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Tous les avis de

Demi sang, second titre de l'univers Les Ogres-Dieux est comme le précédent volume Petit, une claque ! Un scénario en béton où les personnages évoluent dans des intrigues qui vous tiennent en haleine jusqu'au bout. Et que dire du dessin de Bertrand Gatignol, une pure merveille de précision, qui comme l'intrigue, est sans faille. Les Ogres-Dieux est un univers étrange peuplé de géants et d'un mystère qui enfle album après album, pour à n'en pas douter, un dénouement qui ne saurait nous laisser de marbre.

Devenir zombie n’est pas forcément un état voulu, lorsque cela vous arrive, ainsi qu’à toute votre famille, il faut l’accepter et faire au mieux pour s’intégrer dans un monde de vivant·es… si appétissant·es…

Fortu, auteur aux multiples registres narratifs, livre cette fois une comédie noire, grinçante, aux portes de l’horreur. Rassurez-vous, rien de bien méchant si ce n’est que le récit nous raconte la difficile intégration d’une famille de zombies dans un monde où le cannibalisme n’est, espérons-le, plus à la mode. Ne voyez pas pour autant en ce titre une quelconque métaphore et/ou parabole cherchant à dénoncer notre société, mais plutôt une approche à la « What if… », et si cela arrivait ? Une des réponses est dans « La vie de ma mort », où Fortu, en quelque pages et quelques gags, nous propose sa vision. Les mini histoires de deux pages s’enchaînent chronologiquement liées par un fil conducteur, un événement important et véritable générateur de suspense. Les scènettes se succèdent et avec elles, bon nombre de quiproquos et de situations de non-sens.

« La vie de ma mort » est une farce, une blague qui sait jouer sur les différents registres de l’humour : le comique de situation, l’exagération, ou encore le trait d’esprit…

Ce titre donne donc le sourire et fait ainsi passer un bon moment, et cela, dans le monde des vivants, bien entendu !

Gédéon est un jeune pigeon qui a un rêve, celui de devenir un canard. Bah oui, tout le monde aime les canards, ils savent nager, ils ont de belles plumes colorées et le must, ils font « coin coin ». Alors, grâce à une ingénieuse idée, notre volatile va se transformer... Qui a dit que les pigeons n’étaient pas mignons ? Lili et Soledad Bravi prouvent le contraire en réalisant un album à l’humour communicatif avec un personnage attachant. Gédéon est un doux rêveur qui possède la faculté, le courage, de tout mettre en œuvre pour vivre ses rêves, quitte à s’en bruler les ailes. Son souhait le plus cher est d’être aimé et pour y arriver il se réinvente, devient quelqu’un d’autre, à en oublier presque qui il est vraiment. Mais, ce qu’il est, n’est-ce pas la somme de tout cela après tout ? Le récit est drôle, un peu absurde, mais totalement touchant. Il est accompagné d’illustrations aux traits épais et aux aplats de couleurs vives qui le servent à merveille. Certaines planches bénéficient d’un cadrage cinématographique, avec perspectives, plongées, contre-plongées, lignes de fuite, nous nous arrêtons ainsi sur ces illustrations, qui pourraient dans un premier temps paraître « simple », mais qui sont en réalité très techniques. Gédéon ne le sait pas encore, mais nul doute qu’il va rapidement réaliser son rêve : être aimé.

Lire du Renaud Dillies c’est pénétrer un monde onirique et poétique. C’est faire la rencontre de personnages torturés, romantiques et bien souvent musiciens. Loupne déroge pas à cette règle, mais n’en est pas moins un récit original. Nous sommes transportés, baladés par le récit, doux et romanesque. Le personnage principal est torturé par sa mémoire et nous l’accompagnons dans son aventure jusqu’au dénouement. Les illustrations sont également au diapason de l’œuvre,bien souvent épurées, confinées dans un gaufrier de six images par age et cadrées en plan moyen, elles permettent de donner un rythme lent, lancinant et mélancolique. Renaud Dillies nous livre une nouvelle fois un récit riche et touchant, pour les grands romantiques. 

Goliath n’est pas comme les autres enfants, il est grand, très grand, voir très très grand et cela le peine. Il est différent…

Ximo Abadía, auteur espagnol dont j’admire l’œuvre propose avec cet album un récit touchant empli de sagesse et de beaucoup de tendresse. Il évoque le thème de la différence, du mal être et de comment trouver sa place dans la société. Loin d’être triste, le récit se transforme en quête initiatique dont chaque scène est une impressionnante rencontre. En cela son travail graphique est remarquable, il juxtapose les formes, les matières pour rendre des tableaux d’une extrême efficacité. Très peu de couleurs sont utilisées, les mêmes page après page, savamment dosées et distillées afin d’offrir différentes ambiances, différentes émotions à l’histoire.

Goliath est un géant et heureusement pour nous, son amour aussi alors, il serait dommage de s’en priver !

Kenji est un jeune moine appartenant au temple du Souffle Sacré. Son temps, il le passe à s'entraîner aux arts martiaux et à méditer. Mais cette vie monacale ne lui convient pas. Il rêve d'aventures et de combats. Il veut devenir un valeureux ninja. Maître Yapluka, lui, ne veut rien entendre, et fait tout son possible pour garder son disciple dans le droit chemin. Pourtant, des évènements tragiques vont obliger le vieil homme à lui apprendre les rudiments de cet art et à lui révéler de terribles secrets... Un récit énergique, appuyé par un dessin rond et des couleurs éclatantes, qui ravira les enfants comme les adultes. Une belle leçon sur les rêves et les moyens de les réaliser.  - Michaël

 

 

Lip dip paint : la technique du marquage aux lèvres. C’est le refrain qu’entonne chaque nouvelle ouvrière de l’usine de montres de luxe USRC afin de peindre le cadran de ces petites merveilles. Edna entonne avec insouciance et confiance ce nouveau mantra lorsqu’elle rejoint les établis de l’usine en 1918 auprès de Grace, Katherine et de quelques autres. Une osmose se crée entre les « ghost girls », silhouettes luminescentes dansant au sein de la nuit et de la prohibition. Phosphorescentes, elles le sont devenues car la peinture fournie par leurs patrons est composée de radium, qui lentement les empoisonne. Facile de les suivre dans la nuit... Edna, dont la santé commence à vaciller, trouve de l’aide auprès du médecin de l’usine testant de nouvelles prophylaxies et de quelques beaux esprits indépendants. L’occasion de s’interroger sur le système d’exploitation mis en place sans le consentement de ses petites mains. Avec ses crayons de couleurs, savamment limités à un camaïeu vert radium (forcément !) et violet, Cy nous plonge dans l’univers de ces jeunes ouvrières américaines sacrifiées sur l’autel du ‘progrès’. La beauté des planches alliée à la fraîcheur de ces jeunes femmes offrent un contraste saisissant avec le cauchemar qui s’annonce et envahit les pages au fil du récit. Un bel hommage qui rend justice à ces femmes bien souvent mortes dans la misère et l’indifférence collective parce qu’anonymes et pauvres.