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Tous les commentaires de

Catherine
Né·e le :
23/08/1959
Nom d'utilisateur·rice :
00790
Fin de l'abonnement le :
12/11/2022
Soudain, seuls

Un couple qui commence à battre de l'aile, décide de partir faire un tour du monde sur un voilier. Ce voyage va se dérouler dans des conditions extrêmes et s'avérer un cauchemar. Ils échouent sur une île déserte,et hostile, sans moyen de communication et l'on va suivre cette « robinsonnade à deux ». Il est question de survie ; que va t-il advenir de leur couple mis à l'épreuve ?

Isabelle Autissier, douée pour nous transmettre les émotions de ses personnages attachants, nous pose la question de nos comportements dans des situations extrêmes. Il faut savoir retrouver les gestes ancestraux qui sauvent (Non, ce n'est pas Koh-Lanta ! C'est beaucoup mieux que ça).


Le style, sans fioriture, sonne juste. Un roman d'aventure puissant !

Nickel boys

Dans ce roman, Whitehead s'inspire  d'une maison de redressement pour jeunes délinquants aux Etats-unis, comme il en a existé dans les années 60. Si l'injustice, la violence et l'arbitraire

règnent en maîtres dans ce t établissement, les jeunes blancs sont cependant un peu moins mal traités que les noirs dont fait partie Elwood Curtis. Arrivé par malchance dans cet enfer, alors qu'il allait entrer à l'université, il reste fidèle à la ligne qu'il s'est toujours tracée. Rester lui-même, loyal envers ses idéaux de droiture quelles qu'en soient les conséquences ; persuadé qu'un avenir meilleur attend les noirs de ce pays.

Les discours de Martin Luther King qu'il se récite l'y aide ainsi que l'amitié naissante avec un autre pensionnaire. Mais entre ce que l'on croit et ce qui arrive...

L'auteur de Underground Railroad , d'une écriture posée, interroge à nouveau la question raciale aux USA, alors qu'elle alimente  malheureusement toujours l'actualité. D'une grande intensité, inspiré de faits réels, ce roman est particulièrement  bien ficelé jusqu'à la fin... inattendue. Même si le thème n'est pas nouveau , soyez prévenus, c'est une lecture dure, et tellement déchirante que vous n'êtes pas prêts de l'oublier.

Un prix Pulitzer bien mérité.

Le bal des folles

Paris. La Salpêtrière. A la fin du XIXe s cet hôpital est réservé aux « folles ». Il suffit, dans cette France d'alors -  respectueuse des conventions et de la bien-pensance - d'être une femme « gênante » pour s'y retrouver enfermée.Une fille trop désobéissante, une femme indépendante à l'esprit libre, une autre, violée, qu'on répudie pour protéger son agresseur.  Et toutes les miséreuses, les révoltées, les « exaltées » trop visibles que la société préfére cacher. C'est l'époque ou le terme « hystérie » se révèle un moyen pratique pour les interner sans autre forme de procès. Ces « sujets » mais aussi les femmes réellement aliénées sont traitées par le docteur Charcot, alors directeur de l'établissement. Et c'est devant de nombreux étudiants et confrères admiratifs  qu'il expérimente sur elles une toute nouvelle technique : l'hypnose. C'est lui qui crée aussi le fameux bal annuel dit « des folles ». Le temps de quelques danses, les aliénées costumées et le tout-Paris mondain  se côtoient. Les premières fébriles et pleines d'espoir à l'idée de quitter pour une soirée le monde sinistre de l'asile, les autres venus observer, et s'encanailler aux contacts de ces malheureuses.
 

Ce roman, assez simple dans le style, nous fait entrer dans ce ce monde peu ou mal connu. L'auteure s'attache au destin de quelques unes de ces femmes, victimes et pourtant enfermées. Nous suivons avec passion, révolte et angoisse le destin de la jeune Eugénie enfermée par son père et sans soutien de la part des femmes de son entourage. Ma seule réserve est que Victoria Mas ait choisi de faire de ce personnage un médium pour illustrer son propos. Cependant, cela reste un très bon roman qui dépeint le milieu psychiatrique et la condition féminine de cette époque. Ce qui fait froid dans le dos !


Sur le thème de l'internement, un autre très beau roman que je vous recommande: La salle de bal
d' Anna Hope 

La brodeuse de Winchester

Encore un roman de Tracy Chevalier que je range dans mes coups de cœur !
Cette fois nous suivons le parcours de Violet dans l'Angleterre d'entre les deux guerres. Son fiancé a été tué lors de la première et la voilà célibataire. Ce statut, mal perçu dans cette époque où la vie des femmes était régie par leurs maris, ne lui offre qu'une vie stricte et monotone auprès de sa mère. Pour y échapper, elle part pour Winchester où, malgré sa condition matérielle difficile, elle va faire quelques rencontres pendant que s'annonce l' arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne.
Le cercle de brodeuses, et les sonneurs de cloches qu'elle va fréquenter vont lui permettre, peu à peu de s'épanouir et de développer sa sensibilité à l'art, et d'assumer sa liberté. C'est là que l'auteure va réussir à nous entraîner dans des univers qui nous semblaient dénués d'intérêt. Avec finesse, que-dis-je, avec sensualité, elle nous fait partager les sensations délicates de gestes traditionnels, des savoir-faire disparus.

Comme souvent, avec T. Chevalier c'est un roman très documenté qui s'appuie sur un passé réel. Le personnage de Louisa Pesel (qui éveille le sens critique de Violet dans le livre) a d'ailleurs vraiment existé ; elle fut en effet la fondatrice de ce cercle de brodeuses de Winchester et dont on peut toujours aller voir les fameux coussins brodés. Avec ce très beau portrait de femme c'est un vrai plaisir de retrouver la belle plume de Tracy Chevalier.

Vous l'aurez compris, je vous recommande ce titre avec ferveur. 

Désorientale

A travers le personnage de Kimia, l'autrice nous livre la saga de sa famille iranienne à la manière d'une conteuse. Beaucoup d'émotion dans ce livre dense quant aux thèmes abordés : l'exil, l'identité, la question du genre
et... l'histoire de l'Iran. Ne vous laissez pas dérouter par la première partie qui évoque les souvenirs familiaux au temps où l'Iran se nommait la Perse car ce roman est aussi plein d'humour et très joyeux .

Sur les chemins noirs

Tout marcheur ou amoureux de la vraie nature appréciera ce récit de Sylvain Tesson. Contraint de limiter ses voyages, après un grave accident, il décide de prendre ce qu'il appelle « les chemins noirs ». Intriguée par cette appellation et curieuse de voir quelles appréciations il donnerait à des lieux que j'avais fréquentés, me voilà partie à ses côtés. Ces chemins « noirs » sont ceux les moins fréquentés, les plus sauvages… Ouf ! Il en reste quelques-uns, loin des métropoles ou seulement dissimulés à leur proximité. Il nous décrit la sensualité du paysage, la diversité des lieux sauvages en France et nous démontre le côté salvateur de la marche. Dans ce cheminement, Tesson nous fait partager ses réflexions intimes ainsi que ses analyses parfois caustiques mais pertinentes sur cette nature mise à mal par ce monde industriel. Il compare par exemple le remembrement dans les campagnes normandes à la mondialisation. Ce parcours est aussi parsemé d'allusions littéraires ce qui n'est pas pour nous déplaire. Ce récit assez court et plaisant se lit d'une traite. C'est en fin de compte une ode à la liberté. Liberté de s'échapper.

Dans la forêt

Un roman d'anticipation ? L'action se passe alors que des événements graves se sont produits (épidémies, catastrophe économique...). L'autrice ne précise pas . Elle s'attarde davantage sur l'expérience de survie de ses deux jeunes héroïnes. Plus d'électricité, fin des communications, elles sont contraintes de vivre avec les moyens du bord où le moindre objet récupéré devient une ressource, les denrées économisées au maximum. Et la proximité de la forêt à la fois terrifiante et réconfortante, à découvrir.


J'ai lu ce récit en début de confinement, et il eut une résonnance toute particulière ! Laissez-vous happer par l'aventure de survie de ces deux soeurs, sans doute éveillera t-il, une fois encore, quelques réflexions sur l'avenir.

L' inconnu de la poste

Florence Aubenas revient sur l'affaire criminelle qui accusait Gérard Thomassin d'avoir tué la postière de sa commune et qui fut libéré pour un non-lieu. Journaliste, elle fouille, décortique ce fait divers. Elle démontre parfaitement l'impact de l'instruction sur les habitants de ce village de montagne : intimités, amitiés, réputations : tout est divulgué. L'assassin ne peut être qu' «un gars du coin» et la méfiance s'installe. Thomassin, ancien comédien dans des rôles de petit criminel, au look et mode de vie marginal, a tout contre lui ; d'autant qu'il habite en face de ce fameux bureau de poste. Avec une écriture du détail, l'autrice nous montre les rouages de la justice qui arrête un homme dont l'apparences, font de lui "le coupable idéal".


Des rebondissements, des suspects qui se succèdent, bref c'est captivant, ça se lit comme un polar à suspense. Ce qui est passionnant, c'est aussi le portrait subtile de cet homme pour lequel Aubenas se prend d'empathie et on ne peut que partager ce sentiment.

Le grand guide Marabout de l'autosuffisance

Une réédition de ce guide sorti en 1976. Son auteur, John Seymour était engagé contre la société de consommation et c’est une réelle encyclopédie du savoir tout faire. Une mine de gestes oubliés. Comment élever des animaux, brasser sa bière, et bien sûr, jardiner, récolter, conserver. Vous y apprendrez par exemple comment découper un poulet mais aussi travailler le bois, limiter sa consommation d’énergie… Tout ce qu’il faut savoir, donc, pour vivre en autarcie.

A l’heure du retour à la terre, est-ce qu’on ne dirait pas permaculture, de nos jours ?
Les illustrations « rétros »sont un régal et vous y trouverez forcément des tuyaux utiles au quotidien.

Les passeurs de livres de Daraya

Un vrai coup de coeur pour ce témoignage inouï  et poignant de jeunes résistants syriens pacifistes. La force des livres dans la guerre et comme seuls échappatoires. Merci à l'auteure, journaliste, qui par cette lecture aisée nous aide à comprendre la situation actuelle de la Syrie.