Conseils lecture
1916, Elisabeth Freeman est une suffragette, elle milite pour le droit de vote des femmes états-uniennes. Lorsque le sociologue William Du Bois lui propose de profiter de son voyage à Waco pour enquêter en toute discrétion sur ce qui est arrivé au jeune Jesse Washington disparu après son interpellation par le shérif, Elisabeth n’hésite pas un instant… Son combat pour l’égalité et la liberté est universel !
Une nouvelle page d’histoire nous est proposée par l’excellente collection documentaire « Karma » de chez Glénat. Bien sûr, elle est peu reluisante : elle dénonce une société patriarcale violente envers les femmes désireuses d’émancipation, mais aussi les horreurs de ce sud états-unien, arriéré et sanglant, où la justice n’est qu’un vain mot. Pourtant, malgré cette brutale réalité, on ressort tout de même rassuré par ces femmes et ces hommes qui combattent au péril de leurs vies l’injustice et l’intolérance. Une lueur d’espoir, certes faible tant la bêtise semble omniprésente et contagieuse, mais bien présente et qu’il nous faut absolument entretenir.
Personnellement, je ne connaissais pas Elizabeth Freeman, maintenant si ! et j’en suis heureux car s’enrichir de modèles aux valeurs positives n’est que trop important pour donner le courage de faire de notre société un monde meilleur.
A partager à tous et toutes !
« Le petit illustré de l’intimité » est une série de deux petits livres au contenu riche et instructif. Chaque volume présente un sexe : la vulve pour l’un, le pénis pour l’autre.
Ces titres permettent d’aborder librement et surtout sans tabous les questions de sexualité. Ils traitent aussi bien de l’organe en tant que tel, mais aussi du genre, du consentement et d’égalité.
Les illustrations, précises et détaillées permettent de connaitre son corps pour mieux le comprendre, mieux l’appréhender.
Deux titres importants, à lire, à faire lire, à discuter avec vos enfants pour certainement un meilleur épanouissement...
Ce
grand album traite de nos peurs enfantines, de ces frayeurs qui
lorsqu'elles nous pénétraient nous rendaient les nuits impossibles.
Simplement, mais intelligemment, les auteurs nous entraînent, par le
biais de quatre cauchemars, dans monde de l'enfance torturée. Ils
apportent à leur façon un antidote salvateur pour apaiser notre
repos. A première vue cette œuvre est destinée aux enfants, mais
la force narrative du récit trouvera chez l'adulte un écho certain. - Michaël
Vidal Balaguer est un peintre espagnol du 19ème siècle. Artiste talentueux, il n’a jamais souhaité vendre ses œuvres les plus personnelles prétextant qu’elles étaient une partie de lui. Son attitude, sa mystérieuse disparition et le peu de tableaux conservés à ce jour ont contribué à son oubli. Natures mortes nous fait découvrir ou redécouvrir cet artiste, au talent indéniable. Avec justesse et tendresse, Zidrou a concocté un récit captivant sur les affres de la création, aidé et sublimé par les peintures d’Oriol qui a su se hisser au niveau de l’artiste raconté. Un pur moment de magie qui a, en plus, le mérite de nous faire découvrir le milieu de la peinture espagnole du 19ème siècle.
Natan n’est pas né au bon endroit. Il est Érythréen et pour oublier la misère et la dictature, son père et lui fuient en Éthiopie. Là-bas, les conditions de vie sont les mêmes : misère, famine et violences étatiques. Alors, une nouvelle fois, il se résigne à partir, mais pour l’Europe. Hélas, ce voyage va être également source de bien des malheurs…
Bande dessinée, coup de poing, coup de gueule, « Khat » est un récit violent, un miroir qui nous projette notre inhumanité en pleine face. Inspiré des récits de migrants, Ximo Abadía raconte ces êtres dont les vies ne sont que souffrances et tortures… et cela encore et toujours au 21ème siècle !?
Cette bande dessinée s’adresse à tous les publics, enfants comme adultes, elle agit comme un rappel à la tolérance et à l’entraide, mais surtout interroge nos comportements, notre société.
Au-delà du sujet, ce titre est écrit et illustré de façon remarquable. Ximo Abadía utilise peu de mots pour conter, mais nous entraine dans son univers via sa mise en scène de couleurs, de formes et sa virtuosité à manipuler les pastels. Le tout forme un album de 144 pages dont chacune est une œuvre d’art.
« Khat » est une œuvre puissante et engagée dont la portée va au-delà du 9ème art.
Comment supporter d’avoir une chance insolente, échappant à toute logique, alors même que l’on est statisticien et que l’on considère cette science comme le fondement de sa propre vie ? Voilà la question existentielle que pose avec beaucoup d’humour ce roman rocambolesque. Comment expliquer l’inexplicable ? Et à quel saint se vouer ? Nous suivons les péripéties du héros à travers Londres à la rencontre de gourous et psychiatres en tous genres. L’occasion de nous décrire avec force sarcasmes et dérision nos penchants contemporains pour les maîtres à penser.
Il y a dans ce personnage un peu de Belmondo dans « Les tribulations d’un Chinois en Chine », une pincée de Monty Python pour le sens de l’absurde et beaucoup de Hugh Grant (dans ses meilleurs films) pour l’autodérision, le flegme et cet humour « so british » (même si l’auteur est italien) omniprésent tout au long du récit. Je vous recommande fortement cet ouvrage, très mouvementé, drôle et intelligent, dans lequel on ne s’ennuie jamais. Un roman feel-good d’une grande qualité.
J’aurais pu dire aussi, si j’avais travaillé à la grande librairie : « Entre fable philosophique et conte burlesque, le livre de Fabio Baca nous invite à une déambulation existentielle dans les rues de Londres. Il nous accompagne, finalement, à la découverte de notre subconscient. Et, par son approche à la fois comique et socratique, nous pousse à accoucher dans la douceur de notre propre interprétation de l’au-delà ».
Alléluia mes frères ! Et bonne lecture.
L’histoire se situe à Toulouse, la ville rose, paraît-il. On y suit : Lucie, 18 ans, timide et introvertie, tout juste débarquée d’Arras pour ses études. Son seul signe de rébellion est une mèche rose dans sa frange blonde ; Colette, 75 ans, vivant désormais seule avec sa chienne Bernadette, passionnée de lecture et à la pointe des nouvelles technologies ; Sacha, trentenaire optimiste, commercial en produits pharmaceutiques, en couple avec Romuald ; Mme Germaine, vieille dame narcoleptique ; Pétronille et Caroline, deux collègues que tout semble opposer, mais inséparables.
Tout ce petit monde éclectique va se retrouver, plus ou moins volontairement, réuni dans un club de lecture hebdomadaire animé par Pauline, la bibliothécaire. Au fil des séances, les affinités se créent et les secrets se dévoilent…
Julien Rampin raconte, à travers un trio attachant, une histoire d’amitié intergénérationnelle où les liens se tissent au gré des rencontres. Avec justesse et sensibilité, il mêle humour et émotions pour évoquer ces instants qui marquent une vie. Par ses petits clins d’oeil littéraires, ce récit est également un hommage à la littérature, aux mots qui rapprochent et aux livres qui rassemblent.
Une lecture douce et empreinte de délicatesse.
Vous pensez connaître l’histoire de Blanche-Neige ? Vous croyez que la princesse serait assez naïve pour croquer dans une pomme offerte par une sorcière ou que ce prince, assez louche, embrasserait, sans son consentement, une jeune fille endormie ? Et les prénoms des sept nains, vous croyez réellement qu’une mère appellerait son enfant Atchoum, Grincheux ou Simplet ? Ce roman va faire fondre vos certitudes !
Le début de ce conte est le même : un chasseur à bien été envoyé par la méchante belle-mère pour tuer Blanche-Neige et lui rapporter son cœur. Pour le reste, on vous a menti !
Dans la version de Côme D’Onnio, Blanche-Neige est une cheffe d’entreprise qui se bat pour de meilleures conditions de travail. Elle est végétarienne et laisse les nains s’occuper des tâches ménagères et de la cuisine. La belle-mère se retrouve cuisinière d’un « Déj-carriole » (l’ancêtre du food-truck), et espère bien réussir à empoisonner la princesse. Le prince charmant ? eh bien, il n’est finalement pas si important… Je ne vais pas vous en dévoiler plus : pour connaître toute la vérité, croquez vite dans ce livre à pleines dents !
C’est une lecture très drôle à l’humour décapant, avec une histoire originale et moderne qui aborde des thèmes importants comme l’écologie, le respect animal, les stéréotypes, le droit des femmes ou encore le monde social et économique. Les personnages revisités ont de la personnalité, de la persévérance et même la reine se révèle attachante.
En bonus, on trouve à la fin du roman les deux recettes inventées par la reine : « les croquettes de chou-fleur » et « le brownie au chocolat vegan rudement bon ». Miam !
Cyril Pedrosa nous avait régalé avec Trois ombres et Portugal. Il réitère cet exploit en nous proposant un récit différent, emprunt de mélancolie, mais non dénué d'espoir. Des tranches de vie qui se croisent, s'ignorent et parfois se percutent. Témoins silencieux, nous découvrons des personnages d'âges variés qui font le point sur leurs vies, leurs choix, leurs échecs. Cyril Pedrosa aurait pu s'arrêter là, nous dévoilant ces bribes d'existences, mais il va plus loin et nous propose de continuer à suivre ces acteurs de papier. Il les dote d'une lueur qui étincelle même à la fermeture du livre. Un très bel album. - Michaël
Grand-mère Doumia se rappelle son enfance à Paris, mais surtout les moments difficiles qu'elle a endurés. Cela la rend triste et mélancolique. Sa petite-fille la surprend dans cet état et ne peut s'empêcher de la questionner. C'est peut-être après tout le moment de tout lui raconter. De lui parler de cette enfance brisée par la guerre, de cette enfance volée par la rafle du Vel' d'Hiv, de cette enfance construite dans la peur et les humiliations d'être née juive durant la Seconde Guerre mondiale. Sans tomber dans le didactisme, Loïc Dauvillier nous livre ici un récit poignant sur la Seconde Guerre mondiale. Il ne montre aucune atrocité, mais sait les suggérer grâce au scénario et à la mise en scène. Un récit juste, sensible et pudique qui s'adresse aux enfants comme aux adultes. - Michaël
Atlas, le grand, et Axis, le petit, sont les meilleurs amis du monde. Cette amitié va leur permettre de surmonter un grand malheur. De retour de mission après de nombreuses semaines d'absence, ils ne découvrent que mort et désolation dans leur cher village. Une horde de barbares sanguinaires a détruit tous ceux qu'ils chérissaient. Tous, peut-être pas : les femmes ne font pas partie des victimes. Ces sauvages les ont kidnappées. Atlas, fou de rage, décide de partir à leur poursuite, accompagné d'Axis, et ainsi libérer sa sœur et toutes celles retenues. Leur périple les mènera au-devant de dangereuses situations, ils feront la connaissance de personnages « hauts en couleur », mais découvriront aussi bien plus : ce qu'ils sont vraiment. Car dans un monde de violence, pourront-ils résister à l'appel du sang ? Rien ne sera plus jamais comme avant... Action et introspection sont au cœur de cette saga dont les héros, campés par des chiens, ont la singularité d'avoir gardé les particularités propres aux canidés : baver, flairer et bien plus... Ce qui apporte légèreté et humour au récit. - Michaël
Conseils lecture
Tout commence à la façon de 24 heures chrono : il y a 29 minutes, Yorick discutait tranquillement au téléphone avec Beth, sa petite amie partie étudier en Australie. Il y a 24 minutes, la mère du même Yorick échangeait vivement avec un collègue sénateur. Leurs conversations vont être subitement interrompues et reportées sine die. Car à la minute M, un fléau d'origine inconnue frappe tous les porteurs du chromosome Y. Tous les mâles sont rayés de la surface du globe en une fraction de seconde : la Terre vient de perdre 48% de sa population. Les hommes occupant souvent les postes à responsabilité, les gouvernements en exercice sont décimés, les entreprises désorganisées. C'est la panique, la guerre civile menace partout. A plus long terme, la race humaine semble menacée d'extinction. Par miracle, Yorick et son singe mâle Esperluette ont survécu à ce désastre planétaire. Devenu une espèce rarissime et convoitée, Yorick reçoit la protection de l'agent 355 du Culper Ring, une organisation ultra secrète. Tous deux recevront l'aide du docteur Mann, spécialisée en clonage. L'avenir de l'Homme repose sur leurs épaules. Une bande dessinée qui mêle habilement science-fiction, apprentissage et suspense. Les rebondissements s'enchaînent sans lasser et interrogent sur notre société actuelle, les progrès de la science et même les conflits géopolitiques. Les personnages sont bien étudiés et attachants. Une touche d'humour teinte les dialogues. Bref, une réussite. - Michaël
Chaque été, la famille de Philippe part en vacances sur l’ile de Ré, où elle séjourne chez des ami·es.
Pour l’adolescent, c’est l’occasion de retrouver François, le fils du boucher, Christophe, le fils de pêcheur, de faire la connaissance de Nicolas, un garçon secret qui vient d’emménager avec sa mère, ainsi que d’Alice et son frère Marc, des touristes parisiens.
Nous sommes en 1985, avant le pont et avant que l’île ne devienne un paradis pour privilégié·es. Les téléphones portables n’existent pas et les jeunes ne sont pas rivé·es sur leurs écrans durant des heures, mais peuvent profiter les un·es des autres ensemble.
Philippe savoure cette période, celle de l’inactivité, l’inutilité, la paresse, le silence.
Iels vont avoir 18 ans et jouissent de l’insouciance de leur âge, des premiers émois amoureux.
Pourtant, il suffira d’une seule nuit pour que rien ne soit plus jamais comme avant.
Derrière l’ambiance légère des années 80, du top 50, des baby-foot, des flippers, des bornes d’arcade…, Philippe Besson retrace avec justesse, pudeur et sensibilité un drame vécu lors de sa jeunesse.
Grâce à son écriture fluide, sincère et sans fioritures, l’auteur nous fait entrer sans voyeurisme dans l’intimité psychologique de ses personnages attachants.
Un récit nostalgique et poignant sur l’adolescence, qui explore les thèmes de l’amitié, de l’homosexualité, de la fragilité de la vie et de la beauté de l’instant présent, en nous touchant en plein cœur.
Gilou homme des cavernes. Gilou pas content. Gilou vouloir nouvelle caverne avec herbe plus verte et pierres plus grosses. Gilou partir à l'aventure pour trouver caverne parfaite. Mais Gilou avoir gros problèmes. Grotte trop petite. Grotte trop bruyante. Méchant chaton. Où Gilou aller maintenant ?
Écrit dans un langage préhistorique primitif, La Caverne de Gilou est un album drôle et touchant sur la recherche du bonheur. Les illustrations simples et colorées ainsi que les expressions de Gilou renforcent l'humour du texte et la sympathie pour ce personnage très attachant. Un album idéal pour la lecture à voix haute !
L'album se termine sur une très jolie conclusion pour les éternels insatisfaits comme Gilou : parfois, c'est chez nous que l'herbe est la plus verte !
Selon sa tante, Miyo est une bonne à rien, pourtant elle va réussir à décrocher un emploi dans la boutique de M. Momotoshi, un marchand excentrique spécialisé dans l’importation de toutes sortes de babioles. Une nouvelle vie commence donc pour la jeune orpheline qui va devoir apprendre de nouveaux codes de conduite mais également mettre à profit son talent de divination... Que voici un manga fort sympathique qui devrait trouver un plus large public que celui habitué au genre. Nous sommes sur un récit de type « seinen », destiné aux adultes, mais qui présentement peut être lu par un plus jeune public tant l’histoire est délicate et délicieuse. Nous suivons donc Miyo, tendre et attendrissante avec ses côtés un peu gauche et sa timidité propres aux personnes ayant été dévalorisées dans leur enfance. Même si cela ne constitue pas la trame principale, on devine que Miyo va s’épanouir en trouvant écoute et stimulation auprès de cet étrange M. Momotoshi. Cette intrigue, qui sera le fil conducteur de cette œuvre en 6 volumes, est distillée dans les nombreuses histoires que nous proposent le manga. Les différents chapitres proposent à chaque fois la découverte d’un objet occidental de la fin du 19e siècle et une fiche explicative de son fonctionnement. Loin d’avoir livré tous ses secrets dans ce premier volume, nous attendons avec impatience d’en savoir plus sur le don de divination de Miyo, qui devrait par la suite se montrer d’une extrême importance… - Michaël
Dans un futur proche les holdings se substituent aux Etats, les pays en faillite sont rachetés par des entreprises et démantelés. On rapatrie l’appareil de production, dont les habitants font partie intégrante, sur son propre territoire, où ils deviennent des cilariés, un mélange de salariés et de citoyen dans un nouveau modèle de société régi par le travail et le profit. Une société inégalitaire où une minorité profite des richesses du monde au détriment de la majorité.
De la science-fiction ? Pas tant que cela finalement !
Zem, le héros, est un de ces hommes arrachés de force à son pays ruiné : la Grèce. Flic apatride il a touché le fond d’une vie qui ne lui appartient plus. Il déambule dans le marasme putride de son quartier de dernière zone, jusqu’au matin où il est appelé dans un terrain vague pour constater un meurtre. Un crime qui va trouver une résonance particulière dans son existence.
Un ouvrage d’une grande maîtrise, qui visite avec maestria différents genres littéraires : policier, roman noir, anticipation, dystopie et tragédie. Un sens aigu de la narration, dans ce récit où s’entrechoquent les voyages introspectifs dans la noirceur abyssale du héros et le rythme disco d’une enquête aux multiples facettes. Une bande originale merveilleusement orchestrée où « Les Smiths » reprendraient les tubes des « Village People ».
Ce roman est, également, une critique acerbe et très juste du monde contemporain et de ses errements : l’ultralibéralisme, la corruption, l’asservissement, la pollution, le cynisme des classes dirigeantes, la privation de liberté, le contrôle des masses par les technologies…. Et enfin, une réflexion profonde sur l’immigration et le déracinement, sur ce qui constitue l’identité d’un individu et sa culture.
Un texte d’une très grande richesse !
A Attrape-Flèche petite ville du Mississippi, tout le monde est au mieux un peu original, au pire bien cintré. Hydro, jeune homme simplet, tient son surnom de la taille démesurée de sa tête, orphelin de mère, il a pour meilleur ami Louis, enfant au physique porcin délaissé par ses parents.
Sa mère alcoolique invétérée, trompe son mari avec le Kid petit homme à la beauté ravageuse, roi de la gâchette et lui-même abandonné à la naissance. Quant à Léonard, un autre personnage, il soigne sa solitude dans les bras des routiers de passage à la station service du village. Rien de bien reluisant dans le Bayou, on se croirait à Roubaix, jusqu’au jour où deux tueurs décident de braquer la supérette du coin. Cet élément déclencheur, va comme un jeu de domino, révéler en chacun une dose d’amour et de bienveillance à laquelle jamais on ne se serait attendu. Ceux que l’on prenait pour des fous, s’avèrent être des personnes capables d’une grande tolérance et l’on se prête à rêver d’un monde sans jugement où les différences de chacun·e cohabitent en bonne intelligence.
Ce très bel ouvrage, drôle et tendre, barré et original à souhait, nous aide merveilleusement à faire le deuil de nos préjugés. Une occasion de souligner le magnifique travail de la maison d’édition Monsieur Toussaint Louverture qui redonne vie en langue française à des romans américains inédits.
Dans ce très beau roman autobiographique Julia Kerninon nous dévoile sa vie de jeune femme et le cheminement particulier qui fait qu’un jour on se sent adulte.
Avec une grande liberté l’autrice aborde tour à tour ses amours, sa sexualité, ses amitiés, son travail d’écrivaine, et l’on voit peu à peu les contours du personnage qui s’affine pour nous livrer un portrait très sensible.
Être une femme, se construire, devenir une mère, accoucher d’un enfant et de soi-même, nous assistons à la métamorphose de Julia, pleine de subtilités et de contradictions, forte et fragile, volontaire et indécise.
Une écriture simple, dépouillée et fluide à l’image d’un récit sans fioriture qui respire la sincérité. Un texte touchant, courageux et sans concession dans lequel hommes et femmes peuvent se retrouver, car il nous parle, aussi, en filigrane, de la place des femmes dans la société et de leur rapport au sexe opposé.
C’est un véritable bonheur de pouvoir partager ne serait-ce que le temps d’un roman la vie de Julia Kerninon !
Je vous invite également à découvrir deux autres très beaux portraits de femme dans « Ce matin-là » de Gaëlle Josse et « Ultramarins » de Mariette Navarro.
Mallory, 15 ans, et son père se sont lancés un défi : faire ensemble l’ascension du mont Everest. Iels ont suivi une longue préparation en amont, notamment la montée du Qomolangma culminant à 8000 mètres. L’aventure commence dans le camp de base, au pied de la montagne, avec les différents allers-retours par palier afin d’acclimater le corps à l’altitude, à l’effort et au manque d’oxygène.
La jeune fille ne craint pas le vide ni les épreuves, mais elle ne se doute pas dans quoi elle s’est embarquée. L’expédition va lui réserver bien des surprises plus ou moins agréables.
« 8848 mètres » n’est pas uniquement la hauteur de l’Everest ou un roman sur la montagne et l’alpinisme, même si chaque étape de l’expédition est extrêmement bien documentée. Les personnages sont attachants et l’écriture fluide nous accroche à la cordée pour nous tenir en haleine tout au long de l’aventure.
L’autrice nous fait découvrir également l’autre facette du « Toit du Monde », les comportements de femmes et d’hommes peu scrupuleux·ses qui abandonnent leurs déchets, le travail des associations pour nettoyer et sensibiliser le public à l’écologie et au réchauffement climatique. C’est aussi une approche du bouddhisme et de la spiritualité. La confrontation à la mort est évoquée puisque chaque année des personnes périssent en montagne.
Silène Edgar nous offre un roman « vertigineux » , plein de courage, d’entraide et de persévérance.
En suivant la quête de Mallory, je suis passée par toutes sortes d’émotions. Je ressors de cette lecture avec des envies de défis et de sommets à atteindre.
Michel est un riche dirigeant d’entreprise qui a taylorisé le bien-être pour se faire des parties génitales en or. Tout a l’air de lui réussir et il se surkiffe, pourtant en grattant bien, il semble quand même y avoir quelques ombres au tableau. Tout d’abord son entreprise est la propriété d’un groupe international qui refrène sa mégalomanie, ensuite il passe ses journées à biberonner du whisky, et enfin son principal partenaire sexuel s’avère être sa main droite. En réalité Michel dans sa tour d’ivoire est bien seul.
Cela lui fait deux point commun avec Lucas qui lui vit reclus dans sa chambre du pavillon de banlieue de ses parents. Lucas s’y est enfermé il y a 7 ans depuis que la pression sociale, la réussite à tout prix et le regard des autres lui sont devenus insupportables.
Quand à Mélanie, elle se remet difficilement d’une énième rupture, sa vie professionnelle stagne et elle zone un peu engluée dans ce marasme quotidien. Sa seule bouée de sauvetage : le « 365 », tiers-lieu altermondialiste où elle cherche vaguement à résoudre les problèmes des autres pour ne pas trop penser aux siens.
Waouh ! là on va bien se marrer pensez-vous et vous commencez à préparer la boîte de Xanax qui vous permettra peut-être d’atteindre la 235ème page. Mais que nenni nul besoin d’antidépresseurs où de Lagavulin 25 ans d’âge pour achever la lecture de cet ouvrage, car quand ces trois-là finissent par se rencontrer tout s’accélère. L’écriture rythmée de l’auteur, sa fine analyse de la société et du genre humain et enfin son excellent sens de l’humour, noir, très noir, rendent ce livre grinçant et sarcastique à souhait.
Un excellent premier roman et comme dirait Michel devant son miroir en paraphrasant Joe Star : « Ça c’est de la bombe bébé ! ».
Il est des livres rares qu’il nous semble toujours avoir connus parce qu’on s’y sent bien et parce qu’ils ont quelque chose d’universel en eux. Le roman que je vous propose de découvrir aujourd’hui fait partie de ces livres.
Il est comme les premiers jours de printemps, la douceur et la liberté retrouvée. Une petite brise qui délicatement vous soulève et vous fait vous sentir léger, un élan du cœur qui vous donne des envies de voyages et d’évasion. Le doux sentiment de pouvoir faire ce que l’on veut sans avoir de compte à rendre. Un parfum d’école buissonnière.
« Fup, l’oiseaux canadèche » c’est l’histoire de trois personnages atypiques, un vieillard « Jake », son petit-fils « Titou » et un canard apprivoisé (ou presque) « Canadèche ». Des êtres hors norme qui justement n’en ont que faire de la norme, ce qui les rend particulièrement attachants.
Le grand-père fait du whisky de contrebande et va jouer au poker quand il a besoin d’argent. Le jeune garçon passe son temps à planter des piquets et à faire des clôtures pour son propre plaisir et sans but aucun. Quant au canard il ne vole pas, mange énormément et se prend pour un chien de chasse.
Trois héros, marginaux qui évoluent dans un cadre champêtre au gré de leurs envies, on est pas loin du jardin d’Eden et d’ailleurs si je devais adopter une religion, je pense que ce livre serait ma bible et les vitraux des églises, les magnifiques illustrations de Tom Haugomat qui mettent en couleurs cette belle histoire. Cerise sur le gâteau ou orange sur le canard ce livre est illustré de 100 magnifiques planches épurées et lumineuses (au sens propres comme au sens figuré).
Ce roman est une merveilleuse fable « sans la morale chiante et bien-pensante à la fin » ajouterait le vieux pépé Jake.
Pour poursuivre l’expérience je vous propose de regarder cette captation de la lecture à deux voix du livre par Jim Caroll et Nicolas Richard, illustrée en direct par Tom Haugomat et mise en musique par Rubin Steiner (un maître de la musique électronique française, durée 44 minutes).
Cyril Pedrosa nous avait régalé avec Trois ombres et Portugal. Il réitère cet exploit en nous proposant un récit différent, emprunt de mélancolie, mais non dénué d'espoir. Des tranches de vie qui se croisent, s'ignorent et parfois se percutent. Témoins silencieux, nous découvrons des personnages d'âges variés qui font le point sur leurs vies, leurs choix, leurs échecs. Cyril Pedrosa aurait pu s'arrêter là, nous dévoilant ces bribes d'existences, mais il va plus loin et nous propose de continuer à suivre ces acteurs de papier. Il les dote d'une lueur qui étincelle même à la fermeture du livre. Un très bel album. - Michaël
Il s'est encore enfui. Une nouvelle fois, les murs de l'asile d'Arkham se sont fissurés et de ses interstices le mal s'est répandu. Gotham City tremble car, en son sein, se terre le Joker. Pauvres âmes, priez pour votre salut. Priez pour que Batman, dans son ultime affrontement avec le Joker, revienne en vainqueur et non en vaincu trépassé... Alan Moore, légende de la bande dessinée anglo-saxonne (Watchmen, V pour vendetta, Filles perdues, etc...), nous livre ici une des plus belles aventures des Chevaliers de la nuit. Devenu culte et indisponible depuis de nombreuses années, ce récit d'une noirceur extrême est enfin réédité. Il nous dévoile les origines du Joker, les petits riens qui en ont fait une victime puis un monstre. Alors n'hésitez surtout pas à le lire, c'est du grand, du très grand comics. - Michaël
Dans un futur dévasté par les Super-vilains, Wolverine n'est plus que l'ombre de lui-même, fermier sans histoire courbant l'échine devant les tyrans locaux. Jusqu'au jour où un ami de longue date lui demande une faveur et l'entraîne dans une course effrénée contre la mort. Ce périple va faire ressurgir de douloureux souvenirs mais, plus dangereux encore, va réveiller en lui la bête si longtemps contenue... Wolverine, le X-man le plus connu au monde, nous entraîne ici dans un futur sans foi, ni loi, où les défenseurs de l'humanité ont disparu et où règne le mal absolu. Logan, transformé par ce qui est arrivé, n'est plus le guerrier d'antan. Miné par un lourd secret, il dénote complètement du personnage sauvage que l'on a connu dans de multiples aventures et dans des récits contant ses origines. Une fresque futuriste qui n'est pas sans rappeler le désespoir apocalyptique de La Route de Cormac McCarthy. - Michaël
Ava est une jeune fille intrépide et pleine de joie. Elle vit dans la jungle et s’y amuse beaucoup. Lorsqu’une comète s’écrase non loin de chez elle, son tempérament la pousse à aller voir de plus près cette roche venue de l’espace. Mais, à sa grande surprise, elle y découvre Moon, un extraterrestre…
Quel magnifique album ! À sa découverte, à son ouverture, une seule exclamation nous accompagnait : « Wouah »
« Wouah ! » pour cette belle histoire sur l’amitié, la différence, et ce regard bienveillant que l’on peut porter sur l’autre — l’étranger — et sa façon de l’accueillir, de partager.
« Wouah ! » aussi pour les magnifiques planches de Mark Janssen, qui, dans un album grand format, nous en mettent plein les yeux. Un univers sauvage, foisonnant d’une faune et d’une flore extraordinaires, drapé d’un manteau de couleurs chatoyantes.
« Wouah ! » encore pour cet extraterrestre qui ne ressemble à aucun autre et qui mérite vraiment le détour tant sa trombine est adorable.
« Wouaaah ! » pour cet album splendide et touchant du début à la fin, tout simplement !
Ava est une jeune fille intrépide et pleine de joie. Elle vit dans la jungle et s’y amuse beaucoup. Lorsqu’une comète s’écrase non loin de chez elle, son tempérament la pousse à aller voir de plus près cette roche venue de l’espace. Mais, à sa grande surprise, elle y découvre Moon, un extraterrestre…
Quel magnifique album ! À sa découverte, à son ouverture, une seule exclamation nous accompagnait : « Wouah »
« Wouah ! » pour cette belle histoire sur l’amitié, la différence, et ce regard bienveillant que l’on peut porter sur l’autre — l’étranger — et sa façon de l’accueillir, de partager.
« Wouah ! » aussi pour les magnifiques planches de Mark Janssen, qui, dans un album grand format, nous en mettent plein les yeux. Un univers sauvage, foisonnant d’une faune et d’une flore extraordinaires, drapé d’un manteau de couleurs chatoyantes.
« Wouah ! » encore pour cet extraterrestre qui ne ressemble à aucun autre et qui mérite vraiment le détour tant sa trombine est adorable.
« Wouaaah ! » pour cet album splendide et touchant du début à la fin, tout simplement !
Eunice Kathleen Waymon vint au monde le 21 février 1933, dans la petite ville de Tryon, en Caroline du Nord. Elle apprend à chanter avant de savoir marcher et à jouer du piano sur les genoux de son père. En grandissant elle se rend compte que son talent ne suffit pas. Sa couleur de peau lui ferme plusieurs portes, mais la jeune fille ne renonce pas. Eunyce se fait engager dans des bars comme pianiste, puis chanteuse. Elle trouve sa voix, se découvre un style original, mêlant musique classique et sacrée à des tubes du moment auxquels elle ajoute son timbre brut et parfois triste.
Traci N. Todd nous immerge dans l’histoire incroyable de Nina Simone, talentueuse chanteuse de jazz et ambassadrice de la lutte contre le racisme. L’écriture simple et fluide s’adapte bien aux jeunes lecteur·rices .
Christian Robinson illustre merveilleusement cet album en utilisant peinture et collages.
A la fin, on trouve un petit dossier complémentaire sur la vie de l’icône.
Un livre magnifique et puissant pour faire découvrir aux enfants la lutte contre le racisme à travers le destin d’une des plus grandes voix du jazz. Cet ouvrage ravira également les plus grand·es. Il ne manque plus à ce petit bijou, que le son, car il n’est jamais trop tôt, ni trop tard pour écouter ou réécouter Nina Simone.
Selon sa tante, Miyo est une bonne à rien, pourtant elle va réussir à décrocher un emploi dans la boutique de M. Momotoshi, un marchand excentrique spécialisé dans l’importation de toutes sortes de babioles. Une nouvelle vie commence donc pour la jeune orpheline qui va devoir apprendre de nouveaux codes de conduite mais également mettre à profit son talent de divination... Que voici un manga fort sympathique qui devrait trouver un plus large public que celui habitué au genre. Nous sommes sur un récit de type « seinen », destiné aux adultes, mais qui présentement peut être lu par un plus jeune public tant l’histoire est délicate et délicieuse. Nous suivons donc Miyo, tendre et attendrissante avec ses côtés un peu gauche et sa timidité propres aux personnes ayant été dévalorisées dans leur enfance. Même si cela ne constitue pas la trame principale, on devine que Miyo va s’épanouir en trouvant écoute et stimulation auprès de cet étrange M. Momotoshi. Cette intrigue, qui sera le fil conducteur de cette œuvre en 6 volumes, est distillée dans les nombreuses histoires que nous proposent le manga. Les différents chapitres proposent à chaque fois la découverte d’un objet occidental de la fin du 19e siècle et une fiche explicative de son fonctionnement. Loin d’avoir livré tous ses secrets dans ce premier volume, nous attendons avec impatience d’en savoir plus sur le don de divination de Miyo, qui devrait par la suite se montrer d’une extrême importance… - Michaël