Conseils lecture
Dans un château vit toute une armée. Ce château n'ayant jamais été attaqué, personne ne se soucie plus de le protéger. Seule une chevalière reste sur le qui-vive, et se prépare en cas d'attaque ; le reste de l'armée est bien moins motivé : ça danse, ça joue aux cartes, ça fait la sieste et ça raconte des blagues. La chevalière essaie d'entraîner ses collègues à la bataille, mais sans succès ! Elle prend alors une autre option : ne rien faire, d'accord, mais au moins que ce soit bien fait ! L'armée se met à pratiquer de drôles d'exercices : comment bien se balancer dans un hamac, comment installer des chaises longues efficacement, ou encore faire de belles bulles de chewing-gum. Jusqu'au jour où notre chevalière voit un bataillon ennemi à l'horizon... Avec un ton humoristique très présent, l'autrice met en scène une armée uniquement constituée de chevalières. Elles ne sont pas moins paresseuses que leurs homologues masculins, mais avec de la suite dans les idées ! Les illustrations feront rire aux éclats les jeunes lecteurs qui découvrent l'album : l'insouciance des chevalières et leur paresse sont croquées avec beaucoup de dérision. La maison d'édition Talents Hauts est connue pour son engagement contre toutes les discriminations et le sexisme, et cet album ne fait pas exception : pas forcément princesses à sauver, pas forcément guerrières valeureuses, parfois simplement drôles et vivantes... Eh oui, les filles aussi ont le droit d'être imparfaites !
A la nuit tombée, les monstres sortent de leurs cachettes, mais ce que l’on ignore, c’est que ces pauvres créatures, à l’instar des enfants, ont elles aussi peur du noir... Michaël Escoffier nous gratifie d’une bien agréable histoire. Ce monsieur a le don d’aborder des thématiques liées à l’enfance en sortant des sentiers battus. Ici, par une approche tendre et humoristique, il évoque les peurs nocturnes des marmots, leur imagination fertile et par un effet de projection, tend à transformer les monstres en nos propres enfants. Cela fonctionne à merveille puisque le petit s’identifie aux personnages, se prend d’affection pour eux et en devient le protecteur. Inconsciemment et par le dialogue, cela le rassure et le rend plus hardi. Le récit est illustré par la talentueuse Kris Di Giacomo qui mélange avec brio différentes techniques d’illustration : crayonnés, collages, lavis... Une vraie artiste aux multiples facettes. Les tons utilisés sont sombres, mais quoi de plus normal lorsque l’on veut représenter la nuit. Pourtant paradoxalement, la large palette de gris et de texture utilisée éclaire l’œil et nous en met plein la vue. Si je devais trouver un défaut à ce titre, c’est qu’il n’est pas fait pour être lu le soir : finies les peurs nocturnes... et plutôt que de trouver le sommeil, vos enfants préfèreront garder un œil ouvert pour attraper l’un de ces petits monstres « trop mignons » !... - Michaël
Lou a 50 ans. Antiraciste, bouddhiste et ancien professeur d’université, il est aujourd’hui chauffeur de taxi dans le Mississippi protestant et conservateur du Ku Klux Klan. Bien sûr Lou a tout du anti-héros, il est forcément aigri (on le serait pour moins que ça), légèrement tendu (faut dire qu’il s’enquille des journées de 12 à 15 heures dans une caisse pourrie en buvant du Redbull) et passe donc son temps à faire des doigts d’honneur à tout-va (ce qui vous me direz n’est pas très politiquement correcte pour un bouddhiste).
Donc Lou pourrait-être un abruti lambda vulgaire, détestable et violent car sa situation personnelle n’est vraiment pas reluisante et qu’il faut bien trouver un exutoire quelque part. Mais Lou est tout l’inverse car il est plein de paradoxes et que fondamentalement il est dépourvu de méchanceté mais pas de dérision. C’est ce qui rend ce personnage fort attachant et c’est pour ça que je vous invite à partager quelques courses avec lui.
Partez à la rencontre de passagers plus déglingués les uns que les autres, à la découverte de l’Amérique ultra-libérale et de ses laissés-pour-compte ! Laissez-vous conduire par Lee Durkee, à la manière d’un John Fante ou d’un William Faulkner contemporain, sur les routes désargentées du Sud des Etats-Unis !
Dans le même esprit je vous invite, également, à découvrir l’œuvre de John Fante et notamment « demande à la poussière » et à voir « Taxi Driver » de Martin Scorsese ou « Taxi Blues » de Pavel Lounguine. Enfin, Rayon BD vous pouvez aussi emprunter à la Médiathèque « Taxi ! » d’Aimée De Jongh et « Yellow Cab » de Chabouté (adapté du roman éponyme de Benoît Cohen).
Bon voyage au pays de Donald et Mickey sous méthamphétamine (âmes sensibles s’abstenir).
Les parents de Travis sont séparés, mais du haut de ses 6 ans, il ne comprend pas grand-chose à ces histoires de grands. La plupart du temps il vit avec sa mère et passe quelques rares week-ends avec son père. Cela aurait pu fonctionner ainsi, un bonheur à eux, leur normalité, mais hélas, il en a été autrement : Dave, le père, a en lui un profond désespoir qu'il ne parvient à oublier que par la consommation d'héroïne. Nous n'avons malheureusement pas entre les mains une fiction, mais bel et bien le récit autobiographique de l'auteur qui dès son plus jeune âge a fait face aux ravages de la drogue. Victime innocente et impuissante, il a assisté a des scènes qu'un enfant de son âge ne devrait pas connaître. Il a grandi, s'est construit avec cette enfance cassée, volée. Aujourd'hui, Travis Dandro est devenu auteur et par la puissance du médium bande dessinée, il réussit à évacuer cette souffrance trop longtemps contenue. Il livre ainsi un témoignage rare, sans apitoiement, sans larmoiement sur toutes les victimes de la drogue. Non manichéen, le récit dépeint la vie, composée d'espoirs, mais aussi de désillusions. « Mon père, cet enfer » est une oeuvre riche, écrite et dessinée avec certes le coeur, mais aussi les tripes. - Michaël
Tous les personnages de ce roman, adolescents et adultes, se trouvent face à des cas de conscience. Chacun retranché dans ses "loyautés", essaie d'entrevoir les limites de ses implications, d'avoir un comportement loyal. Un clin d'oeil critique sur le rôle de l'Education National..
Bon roman, percutant, et qui se lit très facilement grâce à sa forme simple : chaque chapitre prend la voix de chacun des protagonistes C.
Paris, rédaction de Gringoire, octobre 1933. Suite à la demande du rédacteur en chef, Xavier de Hauteclocque, journaliste germanophile, se voit confier une enquête sur la nouvelle Allemagne, celle qui a élu voilà six mois Hitler au rang de chancelier, et qui s’apprête à voter de nouveau aux législatives en novembre. L’ Allemagne, notre reporter la connaît très bien ; il en revient d’ailleurs, parle couramment la langue et y a un solide réseau d’indics. Dès son arrivée à Berlin, l’ambiance est nauséabonde : intimidation de la population, disparitions inquiétantes se multipliant, voyage encadré pour la presse étrangère… Une chape de plomb est tombée sur l’Allemagne en seulement quelques semaines. Difficile pour Xavier de Hauteclocque de mener son enquête : l’omerta règne. En quête de vérité, celui-ci persévère et prend des risques pour comprendre les rouages du nouveau régime nazi.La Tragédie brune, c’est avant tout le titre du récit publié dès 1934 par Xavier De Hautecloque, dans lequel il alerte sur le danger nazi. C’est aussi cette bande dessinée qu’en ont tiré Thomas Cadène et Christophe Gaultier où l’on suit un homme virevoltant au gré de ses investigations grâce au dessin incarné de Christophe Gaultier. Le trait, épais, souligne la noirceur de cet automne 1933, ô combien glaçant et annonciateur des malheurs à venir. Thomas Cadène se fait discret dans son récit sur la biographie de notre héros : il choisit de se concentrer sur l’enquête en s’appuyant sur le texte original (dont le début est reproduit en appendice). Hommage est ainsi rendu non seulement à un homme, mais aussi au journalisme d’investigation et à sa quête de vérité. Avis aux amateurs de L’Ordre du jour d’Eric Vuillard – et aux autres - : ne passez pas à côté de ce titre ! - Michaël
Plus rien ne semble vraiment intéresser Adam, il est pour ainsi dire blasé de tout. Il voudrait un peu de changement, mettre du piment dans sa vie. La rencontre avec une mystérieuse jeune femme va le combler, mais bien au delà de ce qu’il espérait... Bien au delà de ce qu’un esprit sein pourrait endurer jusqu’à le pousser dans les méandres de la folie... « Presque Lune », éditeur rennais, nous gratifie une nouvelle fois, après « Beverly » et « Dansker », d’un excellent titre. Mystérieux, angoissant et à l’intrigue captivante, « Tumulte » est une pépite anglaise à découvrir absolument. Ce récit fait la part belle à la psychologie, principalement au Trouble Dissociatif de l'Identité. Nous sommes littéralement captivé par cette histoire dont l’intrigue morcelée se dévoile page après page, sans divulguer aucun indice auparavant. La narration est maîtrisée de bout en bout, les artistes utilisent très peu de cases, 5 à 6 par planches. Ils multiplient les cadrages serrés, gros plans et très gros plans. Par ce biais ils créent une ambiance inquiétante et énigmatique. Une grande partie de l’œuvre nous est contée par le narrateur, Adam, le héros de l’histoire. Cette technique permet de créer un lien direct entre lui et le lecteur, d’en être en quelque sorte le confident et je dois dire que cela fonctionne à merveille. L’illustration est également au niveau de l’intrigue, elle la sert, voire la sublime. Michael Kennedy aux traits noirs et épais, utilise une gamme chromatique réduite, pas de nuances, ni de gris, juste des plaquages pour faire disparaître les blancs. C’est beau et terriblement efficace. Je ne saurais que trop vous conseiller cette œuvre et ces auteurs qui vous mèneront bien au- delà d’une simple lecture. Un plaisir ! - Michaël
C’est l’été dans la grande maison familiale située en bord de mer. Edda et ses trois sœurs regardent la télé, vont se baigner, s’amusent pendant leurs vacances sous l’œil omniprésent du patriarche. Un maillot trop échancré lui déplaît, il faudra en racheter un autre. Les sœurs usent de stratagèmes habiles pour se soustraire à cette autorité, sous l’œil complice de leur mère. La belle harmonie familiale se fendille sous nos yeux lors d’un dîner : Edda annonce avoir passé et réussi le concours d’entrée à la haute école de médecine... ce qui ne rentre pas dans le plan élaboré par le grand-père. La guerre des générations est déclarée et l’émancipation des filles en marche. Dans cette BD, Lucie Quéméner dessine avec brio le portrait sur quatre générations d’une famille issue de l’immigration chinoise, certainement avec authenticité puisqu’elle-même est franco-chinoise. Pour autant, il s’agit bel et bien d’une fiction autour des notions d’héritage et d’émancipation. La kyrielle de personnages crée un univers dont les lignes se rejoignent très habilement et donnent à voir de multiples possibilités autour d’une même problématique. L’autrice a aussi eu l’excellente idée de développer l’histoire de chaque génération, moins pour expliquer des comportements que pour nous raconter des parcours de vies dont les multiples facettes échappent au premier regard, à la première lecture. Dans sa première bande dessinée, Lucie Quéméner nous offre un beau récit plein de force et de sagesse, qui met du baume au cœur. Espérons qu’elle récidive bientôt... - Aurélie
Daikichi, veuf de 75 ans, vit avec son chat Tama sur l’île japonaise d’Aoshima, appelée également « l’île aux chats ». Tous deux ont leurs habitudes, ils se connaissent bien après 10 ans de vie commune. Pourtant, parfois, ils arrivent à se surprendre l’un l’autre au gré de leurs pérégrinations et des aléas de la vie. « Le vieil homme et son chat » est un manga atypique, écrit et dessiné par un duo d’auteurs dont l’unique pseudonyme est « Nekomaki ». La fine équipe nous propose un récit d’une grande finesse et d’une grande sensiblerie. La relation entre Daikichi et Tama est un pur régal, nous passons aisément, selon les situations offertes par les protagonistes, de scènes de liesse à des instants plus intimes, plus mélancoliques. Cette relation homme/animal est touchante et juste, une complicité qui fait mouche à chaque page. L’illustration est également un des points forts de l’oeuvre puisqu’avec peu de traits, elle donne vie aux personnages en leur apportant juste ce qu’il faut de mimiques pour nous émouvoir. Les couleurs, posées façon aquarelle, ont des tons doux et apaisants. Au-delà de l’œuvre, nous apprenons l’existence de cette île japonaise qui, après la Seconde Guerre mondiale, s’est dépeuplée, laissant place aux chats, devenus pour la plupart sauvages, et à de rares retraités, tous vivant en parfaite symbiose et harmonie. Ce manga, destiné aussi bien aux enfants qu’aux adultes, est à conseiller même aux personnes réfractaires à la bande dessinée japonaise car d’une grande lisibilité. Alors CHATpeau Nekomaki. - Michaël
Une jolie petite princesse, tout de rose vêtue, à côté de son élégant carrosse assorti à sa tenue, est en pleine réflexion : « il est joli, mais… ».
Notre héroïne y apporterait bien quelques modifications. Un changement de couleur, du bleu par exemple, des roues plus adaptées aux chemins boueux… La fillette prend ses outils et n’hésite pas à se lancer elle-même dans les travaux. Au fil des pages nous assistons à la transformation du véhicule en un engin volant tout terrain.
Les illustrations sont drôles et bien détaillées, le texte simple convient parfaitement à la compréhension des tout·es petit·es.
Séverine Huguet nous offre un album qui balaye les stéréotypes de genre.
Qui a dit que les princesses ne savent pas bricoler ?
Dans la même collection et le même esprit vous aimerez aussi « Ma poupée » de Annelise Heurtier.
Conseils lecture
Ce sont des enfants, pour la plupart orphelins, mais tous sans le sou et dans la misère. Ils vont trouver en leur compagnon Colas, un espoir, un guide vers une vie meilleure. Ce nouvel horizon ne pourra cependant se faire sans sacrifices, car en l’année 1212, la foi est omniprésente et la seule « façon » d’atteindre le paradis est de partir en croisade défendre le tombeau du Christ. Ces enfants vont suivre un guide, mais peut-être pas celui qu’ils croyaient...
Inspiré de faits réels, ce fait divers dont très peu d’écrits subsistent, nous est conté par Chloé Cruchaudet et constitue un pan méconnu de l’histoire de France. Si la fin de cette croisade fait encore débat parmi les historiens, l’auteure s’en approprie une version et nous livre un récit épique à la dramaturgie parfaite. L’innocence et la naïveté des enfants sont un élément central de la trame et constituent le fil conducteur du récit. Un rejet du monde adulte, par qui tous les maux arrivent, est une des réflexions de l’œuvre. L’enfant serait-il supérieur à l’adulte du fait de son innocence ? Par delà cette question philosophique, la manipulation des masses du fait de l’ignorance et de l’inculture est également un sujet abordé qui fait écho encore aujourd’hui dans notre société. L’arc narratif est quant à lui savamment écrit, les personnages attachants nous font vivre différentes émotions : on s’attriste, on s’amuse et on s’inquiète. Le tout est parfaitement illustré par un trait fin et précis dont les volumes sont rehaussés d’une palette à l’ambiance « clair obscur » grâce à l’utilisation d’encres et de fusains. 172 magnifiques planches à découvrir dans un récit de haute tenue. - Michaël
Le canapé de Panda et Pingouin est vraiment trop vieux. Ils décident donc d’aller au magasin afin d’en acheter un nouveau. Parmi la multitude de modèles proposés, le choix s’avère bien compliqué… Nos deux amis arriveront-ils à trouver la perle rare ?
À travers des illustrations « simples », crayonnées aux pastels, cet album évoque la surconsommation de notre société, ainsi que la relation d’attachement aux objets qui nous sont chers.
Comme le dit si bien Fifi Kuo « Les choses que l’on possède déjà peuvent parfois être les plus parfaites ! »
Aude, 24 ans, commence une nouvelle et jolie histoire avec Christophe. Un coup de foudre puis une relation à distance, qui semble une évidence. Sans qu’elle s’en rende compte, le cours de sa vie a pourtant pris un tournant : malgré ses précautions, elle est enceinte. Après la stupeur, le déni, la colère, vient le parcours médical. Et la décision qu’il faut prendre : Aude opte pour l’avortement. Ce récit se fait à deux voix : celle qui a vécu cette épreuve, l’auteure, et celui qui accompagne, qui soigne, en la personne de Martin Winckler. Ce dernier livre son expérience médicale à double titre : du praticien de ce geste si particulier qu’est l’IVG, et du soignant empathique à l’écoute des nombreuses et si diverses patientes qu’il a assistées dans ce parcours. Le témoignage de l’auteure est à lire aussi bien par les femmes, concernées ou non, que par les hommes car il éclaire les mécanismes complexes qui entrent en jeu dans ce deuil. Rien n’est épargné au lecteur : le tourbillon émotionnel de la grossesse puis de l’avortement, la solitude de certaines femmes face à cette situation, la douleur de la fausse couche ou encore la lente et difficile réappropriation de son corps. Des larmes et du sang. Beaucoup… et la nécessaire bienveillance du corps médical et soignant. Une histoire de femme(s) racontée de manière à la fois délicate et violente, d’une sincérité bouleversante. - Michaël
La Justice League, la célèbre équipe de super-héroïnes et de super-héros, a beaucoup de travail pour sauver le monde de terribles menaces. Cependant, par moment, ses membres trouvent un peu de temps pour regarder leurs mails et répondre à leurs nombreux admirateur·rices... « Chère Justice League » est un récit jeunesse de « super·es », cependant il n'est en rien comparable avec ce qui se fait habituellement. Oh bien sûr, il va être question d'une menace sur notre planète, d'une bataille pour notre civilisation, mais cette intrigue est relayée au deuxième, voire troisième plan. Le plus important pour nos personnages est de répondre aux questions des fans et surtout, de répondre sincèrement : Superman fait-il des erreurs ? A force de vivre sous l'eau, Aquaman sent-il le poisson ? Et bien d'autres questions et réponses à découvrir ! Ce titre humoristique ravira petit·es et grand·es lecteur·rices, car aussi drôle que soient les réponses, c'est surtout la façon de les amener qui l'est encore plus. Bien sûr, les illustrations jouent également un rôle majeur dans le rendu général. Wonder Woman, Batman et compagnie sont croqué·es avec un style « cartoon », les visages et les postures, sont légèrement exagéré·es pour donner un effet des plus caustiques. « Chère Justice League » est un titre à part dans ce genre états-uniens, léger et rafraîchissant, il ne procure que du bien-être. - Michaël
C’était les meilleur·es ami·es du monde. Elle et lui aimaient se promener dans les bois, patauger dans la rivière, écouter gronder l’orage caché·es dans le grenier… Ensemble les enfants partageaient chaque instant de la vie, les rires, les jeux, les peurs… Iels étaient inséparables, jusqu’au jour où la jeune fille ne répond pas à l’appel de son ami. Très triste, le garçon se lance à sa recherche…
L’autrice, par la voix du personnage principal, nous raconte une belle histoire d’amitié entre deux enfants. Cependant celle-ci prend fin brutalement, sans raison apparente, si ce n’est une nouvelle rencontre. Le récit bascule alors sur le chagrin, l’incompréhension et les désillusions vécues par le garçon qui reste seul. Le texte simple est écrit à la première personne, au passé, ce qui laisse pressentir dès le début du livre le côté éphémère des sentiments. Les illustrations à la gouache sont très expressives et les représentations de la nature sont magnifiques.
Cet album très touchant montre bien à quel point on peut être blessé·e, se sentir trahi·e, voir abandonné·e lorsqu’une relation amicale intense se brise. C’est également un message d’espoir, sur la manière de rebondir positivement, sans colère, ni rancune.
Le titre, « Amitiés » au pluriel, est bien pensé, car dès l’enfance on apprend très vite que toutes les complicités ne sont pas forcément éternelles. La vie est faite d’une multitude de rencontres qui en font sa richesse.
Tendre, mélancolique, le récit de Frantz Duchazeau résonne tel le souvenir d'une enfance, peut-être la sienne, peut-être la nôtre, à jamais envolée. Le récit, et surtout le petit Pierre, sont attachants. Nous les suivons, sans les déranger, dans le périple pour devenir adulte. Limpide et juste, l'histoire est magnifiée par les illustrations de l'auteur, un noir et blanc délicat, limpide et sans fioriture.
Un récit court qui se déguste tranquillement et qui reste en nous en s'éteignant lentement.
Ernest, joli petit garçon de 10 ans d’une sagesse rare, traverse la vie au rythme régulier d’un métronome bien huilé. Il grandit sans bruit auprès de sa grand-mère, la bien-nommée Précieuse, et de Germaine, la gouvernante. Mais ça, c’était avant l’arrivée de Victoire, sa voisine de classe pétillante, qui bouscule son quotidien et l’amène à voir la vie autrement. Il en vient à se poser des questions nouvelles, sur le rythme si tranquille qui berce sa vie ou la permanence des silences entourant ses origines. La présence de son amoureuse lui donne des ailes et assez de courage pour prendre la plume et espérer changer ce qui lui pèse. « Lettres d’amour de 0 à 10 ans » est une (énième) pépite de madame Morgenstern. Un charme suranné et irrésistible se dégage de cette bande dessinée. Les aquarelles de Thomas Baas distillent une douce atmosphère au gré des pages que l’on tourne avec gourmandise. Les enfants tiennent le beau rôle dans cette histoire : ce sont eux les vrais héros qui, grâce à leur innocence et bienveillance naturelles, parviennent à retrouver la petite musique du bonheur là où elle était mise en sourdine. Une réflexion fine sur le rôle des parents (qui semblent absents de l’histoire mais y jouent un rôle central dans la transmission de valeurs aussi importantes que la générosité, l’attention à l’autre, la confiance) jouxte celle sur la présence et l’amour. Car il y a bien des façons d’être présent au monde, à soi et autres, et il arrive que l’absence ne soit pas synonyme de désamour, au contraire. Après tout, ne serait-ce pas la raison d’être des lettres d’amour ? Une lecture en forme de valse où trois temps amoureux s’enchaînent, à conseiller à tous dès huit ans. - Aurélie
Il y a le delta de l’Ebre, les hérons, les grenouilles, les roseaux et les rizières. Il y a ces hommes et ces femmes, la terre chevillée au corps, terre nourricière, terrain de jeu pour les plus jeunes, immense espace de liberté, chaîne et boulet au pied pour les adultes asservis depuis toujours à la noblesse locale, qui n’en a que le nom et non l’âme.
Entre front républicain, guerre civile et dictature de Franco, se dessinent les vies de trois générations de femmes, dans les eaux calmes ou parfois troubles du marais, dans la tempête qui point sur l’océan. Des vies souvent dures, âpres et cruelles, des existences où cohabitent souffrances, amour et espoir, celui d’un monde plus juste et moins totalitaire.
Au fil de l’eau, de l’onde du vent sur sa surface, comme un frisson dans les roseaux, l’autrice fait une description très sensible des personnages, de leurs sentiments et aussi des paysages. De la nature, d’une terre en équilibre sur la ligne d’horizon où les destins basculent.
Un magnifique récit d'une justesse exceptionnelle. Un roman universel et intemporel à la hauteur des plus grands classiques de la littérature, comme si l’on apercevait en reflet, dans l’eau du delta, les montagnes de « Pour qui sonne le glas ? ».
Une héroïne naïve, maladroite et très attachante, entourés de personnages nuancés et intriguants : tous évoluent dans un univers imaginaire si bien construit qu'on ne veut plus le quitter, porté par une intrigue rythmée et implacable. Tous ces ingrédients font de ce livre un excellent "page turner", à découvrir d'urgence.
Nolwenn
Vous pensez connaître l’histoire de Blanche-Neige ? Vous croyez que la princesse serait assez naïve pour croquer dans une pomme offerte par une sorcière ou que ce prince, assez louche, embrasserait, sans son consentement, une jeune fille endormie ? Et les prénoms des sept nains, vous croyez réellement qu’une mère appellerait son enfant Atchoum, Grincheux ou Simplet ? Ce roman va faire fondre vos certitudes !
Le début de ce conte est le même : un chasseur à bien été envoyé par la méchante belle-mère pour tuer Blanche-Neige et lui rapporter son cœur. Pour le reste, on vous a menti !
Dans la version de Côme D’Onnio, Blanche-Neige est une cheffe d’entreprise qui se bat pour de meilleures conditions de travail. Elle est végétarienne et laisse les nains s’occuper des tâches ménagères et de la cuisine. La belle-mère se retrouve cuisinière d’un « Déj-carriole » (l’ancêtre du food-truck), et espère bien réussir à empoisonner la princesse. Le prince charmant ? eh bien, il n’est finalement pas si important… Je ne vais pas vous en dévoiler plus : pour connaître toute la vérité, croquez vite dans ce livre à pleines dents !
C’est une lecture très drôle à l’humour décapant, avec une histoire originale et moderne qui aborde des thèmes importants comme l’écologie, le respect animal, les stéréotypes, le droit des femmes ou encore le monde social et économique. Les personnages revisités ont de la personnalité, de la persévérance et même la reine se révèle attachante.
En bonus, on trouve à la fin du roman les deux recettes inventées par la reine : « les croquettes de chou-fleur » et « le brownie au chocolat vegan rudement bon ». Miam !
Selon sa tante, Miyo est une bonne à rien, pourtant elle va réussir à décrocher un emploi dans la boutique de M. Momotoshi, un marchand excentrique spécialisé dans l’importation de toutes sortes de babioles. Une nouvelle vie commence donc pour la jeune orpheline qui va devoir apprendre de nouveaux codes de conduite mais également mettre à profit son talent de divination... Que voici un manga fort sympathique qui devrait trouver un plus large public que celui habitué au genre. Nous sommes sur un récit de type « seinen », destiné aux adultes, mais qui présentement peut être lu par un plus jeune public tant l’histoire est délicate et délicieuse. Nous suivons donc Miyo, tendre et attendrissante avec ses côtés un peu gauche et sa timidité propres aux personnes ayant été dévalorisées dans leur enfance. Même si cela ne constitue pas la trame principale, on devine que Miyo va s’épanouir en trouvant écoute et stimulation auprès de cet étrange M. Momotoshi. Cette intrigue, qui sera le fil conducteur de cette œuvre en 6 volumes, est distillée dans les nombreuses histoires que nous proposent le manga. Les différents chapitres proposent à chaque fois la découverte d’un objet occidental de la fin du 19e siècle et une fiche explicative de son fonctionnement. Loin d’avoir livré tous ses secrets dans ce premier volume, nous attendons avec impatience d’en savoir plus sur le don de divination de Miyo, qui devrait par la suite se montrer d’une extrême importance… - Michaël
Le soleil se lève sur la savane, petit singe se réveille et il a faim. Hélas en descendant de son arbre il ne trouve plus qu’une peau de banane. Mais qui a bien pu manger les autres ? Notre petit héros se met en route pour trouver la/le coupable auprès des habitant·es de la savane.
Voici un album drôle et coloré, où l’enfant suit un sympathique personnage dans sa quête de nourriture et découvre ainsi les différents animaux. L’histoire capte l’attention jusqu’au bout du livre car rien ne laisse pressentir la fin de l’histoire.
De la même autrice, Juliette Parachini-Deny, vous aimerez aussi « Pablo veut changer de peau ».
C’est bon moment de lecture et de détente à partager.
Cinq minutes, c'est long. Surtout quand il faut attendre pour entrer au parc d'attractions ou que maman ait fini à la poste. Mais cinq minutes c'est si vite passé, quand on patiente avec angoisse chez le dentiste ou quand on s'amuse bien ! A travers cet album rempli d'humour, les auteurs donnent à voir la relativité du temps qui passe, parfois très lentement, parfois trop rapidement. Cette expression qui revient comme une ritournelle au fil des pages, « dans 5 minutes » ou bien « juste 5 minutes », les adultes l'utilisent toute la journée, parfois sans même s'en apercevoir ! Les illustrations nous montrent des situations du quotidien dans lesquelles tous les enfants vont se reconnaître. Olivier Tallec fait naître dans les gestes et sur le visage de son petit héros toutes les émotions liées au temps : la frustration, l'ennui, ou encore l’excitation et le trépignement lors d'une attente insoutenable. On retrouve avec beaucoup de justesse et d'humour ces postures parfois étranges que prennent les enfants lorsqu'ils patientent. Le temps est avant tout une histoire de perception... et cet album nous le montre bien !