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Tous les avis de

Cette bande dessinée sur la Corée du Nord fait froid dans le dos. Elle s’inspire d’un ouvrage témoignant d’un homme né dans un camp de travail en Corée du Nord qui finit, après de nombreuses années, par s’échapper (cf « Rescapé du camp 14 »). Bien documenté, Aurélien Ducoudray nous livre un récit qui a pour ambition de nous immerger dans ce pays à travers le regard d’un enfant. Pour lui l’art de la BD est un moyen comme un autre de nous faire prendre conscience du monde qui nous entoure : « J'ai l'impression, aujourd'hui, de faire davantage mon travail de journaliste en écrivant des fictions. J'étais photo-reporter et ce qui me plaisait c'était de passer du temps avec les sujets. Et là c'est pareil, je retrouve cela ; quand on est dans l'écriture pure, on passe du temps avec les personnages. ». Le pari est réussi car à la lecture de ce récit nous ne pouvons feindre une certaine tristesse vis à vis de Jun Sang, protagoniste fictionnel de l’histoire, mais qui, de toute évidence, est un porte-parole de toutes ces victimes inconnues.  - Michaël

Cléopâtre et Alexandre sont jumeaux. Depuis que leur père adoptif a disparu, ils doivent se débrouiller seuls et commettent de menus larcins pour le compte du gang du Crochet Noir. Cependant, une bien plus dangereuse menace les guette : le terrible pirate Felix Worley est à leur recherche et est bien décidé à trucider quiconque se mettra en travers de sa route. Les jumeaux semblent détenir la clé qui pourrait le mener jusqu’à un trésor inestimable... Roman graphique pour la jeunesse en seulement deux volumes, « Pile ou face » est un récit d’aventure efficace mené tambour battant. Pas de temps mort donc : intrigue et action s’entremêlent pour nous happer dans cette chasse au trésor. La réflexion et les sentiments ne sont pas absents pour autant. L’appartenance, l’amitié et la famille sont des sujets transversaux qui densifient le scénario et le rendent captivant. L’illustration est parfaitement maîtrisée, claire et dynamique, rehaussée de couleurs chatoyantes. Cette aventure est à mettre entre toutes les mains tant elle séduira un large public.  - Michaël

 

La bande dessinée, riche en récits originaux, permet également, par le biais de l'adaptation, de faire découvrir des récits issus d'autres médias. "Le quatrième mur" est à la base un roman de Sorj Chalandon, que personnellement je n'aurais, je pense, jamais lu. Dommage, je serais passé à côté d'une oeuvre incroyable, ode héroïque célébrant tout à la fois la fraternité, le courage d'une jeune femme, l'art et la liberté.  - Michaël

Ils sont trois : Canard, Cochon et Lapin. Ils vont accepter, par la force des choses, la mission de livrer un bébé humain à sa famille… Mais, n’est pas cigogne qui veut et nos trois compères, tous plus maladroits les uns que les autres, vont vivre une incroyable aventure… « Un bébé à livrer » est la première bande dessinée de Benjamin Renner, rendu célèbre par son titre « Le Grand méchant renard » adapté au cinéma. Ce titre est une pure merveille d’humour et de mise en scène rythmée. L’auteur excelle dans l’écriture de situations absurdes, jamais méchantes, mais toujours tordantes. Nous suivons les personnages dans leur périple et rions à chaque page, aidé par un dessin expressif et nerveux. Par son écriture, il réussit la prouesse de s’adresser aux enfants et aux adultes. Seul petit bémol, le mal aux zygomatiques que nous procure la lecture de cet ouvrage, mais il parait que cela est bon contre les rides…  - Michaël

« Goupil ou face » est l’histoire vraie de Lou Lubie, autrice/illustratrice qui se bat chaque jour contre sa maladie : la cyclothymie. Ce trouble de l’humeur est de la famille des maladies bipolaires. Avec pudeur, mais sans compromission, elle nous dévoile son quotidien, que beaucoup aurait dissimulé, jonglant constamment entre euphorie et dépression. Le récit débute à ses 16 ans, aux premières manifestions de ce mal qui ne sera alors que peu considéré par le corps médical, et se termine par sa vie d’aujourd’hui, diagnostiquée et soignée. Elle nous parle d’elle, de ses émotions, de son comportement, de son évolution dans la société. Au travail, en famille ou encore en couple, tout est abordé avec clarté et limpidité. Le récit intimiste est par ailleurs complété par des explications médicales, ici encore le travail de vulgarisation est remarquable. « Goupil ou face » est une bande dessinée instructive et passionnante racontée avec beaucoup d’humour et dont les illustrations sont expressives et limpides.  - Michaël

Spin off de la série pour adultes « Les vieux fourneaux », « Le loup en slip » s’adresse aux plus jeunes par le biais d’un conte sur la différence. Véritable message de tolérance, le récit s’articule autour de la croyance populaire de la peur du loup… Mais qui est-il vraiment ? Qui l’a déjà rencontré ? Qui lui a seulement déjà adressé la parole ? Est-il celui que l’on prétend ? Cette trame, qui peut paraître sommaire, ne l’est pourtant pas. C’est avec tact et humour que M. Lupano dresse avec brio une image de notre société et ainsi un message pour nos jeunes générations : la tolérance.
« Le loup en slip » est un court récit, mais qui par son propos, perdure dans les esprits. Une réussite.  - Michaël

Au pays imaginaire, les créatures sont nombreuses. Elles attendent impatiemment d’être choisies par un.e enfant pour devenir leur meilleur ami. Beekle, lui, attend depuis longtemps et ça le rend triste. Si bien qu’un jour, il décide d’inverser les rôles et de trouver par lui même son enfant. Pour cela, il doit réaliser l’impensable : partir pour le monde réel... Little Urban nous propose de découvrir un personnage original et attachant : Beekle, l’ami imaginaire. Cette créature sensible et expressive, dont le graphisme « simplifié » permet à chacun de se l’approprier, pourrait devenir une référence jeunesse incontournable. Abordant des thématiques importantes de l’enfance - la solitude, l’amitié et sans en avoir l’air, la créativité - le récit nous plonge dans notre propre enfance et l’angoisse de se faire un tout premier ami. Subtil et efficace,  cet album est magnifiquement illustré. Habile mélange de peinture digitale et traditionnelle, les planches de Dan Santat sont des fresques minutieuses dont la composition, la mise en scène sont bien pensées. Dans les premières pages de ses aventures, Beekle apparaît tout petit, souvent dans un coin de l’illustration, écrasé par le décor et certainement sa solitude. Puis au fur à mesure, il trouve sa place et le cadrage se resserre sur lui, montrant ainsi sa prise de confiance. Beekle à besoin d’un.e ami.e : et si vous veniez l’emprunter à l’Espace COOLturel ?  - Michaël

Être en internat, ce n’est pas toujours drôle. Encore moins lorsque l’on provoque une sorcière et qu’elle vous maudit pour toujours. Krum, Ulysse, Step, Mei et Ouss vont l’apprendre à leurs dépens. Leurs nuits ne seront plus jamais paisibles car ils sont désormais condamnés à voir et être vus par les monstres tapis dans l’ombre... Cette bande dessinée jeunesse horrifico-fantastique est écrite de façon nerveuse et dynamique. Pas de temps mort pour nos jeunes héros qui enchaînent cris et courses poursuites dans de nombreux chapitres. Il se dégage de cette histoire une atmosphère étrange et inquiétante qui fera frémir nos plus sensibles chérubins en quête de frissons. Une réussite du genre, aidée par des illustrations expressives et efficaces. Ulysse Malassagne signe une nouvelle fois un titre de grande qualité et donnera à coup sûr des envies d’aventures aux enfants, même les plus paisibles...   - Michaël

 

Chaleur est un petit récit, 146 pages, mais grand par son intensité. Deux protagonistes que tout oppose sauf un but ultime : gagner le championnat du monde de Sauna. Chapitre après chapitre, se dévoilent nos héros, Niko, hardeur débridé, contre Igor, un ancien soldat russe d'une froideur méticuleuse. Ici pas de héros, pas de méchant, on ne peut prendre position pour l’un ou l’autre. Témoins, nous assistons à une course contre le temps, la vie et peut-être tout simplement à la rédemption de Niko et Igor.

Après le remarqué « Jane, le renard et moi », voici le second tire du duo québécois Britt/Arsenault et une fois encore, nous ne sommes pas déçus. Les illustrations sont à tomber par terre, avec un style empreint de sensibilité et de finesse qui accroche autant le regard des jeunes lecteurs que des adultes. Isabelle Arsenault mixte les techniques : aquarelle, crayon de bois, pastel frotté, fusain, encre de Chine, gouache, collage, couleurs ajoutées à l’ordinateur, ce qui ajoute texture, profondeur ou contraste à ses illustrations. Le texte De Fanny Britt n’est pas en reste car même si le sujet n’est pas gai (l’alcoolisme), il nous emmène tour à tour dans l’euphorie, l’angoisse et au final, peut-être, l’espoir. Drame quotidien, famille bouleversée, notre duo réalise un album sociétal d’une grande justesse, sans pathos ni mièvrerie. En s’adressant aux enfants ainsi qu’adultes, elles réalisent un vrai tour de force. Bravo !  - Michaël