Humour
Ours est vraiment très fatigué, il ne tient plus debout. C’est donc le moment pour lui d’aller se coucher et enfin se reposer. Enfin, pas vraiment, son voisin Canard, charmant au demeurant, est quelque peu bruyant, mais surtout incroyablement envahissant…
« Dis Ours, tu dors ? » est un album au ton humoristique et léger. L’auteur construit sa comédie autour d’une seule situation, mais agrémentée, page après page, de surprises, de répétitions et de beaucoup de folie. Il utilise simplement deux protagonistes, Ours et Canard, chacun dans un style différent, voire opposé et donc fonctionnant sur le modèle des spectacles de clowns : l'un est l'auguste (fruste, outrancier et désordonné), l'autre le clown blanc (sérieux, intelligent et rationnel). Les illustrations de Benji Davies jouent également un rôle important dans cette comédie. Son trait épuré montre l’essentiel, il ne s’encombre pas de décors, utilise certes un peu de texture, mais pas trop. L’important est de se focaliser sur les personnages, leurs faciès et autres postures sont irrésistibles !
« Dis Ours, tu dors ? » fait partie de la série « Dis Ours », dont chaque album procure un agréable moment de lecture et rend indéniablement accro à nos deux énergumènes.
Amandine est autrice, alors qu’elle intervient un soir dans une librairie elle est interpellée par la profession d’une des participantes, thanatopractrice. Elle observe cette jeune femme dont le métier est de donner à la mort un visage présentable. Loin des clichés, elle est charmante, souriante et surtout elle ne sent pas la naphtaline.
Il n’en faut pas plus pour piquer la curiosité de l’autrice. Germe alors en elle l’idée d’une correspondance avec Gabrièle, la thanatopractrice : pourquoi a-t-elle choisi ce métier et plus généralement comment vit-elle cette proximité, cette intimité avec la mort ?
Il s’engage alors, un étrange échange, l’occasion aussi pour Amandine Dhée de s’interroger sur son propre rapport à la mort. De son angoisse personnelle, à la façon de l’expliquer à son fils, en passant par les fois où elle y a été confrontée, se dessine un chemin sensible et plein d’humour. Grâce à sa spontanéité et à sa franchise l’autrice réussit à désacraliser la mort et lui donne une figure humaine. Quand à Gabrielle, c’est passionnant de découvrir sa vocation et l’extrême intelligence et délicatesse dont elle fait preuve pour rendre plus acceptable aux familles la disparition d’un·e proche et pour que la/le défunt·e
garde toute dignité.
Un très bel ouvrage, particulièrement surprenant et émouvant.
En Croatie, il y a un petit village, Smiljevo, perché dans les montagnes. La vie s’y écoule paisiblement, dans la tranquillité de l’arrière-pays dalmate, loin du tumulte des stations balnéaires. Le temps semble s’y être figé, empreint de traditions locales et de douceur méditerranéenne. Les journées s’égrènent comme un chapelet entre prières, travaux des champs et parties de cartes. Une ode à la simplicité de la vie, une invitation à la méditation et à l’humilité.
Voilà à quoi vous échapperez si vous lisez le roman d’Ante Tomic, car à Smiljevo il n’y a pas que le village qui est perché. Entre un curé ancien alcoolique en pleine crise de vocation, un poète maudit qui écrit des haïkus sur les pelleteuses, un épicier fan de telenovelas qui se fait appeler Miguel et parle espagnol : la vie est loin d’être un long fleuve tranquille.
Dans ce roman tout sauf bien-pensant et soporifique, chacun en prend pour son grade, du général héros de guerre au ministre des Armées et dans la torpeur des journées d’été, c’est particulièrement rafraîchissant. Loin des clichés, Ante Tomic réussit la prouesse d’écrire une chronique villageoise rock’n roll et contre toute attente un roman d’amour. Un ouvrage kaléidoscope, une critique sociale humoristique et loufoque emmenée par l’écriture envolée de l’auteur.