Conseils lecture
Gioia a 17 ans. Elle n’est pas comme les autres. Dans sa bulle elle discute avec Tonia, une amie imaginaire. Elle écoute en boucle les Pink Floyd, collectionne dans un carnet les mots étrangers intraduisibles et se passionne pour la photographie en ne prenant que des gens de dos. Au lycée on la surnomme miss rabat-joie. Elle vit dans un contexte familial difficile. Un jour, elle fait par hasard la connaissance d’un jeune homme : Lo. Comme elle, il est solitaire, collectionne des cailloux dans un bocal, joue aux fléchettes seul le soir dans un bar. Avec lui Gioia va découvrir des émotions jusqu’ici jamais ressenties. Mais voilà, celui-ci disparait sans laisser de traces. La jeune fille est alors prise de doutes. Aurait-elle imaginé cette relation ? Serait-elle folle comme le pense ses parents ou la psy ? Gioia est déterminée à retrouver son amour perdu et à mettre au clair les zones d’ombres qui planent autour de cette histoire. Notre héroïne sera aidée par quelques complices : son professeur de philosophie et confident, une gérante de bar et un vieux monsieur.
Dans ce premier roman, Enrico Galiano traduit très bien le mal-être de l’adolescente, ses interrogations, ses doutes et ses espoirs.
En plongeant dans le monde de Gioia on perd souvent le sens de la réalité et de l’imaginaire tant la frontière entre les deux y est infime.
Les ados se retrouveront dans ce thriller psychologique, écrit avec fluidité et humour. Les personnages sont très attachants, mystérieux et sont confrontés à des réalités aussi brutales que quotidiennes. Une sensibilisation à la violence, l’alcoolisme, le harcèlement…On retiendra également un message de tolérance et d’ouverture d’esprit.
J’ai lu ce livre rapidement, prise dans le fil des événements et l’envie page après page d’en connaître le dénouement.
Dans « L’ennui des après-midi sans fin », Gaël Faye nous replonge dans les souvenirs de son enfance. On le découvre petit garçon, quand le mercredi tantôt était sans école. A cette époque dans sa maison il n’y avait pas de télévision, ni d’écran. Alors pour occuper ses heures libres pas d’autre choix que l’imagination. L’enfant trouve mille et une activités, des parties de foot avec les copains, des figurines et des jouets pour s’inventer des univers, un grand jardin…
C’est un très bel album dont l’histoire est en fait la reprise d’une des chansons de l’auteur. C’est un texte poétique, une voix tout en douceur, une mélodie qui nous entraîne à la rêverie et des illustrations pleines pages retraçant avec justesse une atmosphère empreinte de nostalgie.
Dans notre société où il faut toujours aller de plus en plus vite, c’est un réel plaisir de se poser un instant avec ce livre CD.
C’est l’occasion de retrouver avec nos enfants le goût de prendre son temps, de profiter du moment présent, de ne rien faire et de réapprendre à s’ennuyer.
« L’ennui des après-midi sans fin » figure sur le premier album de Gaël Faye : « Pili pili sur un croissant au beurre » sorti en 2014. Il est aussi l’auteur de « Petit pays » publié en 2016 chez Grasset. Ce roman a été récompensé notamment par le Goncourt des lycéens et adapté au cinéma en 2020.
Depuis toujours les chat·tes fascinent, félins sauvages, indépendant·es mais également câlin·es et tendres à leurs heures. Avec ce très bel album on découvre ou redécouvre 11 poèmes ou extraits de la littérature, passant par Baudelaire, La Fontaine ou bien encore Lewis Caroll. Les textes sont aussi variés que leurs auteurs. Face à ces écrits onze illustrateur·rices contemporain·es proposent dans leurs différents styles un portrait se mariant avec l’écrit.
Cette magnifique galerie d’images et de mots ravira bien sûr les amoureux·ses des matous et charmera aussi sans nul doute les autres.
« Petits portraits de chats » est un ouvrage inclassable. C’est à la fois un album, sans histoire, que l’on peut lire au gré de ses envies et au hasard des pages, un livre d’art que l’on regarde pour ses magnifiques illustrations, ou bien encore un recueil de poèmes.
J’ai beaucoup aimé la multiplicité des styles de ce livre, qui met à l’honneur avec malice et modernité, la poésie, genre souvent oublié.
Un très bon moment de lecture cocooning.
Lucas vit près de la mer. Aujourd’hui, il pense très fort à son grand-père qui aurait fêté ses quatre-vingt-dix ans. Il se souvient que celui-ci lui parlait souvent d’un endroit lointain où l’océan rencontre le ciel. L’enfant, en souvenir de son aïeul, décide de construire un bateau solide pour faire le long voyage qu’ils avaient préparé ensemble. La construction du bateau est longue et demande de gros efforts. Fatigué, Lucas s’autorise une petite sieste. À son réveil, le garçon se retrouve en mer, bien malgré lui, le périple a commencé…
The Fan Brothers (Eric et Terry Fan) nous entraîne dans la fabuleuse quête initiatique du jeune héros parti à la recherche de son grand-père et de l’endroit magique tant raconté. Chaque page est un émerveillement. L’enfant croise des créatures et des lieux étranges. L’imaginaire est renforcé par des illustrations tout simplement sublimes et époustouflantes. On pense évidemment à l’univers de Jules Verne et ses machines extraordinaires.
« Où l’océan rencontre le ciel », est un album fantastique, onirique, poétique, très émouvant, qui traite avec délicatesse du pouvoir des rêves, de l’imaginaire. C’est une jolie manière d’évoquer aussi le souvenir et le deuil.
Cet ouvrage est vraiment magnifique tant pour son graphisme que pour la sensibilité de son histoire.
Lily et ses parents viennent de déménager au bout du monde, dans les montagnes, pour se rapprocher de mamie. « Cette nouvelle maison avait une odeur étrange et était toute vide… » La petite fille se sent seule. Lors d’une balade pour découvrir les environs, elle trouve un bébé licorne perdu et coincé dans les ronces. La fillette décide de ramener le petit animal chez elle. Avec l’aide précieuse de sa grand-mère, qui semble bien connaître les licornes, Lily va prendre soin de sa nouvelle amie au fil des saisons…
Briony Mary Smith entraîne les lecteur·ices dans un univers merveilleux. Les illustrations sont superbes dans des tons naturels aux nuances de terre, verts, bruns, gris…qui évoquent les grandes étendues. Le côté champêtre se retrouve également sur les vêtements aux motifs campagnards des personnages. Le blanc est utilisé pour la licorne.
On est touché par le lien qui unit l’enfant et la créature, et par la maturité de l’héroïne qui comprend qu’il faudra bien la laisser un jour retrouver sa famille. Quand le moment de la séparation arrive, Lily, malgré sa tristesse, va aller de l’avant, passer à autre chose et se faire de nouvelles amies tout en gardant dans son cœur les moments vécus avec le petit animal.
Cet album ne ressemble pas aux autres livres de licornes. C’est une belle histoire d’amitié enfantine pleine de magie, d’imaginaire et de douceur.
C’était les meilleur·es ami·es du monde. Elle et lui aimaient se promener dans les bois, patauger dans la rivière, écouter gronder l’orage caché·es dans le grenier… Ensemble les enfants partageaient chaque instant de la vie, les rires, les jeux, les peurs… Iels étaient inséparables, jusqu’au jour où la jeune fille ne répond pas à l’appel de son ami. Très triste, le garçon se lance à sa recherche…
L’autrice, par la voix du personnage principal, nous raconte une belle histoire d’amitié entre deux enfants. Cependant celle-ci prend fin brutalement, sans raison apparente, si ce n’est une nouvelle rencontre. Le récit bascule alors sur le chagrin, l’incompréhension et les désillusions vécues par le garçon qui reste seul. Le texte simple est écrit à la première personne, au passé, ce qui laisse pressentir dès le début du livre le côté éphémère des sentiments. Les illustrations à la gouache sont très expressives et les représentations de la nature sont magnifiques.
Cet album très touchant montre bien à quel point on peut être blessé·e, se sentir trahi·e, voir abandonné·e lorsqu’une relation amicale intense se brise. C’est également un message d’espoir, sur la manière de rebondir positivement, sans colère, ni rancune.
Le titre, « Amitiés » au pluriel, est bien pensé, car dès l’enfance on apprend très vite que toutes les complicités ne sont pas forcément éternelles. La vie est faite d’une multitude de rencontres qui en font sa richesse.
A la ferme, on va bientôt choisir un·e nouvelle·au chef·fe. Comme d’habitude les candidat·es sont des habitant·es : Pierre Cochon, Jeanne Poulette… Mais cette année, il y a un nouveau : Pascal Leloup. Sa candidature semble très appréciée. Il est drôle, rencontre tous les animaux, fait des photos avec les jeunes… Bref, il ferait le chef idéal. Il est intelligent et en plus, ce qui ne gâche rien, très beau. Pourtant qui se cache vraiment derrière ce personnage qui fait l’unanimité ?
Davide Cali aborde ici avec humour tous les stratagèmes utilisés par les politiques peu scrupuleux·ses pour se faire élire. Fausses promesses, apparence trompeuse… toute la panoplie est réunie.
Les dessins sont rigolos et truffés de petits détails pour les regards avisés.
Cet album amène petit·es et grand·es à réfléchir aux rouages de la politique tout en restant léger et drôle.
Il faut toujours se méfier de l’excès de confiance et surtout : l’habit ne fait pas le moine.
Comme tous les membres de sa famille, même le chien, Eliott a plusieurs ballons de couleurs. A l’intérieur on y trouve, des souvenirs : un anniversaire, un mariage, une partie de pêche…
Grand-père en possède énormément. Elliot est très proche de lui. Il aime beaucoup l’écouter raconter toutes les merveilleuses histoires contenues dans ses ballons.
Hélas, avec le temps, un à un, les ballons de Papi s’envolent. Elliot ne comprend pas ce qui se passe …
Jessie Oliveros aborde avec sensibilité, à travers la complicité de l’enfant et de son grand-père, le temps qui passe, la vieillesse et surtout la maladie d’Alzheimer. Les ballons tenus par un fil est une métaphore graphique des souvenirs, douce et bien adaptée au jeune public.
Dana Wulfekotte a choisi d’illustrer en noir et blanc, sauf pour les ballons, qui eux sont colorés. Cela renforce la tendresse éprouvée et la poésie de l’album.
Une très jolie histoire émouvante, remplie d’amour et bien sûr d’espoir, pour évoquer avec les enfants un sujet encore peu traité en littérature jeunesse.
« Les ballons du souvenir » m’a beaucoup touché sans être fataliste.
Dans la forêt de Bois-joli, ce soir c’est le réveillon de Noël. Mr Ours est confortablement installé dans sa tanière douillette, décorée pour l’occasion. Il neige depuis dix jours. Mr Ours a utilisé tout son bois et n’a plus de feu dans sa cheminée. En cherchant dans son grenier, il trouve un gros pull appartenant à sa grand-mère. Parfait ! il va avoir bien chaud ! En essayant le pull, il s’aperçoit que celui-ci est trop grand. Pas de souci, Mr Ours sort son nécessaire à couture et ajuste le pull à sa taille. Comme il reste de la laine, il décide de la donner à sa voisine Mme Blaireau. Celle-ci, ravie, se confectionne des guêtres. Avec la laine restante, à son tour Mme Blaireau se rend chez sa voisine Mme Hérisson…
C’est ainsi que de fil en aiguille, la laine se passe de voisin en voisin jusqu’au plus fragile habitant du Bois-joli, créant une jolie chaîne d’entraide.
Armelle Modéré écrit un très joli conte de Noël, doux comme un gros pull. Qui parle d’amitié, de partage, de solidarité. Une petite notion d’écologie puisque la laine du pull va servir à tous.
Les jeunes enfants apprécieront les animaux sympathiques et les illustrations joyeuses et colorées de ce bel album.
L’alternance entre images vives pleine page et dessins sur fond blanc avec en fil conducteur le brin de laine rose fluo donne le rythme à l’histoire.
La collection ‘’Père castor’’ reste une valeur sûre de la littérature jeunesse.
Lapin et chien sont amis. Lapin vit dans un champ de blé bordé par une route qu’il n’a jamais empruntée, même si chaque nuit il en rêve. Chien était un aventurier, avec sa moto il avait passé l’essentiel de sa vie à parcourir les routes du pays. Maintenant il est trop vieux et trop malade pour partir. Alors il rend visite à Lapin et lui raconte ses voyages chaque jour.
Puis un jour Chien n’est plus là. Lapin reste seul avec la moto…
Kate Hoefler écrit une tendre histoire sur l’amitié, le temps qui passe, l’absence, la mort sans que jamais le mot ne soit nommé. C’est aussi une réflexion sur le désir de tenter l’inconnu et la peur qui nous en empêche. Sarah Jacoby propose de belles illustrations aux teintes pastel qui traduisent bien les émotions de Lapin. Les doubles pages en aquarelles format panoramique évoquent parfaitement le voyage et le sentiment de liberté. Chien disait : « le monde est beau si tu as le courage d’aller voir. Parfois tu peux te sentir dans de nouveaux endroits comme avec de vieux amis ».
Un album touchant et émouvant