Écologie
Gaspard est berger et en est fier. Il aime sa liberté, ses montagnes et ses moutons, mais déteste par dessus toute cette bureaucratie qui lui a imposé la cohabitation avec le loup. Cet animal sauvage qui tue et rend fou les troupeaux. Cet animal qu’il voudrait voir disparaître afin de retrouver paix et sérénité. Alors, au détriment de la loi, il se lance dans un combat à l’issue duquel ne restera que l’un ou l’autre... Jean-Marc Rochette nous gratifie une nouvelle fois d’un très beau récit « montagnard ». Nous retournons donc, après « Ailefroide », au cœur du Massif des Écrins, dans la vallée du Vénéon. Si l’alpinisme était à l’honneur dans le premier album, « Le loup » aborde un aspect différent, plus universel, celui de la difficile cohabitation entre économie et environnement. Sous la forme d’un duel entre un loup et un berger Jean-Marc Rochette dénonce cette aberration qui nous conduit tous sur des sentiers dangereux. Il ne charge pas les bergers, qui sont eux aussi victimes du système économique dans lequel l’Homme modifie et/ou détruit la biodiversité. Le loup, l’animal, le berger, l’humanité : chacun sa place, chacun mérite de vivre et c’est bien ce message qui nous est envoyé. Nos héros à deux ou quatre pattes sont beaux et fiers, ils représentent la nature, chacun à leur façon, ils essayent de vivre, survivre dans un milieu difficile. Ce très beau récit est composé d’illustrations très fortes, de paysages glacials et bénéficie d’un découpage savamment orchestré, distillant rythme et action. « Le loup » est une ode à la nature, à la tolérance. Il serait regrettable de s’en priver, mais souhaitable de le partager. - Michaël
Depuis des dizaines d’années, le littoral breton est envahi d’étranges algues vertes. Ici et là, elles apparaissent, transformant d’innocentes promenades bucoliques en un combat de vie ou de mort. Ces algues, en se décomposant, diffusent de l’hydrogène sulfuré dont l’odeur d’œuf pourri est incommodante, mais pire que la gène olfactive, c’est un véritable poison pour toute créature l’inhalant. Depuis les années 80, elles font des victimes. Des femmes et des hommes ont alerté les autorités compétentes, mais - et c’est peut-être cela le véritable drame -, ils se heurtent à l’appareil d’État, bien désireux d’étouffer l’affaire et de protéger certains intérêts... Si cela avait été une fiction, nous serions devant un récit captivant et nous nous dirions, non ce n’est pas possible, c’est trop gros, pas en France... Malheureusement, tout est vrai. Cette enquête détaillée, minutieuse, nous plonge dans la honte, la colère et l’écœurement. Inès Léraud, journaliste et autrice de ce documentaire, nous dévoile les rouages d’un système gangréné par les connivences entre le monde politique et le monde industriel (ici agroalimentaire). L’un et l’autre se protégeant, l’un pour le pouvoir, l’autre pour le profit. Les questions environnementales et/ou de santé public sont balayées, relayées au second plan alors qu’elles devraient être la base de toutes les constructions, évolutions de la société. « Algues vertes » revient également sur l’histoire du monde agricole, qui a connu une transformation radicale après la Seconde Guerre mondiale. Le récit n’incrimine donc pas les agriculteurs et/ou éleveurs, qui sont également victimes d’un système qui les emprisonnent, les broient et dont nous, consommateurs, sommes complices. « La revue dessinée » réalise un travail remarquable de vulgarisation et d’information. Ces initiatives doivent être encouragées afin d’éveiller et d’éduquer à l’analyse et à la critique un public noyé dans l’information commerciale d’internet et des chaînes de télévision. Si nous souhaitons une société plus juste, éveiller les consciences comme le fait cette revue et son petit frère « Topo » est un enjeux majeur pour notre futur. - Michaël
Il y avait une maison est un album qui fait l’éloge de la biodiversité à la manière d’une fable écologique. En se mettant à hauteur d’enfant, Philippe Nessmann et Camille Nicolazzi nous expliquent en quoi les actions des hommes peuvent faire des ravages sur le quotidien des autres êtres vivants qui comme nous peuplent cette planète. Au commencement, il y a une maison (la Terre), habitée par plusieurs locataires qui vivent en bonne harmonie. Mais un jour, l’un d’entre eux ne supporte pas de trouver des vers dans sa belle pomme et pulvérise un produit pour les faire fuir. Cela fait du mal à la pauvre abeille qui tousse, qui tousse, et le lendemain, on n’entend plus son bourdonnement dans la maisonnée… Ce locataire égoïste, qui choisit son confort au détriment de la vie des autres êtres vivants, c’est bien sûr l’homme. Celui-ci va peu à peu détruire les autres animaux et leur habitat jusqu’à se retrouver seul dans cette grande maison. Cet album aborde avec justesse les questions de la pollution des sols, de la déforestation ou encore de la surconsommation énergétique avec grande efficacité et sait toucher de manière percutante les adultes comme les enfants, afin que chacun prenne conscience de l’urgence écologique.
Au cours d’une après-midi en compagnie de sa fille, le narrateur évoque les réminiscences de son enfance, passée en compagnie animale. Gambadant avec sa petit Lila au cœur de Mexico, l’une des villes les plus polluées au monde, l’auteur mêle des récits indiens à l’imaginaire de son enfant pour nous émerveiller du miracle qu’est la nature... Nous rappeler que « nous sommes une partie de la nature, et elle fait partie de nous » et de ce constat simple, qu’il nous faut la respecter, la protéger. Cette bande dessinée n’est pas uniquement le message d’un père à sa fille sous la forme d’une fable, mais celui d’un citoyen soucieux de son environnement autant que de ses proches, exprimant sa peur de l’avenir incertain de la planète et de l’héritage légué à nos chérubins. François Olislaeger illustre son récit sobrement, principalement en noir et blanc, en nous gratifiant par endroit de magnifiques doubles pages, peignant la beauté sauvage. Véritable ode à la vie et à la nature, il dresse un constat alarmant des actions humaines sur l’environnement. Il dénonce, mais ne se pose pas pour autant en chantre de l’écologie innocent, car lui comme nous, sommes coupables d’inaction et en quelque sorte de lâcheté. A l’heure où les politiques n’agissent peu ou pas, il est important d’exprimer nos inquiétudes pour qu’elles soient entendues et que ces voix, nos voix, qui se multiplient, puissent entrer en action et changer notre monde. Écolila est un récit plein de sagesse qu’une bibliographie vient étayer, à destination des plus curieux désireux de poursuivre cette réflexion écologique. - Michaël