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Tous les avis de

Ernest, joli petit garçon de 10 ans d’une sagesse rare, traverse la vie au rythme régulier d’un métronome bien huilé. Il grandit sans bruit auprès de sa grand-mère, la bien-nommée Précieuse, et de Germaine, la gouvernante. Mais ça, c’était avant l’arrivée de Victoire, sa voisine de classe pétillante, qui bouscule son quotidien et l’amène à voir la vie autrement. Il en vient à se poser des questions nouvelles, sur le rythme si tranquille qui berce sa vie ou la permanence des silences entourant ses origines. La présence de son amoureuse lui donne des ailes et assez de courage pour prendre la plume et espérer changer ce qui lui pèse. « Lettres d’amour de 0 à 10 ans » est une (énième) pépite de madame Morgenstern. Un charme suranné et irrésistible se dégage de cette bande dessinée. Les aquarelles de Thomas Baas distillent une douce atmosphère au gré des pages que l’on tourne avec gourmandise. Les enfants tiennent le beau rôle dans cette histoire : ce sont eux les vrais héros qui, grâce à leur innocence et bienveillance naturelles, parviennent à retrouver la petite musique du bonheur là où elle était mise en sourdine. Une réflexion fine sur le rôle des parents (qui semblent absents de l’histoire mais y jouent un rôle central dans la transmission de valeurs aussi importantes que la générosité, l’attention à l’autre, la confiance) jouxte celle sur la présence et l’amour. Car il y a bien des façons d’être présent au monde, à soi et autres, et il arrive que l’absence ne soit pas synonyme de désamour, au contraire. Après tout, ne serait-ce pas la raison d’être des lettres d’amour ? Une lecture en forme de valse où trois temps amoureux s’enchaînent, à conseiller à tous dès huit ans.  - Aurélie

Il y a des formes : carrée, ronde… Il y a des couleurs : grise, rouge… Mais surtout il y a des animaux cachés, à découvrir au fur et à mesure de la lecture ! Richard Marnier et Aude Maurel nous proposent un merveilleux album au contenu classique, mais à l’approche somme toute originale. L’enfant, accompagné de l’adulte, découvre page après page différentes formes géométriques. Il apprend également à différencier les couleurs car ces structures sont toutes pleines d’un aplat de couleur distinct. Ce n’est pas tout, l’ensemble de l’œuvre est structurée par un fil conducteur qui nous pousse à feuilleter l’album jusqu’à sa fin. Les animaux sont ce lien, cachés dans un premier temps, ils se découvrent pour nous entraîner sur une autre scène, une autre forme, une autre couleur… Graphiquement très épuré, des formes de couleur sur fond blanc, les illustrations en vectoriel sont très efficaces pour permettre à l’enfant de concentrer son regard et ainsi obtenir une meilleure mémorisation. Une certaine magie, voire poésie, se dégage de ce livre ; la chute laisse libre cours à l’imagination et nous entraîne dans un récit « spirale ».  - Michaël

Shimura, est un quinquagénaire célibataire. Sa vie est trop bien ordonnée, réglée comme du papier à musique, entre travail et repos. Chez lui rien ne traîne, tout est bien rangé, classé et trié. Il y a une place pour chaque chose et chaque chose a sa place. Si bien que lorsqu’il s’aperçoit qu’il manque un yaourt dans le frigo, son quotidien en est bouleversé ! S’est-il trompé en achetant ses yaourts ? En a-t-il déjà mangé un ? Ou bien alors, quelqu’un.e se servirait dans son frigo durant son absence ?... Un brin mélancolique, mais passionnant de bout en bout, le récit Agnes Hostache est d’une rare sensibilité. Adaptation en bande dessinée du roman éponyme d’Éric Faye, lui même tiré d’un fait divers authentique, « Nagasaki » est bien plus qu’un récit. Il est notre société, prônant l’individualisme et l’individualité. Il est représentatif de nos craintes, de nos doutes, d’un système qui isole tout un chacun, plutôt que d’ouvrir au monde. Il questionne, interroge nos modes de vie : métro, boulot, dodo... Il pose également la question du savoir qui l’on est vraiment. Est-ce le travail qui fait qui l’on est ? Sans emploi ne sommes-nous plus ? Des problématiques qui ne trouveront pas les réponses dans l’ouvrage, ce n’est pas son ambition, juste et c’est déjà beaucoup, d’éveiller. La mise en scène de l’autrice est remarquable : nous suivons les deux protagonistes dans des récits séparés, mais qui se croisent timidement. Nous apprenons à les connaître, à les respecter, chacun avec leurs défauts et leurs faiblesses. Ils nous deviennent familiers et on se prend à imaginer une fin. Agnès Hostache n’est pas que remarquable dans sa mise en scène, c’est aussi une formidable illustratrice. Elles nous gratifie de peintures efficaces, aux tons doux et pastel. Elle varie les cadrages, les angles de vue, tout en diversifiant ses gaufriers. Cela permet de donner du rythme au récit, écrit à la première personne. Tout est parfait dans cette bande dessinée si ce n’est, que c’est la réalité...  - Michaël

Toutes les terres ont disparu, ne reste désormais plus que le « Grand Océan ». Les rares survivants ont dû s’adapter et ne vivent dorénavant que sur de piteuses embarcations. La vie est bien difficile, rares sont les moments de réel bonheur entre l’angoisse d’une prochaine tempête et surtout l’attaque de monstres marins. Perdus au milieu de ce monde d’eau, un père et un fils survivent tant bien que mal en espérant des jours meilleurs... Il y a dans ce récit d’aventures un peu de Jules Verne, un peu d’Herman Melville, mais aussi beaucoup de mythologie. Fabien Grolleau réussit donc ce délicat mélange en nous offrant une histoire pleine de subtilité et de sensibilité. Il enchaîne moments intimes et scènes d’actions, rendant  ainsi la lecture captivante. Il dévoile peu à peu le mystère de cette tragédie en y associant le destin de différents personnages, parfois épique, tantôt tragique, tantôt plein d’espoir. « Grand Océan » peut être considéré comme une fable humaniste et écologique. Cette œuvre est illustrée à l’encre noire par Thomas Brochard-Castex qui use de la technique de « l’éclosion », dite également de « la hachure » - ensemble de lignes droites ou courbes, pour produire des nuances de demi-teinte - donnant ainsi des effets de relief dans ses dessins. Ses illustrations d’animaux sont simplement remarquables, pleines de finesse et d’épaisseur à la fois. Elles dénotent sur les corps et visages des personnages humains, plus fades, voir naïfs. L’ensemble est parfaitement maîtrisé et en osmose avec le texte. « Grand Océan » est un album puissant qui vous fera chavirer !  - Michaël

Au cours d’une après-midi en compagnie de sa fille, le narrateur évoque les réminiscences de son enfance, passée en compagnie animale. Gambadant avec sa petit Lila au cœur de Mexico, l’une des villes les plus polluées au monde, l’auteur mêle des récits indiens à l’imaginaire de son enfant pour nous émerveiller du miracle qu’est la nature... Nous rappeler que « nous sommes une partie de la nature, et elle fait partie de nous » et de ce constat simple, qu’il nous faut la respecter, la protéger. Cette bande dessinée n’est pas uniquement le message d’un père à sa fille sous la forme d’une fable, mais celui d’un citoyen soucieux de son environnement autant que de ses proches, exprimant sa peur de l’avenir incertain de la planète et de l’héritage légué à nos chérubins. François Olislaeger illustre son récit sobrement, principalement en noir et blanc, en nous gratifiant par endroit de magnifiques doubles pages, peignant la beauté sauvage. Véritable ode à la vie et à la nature, il dresse un constat alarmant des actions humaines sur l’environnement. Il dénonce, mais ne se pose pas pour autant en chantre de l’écologie innocent, car lui comme nous, sommes coupables d’inaction et en quelque sorte de lâcheté. A l’heure où les politiques n’agissent peu ou pas, il est important d’exprimer nos inquiétudes pour qu’elles soient entendues et que ces voix, nos voix, qui se multiplient, puissent entrer en action et changer notre monde. Écolila est un récit plein de sagesse qu’une bibliographie vient étayer, à destination des plus curieux désireux de poursuivre cette réflexion écologique.  - Michaël

Après 3 ans d’absence, l’auteur du très remarqué « Saudade », nous revient avec un album d’une toute autre teneur. « Faille temporelle » est un recueil d’illustrations atypiques réalisées à l’origine pour un challenge personnel : faire 200 dessins en 200 jours. Ce défi, Fortu l’a brillamment relevé en y apportant une touche supplémentaire, distillant à chacune de ses toiles une âme unique, rendant le tout indépendant, mais pourtant indissociable. Grâce à ses scénettes, Fortu nous interpelle, nous interroge et nous questionne sur le monde et notre humanité. C’est par moment drôle, quelquefois offusquant, souvent absurde, mais toujours écrit avec subtilité et intelligence. Chaque illustration, d’un noir et blanc sobre et au trait photographique épuré, est un appel à la réflexion. « Faille temporelle » est album qui fait réfléchir et qui est présenté pour la première fois dans une médiathèque, votre Espace COOLturel.  - Michaël

Capitaine Fripouille, la nouvelle idole des jeunes ? Qui sait ? Peut-être ? Voici en tout cas un personnage tonitruant à forte humeur bien déjantée dont on devine un passé aventureux. L’épaisseur scénaristique du héros donne tout le charme à l’album, des scènes au vitriol, de la réflexion et un final en apothéose, de quoi ravir petit et grands… Au dessin nous retrouvons Alfred qui pour les besoins du récit a rendu son trait plus nerveux, plus sec et a multiplié les cases pour dynamiser le récit. Olivier Ka et Alfred un duo à (re)découvrir…  - Michaël

Intempérie est une adaptation du roman éponyme de Jesus Carrasco. Cette œuvre espagnole d’une rare intensité dramatique, traite d’une enfance perdue. Javi Rey, l’adaptateur, a réussi à nous rendre tous les ingrédients du récit original. Le suspense et le stress qui lui sont liés, sont omniprésents. Le rythme est soutenu et quelquefois entrecoupé de bénéfiques moments de paix. L’illustration est à la hauteur du drame. Avec un trait sec et précis, les personnages semblent si réels, marqués, déformés par les malheurs de leur existence... De ce fait nous devenons le témoin impuissant d’une fuite que nous soupçonnons sans issue. L’utilisation des couleurs est également intéressante, les nuances de bleu, de jaune et de rouge renforcent les tensions du récit. Intempérie est un récit âpre, dur, mais qui laisse tout de même la place à l’espoir.  - Michaël

Angus est un chat aventurier. Il gagne sa vie en ratatinant des monstres et en réalisant des enquêtes pour les particuliers. Renfrogné, il mène une existence de solitaire jusqu'au jour où la fille de son ancien maître fait irruption dans sa vie. Afin de régler une ancienne dette, il devra faire de Liya une aventurière et lui enseigner tous les secrets du métier. Tâche qui s'annonce des plus délicates car l'apprentissage se fait sur le terrain et la nouvelle enquête qui se profile semble des plus périlleuses pour une novice...

Une série d'aventures débridées où la fantaisie est omniprésente et où les personnages sont attachants. Les seconds couteaux apportent un plus au récit et permettent ainsi des séquences pleines d'humour. Un très bon titre jeunesse qui s'adresse aux garçons comme aux filles.  - Michaël

Avec Ivanhoé Backus, Nicolas André nous livre une farce viticole succulente. Doté d’humour et d’une certaine réflexion sur les méandres de l’âme humaine, ce titre, aux illustrations colorées, est une réelle surprise. L’utilisation des couleurs est millimétrée, chaque chapitre est doté d’un ton chromatique lié à la situation. Le trait de Nicolas André est précis, sans fioriture, déformé à l’envi, et influence le récit en le rendant plus fort. Cette histoire originale navigue entre comédie et drame et ne nous laisse pas indifférent. Sans la dévoiler, la fin vous surprendra et vous refermerez le livre  apaisé.  - Michaël