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Apprentie voleuse, Lilya n’est employée par la guilde que pour de menus larcins. Ce qu’elle voudrait par dessus tout, c’est une vraie mission, périlleuse et pleine de mystères ! Le maître des voleurs ne l’estime guère et ne lui montre aucune confiance, alors pour montrer ses aptitudes, elle prend l’initiative de mener à bien une mission qui ne lui était pas destinée. Bien que courageuse et dégourdie, elle va vite comprendre que le monde est empli de sombres mystères et qu’il y a des forces obscures à ne pas réveiller si l’on n’y est pas préparé, sous peine d’anéantir toute forme de vie sur terre... De l’action et encore de l’action sont les fers de lance de cette série jeunesse qui nous vient tout droit de Finlande, le pays des « Mounines ». Elle s’installe sans contestation possible parmi les titres d’aventures les plus efficaces du moment. Le récit est haletant, ménageant des ambiances tour à tour inquiétantes et rassurantes, des scènes de réflexion suivies de pure bastonnade. La trame de fond nous tient en haleine, car comme notre jeune héroïne nous enchaînons les événements sans en connaître les répercussions, souvent disproportionnées. Janne Kukkomen distille également beaucoup d’humour en Lilya, rêveuse au grand cœur et au caractère bien trempé, les enfants vont l’adorer ! L’illustration est maîtrisée, mais de facture plutôt classique. L’originalité vient du découpage et du peu de case par planche. Ce procédé permet ainsi à l’auteur de donner du rythme et d’aérer son récit, facilitant la lecture et la compréhension de l’œuvre. Voici un « page turner » façon bande dessinée jeunesse à dévorer, mais sans vous presser... - Michaël
A la récré, les enfants ne parlent que d’une chose : de la maîtresse qui a un bébé dans le ventre ! Comment est-ce possible ? Comment a-t-il fait pour arriver jusque-là ? Bien évidemment certains enfants ont déjà la réponse, même si leur histoire semble quelque peu éloignée de la réalité. D’autres connaissent mieux le sujet, mais il reste quelques interrogations. Lou, quant à elle, sait, même si pour elle, l’histoire est un peu différente, mais c’est sa vraie histoire… De nombreux albums parlent de la conception et/ou de la naissance d’un enfant. Très rares sont ceux qui traitent de la PMA, la procréation médicalement assistée. « Am Stram Graine » fait partie de ces derniers. Efficacement et sobrement, Anne-Catherine Le Roux explique aux enfants le mystère de la conception, mais en plus, elle raconte son histoire à travers les mots de cette petite fille. Sans grand discours et avec des mots simples, elle aborde une thématique qu’elle connaît par cœur et qui est souvent très mal connue, même du public adulte. Grâce à son récit, son témoignage, elle met des mots, des images et des sentiments sur un parcours qui peut s’avérer compliqué lorsque l’on souhaite un enfant. Elle parle également d’identité, qui on est vraiment ? Que veut dire être parent ? La filiation ? Elle donne matière à réflexion, mais plus que tout, Anne-Catherine Le Roux, donne des clés de compréhension et d’ouverture d’esprit. Elle est accompagnée dans sa tâche par Jules, illustratrice au trait épuré et aux couleurs chatoyantes, dont les planches sont aussi efficaces que le texte. Voici un album rare et incontournable pour combattre les préjugés et rendre le monde plus ouvert. - Michaël
Le même jour, à la même heure, sont nés 43 enfants aux pouvoirs extraordinaires. Le riche et excentrique Sir Reginald Hargreeves parvient à trouver et à adopter 7 de ces nourrissons. Son but : les former et les entraîner à devenir la meilleure équipe de super-héros de tous les temps. Malheureusement, parfois, les meilleures intentions du monde peuvent s’avérer plus néfastes que bienfaisantes... « Umbrella Academy » n’est pas à proprement parler une nouveauté puisque son premier numéro est sorti aux États-Unis en 2008, remportant la même année l’Eisner et le Harvey Award de la meilleure nouvelle série, prix très prestigieux décernés au neuvième art. Alors pourquoi vous en parler aujourd’hui ? Tout simplement parce que Netflix l’a adaptée en prises de vue réelles. Deux saisons pour le moment, et c’est une véritable tuerie (au propre comme au figuré !). Du coup, cette plate-forme de vidéo permet de (re)découvrir ce titre aux charmes et atouts indéniables. Proches dans l’esprit et la forme, possédant la même énergie débordante et communicative, les deux versions diffèrent à quelques détails près. Cet univers (pour l’ensemble) est empli de mystères, de rebondissements et nous entraîne à chaque fois sur des chemins improbables. Il y a certes de l’action, beaucoup d’action même, mais également une place importante pour la réflexion. Des thèmes sous-jacents tels, pour ne citer qu’eux, la famille, la filiation ou encore la construction de soi, transparaissent tout du long de la saga et des épisodes. Chaque personnage a son caractère, ses blessures que l’on découvre petit à petit, des histoires dans l’histoire. Ne choisissez pas telle ou telle version : les deux sont captivantes, proches mais assez différentes pour vous surprendre chacune d’elle. Et bien évidemment le comics est disponible dans votre Espace COOLturel ! - Michaël
Faith est une jeune fille particulière qui partage son existence entre deux mondes. Un monde imaginaire peuplé d’amis animaux anthropomorphes où elle se sent heureuse et celui de la réalité, avec ses soucis familiaux et sa maladie qui l’isole de plus en plus. Chaque jour qui passe est une victoire sur la mort, mais la maladie progresse et les deux mondes en sont bouleversés, se chevauchant dangereusement... Les éditions Delcourt nous proposent un titre très étrange, voire déroutant par moment, mais si intrigant qu’il nous tient à la lecture jusqu’à la dernière page. Même une fois le livre refermé, la magie opère encore, questions et interprétations jaillissent. Chacun avec sa sensibilité, son histoire pourra entrevoir sa vérité, mais il s’agit bien avant tout d’un récit sur la perte d’innocence lorsque l’on entre dans l’âge adulte. « Dans la forêt des lilas » est un récit initiatique qui se situe à la frontière entre deux étapes de la vie. Il traite de la peur de perdre ceux qu’on aime, de l’apprentissage des limites et de la solitude. Les illustrations au style onirique sont magnifiques de délicatesse. Un roman graphique pour les plus de 12 ans, émouvant et saisissant. - Michaël
Le Grass Kingdom, est le nom donné aux terres des frères Robert, Bruce et Ashur. Sur cette étendue, ils accueillent à bras ouvert qui le souhaite, mais avec quelques règles tout de même : le respect et l’entraide. Depuis de nombreuses années, ils vivent ainsi, en totale autarcie, refusant les lois et le monde extérieurs. Alors que les problèmes se multiplient avec le shérif du comté, une vieille affaire sordide refait surface. Dans cette communauté où l’entraide et la loyauté sont de mise, tout laisse à penser que se cacherait parmi eux un tueur en série... Lorsque l’on parle de bandes dessinées américaines, on pense inévitablement aux super-héros, oubliant que le comics est avant tout une multitude de genres et de styles. Bien sûr les Américains ont inventé les super-héros, mais ils ont également développé le média bande dessinée en apportant des codes et une narration modernes. Matt Kindt est l’un des auteurs du Nouveau Monde les plus en vue actuellement. Il compose une œuvre qui jusqu’à présent est un sans faute, et avec toujours plus d’exigence. Grass Kings dépeint le quotidien d’Américains moyens, plongés dans une utopie, mais rattrapés par la réalité. Chaque personnage, chaque témoin a son histoire, différente, mais liée au Grass Kingdom. Ces terres sont d’ailleurs un personnage à part entière, car tel un cours passionnant, nous assistons au début des différents chapitres à son histoire. Terres peuplées par les indiens, puis par les colons, terres nourries par la violence et le sang des hommes. Le récit est passionnant, brutal sans être dénué de réflexion et de compassion. Vous aimerez également le travail pictural d’un tout jeune illustrateur qui, sans copier ses illustres prédécesseurs, nous rappelle le travail de Jeff Lemire (à découvrir rapidement si vous ne le connaissez pas). Un travail remarquable utilisant la technique de l’aquarelle. Grass Kings est en polar sérieux qui vous fera vibrer et dont l’intégralité se tient en trois volumes. - Michaël
Lapin aimerait bien cueillir des pommes, mais vu sa taille, cela est bien compliqué. A moins que toi, ami lecteur, ne lui donne un petit coup de main... Voici une excellente idée développée par Claudia Rueda qui, sur la base d’une histoire assez classique, casse les codes habituels de la narration et comme au théâtre, « brise le quatrième mur ». Le personnage de l’histoire s’adresse au lecteur en lui parlant pour lui demander de l’aide par des actions sur le livre, bien précises. Ce procédé fait son petit effet immersif, il force notre empathie envers Lapin. Le lecteur reste lecteur, mais devient acteur de cette charmante histoire. Les illustrations sont elles aussi réalisées de façon à nous inclure dans cet univers. Pour cela, l’autrice utilise un seul angle de vue, horizontal, le personnage est quant à lui toujours dessiné à la même échelle. De cette manière, nous avons une impression de discussion, face à face, avec Lapin. Tout a vraiment été pensé pour créer cette interactivité. « Attrape, Lapin ! » est un album original qui amusera petits et grands lecteurs et leur donnera assurément envie de tartes aux pommes. Miam ! - Michaël
Paul est fatigué de toujours se faire gronder par sa maman. Alors pour en finir avec cela, il décide de partir vivre seul dans une autre maison. Très vite la solitude et l’ennuie se pointent, aussi, lorsqu’un chat s’invite chez lui, Paul ne refuse pas de l’héberger, ni même pour le chien, encore moins pour le cochon et que dire à tous ceux qui arrivent… Les éditions Cambourakis nous proposent un charmant et amusant album suédois. L’autrice Barbro Lindgren écrit une histoire qui prend essence dans le quotidien et en fait un récit extraordinaire. Quel est l’enfant qui n’a pas rêvé un jour d’habiter seul sans avoir ses parents sur le dos ? L’autrice, maligne, ne donne pas pour autant victoire à ce garnement, mais conclut à merveille son texte par une mignonnette pirouette. Les illustrations d’Emma AdBage sont atypiques, son esthétisme va en faire hurler plus d’un car ici point de perspectives ou de décors majestueux, non, juste le principal et des personnages avec des « gueules », des tronches qui feront rire par leurs attitudes et leurs postures. Une vraie leçon de dessin, à l’apparence faussement enfantine et à la mise en scène irréprochable. Petit conseil, lorsque vous sentez la moutarde vous monter au nez et que vos enfants en ont assez de vous, venez passer un peu de temps à la médiathèque : il y a de beaux albums à lire ensemble, et les colères se transformeront en câlins (garantie à 75%). - Michaël
1927, Etats-Unis, le Mississippi est en crue. Rien ne lui résiste : digues, plantations et villes sont englouties sous la violence des eaux. Dans cette Amérique en souffrance, un seul homme semble détenir la force de contrer cette nature hostile. Mais saura-t-on lui faire confiance ? Pourra-t-on lui demander de l'aide ? A lui cet homme de couleur ? Il est le seul capable d'aider hommes et femmes dans ces coins reculés et en proie au racisme...
Mark Waid, sur un fond historique, a écrit un récit humaniste, teinté certes de noirceur, mais ô combien empli de courage, d'intelligence et de partage. Dans cette quête, il est aidé par un artiste talentueux : M. Jones, magicien qui réalise des aquarelles de toute beauté. Il peint les visages, les corps et les situations avec subtilité et justesse. Il pousse le souci du détail à son paroxysme. Tout parait tellement vrai, telles les vieilles photographies d'antan. Un album qui parle de super pouvoirs sans être véritablement une bande dessinée de super-héros. Un album qui parle et dénonce le racisme aux Etats-Unis, et qui malheureusement est toujours d'actualité. - Michaël
L’automne est là ! Pour notre héroïne, une femelle ourse, il est temps de se préparer au long et froid hiver qui arrive... « L’ourse » est un album contemplatif. L’auteur José Ramón Alonso utilise très peu de texte pour nous conter une tendre et belle histoire. En une trentaine de pages, il réussit à nous émouvoir, enfant comme adulte, à nous captiver, faisant de nous les témoins privilégiés du cycle de la vie et de la nature. Cette réussite il la doit également aux magnifiques illustrations à l’acrylique de sa consœur espagnole Lucía Cobo. Avec minutie elle peint chaque détail, chaque poil de notre plantigrade, la rendant tellement vivante et expressive ! En utilisant une gamme de tons pastels et automnaux, Lucía crée une atmosphère douce et poétique. Elle varie les plans, les axes de vue donnant ainsi un dynamisme à l’ensemble et un effet de surprise lorsque l’on découvre, page après page, ses magnifiques tableaux. Si l’on est suffisamment attentif on découvre par moment dans ses compositions des indices permettant d’envisager la suite du récit. Cet album est un excellent moyen d’évoquer avec les enfants le cycle des saisons, mais également celui de la vie et de la nature. Avant tout il sera pour vous un excellent moment de lecture à partager avec vos chérubins. - Michaël
1939, l’Allemagne et le nazisme envahissent la Pologne et plongent l’Europe dans les ténèbres. À Varsovie, les personnes de confession juive sont parquées dans une zone : le Ghetto de Varsovie. Il y règne la famine et le désespoir. Irena Sendlerowa, travailleuse sociale, intervient quotidiennement dans le ghetto, apportant nourriture et vêtements. Son humanité et son courage la poussent à sauver des enfants juifs en les faisant s'échapper du ghetto par différents subterfuges, au péril de sa propre vie... Loin des histoires fictives et parfois potaches destinées traditionnellement à la jeunesse, les éditions Glénat nous proposent un récit poignant sur une héroïne bien réelle. Irena Sendlerowa, Juste parmi les nations, a sauvé pas moins de 2500 enfants des griffes de la folie humaine. Son courage est mis en lumière par le travail formidable d’un trio d’artistes conscient de réaliser une œuvre salutaire et d’utilité publique. Ce récit est certes par moment difficile, on y comprend des scènes de tortures, on y côtoie la haine et la mort, mais également l’espoir d’une humanité si fragile. Mettre en avant auprès de nos enfants l’histoire vraie de héros de l’ombre ne peut être que bénéfique. Trop peu exploités, ces récits sont pourtant sources de valeurs positives et de modèles à suivre. Apprenons le bien avant le mal et le monde s’en portera peut-être mieux... - Michaël