange, entre vrai et faux, est parfaitement équilibré et assure ainsi un réalisme quasi troublant.
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Pour découvrir cet univers sous un autre angle, les illustrations de Simon Stålenhag ont servi de base à la série télévisée de Tales from the Loop, diffusée par Prime Video en 2020.
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« Tale from the Loop » est un album différent, beau et mystérieux, il se vraiment dommage de le « looper » !
Les plus grandes aventures de Spider-Man présentées dans une collection de 10 albums. Pour les fans et les curieux·ses de découvrir toute la mythologie du personnage.
Arthur vit avec son fils Pépin. Ils sont très proches et lorsque Pépin n’a pas le moral ou rencontre une quelconque difficulté, Arthur, pour l’aider, lui raconte toujours une belle histoire… où les frontières entre les mondes réel et imaginaire se confondent…
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Quel plaisir de lire du David De Thuin, auteur encore trop peu connu du grand public, mais dont l’œuvre, au fil des ans, ne cesse de s’épaissir et de marquer le neuvième Art.
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Nous le retrouvons ici pour un récit tendre et sensible dont le sujet principal est la transmission père/fils. L’album, construit sur 12 récits, met en scène un duo familial, dont on ne sait pas grand chose si ce n’est qu’il n’y a plus de maman, mais dont on comprend rapidement qu’un lien fort et puissant les unit. Cette relation, belle et profonde, attention d’un père pour son fils, est une leçon de vie à la « Big fish ». Ce père, conteur hors pair, fait grandir son enfant, l’accompagne vers le monde adulte, avec intelligence et bonté. Avec ses récits, il lui inculque de profondes valeurs humaines et humanistes. Un échec, une désillusion, deviennent avec Arthur une aventure extraordinaire dont on ressort plus fort. Il n’y a pas de tristesse dans ce titre, certes par moment un peu de mélancolie, mais surtout de l’optimisme et de la bienveillance, cela fait un bien fou !
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Fidèle à lui même, David De Thuin illustre son album comme il sait si bien le faire. Son trait, école belge revisitée, s’adapte sans difficulté au texte et à l’ambiance de l’histoire.
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Vous avez envie de passer un bon moment, résolument positif ? Alors, ne ratez pas : « De père en fils » !
Quelque part en Afrique, dans un petit village, un enfant est enlevé par un démon : un Yéban. L’enfant doit l’aider à retrouver son chemin jusqu’à son chez lui : les enfers. Cependant ce voyage ne se fera pas sans difficultés ni sacrifices… Le pauvre Kana l’apprendra à ses dépens…
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Aurélien Ducoudray nous propose un récit inspiré de différentes légendes et traditions africaines. Ce subtil mélange est aussi surprenant que captivant. Nous suivons ce voyage, cette quête initiatique, sans ennui, tout en développant une certaine affection pour ce duo improbable. Nous effleurons certes la culture africaine, mais c’est déjà un premier pas vers des recherches plus approfondies sur les mythes racontés. Au-delà de cet aspect mystique, « Le repas des hyènes » est également un récit de type « quête initiatique » et chacun·e en tirera - ou pas - sa propre relecture.
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Les illustrations de Mélanie Allag portent parfaitement ce conte. Par ses planches, tantôt sombres, tantôt colorées, elle nous invite dans ce mystérieux continent à la richesse culturelle encore bien méconnue.
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« Le repas des hyènes » est une plongée en terre inconnue, un voyage vers des contrées lointaines ouvrant sur des univers insoupçonnés, à découvrir !
Élodie Font nous partage sa vie sentimentale dans cette bande dessinée grâce aux crayons de Carole Maurel.
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Les amateur·rices de podcast ont peut-être déjà écouté Élodie leur raconter une partie de son histoire sur Arte radio : celle de son long coming in. Coming in ?… Le coming out, c’est se déclarer homosexuel·le, le dire à ses ami·es, sa famille… le coming in, c’est le reconnaître, de soi à soi. Et pour Élodie Font, qui détestait le mot lesbienne, cette acception a été un cheminement difficile, parsemé d’idées noires, mais aussi terriblement lumineux. Elle nous le raconte ici avec beaucoup d’humour, faisant des allers retours entre les pensées et la vie de la jeune Élodie d’hier et celle d’aujourd’hui.
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L’adaptation graphique de ce récit de vie par Carole Maurel ajoute, à coups de couleurs savamment dosées, un surplus de vie et d’universalité à cette histoire très personnelle et touchante. Car si pour certain·es, s’aimer est inné, pour d’autres (et iels sont nombreux·ses) c’est le travail de toute une vie ou d’une grande partie de celle-ci, que d’apprendre à s’aimer…
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C’est aussi pourquoi nous avons parfois le plaisir de découvrir, de lire leurs histoires à la fois douloureuses, magnifiques et magnifiées, comme c’est le cas dans cette bande dessinée.
Pulchérie, la trentaine passée, prend enfin conscience de son corps, de son être et surtout d’un organe si souvent tabou : le clitoris.
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« L’affaire clitoris » est, comme le titre peut le sous-entendre, une bande dessinée de reportage. Nous allons, par une enquête minutieuse, partir à la découverte d’un organe féminin des plus importants et pourtant encore de nos jours très méconnu : le clitoris. Il est, selon la définition du Larousse, un « organe érectile de l'appareil génital féminin externe, principalement composé de deux bulbes bordant la vulve et d'un gland (ou clitoris au sens strict), situé au-dessus de l'orifice urétral. ». Très bien, mais encore… ? A quoi sert-il ? Comment est-il fait ? Et surtout, pourquoi depuis des siècles, il est invisibilisé dans nos sociétés patriarcales ? Tant de questions qui trouveront réponses dans cette excellente bande dessinée de vulgarisation. Science, philosophie, croyance sont autant de thèmes abordés par les autrices via cet organe de 10 cm qui n’est que depuis 2017 correctement représenté dans les manuels de SVT.
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Ce titre est classé dans nos rayons adultes, mais il peut vraiment être conseillé à un plus jeune public tant sa valeur est éducative et pédagogique, libératrice d’un plein épanouissement personnel.