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Tous les avis de

Au XVIIIe siècle, l’Islande est une terre rude. Épidémies, famines, éruptions volcaniques et occupation danoise rendent ce pays invivable. Riche de sagas légendaires, l’Islande n’a plus d’espoir, si ce n’est de se trouver un guide, un héros. Grimr, jeune orphelin, pourrait être celui-ci, à moins qu’il ne devienne un fléau bien pire...

Faire de « La saga de Grimr » l’IDBD de la semaine, cela peut paraître facile puisque cet album a remporté le prix du meilleur album (Fauve d’Or) au festival de bandes dessinées d’Angoulême 2018. Mais sacrebleu ! Il le vaut bien et il serait fort regrettable de ne pas vous en parler. Jérémie Moreau livre une copie parfaite. Partant d’un contexte historique, il développe un récit riche en actions et en émotions. La tension va crescendo jusqu’au final magistral qui ne vous laissera pas indifférent. L’auteur réussit son pari en écrivant et en offrant une vraie saga, digne des plus belles, sublimée par les décors et les aquarelles de cet artiste hors norme. Maintenant, à vous d’aller conter la saga de Grimr !  - Michaël

 

Colette est une petite fille un peu timide qui vient d'emménager dans le quartier et a peur de sortir de la maison, d'aller vers l'inconnu. Pourtant, après une remontrance de sa mère, elle va devoir affronter sa peur et découvrir son nouvel univers. Douée d'une grande imagination, notre héroïne ne va pas tarder à faire de nombreuses rencontres. "L'oiseau de Colette" est un titre à classer dans "Mes premières bandes dessinées". Destiné aux plus jeunes, il est bâti pour le lectorat débutant : des illustrations pleine page agrémentées de bulles disposées de façon claire et précise. Bien sûr ce titre a d'autres qualités, à commencer par son récit. Une aventure pleine de surprises et de rebondissements, construite sur le mode de la randonnée, où l'on suit les péripéties de Colette avec enthousiasme. L'autre point fort de ce titre, ce sont ses illustrations : magnifiques. Elles sont pleines de tendresse, de douceur, cadrées à merveille et aux tons "crayon de bois" réhaussés, juste comme il faut, de deux ou trois couleurs. Encore un très bon titre jeunesse à lire et à partager.  - Michaël

Suite à un cancer du sein, Elizabeth subit une mastectomie. Dès lors sa perception d’elle-même, de sa féminité, en est désastreusement touchée. Pire, le regard des autres est néfaste et n’aide en rien à sa reconstruction. Plus rien ne sera pareil, sa vie d’avant s’écroule. De déceptions en désenchantements, ses déboires la conduisent à une nouvelle vie au milieu de marginaux au grand cœur. Voici un titre à recommander de toute urgence, puisqu’il aborde de façon intelligente un sujet ô combien difficile, le cancer et plus précisément, celui du sein. Sans être larmoyant, au contraire, il évoque la maladie sans détour et se concentre sur l’acceptation du corps mutilé, du regard des autres et surtout de soi. Il évoque le courage de ces femmes blessées dans leur féminité, qu’elles doivent réinventer. Ce que fait Elizabeth à sa manière éperdue et joyeuse, révélée par cette épreuve et plus vivante que jamais. Ce récit est mis en image de façon originale dans un pur style cinématographique de type "slapstick", à la façon des films muets des débuts du cinéma avec de courts textes entre les différentes scènes sans parole. Bref, un récit qui étonne et détonne récompensé par le prix Fnac de la BD.  - Michaël

En ces temps anciens, la paix est très fragile. Toutes les races - Hommes, Trolls, Dieux etc. - vivent loin les uns des autres, ce qui évite de nombreux conflits. Malheureusement, des signes de mauvaise augure sont annonciateurs de malheurs. Une nouvelle guerre semble sur le point de faire basculer le monde dans les ténèbres. A moins que le courage d’une bande de joyeux lemmings ne chamboule les plans d’un destin qui s’annonce bien sombre. Voici une nouvelle fois un titre jeunesse de grande qualité : de l’action, de l’humour, du suspense et du courage... Bref, de quoi ravir un large public. Crisse, auteur prolifique de sagas fantastiques pour ado/adultes, nous conte, sans raccourci ni facilité, un récit de haute tenue. Les éléments s’enchaînent parfaitement et nous tiennent en haleine jusqu’à la fin de l’album. L’illustration de Fred Besson plaira à n’en pas douter, avec des dessins soignés et classiques, facilement lisibles pour les plus jeunes. Seul petit bémol, devoir attendre la suite !  - Michaël

 

Ichitarô est un amoureux de la vie, plein d’espérance, tout est source de joie pour lui. Chihaya, elle, est tout le contraire, grincheuse, mal dans sa peau, elle subit plus qu’elle ne vit. Un jour leurs chemins vont se croiser et ce qui les sépare va les rapprocher. Chihaya redécouvrira le monde à travers les yeux éteints d’Ichitarô. Ce récit complet provenant du Japon est une ode à la vie. Il cultive le positivisme en recherchant le bon côté de chaque chose. Il traite du handicap et en fait une force en montrant que la vie, malgré l’adversité, à une valeur unique à apprécier.  - Michaël

On ne présente plus le mythe de Tarzan, cet enfant élevé par des gorilles et devenu le protecteur de la jungle équatoriale. Ses aventures ont été moult fois racontées et transformées et c'est justement là le sujet de cette bande dessinée : comment raconter cette fabuleuse histoire et trouver un nouvel auditoire ? L.L. de Mars, l'auteur, nous entraîne dans ce récit aventureux et en fait, case après case, une analyse critique stupéfiante. Nous sautons d'un récit à l'autre grâce à un jeu de style nous tenant jusqu'à la fin. Un véritable OVNI dont la réalisation est parfaite et qui pose de véritables questions sur la création artistique. Une curiosité à découvrir.  - Michaël

Tendre, mélancolique, le récit de Frantz Duchazeau résonne tel le souvenir d'une enfance, peut-être la sienne, peut-être la nôtre, à jamais envolée. Le récit, et surtout le petit Pierre, sont attachants. Nous les suivons, sans les déranger, dans le périple pour devenir adulte. Limpide et juste, l'histoire est magnifiée par les illustrations de l'auteur, un noir et blanc délicat, limpide et sans fioriture.

Un récit court qui se déguste tranquillement et qui reste en nous en s'éteignant lentement.

Tout droit venue des Etats-Unis, "Beverly" est une oeuvre atypique. On y découvre le quotidien des habitants d'une banlieue aisée américaine. Les personnages défilent, se croisent, se connaissent ou pas et nous faisons preuve de voyeurisme en nous insinuant dans leur vie de tous les jours. De là réside la force de l'album : nous faire devenir le témoin de différentes existences qui en forme une seule et même entité, la banlieue, cette banlieue. 

Les histoires se succèdent, rebondissent, de personnage en personnage et deviennent comme dans la vraie vie, des racontars. Nick Drnaso livre donc un récit cru sur les relations humaines, qui nous unissent et parfois nous séparent. Il utilise un dessin épuré tout en rondeur, comme du Botero. Les couleurs, utilisées en aplat, sont froides, comme pour rappeler notre rôle et nous exhorter à laisser de côté nos émotions, ne pas juger, être de simples témoins.  - Michaël

Dans « Femme rebelle », Peter Bagge retrace le parcours de Margaret Sanger, fondatrice du planning familial et militante radicale et controversée de la condition féminine. Le titre de cette bande dessinée biographique se réfère au journal fondé par cette infirmière en 1914, intitulé « The Women Rebel » et sous-titré « Ni dieux, ni maîtres ». Dans ces pages, Margaret Sanger s’adressait directement aux femmes en leur fournissant des informations sur le contrôle des naissances : culotté dans l’Amérique conservatrice du début du 20e siècle... au point pour l’autrice de devoir s’exiler quelques temps sous pseudonyme au Royaume-Uni. De retour aux USA, Margaret se servira de son influence médiatique, de ses déboires et malheurs personnels pour servir son combat - le contrôle du corps des femmes par elles-mêmes. Combat qu’elle parviendra à porter hors des frontières américaines, influençant par exemple la réflexion sur la création du planning familial en France... dans les années 1950. Il fallait bien le style et la verve satyriques de Peter Bagge pour retracer un tel parcours sans faire l’impasse sur les zones d’ombre de cette féministe. Il évite l’hagiographie en enrichissant son travail graphique d’un imposant propos complémentaire. Il y explicite ses choix (de son sujet jusqu’à la couverture de la BD), précise certains points et donne en dernier lieu la parole à la biographe française de Margaret Sanger, Angeline Durand-Vallot, qui situe historiquement l’apport du combat de Sanger et rappelle à quel point celui-ci demeure d’actualité...   - Aurélie

Thomas Pesquet est pilote de ligne, mais son rêve est de devenir astronaute. Ce rêve va devenir réalité après une sélection drastique parmi moult candidats et un entraînement hors norme. Sur la station spatiale, il va vivre l’aventure de sa vie… Ce récit nous est conté par Marion Montaigne qui a scénarisé et mis en images cette formidable épopée. Avec son humour et sa faculté de vulgarisation, elle réalise une œuvre passionnante et abordable. Son dessin - au semblant minimaliste - est une merveille : dynamique et expressif. Ce titre rentre dans la mouvance de la bande dessinée de reportage, nous y apprenons beaucoup et nous nous amusons tout autant. Parmi la galaxie des parutions BD, celle-ci est une étoile singulièrement brillante, à partager.  - Michaël