Humour
Au tribunal de Bobigny Pauline attend le jugement, elle n’a pas commis de crime, elle espère juste pouvoir reprendre le prénom que lui ont donné ses parents à sa naissance en URSS : « Polina », avant que celui-ci ne soit francisé. Simple formalité pense-t-elle ! Pas tout à fait, car pour certains renier le prénom que vous a octroyé la république, c’est un peu la trahir, cracher dans la soupe. Comme si, venant d’ailleurs, on ne devenait jamais un citoyen à part entière, comme si on devait être toujours redevable, faire ses preuves. Comme si on devait choisir un pays, plutôt qu’un autre, comme si on vous demandait avec le plus grand sérieux : « tu préfères ton père où ta mère ? ».
Alors, pour répondre à cette absurdité, Polina remonte le fil de sa vie et aussi le fil des mots, de sa langue maternelle à sa langue d’adoption, de l’URSS à la France, elle tisse un drapeau imaginaire, celui d’une identité double et à la fois unique. Elle fait son autoportrait, toile tendue au-delà des frontières, preuve vivante que l’on peut exister au-delà des nations, multiple et riche de ses différences.
On suit le parcours de son intégration à travers son apprentissage d’un nouveau langage. Puis le combat de sa mère, pour que ses enfants n’oublient pas le russe, pour qu’une langue ne remplace pas l’autre. Car conserver sa langue maternelle, c’est aussi resté fier de ses racines, respecter l’héritage de ses aïeuls et leur montrer qu’on les aime.
Un texte d’une grande tendresse, à la fois subtil et drôle qui parle merveilleusement de l’immigration et de l’identité à travers la symbolique du langage.
Un premier roman particulièrement maîtrisé. Mon coup de cœur de la rentrée littéraire.
A la manière des grand·es explorateur·rices du 19ème siècle, Philibert Humm nous narre ici l’extraordinaire voyage qu’il entreprit en l’an de grâce 2018, afin de rallier Paris à Honfleur par voie fluviale. Comment au péril de sa vie lui, Philibert dit « le capitaine », et son magnifique équipage : Waquet dit « Major » et Adrian dit « l’Escopier », dit également « Bobby », s’en allèrent un beau matin d’été à la rencontre des peuplades sauvages qui habitent les bords de Seine.
Dans ce récit tout en second degré et en autodérision, nous suivons avec grande délectation les aventures rocambolesques de ces trois pieds nickelés de la génération Y. Nous découvrons au détour des méandres du fleuve une galerie de personnages attachants et atypiques, et nous nous enrichissons des multiples anecdotes historiques et géographiques toujours fort à propos (enfin non pas vraiment), dont l’auteur nous abreuve sans modération.
Un roman d’une grande fraicheur, décalé et particulièrement drôle. Un vent léger, assoupi au bord de l’eau, la nuque baignée par le cresson et au loin les oiseaux, qui rient, qui rient...
Pour poursuivre ce voyage je vous invite également à découvrir le magnifique film de Bruno Podalydès « Comme un avion ».
Voici un livre à compter. Mais attention ! Il faut bien suivre la consigne : ici, on compte jusqu’à 1 ! et que jusqu’à 1 ! Sur la première page, ce n’est pas trop compliqué. Il y a une pomme : on peut donc la compter. Mais sur les autres pages, l’exercice se corse…
Ce livre rempli d’humour prend le contrepied des autres livres « pédagogiques » à compter, qui garnissent les étagères des librairies et bibliothèques en littérature jeunesse. En effet, ici, il s’agit plus de trouver le détail unique dans chaque page (et le compter), et d’observer les illustrations amusantes et colorées.
Le narrateur s’adresse directement à son·sa lecteur·rice et cela en devient un livre-jeu.
Finalement, on ne peut s’empêcher de braver les interdits et comptant tout ce qui se trouve dans le livre et en cela cet album est particulièrement réussi !