Différence (philosophie)
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Lila a toujours souffert d’un certain mal-être. Sa souffrance s’est accentuée à l’adolescence, elle, ou plutôt il, veut être lui-même, le vrai, pas celle dont le nom est inscrit à l’état civil. Lila souffre de dysphonie de genre, elle a le corps d’une femme, mais est homme au plus profond de son être. Comment faire accepter cela à ces proches, sa famille, ses amis ? Comment vivre dans ce corps qui vous dégoûte ? Comment lutter contre les préjugés, la méconnaissance ? Lila devient Nathan et entame un dur combat qui le mènera à vivre des moments douloureux, mais au final, à une libération... « Appelez-moi Nathan » est un titre à part, à classer parmi les œuvres documentaires. Le récit, mené par Catherine Castro, grand reporter pour « Marie-Claire », est clair, précis et vulgarisateur. Oui le sujet, assez rare en littérature, peut être difficile à appréhender, mais ici nos esprits s’éveillent à ce mal-être et le récit nous permet de comprendre une histoire qui peut, n’ayons pas peur des mots, nous dépasser. Si cette bande dessinée est aussi précise dans son propos, c’est que l’auteur a construit sa trame narrative à partir du témoignage du héros, bien réel, de cette histoire. Tous est vrai ici et on le ressent : les émotions, les insultes, la perte de repères, pour Nathan comme pour ses proches. Nous sommes totalement immergés dans ce combat pour l’acceptation. Les illustrations de Quentin Zuttion servent à merveille ce reportage par un trait fin et délicat accessible à tous et par une mise en couleur façon aquarelle. Ce titre est une œuvre salutaire pour ouvrir les esprits et parler librement, sans tabou, de transsexualité. A recommander. - Michaël
Goliath n’est pas comme les autres enfants, il est grand, très grand, voir très très grand et cela le peine. Il est différent…
Ximo Abadía, auteur espagnol dont j’admire l’œuvre propose avec cet album un récit touchant empli de sagesse et de beaucoup de tendresse. Il évoque le thème de la différence, du mal être et de comment trouver sa place dans la société. Loin d’être triste, le récit se transforme en quête initiatique dont chaque scène est une impressionnante rencontre. En cela son travail graphique est remarquable, il juxtapose les formes, les matières pour rendre des tableaux d’une extrême efficacité. Très peu de couleurs sont utilisées, les mêmes page après page, savamment dosées et distillées afin d’offrir différentes ambiances, différentes émotions à l’histoire.
Goliath est un géant et heureusement pour nous, son amour aussi alors, il serait dommage de s’en priver !
Iris et Jada sont deux soeurs jumelles : elles se ressemblent comme deux gouttes d'eau, une seule chose les distingue : leur couleur de peau. Celle d'Iris est claire comme l'acacia, et attire de nombreux compliments de tous les habitants du village. Celle de Jada est aussi foncée que le cacao et tout le monde l'appelle « L'enfant de la nuit ». Lors d'une partie de cache-cache qui s'éternise, Jada, lasse de ces remarques, s'en va dans la forêt, à la rencontre d'un de ces enfants de la nuit à qui elle ressemblerait tant. Iris, très inquiète de ne pas voir sa soeur chérie revenir, s'en va alors à sa recherche... Après Comme des milliers de papillons noirs, Laura Nsafou revient nous livrer un bel album sur la couleur de peau et la différence. Comme cela fait du bien de voir des petites héroïnes à la peau noire, largement sous-représentées dans les albums ! Le récit écrit à la manière d'un conte africain est touchant et aborde avec justesse les différences et les comparaisons dans une même fratrie. Les illustrations de Barbara Brun nous offrent de beaux paysages, une palette de couleurs douces et complètent poétiquement le récit. Le sujet abordé, ainsi que le texte subtil en font un album qui apporte un vent de fraîcheur en littérature jeunesse.