Aller au contenu principal

Conseils lecture

1954, New York, deux âmes esseulées vivent en voisinage. Elle, Madeleine, sur sa terrasse, élève des abeilles et ne se remet pas de la disparition de son mari. Lui, Monsieur Days, réside dans l’immeuble en face, cloîtré avec une armée de gardes et des secrets inavouables. Ils ne sont pas du même milieu, pourtant un lien les unit et pourrait les rapprocher... Récit complet d’une efficacité implacable, « Gramercy Park » est un polar à l’atmosphère envoûtante. Les deux personnages principaux nous livrent leur histoire au compte-gouttes en devenant tour à tour narrateur de l’intrigue. Chacun de ces deux récits est bien ficelé et livré de façon chirurgicale, l’ensemble atteint son paroxysme en une conclusion surprenante.

 

Le texte de Timothée de Fombelle est sublimé par les illustrations de Christian Cailleaux, qui nous plongent littéralement au cœur des années cinquante. Rien n’est de trop, rien ne manque dans ce roman graphique, si ce n’est que vous le découvriez par vous-même.

 

Il y a trois ans, la ville de Poughkeepsie fut l’objet d’une mystérieuse catastrophe. Depuis, la ville est mise en quarantaine. Là-bas la réalité a été altérée et les dangers sont multiples. Malgré cela, Addison est l’une des rares à braver l’interdiction et y pénétrer. Elle prend des clichés de la zone afin de les monnayer à de riches collectionneurs. Vénale, elle ne l’est pourtant pas, cet argent sert à aider sa sœur, une des rares survivantes de la « Spill Zone ». Pourtant Addison va accepter un dernier contrat qui, si elle le réussit, les mettra à l’abri du besoin. La « Spill zone », il est si facile d’y entrer... mais de plus en plus hostile et difficile d’en sortir. Récit complet en deux volumes « Spill zone » est une des bonnes surprises de cette année. L’œuvre est très bien écrite, étrange, inquiétante et pleine de suspense et de rebondissements. A aucun moment on ne s’ennuie, on tourne les pages de l’album avec frénésie tant il est difficile de se détacher du récit. Cette intrigue, si bien ficelée, si bien amenée, est une réussite en terme d’écriture de de narration. L’illustration est également un pan important de l’œuvre puisqu’elle intensifie la tension du récit par son trait unique et une mise en couleur alternant des tons sombres et criards. Voici donc un comics de haute qualité, complet en deux volumes, qui saura séduire le lecteur exigeant.  - Michaël

A son grand désarroi, Aubépine est partie vivre à la montagne avec sa famille. Là-bas, sa mère est au plus près afin d’étudier la dévastatrice migration des oiseaux géants, mais pour notre jeune héroïne, c’est la désolation. Il y a pourtant une vieille bergère énigmatique et ses chiens laineux. Il y a aussi des monstres bizarroïdes et le Génie Saligaud. Sans oublier son nouvel ami, Pelade le chien. Alors pourquoi se plaindre lorsque tous les ingrédients sont réunis pour vivre de belles aventures ? « Aubépine » est une série jeunesse saupoudrée d’humour, d’aventure et de fantastique. Le tout enveloppé d’un suspense constant. Karensac, aidé par Thom Pico, nous fait découvrir un univers riche et varié. Chaque personnage, chaque chose détient un secret, une histoire étrange et magique. Chaque rencontre et/ou faits et gestes entraînent Aubépine vers l’inconnu et l’au-delà... C’est rythmé, drôle et parfaitement illustré par un style cartoon qui amplifie la dramaturgie. Cette saga comico-fantastique comptera plusieurs volumes et n’est pas sans rappeler « Hilda », l’œuvre de Luke Pearson. Sans aucune hésitation, plongez-vous au coeur de cette histoire aux personnages si attachants.  - Michaël 

Barbara n’est pas une adolescente comme les autres. Solitaire et parfois violente, elle ne fait pas l’unanimité dans son école. Ses histoires de géants et autres créatures n’arrangent rien, la faisant passer pour folle aux yeux de ses camarades. La blessure qu’elle cache en elle pourrait expliquer son comportement, mais comment la comprendre, l’approcher, elle qui se bat si furieusement contre des moulins à vent... IKG est un comics sans super-héros, mais avec une héroïne du quotidien qui lutte contre les tourments de la vie. Sans rien en dévoiler, l’intrigue est maligne, nous entraînant sur une fausse piste pour mieux nous ramener à la réalité. Barbara est étonnante de caractère, de furie et de tendresse. Elle est merveilleusement bien croquée par l’artiste Ken Niimura qui insuffle une énergie folle à cette œuvre originale. Un très bon moment de lecture qui engendrera à n’en pas douter discussion et débats.  - Michaël

Ramirez est un employé modèle, consciencieux et méticuleux, qui ne passe pas son temps à bavarder. Normal, me direz-vous, puisqu’il est muet. Il n’empêche qu’il est celui sur qui on peut compter. Il est l’homme de toutes les situations dans l’entreprise dans laquelle il travaille. Sa vie bien trop rangée, bien trop pépère va être bouleversée le jour où il est pris en chasse par la mafia. Lui si normal, si banal ne serait pas celui que l’on croit, mais un homme très dangereux, un talentueux tueur à gage. Cette nouvelle série de Nicolas Petrimaux démarre sur les chapeaux de roues. Action et suspense cohabitent dans une œuvre aux forts accents hollywoodiens. Aucun temps mort ni répit ne nous sont accordés. Les situations s’enchaînent jusqu’au dénouement final qui réserve un cliffhanger de génie. Le récit est mis en scène par un dessin expressif et cadré efficacement pour une lecture en CinémaScope. On dévore cette histoire et on rit également beaucoup, tant les situations sont cocasses, mais également parce que l’auteur a saupoudré son récit de rencontres, de détails appartenant à des univers bien différents et le décalage fait mouche (« Papillon de lumière », cela vous parle ? ). 100% action pour 100% de plaisir :)  - Michaël

Madame Lamort a un étrange métier. Elle est l’émissaire de la mort et envoie dans l’au-delà les tristes sélectionnés. Alors qu'elle était sur le point de décrocher le très prestigieux titre d’employée du mois, M. Bavasse, le dernier sur sa liste, lui échappe. Vexée, elle n'a qu'une hâte, le retrouver pour lui prendre son âme. Mais comment faire ? Celui-ci semble avoir complètement disparu de la circulation. Alors que tout semble perdu, elle apprend que l'un des camarades de classe de sa fille Joëlle a pour papa un certain M. Bavasse. Joëlle aura donc droit à une fête d'anniversaire où tous les élèves, ainsi que leur papa, seront invités... 
Intégrale de la série culte de Davide Cali et Ninie, Cruelle Joëlle est un récit surprenant. Avec brio, les auteurs proposent une série dynamique, inventive et pleine d'humour. Ils abordent de nombreux thèmes comme la mort, mais aussi la séparation, les familles monoparentales ou encore l'adolescence. Le dessin de Ninie est des plus agréables et crée une véritable atmosphère, grâce, en partie, à l’utilisation de couleurs en parfaite adéquation avec l’ambiance générale. Cruelle Joëlle est une lecture qui procure détente et drôlerie, pouvant plaire aux grands comme aux petits.  - Michaël

Ann est une femme libre : pas de maison, pas d’enfant, pas d’homme, ou plutôt de temps en temps et pour se faire un peu d’argent. Elle vit dans sa voiture et telle la cigale, se la coule douce. Malheureusement, ce mode de vie peut attirer des ennuis et un soir, c’est la mauvaise rencontre, l’acte de trop... Seule, elle doit fuir vers l’inconnu, mais dans cette échappée belle rencontrera des personnages attachants, hauts en couleurs et vivra un peu leur histoire. Voici un manga original, tant par son histoire que son illustration. Le trait est étonnant : rien à voir avec ce qui nous vient habituellement du Japon. Ici, le dessin est volontairement grossier, sans trame (technique pour ombrer ou faire des effets de lumière dans les mangas), mais très expressif et parfaitement adapté au personnage de Ann. Le récit est lui écrit tel un feuilleton américain de type « série bouclée » : chaque chapitre narre une rencontre fortuite, fruit du hasard ou du destin ; Ann - grâce à sa personnalité assez unique - chamboule la vie de ces autres qu'elle croise. Véritable comédie dramatique « Sunny sunny Ann ! » est un manga à lire et faire lire aux non initiés du genre.  - Michaël

Dans un village croate, le jeune Jacob vie une enfance des plus banale jusqu’au jour où son frère David disparaît.

Adapté d’une nouvelle de Olja Savicevic Ivancevic, « Les Pédés » est un drame familial. Entre non-dits et innocence, le récit nous entraîne dans une famille déchirée par l’incompréhension et les silences. Les auteurs nous livrent une œuvre forte, dure, mais ô combien nécessaire pour lutter contre les discriminations. Pour finir, un petit mot sur les magnifiques illustrations en noir et blanc de Danijel Zezelj qui valent à elles seules la peine d’ouvrir cet album.  - Michaël

Paris, rédaction de Gringoire, octobre 1933. Suite à la demande du rédacteur en chef, Xavier de Hauteclocque, journaliste germanophile, se voit confier une enquête sur la nouvelle Allemagne, celle qui a élu voilà six mois Hitler au rang de chancelier, et qui s’apprête à voter de nouveau aux législatives en novembre. L’ Allemagne, notre reporter la connaît très bien ; il en revient d’ailleurs, parle couramment la langue et y a un solide réseau d’indics. Dès son arrivée à Berlin, l’ambiance est nauséabonde : intimidation de la population, disparitions inquiétantes se multipliant, voyage encadré pour la presse étrangère… Une chape de plomb est tombée sur l’Allemagne en seulement quelques semaines. Difficile pour Xavier de Hauteclocque de mener son enquête : l’omerta règne. En quête de vérité, celui-ci persévère et prend des risques pour comprendre les rouages du nouveau régime nazi.La Tragédie brune, c’est avant tout le titre du récit publié dès 1934 par Xavier De Hautecloque, dans lequel il alerte sur le danger nazi. C’est aussi cette bande dessinée qu’en ont tiré Thomas Cadène et Christophe Gaultier où l’on suit un homme virevoltant au gré de ses investigations grâce au dessin incarné de Christophe Gaultier. Le trait, épais, souligne la noirceur de cet automne 1933, ô combien glaçant et annonciateur des malheurs à venir. Thomas Cadène se fait discret dans son récit sur la biographie de notre héros : il choisit de se concentrer sur l’enquête en s’appuyant sur le texte original (dont le début est reproduit en appendice). Hommage est ainsi rendu non seulement à un homme, mais aussi au journalisme d’investigation et à sa quête de vérité. Avis aux amateurs de L’Ordre du jour d’Eric Vuillard – et aux autres - : ne passez pas à côté de ce titre !  - Michaël

Papa Ours est heureux avec sa fille Elma, ils vivent au jour le jour dans un univers d’amour et de paix. Malheureusement cette quiétude est mise à mal le jour des 7 ans de la petite humaine. Il est temps pour Papa Ours, malgré ses peurs, d’accompagner Elma pour un long voyage... Beaucoup d’émotions se dégagent de ce magnifique album. De par ses illustrations qui sont d’une incroyable beauté. Sur papier coloré, Léa Mazé utilise gouaches, crayons de couleur et encres afin de donner vie et d’insuffler des ambiances particulières à chaque scène. Son trait est fin et délicat, il enchantera bon nombre de lecteurs. Enfin le scénario est mystérieux et tendre à la fois. Nous accompagnons Papa Ours et sa petite Elma dans un voyage dont nous ne connaîtrons pas tout de suite le dénouement (suite et fin dans le tome 2). De très petits indices ponctuent le récit, mais ne laissent pas la place à de hâtives conclusions. Au delà de cette frustration, nous sommes touchés de plein fouet par l’amour que se portent les deux personnages. Les marques d’affections se multiplient aux grés des événements et nous ressentons cette complicité, cette connivence familiale. À regarder Papa Ours perdu dans ses pensées, ses craintes et ses peurs, vous comprendrez qu’Ingrid Chabbert, par son écriture et sa mise en scène, a réussi à rendre ces personnages bien vivants. Tellement vivants que nous tremblons pour eux. « Elma, une vie d’ours » est à n’en pas douter un futur classique de la bande dessinée jeunesse.  - Michaël