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Tous les avis de

Très loin d'ici, dans le Grand Nord, Nils et Anna écoutent leur papa leur raconter l'histoire de la baleine gigantesque, qui fait 6 fois la taille de leur maison. Leur papa l'a rencontrée une seule fois. Nils aussi veut la rencontrer, alors, il guette, il scrute, et un beau jour, décide de partir en kayak à sa recherche. Mais Anna n'a pas dit son dernier mot et monte à bord incognito ! Les deux enfants embarquent pour un magnifique voyage à travers les paysages glacés de l'Arctique... La mystérieuse baleine est un album empreint de poésie et d'invitation au voyage. A travers le voyage initiatique de Nils et Anna, le thème des relations entre frères et soeurs est très justement abordé. Les illustrations, dans les tons pastel, sont douces et rendent grâce aux couleurs extraordinaires de la mer et du ciel du Grand Nord. Cette belle et douce histoire est à déguster sous une couette, accompagné d'un chocolat chaud, en rêvant à ces endroits sur terre, lointains et extraordinaires

Dans un poulailler tranquille, où la vie n’est pas compliquée et où chacun mange à sa faim, il n’y a rien à signaler. Jusqu’à l’arrivée des capybaras. Personne ne les connaît, ne sait d’où ils viennent et ils sont différents : trop poilus, trop mouillés, il n’y a pas la place pour eux. Mais ces derniers ne peuvent pas retourner d’où ils viennent ! La saison de la chasse a commencé. Alors, une drôle de cohabitation se mets en place, strictement encadrée par des règles, heureusement… A travers cet album, Alfredo Soderguit nous propose une allégorie puissante sur l’autre, les réfugiés de guerre et la liberté. Par cette proximité forcée, poules et capybaras vont apprendre à faire preuve de solidarité et d’entraide, car le danger le plus grand ne vient pas toujours d’où on le croit. Le texte est sobre et très complémentaire avec les illustrations qui ne racontent parfois pas la même chose. Les illustrations abordent des teintes de gris avec quelques touches de rouge, qui laisse totalement place à la métaphore qui se tisse sous nos yeux tout en nous rappelant la violence latente. Les animaux sont étonnements expressifs, les poules ont cet air hautain et un peu apeuré, tandis que les capybaras ont constamment l’air de se demander ce qu’ils font là. Cette fable animalière est percutante, juste, et ses multiples niveaux de lecture parlera à tous les lecteurs, enfants comme adultes.

Des camions et des caravanes arrivent dans un pré puis les forains installent leurs attractions à la lisière d’une forêt. Le jour, la fête foraine bat son plein ; puis la nuit tombe, le gardien fait une dernière ronde et le lieu se vide en attendant de recommencer le lendemain. Vraiment ? Non… car les animaux qui observent depuis leur forêt sont bien décidés à profiter eux aussi de ce lieu féérique, plein de sensations fortes et de sucreries à déguster ! "La nuit de la fête foraine" est un album qui donne à voir avec délice, un univers magique, une bulle ou le temps n’est dédié qu’à l’amusement. Sans texte, l’illustration de Mariachiara Di Giorgio réussit à parler à tous nos sens : on entend la musique des manèges se mélanger les unes aux autres, on sent le goût de la barbe à papa fondre dans la bouche. On se plonge sans retenue dans ce monde sucré et doux, aux lumières étincelantes et aux couleurs éclatantes. Les ours, sangliers, biches et autres loups sont représentés avec décalage et beaucoup d’humour dans des attractions peu adaptées à leurs morphologie, mais peu leur importe. Leurs regards sont si expressifs qu’on retrouve le plaisir d’être là et la joie dans leurs yeux. Un coup de nostalgie assuré pour les grands enfants que sont les adultes et d’émerveillement pour les plus jeunes qui assurément, auront hâte de retrouver leur fête foraine dès que celles-ci rouvriront leurs portes.

C’est l’heure du grand ménage d’automne pour papa et maman ours. Les enfants, Pompon ours et Tout Petit ours sont priés d’aller jouer dehors. Pour occuper son petit frère, Pompon ours veut organiser une fête de l’hibernation, mais cela nécessite du matériel : une table, une belle nappe, des verres, et surtout « s’appliquer ! ». Cependant, Tout Petit ours, lui, est déjà en train de préparer sa première bêtise… et se catapulte à l’autre bout de la forêt en laissant des traces de peintures partout derrière lui ! Pompon ours, agacé et inquiet, se lance à sa recherche. Sur le chemin, ce dernier va faire la rencontre d'étranges ours... Pompon ours est un personnage récurent de Benjamin Chaud. Chaque histoire est prétexte à se transformer en un cherche-et-trouve dont les illustrations fourmillent de délicieux détails à scruter. On y retrouve de nombreuses références à divers contes, comme Raiponce ou Blanche-neige, des paléontologues qui déterrent des os de dinosaures, ou même Tintin et Milou. D ’où viennent ces ours blancs à la dérive ? De la banquise qui fond, bien sûr ! Ils ne sont pas de la même couleur que Pompon ours et son petit frère, mais se ressemblent quand même beaucoup. En filigrane, l’auteur aborde plusieurs sujets importants : l’écologie, la relation entre frères, ou encore le thème de l’immigration. Voici un album qui occupera les enfants (et les parents) à observer les illustrations, foisonnantes de détails, des heures durant !

Dans un royaume lointain, vit une petite princesse très intelligente. Elle passe ses journées enfermée dans sa tour à dévorer des livres. Ses parents s’en inquiètent : « qui va prendre en charge le royaume quand nous ne serons plus là ? et notre retraite ? ». Ils aimeraient lui présenter un prince à marier mais la petite princesse en baskets ne s’y intéresse pas. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que leur fille, dans ses livres, apprend beaucoup de choses, comme vaincre un dragon ou fabriquer un antipoison ! Bien vite, la princesse va devoir mettre ses compétences à profit car voilà qu’un énorme monstre poilu à 6 yeux débarque et attaque le château… « Encore une histoire de princesses » me direz-vous ; oui, mais originale ! Par le prisme de la passion pour la lecture et du féminisme, on s’attache particulièrement à notre héroïne. Cette princesse n’a pas besoin de prince pour l’aider à faire ses choix ou à prendre en charge le royaume ! Indépendante, sûre d’elle et pleine de ressources, c’est un beau modèle de personnage qui est proposé aux enfants dans cet album. Les illustrations de Tristan Gion sont un régal pour les yeux. On y retrouve une palette de couleurs vives et très harmonieuses en même temps ; son dessin est rempli de références à l’histoire ou à la mythologie nordique et nous fait voyager. De plus, avec ses cheveux bleus et sa clé à molette dans la poche, aucun doute, notre petite lectrice est vraiment ancrée dans l’ère du temps !
Cette belle histoire parlera assurément aux amoureu.se.s des livres, en tout cas, moi, elle me touche droit au cœur !

La chouette, le rouge-gorge, le mulot, le hérisson et l’écureuil sont des amis pour la vie, unis comme les cinq doigts d’une patte. Ils passent leur temps ensemble à jouer, à discuter. Mais à partir de novembre, le hérisson se mets en quête d’un nid pour hiberner tout l’hiver… et ses amis sont terriblement tristes de ne pas pouvoir passer noël avec lui ! plusieurs solutions vont être abordées mais finalement la meilleure reste encore de fêter Noël au printemps, tous les 5 réunis ! Ce grand et bel album de Thierry Dedieu nous plonge dans une belle atmosphère empreinte de vivre ensemble et surtout d’amitié, la vraie, celle pour qui on peut décaler Noël au printemps. Ces animaux ressentent tellement d’amitié que la séparation de l’un d’entre eux les plonge dans une grande tristesse. Ces 5 amis animaux, si attachants, sont magnifiquement mis en scène dans des illustrations au style très réaliste, si expressives que l’on croirait que des vrais animaux prennent vie sous nos yeux. Thierry Dedieu est un auteur illustrateur avec tant de styles différents que l’on peine à reconnaître ses travaux du premier coup : ici encore, il parvient à nous toucher avec la justesse de ses dessins. Tant l’histoire que les images en font un magnifique conte de noël, à déguster en attendant que le Père Noël passe à la maison… Même si ce n’est qu’au printemps ! Une possibilité qui aurait bien pu se présenter à nous en cette drôle d’année 2020…

Plouf est un canard qui n’aime pas l’eau. Il n’aime pas nager, il n’aime pas la pluie, il n’aime pas faire du bateau. Ce que Plouf aime, c’est rester à la maison avec un bon livre et un thé chaud. Mais un soir de tempête, Plouf fait la rencontre de Nouille qui s’est perdu dans le noir à cause de l’orage. Nouille, lui, adore l’eau. Contre toute attente, ces deux compères vont devenir grands amis… mais malheureusement, Nouille doit rentrer chez lui. La vie de Plouf n’a plus la même saveur ! Il est alors près à braver rivières, pluie et lacs pour aller chercher son copain… Dans cet album, nous retrouvons l’auteur Steve Small, que nous adorions déjà pour Super Potes. Il revient avec son thème de prédilection, les amitiés improbables, qui contre toute attente, peuvent être les plus fortes. Car celles-ci peuvent faire enfourcher un vélo un soir de pluie, malgré le vent, la tempête, pour aller retrouver un ami. La patte de l’auteur est présente dans ses illustrations que l’on reconnait au premier coup d’œil à travers ses personnages si expressifs. Les couleurs acidulées en font un album plein de joie de vivre et mets en scène une belle relation qui se noue au fil des petits riens. Steve Small nous offre encore une fois une belle histoire réconfortante à déguster les jours de pluie.

Olive et Léandre ont pour point commun qu’ils se sentent terriblement seuls. Un jour, ils ont la même idée : voyager et aller voir ailleurs. Olive le poulpe part vers le nord et Léandre l’ours part vers le sud. Arrivés à mi-chemin, ils vont droit devant et ne se voient même pas. Alors Olive arrive chez Léandre et Léandre arrive chez Olive, mais ils sont toujours aussi seuls… Le texte d’Alex Cousseau ondule du nord au sud comme les animaux de l’océan. Le système d’échange épistolaire entre Léandre et Olive est savoureux et empreint de poésie ; nous ressentons avec force la mélancolie de nos deux héros qui passent leur chemin sans prendre le temps de regarder la beauté qui les entoure et connaître les autres habitants de l’océan. L’illustration de Janik Coat complète parfaitement le propos : son trait précis et ciselé, travaillé nettement à l’ordinateur, ses beaux camaïeux et ses oppositions de couleurs chaudes ou froides viennent ajouter du rythme et du sens à ces échanges sans fin entre nos deux protagonistes. De plus, c’est sans compter les détails foisonnants sur la vie des fonds marins qui permettent de lire et relire avec gourmandise cet album en ayant toujours quelque chose de nouveau à découvrir.

Julian voyage dans le métro avec sa Mamita quand soudain il voit passer trois magnifiques femmes habillées en sirène. Admiratif, il rêve alors lui aussi d’en devenir une. Arrivé chez sa Mamita, il entreprend de se confectionner un magnifique costume avec les rideaux et plantes d’intérieur, et Mamita le surprends ! Que va-t-elle penser de lui ? Elle pense qu’il est temps de l’amener à la grande parade des sirènes. Jessica Love nous offre un magnifique récit ancré dans la modernité et dans les questionnements actuels de la société. Julian, un petit garçon, qui rêve de s’habiller en sirène ? et pas d’adultes pour lui dire qu’il n’a pas le droit de le faire ? cela fait du bien ! Le message d’amour et de tolérance de la Mamita pour son petit-fils est touchant de tendresse. Les illustrations prennent vie sous nos yeux. Les postures et gestes des personnages sont magnifiquement illustrées et la vie d’un quartier afro-américain mis en scène avec humour, fourmillant de petits détails. Entre ces scènes de la vie quotidienne se glissent des pages plus oniriques, ou Julian donne libre cours à son imagination du monde aquatique. Cet album est un régal tant dans la justesse du récit que dans le thème abordé ; les illustrations elles, nous vont droit au cœur. Il est assurément, l’un de mes plus grands coups de cœur de cette année 2020.

Quatre canards vont se baigner au lac. L’un d’entre eux, Eric, n’est pas rassuré : « Il y a un monstre dans le lac », alerte-il ses camarades. « Un monstre ? bien sûr que non ! » répondent ses trois compagnons. « Ce ne sont que des histoires, Eric. Il y a juste des poissons et des grenouilles sans intérêt. » Mais ont-ils bien prêté attention à ce qui vit au fond ?

Leo Timmers est vraiment constant dans sa production d’albums tous aussi réussis. Nous retrouvons tous les ingrédients qui font la recette d’histoires savoureuses : Son humour grinçant, ces personnages un peu bêtes et suffisants, les illustrations colorées au style bien identifiable de l’auteur.

Dans cet album, une fois encore, les personnages ne font attention à rien de ce qui les entoure. L’auteur se fait complice des jeunes lecteur.ices car en réalité, c’est tout un monde qui vit sous le lac : il y a bien des monstres, ils sont même très nombreux ! Mais ils ne semblent vraiment pas agressifs.

Le foisonnement des illustrations sous-marines est un régal à observer. Le.la lecteur.ice pourra s’amuser à étudier longuement tout cet écosystème qui fourmille de détails. Les illustrations colorées parleront également aux plus petit.e.s.

Il est possible qu’un jour, je me lasse des histoires hilarantes de Leo Timmers ; mais ce jour-là n’est pas encore arrivé !