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Maman manchot part chercher le dîner, pendant que bébé manchot reste avec son papa.
Bébé manchot est très impressionné par sa maman : elle est trop forte pour nager, pour sauter, ou pour escalader ! mais pour rentrer, il faut passer devant les phoques sans faire de bruit…va-t-elle y arriver ?
Nous n’avons plus besoin de présenter Chris Haughton tant il est devenu un auteur incontournable de la littérature jeunesse ces dernières années. Si les derniers albums qu’il a sortis m’avaient un peu lassé, ce « Bravo, maman manchot ! » me réconcilie avec son univers.
L’organisation sociétale des manchots est assez unique dans le règne animal : le mâle reste couver l’œuf tandis que la femelle s’en va chasser pour reconstituer ses réserves, et revenir nourrir son petit à son tour. C’est l’occasion pour l’auteur de montrer un nouveau schéma d’organisation familiale qui apporte beaucoup de fraîcheur.
Tous les ingrédients d’un album de Chris Haughton sont réunis : les mouvements des manchots, un peu maladroits et assez drôles dans la réalité, sont illustrés avec beaucoup de justesse et d’humour ; le suspense et la tension narrative atteint son paroxysme lorsque la maman doit passer devant les phoques.
Enfin, les illustrations accessibles et très colorées sont très présentes dans cet album comme dans tous les autres, pour le plus grand bonheur des lecteur·rices.
Le roi avait tout. Mais vraiment vraiment tout. Tous les jours, il commençait de nouvelles collections puis les rangeait, les classait et les numérotait pendant des heures. Il ne lui manquait presque rien. Ou plutôt, il lui manquait RIEN. Mais où pourrait-il trouver RIEN ?
Dans « Le roi et rien », Olivier Tallec répond avec humour et philosophie à la question : « qu’est-ce que rien ? » Une interrogation bien épineuse sur laquelle adultes et enfants se sont cassés les dents !
A travers ce roi qui a tout et qui veut avoir absolument ce qu’il n’a pas (Rien), l’auteur questionne la société de consommation et notre capacité à accumuler objets et biens qui ne nous sont bien souvent pas très utiles.
C’est un thème qu’il avait déjà abordé lors de ces précédents albums, notamment « C’est mon arbre » et « Un peu beaucoup ». Ici, il trouve un nouvel angle pour aborder ce sujet.
Les illustrations d’Olivier Tallec sont reconnaissables du premier coup d’œil et on retrouve son style caractéristique, accessible et drôle. J’ai aimé le personnage du roi, tout petit, habillé en survêtement jaune et bleu.
Cet album nous offre un message assez limpide : nous possédons bien assez de choses comme ça !
Les dinosaures aussi ont des problèmes de santé : pour y remédier, ils se rendent à l’hôpital des dinosaures. Diplodocus, stégosaures et autres tyrannosaures viennent consulter le docteur Trodon qui leur fait passer une multitude d’examens, allant du scanner pour mesurer la taille de leur cerveau, aux radios pour voir comment leur squelette est constitué. Cet album, à la croisée de la fiction et du documentaire, mêle humour, petites histoires et informations passionnantes à propos de ces dinosaures qui fascinent toujours autant petits et grands. L’approche est extrêmement originale, ludique et mêle de manière totalement loufoque et avec succès jargon médical et univers des dinosaures. Hye-Won Kyung revient sur leur anatomie, expliquant par exemple pourquoi le stégosaure a des plaques sur le dos, ou bien pourquoi les maiasaura sont d’excellents parents. Les illustrations, très bien réalisées, donnent vie à ces animaux du Mésozoïque avec une mention spéciale pour les belles planches de squelettes dans lesquelles l’autrice-illustratrice s’en est donné à cœur joie.
Un ourson explore son univers et ses sens à quatre pattes : les herbes qui chatouillent, les graviers qui piquent, la flaque d’eau qui mouille…
Au fur et à mesure de son parcours, l’ourson s’aventure presque jusqu’au bout du monde : mais est-il si loin que ça ? Le retour va se faire sur deux jambes pour retrouver des bras réconfortants. A travers cet album, Gaëtan Dorémus nous livre une belle histoire sur l’apprentissage de la marche chez les jeunes enfants, avec toutes les découvertes et les appréhensions que cela entraîne. Les illustrations et les couleurs sont surprenantes car elles se démarquent de ce qu’on a l’habitude de voir dans un album pour les plus petits. Dans un environnement coloré, le petit ourson est superbement croqué dans ses attitudes tantôt pataudes, tantôt enjouées, tantôt déséquilibrées au gré de ses pérégrinations.
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Un album original et fort, qui aborde avec douceur ce moment charnière dans la vie des tout-petits.
Evan mène une vie paisible avec son chien. Ils font tout à deux. Ils jouent, ils goûtent, ils partent à l’aventure, mais surtout, ils jardinent ensemble. Le jardin d’Evan et de son chien est magnifique, rempli de belles plantes et de juteux légumes. Mais un évènement tragique vient bouleverser le quotidien paisible d’Evan qui doit alors faire la terrible expérience du deuil. Ce bel album nous raconte avec simplicité l’histoire d’une belle amitié qui un jour prends douloureusement fin. Alors ce magnifique jardin devient une métaphore et se mets au diapason des émotions violentes et douloureuses qu’Evan ressent après la perte de son meilleur ami : douleur, colère, tristesse. Mais au bout du chemin, arrive la résilience et finalement la vie qui reprends son cours. Brian Lies nous offre un regard empli de mélancolie sur l’amitié si profonde que l’on peut entretenir avec nos boules de poils et sur le douloureux travail de deuil qu’il faut faire lorsque ceux-ci nous quittent. Les illustrations réalistes et délicates, à la texture onctueuse et remplies de couleurs sont un régal pour les yeux.
Les renardeaux s’amusent dans la neige sous l’œil protecteur de leur maman. Mais soudain, ils ont disparu ! Elle s’inquiète, les cherche… Et en retrouve un, puis deux, puis trois... Amandine Momenceau nous propose de passer un moment rempli de tendresse avec son album habilement illustré. L’illustration en elle-même est réalisée en papier découpé, dans des tons pastels et crème, qui retranscrivent bien l’épais et moelleux manteau de neige dans lequel évolue la petite famille renard. Les animaux sont expressifs, vivants, sautillant joyeusement. Mais un deuxième niveau de découpe vient se rajouter, dans les pages elles-mêmes, apportant jeu de "cherche et trouve" et suspense tout au long du récit. Cette autrice nantaise nous donne à lire un album enveloppant, rassurant, idéal pour passer un moment de douceur avec les petits.
Depuis 118 ans, un fantôme hante un immeuble parisien. C’est un travail à plein temps, d’être l’esprit frappeur de ce beau bâtiment. Il en a vu défiler, des choses étranges, émouvantes, des scènes de ménage, des cambriolages, des baisers passionnés, des ascenseurs coincés ! Rien ne changera jamais dans sa vie d’esprit. Jusqu’à… ce que quelqu’un d’autre meure et vienne s’installer dans l’immeuble ! C’est une jeune fille d’aujourd’hui, les cheveux pleins de soleil, qui dit hello aux résidents et fais des tope-là aux bébés. Notre fantôme tombe alors amoureux… mais lui, vieux de 118 ans, comment pourrait-il lui plaire ? Quelle belle histoire que ce fantôme parisien qui tombe amoureux ! Clémentine Beauvais et Gerald Guerlais nous offrent un magnifique tour de force : aborder le thème des fantômes avec légèreté, poésie, et joie. Le texte, facétieux, ne tarit pas de jeux de mots bien sentis autour de la mort et retranscrit avec force les émotions de notre héros bien maladroit. L’illustration, sublime, rend grâce à la beauté des toits haussmanniens et nous fait voyager tout droit vers Paris. Sous les crayons de Gérald Guerlais, les personnages tourbillonnent, virevoltent, se cherchent et se découvrent. "Les esprits de l’escalier" est un conte romantique plein d’amour, de tendresse, un moment de poésie suspendu.
Il y avait une maison est un album qui fait l’éloge de la biodiversité à la manière d’une fable écologique. En se mettant à hauteur d’enfant, Philippe Nessmann et Camille Nicolazzi nous expliquent en quoi les actions des hommes peuvent faire des ravages sur le quotidien des autres êtres vivants qui comme nous peuplent cette planète. Au commencement, il y a une maison (la Terre), habitée par plusieurs locataires qui vivent en bonne harmonie. Mais un jour, l’un d’entre eux ne supporte pas de trouver des vers dans sa belle pomme et pulvérise un produit pour les faire fuir. Cela fait du mal à la pauvre abeille qui tousse, qui tousse, et le lendemain, on n’entend plus son bourdonnement dans la maisonnée… Ce locataire égoïste, qui choisit son confort au détriment de la vie des autres êtres vivants, c’est bien sûr l’homme. Celui-ci va peu à peu détruire les autres animaux et leur habitat jusqu’à se retrouver seul dans cette grande maison. Cet album aborde avec justesse les questions de la pollution des sols, de la déforestation ou encore de la surconsommation énergétique avec grande efficacité et sait toucher de manière percutante les adultes comme les enfants, afin que chacun prenne conscience de l’urgence écologique.
Elle aime les fraises et les feux de bois, lui aime le camembert et la plage… mais surtout, ils s'aiment et sont heureux tous les deux, si bien qu'un beau jour arrive un tout petit. Il renverse leur monde de fraises, de plages, de camembert et de feux de bois. Il y a des jours noirs, à cause de douleurs ou de chagrins, mais aussi de très beaux jours, remplis de sourires de petites dents, de roulades dans l'herbe et de cueillette de violettes : ainsi, page après page, tous les trois écrivent leur propre histoire. Ce bel album est édité aux éditions 3oeil, petite maison d'édition attachée au dessin manuel et férue de gravure sur bois. L'autrice Alice Brière-Haquet jongle avec les mots, les assemble pour en faire des textes à mi-chemin entre histoire et poésie. Olivier Philiponneau (qui nous a fait l'honneur de mener un atelier artistique en visioconférence le 14 avril dernier) et Raphaële Enjary nous offrent à partir de leurs gravures, des illustrations aux couleurs primaires éclatantes, qui transmettent avec justesse toutes les émotions que procure une naissance. Les personnages, représentés sous forme de carrés, sont étonnamment expressifs et superbement mis en scène. On retrouve avec amusement les scènes quotidiennes que traversent les jeunes parents : « ils roulent dans la grande ronde des biberons ». Cet album nous rappelle que quelques mots bien choisis et de belles illustrations aux couleurs chatoyantes valent mieux qu'un long discours pour représenter le bouleversement qu'est l'arrivée d'un petit être sur terre.
Od est une petite fille qui vit avec sa tribu nomade dans la Taïga. Ils sont les derniers pasteurs de rennes. Cet hiver est encore plus glacial que les autres et Naran, le petit frère d'Od, tombe gravement malade. Le chaman est formel : seul l'astragale, une fleur qui pousse au sommet de la plus grande montagne, le sauvera. Od et son ami renne s'en vont alors à la recherche de ce remède. Ils se voient entraînés dans une aventure pleine de dangers mais aussi de rencontres. Le voyage d'Od est un bel hommage à la montagne sauvage, souvent dangereuse, et aux animaux qui l'habitent. C'est aussi l'occasion de découvrir un peuple peu connu habitant le nord de la Mongolie : les Doukha. Le respect de la nature, les réflexions détachées et posées de la fillette en font presque un conte philosophique. Les illustrations tantôt sombres, tantôt colorées se mettent au diapason du récit qui alterne entre les sentiments de peur et la solidarité dont fait preuve Od vis-à-vis de ces animaux. Ce récit chamanique, presque onirique, nous entraîne dans une aventure poétique, rythmée, et porteuse d'un beau message sur la richesse de la nature et de ses habitants.