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Tous les avis de

Michel, 19 ans, commence son apprentissage en coiffure dans le salon de Gérard. Il apprend les gestes et savoir faire de son métier auprès de Carole, une jolie blonde peu farouche. Le jeune homme inexpérimenté qu’il est, succombe évidemment à son charme...Etre coiffeur lui vaut quelques moqueries dans la cité, mais lui permet de se rapprocher facilement de la gent féminine et d’apprendre à la connaître. Notre jeune homme va donc découvrir – avec quelques difficultés mais surtout beaucoup de bonheur – qu’il n’a pas besoin d’être un apollon ou un séducteur pour toucher le cœur des femmes. Et surtout de celle qui - à son grand étonnement – lui plaît de plus en plus (malgré sa couleur ratée). Sylvain Cabot signe ici un titre plein de tendresse à l’atmosphère rétro. Un petit morceau de vie – de quartier et de jeune adulte – dans un lieu on ne peut plus banal, mais où chacun à force de petites attentions portées à l’autre, trouve sa place et se sent bien. Sylvain Cabot et son héros Michel partagent ceci : savoir enjoliver la vie à coup de couleur et de pinceau. N’hésitez donc pas, au salon Dolorès & Gérard, vous passerez un doux moment en bien agréable compagnie.  - Michaël

Dans la vie, Monsieur Grumpf aspire à une seule chose : sa tranquillité. Alors, lorsqu’il désire simplement balayer l’amoncellement de feuilles qui s’accumule devant chez lui et que, toutes les cinq minutes ses voisins viennent le déranger : l’agacement se fait sentir... Voici une petite bande dessinée très agréable à lire, une véritable promenade automnale. Ce titre est destiné aux plus jeunes à partir de 5 ans. Bien sûr, l’enfant devra être accompagné dans sa découverte de l’album. En effet, même si ce titre a été conçu sans texte, quelques dialogues animent tout de même l’ensemble. L’enfant y découvrira les valeurs de l’amitié, de l’entraide et de la générosité. De façon ludique, il abordera aussi le thème des saisons. Pour ce premier tome d’une série de quatre, l’automne est la trame de fond. Avec subtilité et tendresse, Dav évoque les changements qui s’opèrent dans la nature : hibernation, chute des feuilles... Le tout distillé dans une histoire touchante, dont le héros grognon a peut-être un plus gros cœur qu’on ne le croit. L’auteur peaufine l’œuvre par des illustrations animalières efficaces, au trait sûr et expressif teinté d’un bel orange de saison.  - Michaël

Kaoru Fukazawa est mangaka. Il vient de terminer sa série à succès « Sayonara sunset ». Quinze tomes publiés à un rythme effréné qui l’a épuisé. Malgré les félicitations sur son travail, on lui demande déjà de penser à son prochain titre. Pourtant, ces années à vivre de son rêve ont laissé en lui un goût amer et petit à petit ont aspiré son inspiration. Le temps de la remise en cause est arrivé. Que veut-il vraiment ? Quelle vie doit-il choisir ? A lui de le découvrir… En quelques pages, Inio Asano, nous livre un récit poignant, un récit subtil sur la psychologie humaine. Il se questionne sur le bien-être, sur le bonheur et où le trouver. Il recherche l’épanouissement personnel à travers la vie professionnelle et/ou personnelle. Il interroge également sur les personnes qui vivent leur rêve à fond et délaissent par conséquent leur entourage. Enfin il parle de création, d’inspiration et des leviers pour la raviver. Attention, pas de prise de tête dans ce récit. Non, nous suivons les états d’âmes de Kaoru Fukazawa avec passion, nous nous invitons dans ses pensées, partageons parfois les mêmes car son histoire est universelle et nous touche tous. C’est brillant de justesse, le récit vous trottera dans la tête un petit moment, mais n’est-ce pas l’apanage des meilleurs œuvres littéraires ? L’illustration est également un pur plaisir, notre héros transpire la mélancolie. Chaque personnage, chaque attitude est parfaitement réalisé et renforce le récit. Les illustrations sont en noir en blanc, mais à la différence de nombreux titres japonais, rehaussées de lavis très réussis qui donnent de l’épaisseur aux crayonnés. Un des plus beaux titres de cette année pour un seinen (bande dessinée japonaise pour adulte) complet en un volume.  - Michaël

Au royaume des Six-Ponts la vie s’écoule plus ou moins paisiblement pour Anne, la tavernière. Son établissement est en reconstruction et sera fin prêt à recevoir tous les convives invités pour le mariage de son amie d’enfance, la fille du roi. François, l’ancien forgeron, maintenant soldat, n’est enfin plus amoureux d’elle, ouf... La reine, acariâtre personnage, semble elle aussi faire profil bas. Bref tout va bien... Sauf que non, en vérité, en coulisse un terrible drame se joue et va frapper pour changer à jamais la destinée de tous nos protagonistes... C’est avec joie que nous retrouvons les aventures de Anne. Débuté en 2009, notre chère tavernière a égaillé l’espace de 6 albums la vie de vos chérubins et de tous les lecteurs qu’elle a croisés. Véritable petit ovni à sa sortie par le fait d’une écriture différente pour l’époque, par son style humoristique sans pareil, « le royaume » s’est rapidement imposé comme un incontournable jeunesse. Ce dernier volume, car oui, les meilleures choses ont une fin, est différent des albums précédents. Pour commencer, il peut être lu séparément, il forme à lui seul un tout, mais peut également faire office de suite et de conclusion à la saga. L’histoire plus sombre, plus complexe, mais dont l’atmosphère générale est toujours aussi légère et drôle, est truffée de mystères et de rebondissements. A aucun moment l’ennui n’est présent. L’histoire est partagée entre des scènes d’actions, d’humour et d’émotions, le tout savamment équilibré. Jamais méchant, mais subtil et intelligent, le récit s’adresse aux enfants comme aux adultes, les deux y trouveront leur bonheur et peut-être même des moments de partage. Pour terminer je parlerais volontiers de l’illustration car pour moi, Benoît Feroumont est aussi un immense illustrateur. Son trait respire la vie, ses personnages sont charismatiques, les contours fins et précis permettent une lecture de l’image avec clarté. Il est adepte du gaufrier et des plans moyens concentrant au maximum l’attention sur la scène et l’action en cours. Une réussite pour une œuvre devenue un classique de la bande dessinée et un auteur talentueux que j’espère un jour recevoir dans votre Espace COOLturel !   - Michaël

Jules vit seul dans son terrier. Il n’en est pas pour autant triste, c’est comme ça et il s’en accommode bien volontiers. Avoir une vie sociale, très peu pour lui, les autres sont si compliqués... Et en plus, avoir des amis pourrait le rendre moins attentif aux dangers qui l’entourent, il n’est qu’une fragile petite souris après tout. C’est bien ce que se dit le filou renard qui le surveille et aimerait bien en faire son repas. Par le plus malchanceux des hasards, le carnassier se retrouve coincé la tête dans le terrier de Jules : impossible de s’en retirer. S’engage alors entre eux une bien étrange relation... « Jules et le renard » est un album à part. Sa différence, il la cultive dans  la singularité de l’histoire dans laquelle il nous plonge et dans le bien-être qu’il nous procure. Une masterclass pour tout amoureux de récits et d’illustrations, tant ici les deux arts sont insécables. Joe Todd-Stanton écrit son récit au passé simple tels les contes de notre enfance, mais en adoptant un ton moderne aux dialogues savoureux, pour traiter en filigrane de notre société, de l’individualisme et de l’égoïsme qui y règnent. Ses illustrations transpirent la douceur grâce à son trait délicat et aux couleurs harmonieuses qu’il distille dans ses toiles. Il mélange les plans, les points de vues, tant tôt de loin, tant tôt de près, voir de très très près et emprunte également à la bande dessinée, dans ses cadrages et sa mise en page. Enfin, les personnages qu’il a créés sont d’un charisme rare : ils ne sont ni parfaits ni mauvais, comme dans la vraie vie en sorte, permettant de s’identifier à eux. Voici un très très bel album à découvrir, dont la magie nous émeut et nous réconforte. Bravo l’artiste.   - Michaël

Anya est une jeune adolescente comme les autres, avec des préoccupations propres à son âge et d’autres liées à ses origines russes. Rien de bien méchant mais sa vie va changer du tout au tout le jour où elle tombe accidentellement dans un puit abandonné. Celui-ci est hanté par Emily, une petite fille morte depuis plus de 90 ans. Les deux jeunes demoiselles vont alors développer une connivence pour le moins étrange... Nous revoici avec un récit de Vera Brosgol, qui nous avait enchantés avec son titre « Un été d’enfer ». Ce titre, antérieur mais jusque-là inédit en France, avait remporté en 2011 un prestigieux Eisner Award, grand prix de la bande dessinée américaine. Il le mérite amplement car une nouvelle fois action et émotions sont au rendez-vous dans ce récit complet pour la jeunesse. Au-delà du récit fantastique, Vera Brosgol, nous dévoile une partie de sa jeunesse, le choc des cultures et la difficulté d’intégration et d’acceptation de l’étranger. Elle aborde également le thème de l’adolescence, des préoccupations  liées à cette étape et de l’importance qui tient l’amitié. Bien sûr la partie « fantastique » est du même niveau, excellent, et inattendu. On pense tout d’abord à une histoire quelque peu classique, mais bien vite elle sort des sentiers battus. Un titre jeunesse que l’on va réserver au plus de 10 ans tant certaines scènes peuvent être flippantes pour un trop jeune lecteur. Encore une fois, l’éditeur « Rue de Sèvres » nous fait découvrir un très bon titre, cela devient récurrent, pour notre plus grand bonheur. Merci !  - Michaël

In Waves est un livre poignant, d’une sensibilité rare, mais surtout une des plus belles déclarations d’amour que j’ai lue. Cette bande dessinée, ou plutôt ce roman graphique, est une autobiographie de l’auteur qui nous raconte en toute sobriété son histoire d’amour avec Kristen, atteinte d’ostéosarcome, un cancer des os. Il nous livre avec pudeur leur histoire, de leur première rencontre maladroite à l’au revoir déchirant. Bribe par bribe, témoignage après témoignage, nous faisons la connaissance de la belle Kristen. L’auteur nous invite dans leur intimité et nous fait partager leur histoire et leur passion commune pour le surf. AJ Dungo réussit d’ailleurs un autre tour de force en intégrant, à intervalle plus ou moins régulier dans son intime récit, l’histoire et l’origine de cette pratique sportive. Le mélange, loin d’être déconcertant, forme un tout, l’un permettant à l’autre des temps de repos. A aucun moment nous ne sombrons dans le pathos, le récit est un témoignage, un hommage et un message forts : il faut vivre sa vie et ses rêves. Juste magnifique !  - Michaël

C’est l’histoire d’un écureuil, il a un arbre, son arbre. Cet arbre donne des pommes de pin, ses pommes de pin. Tout cela est à lui et à personne d’autre, mais comment protéger ses propriétés face à un ennemi invisible qui menace ?... « C’est mon arbre » est un album jeunesse à double lecture. Une histoire délicieusement absurde pour commencer, mais que l’on comprend dans un second temps, bien plus profonde et philosophique qu’il n’y paraissait. Ici, subtilement, sont abordés les thèmes de la possession, de la propriété mis en opposition au partage et à la liberté. L’ignorance prend une place également importante, car elle est vecteur de peur et de paranoïa. Cette histoire dépeint de façon rare, mais intelligente, notre société et ses abus. Ce livre n’est pas triste pour autant, Olivier Tallec livre une composition astucieuse, emplie d’humour et qui fera rire les enfants comme les adultes. Ses illustrations sont une merveille, pas de grands et beaux décors, mais le strict minimum, juste ce qu’il faut pour offrir à notre écureuil un espace d’expressivité, à la one man show, totalement désopilant.  - Michaël

Saul Karoo est un homme respecté dans son travail. Il est « script doctor » : on fait appel à lui pour améliorer le scénario d’un film. Un éventuel navet peut, sur ses conseils, se transformer en véritable chef-d’œuvre. Aussi brillant soit-il, il est un domaine où il n’excelle pas : les relations humaines. Son mariage est un échec, il ne parle pas à son fils et son penchant pour l’alcool et sa désinvolture en font un personnage difficilement fréquentable. Sa vie va basculer le jour où il découvre, en visionnant les rushs d’un film à sauver, une actrice qui sans le vouloir va lui rendre une force qu’il ne soupçonnait plus et donner un nouveau but à sa vie... Frédéric Bézian adapte avec talent le roman à succès « Karoo » de Steve Tesich. On y retrouve la même tonalité, les mêmes ressentis que dans le récit original, l’histoire d’une vie et du chemin à mener pour lui donner sens. En quelque sorte notre histoire à tous, mais chacun avec ses propres démons. Saul pense trouver le repos et réécrivant, manipulant l’histoire de ses proches comme si son métier lui donnait le pouvoir de jouer avec les destins de chacun. Cependant, la vie n’est pas un scénario que l’on peut modifier à souhait ; elle est surprenante, incontrôlable et il va l’apprendre à ses dépens. Si le récit est captivant, le style graphique de Bézian l’est tout autant : trait fin, haché, voire nerveux à l’image du personnage. Quelques aplats de couleurs viennent rompre par moment la monotonie du noir et blanc dominant et créent la sensation de rythme. La partie graphique est en parfaite adéquation avec le texte, l’un et l’autre se sublimant. « Karoo » est un récit subtil sur l’âme humaine et une œuvre romanesque à découvrir.  - Michaël

Le rêve d’Hino est d’être admis dans l’un des nombreux clubs de sport de son lycée. N’importe lequel, du moment qu’il est considéré par les autres et surtout les filles, comme un sportif. Car oui, c’est bien connu, les filles aiment et sortent avec les sportifs (!). C’est bien ce qu’Hino désire le plus au monde : avoir une petite amie. Le seul problème, c’est que notre énergumène n’est pas très sportif, un peu maladroit et quelque peu glandeur : il est très rapidement viré de toutes les activités auquel il participe. Sa rencontre accidentelle avec la belle Ayako va le contraindre à s’essayer à une discipline encore inconnue pour lui : le rugby... "Full Drum" est un manga de type shônen, plus particulièrement destiné aux jeunes garçons, selon la nomenclature japonaise, mais n’ayez crainte il peut être lu par tous les publics ! De construction plutôt classique, le récit est dynamique et humoristique. Nous suivons Hino dans sa quête d’amour maladroite, mais ô combien jouissive. Notre personnage est animé d’un bel idéal, car ici rien de graveleux, simplement de nobles sentiments. Véritable comédie sentimentale, le récit laisse tout de même une place importante à l’action et au sport, en particulier au rugby qui devient le sujet principal de l’œuvre. Petit à petit, nous découvrons ce sport et nous familiarisons, sans que cela soit trop technique, au vocabulaire de la discipline. "Full Drum" est sans prétention, il parvient à nous faire passer un agréable moment de lecture grâce à son personnage attachant. On y y trouve un peu de tous les ingrédients pour séduire un large public et cerise sur le gâteau, ce manga sur le sport est, faut-il le signaler, complet en 5 volumes et traite d’un sport peu exploité en bande dessinée. Pour les amoureux de l’ovalie et bien plus encore.  - Michaël