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Tous les commentaires de

Catherine
Né·e le :
23/08/1959
Nom d'utilisateur·rice :
00790
Fin de l'abonnement le :
12/11/2022
Dans la gueule de l'ours

Mieux qu'un bon polar ! Gardien d'une réserve privée dans les Appalaches, Rice Moore trouve plusieurs cadavres d’ours mutilés. Déterminé à en savoir plus, il se trouve confronté à l'âpreté de la nature et aux habitants de la région qui n'apprécient pas qu'on se mêle de leurs affaires. On découvre petit à petit qu'il a eu un passé empreint de violence que son enquête va l'obliger à dévoiler. Personnage fascinant, solitaire et traqué, il est de plus en plus en osmose avec la nature, il « s'ensauvage » et son lourd passé le rattrape. Depuis sa rencontre avec l'ancienne gardienne de la réserve, ce n'est plus sa seule vie qu'il doit défendre.

 

C'est un très bon thriller, haletant surtout dans la dernière partie. Finement écrit, on peut le classer dans le genre « Nature writing » de par les magnifiques descriptions du milieu naturel. Il pose aussi la question : quelle est la part d'animalité chez chacun de nous ? Vraiment une réussite !

Entre fauves

Nous sommes nombreux à apprécier les romans de Colin Niel (Les hamacs de carton – Seuls les bêtes…). Ici, il s'agit de chasseurs et de chassés. Martin, garde dans le parc national des Pyrénées, supporte de moins en moins les chasseurs qu'il accuse d'avoir éliminé le dernier ours. Sur les réseaux sociaux, il anime un groupe contre les chasseurs de trophées. Alors quand il tombe sur la photo d'une femme, l'arc à la main devant un lion mort, il est bien décidé à la poursuivre. S'en suivra une traque effrénée et obsessionnelle. Mais même s'il la retrouve, bien des surprises l'attendent.


La frontière entre prédateurs et proies, viandards et protecteur de la nature semble bien fragile. La complexité des comportements aussi bien chez l'homme que chez les animaux peuvent brouiller les pistes ; et le « bon » peut finir par ressembler au « méchant ». Ce qui est sûr, c'est qu'entre fauves à deux ou à quatre pattes, personne ne sort indemne. Une fois encore cet auteur, réussit à nous captiver par cet excellent roman, non linéaire. De plus, il s'appuie sur des faits réels (mort de l'ourse Cannelle dans les Pyrénées, et chasse illégale au lion au Zimbabwe).

Animal traqué que Colin Niel rend humain, ce qui donne de très beaux passages dans un rythme qui s'accélère au fil des pages.

Vis-à-vis

Hen, invitée avec son mari chez ses voisins, comprend que l'homme est l'assassin d'une affaire non élucidée quelques années plus tôt. Celui-ci sait qu'elle a deviné. A partir de là, se met en place un jeu du chat et de la souris et un suspense psychologique entre les divers protagonistes. D'autant plus qu'Hen, fragile psychologiquement a elle-même des antécédents de violence qui la rendent peu crédible aux yeux de la police et de son mari ; Et potentiellement... coupable !

La tension monte petit à petit, on pense à tout moment deviner la suite, mais à chaque fois un détail vient nous surprendre jusqu'à une fin pour le moins inattendue. Pas de surenchère de violence, les crimes sont décrits presque avec nonchalance, pas de poursuites haletantes. Le rythme peut paraître un peu lent, mais c'est cet art de distiller ces nouveaux éléments au compte-goutte qui crée le suspense et l'intérêt de ce roman.

L'écriture fluide, parsemée de dialogues, est agréable. Un très bon polar !

Protocole gouvernante

L'écriture, la construction et le dénouement, tout est étonnant dans ce roman. L'ensemble nous plonge doucement dans un suspense glaçant.
Les chapitres très courts en font un page-turner où la tension monte de page en page..


Nous, lecteurs, sommes sous l'emprise de cette gouvernante comme le sont  ses employeurs...

Puis on découvre qu'elle n'est pas seule à agir et le grand jour se prépare.
Je ne vous en dirai pas davantage sur ce jour J et vous laisse goûter cette forme de thriller

Je n'ai pas l'habitude de…

Je n'ai pas l'habitude de vous parler des romans de Marc Levy, tant les lecteurs se les « arrachent » sans qu'on ait besoin de les présenter. Mais le sujet traité dans son dernier roman m'a piquée de curiosité. L'histoire de 9 lanceurs d'alerte qui œuvrent contre des malfrats en col blancs. On le savait, mais on découvre avec effroi comment les hackers entrent avec facilité dans la vie de leurs proies grâce à leur grandes compétences informatiques. Mais ici c'est pour la bonne cause. Ils tentent d'empêcher des actions peu démocratiques et les affaires évoquées ne sont malheureusement pas que fictions ! L'affaire qui motive Diego, un des 9 hackers, fait écho à l'affaire de la manipulation du prix de l'insuline aux États-Unis, décidée par des groupes pharmaceutiques.

On se prend au jeu de ces 9 personnages, d'horizons différents, qui prennent de gros risques. (On a tous en tête le sort de Snowden). Marc Levy change ici vraiment de registre et expose une prise de position mais ne manque pas d'y mettre sa patte, et apporte un peu de légèreté. On pose ce livre, il faut bien le dire, haletant, et très cinématographique, en louant le courage de ces « hors-la-loi, qui œuvrent pour le bien». Conscients que les pirates peuvent aussi être des résistants. Mais l'histoire n'est pas terminée.

Ce titre n'est que le premier d'une série de neuf volumes. Donc bienvenue dans le monde des 9 !

On est au milieu du XIXe…

On est au milieu du XIXe siècle, aux Etats-Unis où règne l’esclavage. Honor Bright, jeune quaker (société religieuse qui prône l'égalité de tous) venue d'Angleterre, va découvrir l'esclavagisme, mentalité si éloignée de ses valeurs ! Femme discrète et solitaire, se sentant, elle-même étrangère dans cette société, elle va, progressivement, s'affirmer et prendre des risques pour aider des esclavages à fuir par le Chemin de fer clandestin.

Un aspect de l'histoire intéressante à revisiter, ainsi que la culture des Quakers. Tracy Chevalier nous offre, une fois encore un roman passionnant et bien documenté. De sa belle et puissante écriture, dont je ne me lasse pas, elle parvient à nous faire partager les émotions de ceux qui doivent constamment fuir.

J'ai été sensible aussi à la précision avec laquelle, elle nous fait entrer dans l'univers du quilt et de tous ses codes. Un de ses meilleurs romans !

C'est avec grand plaisir que…

C'est avec grand plaisir que nous retrouvons l'auteur de la lettre à Helga. Toujours avec tendresse et beaucoup d'humour, il nous fait partager la vie de pêcheurs islandais, isolés dans un coin du pôle Nord.

Sous la forme d'un journal intime, Halldor, l'un de ces personnages nous livre leurs vies, très liées à la météo. Une vie simple, rude mais aussi emprunte de querelles et d'amitiés au sein de cette communauté d'hommes célibataires endurcis et sans femme. Un monde en voie de disparition. Mais aucun d'eux ne souhaiterait l'échanger contre celui des citadins de Reykjavík. Le ton humoristique fait penser aux racontars de Jorn Riel (même si, lui nous emmène au Groenland). Les chapitres sont courts et rendent la lecture très fluide.

Un véritable bon moment de lecture et dépaysement garanti en compagnie de ces personnages drôles et attachants.

Rose arrive à Kyôto, comme l…

Rose arrive à Kyôto, comme l'a souhaité son père. Ce père japonais qu'elle n'a jamais connu, que sa mère lui a toujours caché. Les dernières volontés de celui-ci lui font parcourir Kyôto et découvrir les nombreux jardins et temples de la ville, guidée par Paul, l'assistant du défunt. Dans un état d'esprit morose et désabusé, au début de son séjour, elle n'est cependant pas insensible aux multiples détails raffinés. Même si elle ne veut pas se l'avouer, peu à peu elle s'ouvre à la beauté et la sensualité de la culture nipponne et son art. La sérénité des temples l'embarque dans l'inattendu.

C'est avec beaucoup de poésie que Muriel Barbery, nous invite dans ce parcours calme, doux et raffiné. Les personnages et leur histoire y sont lentement dévoilés. On s'en imprègne doucement, de chapitres en chapitres courts, chacun portant le nom d'une fleur.

Une exploration du Japon, poétique donc, mais pas seulement : « Le Japon : un beau bordel ! Et on n'y boit pas que du thé ». L'autrice de L'élégance du hérisson (où apparaissait déjà un artiste  japonais), assurément, connaît bien cette culture et les lieux qu'elle évoque et c'est un plaisir qu'elle nous le fasse partager.

Un petit roman à déguster.

Mélanie, fervente disciple…

Mélanie, fervente disciple de la télé-réalité dans son adolescence est devenue mère de famille. Elle met en scène tous les faits et gestes familiaux et finit par être repérée par les marques. Petit à petit elle fait de ses enfants, contre leur gré, des « influenceurs » très suivis sur les réseaux sociaux. Sa fille est particulièrement en première ligne. Un jour celle-ci disparaît. Est-ce lié à la diffusion de ces multiples vidéos, à la jalousie qu'elle suscite ? Clara va enquêter. Dans la dernière partie du livre, nous sommes en 2031, (12 ans après) et retrouvons ces enfants et leurs réactions.

Une fois encore, Delphine de Vigan aborde un fait social avec intelligence. On lit avec addiction (eh oui, nous aussi on est « accros »), ce roman construit comme un polar. C'est avec sidération qu'on prend conscience de ce phénomène et ses répercutions ; sur un monde de surconsommation qui n'engendre que frustration, un monde superficiel où ce sont les marques qui sont reines ! et non les enfants rois.

Sont soulevées, les grandes questions du droit à l'image, du droit numérique.

Benjamin Grossman, pense qu…

Benjamin Grossman, pense qu'on vient de lui voler son portable, outil plus qu'indispensable pour ce dirigeant d'une plateforme concurrente de Netflix. Il poursuit le jeune voleur et quelques bousculades sont échangées. Plus tard, il apprend que ce jeune homme est retrouvé mort. Une vidéo circule, montrant une policière donnant quelques coups de pied au cadavre. Affrontements entre police et jeunes des cités : la spirale de la violence est lancée et la récupération des faits aussi.

Ce roman très cinématographique (et pour cause, Négar Djavani est scénariste) a tous les ingrédients du polar mais sans « flingues ». Là, les armes ce sont les téléphones portables, les tweet, les vidéos... L'obsession de Benjamin (est-ce moi qui l'ai tué?) nous fait entrer dans ces quartiers de l'Est parisien actuel où l'ambiance est très tendue entre les codes des cités, le rôle des réseaux sociaux, les comportements politiques manipulateurs. L'auteure qu'on sent proche du monde de l'image, nous abreuve de noms de séries, de stars... et j'avoue que ce n'est pas ce qui m'a séduite. Mais elle a réussi à me happer.

Finalement peut-être par les mêmes techniques que celles des séries. Chaque chapitre se termine en cliffhanger, fin ouverte destiné à créer une forte attente. Alors, installez-vous et « entrez dans l'Arène ».