Conseils lecture
Caroline du Nord, Smoky Mountains, 1930. Après trois mois d’absence, George Pemberton revient de Boston, fraîchement marié. La jeune épouse citadine s’acclimatera-t-elle à son nouvel environnement ? Les hommes de l’exploitation forestière Pemberton en doutent, mais c’est méconnaître Serena, superbe rousse au tempérament de feu et à la volonté de fer. Son ambition n’a d’égal que son intelligence, et il n’est de problème auquel Serena ne trouve de solution... Ne connaissant pas le roman de Ron Rash, qui est à l’origine de cette bande dessinée, je ne peux en faire la comparaison. Malgré tout, si le récit est à la hauteur de l’adaptation réalisée par Pandolfo et Risbjerg, il ne faut pas hésiter à se jeter dessus. Car oui, nous avons entre les mains un roman graphique d’une exceptionnelle intensité. Sur une trame historico-économique, celle des Etats-Unis des années trente, Pandolfo et Risbjerg tissent une toile emplie de personnages charismatiques. Chaque fil, chaque ‘noeud’ de l’histoire converge vers le point final, l’issue, implacable. Les dessins apportent une touche contemporaine à ce roman graphique, noir, dur, à la fois très américain par son côté far-west et intemporel, universel par ses thèmes principaux : la passion et l’ambition. Alors, laissez-vous séduire par Serena la rousse, en lisant cet excellent roman, noir et graphique. - Michaël
Pénélope est médecin pour une organisation humanitaire, elle est régulièrement en mission pendant plusieurs mois dans des zones de combats ou règne la misère. Alors lorsqu’elle rentre chez elle, il n’est pas toujours facile de se replonger dans un quotidien banal, plutôt normal dirons-nous, une vie de famille ou les problèmes ne semblent être que futilités... À la lecture de cet ouvrage, on pense de suite à une bande dessinée de reportage, un récit témoignage livré par un médecin humanitaire : il n’en est rien, ce titre est une fiction, mais qui, sans nul doute, touche au plus près de la réalité tant il sonne et résonne juste. Nous suivons les préoccupations de Pénélope, qui à son retour pense à ceux qu’elle a laissés, à ceux qu’elle a perdus, des fantômes qui l’obsèdent et l’empêchent de vivre sa vie d’ici. Sa vie justement, quelle est-elle ? Cette question l’entête, elle qui navigue entre deux mondes. Bien sûr, sa famille, ses proches ont les mêmes interrogations : un mari qui ne voit jamais sa femme, une enfant qui grandit sans la présence physique de sa mère. Sont-ils tous des étrangers ? Il y a dans cette œuvre une remarquable leçon de choses, psychanalyse de l’être, du moi. Admirablement écrit, subtil et sensible, « Les deux vies de Pénélope » est une œuvre différente qui, à défaut de donner des réponses, met en lumière des femmes, des hommes, hors du commun. - Michaël
« Corps vivante » est le témoignage sensible et sincère de son autrice : Julie Delporte.
Par ce petit livre, elle nous convie dans son intimité, partage ses joies, mais aussi ses peines, son désarroi.
Elle parle de sa sexualité, de cette société qui enferme et empêche tout épanouissement.
Elle raconte le viol dont elle a été victime, ses rapports avec les hommes, avec les femmes, sa lente déconstruction.
Bien heureusement, elle écrit aussi sur sa reconstruction. Elle évoque des références littéraires, cinématographiques, culturelles dont elle s’est nourrie pour enfin « être ».
« Corps vivante » est un récit intimiste, certes exutoire, mais profondément tourné vers les autres afin d’éveiller et de libérer.
La narratrice, jeune femme anglaise, est un modèle de réussite. Issue d’un milieu social modeste, elle a fait de remarquables études et occupe aujourd’hui un poste à responsabilité dans une grande banque de la City. A trente ans elle est propriétaire de son appartement et possède un capital financier conséquent. Son compagnon, héritier d’une longue lignée de politiciens, marche déjà dans les pas de ses aïeux. Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes à un détail près, elle est noire et malgré une intégration parfaite, le poids du jugement des autres l’écrase. Elle ne supporte plus d’obéir à ces lois, à ce modèle de société établi par les blancs, où on l’enferme.
Natasha Brown nous livre ici un texte exigeant et précis, où elle dissèque à la fois les états d’âme de son héroïne et la société britannique. Un parcours intime qui nous plonge à l’intérieur de ce personnage particulièrement clairvoyant, qui décortique avec une grande intelligence les mécanismes de l’aliénation des personnes de couleurs par le système protestant, anglo-saxon et blanc. Un récit incisif mené à la pointe du scalpel, une bataille féroce pour échapper au déterminisme, qui va bien au-delà de la condition sociale de ses parents.
Connaissez-vous Kal-El ? Alias Clark Kent, alias Superman ? Si ce n'est pas le cas, voici son histoire, depuis ses premiers pas sur la terre à ses plus grands exploits.
Cet album, destiné à un jeune public, présente de façon simple la mythologie de l'homme d'acier et permet ainsi aux non-initiés de pénétrer facilement un univers riche et en constante évolution depuis plus de 79 ans. Dans la même collection, laissez-vous également séduire par Batman : l'histoire du Chevalier Noir ou comment un jeune garçon deviendra le plus grand détective du monde. - Michaël
C’est une merveilleuse intension pleine de délicatesse qui est à l’origine de ce roman. En modifiant le cours de l’histoire, Coline Pierré redonne vie à un être disparu trop tôt. Sylvia Plath, poétesse américaine talentueuse qui mit fin à ses jours, un triste matin de 1963, alors qu’elle n’avait que 30 ans. Grâce à cette merveilleuse idée l’autrice répare l’injustice du destin de Sylvia, sacrifié sur l’hôtel de la société patriarcale des sixties.
Grâce à la fiction l’héroïne échappe par un heureux hasard au trépas, ce qui constitue le point d’un nouveau départ. Nous suivons alors, pas à pas, la lente reconstruction d’un être fragile, sur le fil, dont on redoute, à chaque instant, la chute. Une femme attachante qui souhaite seulement être considérée comme une personne à part entière.
Dans le swinging London des années soixante, Sylvia Plath réussira-t-elle à retrouver le goût de la vie ? Alors que les femmes se battent pour améliorer leurs droits, arrivera-t-elle à reprendre le contrôle de sa propre existence ? Et quelle résonance trouvera son combat personnel dans la lutte féministe ?
Un roman très touchant, une ode à la liberté de créer, à celle de penser et à l’indépendance. Un ouvrage qui nous permet aussi de mettre en perspective la condition des femmes à travers les époques et le chemin qu’il reste à parcourir.
Dans quartier ordinaire, on trouve une rue ordinaire, et dans cette rue ordinaire, des maisons les unes à côté des autres. Et dans chaque maison, il y a des habitants qui ne se connaissent pas. Au n°15, il y a Camille, chez qui il y a un boucan d’enfer, qui n’ose pas parler à M.Rivières, grand avocat prestigieux ; de l’autre côté il y a un énorme dragon, qui en réalité est une souris qui se déguise, effrayée par le voisin d’en face, un chat (végan). Mais un beau jour, une suite d’événements vont faire se rencontrer tous ces voisins remplis de craintes et de préjugés les uns sur les autres…
Merci voisin est un album dans l’aire du temps. Aujourd’hui, chacun d’entre nous vit sa petite vie, dans son petit chez soi, sans prendre le temps d’aller vers ceux que nous côtoyons au quotidien. Nous préférons nous juger les uns les autres plutôt que de tisser des liens.
Dans cette rue, chacun est un peu solitaire et malheureux dans son coin ; la méfiance que ressentent ces voisins les uns vis-à-vis des autres les isolent. Le jour où enfin, ils osent faire un pas vers l’autre, ils se rendent alors compte qu’ils peuvent être heureux tous ensemble.
Les illustrations, sans être très originales, sont accessibles et les personnages animaux plutôt attachants.
Cet album sympathique véhicule de belles valeurs sur l’entraide, la découverte des autres, les rencontres.
Très loin d'ici, dans le Grand Nord, Nils et Anna écoutent leur papa leur raconter l'histoire de la baleine gigantesque, qui fait 6 fois la taille de leur maison. Leur papa l'a rencontrée une seule fois. Nils aussi veut la rencontrer, alors, il guette, il scrute, et un beau jour, décide de partir en kayak à sa recherche. Mais Anna n'a pas dit son dernier mot et monte à bord incognito ! Les deux enfants embarquent pour un magnifique voyage à travers les paysages glacés de l'Arctique... La mystérieuse baleine est un album empreint de poésie et d'invitation au voyage. A travers le voyage initiatique de Nils et Anna, le thème des relations entre frères et soeurs est très justement abordé. Les illustrations, dans les tons pastel, sont douces et rendent grâce aux couleurs extraordinaires de la mer et du ciel du Grand Nord. Cette belle et douce histoire est à déguster sous une couette, accompagné d'un chocolat chaud, en rêvant à ces endroits sur terre, lointains et extraordinaires
Nicolas Keramidas, auteur de bande dessinée, délaisse, le temps d’un album, la fiction pour un récit autobiographique poignant et pédagogique. Alors âgé d’un an, il fut l’un des premiers bébés opérés à cœur ouvert pour malformation cardiaque. Quarante-trois ans plus tard, il doit repasser sur la table d’opération... Ces événements, surtout le dernier bien entendu, le poussent aujourd’hui à se confier, à décrire dans un journal de bord son hospitalisation présente. Livre exutoire, il dévoile sans pudeur, mais non sans humour, ses angoisses et cette peur de la mort omniprésente. Il nous parle de son enfance, de sa construction autour de sa maladie. Il décrit son quotidien, d’examens en opérations et nous livre aussi, en parallèle, les sentiments de ses proches, les peurs, les pleurs de ceux qui tiennent à lui. Nicolas Keramidas n’oublie pas non plus les services hospitaliers, présents tout au long du récit, qui réalisent chaque jour des miracles. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, « À cœur ouvert » n’est pas triste, au contraire, cette bande dessinée nous dit d’aimer la vie et c’est bien ce que nous allons faire... - Michaël
Tom a peur, c’est son premier jour dans sa nouvelle école. Alors, pour le rassurer son papa lui dit maladroitement : « Les grands garçons ne pleurent pas. » Fort de ce conseil, Tom ne pleura pas, mais en chemin… Jonty Howley nous offre une histoire touchante, pleine de tendresse et d’émotion. Il décrit simplement, mais avec justesse, l’image que notre société nous impose de la masculinité. Un homme ça doit être fort, ça ne montre pas ses émotions et surtout ça ne pleure pas ! Poncif qui a la vie dure ! Et pourtant, en quelques pages Jonty Howley réussit à détruire ce modèle archaïque. Il laisse les hommes, les garçons s’exprimer et montre toute leur sensibilité. Loin des clichés, il dépeint une relation sans préjugés entre un père et son fils, saine et surtout sincère. Cet album ne s’arrête pas là, car l’enfant apprendra également que les larmes versées ne sont pas toujours de tristesse, mais qu’elles peuvent être de natures différentes selon les situations. Jonty Howley illustre également son récit et nous transmet toute sa sensibilité par des dessins tendres à la technique irréprochable. Pas de « larmes de crocodile » avec ce titre, mais un réel coup de cœur. - Michaël
Southern Bastards est un récit âpre, violent, qui se situe en Alabama, dans le Sud américain rural contemporain. Là-bas la violence, le racisme sont monnaie courante, encore plus dans les bastions oubliés. Nous avons donc entre les mains une œuvre d’une dureté extrême, mais ô combien maîtrisée et assumée par les auteurs. Jason Aaron, spécialiste des récits noirs, nous livre une nouvelle fois un titre sur les tréfonds de l’âme humaine et de cette Amérique qui peut être encore aujourd’hui si cruelle. - Michaël
Conseils lecture
Gaspard passe ses vacances chez sa grand-mère, mais très vite l’ennui le gagne. Pour y échapper, il décide, malgré l’interdiction, d’explorer le grenier. Là-haut il découvre une table à dessin et une planche de BD inachevée. C’est alors qu’apparaît le fantôme de son grand-père, qui était auteur de bande dessinée... Voici un titre qui ne paie pas de mine, mais qui est surprenant tant par son histoire que par ses illustrations. Le récit est une fiction aux vertus pédagogiques loin d’être ennuyeuse. On y découvre les rouages de la création d’une bande dessinée. Nous suivons avec Gaspard chaque étape, de la naissance d’une idée à la mise en couleur d’une planche. Ce récit est illustré de façon efficace par Mickaël Roux, adepte des séries humoristiques, au style énergique. « Gaspard et le Phylactère magique » permet, tout en s’amusant, d’apprendre et plus que tout, donne une furieuse envie de se mettre à dessiner. - Michaël
Lorsqu'une personne éternue, il est de tradition de dire " à vos souhaits", mais Félix, lui, détourne la chose en disant : "A mes souhaits". Pour quelle raison ? Tout simplement parce que c'est sa collection... Félix collectionne les souhaits des autres ! Il a déjà une belle collection lorsqu'il rencontre Calliope. Cette mystérieuse jeune fille n'a pas de souhait, mais pourquoi ? Loïc Clément nous a écrit un très beau conte, original et poétique. Cette oeuvre est mise en image par Bertrand Gatignol, illustrateur talentueux au trait fin qui donne vie à cette oeuvre d'une grande beauté. La bande dessinée jeunesse est un vivier de récits innovants et de qualité, "Le voleur de souhaits" fait partie des prochains classiques de la littérature. - Michaël
Goliath n’est pas comme les autres enfants, il est grand, très grand, voir très très grand et cela le peine. Il est différent…
Ximo Abadía, auteur espagnol dont j’admire l’œuvre propose avec cet album un récit touchant empli de sagesse et de beaucoup de tendresse. Il évoque le thème de la différence, du mal être et de comment trouver sa place dans la société. Loin d’être triste, le récit se transforme en quête initiatique dont chaque scène est une impressionnante rencontre. En cela son travail graphique est remarquable, il juxtapose les formes, les matières pour rendre des tableaux d’une extrême efficacité. Très peu de couleurs sont utilisées, les mêmes page après page, savamment dosées et distillées afin d’offrir différentes ambiances, différentes émotions à l’histoire.
Goliath est un géant et heureusement pour nous, son amour aussi alors, il serait dommage de s’en priver !
L’histoire commence dans une bergerie, entre la plaine et les hauts sommets. Un homme, « Le berger », en soigne un autre, « L’assassin », blessé par balle à la cuisse. Des deux protagonistes, nous n’en saurons pas beaucoup plus, si ce n’est qu’ils vont devoir s’entraider pour survivre et traverser la montagne, sur fond de Seconde guerre mondiale.
Henri Meunier entraine les lecteur·rices dans un récit fort et poignant. Avec ses non-dits, il nous pousse aux questionnements sur la confiance en autrui, la notion de bien et de mal, et le fascisme. L’écriture et les dialogues sont empreints de poésie et d’une certaine philosophie.
Grâce à ses magnifiques illustrations pleine page, Régis Lejonc donne vie à un troisième personnage : « La montagne ». L’illustrateur la connait bien, puisqu’il y passé son enfance et son adolescence à la contempler au pied de La Tourette en Haute Savoie. Il la dessine ici sous tous ses différents aspects. Parfois verdoyante, rouge, enneigée, au clair de lune ou bien encore dans la pénombre menaçante.
L’atmosphère est particulière et pesante, on ressent la tension engendrée par la situation. La cordée formée par les deux héros symbolise l’équilibre qu’ils doivent maintenir entre eux. Si l’un fait un pas de travers, il entraine l’autre dans sa chute. Leurs destins sont liés.
« Le berger et l’assassin » est un très beau roman au format album A4, à couper le souffle. On y retrouve les thèmes de la confiance, du dépassement de soi et de l’instinct.
Je le conseillerai à partir de 10 ans pour des enfants déjà à l’aise avec la lecture, mais il plaira tout autant aux adultes, notamment aux amateur·rices de romans graphiques.
Papa Ours est heureux avec sa fille Elma, ils vivent au jour le jour dans un univers d’amour et de paix. Malheureusement cette quiétude est mise à mal le jour des 7 ans de la petite humaine. Il est temps pour Papa Ours, malgré ses peurs, d’accompagner Elma pour un long voyage... Beaucoup d’émotions se dégagent de ce magnifique album. De par ses illustrations qui sont d’une incroyable beauté. Sur papier coloré, Léa Mazé utilise gouaches, crayons de couleur et encres afin de donner vie et d’insuffler des ambiances particulières à chaque scène. Son trait est fin et délicat, il enchantera bon nombre de lecteurs. Enfin le scénario est mystérieux et tendre à la fois. Nous accompagnons Papa Ours et sa petite Elma dans un voyage dont nous ne connaîtrons pas tout de suite le dénouement (suite et fin dans le tome 2). De très petits indices ponctuent le récit, mais ne laissent pas la place à de hâtives conclusions. Au delà de cette frustration, nous sommes touchés de plein fouet par l’amour que se portent les deux personnages. Les marques d’affections se multiplient aux grés des événements et nous ressentons cette complicité, cette connivence familiale. À regarder Papa Ours perdu dans ses pensées, ses craintes et ses peurs, vous comprendrez qu’Ingrid Chabbert, par son écriture et sa mise en scène, a réussi à rendre ces personnages bien vivants. Tellement vivants que nous tremblons pour eux. « Elma, une vie d’ours » est à n’en pas douter un futur classique de la bande dessinée jeunesse. - Michaël
Lorsqu’elle se réveille, Hilda n’est plus chez elle, ni vraiment elle-même. Elle est dans une grotte, chez les monstrueux Trolls. Pourtant, elle n’est pas en danger. Son corps s’est transformé, elle est devenue l’une de ces créatures effrayantes et passe totalement inaperçue. Que s’est-il passé ? Quelle est la raison de sa présence ici ? Et si l’occasion lui était donnée d’apprendre à connaître un peu mieux ce peuple dont on ignore tout ? Sixième et à priori dernier volume de la série Hilda, et comme dans les précédents tomes, on se régale à la lecture de ses aventures. Comme toujours, Luke Pearson nous plonge dans un univers étrange, mais toujours teinté de bienveillance. Cela est la force de ses récits, nul ne sait comment il y arrive, mais ouvrir un Hilda est une expérience à part. Peut-être cela est-il dû à un délicat mélange d’humour, de fantaisie, de fantastique et peut-être de mélancolie, mais toujours est-il que ses histoires, et celle-là encore plus, sont captivantes. Nous assistons à la fin d’une série, ou peut-être, espérons-le, simplement d’un cycle. Un clap de fin qui met en exergue la différence, la tolérance et la force de l’amitié. Tant de messages à transmettre à nos enfants, tant de messages dont on peu s’inspirer pour nous ouvrir aux autres. Les illustrations sont toujours aussi belles, même si depuis 2011 le trait de l’artiste anglais à quelque peu évolué, je vous encourage vivement à reprendre le premier tome. La gamme de couleurs pastels employée ajoute une atmosphère de douceur, de calme, de bien-être. « Hilda » est sans conteste l’une des meilleurs séries jeunesse de ces dix dernières années, alors partagez-là. Pour info, Hilda existe également en série animée sur la plateforme « Netflix ». - Michaël
« Simple » est le surnom de Barnabé, un garçon de 22 ans d’âge civil mais de 3 ans d’âge mental. Il joue aux Playmobil, converse avec Monsieur Pinpin, son lapin en peluche qu’il croit vivant, et ne pense qu’à tuer Malicroix, l’institution spécialisée où son père l’a enfermé à la mort de sa mère. Kléber a 17 ans, c’est le frère de Simple : il va rentrer en terminale et décide, contre l’avis de tous, de s’occuper de son aîné déficient mental. Ils vont finir par emménager dans une collocation avec quatre autres étudiant·es qui découvriront que vivre avec Simple n’est pas si facile.
Marie-Aude Murail, bien connue de la littérature jeunesse, nous offre un roman poignant et drôle à la fois. La relation forte et émouvante entre les deux frères est parfaitement décrite. On ressent les émotions de chacun. Simple qui avec ses réactions sans filtres et son langage particulier provoque parfois malgré lui des quiproquos, mais qui est également bien conscient de sa situation lorsqu’il se confie à Monsieur Pinpin. Kléber qui fait de son mieux pour que Barnabé se sente bien, alors qu’il aimerait comme ses ami.es, profiter de sa jeunesse, des sorties, des premiers amours…
Les autres personnages ne sont pas en reste, iels ont tous et toutetes une personnalité bien affirmée. Les colocataires qui doivent apprendre à vivre avec ce garçon différent et vont voir leur propre vie chamboulée. Même le voisin bougon, le père et l’assistante sociale, rôles plus secondaires, ont leur importance et leur place dans l’histoire.
Ce roman est magnifique, il apporte un regard neuf sur le thème du handicap mental. C’est une ode à la tolérance, à l’entraide, la fraternité, à l’amitié qui touche au cœur, tout en étant écrit avec humour et espoir.
Qu’il y a-t-il sur la lune ? Il y a un guichet, et derrière ce guichet, il y a Jean. Régulièrement, des pensées en tout genre apparaissent : une trompette biscornue, un 10 sur 10, un souvenir de vacances ou un avion tout neuf. Alors Jean les classe, les range, en prend bien soin. Un jour, une petite fille apparait. « Elle n’a rien à faire sur la lune », se dit Jean, « elle doit repartir ». Mais il a beau la catapulter, la coller dans une fusée, l’accrocher à une étoile filante, rien à faire, la petite fille revient toujours ! Alors, petit à petit, Jean va apprendre à cohabiter et à transmettre son drôle de métier…
« Le guichet de la lune » est un bel album mélancolique et onirique. Il pose la question : où s’en vont les pensées lorsque les gens sont dans la lune ? Cette histoire pourrait sortir tout droit de l’imagination d’un·e enfant·e, et c’est en cela que le texte de Charlotte Bellière est très touchant.
Dès le départ, le·la lecteur·rice est intrigué par Jean, et ce qu’il fabrique sur la lune. Au fil des pages, le mystère se délie et ses activités deviennent fascinantes. Le guichetier semble toutefois chagriné d’être parfois désœuvré, car les humains rêvent de moins en moins. C’est pourtant essentiel, de prendre le temps de souffler, s’évader, laisser ses pensées filer !
Les illustrations de Ian de Haes sont douces et la colorisation est magnifique. Le choix des nuances de jaune et bleu est très réconfortant et nous rappelle bien sûr notre beau satellite, la lune.
Cette histoire est parfaite pour les enfant·es qui aiment passer du temps dans la lune et la tête dans les étoiles, qui aiment rêver, tout simplement.
David Merveille n’en est pas à son coup d’essai en ce qui concerne Monsieur Hulot, le personnage emblématique et bien connu du réalisateur Jacques Tati.
S’inspirant des films cultes « Mon oncle » ou encore « Les vacances de Monsieur Hulot », il nous offre avec son dernier album « Hulot Domino » un livre empli de poésie et de petits mystères. Dans cet album sans texte, nous retrouvons Monsieur Hulot dans sa vie et ses activités quotidiennes : lecture, bronzage à la plage, promenades… Chaque moment se termine par une découpe au laser en ombre chinoise, ellipse qui entraîne Monsieur Hulot dans une tout autre situation. Toutes ces petites scénettes humoristiques sont habilement liées par des strips à la manière de la bande dessinée. Les découpes en ombre chinoise viennent se superposer aux pages superbement colorisées et soulignent le décalage de notre personnage et l’humour de notre auteur-illustrateur. David Merveille nous offre un album à contempler, à lire à relire, où l’on retrouve pour notre plus grande joie Monsieur Hulot, son imperméable, sa pipe, son parapluie, mais aussi son étourderie et sa magie.
Tendre, mélancolique, le récit de Frantz Duchazeau résonne tel le souvenir d'une enfance, peut-être la sienne, peut-être la nôtre, à jamais envolée. Le récit, et surtout le petit Pierre, sont attachants. Nous les suivons, sans les déranger, dans le périple pour devenir adulte. Limpide et juste, l'histoire est magnifiée par les illustrations de l'auteur, un noir et blanc délicat, limpide et sans fioriture.
Un récit court qui se déguste tranquillement et qui reste en nous en s'éteignant lentement.
La lutte contre la maltraitance animale est un sujet qui alimente les débats dans notre société. Aussi juste soit-elle, elle remet en cause bons nombres de croyances et/ou de pratiques plus ou moins barbares.
Alors, à raison, if faut se demander ce qu’est la maltraitance animale et où commence-t-elle ? Le débat est ouvert…
« Sandrine et Flibuste » et « Les droits des animaux en questions » sont deux titres qui abordent le sujet. L’un par des minis récits en bande dessinée où avec humour et cynisme, l’autrice aborde des thèmes explosifs comme l’élevage intensif, le broyage à vif ou encore la chasse à courre. Elle interroge en cela le rapport de domination de l'humain sur l'animal.
L’autre titre a une approche plus scientifique et juridique. Il va nous conter l’histoire de l’humanité et son rapport avec ce monde animal dont elle oublie souvent qu'elle en est. Il va s’attarder également sur le cadre juridique, l’animal est-il une chose, un meuble ? Les avancées de ces dernières années en matière de droit et le chemin qu’il reste encore à parcourir pour offrir à l’ensemble du vivant la vie qu’il mérite.
Gandhi a dit : « On peut juger de la grandeur d'une nation et ses progrès moraux par la façon dont elle traite les animaux. »… Alors où en est-on ?
Il y a trois ans, la ville de Poughkeepsie fut l’objet d’une mystérieuse catastrophe. Depuis, la ville est mise en quarantaine. Là-bas la réalité a été altérée et les dangers sont multiples. Malgré cela, Addison est l’une des rares à braver l’interdiction et y pénétrer. Elle prend des clichés de la zone afin de les monnayer à de riches collectionneurs. Vénale, elle ne l’est pourtant pas, cet argent sert à aider sa sœur, une des rares survivantes de la « Spill Zone ». Pourtant Addison va accepter un dernier contrat qui, si elle le réussit, les mettra à l’abri du besoin. La « Spill zone », il est si facile d’y entrer... mais de plus en plus hostile et difficile d’en sortir. Récit complet en deux volumes « Spill zone » est une des bonnes surprises de cette année. L’œuvre est très bien écrite, étrange, inquiétante et pleine de suspense et de rebondissements. A aucun moment on ne s’ennuie, on tourne les pages de l’album avec frénésie tant il est difficile de se détacher du récit. Cette intrigue, si bien ficelée, si bien amenée, est une réussite en terme d’écriture de de narration. L’illustration est également un pan important de l’œuvre puisqu’elle intensifie la tension du récit par son trait unique et une mise en couleur alternant des tons sombres et criards. Voici donc un comics de haute qualité, complet en deux volumes, qui saura séduire le lecteur exigeant. - Michaël
A la lecture de ce manga on ne peut s’empêcher de penser au film d'Harold Ramis, Un jour sans fin, où le héros incarné par Bill Muray ne cesse de vivre la même journée... Mais voilà, ici point d'humour, mais la guerre dans toute son horreur. Notre jeune héros revit inexorablement sa mort, jusqu'au moment où il comprend qu'il peut influer sur le destin et sur, on l'espère, le résultat de cette guerre contre les envahisseurs extraterrestres. L'histoire devient captivante et on suit le jeune Keiji dans ces boucles temporelles, si bien amenées qu'elles ne nous perdent aucunement. De là, nous nous prêtons au jeu et nous revivons ces innombrables journées à la recherche de solutions afin d'aider notre champion. Un manga de science-fiction en seulement deux volumes, ce qui est assez rare pour le signaler, et dont le scénario riche et dense a été adapté au cinéma sous le nom de Edge of Tomorrow. Que les spectateurs du film se rassurent : ils peuvent lire cette BD sans sentiment de redite : les scenarii diffèrent suffisamment pour que cette lecture s'impose. - Michaël
Solange et Albert grandissent sans amour dans un monde cruel et stupide où les adultes comme les enfants les rejettent et pire parfois, les maltraitent. Ils poussent comme ils peuvent, sans tuteur, un peu bancals jusqu’au jour où ils se rencontrent. Adossés l’un à l’autre, puis enlacés, ils puisent dans cette union le courage et la force nécessaires pour vivre.
Ils grandissent essayant tant bien que mal de s’intégrer, avec le peu de moyens qu’ils ont, dans cette société qui n’a jamais voulu d’eux. Jusqu’à ce jour, au bord de la mer, où une énième provocation fait basculer leur existence, car Solange et Albert se sont construits seuls, à l’écart, avec leurs propres valeurs, leurs propres règles et leur propre justice.
L’histoire bouleversante de la fuite en avant ou plutôt en arrière de ce couple, à la recherche, désespérément, de ce qui leur a toujours manqué : l’amour d’un parent.
Un récit entraînant et surprenant, entre ombre et lumière, dans lequel alternent la délicatesse des sentiments et la violence meurtrière. Un magnifique roman noir qui nous plonge avec maestria dans la psychologie de ses deux êtres sacrifiés.
Mais l’expérience ne s’arrête pas là, le roman fait partie intégrante d’un projet plus large constitué également d’une série. Une œuvre complète qui nous permet de retrouver dans le téléfilm les personnages du livre et son auteur, quelques années plus tard. Une mise en abîme géniale qui offre un nouvel éclairage à l’intrigue. C’est à la fois très bien écrit et merveilleusement joué, par des acteurs de talent : Niels Arestrup, Sami Bouajila, Alice Belaïdi… Une grande réussite !
Un dernier conseil : lisez le roman avant de regarder la série, la découverte en sera d’autant plus belle.