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Tous les avis de

Vidal Balaguer est un peintre espagnol du 19ème siècle. Artiste talentueux, il n’a jamais souhaité vendre ses œuvres les plus personnelles prétextant qu’elles étaient une partie de lui. Son attitude, sa mystérieuse disparition et le peu de tableaux  conservés à ce jour ont contribué à son oubli. Natures mortes nous fait découvrir ou redécouvrir cet artiste, au talent indéniable. Avec justesse et tendresse, Zidrou a concocté un récit captivant sur les affres de la création, aidé et sublimé par les peintures d’Oriol qui a su se hisser au niveau de l’artiste raconté. Un pur moment de magie qui a, en plus, le mérite de nous faire découvrir le milieu de la peinture espagnole du 19ème siècle.

Halfdan Pisket est fils d’immigré. S’il vit aujourd’hui au Danemark et réalise des bandes dessinées sans craindre la censure et/ou la prison, c’est en grande partie grâce à son père.  Turc-arménien ou Arméno-turc, son père a quitté il y a longtemps son village natal situé dans la zone frontalière instable entre la Turquie et l’Arménie. A une époque, toutes les religions et coutumes y cohabitaient en paix. Depuis le génocide arménien, un climat de défiance et d’instabilité s’est installé. Des évènements dramatiques se sont enchaînés et ont rendu son père amer et haineux. Cette situation l’a poussé à partir vers d’autres cieux où de meilleurs lendemains lui semblaient promis, mais ailleurs et exilé, sera-t-il mieux considéré ? Élaborée à partir d’interviews du père de l’auteur et d’anecdotes de sa vie dans les années 60-70, cette histoire difficile dépeint le quotidien d’un homme déchiré par la guerre et l’occupation d’une part et ses convictions et sa soif de liberté d’autre part. Avec ce témoignage, il dénonce les maltraitances subies par les minorités et l’accueil difficile réservé aux peuples déracinés. Un témoignage choc et prenant, appuyé par un dessin expressif au noir profond. Récit complet en 3 volumes. - Michaël

Jean Doux est employé dans une entreprise spécialisée dans les broyeuses. Sa vie "pépère" bascule le jour ou il découvre l'existence du célèbre modèle de niveau 12, qui permet la découpe à l'echelle moléculaire, et qui n'était jusqu'alors qu'un mythe de bureau. Cette découverte va l'entraîner dans une aventure périlleuse où il pourrait bien perdre la vie ! Bon, disons les choses sérieusement : cette bande dessinée est à mourir de rire. Le récit est complètement loufoque, truffé de jeux de mots, de dialogues décalés et de situations absurdes. Philippe Valette s'est déchaîné dans cette oeuvre qui a déjà reçu de nombreuses récompenses : en 2017, le prix Landerneau BD et en 2018 le Fauve Polar SNCF d'Angoulême. Cela est mérité tant on savoure page après page les péripéties de Jean Doux, de Jean-Yves, de Jean-Daniel, de Jean-Pierre, de Jean-Pat... Le style graphique est tout aussi réussi, les illustrations sont percutantes, démonstratives et on se demanderait presque à la fin si la moustache n'est pas l'avenir de l'homme. Du pur délire !  - Michaël

Autant vous le dire de suite, ce titre est extrêmement dur par son intensité émotionnelle. Le Perroquet est une autofiction poignante qui traite des troubles de la bipolarité à tendance schizophrène. Espé livre un récit aussi personnel qu’universel, celui d’un enfant perdu dans une réalité où l’imaginaire est le seul refuge ; dans son regard, on ne lit qu’incompréhension et douleur face à la maladie de sa mère. Page après page, nous sommes les témoins impuissants de scènes insupportables qu’on ne peux, après avoir refermé l’album, se sortir de la tête. Parfois la réalité est bien plus cruelle que la fiction et il faut énormément de courage pour écrire, nous livrer un pan de ce passé si monstrueux, mais c’est également une formidable once d’espoir pour, à défaut d’oublier, savoir continuer à vivre. Merci M. Espé.  - Michaël

La terre des fils fait incontestablement partie des meilleurs titres 2017. Gipi (pourtant pas habitué au genre) nous conte une histoire post-apocalyptique d’une rare efficacité. Les personnages sont abrupts, directs, violents, mais pas dénués de réflexion. Dans un univers âpre, ils agissent pour leur survie sans laisser paraître de sentiments. Pourtant les sentiments sont bien présents, sous-jacents, et inéluctablement jailliront… L’illustration est magnifique, désespérée, sans couleur, sans aplat, au trait vif, hachuré et élégant. Un petit joyau de la bande dessinée italienne à découvrir.  - Michaël

Quel plaisir de retrouver Hilda alors que l’on nous avait annoncé, de la bouche même de son auteur au festival d’Angoulême, l’arrêt de ses aventures. Qu’importe ! Quel plaisir de retrouver un monde quasi-ordinaire teinté de magie et autres créatures enchanteresses, des aventures extraordinaires, saupoudrées de douceur, d’humour et de fraîcheur. Hilda au grand cœur, turbulente, mais toujours prête à aider les autres. Hilda fait partie de cette nouvelle génération de héros jeunesse qui resteront à jamais dans le subconscient de chacun et surtout des enfants. Adultes, ils diront «  - Quand j’étais petit, je lisais les histoires d’Hilda une petite fille... » et à partir de là, ceux qui auront eu cette chance enchaîneront « - Oh oui je m’en rappelle, qu’est ce que c’était bien ! ». Par chance (et j’ose croire que cela en est une), « Netflix » a décidé d’adapter les aventures d’Hilda en série télé. Alors merci, pour le plus grand bonheur de tous.  - Michaël

Momo est une petite fille vive, turbulente mais attachante. Elle vit avec sa grand-mère et attend impatiemment le retour de son père, parti pêcher au grand large. Pour s'occuper, elle jouit de son imagination pour vivre des aventures. Hélas la réalité reprend toujours le dessus et sa vie va en être bouleversée... Un très beau titre jeunesse destiné à tous les publics. Tendre, mélancolique, mais plein d'humour, il est une réusite scénaristique. L'illustrateur, à la technique proche de Bastien Vives, dessine Momo avec brio et nous propose un personnage à la tronche adorable. Vous recherchez de la douceur dans ce monde, alors laissez-vous prendre par ce titre qui vous rechauffera le coeur.  - Michaël

Ohhhhh yoooo yooo... enfin à peu près ça ! Aah Tarzan, héros qui a bercé ma jeunesse, grâce notamment aux films de Johnny Weissmuller (12 films entre 1932 et 1948) et chaque semaine en bande dessinée dans le magazine télé. Tarzan, 26 volumes sortis entre 1912 et 1995 adaptés en bande dessinée, au cinéma et à la télévision. Ces médias consacreront le mythe et feront connaître ce personnage au monde entier. Oui mais voilà, que connaissons-nous vraiment de Tarzan, si ce n'est ces adaptations librement inspirées ?... Tarzan, seigneur de la jungle est le roman qui a vu naître "Peau blanche" (=Tarzan en langage gorille) et diffère quelque peu des œuvres précédemment citées. Edgar Rice Burroughs nous livre un récit plus noir, plus violent, en conformité, même si cela reste de l'imaginaire, avec le monde hostile de la jungle. Tuer pour ne pas être tué, voilà ce qui pourrait être la devise de l'homme singe. Mais ne croyez surtout pas que le récit est dénué de tout humanisme ou de morale, non il est aussi une critique de l'époque, de ces années de colonisation ou l'homme blanc a ravagé, pour de sombres ambitions d’expansions économiques et financières, tout un continent. Ces maux, pêchés de l'homme civilisé, Tarzan en fera les frais inexorablement. Il est une loi, bien plus forte que celle de la jungle, bien plus forte que le Seigneur de la jungle : le profit. Bien sûr on ne peut parler de Tarzan sans évoquer la belle Jane, qui offre au récit des passages d'un grand romantisme (un peu désuet) mais qu'on lit avec plaisir. Et Cheetah alors... suspense, je vous laisse le plaisir de découvrir ce grand roman d'aventure qui n'a de cesse d'inspirer encore aujourd'hui, une multitude d'artistes.  - Michaël


Une petite merveille d’émotion pour ce titre jeunesse qui s’adresse à un large public.
Le récit de Mario Torrecillas est linéaire et fluide, il traite du football, sous l’angle du recrutement, mais pas que… Ici nous sommes les témoins d’une relation compliquée père/fils, il est question de rédemption, de responsabilité et de rêves… L’illustrateur, Artur Laperla, rend également une copie impeccable, son style basé sur la simplicité, la lisibilité et l’utilisation de couleurs vives, colle parfaitement à la dynamique du récit. Une vraie pépite espagnole offerte par les éditions « Nouveau Monde Graphic ».  - Michaël

Amoureux de l’humour par l’absurde, ce titre est fait pour vous ! Geoffroy Monde, nous régale se saynètes toutes plus drôles les unes que les autres. Du duel insolite de deux cowboys, en passant par la triste condition de vie des génies de lampes magiques et en n’oubliant pas, clin d’œil à notre profession, de faire régner le silence dans les bibliothèques, l’auteur nous surprend par une écriture décalée, dont la chute tombe au bon moment, le tout sublimé d’illustrations atypiques. Un vrai moment de joie pour passer l’automne.  - Michaël